whodunit

Publié le 21 Mars 2024

SHERLOCK, LUPIN ET MOI d'Irène Adler

Dans cette revisite / pastiche destiné aux plus jeunes lecteurs nous découvrons Sherlock Holmes, Arsène Lupin et Irène Adler (pseudo d’ailleurs repris par les deux écrivains pour ses romans vus du point de vue féminin) à Saint Malo, en 1870. Après la version de Maurice LeBlanc lui-même, ARSENE LUPIN CONTRE HERLOCH SHOLMES voici une autre « rencontre improbable » entre le détective et le futur gentleman cambrioleur. Cette fois, elle se situe dans leur jeunesse. Forcément nous découvrons (tout comme dans le film « Le secret de la pyramide ») un Sherlock d’une douzaine d’années mais déjà très fort dans la déduction et capable de se battre en vrai boxeur. Lupin est, de son côté, plus gouailleur, espiègle et plein d’entrain. Les deux héros, vus par les yeux de leur « amoureuse » Irène Adler, sont donc déjà en train de se construire et de forger leur personnalité d’adultes avec la plupart des caractéristiques attendues par le lecteur.

Une enquête les rassemble autour des remparts de Saint Malo : au programme un mort à l’identité mystérieuse, un collier disparu, une silhouette menaçante qui semble les poursuivre, etc. L’enquête en elle-même se montre plaisante quoique pas très poussée. Disons qu’elle semble légèrement anecdotique (sans être bâclée pour autant) puisque l’important réside dans les relations entre les trois protagonistes dont nous découvrons, progressivement, quelques « secrets » de famille. Bien des aventures (une quinzaine de tomes sont disponibles) les attendent avant qu’ils deviennent adultes et le récit prend donc les apparences d’un roman d’apprentissage bien agréable.

Dans l’ensemble, ces premières aventures de nos héros se lisent plaisamment et comporte suffisamment de rythme, d’humour et de clins d’œil pour offrir quelques heures de divertissement. Pour les puristes les personnages sont globalement conformes aux attentes sans chipoter sur les détails. De toutes façons ils ont été utilisés tellement de fois (en bien ou en mal) qu’il serait malvenu de s’offusquer de petits écarts par rapport au « canon ».

A conseilleur aux plus jeunes mais aussi aux adultes qui apprécient le charme et l’énergie de la littérature « jeunesse », laquelle retrouve souvent ce que la « grande » littérature a perdu : la volonté d’offrir de l’évasion au lecteur sans prise de tête ni digressions inutiles.

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Publié le 13 Février 2024

L'INCONNUE DE LAS VEGAS de Jacques Sadoul

Carol Evans revient dans une nouvelle aventure qui l’envoie, comme le titre l’indique, à Las Vegas. L’ancienne espionne de la CIA reconvertie détective privé y enquête sur la mort d’un de ses collègues de l’agence, retrouvé mort alors qu’il investiguait une affaire de disparition embrouillée.

Carol rencontre tout le petit monde qui vit ou vivote dans la ville du pêché : des tricheurs professionnels, des arnaqueurs, des Russes louches, des photographes et leurs modèles sexy, des mères maquerelles, des putes, des mafieux,…Un vrai panier de crabes dans lequel plonge notre héroïne dur à cuire qui adore frapper les méchants et déteste les communistes. Comment ne pas l’apprécier ?

L’intrigue, une fois de plus, se montre très réussie, complexe à souhait, avec de nombreux twists bien amenés qui relancent l’intérêt. En 220 pages pas le temps de s’ennuyer, ça file à toute allure, c’est très rythmé et énergique. Nous sommes à la croisée du policier classique (de type whodunit) pour le mystère et l’enquête bien menée et du polar hard-boiled américain (pour l’action et le côté brutal de la jeune détective), saupoudré d’une touche de roman de gare, de pulp sexy et d’exploitation (ce qui n’est pas péjoratif et rend le tout encore plus divertissant).

