Publié le 28 Septembre 2018

DANS LA MAISON DU VER de George RR Martin

Martin a écrit ce court roman au milieu des années 70. Depuis, sa notoriété s’est incroyablement accrue, ce qui explique de le voir édité chez Pygmalion, dans un format semblable à la collection « Une heure lumière » du Belial. Cependant il est également possible de trouver le texte dans la réédition du recueil LES ROIS DES SABLES.

Le récit, de 135 pages, mélange une fantasy sombre à un fantastique poisseux teinté d’épouvante, dans la tradition des précurseurs que furent Howard et Lovecraft. Nous suivons ainsi le principal protagoniste, Annelyn, dans des cavernes sombres où rodent les grouns. Ce héros, accompagné de ses amis Riess et Groff, va, pour se venger d’une humiliation du Viendard, s’enfoncer dans l’obscurité.

En peu de pages, Martin plante son décor, celui d’une civilisation à l’agonie, un monde malade qui se dirige vers sa fin. L’essentiel du récit sera donc constitué par cette partie de cache-cache dans les souterrains, face à l’inconnu et à l’obscurité. Un thème classique (revisité par des films comme « Alien » ou « The Descent ») qui laisse la part belle à l’atmosphère et à l’angoisse. On note aussi ce culte étrange au Grand Ver, ce monarque marqué par la décadence (un petit côté DUNE peut-être ?) et on se laisse prendre au jeu de cette novella agréable, riche en suspense et en scènes claustrophobes. Une lecture plaisante pour qui souhaite aborder un auteur majeur de l’imaginaire sans en passer par sa monumentale saga du TRONE DE FER.

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Publié le 26 Septembre 2018

SVASTIKA (LES MONDES DE LA TERRE CREUSE TOME 1) d'Alain Paris

Voici le premier tome d’une monumentale uchronie contée par Alain Paris durant les années ’90. Le thème de la victoire nazie est, depuis (entre autres) FATHERLAND, SS GB, SVASTIKA NIGHT et LE MAITRE DU HAUT CHÂTEAU, un des classiques du genre. Généralement, ces romans se situent quelques années après la victoire du Reich mais ici, intelligemment, Alain Paris débute son récit huit siècles après l’avènement du Premier Empereur et son triomphe contre le Khan Stalline. La technologie s’est écroulée, le monde est retourné à un stade quasi médiéval avec quelques éléments plus « modernes », notamment de majestueux dirigeables qui, immanquablement, confèrent au roman un (très léger) parfum steampunk. Selon les scientifiques, la civilisation vit sous la surface de la terre (ce qui explique le sous-titre général de la saga, « les mondes de la terre creuse ») suite à une apocalypse ayant ravagé la planète. Les événements des siècles passés se sont modifiés, devenant légendaires et s’intégrant à une nouvelle mythologie dans laquelle se mélangent un Hitler déifié et les faits d’armes de chevaliers, comme Siegfrid, vainqueur du dragon. Alors que Manfred IV s’apprête à célébrer le huit centenaire du Reich, les dignitaires attendent le retour du Premier Empereur. Ce véritable messie reviendra d’entre les morts pour reprendre sa couronne et mener ses troupes, terminant un Reich de mille ans avant de lancer une nouvelle ère qui, peut-être, concernera la conquête des « autres terres ». Des mondes que l’on peut atteindre en passant par les pôles selon les explorateurs au service de l’Empire. Pendant que chacun ressasse ces « rêves de violences et de fureur », une délégation se rend au Khelsteinhaus, le nid d’aigle de l’Empereur. Pour avoir refusé les avances de sa belle-mère, Arno von Hagen sera dénoncée par celle-ci comme un traitre. Condamné à la disgrâce il sera dépouillé de ses biens et vendu comme esclave tandis que le reste de sa famille sera massacrée. Bien sûr, Manfred IV n’est pas dupe, il sait que tous ces hommes sont innocents mais il laisse néanmoins la police politique de la Sainte-Vehme accomplir son œuvre afin de briser toutes velléités de révolte.

