Publié le 30 Mars 2022

COMMENT ECRIRE DE LA FICTION ? de Lionel Davoust

Courant aux Etats-Unis, les livres de conseils pour « écrire de la fiction » ne sont pas nombreux en France. Le pays souffre, selon l’auteur (et il a surement raison) d’un complexe vis-à-vis de la théorie de l’écriture. Pour beaucoup, dans nos régions, on « est » écrivain ou on ne l’est pas. Autrement dit, le romancier a, par chance, vu se pencher sur son berceau les bonnes fées de l’inspiration, de la technique narrative et de la réussite commerciale. Inutile d’essayer d’écrire quelque chose de valable si les muses ne vous ont pas chatouillé l’oreille. Pourtant, comme le précise l’auteur, on accepte d’un guitariste qu’il travaille sa technique, qu’il fasse ses gammes et même qu’il essaie d’imiter les plus grands. L’écrivain, au contraire, se doit de naitre génial. Ce court livre remet donc en perspective pas mal d’idées reçues et propose quelques conseils assez généraux plein de bon sens et de pertinence. Il sépare, notamment, les adeptes du plan détaillé (les architectes) de ceux qui écrivent pratiquement au fil de la plume (les jardiniers) et invite le lecteur à se positionner. Sur de nombreux sujets, l’auteur interpelle donc son « élève » à la manière d’un prof et l’invite à envisager telle ou telle voie. Les chapitres sur les différents points de vue possibles et les temps à privilégier sont particulièrement pertinents. Les exemples choisis, courts et précis, permettent au lecteur de comprendre les positions exprimées par l’auteur. Des exemples souvent tirés des littératures de l’imaginaire d’ailleurs (Star Wars, Lord of the rings, Game of thrones, James Bond, Doctor Who, etc.) et la plupart du temps agrémenté d’une touche d’humour ce qui rend la lecture de ce guide plaisante. Mais les principes s’appliquent à tous les genres, y compris les bouquins sentimentaux.

En 192 pages, n’espérez pas le guide ultime et parfait susceptible de transformer n’importe qui en pondeur de best-sellers. En réalité, Davoust explore surtout la manière dont un roman est construit, prenant l’exemple des personnages, de l’intrigue (« une histoire ce sont des gens intéressants qui veulent quelque chose et c’est compliqué »). Plus qu’un précis pour apprendre à écrire, Davoust montre comment la plupart des romans sont structurés. Ce n’est pas tout à fait la même chose. Disons qu’on a un peu l’équivalent d’un « making of » et non pas le plan Ikea dont certains rêvaient peut-être.

Cependant, les conseils dispensés s’avèrent suffisamment judicieux pour, au minimum, donner envie de réfléchir aux apprentis écrivains sur les raisons de leurs pages blanches. Dommage que l’auteur se sente obliger de recourir à cet infâme charabia d’écriture inclusive, tous ces points médians merdiques donnant envie de passer le texte au correcteur orthographique. Un comble pour un livre sur la littérature !

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Essai

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Publié le 28 Mars 2022

DOCTOR WHO: LA MOISSON DU TEMPS d'Alastair Reynolds

Fer de lance de la hard SF et du nouveau space opéra (avec Peter Hamilton et Stephen Baxter), Alastair Reynolds s’empare du Troisième Docteur pour un plaisant bouquin dans l’univers « Doctor Who ». Emprisonné depuis des millions d’années par les Seigneurs du Temps, les Sild sont libérés et, depuis la Fin des Temps, s’apprêtent à lancer un assaut contre le passé afin de réécrire l’Histoire. Sur Terre, le Docteur et les forces de UNIT sont conviés à enquêter sur de mystérieux incidents sur une plateforme pétrolière en mer du Nord. Mais, bizarrement, le Brigadier commence à perdre la mémoire concernant le célèbre Maitre, actuellement prisonnier au sein de UNIT.