Peut-être pas aussi réussi que TROP DE DETECTIVES, probablement le chef d’œuvre de la série, L’INCONNUE DE LAS VEGAS reste cependant une grande réussite et un bouquin sacrément bien ficelé qui procure un vrai plaisir de lecture, sans temps morts ni passages dilués.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Policier, #Polar, #Whodunit

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Publié le 7 Février 2024

HOLLYLWOOD SUR MEURTRE de Stuart Palmer

L’Américain Stuart Palmer (1905 – 1968) exerce différents petits boulots avant de proposer en 1932 son premier roman policier, MEURTRE DANS L’AQUARIUM, où débute également son héroïne récurrente, Hildegarde Withers, institutrice dans la quarantaine qui seconde efficacement l’inspecteur Oscar Piper. Quatorze romans (six seront traduits en français) et quatre recueils de nouvelles lui seront consacrés, sans oublier six films tournés durant les années ’30.

Dans cette nouvelle enquête, Miss Withers est conviée à Hollywood pour devenir conseillère technique sur une grosse production de la Mammoth consacrée à la fameuse meurtrière Lizzy Borden. Elle rencontre rapidement un scénariste qui se confie à elle et affirme se sentir menacé. Or, celui-ci meurt accidentellement peu de temps après en voulant punaiser un poster : il tombe de sa chaise et se brise les cervicales. Un accident ? Pas pour Miss Withers, persuadée qu’il s’agit d’un crime camouflé. Le coupable serait un certain Derek Laval, personnage peu recommandable et totalement insaisissable.

L’intrigue policière s’avère bien menée et efficace, complexe sans être inutilement embrouillée, avec de nombreux rebondissements parfois surprenants. Le cadre hollywoodien choisit se révèle en outre original, avec beaucoup de notes humoristiques adroitement disséminées par l’auteur qui devait s’y connaitre puisqu’il était lui-même scénariste. Le producteur se montre particulièrement bien brossé : après avoir engagé Miss Withers pour veiller à l’exactitude historique de son film il n’hésite pas à travestir la réalité pour les besoins du spectacle. L’effacée Lizzy Borden devient donc une reine de beauté, une romance est ajoutée à l’affaire et l’arme du crime, une petite hachette, devient une hallebarde médiévale afin de rendre le long-métrage plus grandiose.

Bien sûr, après bien des erreurs et des fausses pistes, Miss Withers découvrira l’assassin qu’elle forcera à se confesser en utilisant une méthode extrêmement spéciale qui témoigne de l’originalité et du sens de l’humour de Stuart Palmer.

En dépit de quelques invraisemblances (est-il vraiment impossible pour un criminel de briser le cou de sa victime à mains nues ? On peut en douter), l’énigme fonctionne, les dialogues entre Miss Withers et son ami inspecteur sont très vivants et le rythme est soutenu, aidé par la brièveté du roman (moins de 200 pages) et l’humour constant. Un agréable “policier” à l’ancienne.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Policier, #Whodunit

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Publié le 22 Janvier 2024

MORT SANS ATOUT de Georgette Heyer

Nouvelle lecture de Georgette Heyer, une des nombreuses « reine du crime » durant l’âge d’or du whodunit. Ce roman reprend tous les poncifs habituels de l’énigme. D’abord la victime est tuée durant un tournoi de Bridge. Perturber ainsi les saines occupations par un meurtre de mauvais goût n’est pas très classe. Bon, la victime, Seaton-Carew, n’était pas très aimé mais quand même.

Nous sommes au début des années ’50, dans un Londres qui se remet doucement de la Seconde Guerre Mondiale. Mrs Harrington aimerait trouver un mari pour sa très jolie mais plutôt stupide et pénible fille, Cynthia. Celle-ci est amoureuse d’un jeune Lord sans argent tenté par le communisme qui se fiche des titres de noblesses. Bref, le parfait crétin de gauche (pléonasme!). Maman aimerait surtout caser Cynthia avec Timothy (alias le Terrible Timothy, croisé, bien plus jeune, dans le précédent MORT D’ANNIVERSAIRE) mais celui-ci préfère une secrétaire (si c’est pas malheureux), Beulah (c’est un prénom ça ?). Et Seaton-Carew dans tout ça ? Il est non seulement l’amant de Mrs Harrington mais il convoite également Cynthia tout en étant un peu de la jaquette (comme on disait au siècle dernier) et peut-être entretenu par un autre homme. Shocking ! Lorsqu’il s’absente de la partie de bridge pour répondre au téléphone notre Seaton-Carew finit étranglé. Et, forcément, les suspects ne manquent pas…

