guerre

Publié le 16 Mai 2021

L'ESPIONNE D'HITLER de Gunther Hötzendorf

La collection « Les Soudards » se voulait une déclinaison trash des romans de guerre publiés par Gerfaut et ce bouquin en constitue la démonstration évidente. Le récit s’intéresse à une certaine Eva, « nymphomane asservie à ses passions » comme le précise la couverture, bien décidée à devenir, au sein du 3ème Reich, l’équivalent des anciennes courtisanes. Autrement dit une femme qui possède le véritable pouvoir tout en laissant ses nombreux amants penser qu’ils en tiennent les rennes. Cependant, Eva va pousser le bouchon trop loin en voulant carrément impressionner Hitler : pour cela elle tourne un petit film porno amateur qu’elle expédie à Adolf. Alors qu’elle pense s’attirer ses faveurs le Furher entre en fureur. Et voilà Eva expédiée chez un médecin décidé à la guérir de son addiction sexuelle et, accessoirement, lui rendre sa virginité (au sens propre et au figuré) pour la transformer en espionne docile.

Comme pour les naziexploitations cinématographiques, le roman reprend les thèmes classiques de l’érotisme et n’est véritablement choquant, pour les fragiles, que par son contexte. En effet, le récit de l’accession au pouvoir d’une jeune fille dévergondée et de sa chute constitue un lieu commun de l’érotisme, d’ailleurs traité à la manière d’un mélodrame épicé. Situé dans un autre contexte ou à une autre époque, le bouquin n’aura guère attiré l’attention (nous sommes dans le mélo polisson façon Marion, Caroline, Marie et même Angélique) mais, évidemment, la période nazie lui donne un côté sulfureux. Se voulant éducatif, l’auteur ponctue d’ailleurs l’intrigue de notes de bas de page historiques afin de resituer les personnages, les lieux, etc. Il précise les faits « authentiques » et accrédite la thèse des Etats-Unis ayant volontairement laissé se dérouler Pearl-Harbour pour mobiliser l’opinion. Laissons ces considérations aux historiens : vraie ou fausse l’idée n’est pas mauvaise et permet une seconde partie plus axée sur l’espionnage où le bouquin plonge, enfin, dans les intrigues guerrières. L’auteur utilise également l’allemand, ce qui permet d’enrichir son vocabulaire pour les prochaines vacances. Bon, le registre sexical, euh lexical, tourne surtout autour de « suce ma grosse bite salope », mais bon, ça peut toujours servir. L’indispensable passage choc intervient lorsque l’héroïne visite un camp de concentration : elle assiste au viol barbare d’une détenue par deux prisonniers juifs rendus fous par les privations. Puis elle les abat tandis qu’un dignitaire nazi la prend par derrière. Du pur « Ilsa ». Parmi les autres scènes complètement délirantes, citons celle où la belle espionne se venge d’un agent japonais en lui tirant dans les jambes, provoquant son basculement dans une déferlante de fourmis rouges (la fameuse Marabounta qui, parfois, gronde) qui le dévorent jusque l’os.

Pour les fragiles adeptes de la cancel culture, L’ESPIONNE D’HITLER provoquera surement poussée d’urticaire et envie d’un bain chaud aux huiles essentielles mais, pour les amateurs de roman de gare dégénéré, le tout reste divertissant et constitue l’équivalent littéraire d’un « Salon Kitty » de Tinto Brass (ou d’un « SS Girls » de Bruno Mattei). Enormément de passages pornos, pas mal de tortures sadiques, quelques scènes sanglantes et une intrigue certes ténues mais pas mal ficelées font de cette ESPIONNE D’HITLER une sympathique naziexploitation.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Erotique, #Roman de gare, #Guerre, #Soudards - Naziexploitation

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Publié le 19 Avril 2021

L'HIVER DU MONDE de Ken Follett

Après LA CHUTE DES GEANTS, Ken Follett poursuit son Grand Œuvre, à savoir rédiger l’Histoire du XXème siècle en s’intéressant aux petites histoires d’une foule de personnages (le listing placé en début de roman compte quand même quatre pages !). Il reprend donc le même principe que dans le bouquin précédent, LA CHUTE DES GEANTS et permet à une poignée de protagonistes bien typés et développés de traverser la Seconde Guerre Mondiale. Tous ces personnages vont ainsi croiser des dizaines d’autres intervenants, quelques « grands hommes » historiques et assister aux événements les plus marquants d’une décennie charnière du XXème siècle, grosso modo du milieu des années ’30 à l’immédiat après-guerre.

Alors évidemment, Follett ne prétend pas écrire un traité historique mais bien un roman qui reprend les codes des feuilletons mélodramatiques. L’auteur survole certains faits, s’attarde sur d’autres et assume la subjectivité de ses choix et de ses points de vue. De plus, il recourt parfois à des coïncidences énormes pour permettre à ses héros de se rencontrer, de se quitter puis de se retrouver, souvent après plusieurs années et alors qu’ils se situaient à des milliers de kilomètres de distance. C’est un monde très très petit, semble dire Follett.

