Publié le 23 Août 2020

LA MOITIE D'UNE GUERRE (LA MER ECLATEE TOME 3) de Joe Abercrombie

Une fois de plus, Abercrombie change de point de vue et s’intéresse, après Yarvi et Epine, à une nouvelle protagoniste, la jeune Skara. Cette dernière voit le Haut Roi attaquer son pays avant que Yilling, dit l’Eclatant, ne massacre sa famille. Du coup, notre princesse devient reine et décide de rassembler toutes les forces possibles pour combattre le Haut Roi et réclamer vengeance. Parallèlement nous suivons le destin de Raith, porteur d’épée pour le terrible combattant Grom-Gil-Gorn, et les complots politiques ourdis par Père Yarvi, des manigances pas toujours du goût de son apprenti, Koll.

Brand, Epine, Yarvi,…les principaux protagonistes des précédents volumes sont toujours présents, mais dans des rôles plus secondaires, laissant Skara, Koll et Raith sur le devant de la scène. Les enjeux, pour leur part, se montrent plus importants et ce troisième et dernier volet monte logiquement en puissance avec davantage de combats, de batailles, de sièges, etc. Les aspects politiques sont, également, davantage développés : Abercrombie s’éloigne encore un peu plus du côté « young adult » du premier tome pour s’orienter vers la pure fantasy « grim dark » avec manigances et complots des uns et des autres qui se résolvent dans le sang.

Beaucoup d’action, de scènes épiques et de tueries,…après s’être intéressé à sa « moitié de roi » et avoir exploré « la moitié d’un monde », Abercrombie ne nous offre pas ici la « moitié d’une guerre » mais bien un conflit complet, total, énorme, une sorte de guerre mondiale dans un univers fantasy qui, forcément, ne laissera pas tous les protagonistes en vie.

En résumé, LA MOITIE D’UNE GUERRE termine de belle manière une très réussie trilogie de Fantasy qui, sans longueurs ni redites (chaque tome apportant un point de vue différent) offre une belle aventure à son lecteur.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantasy

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Publié le 17 Août 2020

LA MER SILENCIEUSE de Jack Du Brul & Clive Cussler

Jack Du Brul est un auteur américain de techno-thrillers né en 1968 créateur du personnage de Philip Mercer, héros de huit romans parus entre 1998 et 2015. En 2005, Du Brul prend la suite de Craig Dirgo pour écrire en collaboration (hum !) avec Clive Cussler, les dossiers de l’Oregon. Il commence son « run » sur la série avec QUAR MORTEL et le termine huit ans plus tard avec MIRAGE.

Septième roman de la saga, LA MER SILENCIEUSE s’avère totalement classique et bien dans la manière des romans de Cussler : un thriller maritime qui mêle action, aventure, un brin d’anticipation technologique, une solide dose de politique fiction et une pointe d’histoire puisque, comme tous les « Cussler », le bouquin débute par un prologue historique. Ici, l’exploration d’une île menée par cinq frères juste avant l’attaque contre Pearl Harbour. LA MER SILENCIEUSE effectue alors un bon temporel d’une soixantaine d’années pour suivre les efforts de Juan Cabrillo, capitaine du navire suréquipé Oregon, afin de récupérer un satellite qui s’est écrasé en Argentine. Les membres de l’Oregon vont ainsi se retrouver au cœur d’intrigues politiques avec une menace de guerre de l’Argentine appuyée par la Chine qui décide carrément d’annexer l’Antarctique. Les différents intervenants tentent également de mettre la main sur l’épave d’un navire chinois  prétendument maudit, La mer silencieuse.

Toujours inspiré par les grands héros de l’aventure (on le répète à chaque chronique d’un Cussler mais ces différents héros, que ce soit Cabrillo ou Dirk Pitt, sont incontestablement les héritiers de James Bond et d’Indiana Jones avec un soupçon de Tintin et de Bob Morane), LA MER SILENCIEUSE trahit néanmoins le prédominance de Du Brul sur Cussler : ici beaucoup moins de mystère et de notes historiques, l’essentiel du roman se contente de décrire une course poursuite entre diverses factions antagonistes. Le roman constitue donc un concentré d’action avec son quota obligatoire de poursuites, fusillades, bagarres, etc. L’écriture, pour sa part, parait aussi un peu plus simple et plus « pulp » que les « véritables » Cussler (il est évident que l’auteur n’est, ici, qu’un superviseur voire un prête-nom !) mais Du Brul utilise, lui aussi, tous les trucs habituels du « page turner » à l’américain : chapitres très courts, dialogues nombreux, multiplication des points de vue pour maintenir le suspense et cliffhangers nombreux afin de relancer l’intérêt.

