Publié le 31 Août 2023

L'EXECUTEUR: LUNDI LUNCEULS L'EXECUTEUR: LUNDI LUNCEULS

C’est la fin de la guerre pour Mack Bolan. Enfin la fin de la première guerre, celle contre la Mafia, qui l’occupe depuis 32 numéros. Le Président lui accorde l’amnistie à condition de pouvoir ensuite employer ses talents dans d’autres guerres, à plus grande échelle, notamment contre le terrorisme. Mack accepte de se ranger des voitures, ayant supprimés suffisamment de mafieux pour contenter sa soif de vengeance. Mais, avant de raccrocher les gants, il demande une dernière faveur et une dernière semaine de carnage. Il repart en croisade et passe la deuxième couche, afin de faucher les jeunes pousses tentées de remplacer les capi décédés.

A ses côtés, pour cette dernière mission, April Rose, sexy lady et experte en informatique qui va mettre l’Exécuteur au parfum des dernières nouveautés technologiques. Forcément, une relation se noue entre la nymphette et le vieux guerrier, entre attraction mutuelle et amitié platonique, pour ne pas dire virile. Le duo fonctionne bien, avec quelques dialogues inspirés parfois humoristiques, parfois disons « philosophiques ». L’auteur (le vrai Don Pendleton à cette époque) semble toutefois hésiter sur la direction future de cette romance et le personnage change parfois de comportement de manière désordonnée, au gré de la plume du romancier.

L’essentiel reste cependant la guerre menée par Bolan qui flingue à tout va mais semble plus apaiser, allant jusqu’à laisser vivre certains de ses ennemis « moins pires que d’autres ».

SI cet opus ne change pas fondamentalement une recette bien établie (il faudra attendre le renouveau par d’autres auteurs et avec l’option « guerre mondiale contre le terrorisme »), tous les éléments s’emboitent adroitement et font de cette aventure une belle réussite du polar pulp.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Action, #Polar, #Exécuteur, #Pulp, #Roman de gare

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Publié le 30 Août 2023

LA MAISON AUX CENT MURMURES de Graham Masterton

En dépit d’un début effectif et de bonnes critiques, ce roman laisse une impression mitigée. Le mystère de départ fonctionne agréablement avec d’intéressantes considérations historiques sur les cachettes secrètes et les « caches de prêtres » élaborées par Nicolas Owen. Mais la suite déçoit. Elle évoque un peu trop un des meilleurs romans de l’auteur, DEMENCES, avec ses prisonniers ayant disparus dans les murs de leur geôle. Ici il s’agit d’une maison réputée hantée mais le principe reste similaire. L’intervention d’une sorcière (ou charmeuse), d’un sorcier (ou glaneur) et d’un prêtre venu exorciser la demeure entrainent de nombreuses discussions. La maison est-elle hantée ? S’agit-il de démons, de fantômes, d’autres choses ? Masterton parait hésiter, embrassant tour à tour chacune des explications sans réellement convaincre. Le tout semble donc très bavard et ce ventre mou occupe malheureusement une trop grande partie du récit.

Bien évidemment, l’auteur a souvent eu recours précédemment à l’excès et à l’empilement d’influences et de mythologies. Entre la sorcière qui lance de la poudre de cadavre pour découvrir les spectres, le sorcier rationaliste qui refuse l’existence des fantômes mais admet la puissance des enchantements druidiques et l’exorciste entrainé par le Vatican le roman verse dangereusement vers le grotesque ou la parodie plus ou moins volontaire. Le final surenchérit encore dans l’outrance avec l’apparition d’une entité légendaire maléfique, Masterton ajoutant une pincée de folk-horror à ce récit de hantise rationnalisé par une boucle temporelle ayant piégé ses victimes. Et le climax, comme (trop) souvent avec l’auteur sombre dans le n’importe quoi. C’est pratiquement une constance depuis MANITOU mais, souvent, cela donne à ses romans un côté série B excessive et fun. Ici ça ne fonctionne pas, peut-être parce que le tout se veut sérieux.