Dans ce premier tome, Alain Paris plante le décor et annonce une suite qui sera, forcément, marquée par la vengeance. En dépit de cette mise en place (qui occupe donc la quasi-totalité du roman !), SVASTIKA reste passionnant et se dévore rapidement : le romancier développe une belle uchronie mâtinée d’aventures et d’intrigues politiques proches de la Fantasy.

Une belle réussite et un final donnant immédiatement l’envie de poursuivre la lecture avec le second volet de cette immense saga.

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Publié le 24 Septembre 2018

LE MEDIUM A PERDU SES ESPRITS de Peter Lovesey

Peter Lovesey, né en 1936, débute sa carrière en écrivant, en 1969, LA COURSE OU LA VIE, qui remporte le concours du premier roman policier de l’éditeur McMillan/Panther. Dans cette enquête située à l’époque victorienne apparait le sergent Cribb, lequel reviendra dans huit romans et donnera lieu, en 1988, à une série télévisée de la BBC. Publié en 1975, LE MEDIUM A PERDU SES ESPRITS constitue la sixième aventure du sergent.

Fin du XIXème siècle. La mode, dans la bonne société londonienne, consiste à organiser des séances de spiritisme. Le sergent Cribb et son fidèle adjoint, l’agent Thackeray, sont chargés d’enquêter sur des cambriolages commis à l’encontre d’aristocrates. Ces deux vols furent commis durant des séances. Fait curieux, les objets dérobés avaient peu de valeur alors que les demeures cambriolées recélaient des pièces bien plus couteuses. Serait-ce l’œuvre d’un amateur débutant se demande le sergent ? Peu après, l’étoile montante des médiums, le séduisant Peter Brand, accepte de se soumettre à un test scientifique visant à démontrer ses talents : il devra invoquer les esprits en gardant les mains posées sur les poignées d’une chaise légèrement électrifiée. S’il détache une seule seconde les doigts, l’appareillage électrique enregistrera une fluctuation du courant et prouvera l’existence d’une supercherie. La séance se déroule de belle manière, sous l’œil sceptique de scientifiques, et divers phénomènes inexplicables se produisent durant la soirée. Brand aurait toutes les raisons de se réjouir… s’il n’était pas mort pas électrocuté sur la chaise soit disant parfaitement sûre. Les esprits auraient ils jouaient un tour mortel au jeune homme ? Le sergent enquête et découvre rapidement que Brand était un charlatan…ce qui n’explique aucunement la manière dont on a pu l’assassiner.

Plaisant petit policier historique mettant en scène le sergent Cribb (six de ses aventures furent traduites en français) LE MEDIUM A PERDU SES ESPRITS constitue un whodunit classique mais bien mené avec une touche de fantastique apparent finalement expliqué dans la tradition de John Dickson Carr mais en moins complexe. Le crime « impossible » se verra résolu de manière rationnelle par le brave sergent au terme d’une enquête sympathique qui permet, par la bande, d’esquisser une vue générale de la vie et des mœurs dans l’Angleterre de la fin du XIXème siècle, en plein boom des recherches spirites.

Cet agréable Lovesey saura donc satisfaire les amateurs de romans policiers classiques et d’énigmes historiques.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Policier, #Whodunit, #Impossible Crime, #Historique

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Publié le 21 Septembre 2018

CONAN LE CONQUERANT (L'HEURE DU DRAGON) de Robert E. Howard

Il existe tellement de choses autour du personnage de Conan (romans apocryphes, bandes dessinées, films, jeux, séries télé, etc.) qu’il semble judicieux de retourner au texte original de Robert Howard. Dans ce vaste corpus Conan est loin d'être un barbare belliqueux et un peu stupide comme on se plait à le caricaturer.