Si le scénario n’est pas très original ni novateur et si le roman manque un peu de scènes « bigger than life » (que l’on trouvait, par exemple, dans SAHARA, ONDE DE CHOC ou RAZ DE MAREE) ou d’un authentique sense of wonder (difficile de passer après RENFLOUEZ LE TITANIC ou ATLANTIDE en terme de dépaysement), LA MER SILENCIEUSE demeure un très plaisant divertissement qui saura contenter les fans de techno-thriller maritime.  

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Technothriller

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Publié le 14 Août 2020

POISON VIOLENT de Dorothy Sayers

Publié en 1930, au début de la carrière de Sayers, POISON VIOLENT voit le raffiné détective occasionnel Lord Peter tombait amoureux d’une certaine Harriet Vane, une écrivaine de 29 ans spécialisée dans le roman policier. Or, cette dernière est accusée d’avoir empoisonné son amant à l’arsenic et risque la peine capitale. Lord Peter décide donc d’enquêter afin d’innocenter la suspecte bien que tout la désigne comme la seule coupable possible.

Si l’intrigue s’avère quelque peu légère (l’identité du meurtrier et ses motivations sont transparentes, la méthode pour commettre le crime est plus ingénieuse par contre même si, aujourd’hui, le monde médical réfuterait probablement le procédé), le roman reste très plaisant et pétillant.

Lord Peter est un enquêteur plein d’entrain et de vitalité, un aristocrate dandy quelque peu décadent bien aidé dans ses enquêtes par son inséparable et sagace domestique. Le récit avance donc à bon rythme, avec un humour anglais des plus appréciable, en dépit d’une certaine baisse de rythme dans sa partie centrale. Heureusement ce « ventre mou » n’atténue guère le plaisir ressenti à la lecture de ce whodunit de bonne cuvée où brille surtout la caractérisation réussie des principaux protagonistes. Sayers s’est inspirée de sa propre expérience de « l’amour libre » (hors mariage donc) pour dépeindre la relation entre Vane et son amant empoisonné, un sujet évidemment tabou à l’époque et qui ajoute un côté social intéressant à l’intrigue en l’inscrivant clairement dans son époque, à savoir l’entre deux guerres.

Ce cinquième roman de la série « Lord Peter » constitue donc un agréable divertissement et possède, grâce à l’arrivée de Harriet Vane qui deviendra un personnage incontournable de la série, un côté historique indéniable.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Policier, #Whodunit, #Golden Age

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Publié le 9 Août 2020

L'EXORCISTE, LA SUITE de William Peter Blatty

Bien qu’il ait écrit une douzaine de romans, William Peter Blatty reste essentiellement connu pour L’EXORCISTE, publié en 1971 et adapté à l’écran deux ans plus tard. En France, excepté L’EXORCISTE, le seul autre de ses livres a avoir été traduit est « L’esprit du mal », écrit en 1983 et ensuite ressorti sous le titre de L’EXORCISTE LA SUITE. Il s’agit effectivement d’une continuation des événements du roman de 1971 (qui ignore totalement le film « L’exorciste 2 ») dans lequel le principal protagoniste est, cette fois, le lieutenant Kinderman. En 1990, Blatty l’adapta d’ailleurs pour le cinéma sous le titre « L’exorciste 3 ».

