Publié le 30 Juin 2020

DON - CHROMOSOME Y de Jacques Colombo (Henri Vernes)

Avec son méchant Molok, cette aventure de Don se rapproche évidemment des récits de Bob Morane mettant en scène l’Ombre Jaune. Sauf que le ton, ici, se veut différent : nous sommes dans la littérature de gare « pour adultes » avec tout ce que le genre implique de sexe et de violences gratuites. Délaissant son pseudonyme le plus célèbre d’Henri Vernes, notre bon Charles-Henri Dewisme se dissimule, ici, sous l’identité de Jacques Colombo pour goûter aux plaisirs simples des halls de gare des années 80, époque où fleurissaient les collections dédiées à des héros comme SAS, l’Exécuteur, l’Implacable et d’autres aujourd’hui plus oubliés comme PDG, TNT, le Mercenaire, etc. Effectuant une pause dans sa saga des Bob Morane (entre 1982 et 1988), notre auteur se reconvertit dans le polar d’espionnage assorti d’éléments fantastique et science-fictionnel. Bref, des intrigues pas franchement différentes de celles de Bob Morane mais un personnage qui en est l’antithèse (macho, brutal, violent et tueur sans pitié), de nombreuses scènes érotiques et pas mal de violences bien saignantes. On retrouve cependant quelques tics de l’écrivain, comme sa manière de qualifier les jeunes femmes de « petites filles ». Par la suite, histoire de boucler la boucle, Henri Vernes recyclera d’ailleurs ce CHROMOSOME Y en « Bob » avec LA BETE A SIX DOIGTS. Rien ne se perd, rien ne se crée.

Quoiqu’il en soit, DON promettait du Danger, de l’érOtisme, de la violeNce. La recette a été appliquée durant 11 bouquins aux couvertures tapageuses elles-aussi typiques de ces belles années ’80. Dans CHROMOSOME Y, le lecteur suivra donc les aventures d’un aventurier surnommé Don (car il est le petit-fils d’un parrain de la Mafia), cette fois aux prises avec le criminel Molok dont la dernière invention agit sur les personnes ayant un chromosome Y surnuméraire (les poussant au crime) et les transforme en maniaque assassin.

Lire Don, c’est, un peu comme pour Bob Morane, effectuer un petit voyage nostalgique pour ceux qui se désolent de ne plus trouver leur livraison mensuelle d’Exécuteur ou de SAS. Comme disait l’autre, la littérature de gare n’existe plus : les voyages durent 3 heures maximum et on s’occupe plus souvent avec une tablette qu’avec un roman. En plus lire aujourd’hui en public ce genre de bouquin bariolé exhibant sur la couverture des mannequins les nichons à l’air ferait vite mauvais genre. Tant pis. En attendant on peut encore ouvrir un plaisant CHROMOSOME Y pour s’offrir 3 heures de détente sympathique et sans prise de tête. On est loin du chef d’œuvre (ça n’en a jamais eu la prétention) mais on en a pour son argent et c’est bien là l’essentiel.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Erotique, #Espionnage, #Polar, #Roman de gare

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Publié le 25 Juin 2020

LES YEUX DES TENEBRES de Dean Koontz

Remis sous les feux de l’actualité, le roman, écrit en 1981, donnait à Koontz des allures de visionnaire car il traitait d’un virus échappé d’un laboratoire de Wuhan, offrant aux complotistes quelques nouvelles théories à reprendre, notamment l’origine artificielle du virus imaginé ici comme une arme bactériologique. C’est oublié un peu vite que, dans la version originale, le super virus a été créé en Russie, la Chine n’étant devenue l’ennemi que dans la version remaniée par Koontz et vendue depuis 2008. Pas grave, cela permet de lire (ou relire) cet honnête thriller qui manque cependant un peu de réelle tension pour maintenir l’intérêt.

