Publié le 30 Octobre 2022

EN PLEIN COEUR de Louise Penny

Première aventure pour l’inspecteur Armand Gamache. Louise Penny, devenue la nouvelle reine du cosy mystery, nous emmène dans une petite ville tranquille du Québec, Three Pines. Il ne s’y passe jamais rien, ou presque. Cependant, un jour d’automne, un couple gay est agressé par trois individus masqués. Une vieille dame, Jane Neal, s’interpose. Quelques temps plus tard cette dernière postule à une exposition locale de peinture et son œuvre, qui divise beaucoup le jury, est finalement acceptée. Rien ne laisser donc supposer sa mort, le jour de l’Action de Grâce, d’une flèche en plein cœur. Accident de chasse ou meurtre ? A Armand Ganache de résoudre le mystère.

Cette première énigme démêlée par le héros récurrent de Louise Penny prend son temps. L’inspecteur avance par petites touches, s’imprégnant de l’atmosphère de cette petite communauté du Canada. Il est aidé par Jean-Guy Beauvoir, son adjoint, et la pataude Yvette Nichol qui essaie de montrer bonne figure mais gaffe plus souvent qu’à son tour.

Débat linguistique typiquement canadien, petit bled où l’on s’ennuie, tour pendable des voyous locaux, exposition de peinture censée marquer le côté culturel de l’endroit,… L’auteur nous dépeint les mentalités des protagonistes, les mesquineries de cet environnement campagnard, le monde du tir à l’arc (et les différences entres les flèches et les arcs utilisés pour la chasse ou le sport). Les personnages sont bien campés mais souvent stéréotypés, beaucoup ne sont pas franchement sympathiques (certains sont même complètement antipathiques), ce qui ajoute un côté réaliste au récit. Quoique nettement plus moderne que les whodunit de l’âge d’or, l’intrigue verse souvent dans la caricature. Le couple gay apparait ainsi comme le prototype des homos branchés, cultivés et spirituels ayant quittés la grande ville pour se ressourcer à la campagne. Mais ils chantent quand même « It’s raining men » en duo. Le flic, de son côté, semble détaché et ses réactions laissent parfois songeur. Les dialogues se veulent ainsi teintés d’ironie mais le lecteur peine à trouver tout ça réellement amusant. Yvette Nichol, elle, apparait comme maladroite mais pleine de bonne volonté. Or chaque tentative d’aider dans l’enquête aboutit à des remarques désobligeantes souvent injustes de Gamache. Bizarre.

L’enquête, elle, est correcte mais souffre de nombreuses longueurs et redondances. Tout avance lentement et beaucoup de détails censés épaissir le récit finissent par le rendre pénible. Le roman aurait sans doute pu être dégraissé d’une centaine de pages sans en souffrir aucunement, bien au contraire ! Bien qu’on ait envie de terminer le roman pour connaitre le fin mot de l’histoire on s’ennuite un brin dans ses pérégrinations canadiennes.

Louise Penny est souvent présentée comme la « reine du crime » du XXIème siècle et l’héritière spirituelle d’Agatha Christie. On ressort donc de cette lecture peu convaincu…souhaitons que les romans suivants de la série soient plus réussis.


 

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Cosy Mystery, #Policier, #Whodunit

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Publié le 28 Octobre 2022

SUICIDE SQUAD TOME 1: TÊTES BRULEES d'Adam Glass

Premier recueil de la Suicide Squad, période New 52, daté du début des années 2010 et publié en français pour accompagner la sortie du médiocre (premier) film.

D’une main de fer, Amanda Waller dirige une belle bande de criminels hétéroclites choisis parce qu’ils ont passé avec succès un test bien barbare (dans les premières planches). Du coup, le meilleur assassin du monde, Deadshot, voisine avec la toujours cinglée Harley Quinn, un El Diablo en quête de rédemption, le monstrueux King Shark, etc. L’ensemble, au point de vue scénaristique, n’évolue pas beaucoup d’une intrigue à l’autre : après la création de l’équipe, on implante une mini bombe dans le cou de chacun des membres de la Squad pour les expédier direct sur le terrain. Après tout ce sont des criminels irrécupérables alors autant qu’ils servent à quelque chose.