CONAN LE CONQUERANT constitue également le seul roman du cycle, celui où le Cimmerien perd son trône puis le retrouve...On attend toujours la version ciné promise depuis des années puisque le texte aurait dû servir de base au troisième film de la saga, après « Conan le barbare » et « Conan le destructeur ». Comme rien ne se perd dans le petit monde du cinéma le script envisagé sera par la suite remanié pour « Kull le conquérant ».

Dans cet épisode, Conan est chassé de son trône d’Aquilonie et se retrouve enfermé dans les cachots de Tarascus, accompagné de son terrible magicien ressuscité Xaltothum. Pour que Conan retrouve son trône il devrait s’emparer d’un joyau légendaire, le Cœur d’Ahriman. Le barbare, après s’être évadé, part donc en quête de l’artefact.

En environ 250 pages, Robert E. Howard propose une grande aventure, une quête épique dont le seul défaut est, aujourd’hui, d’avoir été reprise, voire copiée par d’innombrables épigones. Mais ce roman, republié dans l’intégrale Bragelonne dans sa version originale non altérée (par Sprague de Camp et Lin Carter que l’on salue toutefois pour avoir permis à ses textes de croitre en popularité), demeure une pierre angulaire de la Fantasy épique et violente. Conan, personnage bien plus nuancé et intéressant que le grand public ne le croit généralement, trace sa route, rencontre divers protagonistes souvent peu recommandable mais également sa future reine. Pirate parti de rien devenu roi et retombé ici à l’état de prisonnier, le fier Cimmérien reprend les armes et part à la reconquête de son royaume. Créatures surnaturelles, magie maléfique, combats grandioses,…Par Crom on en redemande !

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Aventures, #Golden Age, #Fantasy

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Publié le 19 Septembre 2018

L'HOMME QUI MIT FIN A L'HISTOIRE de Ken Liu
L'HOMME QUI MIT FIN A L'HISTOIRE de Ken Liu

Dans un proche avenir deux scientifiques, le Chinois Evan Wei et son épouse d’origine japonaise Akemi Kirino, parviennent à mettre au point une machine à voyager dans le temps. Mais ces déplacements temporels sont soumis à diverses restrictions : on ne peut retourner qu’une seule fois à une époque donnée et il est impossible de modifier les événements. Cette invention va notamment permettre à Evan Wei de lever le voile sur certains des plus sombres secrets de l’Histoire. Ainsi, la machine sert à prouver les exactions de l’Unité 731, dirigée par le général Shiro Ishii, à l’encontre des Chinois : expérimentations humaines, tortures, massacres divers. L’Unité 731 est responsable de près d’un demi millions de morts mais le gouvernement japonais ne reconnut son existence, du bout des lèvres, qu’en 2002. Avec la machine à voyager dans le temps plus moyen de nier…Du moins en théorie car, en réalité, la disparition des informations oblige à admettre comme unique vérité le témoignage d'une personne, souvent peu neutre car en lien avec les victimes de ces crimes de guerre. De plus, cela anéantit en quelque sorte certain pans de l'histoire qui ne seront plus jamais accessibles aux « observateurs ». Il faudra dès lors admettre un unique rapport comme vérité. En voulant œuvrer pour le plus grand bien, Evan Wei met ainsi un terme à l’Histoire.

Avec ce court roman, Ken Liu frappait un grand coup et récoltait une pluie de prix dont le Hugo et le Nebula. Sous-titré en anglais « a documentary », la novella, en une centaine de pages, adopte les manières d’un documentaire (ou d’un documenteur) et intègre dans sa narration témoignages, extraits de journaux, sites web, compte rendus divers, sondages ou documents gouvernementaux, associé à des avis de quidams convaincus (ou pas) par le procédé. Tout cela compose une vision à la fois froide et horrible des exactions de l’unité 731. Les amateurs de cinéma déviant se souviennent du très éprouvant « Camp 731 » et de ses diverses suites beaucoup plus outrancières mais la plupart des lecteurs ne connaissent probablement pas cette unité japonaise responsable d’incroyables atrocités durant les années ’30 et ’40.

