Publié le 30 Mars 2018

LES GARDIENS DE LA GALAXIE - INTEGRALE 3 (1990) de Jim Valentino

Cette copieuse intégrale constitue la troisième que Panini consacre au groupe atypique des Gardiens de la Galaxie. Des héros créés dans les sixties (voire même à la fin des années 50 pour Groot) et qui connurent deux incarnations majeures. Celle-ci est la première, différente de l’équipe rassemblée autour de Starlord et rendue célèbre par les longs-métrages à succès.

 

Les premières pages sont donc quelque peu déstabilisantes : il faut découvrir des personnages aujourd’hui complètement oubliés et assez stéréotypés, les derniers survivants de diverses colonies terriennes combattant, au XXXIème siècle, diverses menaces cosmiques et en particuliers les redoutables extraterrestres Badoons. Nous apprenons ainsi à mieux connaitre le destin tragique de Vance Astro avant de découvrir Charlie 17, Starhawk, Yondu, Martinex, etc. L’idée est sympathique, quelque peu dans l’esprit space opéra de la Legion of Super Heroes de la concurrence, mais pas franchement transcendante.

 

La suite, cependant, se montre plus intéressante, une fois passé le cap de la narration « d’époque » et des dessins pas toujours réussis (ils sont tout à fait passables mais sans éclat) assortis d’une colorisation flashy aujourd’hui désuète. Pourtant, peu à peu, on se prend au jeu d’une intrigue feuilletonnesque aussi classique que plaisante, riche en action et en rebondissement. Les Gardiens partent ainsi à la recherche d’un symbole mythique de liberté qui se révèle être le bouclier de Captain America, leur principale source d’inspiration.

 

Jim Valentino, qui allait bientôt s’en aller fonder Image Comics, assure le dessin et le scénario de ces histoires légèrement naïves mais également rafraichissantes et qui, au final, offrent un réel plaisir de lecture. On note aussi de belles idées, par exemple cette race extraterrestre ayant récupéré la technologie d’Iron Man et s’appelant les Starks. Après avoir pollué leur planète nos aliens en armure s’en vont conquérir l’univers. On retrouve également Vision, devenu un ordinateur vivant dénué de corps.


 

 

LES GARDIENS DE LA GALAXIE - INTEGRALE 3 (1990) de Jim Valentino

Si les 7 épisodes de « Guardians of the Galaxy » occupent la première partie de ce recueil, la suite (près de 150 pages) se révèlent un gros morceau franchement enthousiasmant qui se compose de quatre annuals : l’annual 24 de Fantastic Four, l’annual 16 de Thor, l’annual 4 du Silver Surfer et, enfin, le premier annual des Gardiens. Un récit épique, suite à la fameuse saga de Korvac, que les Gardiens vont combattre à différentes époques en compagnie des plus grands héros de l’univers Marvel : les 4 Fantastiques, le Thor du futur et le Surfer. En effet, Korvac, juste avant d’être frappé par l’annihilateur ultime de Galactus, parvient à transférer sa force vitale et son immense pouvoir dans le corps d’un de ses lointains ancêtres. D’où une suite de combats dantesques mais également une réelle recherche, une caractérisation soignée des personnages et une inventivité constante. Si la première moitié de cette intégrale est divertissante, cette seconde se révèle carrément excellente et constitue une superbe saga qui invite le lecteur à un voyage sans répit dans le temps et l’espace.

 

Un bon moment de lecture.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #science-fiction, #Comic Book, #Superhéros, #Marvel Comics, #Space Opera

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Publié le 29 Mars 2018

UNE FILLE BRANCHEE de James Tiptree Jr
UNE FILLE BRANCHEE de James Tiptree Jr

Ce court roman a été écrit par Alice Shelton sous son pseudonyme de James Tiptree Jr et a obtenu le Prix Hugo dans cette catégorie « novella » en 1974.