Dès lors les intrigues adoptent un ton assez proche d’un croisement entre « Mission Impossible » et les « Douze Salopards ». De l’action, des vilains de seconde zone aisément sacrifiables et forcément sacrifiés (avec des giclées de sang pour rendre le tout plus cool), un rythme soutenu qui ne laisse pas le temps de souffler (dès qu’une mission se termine nos « héros » sont envoyés combattre ailleurs) et un humour très sarcastique. Bref, du nihilisme rigolo : nos méchants ne reviennent pas vivants du récit, à l’exception des stars maisons (Deadshot et Harley) qui, eux, s’en sortiront forcément à chaque fois.

D’une aventure à l’autre, l’équipe se renouvelle tranquillement, on rappelle même Captain Boomerang pour ajouter un nom connu au « générique » mais, dans l’ensemble, il ne faut pas s’attendre à de vraies surprises dans cette histoire. Quoique les auteurs misent sur les coups de théâtre, les morts inattendues et les cliffhangers, la prévisibilité reste la norme, sachant que les « stars » ne peuvent périr et que seuls les vilains ringards connaitront un sort sinistre.

De plus, après une centaine de pages, les redondances commencent déjà à rendre le tout très linéaire. Certains passages étonnent un peu mais pas dans le bon sens du terme : malgré sa folie envers le Joker, Harley se la joue ultra-sexe et se jette littéralement sur un Deadshot qui n’en demandait pas tant. Cela aura par la suite (dans le tome 2) des conséquences. La deuxième histoire de ces TETES BRULEES se focalise d’ailleurs sur notre Harley (vroum vroum !) qui tente de récupérer le visage arraché de son poussin. On explore également, mais sans doute un peu trop rapidement, la transformation de la psy introvertie en psychopathe sous l’influence du Joker.

A l’image du (premier) film « Suicide Squad », cette série joue la carte du « trop plein » et de l’outrance, avec une certaine subversion de pacotille plaquée sur une histoire qui, finalement, exploite assez peu le côté « criminels » de nos anti-héros. Seuls King Shark se montre amusant avec sa manie de bouffer tout ce qui passe à portée de ses mâchoires. Le côté brutal est, lui aussi, finalement peu assumé : beaucoup de morts certes mais seulement chez les « chemises rouges » comme on dit dans « Star Trek ».

Au niveau des dessins, partagés par une demi-douzaine de dessinateurs, ils sont inégaux et pas toujours très réussis, bref dans une « moyenne basse ». Rien de honteux mais un manque d’homogénéité quelque peu problématique et aucune chance que le lecteur ne s’arrête longuement sur une case pour l’admirer. A l’image du tome dans son ensemble, les dessins « font le job » mais ne laissent pas de souvenirs marquants. Avouons néanmoins que le cliffhanger final titille la curiosité et pousse à la lecture de la suite. Mais sans enthousiasme excessif…

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Rédigé par hellrick

Publié dans #BD, #Comic Book, #DC, #DC Comics, #Superhéros

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Publié le 25 Octobre 2022

TOO DEAD FOR LOVE de Crazy Crüe

La collection Karnage se poursuit, en digne héritière de Gore. Elle se montre même, peut-être, plus variée au niveau des thèmes abordés par les auteurs francophones ici rassemblés. Ainsi Crazy Crüe rend hommage au heavy glam / sleaze / hair / FM Rock / Metal du milieu des années ’80. Cette démarche rappellera aux lecteurs de Gore le sympathique CLIP DE SANG de Christian Vila. Mais, ici, la manière de procéder se montre nettement plus référentielle. En effet, l’auteur use et abuse avec bonheur d’un name-dropping immédiatement évocateur pour les amateurs de ce courant musical.