Ken Liu, en présentant un panel de témoignages de descendants des victimes, interroge rapidement sur les notions de neutralité historique. L’invention du voyage temporel, supposé rendre la vérité accessible à tous, rend au contraire les témoignages recueillis sujets à caution et, rapidement, des voix dissidentes ou carrément négationnistes s’élèvent.

Avec ce texte, Ken Liu frappe très fort mais s’abstient de jugement véritable, en véritable ordonnateur de ce documentaire historique il livre des informations et ouvre des pistes de réflexions. Bref, en une centaine de pages le romancier livre un véritable classique instantané et fait mieux que bien des pensums beaucoup plus longs. Un tour de force !

L'HOMME QUI MIT FIN A L'HISTOIRE de Ken Liu
L'HOMME QUI MIT FIN A L'HISTOIRE de Ken Liu

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Publié le 17 Septembre 2018

LA MAISON DES HOTES de Jean Sargues

Un ermitage perdu, dans les Pyrénées et non loin de la frontière espagnole. Reconverti en maison d’hôtes il accueille une poignée de touristes désireux de s’isoler durant quelques jours loin des tracas de la société. Pour accroitre le sentiment de tranquillité l’unique accès, une grille, est fermé chaque soir. Les hommes peuvent ainsi jouer aux cartes et les femmes se reposer. Pourtant, c’est dans cette maison qu’un inconnu meurt abattu d’un coup de pistolet. Nul ne le connait, nul n’a pu tirer le coup fatal. Alors comment, dans cet environnement clos, le mystérieux visiteur a-t-il été tué ? D’autant qu’en réalité il semble établi que l’inconnu ait en réalité succombé quelques heures plus tôt…d’un coup de poignard ! Un journaliste, Sargent, mène l’enquête et les soupçons se portent rapidement sur le gardien, Belcanto, et la cuisinière, Rose. Mais personne ne peut expliquer comment l’assassin aurait pu procéder.

Ecrivain oublié, le Français Jean Sargues a publié au Masque, en 1941, cet excellent whodunit doublé d’un howdunit du plus bel effet : une galerie de personnages très bien typés, un cadre original, des suspects à la pelle, une enquête minutieuse et un très beau crime impossible n’ayant rien à envier aux cadors du genre comme John Dickson Carr. L’explication finale, très astucieuse, semble évidente (tous les indices ont été distillés au fil des pages) mais peu de lecteurs pourront sans doute découvrir le fin mot de l’histoire avant les derniers chapitres. Du très bel ouvrage !

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Publié le 13 Septembre 2018

OPERATION OPALE (ARTEMIS FOWL 4) d'Eoin Colfer

Quatrième volet de la saga pour adolescents (mais pas que !) ARTEMIS FOWL, ce nouvel épisode nous permet de retrouver la fée Opale Koboï, laquelle avait voulu exterminer les Forces Armées de Régulation et les Fées Aériennes de Détection (ou FARFADET) dans le deuxième tome de la série, MISSION POLAIRE. Koboï, depuis, est plongée dans le coma. Or il s’agit d’une ruse et deux de ses associés la libèrent avant de la remplacer par un clone. Koboï, comme toujours, souhaite se venger d’Artemis Fowl, lequel a perdu ses souvenirs de l’existence des fées. Suite à une machination, Koboï réussit également à faire accuser Holly Short du meurtre de Julius Root. En fuite, la jeune elfe retrouve Artemis et lui rend sa mémoire afin de contrer les agissements de Koboï.

