Publié le 30 Janvier 2018

KIRA B - ONDE DE CHOC SUR L'OREGON de Steven Belly

Dans le trois centième (!!!) tome publié en France de l’Exécuteur, LE RESEAU PHENIX, Mack Bolan, l’éternel Guerrier, se découvrait une probable descendance, Kira, supposée être sa fille perdue de vue et tombée aux mains d’infâmes réseaux pédophiles.

Notre jeune punkette gothique, pirate informatique sexy tatouée, percée et bisexuelle (forcément) revient se venger dans ses premières aventures en solo, papa ne faisant ici qu’une lointaine figuration en dispensant ses conseils et en aidant, de loin, la demoiselle. Car Kira Bolan, après avoir émasculé un de ses violeurs, se lance dans un nouveau blitz, décidée à exterminer un réseau de trafic d’êtres humains opérant dans les profondeurs insoupçonnées du Dark Web. Se faisant passer pour l’agent spécial d’un prince arabe nanti d’un imposant harem, Kira infiltre l’organisation Witch, spécialisée dans la prostitution et les snuff movie dans le but, bien évidemment, de la démanteler à la manière de papa…

Si Kira B se conforme aux attentes du lecteur (masculin) du roman de gare, elle reste néanmoins un personnage intéressant, fan de rock & roll, de films d’horreur (« Massacre à la tronçonneuse » est son préféré) et de séries télé, bien qu’elle ignore à quoi peut se référer son paternel en parlant de « K2000 », lui préférant la plus contemporaine « Walking Dead ».

On sent l’auteur féru de références et soucieux d’apporter un peu de sang neuf à la saga de L’EXECUTEUR en y injectant davantage d’humour et une forte dose d’érotisme, jusqu’ici quasiment absent des aventures de Mack Bolan. Avec Kira, le charme est là et l’auteur ne se prive pas d’une poignée de scènes chaudes entre filles et même d’une relation hétérosexuelle en mode cyber sexe. L’originalité n’est donc pas vraiment au rendez-vous (Kira ressemble à un décalque de l’héroïne revancharde de la saga MILLENIUM) mais le récit se révèle cependant efficace. L’intrigue braconne un peu sur les terres du techno thrillers avec son jargon technique et ses innovations technologiques sans toutefois risquer de perdre le lecteur, l’essentiel étant, comme toujours, l’action pétaradante et violente, saupoudrée d’un certain sadisme et d’un côté glauque qui rendent KIRA B, toutes proportions gardées, plus sérieuse que L’EXECUTEUR.

Vu la monstrueuse inhumanité de l’organisation Witch (qui dresse dès l’enfance ses prostituées afin de les amener à supporter les tortures infligées par les riches clients recourant à ses services), Kira, adoubée par Mack Bolan, ne peut que réagir de manière radicale en exterminant toutes ces ordures.

Pour les amateurs de L’EXECUTEUR tenté par une intrigue plus « moderne » et un nouveau personnage attachant et sexy, ONDES DE CHOC SUR L’OREGON reste un bon moment de lecture et un plaisant roman de gare : un peu d’humour, une louche d’érotisme, une bonne dose de violences, du sadisme,…que demander de plus pour passer un bon moment ? Dommage cependant que la conclusion soit expédiée en 3 pages...

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Thriller, #Roman de gare, #Gérard de Villiers, #Exécuteur

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Publié le 26 Janvier 2018

VERSION ORIGINALE de Bill Ballinger

Roman noir typique des années ’50 avec son détective amateur et sa femme fatale, VERSION ORIGINALE se distingue par l’originalité de sa construction : il alterne, en effet, la narration à la première personne de l’enquêteur (durant les années ’50) avec le récit des aventures de sa vamp situées une dizaine d’années auparavant.

Le narrateur, Danny April, est donc décidé à relancer une affaire de recouvrement de dettes. Après l’avoir rachetée, il parvient rapidement à la redresser mais tombe également sur une pile de vieux dossiers. Poussé par la curiosité, April découvre l’existence d’une jeune femme, Krassy, mystérieusement disparue depuis une dizaine d’années. De plus en plus obsédé par cette Krassy, notre détective amateur tente de la retrouver et de dresser le portrait (qui s’évapore comme la fumée, d’où le titre original plus évocateur de « Portrait in smoke ») de la demoiselle.

