meurtre en chambre close

Publié le 29 Août 2024

LE MYSTERE DE LA MAISON AUX TROIS ORMES de Valentin Musso

Valentin « le frère de l’autre » Musso nous propose un roman policier à l’ancienne…du moins en apparence. Le résumé proposé est alléchant pour les amateurs de whodunit et de meurtres en chambres closes.

En 1938, le commissaire Forestier est appelé par Yves de Montalabert, un aristocrate qui a reçu des lettres de menace et craint pour sa vie. Le policier se rend chez lui, au cœur de la campagne normande, et découvre que le comte a invité quatre autres personnes : un jeune, la femme d’un riche industriel, un médecin nanti et un général. Ils discutent et lient connaissance mais, le soir, Yves est assassiné dans son bureau, alors que porte et fenêtres sont verrouillées de l’intérieur. Qui plus est, tous les invités possèdent un alibi irréfutable. Forestier tente de résoudre le mystère mais n’est pas au bout de ses surprises…

Dans une ambiance classique et feutrée, voici un whodunit à l’ancienne qui débute comme un hommage à John Dickson Carr puis s’oriente vers un autre clin d’œil (assumé) à Agatha Christie. Difficile d’en dire davantage car le roman ménage son lot de surprise, de coups de théâtre et de rebondissement au long d’une intrigue tordue, la partie « chambre close » ne constituant que la première moitié d’un récit qui prend, par la suite, une autre direction, tout aussi intrigante et réussie. Honnêtement le twist à mi-parcours est incroyable et fera tomber bien des lecteurs de leur chaise…certains n’aimeront pas mais la plupart devraient être bluffés par ce tour de passe-passe. Le roman se divise en réalité en trois parties et compose en quelque sorte trois récits policiers imbriqués mais, encore une fois, mieux vaut laisser la surprise au lecteur.

Concernant le meurtre impossible en lui-même il s’avère de très bonne facture, inspiré par une machination existant dans un classique antérieur mais très bien réalisé et très fair play.

En bref, voici un excellent divertissement policier déjà encensé par bien des amateurs…avec raison.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Policier, #Whodunit, #Impossible Crime, #Meurtre en chambre close

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Publié le 13 Octobre 2021

ELEMENTAIRE MON CHER CONAN DOYLE

Quatre nouvelles, tirées et traduites d’une imposante anthologie anglo-saxonne consacrée aux pastiches, épigones et autres apocryphes du « canon » (THE BIG BOOK OF SHERLOCK HOLMES STORIES). La première est particulière puisque signée de Conan Doyle en personne. Elle revient sur les capacités de déductions exceptionnelles de Sherlock et la manière dont « Watson comprit le truc », autrement dit comment il tente de singer la fameuse méthode du détective. Une petite récréation, très courte, qui démontre surtout que Conan Doyle avait bien le droit de se moquer gentiment de ses personnages. D’autres le firent de manière moins réussie.

Leslie S. Kinger (un spécialiste de Sherlock) propose ensuite une bizarre « affaire de la caisse en bois » au sujet d’un bras tranché retrouvé… dans une caisse de bois (d’où le titre !). Holmes résoudra évidemment cette énigme surprenante sur fond de cannibalisme. Bien emballé et dans l’ensemble efficace et prenant, quoique le lecteur devine assez rapidement où l’auteur veut en venir.

Avec Barry Day et son « affaire du curieux canari », nous suivons le détective dans ses déductions afin de résoudre un étrange meurtre en chambre close assez joliment orchestré. L’auteur a écrit cinq autres romans pastiches dédiés à Holmes. L’histoire est habile, bien charpentée, la résolution quelque peu attendue (l’auteur ne triche pas avec le lecteur) et en dépit d’explications un rien bavarde bien menée. Cela se suit donc avec plaisir.

