Publié le 30 Octobre 2020

SHERLOCK HOLMES ET LE FANTÔME DE L’OPERA de Nicholas Meyer

Scénariste, réalisateur et écrivain américain né en 1945, Nicholas Meyer est connu pour son excellent film de science-fiction « C’était demain » et pour deux très bons volets de la franchise Star Trek : le préféré des fans (« Star Trek II ») et l’inventif et nostalgique « Star Trek VI ». Il a également écrit plusieurs romans mettant en scène Sherlock Holmes dont LA SOLUTION A 7%, qu’il a lui-même adapté avec le plaisant « Sherlock Holmes attaque l’Orient Express » réalisé par Herbert Ross. Voici donc sa troisième contribution au monde en constante expansion des « pastiches holmesiens » qui, comme le titre l’indique, voit le fameux limier confronté au non moins célèbre Fantôme de l’Opéra.

Après avoir simulé sa mort (dans un épisode complètement fantaisiste aux chutes de Richenbach), Sherlock Holmes, dissimulé sous une identité factice, donne des cours de musique à Paris. Il réussit également à se faire engager comme violoniste au prestigieux Opéra Garnier, réputé hanté, dirigé par Gaston Leroux.

Comme d’autres pastiches, le roman est réputé « authentique » ou « canonique » au sens où il s’agit encore une fois d’un inédit retrouvé miraculeusement et qui tente d’apporter une lumière sur cette période dite du Grand Hiatus où Sherlock est supposé mort. L’ensemble fonctionne de manière sympathique en accentuant le côté feuilletonesque du récit, à la manière des romans populaires d’antan. Il ne faut donc pas attendre de ce SHERLOCK HOLMES ET LE FANTÔME DE L’OPERA une véritable fidélité au canon holmésien : l’enquête est assez relâchée, Sherlock lui-même apparait assez différent de son « incarnation » traditionnelle et la déduction en elle-même n’est guère pratiquée. Nous sommes plus dans un hommage distancé, quasiment parodique, visant à orchestrer la rencontre de Sherlock et du Fantôme de l’Opéra à la manière des vieux films style « Frankenstein rencontre le loup-garou » dans lesquels les personnages sont triturés pour les besoins de la cause et de la confrontation. Cela dit, le roman, loin d’être inoubliable, demeure divertissant et sa pagination réduite évite les longueurs (bien qu’il soit un peu long à démarrer et que les nombreuses notes de bas de page s’avèrent parfois inutiles).

Si on espérait davantage de ce duel entre deux grandes figures de la littérature populaire, SHERLOCK HOLMES ET LE FANTÔME DE L’OPERA se laisse lire sans ennui. Après de (trop ?) nombreux affrontements entre le limier de Baker Street et Jack l’Eventreur, cette variation apporte une certaine fraicheur pas déplaisante.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Historique, #Policier, #Sherlock Holmes

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Publié le 9 Octobre 2020

PIERRE SACREE de Craig Dirgo & Clive Cussler

Craig Dirgo a lancé, avec BOUDDHA, la saga « Oregon » en collaboration avec Clive Cussler (dont l’implication réelle dans les livres « coécrits » avec d’autres n’est pas claire). Cette série de techno thrillers maritimes constitue un spin-off de la série phare de Cussler consacrée à Dirk Pitt. Les principes sont d’ailleurs communs : on débute par un prologue historique puis on se recentre sur une énigme / aventure avec, ici, pour principal protagoniste Juan Cabrillo, capitaine d’un navire de combat ultra moderne, l’Orégon, déguisé en vieux cargo décati, et membre d’une Corporation de mercenaires défenseurs de la liberté et du mode de vie occidental. Comme toujours Clive Cussler en personne effectue un « caméo dans son propre rôle » mais cette apparition reste anecdotique, à croire que Dirgo souhaitait cocher chaque « case » du parfait petit roman estampillé « Cussler ».

