Publié le 31 Août 2022

UN CRI DANS L'ABIME d'Oksana & Gil Prou

La nouvelle livraison d’Oksana et Gil Prou prend pour héroïnes les musiciennes du groupe de deathdoom danois Konvent. Lorsque le roman débute, les jeunes femmes s’apprêtent à jouer sur la scène du festival de Copenhell au Danemark. Bref, quasi à domicile.

Et puis…Un puit sans fond s’ouvre « brutalement au milieu du festival de Copenhell ». C’est noir, c’est inquiétant. Les musiciennes n’ont aucune envie d’explorer ce gouffre. Mais une voix leur ordonne de le faire : « descendez ! ». Du coup, le lecteur se voit convier à un nouveau VOYAGE AU CENTRE DE LA TERRE. Serait-ce un puit sans fond ? Les musiciennes vont-elles découvrir la fin de cet abime ? A moins qu’il s’agisse d’un labyrinthe sous-terrain ? Bref, elles partent en exploration. Mais pourquoi continuer alors qu’il leur suffirait de ressortir ? Peut-être parce dans ce cas « l’immense brèche ne ferait que s’agrandir. Elle engloutirait très vite la ville de Copenhague puis le Danemark, l’Europe et des continents entiers ».

Par la suite nos musiciennes « comprennent que leur mission sera beaucoup plus complexe et riche d’innombrables surprises que tout ce qu’elles avaient pu imaginer jusque-là ». En effet, la descente des deathmetalleuses dans cet enfer les conduits à affronter d’étranges adversaires au cours d’une « titanomachie » sonore. Les premiers monstres sortent de toiles d’araignées gigantesques : il faudra « une confrontation phonique face à des créatures lucifériennes » pour résoudre cet affrontement. Mais comment les musiciennes peuvent-elles combattre sans leur instrument ? Ils surgiront du néant car « le vide quantique est la matrice de tout ». Dès lors, il leur faut se battre sans pouvoir obtenir de réponses à leurs questions. Pourquoi ces batailles ? Une réponse sera, peut-être, livrée « lorsque vous aurez livré votre troisième bataille », précise leur guide.

Comme Bill and Ted dans le troisième volet de leurs aventures cinématographiques, nos deathmetalleuses ont pour mission de « jouer pleinement leur musique au profit de la plus noble des causes : sauver notre planète et tous ses habitants ». Mais, petit à petit elles se prennent au jeu : « la victoire est une nécessité bien sûr mais le plaisir venait en plus ». Les épreuves se succèdent donc avec traversée de lac de feu et projection de lave, sans oublier une poignée de créatures aux noms improbables et imprononçables (Stychöodacth, Hiryaxis, etc.). Elles doivent gagner pour assurer la survie d’une espèce humaine égoïste et malmenée par les crises récentes, pandémie comprise.

UN CRI DANS L'ABIME d'Oksana & Gil Prou

UN CRI DANS L’ABIME s’avère déstabilisant et surprenant. On ne peut lui contester son originalité étonnante. On plonge ainsi dans un univers très bizarre dans lequel le lecteur peut se perdre. Le dynamique duo Oksana / Gil convoque death metal, Hugo, intrication quantique, Goethe, etc. Mieux vaut ne pas se poser trop de question et se laisser porter par l’étrangeté du récit en regrettant un côté parfois répétitif des motifs.

Heureusement, aux côtés des notions parfois obscures et cryptiques développées (« boucle alpha », « incubateur de plantète », etc.), l’humour est bien présent dans les relations entre les quatre héroïnes. Pourquoi les avoir choisies pour ce récit ? Par amitié sans doute. Bon, un groupe entièrement féminin qui joue du death / doom n’est pas si courant, on jettera donc une oreille au premier méfait des demoiselles, sorti chez Nuclear Blast en 2020.

Avec une écriture riche, aux termes parfois précieux ou rares, le roman s’apprécie également (surtout ?) comme un bel hommage au heavy-métal et à sa communauté. « Brothers of true metal, proud dans standing tall » chantaient Manowar, aujourd’hui on pourrait ajouter « and sisters of death metal will save the world».

