Publié le 31 Juillet 2017
Harry Adam Knight était le pseudonyme de l’auteur australien John Brosnan (1947 – 2005) surtout connu pour son roman CARNOSAUR adapté au cinéma pour une trilogie horrifique à petit budget largement inspirée de « Jurassic Park » (notons cependant que le roman précédait de six ans celui de Michael Crichton). Prolifique, Brosnan écrivit également divers novelisations, des comics, de nombreux bouquins sur le cinéma (JAMES BOND IN THE CINEMA, THE STORY OF SPECIAL EFFECTS IN THE CINEMA, etc.).
Mais, chez nous, Brosnan fut surtout un auteur régulier de la collection Gore : on lui doit le sympathique VRILLES ! (publié sous le pseudo de Simon Ian Chiller tout comme LES PARASITES DE LA HAINE fut édité chez Maniac), le plaisant BRASIERS HUMAINS (sous le nom de James Blackstone) et L’IMMONDE INVASION (sous l’alias Harry Adam Knight). Bref, Brosnan fut un des romancier non francophones les mieux représenté par la collection aux côtés de Richard Laymon ou Shaun Hutson. Il faut d’ailleurs signaler que ces écrits, tous construits sur le thème d’une « immonde invasion » (hum !) semblaient tailler pour la collection par leur format restreint et leur nombreux passages horrifiques ou sexy.
Associé à l’auteur de fanzine anglais Leroy Kettle, Brosnan livre avec TERREUR DELIQUESCENTE (« slimer » en version originale, laquelle compte 156 pages, on peut donc supposer que la traduction fut, pour une fois, fidèle) une pure série B qui mélange concepts science-fictionnels, angoisse paranoïaque et horreur sanglante. Les mauvaises langues diront (avec raison) que le résultat ressemble beaucoup à un remake à peine déguisé de « The Thing » assorti de quelques scènes érotiques indissociables de la collection. « C’est pas faux » comme disait l’autre mais le bouquin s’avère cependant très plaisant.
L’originalité vient des protagonistes : trois couples de retour du Maroc où ils ont trafiqué de l’herbe (et également, pour l’un d’eux, de l’héroïne). Après le naufrage de leur bateau, nos survivants dérivent jusqu’à atteindre une station de forage pétrolière perdue en pleine mer du Nord. Sur place, les naufragés ne découvrent que des vêtements épars, la plateforme semblant déserte. Rapidement, ils se rendent compte que des scientifiques s’y livraient à diverses expériences sur les mutations. Et le produit de l’une d’elle, une sorte de monstre polymorphe créé à partir d’un grand requin blanc (!) erre à présent à la recherche de nourriture…
La caractérisation des personnages reste rudimentaire mais ne sombre pas dans la caricature : avec un drogué violent et obsédé sexuel en guise de principal protagoniste le roman évite la facilité et ne présente pas un héros traditionnel, fort et sûr de lui. A force de se serrer les coudes, l’un des couples réussira cependant à vaincre la créature en utilisant une méthode originale et bien trouvée. Toutefois, pour respecter la tradition, TERREUR DELIQUESCENTE s’achève sur une fin semi-ouverte. Elle laisse entendre que le monstre n’est pas vraiment mort et que, par conséquent, la menace peut ressurgir à tout moment. Habilement, les romanciers développent une atmosphère d’angoisse et de suspicion, chacun craignant que ses amis ne soient plus eux-mêmes mais de simples « marionnettes humaines » contrôlées par la créature mutante. Là encore, ils s’inspirent ouvertement de « The Thing » et « Alien » mais les déambulations de nos naufragés dans les couloirs désertés de la station offrent aux lecteurs réceptifs leur lot de frisson.
Dans l’ensemble et malgré quelques facilités dans la construction (assez linéaire et prévisible) du récit, TERREUR DELIQUESCENTE constitue un bon roman d’horreur. Simple, efficace et bien rythmé, avec suffisamment de passages horrifiques et sexy pour contenter les inconditionnels de la collection sans rebuter les lecteurs davantage friands d’épouvante classique que de boucheries pures, le tout donne une bonne lecture dans laquelle on peut même replonger sans déplaisir pour un second tour de piste.
Le livre fut, par la suite, adapté (certains disent massacré) au cinéma sous le titre « Protheus » par Bob Keen.