La dernière nouvelle (« L’énigme de la main invisible ») se montre la plus originale, la plus documentée et sans doute la plus passionnante, elle capture excellement l’ambiance des récits de Conan Doyle en confrontant Sherlock à Bertillon. Français pionnier de la police scientifique et de la rigueur dans les enquêtes, Bertillon s’oppose néanmoins à Sherlock au sujet des empreintes digitales, qu’il juge inutile pour découvrir un coupable. Le récit s’épanouit sur plusieurs années et permet au détective consultant d’œuvrer à l’innocence de Dreyfuss et même à résoudre l’énigme de l’assassinat du président français Félix Faure. Une longue nouvelle qui justifie à elle-seule la lecture de ce recueil de qualité. Une lecture rapide, fun et érudite qui plaira aux amateurs du détective.

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Publié le 20 Septembre 2021

LE CLOCHER DE NOEL ET AUTRES CRIMES IMPOSSIBLES de Roland Lacourbe

Roland Lacourbe s’est fait le spécialiste des récits de meurtres en chambre close et autres crimes impossibles via de nombreuses collections de nouvelles souvent efficaces. Cette nouvelle anthologie ne surprendra donc pas l’amateur, d’autant que la plupart des textes furent précédemment publiés dans d’autres « compilations » de Lacourbe. Heureusement, les récits s’avèrent de bonne tenue et les lire (ou, le plus souvent, les relire) permet de passer un bon moment.

Les nouvelles sont souvent anciennes, notamment « Le suicide de Kiairos » de Frank L. Baum (auteur du fameux MAGICIEN D’OZ) datée de 1897 que l’on peut donc qualifier de classique ou de précurseur du thème. Matthias McDonnel Bodkin propose de son côté une amusante enquête à propos de diamants disparus tandis que la Machine à Penser, le fameux détective de Jacque Futrelle, brille à nouveau avec une histoire de boule de cristal et de voyance fort bien orchestrée. Une des réussites du recueil qui invite à se pencher sur le « best of » que Lacourbe a consacré spécifiquement à Futrelle, écrivain disparu voici plus d’un siècle lors du naufrage du Titanic.

Dans les grands classiques que l’on prend plaisir à lire ou relire « Le problème du pont de Thor » demeure une des rares occasions où Sherlock Holmes s’est trouvé confronté à un crime apparemment impossible. La solution, très ingénieuse dans sa simplicité, ne déçoit pas. Une des meilleurs énigmes concoctées par Conan Doyle. Michel Leblanc, lui aussi, a offert un meurtre impossible dans la tradition du MYSTERE DE LA CHAMBRE JAUNE à son Arsène Lupin confronté à une mort inexplicable dans une cabine de chambre. Pas mauvais mais un peu trop inspiré de Leroux.

De son côté, G.K. Chesterton se sert, une fois de plus, du récit policier pour permettre à son Père Brown de discourir de manière philosophique tout en résolvant un crime dont la victime serait une sorte de vampire. L’Oncle Abner, autre détective de l’âge d’or, débroussaille une énigme insoluble à la solution certes tarabiscotée mais fort ingénieuse. Plaisant.

Autre classique, « l’indice de la feuille de thé », récit quasi archétypal du meurtre impossible déjà publié à maintes reprises. La simplicité de la solution et son élégance en rendent la lecture toujours aussi agréable.

Lacourbe termine par deux nouvelles plus récentes : « du mouron pour les petits poissons » qui témoigne une nouvelle fois de l’imagination débordante de Joseph Commings en proposant le meurtre d’un scaphandrier, poignardé alors qu’il explore, seul, un navire naufragé. Enfin, dans un registre tout aussi imaginatif, Edward D Hoch termine ce recueil avec son fameux docteur Hawthorne, lequel tente de disculper un Bohémien du meurtre du prêtre local, assassiné dans son clocher. L’auteur propose ici une première solution (quelque peu décevante) avant une seconde, plus élaborée, qui s’assortit d’une réflexion sur la justice personnelle.

Au final, une bonne anthologie que l’on conseillera néanmoins plutôt aux lecteurs profanes, la plupart des nouvelles étant bien connues des amateurs, lesquels seront toutefois satisfaits de cette sélection de bonne qualité.