La première partie, la plus intéressante, reste également la plus mystérieuse avec cette mère, Tina, qui ne parvient pas à admettre la mort accidentelle de son petit garçon, Danny, et commence à assister à d’étranges manifestations paranormales. Lorsque le message « pas mort » apparait sur le tableau noir de Danny notre héroïne est persuadée qu’on lui a caché la vérité : elle se met en tête d’exhumer le corps de Danny et, à partir de ce moment, devient la cible à abattre d’une organisation gouvernementale secrète. Evidemment, comme dans beaucoup de romans de ce style écrit par Koontz, notre jeune femme, qui se remet difficilement d’une rupture difficile avec un mec pas sympa, rencontre un brave type avec qui elle entame directement une grande histoire d’amour. En plus c’est un ancien des services secrets, un bonus appréciable lorsqu’on est traqué par le gouvernement.

On retrouve dans LES YEUX DES TENEBRES la recette classique du Koontz des débuts, avec ce mélange de thriller, de polar, de science-fiction et de fantastique agrémenté d’un soupçon d’horreur et d’une cuillère d’érotisme sans oublier quelques scènes d’action pour dynamiser le récit. Tout est donc calibré, sans grande surprise, les coïncidences et les passages peu vraisemblables se multiplient pour orienter l’histoire dans la bonne direction et les pouvoirs paranormaux de Danny aident bien évidemment sa maman à résoudre l’énigme, ce qui s’apparente parfois à une sacré facilité « scénaristique ».

Pour le côté virus / conspiration / prophétie annoncé il faut attendre les derniers chapitres qui révèlent donc la vérité sur l’origine des pouvoirs de Danny.

Dans l’ensemble, LES YEUX DES TENEBRES s’avère un honnête Koontz, plutôt plaisant en dépit de personnages souvent très clichés, et qui fonctionne agréablement, notamment par sa pagination restreinte et son art déjà affirmé du page-turning : chapitres courts, cliffhangers et rebondissements permettent de terminer rapidement un roman un peu inconsistant mais satisfaisant.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Horreur, #Thriller, #anticipation, #Dean Koontz

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Publié le 23 Juin 2020

DOC SAVAGE: L'OASIS PERDUE de Kenneth Robeson (Lester Dent)

Sixième roman de la grande saga de Doc Savage, L’OASiS PERDUE se montre particulièrement efficace et distrayant.

Ecrit en 1933, il combine tous les ingrédients nécessaires à un bon « pulp » : de méchants criminels ayant réduits quelques infortunés en esclavage pour exploiter une mine de diamants, des dirigeables, des chauve-souris vampires géantes aux dents empoisonnées (!) utilisées comme instruments de mort, une expédition dans la jungle, des plantes carnivores,… Les recettes sont typiques de l’époque et rappellent également les serials : si un personnage tombe d’un immeuble on apprend deux pages plus tard qu’il s’agissait d’un mannequin hâtivement confectionné (aucune vraisemblance n’étant requise) et si l’hélicoptère des héros est détruit, le chapitre suivant nous révèle qu’ils s’en étaient inexplicablement échappés ! Et, bien sûr, si un compagnon de Doc est empoisonné par les méchants, l’Homme de Bronze analyse immédiatement la substance mortelle et élabore, avec les moyens du bord, un antidote. Plus fort que McGyver, Rambo et James Bond réunis !

Comme toujours, les capacités exceptionnelles de Doc Savage, véritable super-héros invincible et même prototype des « super slip » des comics (d’ailleurs il se balade, dans les premiers chapitres, seulement vêtu d’un slip de bain !) éclipse totalement ses cinq compagnons réduits au rôle de sidekicks humoristiques. Dommage car ces derniers possédaient un réel potentiel. Mais qu’importe, lire ou relire Doc Savage reste l’assurance de deux ou trois heures d’évasion pure dans un mélange totalement invraisemblable mais réjouissant de polar, d’action, d’aventure, de fantastique et de science-fiction. Hautement divertissant !