De plus, au niveau du « rentre dedans / choquant », l’auteur parait bien moins inspiré que dans ses romans d’il y a 30 ans. Le gore, l’horreur pure, l’épouvante sont quasiment absents, tout comme l’érotisme. Masterton entame bien une scène de viol collectif mais l’arrête très rapidement. Caramba, encore raté ! Décidément, le romancier n’a plus la forme d’antan à moins que la lecture de trop nombreux récits splatterpunk / splatterporn aient rendu, par comparaison, les intrigues de l’Anglais trop consensuelles. Nous sommes loin des descriptions de cannibalisme gratinées de RITUEL DE CHAIR ou des excès déjantés des MANITOU. Un roman d’horreur qui ne provoque ni peur ni dégoût, quoi de pire ?

En résumé, LA MAISON DES CENT MURMURES part d’une bonne idée et maintient l’intérêt durant une centaine de pages avant que le soufflet ne se dégonfle. En dépit de quelques bons passages, le tout reste largement en deçà de ce que l’auteur nous a jadis proposé. On peut se contenter des « restes » ou se désoler de ce ratage tout en se réjouissant néanmoins de voir Masterton à nouveau traduit dans nos contrées.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Graham Masterton, #Horreur, #Fantastique

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Publié le 28 Août 2023

MARVEL EPIC COLLECTION - SPIDER MAN - MAN WOLF AT MIDNIGHT

Ce recueil, déjà le huitième de la collection, s'ouvre peu après l'événement le plus important de l'histoire de Spidey, la mort de Gwen Stacy. Le bouquin alterne le bon (en nombre), le moyen (bien présent dans des épisodes anecdotiques) et le mauvais (certains personnages sont très mal écrits).

Du côté des points positifs, le recueil introduit le personnage du Chacal, un super vilain atypique, maître des manipulations génétiques, dont l'identité reste mystérieuse (elle sera dévoilée dans le recueil suivant, SPIDER MAN OR SPIDER CLONE). Le Chacal sera à l'origine de la controversée SAGA DU CLONE. En dépit d'un costume ridicule (il eut été bien plus menaçant sans le porter), le Chacal demeure un vilain mémorable et original.

Nous assistons également à l'apparition du Punisher, qui va se frotter à notre Araignée du Quartier à deux reprises. Dommage qu'il se mette (brièvement) au service du Chacal sans comprendre qu'il n'est pas du bon côté de la Force. Encore une fois, les scénaristes plient un personnage bien défini à leurs désirs pour le seul plaisir de le voir combattre un héros populaire.

Les conséquences de la mort de Gwen sont malheureusement assez mal traitées. La romance entre MJ et Peter se compose uniquement de disputes et de réconciliation, notre "jackpot" restant surtout préoccupée de faire la fête et de parler de ses fringues (une caractérisation potiche du personnage qui perdurera longtemps). Flash ne semble pas comprendre le chagrin de Peter qui, de son côté, crie sur tout le monde et se montre insupportable. Bref, c'est écrit à la truelle et une lecture des épisodes d'une traite démontre à quel point tout cela sent le mauvais feuilleton. Au terme des 400 pages le soap-opéra à la Marvel fatigue.

Heureusement, le côté super-héroïque fonctionne, aussi improbable que soient les intrigues. Entre la Spider-Mobile (une idée tellement stupide qu'elle devient fun), la tentative de mariage entre Doc Ock et Tantine, les attaques du ManWolf (le fils astronaute de J.J.J. devenu un loup-garou après un voyage sur la lune) et la folie progressive de Harry Osbourne devenant le Green Goblin, l'ensemble divertit avec panache.

Coincé entre le classique GOBLIN's LAST STAND (qui comprend la mort de Gwen) et SPIDER MAN OR SPIDER CLONE (qui inclut la première saga du clone), ce recueil reste plus anecdotique mais suffisamment distrayant pour emporter l'adhésion.

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Publié le 25 Août 2023

BOB MORANE: MISSION A ORLY d'Henri Vernes

Et revoilà Bob Morane et Bill Ballantine emportés dans l’aventure après avoir croisé la route d’une pauvre demoiselle en détresse qu’ils devront sauver de méchants kidnappeurs. Mais pourquoi tant de haine ? Car un dictateur sud-américain désire s’emparer de papiers secrets capables de le mettre en mauvaise posture.