Motley Crüe, W.A.S.P, Cinderella, Poison, Twister Sisters, Guns & Roses, Ratt, Quiet Riot, « même Bon Jovi » sont conviés à la fête, sous la tutelle des ancêtres Hanoï Rock et Kiss et le regard bienveillant du Maître Suprême Alice Cooper (« nous ne sommes pas dignes ! »). Entre présentation des musiciens zombifiés, paroles de chansons et références à la glorieuse époque où le glam régnait sans partage sur MTV, le roman rappelle à nos bons (hum !) souvenirs les fameuses campagnes assimilant cette musique à un vacarme satanique (pourtant, on ne parle pas de Venom ou Deicide ici) et les autocollant « explicit lyrics » apposés à la hâte sur les albums.

L’argument ? Une épidémie sexuellement transmissible, un vilain virus mortel refilé aux stars de la musique rock qui tombent comme des mouches. Les coupables ? Des groupies lobotomisées à la suite des discours d’un gourou évangéliste comme l’Amérique en a le secret. Une partie des contaminés décèdent, dans de grandes explosions de tripailles façon « Street Trash », les autres deviennent des sortes de zombies putréfiés à la bite à moitié décomposée. Beaucoup sont touchés mais l’auteur nous cligne de l’œil avec un Mick Mars bien vivant mais qui parait plus mort que ses comparses. Ou un Rob Halford qui se chope le virus alors qu’on connait ses préférences. Les deux interviews du groupe fictif Royal Mercury qui ouvrent et ferment le roman sont, elles aussi, bien fun pour le fan de glam.

Le roman ne se perd pas en digressions inutiles et file à l’essentiel avec le quota requis de sexe et de gore. Toutefois, rien de malsain ici, plutôt un rappel du gore déjanté et rigolard du milieu des années ’80, période propice à « Re-Animator », « Toxic Avenger », etc. L’écriture se montre efficace et jamais bâclée sans verser dans la « grande littérature qui se regarde le nombril ». L’auteur cherche (et trouve) la bonne manière de raconter cette histoire déjantée qui se termine sur une note amusante. Bref, avec TOO DEAD FOR LOVE le lecteur s’amuse et passe un bon moment, en particulier s’il aime les chevelus drogués des eighties.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Gore, #Horreur, #Humour, #Karnage, #Musique

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Publié le 23 Octobre 2022

HOUSTON, HOUSTON, ME RECEVEZ-VOUS? de James Tiptree Jr

Cette célèbre novella (qui valut le Hugo et le Nebula à James Tiptree Jr) s’intéresse à trois astronautes mâles de retour vers la Terre. Alors qu’ils essaient de contacter Houston, nos voyageurs de l’espace entrent en communication avec quelques femmes et se rendent compte qu’ils ont effectué un bond dans le temps. Les voici projeté quelques trois cents ans dans l’avenir. Avec l’aide des femmes, nos astronautes entreprennent de modifier leur trajectoire pour se diriger, en toute sécurité, vers le plancher des vaches. Mais, rapidement, ils se rendent compte qu’on leur cache quelque chose…

James Tiptree Jr dissimule en réalité Alice Sheldon, témoignage d’une époque où la science-fiction comptait peu d’auteurs féminines. Tiptree / Sheldon se distingua surtout par de nombreuses nouvelles (« Comme des mouches » obtient par exemple le Hugo dans cette catégorie) et quelques novellas ou romans courts réputés comme UNE FILLE BRANCHEE (lui aussi gagnant du Hugo), LA SEULE CHOSE A FAIRE (Locus) ou ce HOUSTON, HOUSTON ME RECEVEZ-VOUS, sans doute son œuvre la plus célèbre qui remporta le Hugo, le Nebula et l’éphémère Prix Jupiter.

Le récit, mené à bon rythme par sa brièveté, n’est sans doute pas franchement surprenant (le lecteur devine assez rapidement les tenants et aboutissants de l’intrigue), mais se suit néanmoins avec intérêt et fonctionne avec une efficacité éprouvée. Assez précurseur, ce court roman présente une société matriarcale, traite de la violence masculine, évoque les problèmes environnementaux et questionne la place de la religion. Le tout en 150 pages. Comme quoi il n’est pas toujours nécessaire d’étirer une intrigue sur plusieurs tomes pour accoucher d’un bouquin à la fois divertissant et intelligent. Il est amusant de noter que le livre, d’abord taxé d’outrancièrement machiste (à l’époque où il était signé James Tiptree Jr) pour son discours voyant les Hommes comme des prédateurs sexuels insatiables, se trouve à présent encensé par les féministes qui font d’Alice Sheldon un fer de lance de l’anti-masculinisme radical. Qu’importe les interprétations ou le sous-texte du récit, l’ensemble constitue simplement du bel ouvrage devenu un classique de la science-fiction ! A redécouvrir.