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Publié le 19 Juin 2020

LA GALERE ENGLOUTIE d'Henri Vernes

La petite introduction de Vernes dans l’Intégrale nous apprend que le bouquin était une « excuse pour parler de plongée sous-marine ». Et, effectivement, le récit se montre fort linéaire après un départ intriguant et réussi : Bob Morane et son ami Frank Reeves, milliardaire américain, se languissent de nouvelles aventures. Reeves va, justement, se porter acquéreur d’un tableau (on apprendra plus tard qu’il se nomme « La belle Africaine ») au cours d’une vente aux enchères. Reeves l’achète pour 5 ou 6 fois sa valeur et, peu après, deux malandrins tentent de le dérober. Bob Morane, intrigué, flaire quelque chose de louche, parle de malédiction, et en fait même exécuter une copie. Quelques jours plus tard, une nouvelle tentative de vol a lieu, cette fois de la part d’un septuagénaire archéologue, le professeur Clairembart (qui deviendra un personnage récurent de la saga). Le vieil homme met les deux amis sur la piste d’un trésor qui reposerait dans une galère engloutie dont l’emplacement reste à découvrir. La course au trésor débute mais, bien sûr, Bob n’est pas le seul à vouloir s’en emparer.

Deuxième aventure pour Bob. Ce-dernier se révèle moins « parfait » qu’il ne le deviendra : il se montre impatient voire colérique, moins sympathique et un peu moins boy scout que par la suite. Mais Bob est déjà – et toujours - avide d’aventures. D’ailleurs notre commandant précise qu’il aime l’aventure pour elle-même, ni pour l’argent ni pour la gloire. Complètement désintéressé, sorte de Tintin toujours prêt à répondre à l’appel du mystère, Bob se rappelle ses exploits durant la seconde guerre mondiale en écrivant le récits de sa précédente expédition. Mais, pour parler clair, l’aventurier s’ennuie. Bob va donc apprendre la plongée pour retrouver le fameux trésor de la « Belle Africaine ». A partir de là, le roman se montre moins intéressant : toute la partie consacrée à l’apprentissage de la plongée, certes didactique et instructif, manque de souffle. Les péripéties sont également attendues : rencontre avec une raie, un requin, une pieuvre, des plongeurs mal intentionnés, capture par des « pirates / pilleurs de tombe ». Pas vraiment de surprise, plutôt lé déroulé classique des conventions et clichés de l’aventure maritime. Le bouquin aurait mérité davantage de développements, d’ailleurs Bob se lamente à la fin que « l’aventure ait été si courte », pour ne pas dire si facile.

La recette des « Bob », à cette époque, était en effet celle de la pure aventure destinée aux adolescents avec, en supplément, une certaine envie pédagogique typique de Marabout : on divertissait les jeunes tout en les instruisant sur la plongée, l’archéologie, l’histoire,…Ce qui inclut les notes supplémentaires placées à la fin des romans. Bref, les premiers « Bob Morane » ne possèdent pas encore le côté plus délirant des suivants qui incluront fréquemment des éléments science-fictionnels ou fantastiques plus typiquement « pulp » (voyages dans le temps, inventions étranges, savants fous,…). Des romans qui, aujourd’hui, apparaissent sans doute plus inventifs et attrayants aux lecteurs modernes.

LA GALERE ENGLOUTIE reste cependant un livre plaisant et distrayant, capable d’occuper avec bonheur deux heures de son temps, et qui, historiquement, s’avère important dans l’évolution du héros. En résumé : un sympathique récit, sans plus ni moins.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Bob Morane