A mi-chemin du fantastique et du thriller policier, le roman suit l’enquête de Kinderman sur les pas d’un mystérieux sérial killer, le Gémeau (inspiré par le véritable Zodiac), abattu par la police voici une douzaine d’années mais dont le corps n’a jamais été retrouvé. De nouveaux meurtres semblent l’œuvre d’un imitateur mais Kinderman croit qu’il s’agit du véritable Gémeau : en effet, certains indices jamais dévoilés à la presse laissent penser que le tueur est toujours vivant. Les différentes victimes (un jeune garçon crucifié, un prêtre décapité,…) laissent penser à des crimes inspirés par la religion, ce qui teste les croyances de Kinderman. Ce-dernier finit par aboutir dans un asile psychiatrique où est enfermé, depuis douze ans, un individu ressemblant trait pour trait à Damien Karras, le prêtre supposé mort lors de l’exorcisme de Regan McNeil.

Roman étrange, L’EXORCISTE LA SUITE permet à Blatty de revisiter son oeuvre la plus célèbre en truffant le récit de considérations philosophiques, psychologiques ou théologiques. Son héros, Kinderman, doute et s’exprime sur la religion (chrétienne et juive), sur la psychiatrie, sur les croyances et théories énoncées au fil des siècles. Cet emballage peut rebuter et n’est pas toujours aisé à aborder, certains passages sont mêmes difficiles à lire et s’élèvent largement au-dessus de la « simple » littérature d’épouvante : Blatty livre une sorte d’essai sur la nature du Bien et du Mal, sur la place de l’Homme, sur Dieu et la religion mais, au lieu de proposer ses idées dans un bouquin hermétique, il développe une intrigue à mi-chemin du thriller de « serial killer » et du fantastique. Au final, de façon assez inattendue mais habile, il réussit à connecter cette « suite » avec le final de L’EXORCISTE et la mort (supposée ?) de Karras.

L’EXORCISTE LA SUITE constitue donc un roman déstabilisant mais riche et intéressant, que l’on peut relire avec plaisir en dépit de certains passages un brin ardus : la première moitié s’avère intrigante et la seconde, plus proche de L’EXORCISTE, cultive un climat de fantastique et d’épouvante bien rendu. Une réussite pour cette suite atypique !

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Cinéma, #Fantastique, #Horreur, #Thriller

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Publié le 6 Août 2020

L'EPOUSE MAL REVEILLEE de Erle Stanley Gardner

Et voici de nouveau Perry Mason occupait sur une complexe affaire ! Les bases juridiques sont d’ailleurs assez complexes à appréhender (bon, le droit c’est jamais facile) mais l’intrigue, elle, reste basique : Scott Shelby a décidé de réaliser une bonne affaire immobilière au détriment d’un millionnaire. Ce-dernier l’invite cependant sur son bateau afin d’en discuter. Perry Mason, intéressé à l’affaire, se retrouve également présent à cette petite ballade fluviale normalement sans histoire. Or Shelby tombe à l’eau, apparemment abattu d’une balle de révolver. Son corps disparait dans l’eau tandis que son épouse est surprise une arme à la main. Perry Mason flaire une entourloupe : pour lui Shelby a maquillé sa mort dans le but de disparaitre avec sa maitresse. Il enquête avec sa secrétaire Della Street et son ami le détective Paul Drake. Le trio semble sur une bonne piste mais celle-ci, au final, ne mène nulle part, si ce n’est à accuser une jeune femme d’être la maitresse et complice de Shelby. Cette dernière contre-attaque et réclame à Mason 250 000 dollars de dommages et intérêts…

Encore un récit plaisant concocté par un romancier étiqueté « de gare » et qui, pourtant, s’était attiré les louanges de Raymond Chandler en son temps. Et c’est vrai que Gardner possède une forme de génie, celle de toujours donner envie de continuer la lecture : chapitres ultra courts, prédominance des dialogues, format resserré (moins de 200 pages), rebondissements nombreux,… la forme ne change guère d’un bouquin à l’autre : une première partie consacrée à présenter l’affaire, une deuxième à l’enquête et un troisième acte au tribunal où notre détective / avocat favori se lance dans ses effets de manche coutumiers interrompus de vigoureuses « objection votre honneur ! ».