MISSION A ORLY constitue un Bob un peu atypique et, disons-le, quelque peu décevant : Orly, Paris, Le Havre,…On a vu plus exotique et plus emballant niveau aventures. Ici, nous sommes davantage dans l’espionnage pur et dur avec son despote, ses documents secrets, ses tueurs,…On note également une certaine utilisation de l’argot d’époque à la manière des polars franchouillards des sixties et les surnoms amusants des vilains : le Moustachu, le Minable,…

Heureusement, la présence d’une vaste « Cour des miracles » de clochards, menés par La Gargouille, apporte une relative originalité et une touche d’humour. Ces dépenaillés se montreront bien utiles pour tirer Bob d’une situation désespérée. Il constitue la principale innovation de ce roman agréable mais guère passionnant et, à vrai dire, plutôt daté.

Court et rythmé, MISSION A ORLY se lit d’une traite, en deux heures, et réussit à divertir bien qu’il est peu probable que le bouquin figure un jour dans une liste des « meilleurs Bob ».

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Bob Morane, #Espionnage, #Jeunesse

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Publié le 23 Août 2023

SHARK BEACH de Chris Jameson

Ce roman est constitué de trois parties de longueur à peu près égales. Dans la première nous avons la traditionnelle présentation des personnages et de leurs soucis. Nous trouvons d’un côté deux couples, qu’on devine dans la fin de trentaine, accompagnés de leurs enfants / jeunes adolescents. L’un des couples, composé de Rick et Corinne, traverse une crise sérieuse pouvant mener à la séparation. Surtout lorsque Corinne flirte très innocemment avec Rashad, un jeune type dans la vingtaine venu passer son spring-break en compagnie de cinq copains et copines. Rick n’apprécie pas et une petite bagarre éclate, Rick se ridiculise ce qui le conduit à affirmer sa virilité par la suite. Or un ouragan s’approche de la petite île où se déroule l’intrigue. Cette tempête, associé aux actions d’un protecteur des animaux, conduit à la libération dans les eaux d’une meute de requins génétiquement modifiés (refrain connu) pour devenir des armes mortelles. Et un capitaine de bateau désargenté décide de profiter du chaos post-ouragan pour cambrioler quelques propriétés de l’île. Ces développements (un peu longuets) occupent la seconde partie du roman, avec l’introduction d’un nouveau personnage important, une jeune fliquette qui tente de sauver la situation dans le chaos généralisé. La troisième partie voit les squales s’en prendre à nos personnages principaux, divisés en petits groupes : certains sont partis en excursion avec le capitaine / voleur, d’autres se retrouvent coincés sur un arbre après la destruction de leur kayak et d’autres visitent une épave rejetée par la mer. C’est donc parti pour un jeu de croque-monsieur / croque-madame entre les requins et nos rescapés.

Entre « Jaws » (surtout le deuxième d’ailleurs, avec les enfants menacés devant être secourus), « Peur bleue » (et ses requins mutants) et « Black Water » (un film de crocodiles mais le principe reste inchangé), SHARK BEACH constitue un bon petit divertissement estival. Les personnages sont assez plaisamment brossés, l’auteur évite les clichés (ou les utilise à bon escient) et en dépit de quelques longueurs, le roman avance plaisamment. Avec ses 18 chapitres relativement courts, le bouquin assure un rythme soutenu et le lecteur ne s’ennuie pas. Nous sommes ici dans l’équivalent (en toutefois plus sérieux) d’une bonne petite série B façon Asylum ou Syfy, pas dans de la grande littérature. Mais en sachant à quoi s’attendre, SHARK BEACH se révèle plaisant et c’est bien là l’essentiel. Dommage que l’intrigue ne se termine pas réellement, la menace n’étant pas éradiquée (comme dans « Piranhas ») quoique nos héros s’en soient sortis…enfin pas tous mais le lecteur découvrira qui meurt et qui survit. Un bon livre de plage, sans plus ni moins.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Horreur, #Sharksploitation

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Publié le 18 Août 2023

LES 7 CITES - HAUT ROYAUME - TOME 1: LE JOYAU DES VALORIS de Pierre Pevel

Dans la cité corrompue de Samarande, Iryän Shaän, voleur aux yeux de drac, est engagé pour voler un précieux diadème. Il s’acquitte de sa mission mais les joyaux qui ornaient le diadème sont dérobés peu après. Pourquoi ? Par qui ? Pour se disculper, Iryän et ses complices devront le découvrir et vaincre par la ruse et le fer de nombreux adversaires : voleurs, assassins, mages et spectres.