Ce détective improvisé se construit, peu à peu, une image de la jeune fille qu’il imagine victime des événements et marquée par l’existence. En réalité, Krassy constitue un des plus beaux exemples de séduisante salope que nous ait offert le roman noir. Experte manipulatrice, elle débute sa « carrière » en embobinant son premier copain, une petite frappe minable, pour qu’il truque un concours de beauté local. Elle remporte ainsi l’élection et les nombreux prix associé. Elle réussit même à obtenir, en échange de ses faveurs, une rallonge en dollars de la part du père de son petit ami. Ce-dernier prend d’ailleurs très mal la trahison paternelle. Par la suite, Krassy change plusieurs fois de nom et grimpe les échelons de la réussite sociale en payant de sa personne et en utilisant son incroyable beauté pour embobiner les hommes rencontrés.

Le récit se poursuit en proposant un double tableau de Krassy et de Danny April lesquels finissent, bien sûr, par voir leurs chemins se croiser pour le meilleur et pour le pire. L’intrigue, habilement construite, abouti à une conclusion certes légèrement attendue mais fort bien amenée. Un dernier chapitre dans la pure tradition du polar de cette époque.

Avec son intrigue rondement menée, son rythme soutenu et ses deux intrigues parallèles qui relancent régulièrement l’intérêt du lecteur, VERSION ORIGINALE constitue une vraie bonne surprise du roman noir. Un petit classique à découvrir impérativement, un whisky à la main, pour les amateurs du genre.

Egalement disponible dans l'omnibus "Polars années 50 - tome 1"

Egalement disponible dans l'omnibus "Polars années 50 - tome 1"

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Policier, #Polar, #Roman noir

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Publié le 25 Janvier 2018

JESSICA JONES: THE PULSE de Brian Michael Bendis

Après le succès d’ALIAS JESSICA JONES, Bendis revient à son personnage fétiche pour une nouvelle série d’aventures plus intimistes que pétaradantes. Si Jessica reste sympathique, sa grossesse la change et la rend beaucoup plus dépendante de son compagnon, Luke Cage (ex Power Man), ce qui modifie radicalement l’orientation de la série. Le ton y est également beaucoup plus léger, une conséquence de l’abandon du label « Max » qui permettait davantage de liberté au niveau des dialogues, de la violence et de la nudité. Certains n’ont d’ailleurs guère apprécié ces changements et THE PULSE a essuyé son lot de critiques, parfois virulentes. Disons-le tout net, cela semble injustifié : certes Bendis ne retrouve pas l’excellence d’ALIAS JESSICA JONES (la série super-héroïque pour ceux qui n’aime pas les séries super-héroïques !) mais THE PULSE demeure un vrai bon moment de lecture et se situe largement au-dessus du tout venant de chez Marvel.

JESSICA JONES: THE PULSE de Brian Michael Bendis

Cette fois, Jessica partage la vedette avec le plus célèbre journaliste du Daily Bugle, Ben Urich (l’homme qui connait l’identité de Daredevil mais refuse de la dévoiler au désespoir de l’irascible J.J.J). Confronté à des ventes qui s’écroulent (« c’est terrible, les gens ne lisent plus, nous sommes la première génération à avoir perdu l’habitude de lire le journal le matin »), le boss du Bugle doit réagir et lance un supplément, « The Pulse », consacré aux super-héros. Urich et Jessica Jones vont s’en charger. L’anti héroïne détective devient donc journaliste, ce qui permet de relancer la machine. Une bonne idée, sauf pour les réfractaires à l’évolution du personnage.

Dans le premier arc, « Thin Air », Jessica enquête sur la mort mystérieuse d’une de ses collègues du Bugle et découvre l’implication de Norman Osborn, alias le Bouffon Vert. Spidey effectue sa petite apparition réglementaire et l’intrigue annonce la suite de l’univers Marvel avec la prise de pouvoir d’Osborn durant le Dark Reign.

Ensuite, un tie-in de la saga « Secret War » envoie la jeune femme à la recherche de Luke, blessé et kidnappé. Iron Fist et l’Hydra seront, eux aussi, de la partie.

« Fear », la dernière histoire, plus intimiste, se consacre à l’accouchement de Jessica, à ses craintes, etc.

Un tie-in correct à HOUSE OF M dans lequel on retrouve Hawkeye et un annual dispensable consacré au mariage de notre couple complètent le sommaire.

JESSICA JONES: THE PULSE de Brian Michael Bendis

Les intrigues sont plaisantes, les personnages attachants et, dans l’ensemble, THE PULSE reste fort agréable quoique cet « ajout » soit en-deçà d’ALIAS JESSICA JONES (devenu un véritable classique de la bande dessinée super-héroïque des années 2000 et une des meilleures livraisons de la Maison des Idées).

Les différentes histoires peuvent également moins facilement s’apprécier de manière indépendante : on sent Bendis tisser sa toile afin d’entremêler les récits appelés à consolider l’univers Marvel du XXIème siècle : il faut au lecteur une certaine connaissance de celui-ci pour apprécier les scénarios proposés, en relation avec HOUSE OF M, SECRET WAR, DARK REIGN, NEW AVENVERS, etc.