Après une interruption d’une dizaine d’années, Heyer, surtout réputée pour ses romans romantico-historiques, revient au whodunit. Malheureusement, comme pour beaucoup d’autrices, l’après-guerre (la Seconde) parait moins intéressant que l’âge d’or des années ’30. MORT SANS ATOUT souffre ainsi de nombreux défauts, dont une longueur préjudiciable. Il faut une centaine de pages avant le premier meurtre (un second survient, classiquement, vers les 200) et l’intervention de l’inspecteur Hemingway. Cette première partie semble laborieuse. Trop de personnages (et de suspects potentiels), trop de bavardages et, surtout, l’utilisation d’un langage argotique voulu dans l’air du temps (ou est-ce la traduction qui est coupable) mais qui rend le tout bien lourd et peu agréable à lire. Les tentatives d’humour sont peu concluantes (et les commentaires de l’inspecteur sur les gays sont…disons d’époque) mais la résolution du mystère est effective et bien amenée, ce qui sauve un peu les meubles.

Néanmoins, MORT SANS ATOUT ne se hisse pas au-dessus d’une honnête « moyenne » et reste assez décevant. Un whodunit quelconque dont on espérait sans doute davantage, qui se lit sans déplaisir (si on passe les longueurs des cent premières pages) mais sans vraie implication.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Whodunit, #Policier, #Cosy Mystery

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Publié le 17 Janvier 2024

LA VERITE QUI TUE d'Helen McCloy

Romancière américaine (1904 – 1994) spécialisée dans le roman policier et surtout à énigme avec sa série consacrée au médecin enquêteur Basil Willing, Helen McCloy est une de ses « reines du crime » aujourd’hui quelque peu oubliée.

LA VERITE QUI TUE possède une des idées les plus intéressantes du roman de mystère : Claudia, une beauté / aventurière quelque peu fanée souhaite jouer un tour pendable à ses invités lors d’un diner. Elle séduit un médecin et lui dérobe sa dernière invention, un sérum de vérité révolutionnaire, qu’elle ajoute aux cocktails servis durant la soirée. Dès lors les invités révèlent des secrets jusque là bien gardé et Claudia finit victime de sa propre farce : elle est étranglée. Le Dr Willing va tenter de résoudre l’énigme.

Publié en 1941, le bouquin est un exemple typique de cosy mystery basé sur des prémices originales. On regrette d’ailleurs que l’idée ne soit pas davantage exploitée (ou n’aille pas davantage vers l’humour macabre) mais le résultat reste un excellent divertissement. Les personnages sont, forcément, bien typés et bien « chargés » : la plupart sont odieux et détestables et, une fois leurs secrets dévoilés, ils deviennent forcément tous suspects.

Très efficacement conduite, l’intrigue avance à bon rythme, entre réparties bien senties, dialogues très vivants et notes d’humour noir. Les révélations finales sont également bien amenées et terminent sur une note très positive ce fort plaisant whodunit vintage. Recommandé.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Policier, #Whodunit, #Golden Age

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Publié le 11 Janvier 2024

LE MANOIR DE LA DOUARIERE d'E.C.R. Lorac

Romancière britannique membre du « détection club », E.C.R. Lorac (décédé en 1958), écrivit de très nombreux whodunit durant l’âge d’or du genre, restant cependant toujours un peu dans l’ombre de Christie, Wentworth, Brand, Sayers, etc. Récemment, une dizaine de ses bouquins ont été réédité dans les « crime classics » de la British Library, remettant en avant cette écrivaine quelque peu oubliée. En France, 26 de ses romans furent jadis publiés au « Masque ».