Voici le résumé proposé pour ce « spin off » de l’univers du HAUT ROYAUME dans lequel nous découvrons de nouveaux héros, dans la tradition des romans de capes & épées, qui rappellent immanquablement les œuvres du grand ancêtre Fritz Leiber. Un vol audacieux durant une fête de mariage, un duo attachant rejoint par un as du crochetage et une guerrière, de l’aventures et de l’action,… Pevel délaisse ici les descriptions pesantes de trop nombreux romans de Fantasy pour privilégier un récit rythmé qui se déroule dans les bas-fonds de la cité de Samarande. Tout cela s’avère fluide, distrayant et fort bien mené, ce que le récit perd en profondeur et en complexité (notamment par rapport à HAUT ROYAUME), il le gagne en pur divertissement d’aventures.

Réécriture des premiers romans de l’auteur (les CHRONIQUES DES SEPT CITES), LE JOYAU DES VALORIS s’impose comme un roman enlevé qui peut parfaitement se lire indépendamment : pas d’appel du pied au lecteur pour l’inciter à lire les deux suites ou la série principale du HAUT ROYAUME, l’intrigue se suffit à elle-même et, au terme des 250 pages, arrive à une conclusion satisfaisante. Pourtant, grâce à la qualité de ce premier volet, le lecteur aura naturellement envie de poursuivre ses aventures dans les cités du Haut Royaume. Un bon divertissement de fantasy.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantasy, #Aventures

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Publié le 15 Août 2023

LE CINEMA DE SAM PECKINPAH d'Alain Cresciucci

Ce livre précis et documenté analyse longuement les long-métrages (et quelques épisodes de séries télé et téléfilms) de celui qu'on aime à surnommer "Bloody Sam". Lorsque ce-dernier débute, le western a déjà fait son temps au cinéma, du moins en Amérique. Le salut provisoire viendra d'Italie et nul doute qu'avec "La Horde sauvage", le Sam s'est inscrit dans un courant violent et destructeur des mythes américains. C'est une partie du propos de l'auteur qui inscrit d'abord le réalisateur dans son environnement familial, ce qui explique son attachement à la famille, la religion et la vie des hommes simples de l'Ouest.

Après un premier film impersonnel, "New Mexico", notre cinéaste tourne son chef d'œuvre, "Coups de feu dans la Sierra", un film testament sur l'Ouest dans lequel les cow-boys laissent la place aux businessmen en costard / chapeau melon et où les automobiles remplacent les chevaux. Les pistoleros, eux, sont déjà du passé: héros 20 ans plus tôt et à présent complètement anachroniques.

Une constante des westerns de Sam: l'Ouest est conquis, le temps des pionniers révolu. Ses westerns ne se situent pas à la grande époque de la ruée vers l'or mais bien dans les premières années du XXème siècle, juste avant la Première Guerre Mondiale. Les bandits de grand chemin tirent leurs dernières cartouches ("La Horde sauvage" et son fameux "on y va? – pourquoi pas"), Pat Garrett est abattu par ses anciens amis longtemps après qu'il ait lui-même tué le Kid, le prospecteur d'eau de "Un nommé Cable Hogue" meurt écrasé par une voiture symbole évident du progrès en marche… De manière similaire, durant les seventies, lorsque le western a définitivement tiré sa révérence, le Sam ira vers l'aventure et le polar. Mais il reprendra cependant de nombreux éléments de l'Ouest dans ses "westerns modernes" comme le décontracté "Le convoi" et les nihilistes "Bring me the head of Alfred Garcia" ou "Getaway".

L'auteur revient sur tous ces films, longuement, et étaie son propos par des citations tirées des dialogues qui donnent envie de les revoir suite à cette éclairage pertinent. D'ailleurs attention! Les films sont explicités quasiment de la première à la dernière image donc prudence pour ceux qui ne les auraient pas déjà visionnés. Spoiler Alert comme on dit aujourd'hui!

