Publié le 30 Avril 2021
Depuis des décennies un des grands classiques du comics consiste à nous présenter le futur, genre « dans 20 ans voici ce qui adviendra ». Or ce futur n’est jamais rose. Il est même souvent carrément sombre. En voici une nouvelle preuve avec cet arc en six parties de la Justice League. La planète a été dévasté, les héros se sont entretués, la toute puissante Souveraine règne sur un monde détruit dont elle traque les rares survivants. Alors, comme toujours, les héritiers de la Justice League, les enfants des héros que nous connaissons, voyagent dans le temps pour éviter l’apocalypse.
Chez Marvel, le classique « Days of Future past » et le plutôt convaincant « Age of Ultron » nous ont habitué à ces récits à la façon de « Terminator » qui nous martèlent, au final, que le futur n’est pas écrit. Dernièrement, nous avons vu débarquer le Tim Drake du futur dans Gotham afin de prévenir une catastrophe prochaine. Bref, la ligne narrative de cette intrigue de la Justice League ne se montre pas franchement innovante mais, surprise, Bryan Hitch abandonne l’artillerie lourde de ses précédents arcs pour concocter un récit davantage axé sur la subtilité. Dès les premières pages, le lecteur se voit plongé au cœur de l’action mais sans subir le tir de barrage fatigant des tomes antérieurs. De leur côté, les « héritiers » de la Justice League s’avèrent joliment caractérisés et offrent d’intéressantes perspectives. Ils ouvrent différentes possibilités alors espérons que nous pourrons les recroiser dans de futures intrigues.
Nous avons droit à quelques surprises : Hunter, le fils de Wonder Woman, abandonné à sa naissance car il n’est pas une Amazone. Il est (ou sera) élevé par Superman et Lois, d’où son ressentiment compréhensible à l’égard de sa maman. Autre nouvelle étonnante, Jessica Cruz aura des enfants avec Barry Allen ce qui, bien sûr, rend ce dernier perplexe. Le lecteur découvre aussi Nora « Cruise » Allen, héritière des pouvoirs du Flash et les jumeaux Jenny et Jason. Ces derniers disposent des lumières blanches et noires de Green Lantern. Eldoris « Serenity » Curry est bien évidemment la fille d’Aquaman et Merra tandis que Cube, le rejeton de Cyborg, dispose d’une technologie extrêmement évoluée. Baz, pour sa part, n’a pas d’enfant et son destin semble de prendre la tête des Yellow Lantern après avoir tué Sinestro. Comme toujours cet avenir demeurera probablement hypothétique mais, au moins, cela fonctionne le temps de l’album, tout comme le look mi-homme mi-machine d’Aquaman revisité par Cyborg. L’ensemble divertit souvent, surprend parfois, pour un titre gros calibre comme « Justice League », jusqu’ici peu convaincant, c’est déjà beaucoup.
Le run de Bryan Hitch, assez décevant, se termine donc de belle manière, peut-être pas en apothéose car des défauts subsistent (le dernier chapitre parait expédié et la résolution des problèmes intervient bien trop rapidement après une efficace mise en place) mais l’ensemble gère joliment les différents personnages, reste abordable et compréhensible et alterne adroitement action et passages intimistes. Une réussite certes mineure mais appréciable.