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Publié le 21 Octobre 2022

100% STARS WARS TOME 10 – LA FUITE de Kieron Gillen

Contient Star Wars (2015) #56-61.

Et hop, la Rébellion continue de panser ses plaies après la désastreuse bataille qui a en quelque sorte tué l’espoir (cf. le tome précédent). Alors que faire ? Bah se retrouver sur une planète paumée pour s’y reposer un tantinet. Du coup Leia prépare la suite, Han attend qu’elle l’invite à entrer dans sa chambre (lorsque le moment arrive enfin le contrebandier est déçu…la princesse n’avait pas les mêmes idées en tête) et Luke conte un brin (mais pas trop) fleurette à une autochtone. Il y a aussi quelques combats complètement gratuits contre des bestioles monstrueuses, quelques notes d’humour mais dans l’ensemble c’est plat et pas très palpitant. En fait, il ne se passe pas grand-chose, à tel point que le scénariste rapatrie une fois de plus la (soi-disant) troupe d’élite des Scar, des super combattants qui font une nouvelle fois de la figuration. On note cependant moins de manichéisme que dans les épisodes précédents, notamment avec ce personnage qui affirme « qui peut savoir quand la République a disparu et quand l’Empire a commencé ».

Les dessins sont, dans l’ensemble, plutôt bons, ce qui change de ce que chiait (désolé n’y a pas d’autre mots) Larroca depuis bien trop longtemps.

N’empêche que tout cela ne donne pas vraiment envie de poursuivre (même si le final nous y encourage) car on reste une fois de plus dans l’anecdotique et le sans conséquence. L’univers « Star Wars » parait tellement cadenassé que toute surprise semble bannie, au point que l’on peut certes apprécier la balade (les comics restent, dans l’ensemble, tous agréables et plaisant), mais sans aucune réelle passion. Finalement ce sont ceux consacrés à DOCTOR APHRA, personnage original ne devant rien à la saga cinéma, qui demeurent les plus intéressants.

Bref, une petite pause s’impose dans la saga.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #BD, #Cinéma et TV, #Comic Book, #Star Wars, #Space Opera

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Publié le 20 Octobre 2022

LES IMPLACABLES de Louis l'Amour

Spécialiste du western, Louis l’Amour (1908 – 1988) en a écrit des dizaines dont un bon paquet furent adaptés au cinéma, notamment « Hondo » qui lui valut une nomination à l’Oscar. Le clan des Sackett constitue une de ses sagas les plus notables, riche d’une vingtaine de tomes dont seuls quatre furent traduits en français. L’écrivain y suit les aventures d’une famille très élargie (on croise un Sackett à tous les coins de rue, pire que dans les Terres du Milieu !) dans l’Ouest. Publiée sur vingt-cinq ans, la saga fut également adaptée en série télévisée en 1979.

LES IMPLACABLES, dixième volume, peut très bien se lire indépendamment. Nous y découvrons William Tell Sackett, en route avec sa jeune épousée Ange, dans les régions inhospitalières de l’Arizona. Partant en reconnaissance, William Tell laisse sa femme dans son chariot. Lorsqu’il revient, le chariot est brûlé et l’épouse décédée. William Tell se fait également tirer dessus et échappe à la mort par miracle. Mais on ne s’attaque pas à un Sackett impunément. A quarante contre uns, les salopards n'ont aucune chance, le jeu n’est vraiment pas égal.

Avec son intrigue classique, LES IMPLACABLES avance à un rythme soutenu. D’abord isolé, William Tell est bientôt rejoint par divers membres du clan Sackett qui prennent les choses en main. La vengeance se règle à coup de révolver et de Winchester mais, également, de manière plus subtile. En effet, la plupart des tueurs à gages engagés par les méchants ont été trompés et prennent le héros pour un assassin. Les Sacketts leur feront comprendre leur erreur, laissant le champ libre à William Tell pour le duel final.