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Publié le 17 Juin 2020

CASSIE de John Saul

Le Californien John Saul, né en 1942, fut un des grands pourvoyeurs de l’épouvante durant le « boom » de cette littérature, essentiellement au cours des années 80. Pas moins de 20 de ses romans furent alors traduits, enrichissant les collections dédiées comme « J’ai lu Epouvante », « Terreur » « Claude Lefrancq » ou « Forces obscures ». CASSIE constitue un de ces bouquins situés, pour faire court, dans les eaux fréquentées à l’époque par Stephen King : on y retrouve un personnage principal féminin, adolescente « à problèmes » (ou définie comme telle) peu à l’aise dans sa petite ville américaine traditionnelle et rapidement soupçonnée de divers méfaits. Divers personnages secondaires tissent des liens entre eux, des amitiés se nouent et la petite ville devient, elle aussi, avec ses légendes, pratiquement un protagoniste à part entière. Cassie (et non pas Carrie même si elle lui ressemble un peu) aurait des pouvoirs, serait une sorcière et aurait commis quelques crimes après avoir été « instruite » en magie noire par Miranda, l’inévitable vieille ermite un peu folle vivant dans les marécages locaux. Des individus peu amicaux envers la jeune fille en paient le prix et sont retrouvés morts, couverts d’étranges blessures peut-être attribuable à un animal. A un félidé peut-être, le chat étant l’indispensable allié des sorcières ?

John Saul possède du métier et tient son lecteur en haleine, emballant son bouquin en 280 pages bien tassées qui évitent les longueurs et les digressions inutiles. Il se focalise sur ses personnages et, bien sûr, en premier lieu sur la jeune Cassie, recueillie par son père après le décès de sa mère. Elle vivra des relations familiales un peu tendues, avec son paternel et sa belle-mère qui la soupçonne d’être une sorcière. Mais elle trouve un appui auprès d’Eric, son voisin, élève populaire ayant à son bras une petite amie tout aussi populaire. Cependant, ce-dernier commence à s’intéresser de plus en plus à cette intrigante Cassie tandis que les événements mystérieux se multiplient.

Ecrit de manière traditionnelle, avec un style simple et effectif, CASSIE délivre un parfum « old school » prononcé : nous sommes dans un fantastique feutré, ponctué de passages d’épouvante plus allusifs que graphiques, où la psychologie des personnages et l’ambiance prédominent. Les effets chocs, les « booh fais-moi peur », le gore, etc. n’y ont pas (ou très peu) leur place, nous ne sommes pas dans l’effet de manche ou l’horreur extrême façon splatter punk. CASSIE ne déraille jamais de sa voie et, à l’exception d’un twist final plutôt réussi, peut sembler quelque peu linéaire en raison, justement, de l’enchainement logique des situations qui conduisent, fatalement, à la conclusion.

Dans l’ensemble, un bon bouquin typique de son époque qui aurait pu donner une bonne série B horrifique dans les années ’80 si un cinéaste avait daigné se pencher sur son cas. Tant pis, on se contentera de la lire avec plaisir.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Horreur

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Publié le 15 Juin 2020

LA PEAU DES HEROS de Dean Koontz

Ce court roman (180 pages) a d’abord été publié sous le titre de LA PEAU DES HEROS a la Série Noire et sous le pseudonyme de K.R. Dwyer. Ecrit en 1972, il fut ensuite révisé et republié sous le nom de Dean Koontz, étant notamment inclus dans le recueil français DEMONS INTIMES dans la collection « Terreur ». L’intrigue s’avère très classique : un vétéran du Vietnam, Ben Chase, héros de guerre décoré, souffre d’un syndrome post-traumatique sévère. Eprouvant des difficultés à communiquer et à socialiser, en particulier avec les femmes, Chase vit de sa pension d’invalidité, se rend chaque semaine chez son thérapeute et passe ses journées à écluser du Jack Daniel’s en regardant des vieux films à la télévision. Un quotidien pas glorieux mais supportable pour Chase qui, un jour, intervient pour sauver une jeune fille d’un psychopathe qui vient d’assassiner son petit ami. Mis sous les feux des projecteurs une fois de plus, Chase reçoit ensuite des appels téléphoniques du cinglé, lequel se surnomme le Juge alors qu’il entame une croisade contre les « pêcheurs ». La police ne le croyant pas, Chase va mener sa propre enquête afin de coincer ce Juge de plus en lus menaçant.