Roman efficace et rondement mené, LA MOISSON DU TEMPS bénéficie du bagage de l’auteur : il crédibilise son intrigue, n’hésite pas à épaissir les personnages ou à contextualiser le récit mais recourt cependant à quelques clichés hérités de la série télévisée. Voyage dans le temps, arme formidablement puissante, paradoxes, blabla pseudo-scientifique,…Le romancier apprécie manifestement l’univers et évite de prendre de haut son sujet. N’étant pas obligé de limiter son imagination par les contraintes budgétaires et n’ayant pas à se soucier de matérialiser le tout avec des effets spéciaux rudimentaires, Reynolds joue le jeu de la démesure : guerre temporelle massive et combats nombreux. Les personnages ne sont pourtant pas oubliés : Jo Grant, le Brigadier, le Docteur et le Maitre sont bien caractérisés et les dialogues échangés par les meilleurs ennemis du monde possèdent l’intelligence et l’humour typique de la série. Jo Grant et le Brigadier jouent cependant un rôle plus secondaire, la star ici reste le Maitre, toujours fascinant, parfois touchant. Et bien sûr le Docteur qui compte toujours autant sur la chance que sur son intelligence et parvient à improviser de manière à parvenir à ses fins.

LA MOISSON DU TEMPS se montre globalement réussi, les références au background de la série sont inévitables et le roman plaire essentiellement aux fans, les autres se sentiront sans doute un peu largués. Pas grave, il s’agit clairement d’un bouquin conçu pour les amateurs de la série par quelqu’un qui la connait très bien. Et comme il s’agit d’un des auteurs les plus réputés de la SF actuelle, le Docteur est entre de bonnes mains. On peut juste regretter quelques longueurs, Reynolds se permettant de prendre son temps (un peu plus de 400 pages) alors qu’un rythme plus ramassé aurait sans doute mieux convenu. Mais rien de grave, l’ensemble reste plaisant et engageant pour une bonne lecture détente qui ne verse jamais dans la facilité.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #science-fiction, #Doctor Who

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Publié le 25 Mars 2022

STAR WARS – TOME V – LA GUERRE SECRETE DE YODA de Jason Aaron et Salvador Larroca

En guise de hors d’œuvre, ce tome nous propose l’annual BASH centré sur un nouveau personnage, Bash, une ouvrière qui refuse de choisir son camp. Les événements vont décider pour elle puisqu’elle sauve la princesse Leia et se trouve, par conséquent, obliger de rejoindre la rébellion.

Voilà une petite intrigue très classique et prévisible, avec quelques notations intéressantes quoique peu originales : pour la majorité des « petites gens » l’Empire et la Rébellion se ressemblent, ce sont deux nuisances différentes qui causent des dommages collatéraux et impactent l’existence quotidienne des simples citoyens. Le tout se lit avec plaisir mais ne renouvelle rien. Ce n’est pourtant pas désagréable et certainement bien plus distrayant que la suite.

Donc la suite, le plat de résistance (hum !), se scinde en quatre chapitres lus par Luke dans le journal du Vieux Ben. Tout de suite apparaissent les principaux problèmes de ce type de récit : il traite de Yoda mais ce dernier n’est jamais nommé (puisque le récit se situe avant l’Episode V et que Luke ne l’a pas encore rencontré) et rien n’a beaucoup d’importance…En effet, si cela avait eu de véritables conséquences, nous en aurions entendu précédemment. Cela suffit à démontrer la supériorité inévitable des récits consacrés à Aphra (ou même aux manigances de Vador) qui se détachent davantage de la ligne narratrice établie par le « canon » et permettent, forcément, de plus grandes libertés vis-à-vis de la trilogie initiale.

Ici, Yoda se retrouve sur une planète perdue. Il devient le disciple d’un gamin doté de pouvoir sur la pierre, une variante de la force que Yoda décide de maitriser sans que l’on comprenne très bien ses raisons. Pour étoffer cette intrigue rachitique, le tout propose aussi une guéguerre entre différentes tribus pas franchement intéressante. Tout part ensuite dans un grand gloubi-boulga entre science-fiction mystique et Heroic Fantasy tendance new age, un fatras indigeste complètement déconnecté de l’intrigue principale établie dans les précédents épisodes. Et puis, depuis le temps, Luke aurait pu terminer sa lecture, on parle d’un petit bouquin écrit par le Vieux Ben, pas du cycle complet de DUNE.