En deux cents pages, l’écrivain ne déçoit pas : un premier tiers façon survival au cours duquel le héros est traqué de toutes parts, un second tiers où la situation s’inverse et, enfin, un dernier acte dans lequel les Sackett s’unissent pour permettre une résolution satisfaisante.

Rythmé, efficace, plein de dialogues ne lésinant pas sur les punchlines (le genre de répliques qu’un John Wayne ou un Clint Eastwood aurait aimé prononcer en mâchonnant un cigarillo), des descriptions succinctes qui donnent au roman son parfum western par petites touches bien dosées mais sans ralentir le récit,…Une lecture enthousiasmante qu’on a du mal à lâcher !

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Western

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Publié le 17 Octobre 2022

UN CADAVRE DANS LA BIBLIOTHEQUE d'Agatha Christie

Douze ans après L’AFFAIRE PROTHEROE qui marquait la première apparition de Jane Marple, la vieille dame revient pour une deuxième enquête écrite en 1941. Comme le précise Christie dans sa préface, la découverte d’un cadavre dans une bibliothèque constituait, déjà, un cliché éculé du roman policier. L’auteur s’attaque à cette convention en plaçant un corps dans la propriété du riche Arthur Bantry. La victime est inconnue de tous et Miss Marple se voit invitée à résoudre l’énigme. Bientôt, il apparait qu’il s’agit de Ruby Keene, danseuse au cabaret Majestic. Un certain Conway Jefferson s’en était récemment entiché au point de la considérer comme sa fille adoptive… au désespoir du gendre et de la belle-fille de Conway.

Classique, UN CADAVRE DANS LA BIBLIOTHEQUE reste un des Christie les plus connus, justement par son jeu sur les clichés du whodunit, et apparait fréquemment dans les « top » consacrés à Marple. Pourtant, le roman possède quelques défauts évidents : la solution du mystère et le truc utilisé par le meurtrier apparaissent relativement évident pour les amateurs du genre (il a déjà été – et sera par la suite encore – fréquemment utilisé) tandis que les méthodes de Marple laissent perplexes avec sa manière de toujours se référer à des événements survenus dans son village. Ses techniques sont plus intuitives et moins mécaniques que celles de Poirot même si le déroulement de l’enquête, avec ses indices successifs et ses retournements de situation, fonctionne de belle manière. Comme souvent dans les « Marple », l’héroïne n’apparait qu’au début et à la fin du récit, laissant l’essentiel de l’investigation à la police officielle qui, bien sûr, patauge dans la semoule. C’est donc, après de nombreux tâtonnements, à Marple de boucler l’enquête (et le récit) dans les dernières pages. Les personnages secondaires, eux, manquent un peu d’épaisseur et apparaissent souvent stéréotypés, sans doute en partie pour se conformer aux conventions du whodunit, ici proches du pastiche.

Les révélations finales, évidemment tarabiscotées à souhait, ne sont pas toujours pleinement convaincantes en raison de la complexité de la machination élaborées mais participent, quelque part, au charme de ces romans d’énigme constituant de véritables « jeux » avec le lecteur. Pour finir, UN CADAVRE DANS LA BIBLIOTHEQUE manque un peu de nerf ou de réelle originalité pour être une vraie réussite mais l’ensemble reste plaisant et hautement divertissant si on accepte les règles du genre. Pas le meilleur « Marple » mais une lecture toutefois fort agréable.