Pour beaucoup, THE PULSE fut une déception mais celle-ci doit être relativisée : si ce n’est pas un incontournable comme ALIAS JESSICA JONES cela reste un comic bien écrit, bien dessiné et très plaisant proposé, en outre, dans une édition correcte et à un prix tout doux (17 euros pour 360 pages !). Bref, pas de quoi s’en priver pour les amateurs de ce personnage des plus intéressants.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Comic Book, #Superhéros, #Marvel Comics

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Publié le 24 Janvier 2018

CREVE MAJORETTE CREVE de John Russo

Né en 1939, John Russo restera éternellement le coscénariste de « La nuit des morts vivants » de George Romero, acte de naissance de l’horreur cinématographique moderne dont la descendance est, aujourd’hui, innombrable. Par la suite, Russo capitalisa sur cette réussite en signant la novelisation du long-métrage et plusieurs suites littéraires, dont un RETOUR DES MORTS VIVANTS qui servit de base au film de Dan O’Bannon en 1985. On lui doit aussi quelques autres bouquins, certains publiés chez Gore (ZERO HEURE), d’autres chez J’ai lu (le sympathique PANTHERE NOIRE).

Ecrit en 1979, CREVE MAJORETTE CREVE fut publié chez Maniac, éphémère collection se voulant la rivale de Gore. Il fut, par la suite, porté à l’écran par S. William Hinzman sous le titre « One by One ».

Cet étrange bouquin semble tout d’abord éprouver quelques difficultés à trouver sa direction, hésitant entre slasher, récit de vengeance, machination et drame. Des défauts qui n’en sont pas vraiment d’ailleurs, Russo conférant une réelle originalité à son récit, lequel prend régulièrement des détours surprenants et se révèle, au final, bien pensé dans ses rebondissements.

Tout commence par les désirs inassouvis du jeune Tommy pour la trop belle majorette Nicole, laquelle fréquente la brute locale, Mace, chef d’une bande de motards sadiques. Cependant Nicole finit par retrouver Tommy pour passer un bon moment avec lui : en réalité la jeune fille, enceinte de Mace, cherche à faire endosser cette paternité à Tommy. Un méli-mélo amoureux brutalement interrompu par l’irruption d’un tueur mystérieux qui poignarde les deux jeunes gens. Ensuite, une autre majorette est assassinée et leur entraineuse, petite amie d’un policier, échappe de justesse à une agression : pas de doute, un maniaque a pris les belles sportives pour cible.

Ce qui s’apparente à un classique slasher typique des romans de gare et de gore (érotisme léger, scènes de meurtres à intervalles réguliers) se transforme peu à peu en un livre plus « travaillé » qui propose quelques retournements de situation étonnants. Disons simplement que les meurtres ne sont peut-être pas aussi gratuits qu’ils le paraissent. Le dernier acte, pour sa part, embrasse la voie de la vengeance puisqu’un des protagonistes, laissés pour mort par les méchants, se venge en allant les dessouder au fusil. Les différentes intrigues se rejoignent finalement pour une conclusion pas pleinement crédible mais plaisante et habile avant un ultime épilogue certes attendu mais réussi.

Le rythme est enlevé mais il semble certain que le roman ait souffert d’un regrettable élagage pour sa publication française, passant de 207 pages à environ 150, la norme de la collection « Maniac » (calquée sur Gore).

Lecture rapide et divertissante, CREVE MAJORETTE CREVE fonctionne agréablement et réussit à ne jamais ennuyer en dépit d’inévitables facilités et autres invraisemblances. Bref, de la « série B » de ce style, on en redemande.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Horreur, #Roman de gare, #Gore

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Publié le 22 Janvier 2018

LA CHUTE DES GEANTS (LE SIECLE TOME 1) de Ken Follett
LA CHUTE DES GEANTS (LE SIECLE TOME 1) de Ken Follett

L’énorme saga de Ken Follett constituée de trois tomes bien épais (près de 3500 pages au total !) se propose, ni plus ni moins, de raconter par le petit bout de la lorgnette (c’est-à-dire en suivant le destin de gens ordinaires et non pas de célébrités) l’Histoire du XXème siècle, de la Première Guerre Mondiale à l’élection d’Obama. Pour cela, le romancier, à la manière d’une énorme saga (ou d’une série télévisée pharaonique – on se prend d’ailleurs à rêver d’une adaptation à l’image de  celle des PILLIERS DE LA TERRE) entremêle le destin de plusieurs familles, chacune composée de nombreux membres et de dizaines de personnages annexes.

