Publié le 29 Mai 2020

SEEKER de Jack McDevitt

Quoique situé dans l’espace, le roman reprend les codes de l’aventure à la recherche d’une cité perdue, on pense ainsi aux œuvres d’un Clive Cussler par exemple, la colonie disparue de Margolia remplaçant ici la légendaire Atlantide.

La saga d’Alex Benedict, archéologue et explorateur spatial, comprend à ce jour huit romans pouvant se lire de manière indépendante. SEEKER est le troisième et, pour l’instant, le seul à avoir été traduit en français, probablement en raison de sa victoire au prestigieux Prix Nebula.

Dans un futur lointain, aux environ de l’an 12 000, l’Humanité s’est étendue dans l’univers, laissant derrière elle des bases abandonnées et des vaisseaux oubliés emplis d’artefacts devenus très recherchés par les collectionneurs d’antiquités. Alex Benedict et Chase Kolpath sont deux archéologues (ou « pilleurs de tombe » selon leurs détracteurs), contactés par une jeune femme entrée en possession, par l’intermédiaire de son ex-copain, d’une coupe couverte de symboles très anciens. Les deux archéologues la datent de 9 000 ans et la relie au mythique vaisseau d’exploration Seeker. Cet engin, le premier capable de dépasser la vitesse de la lumière, a été bâtit voici 90 siècles par une bande d’utopistes surnommés les Margolians, lesquels désiraient fuir la Terre dictatoriale et établir une colonie libertaire sur une planète appelée Margolia. Depuis, nul n’a eut de nouvelles de ces colons…Benedict et Kolpath se lancent dans la recherche du Seeker et espèrent localiser la fabuleuse Margolia, ce qui constituerait la plus grande découverte de l’histoire des vols spatiaux.

Peu connu chez nous mais célébré aux USA où il est régulièrement nommé aux prix les plus prestigieux de la SF et salué comme l’héritier de Clarke et Asimov, Jack McDevitt propose ici un plaisant roman d’exploration spatiale. En dépit d’un avenir très lointain qui laissait supposer (espérer ?) un univers complètement différent du monde, l’évolution technologique reste faible (on se croirait davantage 100 ans dans l’avenir que 1000) et, à côté d’Intelligence Artificielle de type Avatar (qui permettent de converser avec des simulacres de personnes décédées) et des vaisseaux supraluminiques, on parle encore de disquettes ! Les personnages aiment également beaucoup les mondanités, pour un peu on se croirait dans de la bit-lit tant l’héroïne aime les diners et les cocktails afin de discuter de sa mission. Le roman n’est donc pas franchement dépaysant et les considérations scientifiques demeurent peu présentes, loin de la hard-science parfois rébarbatives. Comme signalé précédemment, le bouquin s’apparente davantage à un techno-thriller d’aventures…mais situé dans l’espace. Le tout fonctionne donc plaisamment, avec toute la science des page-turners américains pour encourager le lecteur à poursuivre sa lecture d’encore un ou deux chapitres avant d’aller dormir. Des attentats et autres menacent à l’encontre de notre dynamique duo d’archéologues apportent d’ailleurs le petit piment nécessaires au récit sinon assez linéaire dans son déroulement.

Au final, SEEKER reste un bon gros pavé très digeste (il aurait sans doute gagné à être élagué de quelques dizaines de pages mais rien de vraiment problématique) et plutôt divertissant pour peu qu’on n’en attende pas un classique incontournable de la SF.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Prix Nebula, #Space Opera, #science-fiction

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Publié le 27 Mai 2020

RIO DIABLO de Christophe Lambert

Sous le haut-patronage de ses maitres et modèles (« Rio Bravo » de Hawks, « La nuit des morts vivants » de Romero et « Assaut » de Carpenter), voici un réjouissant mélange de western et de fantastique horrifique. On pense également à l’excellent et plus méconnu « Quand les tambours s’arrêteront » avec ses attaques d’Indiens quasi surnaturelles.