L'analyse est double: d'une part plus technique, davantage destinée aux accros du cinéma (composition des plans, mise en scène, cadrage, etc.) et d'autre part plus contextualisée: réception des films (souvent hostile, la reconnaissance critique viendra plus tard pour la majorité d'entre eux), petites histoires du tournage, lutte avec les studios, etc.

Car celui qui est intronisé "héritier de John Ford" au début des sixties percute rapidement contre les diktats des studios. Son intransigeance (et ses abus d'alcool et de coke) mettent à mal sa carrière. A la quasi exception de la "Horde Sauvage" ("un film mien à 96%" disait le Sam), ses métrages vont être modifiés, remontés, censurés, tronçonnés ("Cable Hogue", "Major Dundee", "Pat Garrett",…). Lorsque différentes versions existent l'auteur les compare, prenant le meilleur et le pire de ces montages alternatifs. Car, c'est tout à son honneur, l'auteur remet certes les pendules à l'heure mais n'accable pas uniquement les studios. Il pointe aussi le côté têtu de Sam, son refus du compromis, ses tournages entamés sans scénario définitif, ses excès d'alcool et de drogues qui entrainent des conflits, etc. Bref, il parle du réalisateur / auteur et de sa lutte pour imposer ses idées sans manichéisme ou angélisme.

En 300 pages l'auteur livre donc un bel ouvrage. Entre biographie et analyse critique, il retrace le parcours de Sam Peckinpah de manière chronologique et capture une carrière (et une vie) finalement assez courte mais riche en œuvres marquantes.

Enrichi de photos (petites mais bien choisies), dense et érudit sans tomber dans le prêchi-prêcha pédant, voici un ouvrage très abordable et intéressant pour tous les amateurs de cinéma américain en général et de westerns en particulier.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Cinéma, #Biographie, #Western

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Publié le 10 Août 2023

FABLES – INTEGRALE 1 de Bill Willingham

Relecture et réinterprétation « sérieuse et adulte » des contes de fées, FABLES débute après que les Fables (les personnages des récits) ont été chassés de leurs royaumes enchantés par l’Adversaire. Dès lors, les Fables trouvent refuge à New York et vivent parmi les hommes, exceptés les créatures trop « inhumaines » forcées de vivre recluses dans une ferme isolée. Dans la première histoire de ce recueil (qui reprend les 3 premiers arcs de la série), Rose Rouge, la sœur de Blanche Neige, est assassinée. L’enquête est confiée au shérif Bigby, alias le Grand Méchant Loup. Les principaux suspects sont Barbe Bleue, ex-amant de Rose et serial killer bien connu, et Jack, un glandeur vivant toujours dans le souvenir de ses haricots magiques.

Les contes de fées se terminent, les héros se marient, ils ont beaucoup d’enfants et vivent heureux. Mais en fait ils se disputent, se séparent et parfois s’entretuent. Nos Fables se désolent aussi de rester les êtres jadis imaginés, ils sont immortels (tant que les humains se souviennent d’eux) mais ne changent pas, ne grandissent pas, etc. Le premier arc fonctionne parfaitement et plante le décor tout en offrant une enquête policière prenante et réussie avec une révélation finale certes déjà lue mais bien amenée.

Le deuxième arc du récit s’inspire, comme son titre le laisse supposer, de LA FERME DES ANIMAUX : les Fables exilées à la ferme se révoltent. C’est fort efficace, drôle et violent et les petits cochons en prennent plein la figure.

Le dernier arc, un peu moins réussi, s’intéresse à la romance (c’est le titre) entre Blanche Neige et le Grand Méchant Loup.

Le scénariste reprend ici les personnages et les dépoussièrent, les rend en quelque sorte « réels » sans pour autant verser dans la parodie facile. Il transforme le Prince Charmant en séducteur passant d’une conquête à une autre, fait de Barbe Bleu un tueur en série fin escrimeur, etc. Pour les plus jeunes, tout cela a certainement (fortement) inspiré la plaisante série « Once Upon A Time » aux postulats étrangement similaires. Mais la version dessinée est plus caustique et réussie.