Honnêtement, on ressort de cette lecture quelque peu tourneboulé, sans savoir vraiment où le roman voulait nous conduire mais en se disant que, en ces temps de bouquins formatés, cette plongée dans l’abime s’avère rafraichissante.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Musique

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Publié le 30 Août 2022

LA TOUR SOMBRE: LE PISTOLERO de Stephen King

Premier volet du cycle monumental de la « Tour Sombre », LE PISTOLERO s’avère souvent négligé par les lecteurs qui lui reprochent son manque d’action, de suspense ou de « palpitant ». Il est vrai que le texte reste très obscur. Dès lors, on peine à comprendre les motivations de ces deux personnages qui se poursuivent dans une ambiance pesante et un décor désertique. Pourtant le tout reste globalement agréable à lire, l’ambiance très western italien donnant tout son sel à cette longue poursuite sous un soleil de plomb.

LE PISTOLERO convoque ainsi le nouveau western, la science-fiction, le post apocalypse et la Fantasy pour confectionner un univers apparemment construit de bric et de broc. A tel point que le lecteur se demande souvent où le romancier veut nous conduire. D’ailleurs, le bouquin constitue en réalité une collection de nouvelles ensuite transformées en roman. De son propre aveu, King ne savait pas où il allait lorsqu’il a entamé sa saga, au début des seventies. Par conséquent le lecteur ne sait pas vraiment, lui non plus, où il va. Il suit donc, un peu passivement et sans toujours une grande implication, Roland. Dernier pistolero « d’un monde qui a changé », il erre dans les plaines, fier, solitaire avec un gamin pour partenaire.

Si le roman ne se montre pas franchement original dans son déroulé ce n’est pas le plus important : on dit que ce qui compte c’est le décor. Et ici, le King réussit à donner envie de s’engager avec lui sur ce chemin semé d’embuches pour rejoindre une hypothétique Tour Sombre, qualifiée par King de point central de son univers et même de « Jupiter de son imaginaire ».

Le romancier nous donne également à percevoir un monde plus vaste, un multivers comme dirait Marvel. Le King saute les époques et les lieux pour un nouveau Far West. Il s’imprègne de mysticisme lors de la confrontation finale entre Roland et l’Homme en Noir. Dans le monde du rêve on termine par un happy-end et ici le bon Stephen opte plutôt par une fin ouverte. Celle-ci amène plus de questions que de réponses. On referme donc le roman quelque peu mitigé mais content d’avoir fait ces quelques pas en compagnie de cet émule de Clint Eastwood. La route vers la Tour Sombre est encore longue mais, un pas à la fois, on s’en approche. Du coup, intrigué, le lecteur est pressé de continuer. Tel le Champion Eternal engagé dans la quête de Tanelorn…

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Fantasy, #Fantastique, #Stephen King, #Western

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Publié le 26 Août 2022

EXCALIBUR: THE SWORD IS DRAWN de Chris Claremont

Voici un spin-off des X-Men lancé en 1987, peu après les événements du MASSACRE MUTANT. Kitty Pride et Kurt Wagner se remettent difficilement des blessures subies tandis qu’en Angleterre le Captain Britain tente de ne pas sombrer dans l’alcoolisme. Ils vont faire équipe pour protéger Rachel Summers et fonder une nouvelle équipe de mutants, Excalibur, amené par la suite à combattre les War Wolves et Arcade.

Vivant des aventures échevelées, très rythmées et distrayantes sur un ton beaucoup plus léger que les X-Men de l’époque, l’équipe fonctionne joyeusement. Les auteurs offrent une caractérisation intéressante des divers protagonistes, plutôt adroitement typés dans les limites d’un comics mainstream. Nous avons donc des héros bien brossés, pour la plupart répondant aux canons de l’époque (mâles virils et demoiselles séduisantes en tenues avantageuses) mais avec des failles évidentes : remord, culpabilité, peur, alcoolisme,…Nous sommes à mi-chemin entre les personnages totalement héroïques et un peu niais des sixties (la première équipe de X-Men par exemple) et le côté anti-héros qui se développera dans les nineties avec la prédominance des Wolverine, Punisher, Deadpool, etc.

Chris Claremont, de son côté, se pique toujours de « faire de la littérature » en multipliant les dialogues et les commentaires explicatifs (un peu moins qu’au début de son run légendaire sur les X-Men toutefois). Un peu lourd mais typique de l’époque. Alan Davis, lui, offre des dessins agréables et colorés, là encire typiques de leur époque mais qui restent plaisants trois décennies plus tard. Certes, tout cela peut paraitre un brin daté et les scénarios ne volent pas toujours très haut mais dans l’ensemble le lecteur (nostalgique ?) passe un bon moment.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Comic Book, #Marvel Comics, #Mutants, #X-Men - Mutants, #X-Men, #Superhéros

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Publié le 25 Août 2022

BARRAYAR de Lois McMaster Bujold

La suite des aventures de Cordelia nous emmène sur Barrayar en compagnie de son époux, Aral Vorkosigan. Ce-dernier est nommé régent jusqu’à la majorité du jeune Empereur. A priori, l’existence semble sourire au jeune couple excepté les piques lancées par le père d’Aral. Mais un attentat blesse Cordelia, enceinte, mettant en péril son futur enfant. Et la guerre civile est déclarée par les opposants du régent.