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Publié le 27 Mai 2021

LA CLAIRVOYANCE DU PERE BROWN de G.K. Chesterton

Le Père Brown reste un des premiers grands détectives modernes en compagnie de Sherlock Holmes et de Dupin. Ce recueil reprend ses faits d’armes pour démêler diverses énigmes, des enquêtes publiées dans des magazines en 1910 et 1911. Autrement dit nous sommes au tout début (et même un peu avant !) de cette période ensuite dénommée le « golden age » de l’histoire de détection. La première originalité reste, évidemment, la personnalité de ce petit prêtre rondouillard, débrouillard et sagace qui profite des énigmes rencontrées pour professer une philosophie d’ailleurs plus humaniste que simplement religieuse en dépit de la conversion de l’auteur au catholicisme.

Occupant la 57ème place du fameux « top 100 » des meilleurs livres policiers établi par la Mystery Writers of America, LA CLAIRVOYANCE DU PÈRE BROWN garde son intérêt historique et propose quelques mystères bien ficelés. On peut, par exemple, citer « Le jardin secret », prototype souvent réédité des meurtres en chambre close (ou en jardin clos ici), « L’Homme invisible » dont le thème (ce qui est visible et ce qui nous est devenu invisible tellement nous avons perdu l’habitude de nous y intéresser) sera fréquemment repris dans les problèmes de crimes impossibles, « Le marteau de dieu », sans doute la nouvelle la plus connue de Chesterton traitant, encore une fois, d’un assassinat apparemment insoluble ou encore « Les 3 instruments de la mort » à la résolution hautement improbable mais cependant astucieuse et non dénuée d’un plaisant humour. Enfin l’original « Œil d’Apollon » fonctionne de belle manière et se clôt sur une chute efficace qui en font un des meilleurs récits de ce recueil.

Cependant, à côté de ces récits efficaces et réussis, d’autres paraissent plus datés comme tous ceux où intervient le cambrioleur Hercule Flambeau. Le style volontiers excessif et archaïque de l’auteur peut également s’avérer rébarbatif sur la longueur et il est sans doute préférable de lire ces histoires à petite dose plutôt qu’en une fois, sous peine d’indigestion.

En résumé ce recueil comprend une série d’histoires plaisantes, à l’intérêt historique indéniable, mais quelques peu inégales…Cinq ou six récits divertissants et réussis compensent néanmoins les nouvelles moins convaincantes ou trop datées pour passionner. Une lecture intéressante, instructive et sans doute nécessaire pour les amateurs de policiers traditionnels.

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Publié le 28 Décembre 2020

ORAGE SUR LA GRANDE SEMAINE de Marcel Lanteaume

Marcel Lanteaume reste un écrivain très mystérieux et aujourd’hui hélas oublié. Né en 1902 (et décédé en 1988), il écrira plusieurs romans policiers pour distraire ses compagnons de Stalag entre 1940 et 1942. Après-guerre, trois d’entre eux furent publiés dans la collection « Le Labyrinthe » mais souffrirent de ventes insuffisantes. Le romancier cessa alors d’écrire et, selon la légende (et son fils), détruisit alors au moins cinq manuscrits ! Des trois romans existants, l’un reste quasiment introuvable (LA 13ème BALLE), les deux autres ayant été réédités au Masque à la fin des années ’90.

ORAGE SUR LA GRANDE SEMAINE constitue un parfait exemple de « chambre close » : deux frères, Marc et Edgar Kuss, invitent quelques personnes, dont le détective privé Bob Slowman et son biographe Charles Termine à diner. Une amie des frères, l’actrice américaine Gertrud Ross, est également de la partie. Mais la jeune femme, enfermée dans la salle de bain, est brutalement assassinée alors que pièce ne comporte aucune issue excepté une porte constamment surveillée par les convives. Slowman mène l’enquête et découvre que la maison servait jadis à des cultes sataniques. De plus un ancien amant de Gertrud, « initié » aux arts noirs, voulait sa mort. Tout comme un mystérieux « club des 9 », un réseau d’espionnage à qui Gertrud a dérobé d’importants documents. Ou encore José Montero, un gangster que la belle avait doublé ! Si les suspects ne manquent pas, restent à déterminer qui est l’assassin, et surtout comme il a pu agir.