Ce premier tome, LA CHUTE DES GEANTS, débute au Pays de Galles en 1911. Le jeune Billy Williams, 13 ans, effectue sa première descente au fond de la mine tandis que sa sœur Ethel est engagée comme domestique chez le comte Fitzherbert, surnommé Fitz. Peu à peu, Billy acquiert de l’expérience en tant que mineur, son père, chef du syndicat local, défend les ouvriers et Ethel prend du galon, devenant intendante du comte avant qu’il n’en fasse sa maitresse. Lorsqu’elle tombe enceinte, Ethel cache l’identité du père et quitte la région pour Londres où elle donne naissance au petit Lloyd. Par ma suite elle sera engagée par Maud, la sœur de Fitz, une suffragette militant pour l’obtention du droit de votes par les femmes. De son côté, Maud tombe amoureuse de Walter von Ulrich, attaché à l’ambassade d’Allemagne, qu’elle épouse en secret. Cependant, le 4 aout 1914, l’invasion de la Belgique par l’Allemagne entraine une réaction en chaine qui pousse les pays d’Europe dans la guerre. Walter, Billy et Fitz iront combattre sur le front…

Pendant ce temps, Bea, épouse de Fitz, donne naissance à son fils, Boy, héritier du titre. Bea, princesse russe nostalgique de la mère patrie, suit avec effroi l’évolution de la situation dans son pays natal et craint pour la vie de son frère alors que débute la révolution. En Russie, l’inconscient et séducteur Lev Pechkov, coupable d’un meurtre, embarque pour les Etats-Unis à la place de son frère, l’économe Grigori, abandonnant sa maitresse enceinte Katrina. Celle-ci est recueillie par Grigori qui l’épouse et d’élève le petit Vladimir comme son fils. Enrôlé dans l’armée impériale, Grigori refuse d’obéir aux ordres et de  tirer sur les rebelles : il se mutine et se place aux côtés des révolutionnaires, accompagnant Lénine dans son accession au pouvoir.

En Amérique, Gus Deward, fils d’un sénateur influent, doit épouser la fille d’un Russe émigré devenu chef mafieux. Hélas, Lev, le chauffeur de la famille, met enceinte la demoiselle. Les fiançailles rompues, Lev épouse la jeune femme dont il a une fille, Daisy.

Le roman se poursuit en suivant les destins croisés de ces nombreux protagonistes jusqu’à l’armistice du 11 novembre 1918 et la lente émergence d’un « monde nouveau » peu à peu envahi par la peste communiste et la prise du pouvoir des infâmes bolchéviques.

Avec LA CHUTE DES GEANTS, Follett détaille les événements ayant menés à la Première Guerre Mondiale, les différentes raisons d’enclencher le conflit finissant par se brouiller au point que, rapidement, plus personne ne comprend pourquoi ils se battent. La guerre en elle-même s’avère bien expliquée, occupant les deux tiers du roman, avec les conséquences qu’elle cause sur les protagonistes et annonçant la suite (montée du nationalisme, recherche du bouc émissaire juif, etc.).

L’auteur choisit, pour livrer sa leçon d’histoire, une série de personnages appartenant à des classes sociales différentes, du plus pauvre au plus riche, appartenant à cinq familles dont les destins se croisent à plusieurs reprises. En découpant son récit pratiquement mois par mois, LA CHUTE DES GEANTS prend le temps nécessaire à approfondir les nombreux changements qui s’opèrent dans les deux premières décennies du vingtième siècle.

Bien sûr, l’auteur prend parfois quelques facilités, appliquant sa recette du « page turner » en proposant des coïncidences improbables ou en relançant l’intrigue en utilisant les ficelles du roman feuilleton. Un petit bémol en regard de la qualité général de cette énorme fresque dénué de manichéisme qui, en dépit de sa longueur, se lit avec facilité.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Historique, #Ken Follett

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Publié le 19 Janvier 2018

MEURTRE AU VESTIAIRE de Rex Stout

Publié en 1940, ce roman constitue la septième aventure du détective Nero Wolfe, créé par Rex Stout, qui en écrira bien d’autres (33 romans et 41 novellas en tout).

L’intrigue débute à la veille de la seconde guerre mondiale par l’arrivée de la jeune Carla Lovchen, accompagnée de son amie Neya Tormic, chez Nero Wolfe. Toutes deux sont originaires du Monténégro. Carla est accusée d’avoir volé des diamants dans l’école d’escrime où elle travaille et souhaite que Nero la disculpe. Elle affirme également être la fille adoptive du détective, perdue de vue depuis une vingtaine d’années. De son côté, Archie Goodwin part enquêter et doit, en outre, découvrir l’assassin d’un banquier tué d’un coup d’épée. Archie découvre ainsi qu’un col de mort, autrement dit un petit ustensile servant à rendre inoffensive les armes utilisées lors des leçons d’escrime, a été volé, ce qui a permis l’accomplissement du crime.