Si LA PEAU DES HEROS parait aujourd’hui classique, il devait être plus novateur en 1972, une époque où l’on parlait probablement moins du Vietnam et de ses conséquences. C’était avant RAMBO, L’EXECUTEUR et d’innombrables films sur le sujet. Ben Chase apparait donc comme un personnage torturé, entouré d’autres protagonistes intéressants (la jeune documentaliste dont il tombe amoureux, son psy qui exploite sa notoriété, etc.) au cœur d’un récit quelque peu prévisible et linéaire. On devine rapidement où Koontz nous conduit et il n’y aura pas de grand twist pour relancer l’intérêt, l’auteur se reposant quasi uniquement sur son héros. Heureusement, celui-ci s’avère suffisamment bien typé pour maintenir l’intérêt. Il est évidemment ancré dans son époque, à la croisée des détectives purs et durs du polar noir des décennies précédentes et des futurs justiciers précédemment cités (Rambo, L’exécuteur, etc.). L’enquête n’est donc pas particulièrement complexe mais elle reste bien menée : Chase (qui porte bien son nom), chasse le Juge en remontant patiemment sa piste, interrogeant de nombreux individus avant de découvrir son identité. Le bouquin touche aussi, outre le Vietnam et les séquelles de la guerre, à différents sujets « sensibles » comme le vigilantisme et les groupuscules néo-nazis américains qui se développent après la fin de l’utopie des sixties, annonçant une décennie beaucoup plus brutale symbolisée, à l’écran, par des personnages comme l’Inspecteur Harry, le Justicier dans la ville, etc.

Sans être un incontournable de Koontz, LA PEAU DES HEROS constitue donc une lecture plaisante, divertissante mais également éclairante sur son époque. Vu sa longueur et son rythme élevé, le bouquin se dévore en trois heures, parfait pour un après midi d’été (ou une soirée d’hiver !).

LA PEAU DES HEROS de Dean Koontz

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Polar, #Roman court (novella), #Thriller

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Publié le 12 Juin 2020

LE CAS DE L'INSPECTEUR QUEEN d'Ellery Queen

Agé de 63 ans, l’inspecteur Richard Queen a atteint l’âge de la retraite et son célèbre fiston, Ellery, effectue un tour du monde. Pourtant, difficile de lâcher les enquêtes et il est bien temps que le vénérable flic bénéficie, après toutes ces années, d’une enquête bien à lui et rien qu’à lui ! Alors qu’il séjourne chez un de ses amis, chef de la police d’une petite localité, il est amené à l’aider sur une sale histoire survenue dans la petite ile privée de Nair Island où réside la riche famille Humphrey. Ces derniers viennent d’adopter un bébé souvent confié aux bons soins de Jessie Sherwood, leur nurse. Or, de retour dans la maison après une journée de congé, Jessie découvre le petit mort étouffé dans son lit. Un accident en apparence. Mais Jessie affirme avoir vu, sur le coussin ayant causé le décès, l’empreinte d’une main…Il ne s’agirait donc pas d’un accident mais bien d’un meurtre. Personne ne croit la nurse, excepté Richard Queen qui va mener l’enquête.

Situé dans les années ’50, juste après la guerre de Corée, LE CAS DE L’INSPECTEUR QUEEN se situe à la croisée des genres, entre les romans d’énigme très complexes élaborés par les cousins cachés sous le pseudo collectif d’Ellery Queen au début des années ’30 et le polar plus moderne et musclé (relativement bien sûr, nous ne sommes pas chez Mickey Spillane) de leur seconde partie de carrière. Nous suivons donc les investigations de l’inspecteur retraité qui noue, en prime, une romance avec la seule témoin. L’improbable couple remonte donc la piste des criminels jusqu’à un dénouement quelque peu attendu en dépit des nombreuses circonvolutions qui y mènent et de plusieurs retournement de situation.