Enquêteur fédéral, Martin Pawley débarque dans le territoire des Indiens Chiricahua pour s’entretenir avec le shaman Tu-Tanka au sujet d’événements mystérieux s’étant récemment déroulés dans la région. Pawley et Tu-Tanka partent donc vers le pays des Blancs mais, sur le chemin, effectuent une courte halte dans le petit bourg de Rio Diablo. Malheureusement, une dispute dégénère et le duo se retrouve emprisonné aux côtés d’un pilleur de banque surnommé Dynamite Jack. Le sorcier indien utilise alors ses pouvoirs pour quitter la prison mais l’opération réveille surtout les morts du cimetière local qui s’en viennent prendre d’assaut le village.

Roman d’horreur destiné aux adolescents mais appréciable pour les adultes, RIO DIABLO constitue le second hommage de l’auteur au western après SOUVIENS TOI D’ALAMO qui mêlait les conventions du genre à celle de la science-fiction. Ici, en 2005, il revisite le « film de siège » et le transforme en un savoureux cocktail de roman western et d’épouvante avant que les zombies ne deviennent à la mode et ne supplantent les vampires comme « personnages » cultes du fantastique.

On repère les clins d’œil aux classiques du genre, comme le scorpion dévoré par les fourmis de la « Horde sauvage », quelques ajouts renvoyant au steampunk (la montgolfière que le savant farfelu souhaite équiper d’un gouvernail pour la transformer en dirigeable) et on imagine très bien les trognes d’une poignée d’acteurs mal rasés (Américains ou Italiens) se démener dans ce bled cerné de morts-vivants. Si les Italiens avaient encore une industrie cinématographique digne de ce nom ils se seraient surement précipités sur le bouquin pour l’adapter…Tant pis, on se contentera de rêver à ce qu’aurait donné à l’écran cette aventure échevelée et sans temps morts. Un fort bon moment à savourer dès 12 ans.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Christophe Lambert, #Fantastique, #Historique, #Horreur, #Jeunesse, #Western

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Publié le 26 Mai 2020

L'EXECUTEUR: UNE INFILTRATION A HAUT RISQUE de Chuck Rogers

Nouvelle aventure de l’Exécuteur Mack Bolan, signée Chuck Rogers, qui voit le Guerrier infiltrer une organisation criminelle aimant, entre autre, torturer ses victimes en les enterrant vivants en compagnie d’une meute d’araignées venimeuses. Bolan combat donc le redoutable Iceman et ses sbires, sortes de version maléfique de lui-même. Dans une des meilleures scènes, Bolan répond même au téléphone à son adversaire durant une fusillade.

A la manière des meilleurs « EXECUTEUR », ce roman trouve le bon équilibre entre une intrigue bien menée et tortueuse, des personnages adroitement campés, des dialogues percutants et une suite de scènes d’action rondement menées agrémentées d’une large rasade de violences sanglantes. Nous ne sommes pas, bien sûr, dans de la grande littérature mais plus simplement dans du bon bouquin populaire aussi efficace à lire qu’un blockbuster d’action à visionner : explosif, divertissant, bien saignant et toujours plaisant. On regrette une conclusion un peu expédiée (le livre aurait sans doute mérité quelques dizaines de pages supplémentaires à la manière des « Super Bolan » plus long que la moyenne) mais UNE INFILTRATION A HAUT RISQUE reste dans le peloton de tête des meilleurs « Bolan ». Hautement distrayant !

L'EXECUTEUR: UNE INFILTRATION A HAUT RISQUE de Chuck Rogers

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Exécuteur, #Gérard de Villiers, #Roman de gare

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Publié le 22 Mai 2020

LES MEILLEURS RECITS DE WEIRD TALES VOLUME 3 de Jacques Sadoul

Dernière anthologie de Sadoul consacrée à Weird Tales, ce volume aborde la période sans doute la moins glorieuse du magazine, après son âge d’or évoqué dans le volume 2. Les grands noms sont cependant toujours de la partie : Henry Kuttner (deux fois… dont le lovecraftien « L’Hydre » qui convoque les Grands Anciens), Robert Bloch, Clark Ashton Smith,…

Catherine L. Moore nous offre également une nouvelle aventure de son héros Northwest Smith co-écrite avec le collectionneur fou de la science-fiction, Forrest J. Ackerman. Sympathique.