L’intrigue, située dans un futur crédible prend place dans une société entièrement contrôlée par les multinationales mais ayant banni l’envahissante publicité d’antan. Cependant les grandes compagnies n’ont pas tardé à réagir en multipliant les « placements de produits » assurés par des célébrités diverses. Après une tentative de suicide, la jeune Philadelphia Burke, 17 ans et souffrant d’une maladie dégénérative sévère, est choisie pour « incarner » une célébrité fabriquée, la superbe Delphi. Cette jeune femme parfaite conçue en laboratoire est une enveloppe « vide » sans esprit ni émotion. Burke va lui donner « vie » en la contrôlant à distance, telle une simple marionnette, pour en faire l’absolu fantasme et objet d’adoration du monde. Stratégiquement placée sur le tournage d’un documentaire, Delphi y fait sensation et, aussitôt repérée, devient une star internationale. Elle tourne rapidement dans des feuilletons télévisés à succès dans lesquels elle impose ses choix (en réalité ceux dictés par les multinationales) et encourage les spectateurs à consommer certains produits bien précis. Mais, sur un tournage, le riche Paul Isham tombe amoureux de Delphi, ignorant qu’elle n’est qu’une enveloppe physique pour la pauvre Phil.  

Récit très cynique (le lecteur est souvent moqué ou qualifié de « zombie ») décrivant une dystopie réaliste, UNE FILLE BRANCHEE constitue une indéniable réussite de la science-fiction spéculative. Le monde de demain, dans lequel des « célébrités » fabriquées de toutes pièces possèdent un pouvoir décisionnel immense et dont le moindre choix vestimentaire (ou autre) se voit imité par des cohortes de spectateurs passifs semble, en 2018, encore bien plus crédible qu’en 1974. Encore plus lorsqu’on apprend qu’un tweet de Kylie Jenner, considérée avec ses 95 millions d’abonnés comme une des personnalités les plus influentes du monde aurait fait chuter l’action Snapchat d’un milliard de dollar. Bref, le règne des personnes « célèbres parce qu’elles sont célèbres ».

UNE FILLE BRANCHEE est donc un grand texte totalement visionnaire et excellement mené, à découvrir, en français, dans LE LIVRE D’OR DE JAMES TIPTREE Jr.

Enfin, signalons que la novella a été adaptée à la télévision dans le cadre de la série « Welcome to Paradox ».

UNE FILLE BRANCHEE de James Tiptree Jr
UNE FILLE BRANCHEE de James Tiptree Jr

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Rédigé par hellrick

Publié dans #science-fiction, #Prix Hugo, #Roman court (novella)

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Publié le 27 Mars 2018

RENDEZ-VOUS AVEC MEDUSE d'Arthur C. Clarke

Cette novella d’Artur C. Clarke, originellement publiée dans Playboy, remporta en 1972 le Nebula Award. Bien plus tard, en 2016, Alastair Reynolds et Stephen Baxter lui donnèrent une suite, sous forme de roman, avec THE MEDUSA CHRONICLES.

Howard Falcon est le capitaine d’un nouveau dirigeable expérimental, le Queen Elizabeth IV, qui, tel le Hindenburg un siècle et demi plus tôt, s’écrase lors de son vol d’essai au-dessus du Grand Canyon. Falcon, grièvement blessé, demande, quelques années plus tard, à explorer l’atmosphère de Jupiter. L’expédition découvre ainsi l’existence d’étranges formes de vie, des sortes de raies-mantas et une gigantesque créature ressemblant à une méduse.

Clarke joue ici la carte du mystère et de l’étrangeté : comment aborder l’atmosphère jovienne qui semble, par essence, impossible à explorer de manière conventionnelle ? Le romancier plonge le lecteur dans les nuages chargés de gaz, au cœur des tempêtes électriques, et le guide vers la découverte d’une forme de vie radicalement différente, tout comme il le fera plus tard dans son classique RENDEZ VOUS AVEC RAMA.

Certains passages de la nouvelle annonce aussi les différentes séquelles données par Clarke à son fameux 2001 et, en particulier, l’excellent 2010 écrit une dizaine d’années après ce RENDEZ VOUS AVEC MEDUSE.

Le récit mélange avec un certain bonheur hard science (Clarke décrit avec soin l’équipement nécessaire à ce voyage vers Jupiter) et sense of wonder (les extra-terrestres sont très originaux) tout en y ajoutant quelques touches plus spéculatives sur le devenir de l’homme lors d’une conclusion surprenante empreinte de questionnement un brin philosophique.

Récompensée par le Nebula, voici donc un court roman (également connu sous le titre FACE A FACE AVEC MEDUSE) de belle tenue qui se lit avec beaucoup de plaisir et d’émerveillement. Une réussite supplémentaire pour celui qui fut, sans contestation possible, un des plus grands auteurs de science-fiction du XXème siècle.  