Bien ancré dans son époque, celle des fifties américaines, riche de rebondissements et servi par un style fluide et prenant, LE CAS DE L’INSPECTEUR QUEEN constitue un bon whodunit qui a tout du classique dans le bon sens du terme.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Policier, #Whodunit

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Publié le 8 Juin 2020

LE BESTIAIRE DE SHERLOCK HOLMES de René Reouven

L’amateur n’est pas sans ignorer que Conan Doyle laissa volontairement dans l’ombre de nombreuses enquêtes de Sherlock Holmes, mentionnant ainsi, au détour d’un récit, des cas mystérieux qui restèrent méconnus du lecteur. Le rat géant de Sumatra, l’étrange affaire du cormoran, le ver qui rendit fou Isadora, etc. Du pain béni pour les épigones en mal d’idées et les pasticheurs de tout poils (et plus ou moins doués !).

John Dickson Carr, avec LES EXPLOITS DE SHERLOCK HOLMES, avaient déjà levé le voile sur plusieurs de ces affaires et offert, dans l’ensemble, de jolies réussites.

Cette fois c’est le Français René Reouven, spécialiste de littérature populaire et auteur des CRIMES APOCRYPHES, qui s’attaque à Holmes en utilisant l’intertextualité et le jeu des références qui s’imposeront, par la suite, dans les romans steampunk. En quatre nouvelles (liées entre elles par le fil conducteur « animalier » qui caractérise les différents récits), Reouven s’amuse mais soigne son pastiche par son évidente érudition, loin du simple clin d’oeil.

Dans « le cormoran », situé en pleine Guerre Mondiale en 1916, le limier de Baker Street doit résoudre une complexe affaire d’espionnage dans laquelle intervient son frère Mycroft. Avec « le rat », c’est la plus fameuse des énigmes oubliées qui ressurgit, celle du monstrueux rat géant de Sumatra, où le détective côtoie le futur écrivain Joseph Conrad. Classique mais efficace et rondement mené. Plus délirant et original, « Le ver » permet à Holmes de rencontrer l’autre grand héros de Conan Doyle, le professeur Challenger, spécialiste des animaux étranges. Au cours du récit, qui implique une série de duel et une vengeance tarabiscotée, Reouven convoque un descendant de Pierre Louis Moreau, mathématicien ennemi acharné de Voltaire, dont les expériences contre-nature inspireront H.G. Wells. Une nouvelle enthousiasmante sur laquelle plane également l’ombre du Chien des Baskerville et de la Bête du Gevaudan, bref, le meilleur texte du recueil.

Enfin, dans l’ultime nouvelle, Sherlock se confronte à une redoutable sangsue géante logiquement assoiffée de sang (« la sangsue ») et à son homonyme, un certain Holmes, considéré comme l’un des premiers serial killers dont le palmarès (une centaine de crimes !) renvoie Jack l’éventreur au rang des amateurs.

Après son roman L’ASSASSIN DU BOULEVARD publié en 1985, Reouven poursuit donc avec bonheur ses pastiches holmesiens (ensuite regroupés dans le très épais volume HISTOIRES SECRETES DE SHERLOCK HOLMES) et livre quatre longues nouvelles tout à fait réussies et divertissantes à savourer pour les fans du plus célèbre des enquêteurs.

 

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Publié le 6 Juin 2020

ISSA ELOHIM de Laurent Kloetzer

Dans un futur très proche, quasiment demain (voire aujourd’hui soir), la situation ne s’est guère améliorée, entre dérèglements climatiques, guerres de religion, terrorisme et réfugiés. Mais, depuis quelques temps, apparaissent des êtres étranges, les Elohim. Qui sont-ils ? Des anges ? Des extraterrestres ? Des mystificateurs ? Valentine Zeigler, journaliste suisse, apprend qu’un de ces êtres, Issa, est apparu en Tunisie, dans un camp de réfugiés géré par Frontex. Espérant une bonne histoire, Valentine part à la rencontre d’Issa et de ses amis.