Ce troisième tome, dans la continuité de CORDELIA VORKOSIGAN, reprend le schéma space opéra / planet opéra : intrigues de cours, romance, révolution de palais, affrontements entre factions rivales, etc. L’auteur mêle adroitement l’action, l’humour et le côté romantique sans trainer en route (contrairement à beaucoup de ses collègues de la Fantasy) et maintient un rythme enlevé sur près de 450 pages. Une première moitié centrée sur l’opposition entre Cordelia et son beau-père, une seconde plus mouvementée occupée par la révolution lancée par un noble prêt à tout pour accéder au pouvoir.

Récompensé par un prix Hugo mérité, ce nouveau volume rend ainsi accessible une science-fiction ambitieuse, de grande ampleur et politisée. Loin de la hard-science, Lois McMaster Bujold s’intéresse surtout à ses personnages, en particulier Cordelia, nouvelle arrivée sur Barrayar qui découvre, en même temps que le lecteur, les mœurs de cette planète. Mais le reste des protagonistes mérite également le détour et sont fort bien brossés.

Le style, pour sa part, reste fluide et agréable, privilégiant les dialogues pleins de réparties et de dynamisme, avec suffisamment de touches humoristiques pour rendre le roman facile à lire. Un véritable blockbuster de la SF, façon page-turner, qui se déguste avec bonheur.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Prix Hugo, #Space Opera, #science-fiction

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Publié le 23 Août 2022

LE TESTAMENT D'UN ENFANT MORT de Philippe Curval

Nouvelle assez réputée de Philippe Curval, originellement publiée en 1978, ce récit imagine le regard que porte un enfant encore à naitre sur le XXIème siècle. Or celui-ci n’est pas joyeux. Résultat, les fœtus ne veulent plus naitre. Ils vivent une maturation accélérée avant de mourir d’une sorte de « suicide ». Un chercheur veut découvrir les causes de ces morts mystérieuses afin de remédier au problème. Il entre dans les pensées d’un de ces bébés, surnommés hypermaturés, et la nouvelle nous donne ainsi à voir le point de vue du foetus.

Fin des années ’70, Curval succède à Pierre Pelot (et à son roman FŒTUS PARTY) pour livrer sa propre version du « bébé qui refuse de naitre ». L’enfant n’est plus roi, le bébé n’est plus sacré. Le cinéma nous avait déjà donné « Rosemary’s Baby » et « Le monstre est vivant », la littérature nous le confirme.

On entre ainsi dans les pensées du petit être en devenir pour explorer son rapport au monde. Le texte, court, convoque les sciences sociales et humaines tout autant que la science-fiction spéculative, pour un pamphlet assez déstabilisant.

Le tout donne une nouvelle marquante par son thème (qui pousse forcément à la réflexion) mais pas toujours passionnante à lire. En réalité, le tout est assez rébarbatif (à mon sens) et surtout entièrement dédié à « l’idée » (au contenu), bref c’est davantage un texte socio-politique qu’une intrigue vraiment développée. Un défaut assez récurent dans la SF française « engagée » des années 60 / 70.

Néanmoins, par sa brièveté, le tout se lit sans déplaisir et, comme d’habitude, la collection adjoint à la nouvelle proprement dite des informations contextuelles pertinentes. Autrement dit, un beau petit objet pour les amateurs de curiosités littéraires.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #science-fiction

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Publié le 19 Août 2022

HOUSE OF X / POWER OF X de Jonathan Hickman

Après sa prestation sur les Avengers, Jonathan Hickman effectue un break avec Marvel. Lorsqu’il revient, en 2019, il propose de relancer l’univers « Mutants ». Pour ce faire, Hickman imagine deux séries qui se répondent, longues de 6 épisodes chacune : « House of X » et « Power of X ». Les voici rassemblées dans un très épais volume de 450 pages. Hickman se charge de redéfinir les X-men et toutes les séries dérivées (qui seront logiquement supprimées). Une tâche énorme que le scénariste parviendra pourtant à mener à bien.