Moins connu, David H. Keller (redécouvert avec son recueil de nouvelles LA CHOSE DANS LA CAVE) propose une plaisante histoire avec « La déesse de Zion » dont le héros a vécu une extraordinaire aventure sept siècles plus tôt. Assez classique mais intéressant.

Robert Barbour Johnson, totalement oublié, nous offre avec « Tout au fond » un excellent pastiche lovecraftien (dans lequel Lovecraft est cité en tant qu’initié de connaissances interdites…un rôle qui lui sera, par la suite, souvent réservé dans les « pastiches » de Cthulhu) au sujet de goules rodant dans les souterrains du métro (on pense, sur le même thème, à une nouvelle de Clive Barker ou au plaisant roman L’HORREUR DU METRO). Une très bonne lecture !

Seabury Quinn, le plus prolifique et populaire des auteurs de Weird Tales (plus de 500 nouvelles à son actif !) revient avec « Routes » (qui, pour une fois, n’a pas pour héros son détective de l’étrange Jules de Grandin). On a déjà mentionné tout le mal que Lovecraft disait à propos de Quinn. Disons donc que, comme pas mal de récit de l’âge d’or, ses nouvelles ont connu trois stades : d’abord encensées par le public puis massacrées par la critique (qui n’y voyait que ringardises abrutissantes) avant, à nouveau, d’être appréciées par un public certes non dupe de leur qualité mais content d’y retrouver la fougue et l’inventivité (confinant souvent au n’importe quoi) du pulp. Son histoire, divisée en trois parties, se montre plutôt inventive et réussie quoique le twist se devine à des kilomètres (sans que cela nuise réellement à l’ensemble). Très plaisant.

Fritz Leiber boucle le bouquin avec une angoissante histoire brodant sur le thème de la vie antérieure avec ce personnage entrant peu à peu dans la peau de son oncle, un ancien flic qui cachait de sombres secrets. Brillant et fort adroitement mené.

En résumé, si ce troisième volet ne se montre pas aussi glorieux que ses deux prédécesseurs, il reste une très agréable anthologie fantastico-horrifique pour les amateurs.

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Publié le 20 Mai 2020

L'ABOMINATION DU LAC de Joseph A. Citro

Le roman, écrit au tout début des années 90, reprend toutes les conventions des bouquins d’horreur de série B de la décennie précédente. Harryson, un jeune homme un peu paumé ne sachant pas trop quoi faire de son existence, décide, sur un coup de tête, de partir à la recherche de « Champ », monstre légendaire proche de son cousin du Loch Ness qui vivrait dans un grand lac du Vermont. Harryson s’installe donc dans une maison prêtée par un de ses vieux amis d’université (ça tombe bien vu qu’il n’a pas beaucoup de pognon) et s’improvise crypto zoologiste. Notre brave gars commence à interroger les gens du patelin, en particulier un vieil expert local  en légendes (toujours pratique !) puis tombe amoureux, en une après-midi, de la nouvelle et forcément super séduisante institutrice fraichement débarquée de la ville. Cette dernière s’attire parallèlement les regards du bouseux alcoolique et violeur de la région et le lecteur devine que tout ça va mal finir. Harryson en apprend également davantage sur sa maison, potentiellement hantée, qui serait la cachette du trésor d’un pirate. Un ancien monastère où se déroulait des rites de sorcellerie, un cimetière indien et une vieille femme maléfique dotée de pouvoirs magiques complètent l’intrigue.

Joseph A. Citro, dont c’est l’unique roman traduit chez nous, livre un bouquin plutôt plaisant et relativement surprenant. On s’attend à une histoire de grosse bête (façon téléfilm Syfy du genre « Loch Ness Terror ») mais en réalité le lecteur se voit balader gentiment entre fantastique rural et thriller mystérieux. Nous avons une galerie de personnages très typées mais plaisants, un cadre sympathique (les îles du Vermont), une histoire « vraie » (celle du fameux monstre), des légendes locales, des clichés très 80’s, un héros un peu fade et sa nouvelle conquête, deux gamins (façon STAND BY ME) confrontés à l’horreur… L’auteur reprend les méthodes de Stephen King pour décrire ses protagonistes et saupoudre le tout d’un côté lovecraftien agréable (quelques décennies avant que ce ne soit à la mode). Le style du bonhomme s’avère d’ailleurs efficace, même si ce n’est pas de la grande littérature et qu’il s’agit d’un premier roman, les bonnes ficelles sont bien usitées et l’alternance des points de vue au travers de courts chapitres donne du rythme à un ensemble suffisamment court (300 pages) pour ne pas ennuyer.