Comme souvent avec ce genre de roman, l’impression générale oscille entre les passages datés et d’autres surannés, distinction subtile puisque les premiers sont un brin ennuyeux tandis que les seconds possèdent un charme indéniable. Evidemment, les relations entre le pédant Nero et son assistant Archie confèrent tout le sel nécessaire à une intrigue complexe, voire embrouillée, impliquant les problématiques politiques des Balkans dans les mois précédents la Seconde Guerre Mondiale. Cependant, tout cela n’est pas toujours très passionnant et, en dépit d’une caractérisation sympathique qui change des standards habituels (agoraphobe, misogyne, maniaque, buveur de bière invétéré, etc.), Nero Wolfe parait peu crédible dans sa manière de mener une enquête sans quitter son chez lui et en s’interrompant pour s’occuper de ses fameuses orchidées. Bien sûr ce sont ces caractéristiques qui plaisent aux amateurs du détective mais on peut aussi les considérer comme agaçantes.

Les révélations en cascade et la découverte du mystère manquent également d’intérêt tant le tout semble à la fois forcé et invraisemblable. Si Nero résout le crime, sa manière de parvenir à la vérité n’est guère rigoureuse. Nous sommes loin d’une construction narrative exemplaire et, en bref, la solution proposée n’en est qu’une parmi d’autres possibles, tout reposant sur des impressions et des déductions sans qu’une réelle preuve ne soit avancée.

Si les inconditionnels du « golden age » devrait y trouver leur compte, au moins par curiosité envers un auteur et un détective célébré, MEURTRE AU VESTIAIRE échoue à s’élever au-dessus d’un simple divertissement quelque peu poussiéreux, voir ennuyeux. La seconde partie du roman, qui devrait logiquement être la plus palpitante, s’avère d’ailleurs pesante au point qu’on est pressé d’en terminer.

Les fans de Nero Wolf ne seront évidemment pas d’accord mais, pour ma part, cette première rencontre avec l’Homme aux orchidées ne fut guère convaincante et pourrait bien être la dernière.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Policier, #Whodunit, #Golden Age

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Publié le 18 Janvier 2018

BLOODSHOT REBORN TOME 1 - COLORADO de Jeff Lemire, Mico Suayan et Raul Allen
BLOODSHOT REBORN TOME 1 - COLORADO de Jeff Lemire, Mico Suayan et Raul Allen

 

Quoique Marvel et DC en soient les leaders incontestés, ils ne sont pas les seuls éditeurs sur le marché du comic super-héroïque. Avec moins de séries et une histoire nettement plus récente, Valiant, fondée en 1990 par un ancien de la Marvel, Jim Shooter, entendait bien prendre sa (plus modeste) place sur ce marché aujourd’hui encombré. Devenu le troisième éditeur du genre et vendant jusqu’à 1 500 000 exemplaires de certains de ses titres à son apogée, la compagnie va néanmoins souffrir d’un écroulement des ventes à la fin des 90’s. Après sa faillite en 1999, Valiant renait cependant de ses cendres en 2007. Et de nouvelles séries, dans la continuité des publications antérieures, sont lancées en 2012. D’abord publiées par Panini elles sont aujourd’hui éditées, avec beaucoup de soin, chez Bliss Comics.

Bloodshot, créé en 1992, reste un des personnages phares de l’éditeur. Il revient ici dans une nouvelle aventure qui constitue la suite du crossover THE VALIANT ayant établi le nouveau statu quo de l’éditeur. Rappelons que cet anti-héros possède des capacités surhumaines (super force, agilité, pouvoir auto guérisseur, etc.) grâce à des mini robots « nanites » injectés dans son corps pour le transformer en soldat invincible. Cependant, avant sa mort, Kay la Géomancienne a expulsé les nanites du corps de Bloodshot, alias Ray Garrisson, pour lui rendre son humanité. Depuis, il vivote en tant qu’homme à tout faire dans un motel, boit plus que de raison et, victime d’hallucinations, « voit » Kay et un double cartoonesque de lui-même.

Dans le même temps, les nanites, libérées de son corps, se sont cherchées un nouvel hôte…En réalité sept, tous transformés en ersatz de Bloodshot et qui, incapables de contrôler leurs nouveaux pouvoirs, se mettent à accomplir des tueries de masse. Ce-dernier, se sentant responsable, part donc supprimer ces « infectés » et, au cours du processus, récupère les nanites de ses victimes. Bloodshot renait, pour le meilleur et pour le pire !