 

Publiée dans de nombreuses anthologies, la novella se retrouve forcément dans la très copieuse INTEGRALE DES NOUVELLES dont nous reparlerons ultérieurement.

Publiée dans de nombreuses anthologies, la novella se retrouve forcément dans la très copieuse INTEGRALE DES NOUVELLES dont nous reparlerons ultérieurement.

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Publié le 26 Mars 2018

NOUS SOMMES LES GARDIENS DE LA GALAXIE

Les Gardiens de la Galaxie existent depuis 50 ans puisqu’ils ont effectué leurs débuts en 1969. Et certains de leurs membres sont même antérieurs : le célèbre Groot est ainsi apparu dans les pages de « Tales to Astonish » en 1960 sous la forme d’un végétal extra-terrestre décidé à envahir la Terre.

 

Les Gardiens eux-mêmes sont rassemblés à la toute fin des années 60 pour combattre les envahisseurs reptiliens Badoons dans le lointain futur, aux alentours de l’an 3 000. A cette époque ils sont les derniers survivants de diverses colonies terriennes et l’équipe comprend Charlie 27, un colosse originaire de Jupiter, Martinex, un plutonien à la peau cristalline, l’archer Yondu et, enfin, un astronaute venu du XXème siècle et ayant passé 1000 ans en hibernation, Vince Astro. D’autres membres, comme l’étrange Star Hawk (surnommé Celui qui sait) vont les rejoindre et les Gardiens, voyageant dans le temps et l’espace, feront des apparitions ponctuelles dans plusieurs publications Marvel, en particuliers lors de la Saga de Korvac où ils sont associés aux Avengers (et réédité dans LES GARDIENS DE LA GALAXIE – INTEGRALE 2).

 

L’anthologie doit donc effectuer de grands bonds temporels tant les Gardiens ne furent, durant près de quatre décennies, que des vedettes invitées dans les pages de Marvel Super-Heroes, Marvel Two-in-One, Marvel Presents. La plupart des récits dans lesquels ils interviennent constituent, en outre, de grandes et longues sagas, d’où la difficulté coutumière du recueil à sélectionner des histoires qui se suffisent à elles-mêmes. Cependant, dans l’ensemble et grâce aux textes d’accompagnement plutôt bien écrits et éclairants, le lecteur parvient à suivre ces récits dont certains n’ont plus aujourd’hui, il faut bien l’avouer, qu’un intérêt historique pour les plus curieux.

 

NOUS SOMMES LES GARDIENS DE LA GALAXIE

La relance de 2008 sera donc une bénédiction pour les Gardiens qui intègrent à cette époque Star Lord, Drax le destructeur, la dangereuse Gamora, Adam Warlock, Quasar et le mignon Rocket Raccoon, par la suite rejoint par Dragon Lune, Mantis, Groot et même Vance Astro qui assurera une certaine continuité avec la première équipe. Les intrigues sont meilleures, l’action fonctionne, tout comme les notes d’humour, ce qui n’empêche pas cette seconde mouture des Gardiens de ne durer que deux ans, fréquentant les excellents crossovers cosmiques ANNIHILATION.

 

Il faut attendre 2013, sous la plume de Brian M. Bendis, le scénariste star de la Maison des Idées, pour que les Gardiens trouvent leur formation la plus connue, celle illustrée dans les longs-métrages récemment sortis. D’où quelques plaisants épisodes racontant les origines de Star Lord ou invitant Iron Man a un petit tour de l’univers.

 

Toute cette histoire, franchement méconnue (peu connaissait ces personnages avant la sortie des films, encore moins étaient au courant de leur passé), donne un copieux album de plus de 300 pages proposé à un prix modique (22 euros). Evidemment, il y a à boire et à manger mais, globalement, NOUS SOMMES LES GARDIENS DE LA GALAXIE réussit son pari de défricher un demi-siècle d’aventures spatiales.