Les amateurs de fantastique horrifique d’antan peuvent donc se risquer avec un certain plaisir à cette lecture estimable.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Horreur

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Publié le 16 Mai 2020

LE MANOIR DES ROSES - L'EPOPEE FANTASTIQUE

Publié une première fois en 1978, voici une anthologie de la Fantasy qui trouva, originellement, sa place dans la fameuse collection du « Livre d’Or de la science-fiction », véritable mine de textes rares et de nouvelles primées à même de satisfaire tous les amateurs de récits courts.

Avec ce « best of » édité bien avant l’explosion commerciale de la Fantasy, nous retrouvons évidemment des histoires fondatrices comme celles de Lord Dunsany, Hannes Bok ou Clark Ashton Smith, sans oublier quelques poésies signées de Robert E. Howard, William Morris et Mervyn Peake.

Effectuons un bond avec le très plaisant et humoristique « Les 17 vierges », lauréat du Prix Jupiter, signé Jack Vance et consacré à son fameux anti-héros Cugel l’astucieux. On retrouve également l’inévitable Ursula K. LeGuin avec « La boite d’ombre » et, pour rester dans les plumes féminines, Tanith Lee avec « La trêve » et Andre Norton, bien plus célèbre aux USA qu’en Europe, avec « Le forgeur de rêves ».

En dépit d’une réputation pas toujours flatteuse, Lin Carter offre une nouvelle bien ficelée avec « Les dieux de Niom Parma » au sujet d’un dieu allant s’égarer chez les humains pour y vivre une existence simple.

Enfin, Thomas Burnett Swann, auteur de la réputée « Trilogie du Minotaure », clôt cette anthologie avec la novella qui lui donne son titre, « Le manoir des roses ». Avec un style riche et imagé, l’auteur nous propulse dans un Moyen-âge légèrement alternatif où rode la magie. Nous accompagnons ainsi deux adolescents, l’un fils de chatelain, l’autre manant, décidés à partir en croisade à Jérusalem et rencontrant sur leur chemin une jeune fille, Ruth, qu’ils assimilent à un ange puis soupçonnent d’être une Mandragore, créature magique prenant la place des humains. Le trio poursuit ensuite son voyage jusqu’au mystérieux manoir des roses habité par une étrange femme. Un court roman (environ 80 pages) réussi et original, aux personnages fort bien campés et à l’ambiance prenante et subtile, bref hautement recommandé !

LE MANOIR DES ROSES, en dépit du côté forcément inégal des textes choisis, offre un joli panorama de la Fantasy des origines aux années 70, avant la grande vague commerciale du genre. A l’heure où la plupart des écrivains ne conçoivent plus leurs récits que sous forme de trilogie de centaines de pages, se replonger dans ces nouvelles s’avère fort agréable.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantasy, #Golden Age, #Recueil de nouvelles, #Roman court (novella)

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Publié le 15 Mai 2020

A TRAVERS TEMPS de Robert Charles Wilson

Moins porté sur la spéculation scientifique et la hard science que la plupart des romans de l’auteur, ce livre (qui anticipe quelque peu le 22/11/63 de King) se consacre à Tom Winter, ingénieux alcoolique se remettant d’une rupture sentimentale. Reconverti dans la vente de voiture dans une petite ville, Tom achète une maison abandonnée où se déroulerait, selon l’agent immobilier, des phénomènes étranges. Il constate en effet que, par exemple, la vaisselle sale est systématiquement nettoyée le lendemain matin. Fantômes ? Lutins ? Ou autre chose ? Après diverses investigations, Tom découvre un tunnel temporel dissimulé dans la maison capable de lui faire remonter le temps de pratiquement trois décennies. Désespéré par l’état du monde en 1989 (s’il connaissait la suite !), Tom se réfugie ainsi dans le milieu bohème du Village de 1962 et y rencontre Joyce, chanteuse hippie et militante du changement social en devenir.