SI LA GUERRE SECRETE DE YODA constitue une sorte de récréation et, peut-être, un moyen pour le scénariste de s’offrir un petit plaisir à la marge des fondamentaux de la saga spatiale difficile de ne pas considérer l’ensemble comme anecdotique. Bref, un tome à réserver aux complétistes, les autres peuvent aisément faire l’impasse sur ce récit. Le problème étant que l’on peut répéter ce constat pour une (trop) grande partie des comics STAR WARS récents.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Cinéma, #Space Opera, #science-fiction, #Star Wars

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Publié le 22 Mars 2022

MORTE SAISON de Jack Ketchum

Ce roman fut d’abord publié dans la collection « Gore » dans une version largement raccourcie, passant de 280 pages aux 150 permettant de tenir dans le format de la collection. Alors titré SAISON DE MORT, le bouquin est ensuite réédité dans sa version intégrale, celle qui lui avait valu de sévères critiques au début des années ’80. Jack Ketchum, fer de lance du mouvement splatterpunk, y allait trop loin selon l’opinion des gens de bon goût. Son crime ? Avoir transposé un fait divers du XVIème siècle pour aboutir à une sorte de décalque rentre-dedans de « La colline a des yeux » mâtiné de « Massacre à la tronçonneuse ». Soit la déclinaison littéraire des « survivals » si populaires dans les années ’70 (« Survivance », « The Final Terror », « Rituals » et, bien sûr, le plus réputé et respectable « Délivrance »). Ketchum présente donc six copains s’en allant passer un week-end tranquille dans le Maine. Une fois sur place, ils tombent aux mains d’un clan de dégénérés cannibales qui entend bien les utiliser à bon escient : les femmes à la reproduction et les hommes au barbecue.

Avec MORTE SAISON, Ketchum offre un récit très classique, très gore et très cul, cependant moins malsain que son UNE FILLE COMME LES AUTRES. A l’horreur psychologique de ce-dernier, il substitue de nombreuses descriptions vomitives et une réelle sauvagerie. « Le cauchemar ne s’arrête jamais » pourrait constituer le sous-titre d’un roman qui, après une entrée en matière un brin longuette, opte dans sa seconde partie pour une accumulation de passages gore qui laisse peu de répit au lecteur. Assez linéaire, l’intrigue voit les assiégés d’abord attaqués de toutes part finirent par réagir et contre-attaquer de manière également primitive : huile bouillante, couteaux et autres armes improvisés jusqu’au final plutôt déprimant.

Bouquin d’horreur archétypal, MORTE SAISON peut quelque peu décevoir par rapport à sa réputation (surtout que ce genre de survival a été exploité jusqu’à la corde tant au cinéma qu’en littérature) mais reste un jalon important du gore et sa lecture demeure vivement conseillée pour parfaire sa culture.

MORTE SAISON de Jack Ketchum

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Gore, #Horreur, #Splatterpunk

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Publié le 20 Mars 2022

THE PIG d'Edward Lee

Quasiment inventeur de l’horreur hardcore, du splatterpunk et du pornogore, Edward Lee livre régulièrement des petits bouquins très méchants qui bousculent joyeusement les tabous. Contrairement à la plupart de ses collègues, Lee possède surtout un sens de l’humour certes tordu mais appréciable. Et une imagination suffisante pour élever ses romans au-delà du simple étalage de boucherie sexuelle. Alors, évidemment, nous sommes très loin de l’horreur « grand public » jadis publiée dans des collections de prestige comme « Terreur » ou « J’ai lu Epouvante ». Edward Lee aurait davantage eu sa place chez Gore…quoiqu’il ne soit même pas certain qu’il aurait été accepté là-bas !

THE PIG est pourtant souvent drôle (mais si !) à la manière d’un film des frères Coen. Si ces derniers, après « Fargo », avait décidé de se tourner vers le porno et l’horreur extrême nous aurions eu un métrage proche de THE PIG. Car l’écrivain nous présente une série de personnages sacrément déjantés embarqués dans une intrigue complètement horrible mais aussi loufoque.

Nous sommes dans la seconde moitié des années ’70 avec la « bande son » et les références obligées au punk. Le naïf Leonard désire percer dans la mise en scène. Son rêve ? Réaliser un grand film, quelque part « entre Bergman et Polanski avec un peu d’Hitchcock et de Fulci ». Un bon programme. Mais, suite à diverses péripéties tragi-comiques, le pauvre prend de nombreuses mauvaises décisions, passe 18 mois en prison (avec intermède sodomie inévitable) et se retrouve incapable de rembourser une grosse somme d’argent à la mafia. Comme Leonard est doué avec une caméra, le Parrain éponge sa dette à la condition qu’il tourne des films pour lui. Et voilà Leonard plongé dans le monde du porno underground : golden shower, scatologie, déformations sexuelles et toute une série d’animaux. Car la spécialité de Leonard est la zoophilie. Leonard accueille ainsi les « stars » de sa dernière production : deux junkies à la dérive et un énorme cochon. Or, ce dernier a été volé à une secte religieuse. Et il est maudit. Ce qui avait mal commencé ne peut donc qu’encore plus mal se terminer…