L’intrigue de ce deuxième volet des « Oregon » se montre inutilement compliquée sur des prémices simples : la découverte d’une météorite renfermant un virus potentiellement mortel qui pourrait servir à fabriquer une bombe sale. D’un côté des terroristes islamistes veulent atomiser Londres durant un concert d’Elton John, de l’autre le père d’un soldat mort au Moyen-Orient aimerait pulvériser la Mecque durant le pèlerinage annuel. A Juan et sa bande d’empêcher les destructions massives, ce qui nous donne une loooooooooongue (double !) course poursuite pour neutraliser les deux menaces.

Apparemment tout cela n’est pas très complexe (depuis OPERATION TONNERRE le principe n’a pas fondamentalement changé) mais Dirgo souhaite manifestement épaissir son bouquin pour atteindre les 500 pages qui semblent la norme des techno thrillers actuels. D’où une profusion de personnages (une cinquantaine), une multiplication des descriptions, des sous-intrigues et de nombreux voyages pour dépayser le lecteur toujours dans cette ambiance entre James Bond, Tom Clancy et Indiana Jones.

Résultat des courses, en dépit d’une multitude de chapitres courts se terminant régulièrement en cliffhangers et de changements de points de vue incessants (une technique bien rodée des « page turner » à l’américaine), le roman devient rapidement lassant et plus fatigant que passionnant. Régulièrement, l’auteur annonce le destin tragique d’un protagoniste (« il n’allait pas vivre un jour de plus ») mais le suspense ne prend pas, l’action patine et le déroulement du dernier tiers (l’attentat projeté contre la Mecque) ressemble beaucoup trop à l’attentat envisagé à Londres pour ne pas épuiser les plus indulgents.

Après près d’une trentaine de « Cussler », pour la plupart bons voire excellents, PIERRE SACREE constitue une terrible déception : plat, banal, sans intérêt et, pour le dire clairement, mauvais. La « collaboration » entre Cussler et Dirgo en resta là, un signe qui ne trompe pas.

En résumé : non recommandé !

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Technothriller

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Publié le 7 Octobre 2020

LE JUGEMENT DE CESAR de Steven Saylor

La saga des « Mystères de Rome » se poursuit avec ce neuvième volume (auquel s’ajoute trois préquelles).  Nous sommes en 48 avant JC, époque d’une guerre ouverte entre les partisans de César et ceux de Pompée le Grand Général. Bethesda, la femme de Gordianus, dit le Limier, souffre d’une maladie mystérieuse et souhaite retourner dans sa ville natale d’Alexandrie. En Egypte Gordianus retrouve son ennemi, Pompée, qui a fuit après sa défaite à Pharsale. Il sera décapité. César, à son tour, arrive à Alexandrie et arbitre la rivalité existante entre le Pharaon Ptolémée et sa sœur Cléopâtre. Une tourmente politique qui emporte Gordianus…

Si les premiers volumes de la série ressortaient totalement du « policier historique », l’aspect policier s’est estompé au fil des romans. Ici, le meurtre survient aux ¾ du bouquin pour être résolu une soixantaine de pages plus loin. Il s’agit d’un crime quelque peu impossible, un empoisonnement d’une amphore qui tue une jeune goûteuse, semant la confusion dans les relations entre César et Cléopâtre. Le seul auteur possible semble être Méto, le fils (désavoué) de Gordianus également compagnon de campagne (et de lit) de César. Gordianus a donc, cette fois, un intérêt personnel pour résoudre le crime : il propose une première explication en apparence valable mais qui se révèle finalement fausse puis une seconde. Bref, le « policier » ne représente qu’une portion fort congrue de l’ensemble du livre.

Les amateurs de « whodunit ? » risquent donc de ne pas être comblés par ce tome mais les fans de romans historiques, eux, se délecteront de l’ambiance décrite, celle du basculement de Rome qui vit les derniers moments de la République et s’apprête à passer entre les mains toutes puissances de César. Gordianus, qui a côtoyé des personnalités comme Cicéron et reste un républicain, ne peut que se désoler de voir l’avènement de l’Empire. Il pourra aussi renouer avec son fils adoptif qui s’est, pour sa part, résolument engagé aux côtés de César même s’il commence à questionner ce choix.