A TRAVERS TEMPS se centre sur quelques personnages bien typés et, en particulier, ce Tom décidé à retrouver un peu de sérénité en se réfugiant dans une époque sans doute loin d’être parfaite mais rassurante. Moins de pollution, moins de violence, pas de sida,…bien sûr le spectre d’une guerre nucléaire planait sur l’époque mais Tom sait bien qu’elle n’arrivera pas. Autrement dit, l’assurance de 30 ans de paix et de tranquillité, 30 ans à « déjeuner en paix ». L’auteur s’intéresse aussi à un agent immobilier peu crédule mais cependant fasciné par les « phénomènes étranges », à une baba-cool se rêvant chanteuses protestataire et même à Billy, mystérieux combattant venu du futur dans une armure high-tech.

Sur un thème classique (déjà exploré, notamment, par Richard Matheson dans un roman superbement adapté au cinéma sous le titre « Quelque part dans le temps »), Wilson livre un récit très réussi, sans temps morts (une pagination parfaitement adéquate de 400 pages suffit à explorer de nombreuses pistes sans se perdre dans d’inutiles longueurs), avec un bel équilibre entre la partie science-fictionnelle, l’anticipation (nous avons quelques visions d’un avenir assez sombre mais crédible) et le relationnel via une poignée de personnages attachants.

Sans rivaliser avec le côté vertigineux des CHRONOLITHES ou de SPIN, voici un roman réussi et prenant qui se lit facilement et avec beaucoup de plaisir. Recommandé.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #science-fiction, #Voyage dans le temps

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Publié le 14 Mai 2020

LA TORCHE ARDENTE de Paul Doherty (Paul Harding)

Nouvelle enquête pour le débrouillard et humanistes Frère Athelsan, toujours accompagné de l’emporté et colérique John Cranston, coroner de Londres. Nous sommes ici au début de l’année 1381, par un très froid hiver. L’augmentation des impôts, ordonné par le Régent Jean de Gand, entraine de plus en plus de mécontentement et chacun anticipe une révolte sanglante. Ainsi, dans la taverne de la Torche Ardente, des collecteurs d’impôts sont assassinés de manière incompréhensible : les gardes sont morts mystérieusement et ceux qui s’étaient réfugiés dans une pièce close y ont péri de façon encore plus inexplicable. Un tueur justicier inspiré par Beowulf est-il l’auteur du massacre ?

Pour leur treizième enquête, Athelsan et Cranston sont confrontés à une énigme des plus retorses et un nombre particulièrement élevé d’assassinats (une douzaine !) dont beaucoup difficilement explicables. Absence de témoin et chambres closes sont au programme, ces dernières se révélant assez classiques (des variations sur des procédés bien connus des amateurs) mais bien menées avec suffisamment de misdirection pour égarer le lecteur…lequel pourrait cependant deviner l’identité de l’assassin avec un minimum de réflexion. Toutefois, ce n’est pas le seul intérêt d’un bouquin qui nous emmène au cœur du XIVème siècle anglais, période évidemment peu connue, que l’on découvre de manière très (peut-être trop ?) approfondie avec ses coutumes, ses mœurs, ses modes de vie, sa cuisine même,…Bref, Doherty se la joue historien et le contexte ne constitue pas une simple toile de fond, nous avons davantage affaire à un roman historique complexe et détaillé (avec des machinations politiques et d’espionnages emberlificotée) auquel s’ajoute une enquête policière qu’un « simple » polar historique. La nuance est importante, d’autant que si le roman se lit assez facilement, le style qui use d’un vocable moyenâgeux et désuet, associé à un monde peu connu (Londres en 1381 n’étant pas enseigné à l’école !) nécessite toutefois une attention soutenue pour ne pas se perdre dans la multiplicité des personnages et leurs relations troubles. Les explications finales, nécessaires à résoudre les nombreux mystères, prennent cependant près de 70 pages afin de démêler une situation apparemment inextricable.