On a accusé, dans les années ’80, certains auteurs de pavés « page turner » (Stephen King, Tom Clancy, Dean Koontz et d’autres) d’abuser d’une écriture cinématographique. Ces écrivains attendaient simplement le bon cinéaste pour porter leurs œuvres sur l’écran, disait la critique médisante. Ken Follett, et ce n’est pas péjoratif, aurait plutôt dans cette saga une écriture de « série télévisée » : foisonnement, intrigues et sous-intrigues emberlificotées, retournements inattendus et cette impression de lire une histoire sans fin. Le lecteur retrouve en effet les mêmes personnages et les mêmes familles à différentes époques et il se doute que leurs destins ne s’achèvent pas à la fin de ce deuxième tome. Bref, il faudra voir la saison suivante (ou, dans le cas qui nous occupe ici, lire le roman suivant) pour boucler la plupart des intrigues. Ces dernières débutèrent, en effet, dans les premières années du siècle (et les premières pages de LA CHUTE DES GEANTS) mais ne connaitront leur aboutissement qu’avec le dernier volet, AUX CONFIND DE L’ETERNITE.

En dépit d’un côté parfois mécanique dans la narration (nos héros traversent absolument tous les événements marquants du siècle comme s’ils se trouvaient toujours au bon endroit et au bon moment), difficile de résister devant le souffle épique de ce récit. Si les grandes lignes sont évidemment connues (une petite révision historiques ne fait de toutes façon pas de mal), place à la « petite » histoire et aux aventures d’une foultitude de « héros » attachants.

En bref, L’’HIVER DU MONDE comporte quelques défauts, un manichéisme certain, une simplification assumée mais également – et c’est l’essentiel - un grand plaisir de lecture. Un roman à la fois divertissant, didactique et d’un abord aisé malgré une épaisseur affolante. Et puis l’auteur tape bien sur les communistes et, mine de rien, ça fait toujours plaisir. Recommandé.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Historique, #Guerre, #Chronique

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Publié le 26 Octobre 2018

BIGGLES DANS LA BALTIQUE de William Earl Jones

L’aviateur James Bigglesworth, dit Biggles, et ses amis Ginger, Algy et Bertie ont vécus de très nombreuses aventures, durant la Première Guerre Mondiale puis la Seconde Guerre Mondiale, sans oublier des missions effectuées en temps de paix. Créé par William Earl Jones, Biggles vit ses premiers vols en 1932 et ne s’interrompt qu’avec la mort de son auteur en 1968. Entretemps, l’aviateur ne vieillira guère, traversant les bouleversements politiques en restant toujours jeune, tel Buck Danny. Il sera également adapté en bandes dessinées et aura les honneurs d’un long-métrage en 1986.

Typique d’une littérature « pulp » ou populaire, Biggles est un héros, un vrai, qui n’aime pas tuer (sauf en cas d’absolue nécessité) et qui ne souffre d’aucun défaut. Biggles n’aime pas la guerre mais, puisqu’il faut la mener, l’aviateur usera de tout son courage pour défaire l’ennemi. Dans cette aventure, pas beaucoup de subtilité, pas de place pour la réflexion, seule compte l’action et cette dernière s’avère frénétique : combats aériens, attaques diverses, destructions des engins ennemis,…Le roman ne laisse jamais au lecteur le temps de souffler. Un univers forcément très manichéen quoique, parfois, William Earl Jones se laisse tenter par un soupçon d’humanisme en présentant des soldats allemands pas spécialement pressés d’aller mourir pour la patrie.

BIGGLES DANS LA BALTIQUE, en deux cent pages, synthétise tous les rebondissements possibles, toutes les péripéties attendues d’un roman de guerre et d’aventures : Biggles et ses amis défendent une petite île inhabitée, se lancent dans des missions périlleuses (pour ne pas dire suicides), détruisent des dépôts de munitions allemands, volent à l’ennemi son livre de codes secrets, s’emparent d’un avion et reviennent sains et saufs après avoir vaincu, une fois de plus, Von Stalhein, l’as des aviateurs germaniques et, accessoirement, l’éternelle Némésis de Biggles. Qui finira par devenir plus tard son ami. Mais ce sera pour plus tard, bien après la guerre.

A la fin du bouquin, le lecteur - pratiquement lessivé - se demande comment Biggles pourrait accomplir des exploits plus incroyables encore dans le prochain. Nul doute que, magie de la littérature, il y parvienne pourtant. Bref, BIGGLES DANS LA BALTIQUE reste l’assurance d’un divertissement viril des plus plaisants pour quiconque (et surtout les plus jeunes) apprécie un mélange de guerre, d’aventures aériennes et d’espionnage. Biggles c’est un peu l’ancêtre de Bob Morane, James Bond et Buck Danny en un seul personnage, l’archétype du héros invincible et immaculé de la littérature jeunesse militariste et propagandiste du début du XXème siècle. Une vraie « tête brûlée » comme papy toujours prêt à lancer son avion au milieu des coucous pilotés par les adversaires du monde libre. Et, étonnamment (ou pas ?), le tout tient encore très agréablement la route après 80 ans.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Biggles, #Aventures, #Espionnage, #Jeunesse, #Guerre

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