 

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Agatha Christie, #Golden Age, #Policier, #Whodunit

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Publié le 14 Octobre 2022

ARSENE LUPIN CONTRE HERLOCK SHOLMES: LA LAMPE JUIVE de Takashi Morita et Maurice Leblanc

Revoici le gentleman cambrioleur embarqué dans une abracadabrante intrigue au cours de laquelle il croise à nouveau le chemin de son plus grand ennemi, le détective privé Herlock Sholmes. Le meilleur limier d’Angleterre, flanqué de son adjoint Wilson, a décidé de mettre hors d’état de nuire Lupin. Bien sûr, ce combat de Titans s’annonce difficile. L’Anglais est ainsi convié par un riche baron à résoudre une affaire de cambriolage apparemment simple. Evidemment, Sholmes comprend rapidement que tout est plus complexe qu’il n’y parait. Pendant ce temps, l’inspecteur parisien Ganimard, découragé, s’apprête à baisser les bras, convaincu de la supériorité de Lupin. Mais Sholmes, lui, refuse de se laisser abattre. Il identifie la jolie gouvernante Alice comme la complice du cambrioleur et essaie de la contraindre à avouer son crime. Toutefois, il se trompe sur la nature de l’affaire…

Le premier volume des adaptations « manga » de Lupin se montrait plaisant mais souffrait d’une théâtralité quelque peu forcée qui trahissait ses origines sur les planches. Ce deuxième volume, toujours épais de 250 pages, est plus mouvementé et énergique. Nous voyageons de Londres à Paris en compagnie d’un Sholmes forcément décalqué de qui-vous-savez. L’enquête avance gentiment tandis que Lupin reste tapis dans l’ombre durant les trois quarts du récit, manipulant son monde comme à son habitude. Il apparait finalement sur une barque isolée sur la seine afin de s’entretenir avec son rival dans une lutte d’esprit.

Ce manga nous replonge plus d’un siècle en arrière, au temps des premiers pastiches du détective de Conan Doyle. Pour des raisons de droits, Maurice Leblanc transforma avec humour le nom de Sherlock Holmes, utilisé dans les premiers chapitres du roman, en Herlock Sholmes. Le mangaka reprend donc cette anagramme humoristique pour son adaptation. Le personnage reste toujours aussi hautain et parfois antipathique mais guidé par sa logique. Il assène, une fois de plus, qu’il ne devine jamais, « je déduis, ce sont les imbéciles qui devinent ».

Enlevé et charmant, avec une belle reconstitution du Paris des débuts du XXème siècle, le manga s’avère efficace et agréable. L’intrigue opère un mélange d’humour, d’aventure et de mystère bien dosé. L’intrigue s’avère en outre plus solidement charpentée que dans le premier volume et les invraisemblances moins criantes quoique Lupin aime toujours se donner en spectacle. Plus que l’argent que lui rapporte les vols, effectués à la manière d’un Robin des Bois moderne, il joue et s’amuse, se moque gentiment des forces de l’ordre et apprécie son affrontement mental avec son égal, Sholmes, qu’il appelle « maître ». Le personnage est intéressant, passant d’un être logique et calculateur à un doux-dingue aux réactions presque enfantines. Sholmes, lui-aussi, alterne le froid détachement de l’homme d’esprit avec des colères foudroyantes. La rencontre entre le génie du crime et le prince des détective produit donc les étincelles attendues.

Les dessins, eux, sont bons, les décors bien rendus et les personnages efficacement croqués (quoique le côté elfique de Sholmes avec ses oreilles pointues paraisse étrange). Dans l’ensemble, la mise en page est dynamique, plus nerveuse que dans le premier tome.

Bref, ce bon recueil permet de s’initier à l’œuvre de Maurice Leblanc de manière détournée mais fidèle.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Arsène Lupin, #BD, #Manga, #Parodies et pastiches, #Policier, #Sherlock Holmes

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Publié le 12 Octobre 2022

DOCTOR WHO ET LE CERVEAU DE MORBIUS de Terrance Dicks

Cinquième épisode de la treizième saison de Doctor Who (période « classique »), LE CERVEAU DE MORBIUS devait s’inspirer des histoires de robots à la Asimov. Mais cette idée du producteur Philip Hinchcliffe, mal comprise, est reprise par un Terrance Dicks qui souhaite, pour sa part, une variation sur FRANKENSTEIN. Dicks et Robert Holmes écrivent donc un récit gothique dans la tradition de l’épouvante anglaise à la Hammer. Dicks souhaite mettre en scène un criminel, Morbius, dont le corps est reconstitué par son assistant à partir d’éléments extraterrestre. Holmes transforme cet assistant, au départ un robot, par un savant fou, Solon, et son serviteur Condo, dans l’esprit des films de la Universal. Désappointé, Dicks refuse de signer l’intrigue, crédité de « Robert Bland ». Novélisé en 1977, le roman est ensuite publié dans une collection éphémère parrainée par les Bogdnavov qui servent simplement de prête-noms, alors en pleine gloire grâce à Temps X.