NOUS SOMMES LES GARDIENS DE LA GALAXIE

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Rédigé par hellrick

Publié dans #science-fiction, #Comic Book, #Superhéros, #Marvel Comics, #Space Opera

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Publié le 23 Mars 2018

UN PONT SUR LA BRUME de Kij Johnson

De par son format batard (trop long pour une nouvelle, trop court pour un roman sauf si on s’appelle Amélie Nothomb), la novella a connu des publications difficiles. Bien des classiques sont encore inédits ou ne furent publiées que dans des revues spécialisées. Dans le meilleur des cas on a pu les découvrir dans des recueils, accompagnées de trois ou quatre textes courts souvent choisis sans grand soucis de cohérence. Saluons donc les Editions Le Belial’ pour en proposer un joli florilège via leur collection « Une heure lumière » (dont on peut toutefois regretter le prix excessif) sous de jolies couvertures harmonisées. UN PONT SUR LA BRUME y est donc disponible et il eut été dommage de laisser dans l’ombre un texte d’une telle qualité.

Prix Hugo, prix Nebula, prix Asimov, Grand prix de l’imaginaire…une belle collection de récompense pour ces PILIERS DE LA TERRE version science-fantasy. Un empire de tout temps coupé en deux par un fleuve de brume peuplé de mystérieux et redoutables géants. Pour aller d’une rive à l’autre il faut se résoudre à emprunter le bac, ce qui n’est pas sans risque. Kit Meinem d'Atyar, le meilleur architecte du royaume, se voit donc confier la tâche titanesque de bâtir un pont sur la brume et de relier les deux parties de ce monde divisé.

En une centaine de page, l’auteur(e) livre une belle aventure humaine, un récit très plaisant qui laisse la part belle à l’émotion tout au long des nombreuses années nécessaires à l’achèvement de ce monumental chantier architectural. L’écrivain s’intéresse à la personnalité de Kit et à son évolution au fur et à mesure des peines, épreuves et joies qui jalonnent la construction de ce pont gigantesque, lequel aura une influence déterminante sur l’avenir de cette société. En effet, par ce lien entre deux parties du monde jusque-là séparées, la société sera radicalement transformée.

« Un pont remplit une fonction. Il n’a d’importance que par ce qu’il accomplit. Il relit un endroit à un autre. Si tu fais bien ton travail, les gens ne le remarqueront même pas. »

Couronné du Hugo et du Nebula, UN PONT SUR LA BRUME constitue une bien belle lecture qui aurait pu donner lieu à une vaste fresque étant donné la richesse d’un background à peine évoqué (la brume, les géants, ce royaume scindé en deux, ses personnages dont le patronyme s’identifie à la fonction) et les années nécessaires à la construction du pont. Kij Johnson, au contraire, choisit la concision et offre un excellent petit roman où chaque mot est pesé, chaque phrase ciselée. De la bel ouvrage, hautement recommandé à tous les amateurs de fantasy et de science-fiction.

UN PONT SUR LA BRUME de Kij JohnsonUN PONT SUR LA BRUME de Kij Johnson

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Publié le 21 Mars 2018

MAUVAISE RENCONTRE A LANKHMAR de Fritz Leiber

Le Souricier Gris et Fafhrd, le géant barbare, dérobent des gemmes de grande valeur à deux membres de la Guilde des Voleurs, Fissif et Slevyas. Le Souricier et Fafhrd célèbrent ce vol au repaire caché du premier en compagnie de leur compagne respective, Ivrian et Vlana. Poussé par son épouse et à moitié ivré, le Souricier persuade ensuite son ami de s’introduire dans le quartier général des Voleurs. Déguisés en mendiants, les deux aventuriers remplissent leur mission mais attirent le courroux d’un sorcier, Hrsitomilo, au service du grand maître des voleurs, Krovas. Le magicien convoque alors une bête monstrueuse, Sliviken, pour dévorer les épouses de nos aventuriers. Ceux-ci, ivres de rage, décident de se venger et investissent une nouvelle fois le repaire de la Guilde des Voleurs.

Classique de l’Heroic Fantasy, ce court roman fréquemment republié appartient au vaste cycle de Lankhmar, ou cycle des épées, qui conte les aventures du Souricier Gris et de son ami Fafhard. Les deux personnages nous ont été précédemment présentés dans deux nouvelles et MAUVAISE RENCONTRE A LANKHMAR permet de les réunir. Ces aventuriers vivent diverses péripéties, à la fois picaresques et teintées d’humour, en dépit de la noirceur de l’intrigue qui prend tout son sens après la mort de leur compagne.