L’intrigue est vaste : nous voyons Colossus, Tornade, Diablo, etc. sous la guidance de Xavier. Les Mutants disposent à présent d’une ressource incroyable : les fleurs de Krakoa. Celles-ci possèdent des propriétés curatives extraordinaires et prolongent la longévité. Différents ambassadeurs sont accueillis par Magneto, en remplacement de Charles Xavier, qui leur explique les souhaits des Mutants. Le récit se déplace alors de Westchester à Krakoa et nous rencontrons Marvel Girl, Wolverine et bien d’autres héros. Nous visitons également une station spatiale et assistons au combat entre les Fantastiques et les anciens membres de la confrérie, à savoir le Crapaud, Dents de Sabre et Mystique. Très vite, tout se complexifie !

Le scénariste se fait plaisir et lire ce récit d’une traite (ou du moins dans un intervalle de temps restreint) permet de ne pas se sentir (trop) perdu. Car Hickman balance de très nombreux personnages, entremêle les lignes narratives et temporelles, se permet des pages de texte dénuées de dessin qui expliquent les bienfaits des fleurs de Krakoa, le problème de l’augmentation de la population mutante ou la composition de diverses organisations en opposition.

L’intrigue passe vraiment à la vitesse supérieure en imaginant les mutants comme un peuple en construction. Ainsi, ils se détachent peu à peu de la branche homo-sapiens en se créant leur propre alphabet, leur langue, leur nation avec leurs dirigeants et leurs lois. Nous sommes ici très loin des « bêtes » bastons entre gentils mutants et mauvais mutants que proposaient les X Men à leurs débuts, voici six décennies. Le scénariste ne nous offre ainsi pas moins de dix vies possibles, soit autant de futurs envisageables, pour une mutante possédant le pouvoir de se réincarner. Or, dans tous les cas, le rêve de Xavier semble vouer à l’échec.

Servi par des dessins impeccables mis au service de l’intrigue mais capables, également, de planches d’une grande richesse, ces douze épisodes constituent une belle reconstruction de l’univers mutant. Avec une option évidente : privilégier le côté politique et social ainsi que la crédibilité de l’ensemble tout en questionnant le droit à la différence. L’option existe évidemment depuis soixante ans chez les X-men mais a rarement été aussi bien exploitée.

Entre le redémarrage, l’exploitation d’un riche passé (Hickman ne fait pas table rase mais pioche dans ce qui l’intéresse), le soft reboot et, surtout, la préparation du futur placé sous la continuité de ce riche nouveau statu quo, HOUSE OF X / POWER OF X s’impose comme une œuvre majeure de Marvel. Un déjà classique de la BD super-héroïque et un des récits les plus ambitieux de la Maison des Idées.

HOUSE OF X / POWER OF X de Jonathan Hickman

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Rédigé par hellrick

Publié dans #BD, #Comic Book, #Marvel Comics, #X-Men - Mutants, #X Men, #Superhéros

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Publié le 18 Août 2022

CORDELIA VORKOSIGAN de Lois McMaster Bujold

Lois McMaster Bujold entame réellement sa saga après le préquelle OPERATION CAY et délivre un space opéra bien mené, rythmé, efficace, qui a le bon goût de ne jamais se délayer dans d’inutiles digressions. 316 pages et basta ! Du coup, l’intrigue avance sans ralentir en nous présentant Cordélia Naismith de la colonie de Beta. La voilà propulsée au cœur d’une guerre absurde contre les forces de Barrayar menées par le terrible seigneur Aral Vorkosigan, surnommé le « Boucher de Komarr ». Mais Cordélia découvre que Vorkosigan n’est peut-être pas le militaire sadique et meurtrier qu’elle pensait. Se pourrait-il qu’elle en tombe amoureuse ?

CORDELIA VORKOSIGAN est un space opéra écrit par une femme et dont la principale protagoniste est une femme. Les fans de SF s’effraient déjà : ce sera mièvre et bourré de romance. En fait pas du tout ! Même si l’histoire d’amour entre les deux « ennemis » occupe une large portion du récit, le roman n’en oublie pas l’action, les combats spatiaux, les affrontements virils, etc.

Le bouquin se découpe en trois parties : la première raconte la première rencontre entre Cordélia et Aral sur une planète inhospitalière où ils vont devoir s’associer pour survivre. La seconde voit Cordélia accusée du crime d’une commandant barrayaran sadique tout en étant soupçonnée de trahison par les Bétans. Enfin, nos héros finissent encore par se retrouver alors qu’ils touchent tous les deux le fond avec dépression et addictions.

