Et hop! Du thriller d'aventures historico-politico-ésotérique! Steve Berry est déjà une valeur sûre de la littérature de divertissement depuis une vingtaine d'années avec son personnage de Cotton Malone, sorte de croisement entre James Bond et Indiana Jones qui aurait beaucoup lu Dan Brown et Clive Cussler.
L'intérêt de ce nouveau bouquin? Il débute à Bruges et toute sa première partie prend place en Belgique. Car Malone, en visite pour acheter des livres anciens dans la Venise du Nord, décide d'aller observer le Saint Sang, une des plus précieuses reliques chrétiennes. Depuis le XIIème siècle, Bruges abrite en effet l'ampoule contenant le sang de Jésus, recueilli par Joseph d'Arimathie. Or, la relique est volée par des hommes armés et Malone apprend que d'autres vestiges sacrés ont subi dernièrement le même sort. Quel peut-être le lien entre les "sept armes christiques" et l'agitation politique en cours en Pologne qui vise à exercer un chantage à l'encontre de son président? Malone se retrouve entre différents agents secrets et entame une course contre la montre dont peut dépendre la sécurité mondiale.
Avec LES SAINTES RELIQUES (un titre légèrement trompeur car l'essentiel de l'intrigue tourne surtout autour des tensions grandissantes entre la Pologne, les Etats-Unis et la Russie), Steve Berry concocte un thriller page turner comme les Américains (et quelques Français) en possèdent le secret. Clive Cussler, Dan Brown, Giacometti / Ravenne, James Rollins, Raymond Khoury et quelques autres ont balisé les grandes lignes de ces aventures trépidantes et érudites. L'auteur nous emmène ainsi de Bruges à Cracovie, nous offre de plaisantes leçons d'histoire et mitonne des rebondissements à intervalles réguliers, dans une manière de procéder héritée du serial. Le héros se trouve ainsi régulièrement en mauvaise posture et les cliffhangers de fin de chapitre obligent à poursuivre la lecture. D'autan que le romancier use classiquement d'une narration alternée qui permet de varier les points de vue et entremêle adroitement les différentes sous-intrigues.
Le roman remet également en mémoire toute l’horreur du communisme, l’auteur rappelant la condition des Polonais soumis à l’abjecte peste rouge d’un régime gangréné par la corruption. Toutefois, Steve Berry solde les comptes en campant un président des Etats-Unis complètement stupide, belliqueux et riche, un Warner Fox antipathique à souhait. Toute ressemblance avec un personnage existant serait bien sûr volontaire.
Le style est simple, sans prétention, mais efficace et soignée, du travail propre qui ne cherche pas à épater le lecteur, simplement à le plonger dans l'action à la manière des romans de gare de jadis mais en plus travaillé. Ainsi, les dernières pages reviennent sur les évènements du livre et décortiquent la réalité de la fiction avec honnêteté.
Passons au négatif! La construction de l'ouvrage, un peu étrange, laisse parfois penser à deux intrigues différentes qui ne s'accordent pas tout à fait, comme si l'auteur avait voulu écrire un roman sur les reliques chrétiennes pour comprendre, à mi-parcours, qu'il ne possédait pas la matière nécessaire à tenir 500 pages. Ainsi, malgré le rythme, Berry semble parfois délayer quelque peu un récit qui aurait pu être raccourci d'une centaine de pages pour devenir encore plus tendu. Mais qu'importe ces bémols car le lecteur passe un bon moment et les chapitres courts (encore une caractéristique du genre) s'enchainent à vivre allure pour relancer la machine à chaque baisse de régime.
Un bon thriller politique, historique et (un peu) ésotérique avec toute la science d’un auteur de page-turner qui brocarde également, à mot couvert, à la fois la présidence américaine et la pourriture communiste. Ce qui ne fait jamais de mal à une époque où la bête immonde de l’extrême-gauche relève sa tête infâme.