THE PIG s’affirme comme un bel exemple de la « méthode » d’Edward Lee : il ne cherche pas à effrayer, simplement à provoquer une réaction viscérale qui oscille entre la répulsion et le rire. Bien sûr, son humour est sacrément malsain et ce court roman (une centaine de pages) franchit joyeusement toutes les limites avec un barrage continuel de viols, tortures, scènes zoophiles et carnages en tout genre. Le tout de manière très « Grand Guignol » dans ses excès. Le dernier acte vire au fantastique pure avec l’influence du cochon maudit : après avoir été dévoré par le héros le porc de l’angoisse transforme celui-ci en un monstrueux Hulk démoniaque. Si THE PIG sera réservé aux estomacs bien accroché, THE PIG est plutôt fun à condition de suivre l’auteur dans son délire !

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Gore, #Horreur, #Humour, #Erotique, #Splatterpunk

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Publié le 17 Mars 2022

KILLER CRABS: THE RETURN de Guy N. Smith

Pour l’amateur d’horreur pulp, l’œuvre de Guy N. Smith (pléthorique) se résume souvent à ses bouquins d’agressions animales, le bonhomme ayant rendu dangereux la moindre bestiole. Si on pousse plus loin, sa carrière peut même être synthétisée en un mot : crabes ! Car Guy N. Smith touche le pactole avec NIGHT OF THE CRABS, petit classique de l’horreur anglaise publié en 1976 à la suite du séminal LES RATS de James Herbert. Par la suite Shaun Huston (LA MORT VISQUEUSE) et bien d’autres emboitèrent le pas à cette déferlante de créatures féroces. Beaucoup furent traduits chez Gore d’ailleurs. Malheureusement, NIGHT OF THE CRABS resta inédit dans la collection alors qu’il aurait pu y figurer tant sa construction s’y prêtait : personnages hâtivement brossés, certes variés mais surtout stéréotypés, attaques animales bien sanglantes sans verser dans le vomitif, scènes érotiques placées à intervalles réguliers… Difficile de faire plus conventionnels, l’auteur ayant coché avec application toutes les cases du « sexy gory pulpy novel ». Avec, avouons-le, une belle efficacité qui en rend la lecture agréable.

Guy N. Smith livra ensuite un paquet de déclinaisons de son bouquin le plus connu (et, on le suppose, le plus vendu) : KILLER CRABS, ORIGIN OF THE CRABS, CRABS ON THE RAMPAGE, CRABS’ MOON, HUMAN SACRIFICE et, en 2012, ce KILLER CRABS : THE RETURN. Ce-dernier s’apparente à un « soft reboot » qui reprend une continuité alternative débutée à partir du second roman, KILLER CRABS. Parmi les victimes de l’attaque des crustacés de 1978 figurait, en effet, le chasseur Harvey Logan. Trente-cinq ans plus tard, son fiston, Brock, reste persuadé qu’un jour ou l’autre les bestioles reviendront (ils sont restés silencieux dans cette ligne temporelle). Et il veut sa revanche.

Tous les bouquins de la saga sont en-dessous de 200 pages (celui-ci ne fait pas exception avec ses 160 pages) et l’auteur ne peut donc se permettre de trainer en route. Dès les premiers chapitres nous avons droit à une rapide scène sexy qui se conclut par la mort des partenaires bouffés par les crabes géants. Ça rappelle NIGHT OF THE CRABS ? Effectivement. Mais on ne change pas une recette qui marche et Guy N. Smith se contente donc de rejouer pour la septième (!) fois la même partition. Le procédé ne change pas : on présente rapidement les personnages (pardon les futures victimes), on observe les crabes cliqueter et on attend que coule le sang. Un grand roman ? Non ! Un bon petit bouquin qui aurait mérité une édition chez Gore (il en a exactement la bonne pagination) ? Oui ! Un classique dont on se souviendra ? Certainement pas. L’assurance de 2 ou 3 heures de divertissement ? oui !

Bref, c’est court, c’est gore, c’est fun et, surtout, c’est sans prétention (ni ambition) mais l’ensemble permet de passer un bon moment. Parfois c’est suffisant.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Gore, #Horreur, #Roman court (novella), #Roman de gare

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Publié le 14 Mars 2022

A CORPS ET A CRI de Carter Brown

Auteur australien, Carter Brown (1923 – 1985) fut très prolifique et, en particulier dans les années 60 et 70, inonda littéralement la série noire avec des dizaines de polars « de gare » aux titres en forme de jeu de mots et aux couvertures ornées de demoiselles dévêtues.