La plupart de ses oeurves mettent en scène l’inspecteur McDonald, de Scotland Yard. Ce-dernier arrive donc dans le bled tranquille de Milham in the Moor, dans le Devon, à la suite de la mort étrange de Sœur Monica. Cette dernière dirigeait d’une main de fer l’orphelinat local et avait une réputation de « sainte »…qui s’efface une fois les premières investigations effectuées. Comme toujours, le limier dévoile les dessous pas reluisant de la petite communauté, quitte à s’attirer l’antipathie des locaux.

Nous sommes en plein cosy mystery et l’essentiel de l’intrigue tourne autour des tentatives de l’inspecteur pour surmonter l’hostilité des villageois, pas très content de cette intrusion sur « leurs » terres. Les personnages sont intéressants, bien brossés en quelques lignes évocatrices et le style, classique mais alerte, associé à des dialogues vivants, rend l’ensemble très agréable.

Ecrit en 1952, le livre témoigne aussi des changements de société après la Seconde Guerre Mondiale. Bien sûr, certains comportements et motivations pourront sembler aujourd’hui incroyables, il faudra donc se remettre dans le contexte de l’époque. L’énigme en elle-même n’est pas des plus complexes et il n’y aura pas vraiment de rebondissements durant l’enquête (pas de nouveaux meurtres ni de révélations fracassantes), seulement un faisceau d’indices qui conduira à démasquer le coupable, un brin évident avouons-le. Mais on peut aussi saluer Lorac pour jouer « franc jeu » avec son lecteur. Malgré ses défauts, LE MANOIR DE LA DOUARIERE reste un très agréable whodunit « vintage », traditionnel et charmant, à lire à l’heure du thé.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Golden Age, #Whodunit, #Policier, #Cosy Mystery, #E.C.R. Lorac

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Publié le 17 Novembre 2023

LA NYMPHE NEGLIGENTE d'Erle Stanley Gardner

Voici encore une plaisante enquête de notre avocat préféré, Perry Mason.

L’ouverture du roman est excellente : Mason, dans un canoë, se balade à proximité d’une île privée au clair de lune. Le lieu est la propriété du riche George Alder et Mason a été engagé par un groupe qui conteste les droits d'Alder sur cette île. Soudain, Mason observe une charmante nageuse sortie de l’eau, complètement nue, avant de se vêtir de manière élégante pour s’incruster dans une fête donnée par Alder. Mason, évidemment, suit les événements et notre nymphe sort en trombe de la propriété du notable, poursuivie par un chien fort agressif. L’avocat, naturellement, lui porte secours et le voilà embarqué dans une rocambolesque histoire à base de lettre mystérieuse littéralement jetée à la mer dans une bouteille. Après diverses péripéties et un meurtre, Mason va devoir user de toute sa science juridique pour défendre notre naïade négligente et démêler l’affaire.

Les aventures de Perry Mason sont, en quelque sorte, de véritables « doudou » du policier à énigme : l’assurance d’une lecture facile, agréable et satisfaisante, sans véritable surprise (bonne ou mauvaise). Ce ne sont pas des chefs d’œuvres de la littérature ni même des romans qui épatent par la complexité de leur intrigue ou leurs révélations fracassantes. En revanche, ces petits bouquins démontrent la science de l’auteur pour concevoir des page-turners efficaces, tous plus ou moins construits de la même manière : un démarrage en trombe sur une situation saugrenue, un Mason embarqué dans l’aventure et une suite de rebondissements constituent la première partie des romans, soit une centaine de pages enlevées saupoudrées d’humour. La seconde moitié du livre prend invariablement place au tribunal et c’est le grand jeu, très théâtral, des témoins de dernières minutes, des preuves apportées au plus mauvais moment par l’accusation et, surtout, du one-man-show d’un Mason qui lance des « objection ! » et des « contre-interrogatoire ! » à la pelle. Et, bien sûr, tout est expliqué dans le dernier des (courts) chapitres ou l’avocat résume toute l’affaire.