Le style de Leiber, fluide, professionnel et légèrement ampoulé, convient bien à ce type d’histoires situées dans le monde de Nehwon, autrement dit « no when », un univers dépourvu de situation géographique ou temporelle précise. Les six recueils de nouvelles, accompagnés d’un roman (ensuite republiés dans une massive intégrale chez Bragelonne) offrent donc leur lot d’affrontement et de magie et ont pleinement participé, avec les romans de Moorcock consacrés au Guerrier Eternel, à la relance de la Fantasy dans les années 60, après les réussites des anciens (Howard, Tolkien, Lovecraft, etc.). MAUVAISE RENCONTRE A LANKHMAR eut d’ailleurs une énorme influence sur les jeux de rôles et même, par la suite, sur les jeux vidéo. En effet, la novella magnifie le principe du « dongeon crawling » avec ses deux protagonistes à la fois opposés et complémentaires (un petit voleur magicien et un grand barbare) s’en allant explorer le repaire des méchants jusqu’à affronter le big boss de fin de niveau, ici un sorcier cruel au service de la Guilde des Voleurs.

En bref, si la nouveauté du récit s’est aujourd’hui complètement estompée (des centaines de romans de Fantasy en ont repris les codes narratifs…pour le meilleur et souvent pour le pire), MAUVAISE RENCONTRE A LANKHMAR, récompensé en son temps par les prix Hugo et Nebula, demeure un classique de la « sword and sorcery ». Une lecture encore étonnamment plaisante et divertissante plus de cinquante ans après sa publication initiale. Pas sûr que certains énormes cycles romanesques actuels dans le même style passent aussi bien les épreuves du temps.

MAUVAISE RENCONTRE A LANKHMAR de Fritz Leiber
MAUVAISE RENCONTRE A LANKHMAR de Fritz LeiberMAUVAISE RENCONTRE A LANKHMAR de Fritz Leiber

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Publié le 19 Mars 2018

JE SUIS DOCTOR STRANGE

Cette anthologie éditée par Panini à l’occasion du long-métrage consacré au Sorcier Suprême, possède les habituels défauts et qualités de ce type de recueil. Nous avons ainsi de nombreux épisodes provenant de différentes époques (avec, bien sûr, la toute première apparition du personnage) qui permettent de brosser un portrait global de Strange, agrémentés de textes certes courts mais dans l’ensemble pertinents. Il est évident qu’il n’est pas question (ni possible) de viser à l’exhaustivité malgré les 300 pages dévolues aux aventures du fameux magicien.

Ce personnage quelque peu à part dans le « monde Marvel », pas vraiment super héroïque quoiqu’il ait appartenu à plusieurs équipes d’encapés bénéficie d’un cercle restreint mais fidèle d’amateurs. En France ses exploits restent assez peu connus (la sortie du film a néanmoins favorisé les rééditions de quelques sagas classiques). Au fil des épisodes, nous croisons les comparses (Cléa, l’Ancien) et ennemis (Dormammu, Mordo, Cauchemar,…) coutumiers de Strange afin d’avoir une idée plus précise de son « univers » personnel.

 

JE SUIS DOCTOR STRANGE

Les premiers épisodes sont faciles à lire mais pas franchement passionnants avec leur côté vieillot, leur colorisation outrancière (on suspectait – en blaguant - les auteurs d’agir sous LSD) et leurs intrigues redondantes (Strange prend sa forme astrale et un méchant quelconque possède son corps). Heureusement quelques belles planches très psychédéliques parviennent à maintenir un semblant d’intérêt. Par la suite arrive un des bons morceaux de cet album, le crossover (en deux parties, toutes deux incluses) qui oppose le Prince des Vampires au Sorcier Suprême dans les pages du mythique TOMB OF DRACULA. Malheureusement, anthologie oblige, toutes les histoires ne sont pas complètes et certaines, en dépit des textes d’accompagnement souffrent du manque d’une réelle conclusion. L’épisode avec les Défensseurs s’avère ainsi bordélique et indigeste. Par contre celui consacré à la rencontre entre Strange et le Chevalier Noir est réussi et constitue un des meilleurs récits de cette anthologie. Enfin, l’annual qui clôture ce recueil se montre aussi efficace émotionnellement que visuellement splendide. Le court récit humoristique de Stan Lee voyant un Strange désargenté tenter de vendre ses T-Shirts et autres éléments de merchandising est, lui aussi, efficace dans son registre.