Lois McMaster Bujold développe ses personnages, tous bien brossés et attachants, son univers avec ses différentes planètes aux coutumes et mœurs parfois déstabilisantes. Elle oppose d’ailleurs les conceptions de Barrayar et de Beta sur les questions sociales, politiques, etc. sans prendre vraiment parti. La romancière critique les deux mais sans forcer le trait et en jouant souvent sur l’humour. Le tout avec une plume fluide et très agréable, quasiment dégraissée de toutes longueurs rébarbatives. Le lecteur s’imprègne de ce vaste univers en douceur, par petites touches intégrées au récit sans passer par de larges portions descriptives. « Show, don’t tell » !

A la fois hommage à la science-fiction d’antan par ses thématiques (conflits planétaires, intrigues de cour, complots et trahisons,…), roman d’amour gentiment féministe, étude de personnages impeccablement décrits et critique sociétale teintée d’humour, CORDELIA VORKOSIGAN constitue le début d’une très vaste saga. Un classique fort bien écrit et traduit avec des dialogues souvent alertes et qui « sonnent » vrais. Bref, un incontournable !

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Hautement recommandé, #Space Opera, #science-fiction

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Publié le 17 Août 2022

DON: CAFE NO, MARIMBA Si! d'Henri Vernes

Dans les années ’80, Henri Vernes délaisse le chaste Bob Morane pour un nouveau héros davantage dans la lignée des « durs à cuire » alors en vogue, de SAS à l’Exécuteur. Petit fils d’un caïd de la Mafia, notre bagarreur, surnommé « Don », vit de nombreuses aventures (onze romans publiés) qui mettent l’accent sur la violence et, surtout, le sexe. Bref, Don est le penchant « adulte » de Bob.

CAFE NO, MARIMBA SI est un bel exemple de ce style et, pour l’instant, le meilleur de la série, plus réussi que les plaisants IXYGRECZED et CHROMOSOME Y. C’est aussi le plus ouvertement sexe et le plus violent des trois. Que du bon, en résumé !

L’intrigue est plus complexe, moins linéaire, et plus travaillée, plus originale aussi. Don y est, pour sa part, moins présent. On y suit surtout une bande de petits truands de bas étage qui espère réussir un grand coup en s’improvisant trafiquant de beuh (la Marimba du titre). Pour cela ils ont besoin d’un bateau et vont donc s’emparer d’un petit navire à la manière des pirates. Or, dans le bateau en question, outre une bande de partouzeurs, se trouve un passager clandestin. Don bien sûr ! On devine la suite (vengeance, scène érotique, vengeance, scène érotique, vengeance,…) mais Vernes mène bien sa barque (oups) et propose au lecteur le quota requis d’action.

En un peu plus de 150 pages, pas le temps de s’ennuyer avec ce roman qui reprend les ingrédients d’un bon récit d’aventures exotiques à la Bob Morane mais y adjoint une large dose de sexe et de violence à destination des plus grands. Très plaisant dans la limite de ses modestes ambitions.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Bob Morane, #Erotique, #Polar, #Pulp, #Roman de gare

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Publié le 16 Août 2022

LES DAMES DE MARLOW ENQUÊTENT: MORT COMPTE TRIPLE de Robert Thorogood

Créateur de la série “Meurtres au paradis”, Robert Thorogood nous propose un policer d’enquête teinté d’humour, un classique récit “cozy” à déguster au coin du feu.

Héritière de Miss Silver et Miss Marple, Judith Potts est une Anglaise de 77 ans quelque peu excentrique, le genre à se baigner nue dans la Tamise ou à se payer une cuite au whisky. Lorsqu’elle surprend un bruit bizarre dans la maison de son voisin elle est certaine que ce dernier a été assassiné. Bien sûr la police ne croit pas notre gentille toquée. Du coup elle se lance dans le métier de détective. Après tout résoudre une enquête c’est un peu comme faire un mot croisé, non ? Aidée de la femme du vicaire et de la pipelette du village, notre apprentie limier part en chasse.