Après un excellent démarrage, l’enquête patine un peu et le lecteur peut se sentir quelque peu dérouté, voire perdu, devant la multiplication des personnages et de leurs mobiles. Heureusement Bob Slowman (avatar transparent de l’auteur Lenteaume) nous offrira quelques belles démonstrations de son talent, avec, en outre, l’explication d’un fameux numéro d’illusionniste. Si la partie centrale du roman reste en deçà de son entrée en matière fracassante et de sa conclusion, elle reste, toutefois, agréable à lire.

Le meurtre impossible en chambre – pardon, en salle de bain ! – close se verra finalement et logiquement expliqué dans les dernières pages. Beau joueur, l’écrivain avait offert, peu avant, un énorme indice afin d’orienter le lecteur vers l’explication. Mais le familier du genre avait probablement deviné l’essentiel assez rapidement : il est, en effet, vite évident qu’une seule solution est possible. Car, c’est le paradoxe (ou pas ?) du genre : plus la situation parait inextricable et moins il existe de possibilité réelle pour le criminel d’avoir procédé pour commettre son méfait. Lorsqu’une pièce est « simplement » close le problème se montre, au final, plus compliqué à résoudre que lorsque l’auteur multiplie les impossibilités : une pièce petite, sans cachette possible, sans fenêtre, dont l’unique porte d’entrée est surveillée par plusieurs témoins dignes de foi. En appliquant la méthode dite de « Sherlock Holmes » et en étant attentif aux indices dissimulés (mais relativement transparent) par l’auteur, le lecteur devrait parvenir à résoudre le mystère. L’écrivain prend d’ailleurs la peine d’inclure un de ses fameux défis, si cher à Ellery Queen, pour lui signaler le moment où, ayant tous les indices en sa possession, il peut découvrir le qui, le comment et le pourquoi.

Si ORAGE SUR LA GRANDE SEMAINE reste en deçà de TROMPE L’ŒIL, le 3ème roman de Lenteaume à la solution stupéfiante, il n’en demeure pas moins un classique francophone du crime en chambre close.

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Publié le 6 Décembre 2020

LES MAGICIENS DU CRIME de Roland Lacourbe

Roland Lacourbe, grand spécialiste des crimes impossibles, des meurtres en chambre close et des énigmes insolubles, propose une nouvelle anthologie de 20 nouvelles consacrées aux prestidigitateurs. Car quels personnages sont les plus à même de résoudre les assassinats étranges que ces spécialistes du détournement d’attention, du truc et astuce et des tours de passe-passe ? Le recueil se divise en trois sections : « magiciens criminels et magiciens détectives », « sur les traces d’Houdini » (autrement dit on va parler d’évasions impossibles) et « Occultisme et charlatans », à chaque fois précédées d’un article d’une dizaine de pages signé Lacourbe.

Le livre s’ouvre donc sur « le maitre du temps » de Rafael Sabatini (auteur de « L’aigle des mers » et « Scaramouche ») un récit historique intéressant consacré au célèbre Cagliostro. Plus classique, Clayton Rawson propose avec « Meurtre sans assassin » une enquête du magicien détective Merlini (par la suite reprise dans le recueil du Masque dédié à Merlini). Une histoire de soucoupes volantes et de petits hommes verts amusante avec un coupable évident mais un procédé particulièrement inventif et ingénieux. Joseph Commings, spécialiste du crime impossible, livre « la balle ensorcelée » et « la malédiction d’Othello », deux jolies réussites quoique le modus operandi soit un peu aléatoire et nécessite une bonne dose de chance pour fonctionner…qu’importe, l’amateur ne cherche pas la vraisemblance mais plutôt l’inventivité dans le procédé.

Parmi les autres nouvelles on signale, dans la partie consacrée aux évasions impossibles, le macabre « L’ultime évasion » que l’on imagine facilement transposé dans les pages des « Tales from the crypt » ou encore l’efficace « le moment de décision » et sa conclusion sous forme de point de suspension efficace.

Enfin, au rayon « occulte », c’est encore une fois John Dickson Carr qui emporte le morceau avec « la mort dans les ténèbres », crime impossible fort bien ficelé perpétré durant une séance de spiritisme. La narration, sous forme de pièce radiophonique, rend le récit très haletant et efficace.