Dans LE CERVEAU DE MORBIUS, le Quatrième Docteur et Sarah Jane se retrouvent sur une planète inhospitalière confrontée à un savant fou dans un hommage appuyé à la Hammer et la Universal, agrémenté de quelques clins d’œil à « Planète Interdite ». L’intrigue est très réussie et le romancier parvient à étendre l’ampleur du récit sans devoir se limiter par des contraintes budgétaires. Il ajoute donc divers éléments et remanie quelque peu l’histoire tout en restant globalement fidèle à l’épisode. Ceux qui ont visionné la version télévisée argueront sans doute que ce petit bouquin vite écrit et vite lu n’apporte pas grand-chose mais, parfois, se replonger durant deux heures dans le monde délirant de Doctor Who reste une occupation plaisante.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Cinéma et TV, #Doctor Who, #science-fiction

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Publié le 10 Octobre 2022

SANS PASSER PAR LA CASE DEPART de Camilla Lackberg

Cette novella d’une centaine de pages donne l’occasion de découvrir la Suédoise Camilla Lackberg, devenu une valeur sûre du polar scandinave. L’intrigue, simple, se déroule durant le réveillon de fin d’année dans un quartier huppé de Stockholm. Quatre amis, deux filles et deux garçons, ont décidés de passer la soirée ensemble et picolent pendant que leurs parents font la fête dans la maison voisine. Très vite, ils s’ennuient. Heureusement, un Monopoly traine par là. Du coup ils se lancent dans une petite partie mais pimentent les règles en y ajoutant des « actions ou vérités ». Evidemment, la bonne ambiance ne tarde pas à se dégrader et la situation dégénère, de secrets dévoilés en gages idiots.

L’auteur nous décrit tout d’abord les quatre protagonistes. Martina, la très populaire bimbo aux milliers de followers qui part vomir aux toilettes après la moindre bouchée de nourriture. Liv, qui cache de lourds secrets, vit dans l’ombre de Martina et boit un peu trop. Max, la petite star, sûr de lui. Il sort évidemment avec Martina, un vrai couple idéal pour bal de fin de promo. Reste Anton. Un type légèrement en décalage par rapport à ses amis plus friqués qui aime raconter des blagues bien lourdes sur Liv.  

Peu à peu, dans la seconde partie du (court) livre, les choses s’emballent : les jeunots commencent à humilier les « petites gens » (un livreur de pizza, une serveuse chinoise,…) puis s’asticotent entre eux. De petits gages en secrets dévoilés, ils se rendent compte que leur vie n’est pas aussi idéale qu’ils essaient de le faire croire. De plus, ils ont tous un compte à régler avec leurs parents : des alcooliques, des infidèles et même pire. Et l’engrenage fatal et criminel se met à tourner, jusqu’à la conclusion…libératrice. Bonne année quand même !

Une lecture efficace et bien huilée, à la construction relativement attendue et linéaire mais capable toutefois de surprendre. En effet, le lecteur ne s’attend sans doute pas aux événements qui se déroulent durant les dernières pages. Si le thème (action ou vérité qui dégénère) n’est pas neuf dans la littérature l’idée reste plaisante et bien exploitée. Le Monopoly demeure cependant un simple prétexte et le côté ludique peut-être insuffisamment exploité. Mais ce n’est pas très grave : avec ce format court pas le temps de s’ennuyer.

Un récit dégraissé qui fonctionne à l’efficacité pure et se lit d’une traite pour profiter de l’effet « boule de neige » des événements décrits et du crescendo des actes commis par les « héros ». On passe donc un bon moment avec cette novella efficace et sans prétention.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Polar, #Roman court (novella)

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