BLOODSHOT REBORN TOME 1 - COLORADO de Jeff Lemire, Mico Suayan et Raul Allen

Ce premier tome de BLOODSHOT REBORN constitue une belle réussite avec son ton sombre, très adulte, presque désespéré et son mélange de violences brutales et d’intermèdes psychologiques réussis qui rappellent les meilleures bandes dessinées du PUNISHER ou de WOLVERINE avec un zeste d’humour déjanté à la DEADPOOL.

L’univers Valiant, plus restreint et réaliste que le foisonnement de Marvel ou DC Comics s’avère très plaisant et on y plonge avec bonheur, à la découverte de nouveaux personnages et d’intrigues efficaces. Pour les allergiques au genre super héroïque, nous sommes ici davantage dans le polar science-fictionnelle que dans la baston d’encapés et, quoique ce premier arc (qui trouvera sa conclusion dans le deuxième tome) se montre relativement linéaire et prévisible, la qualité des dialogues compense ce bémol.

Au niveau des dessins, ils sont très réussis et photoréalistes pour les quatre premiers épisodes (par Mico Suayan), complètement « comic » pour le cinquième (signé Raul Allen) qui tranche avec ce qui précède mais sans être désagréable pour autant. Du très bel ouvrage !

Pour les lassés des intrigues à rallonges, des crossovers interminables et du statu quo permanent du duo DC / Marvel, l’univers Valiant constitue, à coup sûr, une bouffée de fraicheur. Ce premier tome, très bien présenté (couverture cartonnée, bonus sur le scénario, couvertures alternatives, etc.) pour un prix attractif (moins de 15 euros) est donc vivement conseillé !

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Comic Book, #Superhéros, #Thriller, #Valiant - Bliss Comics

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Publié le 17 Janvier 2018

DERNIER MEURTRE AVANT LA FIN DU MONDE de Ben H. Winters

Concord, une petite ville du New Hampshire sans histoire et au taux de criminalité très faible. Du moins jusqu’il y a quelque mois. Car, depuis, des scientifiques ont découvert un astéroïde de six kilomètres de diamètre surnommé Maia. Au début, personne ne s’en est réellement préoccupé. Une collision semblait totalement improbable. Une malchance sur plusieurs milliers. Puis sur plusieurs centaines. Puis une chance sur deux. Et, finalement, une certitude : l’impact aura bien lieu. Maia et la Terre vont se percuter. Pour une moitié de la planète ce sera l’anéantissement immédiat. Pour l’autre moitié ? Difficile à dire. Sans doute une mort lente après un retour à la barbarie. Alors certains se suicident, d’autres plaquent tout pour aller réaliser leurs rêves, d’autres construisent d’illusoires abris, achètent des armes pour survivre dans un hypothétique et très incertain « après ». Les sectes fleurissent, les geeks refont les calculs pour prouver que la collision n’aura pas lieu et le Pakistan se promet d’atomiser le gros caillou. Saint Bruce Willis, priez pour nous ! Et, bien sûr, le prix de la nourriture s’envole. Mais pas autant que celui des drogues. Néanmoins, une fois l’information assimilée, la population continue, globalement, à vivre et à poursuivre ses activités en attendant la fin du monde, prévue pour dans six mois.

« Les gens, dans l’ensemble, vaquent simplement à leurs affaires. Ils vont au boulot, s’assoient à leur bureau, espèrent que la boîte sera toujours là lundi prochain. Ils vont au supermarché, poussent leur chariot, espèrent qu’il y aura à manger dans les rayons aujourd’hui. Retrouvent leur chérie à l’heure du déjeuner pour aller acheter une glace. D’accord, bien sûr, certains ont choisi de mettre fin à leurs jours, et d’autres d’aller réaliser leurs rêves, d’autres encore cherchent partout de la drogue ou se baladent la bite à l’air ».

Hank Palace, jeune policier récemment promu inspecteur décide, pour sa part, de continuer son boulot. Ainsi il entame une enquête sur un geek, Peter Zell, venu se pendre dans les toilettes d’un McDo. Une affaire des plus banale, un simple suicide de plus et ceux-ci commencent à être nombreux. Pourtant, quelque chose chiffonne Hank. Serait-ce un crime maquillé en suicide ? Et qui prendrait la peine d’effectuer une telle mise en scène sachant que, dans une demi-année, toute la population aura péri ? Hank s’accroche, il veut une certitude, malgré l’avis de ses collègues ou celui du légiste. Il ira jusqu’au bout même si tout le monde s’en fout.