FABLES a connu de nombreuses éditions francophones (chez Panini puis Urban). Après les albums cartonnés, la réédition en intégrale voici aujourd’hui la nouvelle version au format de poche « Nomad » pour des recueils entre le comics d’antan et le manga. Le tout offre plus de 400 pages de lecture pour moins de 10 euros. De quoi lire (enfin !) toute la saga (en dix tomes) sans se ruiner.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Comic Book, #Fantasy, #Fantastique

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Publié le 9 Août 2023

LE TEMPS D'UN SOUFFLE, JE M'ATTARDE de Roger Zelazny

Ecrite en 1966, cette longue nouvelle / très court roman de Zelazny s'intéresse, avec 50 ans d'avance, au thème de l'intelligence artificielle. Ici, un ordinateur très puissant s'interroge sur ce qui définit l'humanité.

Tout comme le fameux HOMME BICENTENAIRE d'Asimov, Gel, le super calculateur désire devenir humain. Cette quête l'occupe durant des siècles. Car l'Homme a disparu et la Terre a été ravagée par une catastrophe. Dès lors, avant de disparaitre, l'Homme a inventé des machines pensantes chargées de rebâtir le monde. L'une d'elle, Gel, la plus puissante, se questionne et utilise une partie de son temps libre afin d'en savoir plus sur ses créateurs. Qu'est-ce qu'une émotion, se demande la machine? Ce qu'il voit est-il de l'art ou du cochon?

En une cinquantaine de pages, Zelazny livre une réflexion globalement toujours pertinente sur les questions de l'humanité et de l'intelligence artificielle. Comme le texte précité d'Asimov ou d'autres de Simak à la même époque, l'auteur cherche moins le côté scientifique / technique / prophétique que l'émerveillement poétique du récit. Finalement, il traite plus de l'Homme (pourtant absent) que du robot.

Cette novella, parait-il la préférée de l'auteur, fut publiée une première fois dans le LIVRE D'OR consacré à l'auteur en 1983. Jamais rééditée depuis, elle est ici republiée assortie d'une série de commentaires sur le contexte de l'histoire et ses implications pour la science-fiction. Une belle initiative de la part de la collection "dyschronique" du Passager Clandestin qui permet de redécouvrir des textes oubliés de façon intéressante et ludique accompagnés de « bonus » souvent plaisants.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #science-fiction, #Novella (roman court)

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Publié le 4 Août 2023

BATMAN WHITE KNIGHT de Sean Murphy

Batman n'est-il pas à son meilleur lorsqu'il s'affranchit de la (trop) pesante continuité pour évoluer dans des intrigues indépendantes façon "elseworld"? Bien possible comme le prouve Sean Murphy avec ce "what if?" (comme aurait dit Marvel) dans lequel le Batman va trop loin. Obsédé par sa soif de justice qui confine à la folie il disjoncte totalement et devient un véritable danger public. Qui pourra se dresser sur la route du chevalier noir? Peut-être un chevalier blanc personnifié par le Joker, guéri de sa folie (ou pas?) et redevenu Jack Napier, lequel se lance dans la politique. Il déclare la Chauve-Souris hors la loi et rassemble une poignée de super flics encadrés par d'anciens de la bat-family comme Nightwing et Batgirl. Tous les superslips (exceptés les renégats) opèrent à présent sous l'autorité de la police de Gotham.

Nous avons donc ici une histoire complète de près de 250 pages (ensuite prolongée par diverses déclinaisons comme CURSE OF THE WHITE KNIGHT, BEYOND THE WHITE KNIGHT, etc.). Sean Murphy, après l’iconoclaste PUNK ROCK JESUS, avait livré un THE WAKE qui m’avait laissé sur ma faim malgré ses qualités visuelles. BATMAN WHITE KNIGHT, cette fois, bénéficie d’un scénario très solide et efficace. Une fois les prémices un brin capilotractées acceptées, le récit fonctionne parfaitement et l’osmose entre ce récit en forme de polar / noir et le trait du dessinateur se révèle idéale. L’opposition entre le Joker et Batman est bien traitée, le premier essayant de démontrer que le second (complètement fermé à toutes remarques) est une plaie pour Gotham. L’intrigue pointe un élément rarement évoqué : le coût colossal pour la ville des actions du justicier.

BATMAN WHITE KNIGHT s’inscrit déjà dans les classiques de la mythologie du Croisé encapé, à côté des incontournables KILLING JOKE, THE LONG HALLOWEEN, THE DARK KNIGHT RETURNS et quelques autres.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Batman, #DC Comics, #Superhéros

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