Après avoir revisité toutes les façons de commettre un crime parfait d’apparence impossible (en chambre close et autre) avec sa série des « Meurtres au paradis » et les romans qui en découlent, Thorogood reprend le cliché de la « vieille dame (in)digne ». Cette dernière en sait beaucoup sur son petit patelin et, sans avoir besoin de méthodes compliquées ou de technologies, elle aborde les énigmes, uniquement armée de son bon sens et de sa connaissance de l’âme humaine. Depuis Silver, Marple ou la (plus jeune) Agatha Raisin, ce type de personnage gentiment excentrique et anachronique a nourri bien des intrigues. Judith Potts, la principale protagoniste, se voit ici accompagnée de deux co-détectives un brin loufoque. Ce trio va pouvoir résoudre une intrigue assez touffue mais qui se lit facilement. Admettant volontiers l’influence d’Agatha Christie, le romancier multiplie les suspects, les fausses pistes, les retournements de situation, etc. Finalement, l’héroïne explique, longuement, comment / par qui / pourquoi le meurtre a été commis.

Avec ses 340 pages, le roman peut toutefois sembler un poil trop long : le dernier tiers verse plus volontiers dans le comique de situation au détriment de l’humour plus subtil et british des précédents chapitres. Un petit bémol mais l’ensemble reste suffisamment frais et divertissant pour assurer un bon moment de lecture. Si la recette n’est pas encore parfaitement maîtrisée nul doute que la suite, annoncée pour 2023, saura corriger les quelques défauts de cette première livraison. Un pur roman détente qui s’appréciera tout autant sur la plage que dans un fauteuil par une soirée d’hiver.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Cosy Mystery, #Humour, #Policier, #Whodunit

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Publié le 12 Août 2022

CAPTAIN AMERICA : BLOOD AND GLORY

Mark Gruenwald continue son très long run sur Captain America avec les épisodes 398 à 410, rassemblés dans un nouveau épais volume des « Epic collection ». Les premiers épisodes proposés ici sont assez déstabilisants, ils participent au vaste crossover Marvel du début des années ’90, OPERATION GALACTIC STORM. Le lecteur ressent donc clairement les manques puisque les épisodes proposés sautent bien des éléments de l’histoire. En dépit de ce côté fragmenté, l’ensemble donne envie de se plonger davantage dans ce crossover (disponible en Epic, ça tombe bien !).

Comme le Captain est dans l’espace, les « remplaçants » gèrent les problèmes terrestres et US Agent et le Faucon partent délivrer Demolition Man. Pendant ce temps, Crossbones capture la petite amie du Cap’, Diamondback et tente de la retourner, au propre comme au figuré. Crâne Rouge, lui, rassemble toujours sa petite armée de super méchants. Les différentes lignes narratives sont assez éclatées et ne trouvent un aboutissement que dans les derniers chapitres.

Cependant, le gros du volume se consacre à la fameuse intrigue du « Cap Wolf ». En effet, parti à la recherche de John Jameson, la Sentinelle de la Liberté, aidé de Docteur Druid, tombe sur une ville peuplée de lycanthropes. Wolverine, Wolfsbane, Werewolf by Night et quelques autres se retrouvent embarqués dans ce récit qui culmine lorsque Cap’ lui-même devient un loup-garou ne s’exprimant plus que par des grognements bestiaux. Tout ça peut sembler ridicule (ça l’est un peu), quelque peu tiré en longueur (peu aidé par l’habitude de cette époque de répéter, par le texte, ce qu’on voit à l’image) mais l’ensemble reste divertissant et finalement mémorable… bien que pas toujours pour les bonnes raisons. Les intrigues de complément, plus courtes, autour de la relation qui se noue entre Crossbone et Diamondback fonctionnent elles aussi de manière efficace et se montrent plus mâtures et sérieuses. Le tout aurait mérité d’aller plus loin dans le côté violent / syndrome de Stockholm / malsain mais dans le cadre d’une production grand public cela reste crédible et bien mené.

La fin du volume se consacre à un crossover d’environ 160 pages entre Cap et le Punisher, forcément opposés sur la manière de rendre la justice. L’intrigue, assez classique, donne davantage dans le thriller d’espionnage que l’action super héroïque. Au fil du récit, le manichéisme initial s’efface et nous plongeons dans la zone grise de la politique fiction avec ses magouilles et autres combines gouvernementales. En parallèle les deux héros finissent par s’apprécier jusqu’à un final très convaincant dans sa simplicité. Les dessins, également plus sombres et adultes, sont adaptés à cette intrigue de bonne tenue.

BLOOD AND GLORY est donc un Epic en demi-teinte, alourdit par des « morceaux de crossovers » et une narration parfois bien lourde (toutes ces redondances fatiguent !) mais globalement plaisant. La saga du « Cap Wolf » reste fun, les sous-intrigues liées à Crossbones se montrent intéressantes et le crossover final avec Punisher confère au personnage une tonalité plus adulte et violente bienvenue.

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