Avec ce premier tome d’une trilogie « pré apocalyptique », Ben H. Winters livre un excellent compromis entre le roman policier et la science-fiction. Bien sûr, la fusion des deux genres a déjà donné lieu à de belles réussites comme FACE AUX FEUX DU SOLEIL d’Asimov, BLADE RUNNER de Dick ou, plus récemment, CARBONE MODIFIE de Richard Morgan ou la saga « Greg Mandel » de Peter Hamilton. Toutefois, l’idée de Ben H. Winters se montre particulièrement originale puisqu’il suit un inspecteur obstiné bien décidé à résoudre ce qui pourrait bien constituer « le dernier meurtre avant la fin du monde ».

Sur un rythme alerte (les 330 pages ne laissent guère le temps de souffler), l’écrivain propose une très efficace enquête policière, entre mystère (de type whodunit) classique et polar de série noire avec son détective désabusé (sachant que l’humanité est condamnée à brève échéance difficile de ne pas l’être) et sa narration à la première personne, le tout dans une ambiance science-fictionnelle de fin du monde annoncée fort intéressante et réaliste.

Si certains se laissent aller à leurs penchants ou plaquent leur boulot pour aller peindre des nus en Provence, une certaine civilisation – en pleine déliquescence – subsiste : la plupart des gens vivent simplement leur vie, avec leurs considérations quotidiennes, à la recherche de nourriture ou d’argent pour payer le loyer. Parallèlement, les moyens de communications s’écroulent, Internet disparait et, pour les employés (de moins en moins nombreux) qui continuent à travailler, le papier et la ligne fixe ont repris leur droit face aux ordinateurs et aux téléphones portables. Pour les vendeurs d’assurance-vie c’est la catastrophe mais pour d’autres la vie continue, surtout depuis qu’on sait qu’il n’y aura aucune conséquence à long terme pour ses actes. Attention, toutefois, la police se montre particulièrement sévère et les infractions vous conduisent tout droit en prison pour six mois. Autrement dit, aucune chance d’en sortir vivant.

Roman aussi original que bien mené, DERNIER MEURTRE AVANT LA FIN DU MONDE, ponctué d’un soupçon d’humour noir bienvenu et de quelques références en guise de clins d’œil habilement placés, se révèle une grande réussite. Vivement conseillé en attendant la suite !

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Policier, #science-fiction, #Whodunit, #Thriller, #anticipation, #Polar

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Publié le 16 Janvier 2018

JE SUIS WOLVERINE d'auteurs divers
JE SUIS WOLVERINE d'auteurs divers

La collection « je suis… » (variante « nous sommes… ») chez Panini reste une des meilleures initiatives de l’éditeur qui y reprend la formule gagnante des anthologies Urban consacrées aux personnages DC comics.

Proposés pour permettre aux néophytes de se familiariser avec un protagoniste de l’univers Marvel, souvent à l’occasion de la sortie d’un long-métrage, les ouvrages de la collection permettent un bel aperçu chronologique de son évolution.

Lancé pour accompagner la diffusion dans les salles de l’excellent LOGAN, ce recueil débute logiquement voici plus de quarante ans (eh oui…déjà!) avec la première apparition du Griffu lors d’un double épisode de l’Incroyable Hulk dans lequel ce dernier se confronte au Wendigo. Nous sommes en 1974 et Logan n’y est qu’un personnage secondaire encore mal défini et affublé d’un costume quelque peu ridicule, d’ailleurs ses griffes ne font pas encore parties de son squelette mais sont placées sur des gants. Par la suite, nous retrouvons le mutant douze ans plus tard lors du « loup blessé » scénarisé par Chris Claremont dans les pages d’UNCANNY X MEN. Au fil des pages, nous assistons à l’accroissement de sa popularité jusqu’à ce qu’il devienne le plus populaire des X-Men. Logan affronte également son increvable ennemi Dent de Sabre dans « 24 heures », toujours écrit par Claremont mais cette fois pour la série solo WOLVERINE.

JE SUIS WOLVERINE d'auteurs divers

Vient ensuite le gros morceau de cette anthologie avec l’excellent « De sang de sables et de griffes », triple épisode signé Larry Hama (scénario) et Marc Silvestri (dessin) datant de 1991. Wolverine, accompagné de son compatriote Puck de la Division Alpha, y combat durant la guerre civile espagnole et rencontre Hemingway et George Orwell. Du tout bon comics, divertissant et spectaculaire.

Toujours dans une perspective historique, « Les chevaliers de Madripoor » se déroule en 1941 et permet au Glouton de fréquenter Captain America et Black Widow. Parmi les autres numéros mémorables citons un affrontement ultra musclé avec le Punisher et, surtout, l’incroyable et très adulte « Prisonnier Zéro » dans lequel Wolverine se retrouve prisonnier d’un camp de concentration durant la seconde guerre mondiale et survit stoïquement à tout ce que ses geôliers lui font subir.