LA NYMPHE NEGLIGENTE se situe dans la bonne moyenne des Mason et assure un whodunit rythmé, amusant et divertissant de bonne facture dont on aurait tort de se priver pour une soirée détente.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Perry Mason, #Policier, #Whodunit

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Publié le 22 Septembre 2023

CINQ HEURE VINGT CINQ d'Agatha Christie

Voici un roman peu connu, qui ne comprend ni Poirot ni Marple mais offre un bon whodunit typique de l’Age d’Or. Comme beaucoup de romans d’énigme de cette époque une touche de fantastique apparent enrichi l’intrigue.

A cinq heures vingt-cinq, lors d’une séance, une table tournante annonce l'assassinat du capitaine Trevelyan, un vieux célibataire misogyne et excentrique. Or, Trevelyan est bel et bien mort, assassin. Selon le médecin légiste il est possible qu’il ait été assassiné à l’heure prédite. L’inspecteur Narracott doit mener l’enquête et les suspects ne manquent pas: deux dames venues s’installer dans la région en provenance d’Afrique du Sud, le neveu de la victime (et son héritier). La fiancée de ce-dernier mène sa propre investigation en compagnie d’un ambitieux journaliste.

Voici du bon policier cosy, dans l’ambiance hivernale d’un petit bled anglais couvert de neige. Une jeune et charmante demoiselle vient bouleverser cette quiétude en posant des questions à tout le monde afin d’innocenter son petit ami, principal suspect du meurtre.

L’intrigue est bien ficelée avec un côté « meurtre impossible » liée à cette séance de spiritisme qui annonce apparemment le crime. Même si le récit se montre moins complexe que dans les romans ultérieurs, il fonctionne parfaitement avec l’interrogatoire des suspects et les révélations finales forcément surprenantes et un coupable qui paraissait classiquement le plus innocent du lot. Très plaisant sans se hisser au niveau des meilleurs Christie.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Agatha Christie, #Policier, #Whodunit, #Cosy Mystery, #Golden Age

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Publié le 20 Novembre 2022

LA NUIT QUI NE FINIT PAS d'Agatha Christie

Ce roman est un des derniers d'Agatha Christie, publié en 1967 (et deux ans plus tard en France), raconté par Michael Rogers, un jeune anglais qui va de métiers en métiers. Bref, il vivote. Un jour il rencontre une riche héritière américaine, Ellie, qui souhaite de son côté échapper à son milieu. Le couple se marie et emménage dans une vaste propriété construite par Rudolph, un ami de Michael, célèbre architecte atteint d'une malade incurable. Une vieille bohémienne qui rode dans le coin promet un jour un sort funeste à Ellie si elle reste dans cette maison. Peu après, le corps d'Ellie est découvert après une promenade à cheval dans les bois.

Ecrit alors que Christie avait 77 ans, ce bouquin s'éloigne des purs whodunit de l'entre-deux-guerres pour un récit plus psychologique qui débute comme une romance. Peu à peu le lecteur se rend compte que quelque chose cloche dans cette histoire. L'ambiance devient pesante, par petites touches subtilement amenées, et les rebondissements commencent, avec quelques coups de théâtre assénés dans les derniers chapitres. Comme souvent avec un auteur qui joue "franc jeu", le lecteur en devine certains mais restent quand même agréablement surpris par d'autres qu'il n'a pas vu venir. On note également un climat bien rendu, angoissant, avec cette touche pratiquement fantastique: prédictions lancées par une gitane un brin sorcière, malédiction qui plane, etc. Le ton mortifère apparait également par ce personnage d'architecte qui, malade, vit ses derniers jours mais veut absolument terminer la maison promise au narrateur.

Par son ancrage temporel à la fin des sixties et son intrigue située dans un milieu aisé, le roman aurait pu servir de base à un giallo de machination italien. Il fut d'ailleurs adapté à l'écran en 1972 lors de la vague britannique des psycho thrillers.