A CORPS ET A CRI constitue la quarante et unième aventure traduite du lieutenant Al Wheeler dans la ville fictive de Pine City. Une femme est retrouvée poignardée dans le Starlight Hotel. En apparence il s’agit de Virginia Reid, employée et ancienne maitresse de Mike Hardesty. Venue identifier le corps, Donna Barnes, une amie de la défunte, a une sacrée surprise : il ne s’agit pas de Virginia mais bien de Carol, l’épouse de Mike Hardesty ! Virginia, qui avait loué la chambre, est, elle, introuvable. Le lieutenant Wheeler mène donc l’enquête, notamment sur la fortune du précité Mike, lequel s’est lancé dans l’espionnage industriel pour gagner sa vie.

En un peu moins de 200 pages, Carter Brown déroule une enquête solide et riche en rebondissements dans l’univers des partouzeurs de la bonne société. Wheeler se conforme aux clichés de l’enquêteur séducteur, buveur, un brin magouilleur et forcément dragueur et tombeur. Il utilise ses petites cellules grises mais ne dédaigne pas non plus faire le coup de poing pour parvenir à ses fins. L’écriture, sans être d’un très haut niveau, s’avère adaptée au propos : vive, rythmée, agrémentée d’une touche d’humour efficace et de quelques bons moments ma foi bien trouvé. L’aventure avance donc rapidement vers sa résolution, ponctuée d’une touche d’érotisme et d’une bonne rasade de violences. Du polar pulp parfaitement délectable même si rapidement oubliable. A condition de savoir à quoi s’attendre, le lecteur passe un moment divertissant dans le monde de Carter Brown et ce A CORPS ET A CRI donne l’envie d’en lire davantage.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Polar, #Roman de gare, #Whodunit

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Publié le 11 Mars 2022

HISTOIRE DE L'OEIL de Georges Bataille

Publié sous pseudonyme par un Georges Bataille qui n’en avoua jamais la paternité, HISTOIRE DE L’ŒIL se présente comme un court roman pornographique écrit à l’envers de 170 fiches de lecture de la Bibliothèque Nationale, où l’auteur était conservateur. Il le rédige en pleine cure psychanalytique et le roman se montre peu soucieux de cohérence, allant d’un tableau à un autre sans souci de progression dramatique ou d’une quelconque caractérisation des personnages. Il s’agit d’une suite de séquences « osées » (où l’érotisme, en tant que tel, est souvent absent) qui décrivent diverses perversions avec une prédominance des watersports et autres golden shower. Bref, les deux « héros », emportés dans leurs dépravations baisent beaucoup et, plus encore, se pissent joyeusement dessus. Le narrateur s’associe ainsi à la très délurée Simone avant d’inviter dans leurs orgies la pieuse et virginale Marcelle qui finit par se laisser aller, elle-aussi, à la débauche. Par la suite, Marcelle devient folle, est internée, libérée par notre duo et se pend. Bataille situe la suite du récit en Espagne et démontre sa fascination pour la tauromachie avec des passages étranges, notamment celui où Simone, en assistant à une corrida, s’introduit une couille de taureau. L’histoire se termine par une série de profanation commises dans une église avec un prêtre à qui Simone arrache un œil qu’elle s’enfonce dans le vagin dans un délire de sperme et d’urine.

Difficile de s’intéresser au récit, des critiques sérieux ont cependant démontré le symbolisme de la plupart des scènes. Soit. Admettons. Le dernier chapitre, en effet, explique la manière très psychanalytique dont le roman a été écrit. Cela dit il n’est pas toujours nécessaire de transformer son parcours analytique en bouquin. Le tout, finalement, se limite à un catalogue d’audaces et de provocations : viols, inceste, sadisme, urologie, scatologie, tortures, meurtres,…Au-delà de l’aspect rentre-dedans peu à se mettre sous la dent : on frôle souvent la parodie plus ou moins consciente (« et si j’essayais à tout prix de choquer le bourgeois ? ») mais sans le côté rigolo d’un Apollinaire (LES ONZE MILLE VERGES) ou l’extrémisme d’un Sade (LES 120 JOURNEES DE SODOME). Ca intéressera sans doute les amateurs de surréalisme ou de « jeu littéraire » mais la majorité des lecteurs risquent de rester sur la touche. Un comble pour un livre vendu comme érotique…