Laurent Kloetzer élabore ici un court roman où l’aspect politique n’élimine pas le côté merveilleux du récit et qui évite le manichéisme en confrontant les points de vue d’une journaliste de gauche et d’un politicien de droite. Nous suivons donc les aventures d’Issa (autre nom de Jésus), être magique (ou prétendu tel car l’auteur ne règle pas véritablement la question…et c’est tant mieux !) pour ne pas dire Christique puisqu’il effectue un périple semé d’embûches en compagnie de ses amis / disciples / apôtres. Issa est-il réellement un Elohim (à supposer que ces derniers existent réellement), la question reste donc posée : de nombreux affabulateurs ont, en effet, tentés de se faire passer comme tels pour échapper à leur quotidien. Ici, avec ses amis, il émigre dans la très protectrice Suisse, et accomplit certes quelques miracles mais ceux-ci auraient été possibles à mettre en scène par un habile prestidigitateur.

Avec cette novella nuancée et bien écrite, qui se lit avec plaisir en deux petites heures (lumière !), Kloetzer offre un regard pertinent et sans parti-pris sur les problèmes actuels, notamment le retour du religieux et le besoin de croire. Au final, et c’est tout à son honneur, l’auteur ne tranche pas : entre le politicien et la journaliste qui est le (la) plus honnête ?, entre l’hypothèse surnaturelle et la mystification quelle est la plus plausible ? Au lecteur de réaliser sa propre opinion dans un texte réussi qui, en peu de pages, en dit beaucoup plus (et mieux !) que d’indigestes pavés. Recommandé.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Roman court (novella), #anticipation, #science-fiction

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Publié le 4 Juin 2020

LA MOITIE D'UN ROI (LA MER ECLATEE TOME 1) de Joe Abercrombie

Récompensé du Locus dans la catégorie « Jeunesse », LA MOITIE D’UN ROI constitue le premier volet d’une trilogie de Joe Abercrombie, nouveau venu déjà fort célébré de la fantasy, option grimdark (une branche plus violente et réaliste recourant assez peu aux éléments magique). Le style d’Abercrombie se montre pour sa part très efficace avec un côté page turner prononcé : des chapitres courts (quelques pages) qui donnent envie de poursuivre la lecture, une pagination très raisonnable (environ 350 pages), des dialogues nombreux qui sonnent justes,…

Le prince Yarvi, affligé d’une main difforme, se destine au ministère…A la mort de son père et son frère il doit pourtant assumer la charge royale dont il n’a jamais voulu. L’estimant trop faible pour devenir roi, Yarvi sera trahi par son oncle. Laissé pour mort il se retrouve enchainer sur une galère mais, contre toutes attentes, survit à cette épreuve, se trouve de nouveaux amis et compagnons et jure de se venger.

Abercrombie n’est pas un grand styliste mais il est indéniablement efficace. On pourrait le rapprocher d’un Gemmell par sa capacité à offrir un divertissement rythmé et sans temps mort, ponctué de répliques qui font mouche et de quelques considérations « philosophiques » (au sens très large) sur le devoir, l’héroïsme et la destinée personnelle. L’univers développé dans cette nouvelle saga s’avère classique mais appréciable, sorte de décalque du notre agrémenté d’un soupçon de surnaturel (les Elfes) afin de proposer un roman historique « d’une époque n’ayant jamais existé » si j’ose dire. Les querelles religieuses entre le polythéisme et la Déesse Unique ajoutent un piment supplémentaire à cette toile de fond d’inspiration scandinave où l’on retrouve combats entre rois rivaux, marchands d’esclave, galériens, etc. En dépit de la violence et du côté tragique (à l’antique dirait on pour faire culturé) du récit, un certain humour noir sous-tend ce premier tome fort agréable qui se lit (et même se relit !) avec plaisir.

Si LA MOITIE D’UN ROI ne se montre guère surprenant durant la majorité de son déroulement, le rebondissement final est étonnant : sans doute un peu « gros » mais tout à fait réjouissant et plaisant. Cela relance le récit, jusque là assez linéaire (la vengeance d’un roi dépossédé de son trône), et le dirige dans une autre voie, donnant envie de poursuivre la trilogie pour découvrir où l’auteur va nous conduire. Une bonne pioche !

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantasy, #Jeunesse

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