 

JE SUIS WOLVERINE d'auteurs divers

Comme toujours ce genre d’anthologie peut paraitre réducteur puisqu’elle fait l’impasse sur de grandes sagas ou des épisodes mémorables (sa virée au Japon, ses démêlées avec le Phenix, etc.) mais, dans l’ensemble, difficile de ne pas apprécier les intrigues proposées, certes parfois tronquées mais toujours intéressantes pour mesurer l’évolution du personnage. Les textes pertinents qui accompagnent les différentes histoires et la qualité générale de celles-ci, souvent illustrées par des dessinateurs talentueux et inspirés, achèvent de rendre JE SUIS WOLVERINE indispensable aux fans du mutant griffu. Un des meilleurs recueils sortis chez Panini.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Comic Book, #Superhéros, #Marvel Comics, #Mutants, #X Men

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Publié le 15 Janvier 2018

LE MYSTERE DE L'ALLUMETTE d'Ellery Queen

Dans cette nouvelle enquête, Ellery Queen occupe, durant une partie du récit, une place secondaire. Une grande partie de l’intrigue se déroule en effet lors d’un procès aux nombreux rebondissements qu’aurait sans doute aimé plaider Perry Mason.

Le roman débute assez rapidement par le meurtre de Joe Wilson, un vendeur itinérant désargenté vivant à Philadelphie en compagnie de sa jeune épouse Lucy. Cependant, il apparait rapidement que Joe avait une double identité puisqu’il était également connu sous le nom de Joseph Kent Gimball, un new-yorkais marié à une femme très riche. Son corps a été découvert dans une modeste cabane, surnommée la « maison à mi route » où l’homme changeait d’identité pour dissimuler sa bigamie. Le frère de Lucy, un vieil ami  d’Ellery Queen, se charge de défende sa sœur, accusée du meurtre et héritière d’un million de dollars tandis que l’accusation sème le doute dans le jury, de plus en plus convaincu de la culpabilité de Lucy. A partir d’indices en apparence aussi insignifiants que le nombre d’allumettes consumées présentes sur la scène du crime, Ellery Queen enquête pour identifier le véritable coupable.

Ecrit en 1936, le roman (aussi  connu sous les titres UNE MAISON DANS LA NUIT et LA MAISON A MI ROUTE) marque, selon les spécialistes, un changement de style pour Ellery Queen  (l’auteur aussi bien que le personnage) lequel s’éloigne des énigmes excessivement complexes des 9 premiers romans signés par les cousins Dannay et Lee. Le titre, par exemple, ne comporte plus d’allusion à un pays contrairement aux précédents basés, du moins dans leur version originale, sur un objet assorti d’une localisation géographique suivit de la mention « mystery » comme « The French Powder Mystery » ou « The Egyptian Cross Mystery ». Une pratique reprise durant toute la première moitié des années ’30.

Par la suite le détective s’éloigne de la pure « machine » de déduction pour devenir plus humain tandis que les auteurs développent davantage son background personnel au lieu de se concentrer uniquement sur la complexité de l’intrigue. LE MYSTERE DE L’ALLUMETTE apparait ainsi, rétrospectivement, comme une œuvre charnière dans laquelle, en outre, le père d’Ellery, l’inspecteur Queen, n’intervient pas.

On retrouve cependant le traditionnel « défi au lecteur » (une pause dans le déroulement du roman ou,  en théorie, le lecteur dispose de tous les éléments nécessaires à la résolution du mystère) peu avant qu’Ellery n’énumère les neuf preuves l’ayant conduit à identifier l’assassin. Certaines traduisent d’ailleurs l’époque à laquelle le roman fut écrit et feront aujourd’hui sourires puisqu’elles témoignent d’un temps où une femme ne pouvait fumer la pipe ou le cigare et encore moins sortir de chez elle sans son bâton de rouge à lèvres.

Plus abordable que les précédents romans de Queen (parfois excessivement tarabiscoté), LE MYSTERE DE L’ALLUMETTE développe une intrigue aisée à suivre mais cependant palpitante, notamment par le style très vivant et efficace du (des) romancier(s). Si l’identité du criminel n’est pas franchement surprenante, la manière dont le détective l’identifie, à partir de neuf indices paraissant sans importance, fonctionne de belle manière et démontre l’ingéniosité de l’écrivain. Du beau boulot pour les amateurs de whodunit à l’ancienne.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Policier, #Whodunit, #Golden Age, #Ellery Queen

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