Un bon tome  qui relance l’action après l’effacement de la mémoire d’Artemis, remettant sur sa route sa vieille adversaire Opale Koboï, toujours aussi déterminée. A l’image de la saga Harry Potter, les aventures d’Artemis Fowl  gagne en gravité au fil des tomes, celui-ci proposant, par exemple, la mort d’un des personnages principaux dont se voit accusé Holly. Les rapports entre les protagonistes s’étoffent eux aussi et les plans machiavéliques d’Opale deviennent de plus en plus dangereux puisqu’elle envisage ni plus ni moins qu’une guerre totale entre les humains et le petit peuple.

Bien ficelé, joliment écrit et toujours aussi rythmé, avec la dose requise d’action, de merveilleux, de retournements de situation et de surprises, la saga « Artemis Fowl » constitue un incontournable de la Fantasy pour les jeunes (et les moins jeunes). Un tome dans la lignée des précédents, à savoir amusant, divertissant et rondement mené. Très plaisant !

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Aventures, #Jeunesse, #Fantasy

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Publié le 10 Septembre 2018

ALASTOR 2262: TRULLION de Jack Vance

L’amas d’Alastor compte des milliers de monde. Jack Vance se propose de nous en faire explorer trois au travers d’autant de romans.

Le premier que nous découvrons, Trullion, abrite le peuple des Trills, à la vie simple. Leurs principaux ennemis sont le peuple aquatique des Merlings, les nomades Trevanys et les pirates de l’espace, surnommés les Etoiliers, qui enlèvent régulièrement quelques notables pour demander des rançons. On note aussi les exactions d’une étrange tribu, le Peuple Laid, et les attentats commis par les fanatiques religieux de la Fanscherade.

La passion des Trills reste la Hussade, un sport assez étrange (compromis entre le football américain et le rugby) où la victoire s’acquiert en dénudant complètement la mascotte virginale de l’équipe adverse. Glinnes va devenir un joueur de Hussade afin de récupérer son domaine familial, vendu par son frère Glay qui a rejoint les rangs de la Fanscherade.

Comme souvent avec la science-fiction des seventies, le roman reste sous la barre des 250 pages, ce qui n’empêche pas Vance de déployer son imagination afin de créer un monde riche et cohérent. Nous sommes en plein « Planet Opera » avec différents peuples, des ennemis mystérieux, des alliances et des trahisons, des combines, etc. L’auteur décrit également différents fanatismes, des cultes religieux et même, comme ici, un sport aux règles bizarres, la Hussade. On peut d’ailleurs regretter le nombre trop important de pages consacré aux parties de cette compétition saugrenue où il s’agit avant tout de dénuder la vierge de l’équipe adverse. Néanmoins, la seconde partie du récit, davantage portée sur l’aventure, fonctionne mieux et multiplie les révélations, retournements de situations et autres coups de théâtres pour maintenir l’intérêt du lecteur.

Ce premier roman de la trilogie « Alastor », joliment écrit avec un style enlevé et imagé, constitue donc un honnête divertissement mais ne peut prétendre rivaliser avec les plus belles réussites de Vance.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #science-fiction, #Space Opera, #Jack Vance

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Publié le 8 Septembre 2018

DESIRS CRUELS de Michel Pagel

Michel Pagel, alors à ses débuts, signe ce roman dans la collection Anticipation du Fleuve Noir.

Roman ? Pas vraiment puisqu’il reprend le principe de Schéhérazade (ici rebaptisée Marilith et qu’on devine immédiatement maléfique) pour nous conter quatre récits liés par un fil conducteur quelque peu artificiel mais plaisant (et plus ou moins imposé par l’éditeur frileux sur les recueils de nouvelles, une « astuce » également utilisée par l’auteur pour son excellente uchronie ORAGES EN TERRE DE FRANCE).

Anticipation ? Absolument pas ! Nous sommes ici dans le pur fantastique horrifique. Marilith, une jeune voleuse, s’introduit (par hasard ?  Sans doute pas mais nous en saurons  davantage à la fin du livre) dans la propriété d’un écrivain agonisant qui souffre de la page blanche. Celui-ci demande à la demoiselle de lui conter des histoires afin qu’il puisse les écrire et, par ricochet, retrouver sa jeunesse et sa vigueur, notamment sexuelle.