Comme toutes les anthologies éditées par Panini, JE SUIS DOCTOR STRANGE se révèle forcément inégal mais constitue une bonne manière de découvrir, pour un prix modique, un personnage important de l’écurie Marvel. Bref, à boire et à manger dans ce recueil plaisant à lire et intéressant par ses textes explicatifs de qualité et son choix d’histoires relativement variées qui permettent de brosser un bon panorama des cinquante années d’existence de Strange. Quoiqu’on risque de ne pas y revenir souvent, JE SUIS DOCTOR STRANGE demeure donc une bonne addition à la bibliothèque des amateurs de comics.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Comic Book, #Superhéros, #Marvel Comics

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Publié le 16 Mars 2018

L'HOMME QUI EXPLIQUAIT LES MIRACLES de John Dickson Carr

Ce troisième recueil des nouvelles de John Dickson Carr difficilement trouvables, proposées par Roland Lacourbe, débute par la novella qui lui donne son titre, « L’homme qui expliquait les miracles », la dernière énigme résolue par Sir Henry Merrivale à nouveau confronté à l’impossible : un empoisonnement au gaz dans une pièce close et des menaces proférées par un fantôme. Pas franchement original pour l’auteur mais de bonne facture.

« Aux portes de l’épouvante » confronte un jeune homme, dans une auberge située dans la campagne orléanaise, à une mystérieuse chose qui saisit et qui broie. Là encore, on devine assez rapidement où Carr veut en venir mais le résultat se lit néanmoins avec plaisir.

« Le Pentacle en diamant » est une plaisante histoire au sujet du vol impossible d’un bijou, avec une fin bien trouvée et satisfaisante. Changement de registre avec « Immunité diplomatique », un récit d’espionnage toutefois agrémenté de la disparition impossible d’une jeune femme qui entre dans une tonnelle pour s’évanouir à la vue de tous (une solution classique que l’on jugerait décevant si elle n’était pas aussi bien amenée). Le récit suivant demeure une des pièces radiophoniques les plus célèbre de Carr, « Le mari fantôme » (alias « Cabin B 13 »), une histoire intrigante et joliment conduite jusqu’à sa conclusion efficace, bref un bon petit classique du crime impossible.

L’anthologie y ajoute un très rare juvénile, « A l’auberge des sept épées », qui, comme son titre l’indique, constitue un récit historique proche du cape et épée avec le conflit entre l’amour et le devoir, critique de la religion (« je hais […] cette religion qui vénère Dieu sous le prétexte qu’elle fait souffrir l’homme »). Surprenant mais non dénué d’intérêt.

Enfin, « Le mouchard » (situé dans la France du Second Empire) et « Le testament perdu » (New York, en 1849), couronnée du prix de la meilleure nouvelle par le jury d’Ellery Queen Magazine, complètent le sommaire de ce recueil varié. « Le testament perdu » n’a d’ailleurs pas volé sa récompense et rend un très bel hommage à son ancêtre littéraire au titre similaire (« la lettre volée » d’Edgar Poe) jusqu’à une conclusion à la fois référentielle très plaisante. Sans doute la meilleure nouvelle du recueil et peut-être même une des plus belles réussites de Carr dans le domaine du format court. En tout cas une excellente manière de conclure ce recueil forcément inégal mais dans l’ensemble divertissant et agréable.

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Publié le 14 Mars 2018

LA PEAU DE LA PEAU de A.A. Fair (Erle Stanley Gardner)

Outre le célèbre Perry Mason, Erle Stanley Gardner, dissimulé sous le pseudonyme d’A.A. Fair, écrivit 29 aventures d’un duo de détectives atypiques composé du séduisant Donald Lam et de la grassouillette Bertha Cool. Ecrit en 1967, cet avant-dernier roman se centre sur Donald Lam, contacté par le patron d’une petite compagnie d’assurances, Barney Adams, après que ce-dernier ait repéré une annonce suspecte publiée dans un journal. En effet, on promet 300 dollars de récompense pour tout témoin ayant vu un accident entre une Ford et une Cadillac. Barney Adams flaire l’arnaque et Donald Lam répond à la petite annonce. Toutefois, il n’est pas retenu comme témoin digne de foi. Cette aventure permet néanmoins à Donald de faire la connaissance d’une jeune, séduisante et désargentée demoiselle qui, elle, accepte de témoigner. Donald l’invite à diner et constate rapidement que la jeune femme n’a pas été témoin de l’accident, elle a simplement décidé de commettre un faux témoignage pour toucher la récompense. Bientôt, la voici entrainée dans une affaire criminelle beaucoup plus sinistre et accusée du meurtre d’un avocat réputé.