LA NUIT QUI NE FINIT PAS est donc un roman différent, loin des enquêtes traditionnelles de Poirot ou Marple, plus proche d'œuvres comme le "Rebecca" d'Hitchcock ou des thrillers réalisés par la Hammer sur base de scénario de Jimmy Sangster. Les familiers de ce genre de récit ne seront pas complètement trompé car la ligne narrative s'avère assez prévisible dans son déroulé mais l'important réside dans les détails et l'ensemble, en dépit de quelques longueurs, se lit avec plaisir.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Agatha Christie, #Policier, #Whodunit

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Publié le 1 Novembre 2022

LE COUP AU COEUR de Peter Robinson

Décédé en octobre 2022 à 72 ans, le Canadien Peter Robinson fut un des maitres du polar procédural. En 1987, il crée ainsi l’inspecteur Banks, un flic passionné de jazz qui n’hésite pas à « faire ce qu’il faut » pour résoudre ses enquêtes, quitte à déplaire à sa hiérarchie. Robinson écrira 28 polars dans lequel Banks tient le rôle principal.

Dans cette nouvelle aventure, l’inspecteur se heure à sa nouvelle chef, Gervaise, une arriviste. Si elle ne l’apprécie pas, elle se satisfait de ses bons résultats, lesquels devraient lui permettre de gravir rapidement les échelons. Son rêve ? Etre mutée dans une grande ville. Bref, Gervaise demande à Banks de résoudre le plus vite possible son enquête, quitte à employer des méthodes pas tout à fait légales. Et donc notre héros se lance sur la piste du meurtrier de Nick Barber, un journaliste spécialisé dans le rock. Ce-dernier voulait écrire un article définitif sur les Mad Hatters, des stars de l’époque psychédélique récemment reformés pour une lucrative tournée. Mais, en soulevant quelques pierres, Nick a probablement déterré des secrets peu reluisants, probablement liés à la noyade suspecte d’un membre du groupe quelques décennies auparavant.

A cette enquête contemporaine, le roman ajoute une seconde ligne temporelle : le meurtre d’une jeune fille de 18 ans, Linda, en 1969, au cours d’un festival où se produisaient Pink Floyd, Led Zep, etc. Et les Mad Hatters, alors peu connus mais en phase ascendante vers la célébrité. Chadwick, un inspecteur quelque peu réac, qui hait ces musiciens fainéants fumeurs de joints et baiseurs de groupies, mène la danse en 1969. Il fricote au milieu des hippies chevelus qui détestent la police encore plus que la guerre. Pas facile pour Chadwick. En plus celui-ci ne supporte pas le vacarme de tous ces groupes et en particulier celui des Mad Hatters, petite formation locale promise à un bel avenir très appréciée par sa fille adolescente.

Peter Robinson maitrise son métier et, en dépit de quelques longueurs (le bouquin fait 500 pages mais aurait gagné à se voir raccourci d’une centaine), l’ensemble maintient l’intérêt et le suspense. Entre polar, policier classique et whodunit, l’auteur choisit la voie de l’enquête minutieuse, très procédurale, qui avance par petites touches. Pas de révélations fracassantes ni de surprises incroyables, plutôt un faisceau d’indices concordant qui mènent lentement à la (double) vérité, les deux affaires étant forcément liées.

Beaucoup de références musicales entremêlées, de l’authentique (les groupes de l’époque et les festivals comme l’île de Wight) et de l’inventé avec ce groupe dont le destin rappelle celui des stars de l’époque. Un des musiciens est retrouvé noyé dans sa piscine, le claviériste génial reste coincé dans un mauvais trip à l’acide, ils engagent une chanteuse pour gagner davantage de fans et changent leur son « prog folk psyché rock » pour des morceaux pop. Bref, l’auteur mélange les légendes (avec des touches de Pink Floyd, des Doors, de Fleetwood Mac, des Stones, de Led Zep et quelques autres) pour confectionner ce groupe fictif tellement crédible qu’on finit par se demander s’il n’a pas existé.

Un polar « page turner » qui s’appuie également sur la personnalité bien brossée de son héros attachant, le genre à la fois à l’écoute et rentre-dedans qui, lorsqu’il flaire le coupable, ne lâche rien pour l’arrêter. Pour les amateurs de policier procédural et de rock sixties, un incontournable !

 

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Musique, #Polar, #Policier, #Whodunit, #Western

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