Gardner se sert de sa propre expérience juridique pour cuisiner ses récits et livre une nouvelle fois un roman divertissant, facile, bien rythmé et efficace, avec suffisamment de twists pour maintenir l’intérêt jusqu’à sa conclusion. Bref, de la bonne vieille littérature estivale à savourer sur la plage ou dans son jardin.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Golden Age, #Policier, #Roman de gare, #Whodunit

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Publié le 3 Août 2020

LE SULTAN DES NUAGES de Geoffrey A. Landis

Finaliste du Prix Nebula et lauréat du Sturgeon dans la catégorie « roman court », LE SULTAN DES NUAGES s’intéresse, en une centaine de pages, à la colonisation de la réputée infernale et invivable Vénus. Pour s’y établir les Hommes se sont installés dans des villes flottantes sous la domination de  Carlos Fernando Delacroix Ortega de la Jolla y Nordwald-Gruenbaum, jeune homme (environ 12 ans en années terrestre) décidé à trouver une compagne (via le rituel de l’œuf, du livre et de la pierre qui l’autorise à courtiser) et à accélérer la « terraformation » de la planète.

Ecrivain rare et peu publié chez nous, Geoffrey A. Landis a pourtant obtenu pas mal de prix pour ses nouvelles (Asimov, Hugo, Nebula, Locus, Analog,…). Son œuvre traduite se résume a peu de chose mais on trouve deux de ses récits dans les vénérables anthologies « Asimov présente » publiées début des années ’90 chez Pocket. Le texte proposé ici rappelle d’ailleurs les textes de l’âge d’or de la science-fiction, lorsque Clarke imaginait des univers complexe ou qu’Asimov pensait les habitations futures des hommes réfugiés dans LES CAVERNES D’ACIER. Un parfum quelque peu rétro plane donc sur ce court roman.

En effet, LE SULTAN DES NUAGES constitue une plaisante novella qui fonctionne davantage sur les idées que sur les péripéties ou sur l’action : l’auteur prend le temps de nous décrire les curieuses villes volantes vénusiennes et s’attarde longuement sur la pratique du mariage, divisé en « haut mariage » et « bas mariage ». En résumé, un jeune homme épouse une femme plus âgée qui va « l’initier » puis, une fois vieux, il prendra à son tour une jeune épouse pour perpétuer les traditions à la manière d’une « tresse ». L’intrigue mélange donc un côté « hard science » dans ses idées (sans que l’on soit englouti de considérations techniques), quelques touches cyberpunk (pour la prise de pouvoir des mégacorporations et les détails scientifiques), d’anticipation philosophique (au sens large puisque le héros se voit confronté à des modes de vie étrangers et, comme l’aurait dit Farmer, à des « rapports étranges » entre les sexes) et de « sense of wonder » (par cet environnement complètement hostile et pourtant fascinant). Cependant, le tout reste léger : on sent que la ligne narrative constitue un simple prétexte à approcher un environnement et des modes de vie profondément différents. On peut d’ailleurs s’étonner de la réaction du héros qui, confronté aux « mariages tressés » a une réaction bien peu scientifique en les assimilant immédiatement à de la perversion sexuelle, pour ne pas dire à de la pédophilie institutionnalisée. Il est d’ailleurs surprenant qu’il n’ait pas une connaissance, même sommaire, de cette coutume avant de se rendre sur Venus. Passons sur cette facilité narrative qui permet au lecteur de la découvrir en même temps que le principal protagoniste.

Solide et agréable, LE SULTAN DES NUAGES rappelle quelque peu (aussi étonnant que cela puisse paraitre) le dessinateur François Schuiten : l’intrigue proprement dite reste anecdotique et sert simplement de fil conducteur à une exploration très précise des particularités architecturales (et dans une moindre mesure sociétales) d’un univers étonnant. Le grand plan de l’antagoniste se montre d’ailleurs quelque peu survolé et la conclusion, expédiée en deux pages, démontre si besoin que l’important était ailleurs.

Malgré ces bémols, LE SULTAN DES NUAGES demeure une novella agréable et globalement réussie qui permet de passer une ou deux heures d’évasion pour un divertissement intelligent et dans l’ensemble convaincant. Un bon moment si on accepte de fermer les yeux sur les quelques défauts du récit.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Hard Science, #Roman court (novella), #anticipation, #science-fiction

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