Encore une bonne intrigue, particulièrement complexe et rythmée, sous la plume alerte de Gardner qui ne ménage pas sa peine pour captiver le lecteur : prémices intrigantes, rebondissements nombreux, fausses pistes en pagaille,…

La crédibilité générale est parfois à prendre avec des pincettes mais, emporté dans le torrent des événements, le lecteur n’a guère le temps de souffler pour se rendre compte des invraisemblances d’un récit mené à 100 à l’heure et hautement divertissant.

Peu de choses à dire sur ce roman très court, qui se lit quasiment d’une traite, et offre une bonne dose de distraction policière aux amateurs. Si la plume de Gardner n’est pas spécialement réputée, les traductions françaises l’améliorent grandement et laissent la part belle à des dialogues vifs et non dénués d’une touche d’humour efficace.

Rien de révolutionnaire pour cet auteur habitué des « formules » mais l’assurance d’un bon moment qui saura satisfaire les afficionados du roman policier à l’ancienne.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Policier, #Whodunit, #Erle Stanley Gardner, #Roman de gare

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Publié le 13 Mars 2018

GREEN LANTERN REBIRTH – LA LOI DE SINESTRO

Comme les autres séries de l’écurie DC, GREEN LANTERN se paie, lui aussi, son rebirth après diverses péripéties pas toujours très faciles à suivre. Heureusement, Urban facilite la compréhension de ses lecteurs en résumant la situation : depuis la fin de la précédente série Hal Jordan a vécu plusieurs aventures (publiées dans des hors-séries) tandis que le Corps s’est perdu dans le temps et l’espace à l’occasion de deux mini séries inédites en français.

Puisque l’univers ne possède plus sa police galactique, un « homme » a occupé le terrain en régnant par la peur. Qui ? Sinestro bien sûr, à la tête du corps des redoutables et terrifiants Yellow Lanterns. Fatigué et vieilli, le dictateur moustachu intègre l’entité Parallax et devient surpuissant, ce qui n’est guère du goût de sa fille Soranik. Hal Jordan, de son côté, accède lui aussi à un nouveau niveau de puissance, au point qu’il est capable de prodiges en tous genres et même de se confectionner un nouvel anneau. Il met la pâtée aux Yellow Lanterns, ce qui énerve Sinestro, bien décidé à le stopper. Belle Moustache ne se sent plus de joie lorsque ses sbires lui apprennent la capture du Green Lantern mais, pas de bol, il ne s’agit pas de Jordan mais bien du toujours charmeur Guy Gardner. Cela voudrait-il dire que les Verts sont de retour dans la galaxie ?

GREEN LANTERN REBIRTH – LA LOI DE SINESTRO

En sept chapitre, ce rebirth (sous la bannière HAL JORDAN AND THE GREEN LANTERN CORPS) revient aux fondamentaux avec une intrigue ultra classique : le Corps est absent, Hal Jordan se balade, Sinestro a pris le pouvoir,…Du déjà lu et relu.

On note d’ailleurs le nombre élevé de dessins « pleine page » : c’est joli et ça contente le lecteur ayant soif de combats. Seulement lorsqu’un numéro se trouve constitué pour moitié de pleine page tout cela manque un peu de profondeur pour intéresser vraiment et les 192 pages se lisent un peu trop rapidement pour rester durablement en mémoire. Pourtant, si on accepte le postulat « blocbbuster space opéra » de ce tome, l’ensemble reste globalement agréable : l’histoire, certes classique et sans surprise, demeure agréable, facile à lire (y compris par les néophytes de l’univers Green Lantern) et bien dessinée par deux artistes au style assez proche, ce qui évite les ruptures d’unités désagréables.

Ces sept épisodes semblent surtout destinés à permettre à la série de repartir d’un bon pied dans un style cosmique et épique traditionnel. On peut donc les considérer comme réussis puisqu’ils donnent envie de poursuivre la lecture des aventures de Jordan et ses petits amis émeraudes.

Contenu : Hal Jordan and the Green Lantern Corps #1-7: Sinestro's Law

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Rédigé par hellrick

Publié dans #science-fiction, #Comic Book, #Superhéros, #DC, #Space Opera, #Green Lantern

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