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Erotique, #Essai, #Roman court (novella)

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Publié le 7 Mars 2022

SUR LA ROUTE D'ALDEBARAN d'Adrian Tchaikovsky

Le thème de l’exploration d’un artefact extraterrestre, dénommé « gros objet stupide » de manière humoristique, s’est imposé comme un classique de la science-fiction. On citera quelques réussites exemplaires comme RENDEZ VOUS AVEC RAMA d’Arthur C. Clarke, L’ANNEAU MONDE de Larry Niven, LA GRANDE PORTE de Fred Pohl ou la trilogie GAIA de John Varley. Adrian Tchaikovsky s’y essaie à son tour avec ce court roman.

Loin, très loin, aux confins du système solaire, une sonde spatiale découvre un « gros objet stupide », une énorme structure qui présente la même face quelque soit l’angle sous laquelle on l’observe. Cet artefact se voit surnommé le Dieu Grenouille et, pour l’observer et éventuellement l’explorer, l’Humanité dépêche un vaisseau, le Don Quichotte, avec dans ses flancs un équipage de 29 humains en hibernation. Après plusieurs dizaines d’années de voyages, les émissaires peuvent enfin découvrir les secrets de l’artefact.

Spécialiste du gros space-opéra (CHIENS DE GUERRE, DANS LA TOILE DU TEMPS), l’auteur ramasse ici son intrigue sur 160 pages. Il déroule deux lignes narratives : celle du héros explorant l’artefact et celle, en flashback, qui raconte sa découverte et les réactions de l’Humanité. Le bouquin sera donc, essentiellement, un catalogue de rencontres étranges et de formes de vie totalement non-humaines que l’auteur se plait à détailler. Toutefois, l’ensemble ne retrouve pas le niveau d’excellence des romans précités sur le même thème et l’exploration tourne un peu en rond. Certes, certains passages fonctionnent agréablement, on trouve quelques références et clins d’œil humoristique, une ambiance assez étouffante et quelques passages qui versent même dans l’horreur mais, finalement, on reste sur une impression mitigée. Le tout évoque une version science-fictionnel du MAGICIEN D’OZ dans le monde d’ALIEN ou, pour prendre une comparaison plus contemporaine, la série PERDU DANS L’ESPACE. La plupart des critiques disponibles étant largement plus positives, faites-vous votre propore avis.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Roman court (novella), #science-fiction

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Publié le 4 Mars 2022

UN NOEL A NEW YORK d'Anne Perry

1904. Jemina Pitt, fille du chef de la police anglaise Thomas, accompagne aux USA son amie Delphinia qui doit prochainement épouser le très riche Brent Albright. Un événement d’importance pour l’aristocratie américaine. Cependant, la mère de Delphinia ne peut être présente. En effet, Maria a abandonné sa fille voici 16 ans. Or, la crainte de la famille Albright est de la voir débarqué lors du mariage pour commettre un scandale. Le frère du marié demande à Jemina de mener l’enquête afin de la retrouver et de la contraindre, si nécessaire avec de l’argent, à se tenir à carreau. Mais lorsque Jemina retrouve la disparue ce-dernière vient d’être assassinée. Et Jemina se retrouve suspectée du meurtre !

En 1979 Anne Perry lance une série d’enquêtes victoriennes menées par Thomas Pitt et Charlotte Ellison. A raison d’un roman chaque année (ou presque), la saga compte aujourd’hui 32 titres. Beaucoup plus tard, au début des années 2000, l’écrivain écrit, chaque Noel, un court roman consacré à un personnage secondaire de ces récits, ici la fille de Thomas Pitt. Le résultat ? Une lecture plaisante et « facile » qui mise sur la description de New York au début du XXème siècle avec l’ambiance des fêtes de Noel et les relations entre les différentes classes sociales. L’énigme policière, de son coté, semble accessoire et l’identité du coupable parait immédiatement évidente. L’important n’est donc pas là. Le roman avance heureusement rapidement et les échanges de dialogues lui donnent suffisamment de vie et de « peps » pour que l’on ne s’ennuie pas. Ce n’est sans doute pas un grand roman, plutôt une petite récréation mais le tout se montre plaisant et donne envie de découvrir d’autres romans d’Anne Perry.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Historique, #Policier, #Roman court (novella), #Whodunit

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