Publié le 30 Mars 2022
Courant aux Etats-Unis, les livres de conseils pour « écrire de la fiction » ne sont pas nombreux en France. Le pays souffre, selon l’auteur (et il a surement raison) d’un complexe vis-à-vis de la théorie de l’écriture. Pour beaucoup, dans nos régions, on « est » écrivain ou on ne l’est pas. Autrement dit, le romancier a, par chance, vu se pencher sur son berceau les bonnes fées de l’inspiration, de la technique narrative et de la réussite commerciale. Inutile d’essayer d’écrire quelque chose de valable si les muses ne vous ont pas chatouillé l’oreille. Pourtant, comme le précise l’auteur, on accepte d’un guitariste qu’il travaille sa technique, qu’il fasse ses gammes et même qu’il essaie d’imiter les plus grands. L’écrivain, au contraire, se doit de naitre génial. Ce court livre remet donc en perspective pas mal d’idées reçues et propose quelques conseils assez généraux plein de bon sens et de pertinence. Il sépare, notamment, les adeptes du plan détaillé (les architectes) de ceux qui écrivent pratiquement au fil de la plume (les jardiniers) et invite le lecteur à se positionner. Sur de nombreux sujets, l’auteur interpelle donc son « élève » à la manière d’un prof et l’invite à envisager telle ou telle voie. Les chapitres sur les différents points de vue possibles et les temps à privilégier sont particulièrement pertinents. Les exemples choisis, courts et précis, permettent au lecteur de comprendre les positions exprimées par l’auteur. Des exemples souvent tirés des littératures de l’imaginaire d’ailleurs (Star Wars, Lord of the rings, Game of thrones, James Bond, Doctor Who, etc.) et la plupart du temps agrémenté d’une touche d’humour ce qui rend la lecture de ce guide plaisante. Mais les principes s’appliquent à tous les genres, y compris les bouquins sentimentaux.
En 192 pages, n’espérez pas le guide ultime et parfait susceptible de transformer n’importe qui en pondeur de best-sellers. En réalité, Davoust explore surtout la manière dont un roman est construit, prenant l’exemple des personnages, de l’intrigue (« une histoire ce sont des gens intéressants qui veulent quelque chose et c’est compliqué »). Plus qu’un précis pour apprendre à écrire, Davoust montre comment la plupart des romans sont structurés. Ce n’est pas tout à fait la même chose. Disons qu’on a un peu l’équivalent d’un « making of » et non pas le plan Ikea dont certains rêvaient peut-être.
Cependant, les conseils dispensés s’avèrent suffisamment judicieux pour, au minimum, donner envie de réfléchir aux apprentis écrivains sur les raisons de leurs pages blanches. Dommage que l’auteur se sente obliger de recourir à cet infâme charabia d’écriture inclusive, tous ces points médians merdiques donnant envie de passer le texte au correcteur orthographique. Un comble pour un livre sur la littérature !