Les récits sont de styles variés : le premier, « Rosie », est dédié à Richard Nolane et S.K. Sheldon et concerne une auto stoppeuse, le second traite d’une « île des révélations » où se joue un combat biblique entre le Bien et le Mal. « Les mains de Farah Yole », dédicacé à Clive Barker, montre l’enquête d’un journaliste voulant interviewer l’artiste peintre Farah Yole. Il découvrira le secret de ses créations…

Enfin, « La ballade du Luna Park », ultime nouvelle (la plus longue et la plus maitrisée) rappelle quelque peu Stephen King ou Ray Bradbury. Pagel imagine une véritable « foire des ténèbres » moderne où se croisent divers individus dont un dragueur invétéré épris d’une femme pouvant se changer en gorille. Une suite d’événements horribles vont, dès lors, se succéder. Une nouvelle dédicacée à Roland C. Wagner dans laquelle Pagel s’amuse à reprendre les divers pseudonymes de l’écrivain pour nommer ses protagonistes.

Proche des bandes dessinées horrifiques à la TALES FROM THE CRYPT et manifestement inspiré par les classiques LIVRES DE SANG de Barker, ce recueil (ensuite repris dans le plus vaste ensemble de la « Comédie inhumaine ») constitue une très agréable lecture, vivement conseillée aux amateurs de nouvelles fantastiques ne lésinant pas sur l’horreur et une dose d’érotisme parfois trouble.

Très réussi !

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Publié le 6 Septembre 2018

ORAGES EN TERRE DE FRANCE de Michel Pagel

Publié au Fleuve Noir cette uchronie se déroule dans un monde proche du notre mais dans lequel la Guerre de 100 ans s’est prolongée au point de devenir la Guerre de 1000 ans…

Les oppositions entre la France et l’Angleterre, essentiellement basées sur la religion, répercutent les positions divergentes du Pape et de l’archevêque de Canterbury. En dépit du véto religieux un jeune scientifique aide un vieil inventeur à fabriquer des machines volantes. Le télé évangéliste Frédéric d’Arles anime l’émission la plus regardée de la télévision, « Confessions directes », mais sa notoriété finit par devenir gênante pour les hautes instances qui délèguent une tentatrice pour le conduire au péché. Pendant ce temps, sur le front, des machines ressuscitent brièvement les morts pour alimenter en zombies les armées qui s’entretuent depuis un millénaire.

Si les quatre histoires proposées sont intéressantes, la dernière est sans doute la plus réussie. Elle aurait d’ailleurs pu se voir décliner en roman : on y croise des Français, des Anglais, une aristocrate zombifiée membre de l’Internationale Athée, deux psychopathes, des débrouillards du marché noir, etc.

En peu de pages, Michel Pagel propose quatre récits qui forment un tout cohérent mais, collection « anticipation » oblige, ne peuvent développer réellement un background pourtant très réussi. Ainsi, le lecteur apprend que si la seconde guerre mondiale a bien eu lieu, la révolution française a avorté et la monarchie s’est maintenue. De son côté, la technologie s’avère différente et pourtant proche de celle développée dans notre réalité. Certains choix sont d’ailleurs peu expliqués : si on admet l’interdit frappant les avions, difficile d’accepter que les chefs religieux autorisent le rappel des morts à la vie pour combattre. Mais ce ne sont que des broutilles, le roman (ou les quatre nouvelles imbriquées) étant très efficace et démontrant une réelle originalité, d’une part en raison de la « divergence historique » choisie (cela change des victoires nazies uchroniques) et d’autre part car l’auteur choisit de s’intéresser davantage aux petites gens (soldats, scientifiques, etc.) plutôt qu’aux puissants.

De la belle uchronie !

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