Le décor égyptien permet également de sa familiariser avec la vie quotidienne à Alexandrie et nous éclaire encore sur les mœurs des Pharaons. Comme toujours, Saylor entremêle les faits historiques, la grande Histoire, aux petites aventures de ses personnages, à la petite histoire, et se montre instructif dans sa relation des événements survenus voici deux millénaires et que nous ne connaissons, généralement, que par le biais des films « péplums », en particulier, dans le cas qui nous occupe, via les images du « Cleopâtre » avec Liz Taylor.

Peut-être moins prenant que les premiers épisodes de la saga, lesquels s’appuyaient sur une enquête policière plus ample et solide, LE JUGEMENT DE CESAR demeure un plaisant roman historique, divertissant et instructif, qui prolonge les aventures de l’attachant Gordianus et de sa petite famille.

 

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Historique, #Policier

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Publié le 1 Octobre 2020

LA CABANE DE L’AIGUILLEUR de Robert Charles Wilson

Premier roman de Robert Charles Wilson (publié en 1986), devenu un des auteurs les plus primés et respectés de la SF du XXIème siècle, LA CABANE DE L’AIGUILLEUR ressort certes de la science-fiction mais s’inscrit encore davantage dans la chronique sociale historique à l’époque de la Grande Dépression.

Recueilli par sa tante, Liza Burack, à la suite de la mort de sa mère, le jeune Travis Fisher débarque dans le village de Haute Montagne au début des années ’30. En dépit de la situation économique difficile, l’endroit semble relativement épargné et la vie y suit son cours entre le travail à la fabrique de glace, les sorties romantiques et l’influence de l’Eglise. Pourtant, à l’étage de la maison, une jeune femme, Anna Blaise, vit en recluse, hébergée par les Burack, et dont l’identité réelle reste mystérieuse.

LA CABANE DE L’AIGUILLEUR est un roman intimiste, centré sur une poignée de personnages vivant dans un bled perdu des années ’30. A cette chronique d’une petite ville durant la Dépression, l’auteur ajoute quelques éléments périphériques comme l’histoire d’une poignée de vagabonds menés par un étrange individu surnommé L’Os. Son histoire, forcément, rejoindra celle des principaux protagonistes durant les derniers chapitres.

Wilson, dès la préface, avertit qu’il s’agit d’un « roman de jeune homme », bourré d’imperfections mais important, et qui contient, déjà, une partie de ses thèmes ultérieurs comme la confrontation avec l’étrange et l’étranger. Un thème classique de la science-fiction comme du fantastique, LA CABANE DE L’AIGUILLEUR pouvant se classer dans ces deux genres même si l’aspect « surnaturel » est finalement peu présent. On pourrait également le rapprocher des œuvres de Ray Bradbury dans lesquelles l’atmosphère prédomine sur l’action et qui utilisent le « fantastique » (au sens large) pour pointer du doigt les problèmes, pour la plupart réalistes et terre-à-terre, de leurs « héros ».

Le romancier, même débutant et âgé d’à peine 30 ans, maitrise déjà l’art du dialogue et brosse des personnages intéressants dénués de clichés, une caractéristique qui se retrouvera dans ses œuvres ultérieures. Bref, LA CABANE DE L’AIGUILLEUR s’avère plaisant et agréable, aidé par une longueur restreinte qui évite la dispersion. Cependant, il s’agit d’une première œuvre et il comporte quelques défauts excusables, le romancier n’ayant pas encore atteint sa pleine mesure. Les admirateurs de Wilson n’y retrouveront pas, non plus, l’aspect vertigineux et cosmique de SPIN ou LES CHRONOLITHES : l’ambition est ici plus réduite et le bouquin beaucoup plus intimiste et ramassé. Ce n’est pas un défaut en soi mais cela peut désappointer ceux qui ont découvert l’auteur avec ses livres ultérieures. Une chouette curiosité, sans plus ni moins.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Historique, #science-fiction

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