En résumé une lecteur instructive et plaisante dans la lignée des précédents romans de Doherty.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Historique, #Impossible Crime, #Meurtre en chambre close, #Policier

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Publié le 12 Mai 2020

JUSQU'A LA QUATRIEME GENERATION d'Isaac Asimov

Troisième et dernier recueil francophones des nouvelles d’Asimov regroupées dans le pavé américain « Nightfall and other stories ». Les récits proposés vont de 1953 avec le petit conte fantastique humoristique « Les mouches » consacré à Belzébuth à 1967 avec « Ségrégationniste » jadis publié dans une revue médicale en vue de susciter la réflexion des médecins.

Les 9 nouvelles rassemblées ici sont pour la plupart courtes (le recueil ne fait que 196 pages) avec quelques exemples de très courts récits à chute comme « Introduisez la tête A dans le logement B » écrit en une demi-heure en guise de défi. « Le sorcier à la page » est une parodie des comédies musicales de Gilbert & Sullivan au sujet d’un philtre d’amour répandu dans le punch d’une soirée estudiantine. « La machine qui gagna la guerre » constitue un autre court récit à chute (ici bien trouvée et surprenante) consacrée au fameux super ordinateur Multivac. « Mon fils le physicien », moins convaincant, fonctionne de la même manière : un récit à chute amusant basé sur une astuce (le genre de nouvelles qu’Asimov livra à la pelle avec sa série policière des Veufs Noirs). « Jusqu’à la quatrième génération », rare exemple de récit influencé par le judaïsme, convainc moins.

Plus long et original, « Le briseur de grève » traite des tabous culturels et confronte ici un homme spécialisé, sur un astéroïde habité, dans le recyclage des excréments avec l’ostracisme du reste de la population. Enfin, « Les yeux ne servent pas qu’à voir » est une nouvelle mélancolique réussie bien qu’elle fut refusée par Playbloy.

Ce recueil dans la lignée des précédents (tous trois furent d’ailleurs réédités en un très épais volume intitulé QUAND LES TENEBRES VIENDRONT – L’INTEGRALE assortis d'intéressants commentaires de l'auteur.) montre la variété d’inspiration d’un Asimov allant du fantastique satirique à la science-fiction humoristique en passant par des thèmes plus sérieux. Du bon boulot.

 

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Publié le 11 Mai 2020

24 VUES DU MONT FUJI, PAR HOKUSAI de Roger Zelazny

Lauréat du Hugo 86 dans la catégorie « roman court », voici un étrange récit de Zelazny, long d’environ 130 pages et dont les premiers chapitres se révèlent aussi mystérieux que le titre.

Mari, une femme dont le mari, Kit, est récemment décédé (ou non ?) effectue un pèlerinage au pied du mont Fuji pour observer le mont de 24 manières différentes, en reprenant les estampes réalisées par Hokusai. Au fil de son voyage divers phénomènes étranges surviennent.

Avec l’écriture atmosphérique et poétique coutumière à l’auteur (comme pouvait l’illustrer son cycle des PRINCES D’AMBRE), cette novella se divise en 24 chapitres, tous assez courts évidemment, qui débutent souvent par une description géographique du lieu où se trouve l’héroïne. Le style de l’auteur concourt grandement à la réussite d’un récit longtemps nébuleux (durant la moitié de la pagination le lecteur ne comprend guère ce qui se passe) et se montre une des plus grandes qualités d’un roman qui se permet quelques clins d’oeils à Lovecraft avant d’opter pour le cyberpunk. Publié aux débuts de ce courant, 24 VUES DU MONT FUJI, PAR HOKUSAI nous invite ainsi à une plongée dans un univers technologique, câblé, où se nichent les prémices des idées transhumanistes cultivées à la même époque par William Gibson et ses épigones.

En résumé, une jolie histoire qui, une fois passée les premiers chapitres obscurs et déstabilisants, pour ne pas dire un peu difficiles d’accès, devient progressivement plus limpide et convaincante grâce à une écriture travaillée et effective. A découvrir.

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