Joseph Commings clôt cette anthologie avec sa troisième participation, « Le spectre sur la terrasse » dans lequel il se surpasse niveau impossibilité : apparition de fantôme, lévitation, double spectral, téléportation,…Les explications tiennent la route et démontrent l’ingéniosité de l’écrivain.

Trop inégal, LES MAGICIENS DU CRIME n’est sans doute pas la meilleure anthologie de Lacourbe mais le thème général de la magie et de la prestidigitation s’avère intéressant et finalement pas aussi souvent traité qu’on le pense dans la littérature d’énigme. Whodunit et tour de passe-passe ont pourtant beaucoup en commun dans l’art de la misdirection et dans la manière de cultiver une atmosphère de merveilleux et de fantastique. Ce recueil de nouvelles reste donc recommandable pour l’amateur de crime impossible et de délit mystérieux.

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Publié le 12 Novembre 2020

20 DEFIS A L'IMPOSSIBLE de Roland Lacourbe & Robert Adey

Roland Lacourbe a déjà proposé de nombreuses anthologies consacrées aux crimes parfaits, aux meurtres en chambre close et autres actes criminels impossibles. Avec l’aide du spécialiste Robert Adey il rassemble ici une série de nouvelles destinées « aux amateurs d’insolite ».

Le gros volume se divise en plusieurs sections aux titres accrocheurs : « chambres closes et crimes impossibles », « situations énigmatiques », « malédictions » « disparitions mystérieuses » et « crimes à distance ». Soit 20 récits étalés sur 450 pages et accompagnés d’un bien pratique dictionnaire des auteurs puisque les anthologistes ont compilés des écrivains bien connus mais aussi d’autres nettement plus obscurs.

A tout seigneur tout honneur, le maître incontesté du crime impossible, John Dickson Carr, s’illustre par « la malédiction de la lampe de bronze » et « la chose dans la piscine », deux pièces radiophoniques agréables. Joseph Commings et Edward D. Hoch, deux autres grands spécialistes, offrent également des nouvelles de bonne tenue, tout comme le maître français Paul Halter avec une histoire de voyance efficace, « la Hache », inspirée de faits réels. Autre grand nom francophone, le vénérable Pierre Boileau imagine un « crime en sursis » réussi.

Dans les noms connus (du moins des amateurs du genre) on retrouve encore John Lutz avec le plaisant mais prévisible « Un métier de chien » et C. Daly King avec « Le codex maudit » mettant en scène Travis Tarrant, détective spécialisé dans le surnaturel.

Au rayon des découvertes récentes (comme quoi le genre n’est pas mort en dépit de la prédominance du roman noir social !), Susanna Gregory livre avec « Terreur au pôle » un excellent récit que l’on pourrait situer entre DIX PETITS NEGRES et le film « The Thing ». Edward Marston, de son côté, propose une nouvelle fort amusante dans laquelle la statue de Nelson est remplacée par celle de Napoléon, un vrai « Coup de Trafalgar » à savourer.

Bien sûr, comme toute compilation de ce style, certaines nouvelles s’avèrent moins réussies, plus prévisibles ou tombent un peu à plat. Mais, dans ces 20 DEFIS A L’IMPOSSIBLE le lecteur friand de whodunit ou plutôt de howdunit picorera avec bonheur. Globalement satisfaisant et divertissant, comme toutes les anthologies de Lacourbe.

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Publié le 25 Septembre 2020

UN FANTÔME PEUT EN CACHER UN AUTRE de John Dickson Carr

Carr semble ici s’offrir une petite récréation, loin de ses puzzles policiers les plus élaborés, en optant pour un point de départ saugrenu. Un homme, Clarke, achète une maison réputée hantée dans le seul but d’y organiser des « fantômes party ». Il convoque ainsi plusieurs personnes, convaincus ou sceptiques, à le rejoindre dans sa demeure. Mais le divertissement apparemment inoffensif dérape lorsqu’un révolver bondit du mur où il était accroché et tire sur un invité. Le Dr Fell devra résoudre l’énigme…

Ce whodunit écrit en 1940 est léger et s’apparente à une sorte de comédie macabre dans l’esprit de très vieux films comme THE BAT : on y trouve des cachettes secrètes, des inventions diaboliques pour supprimer d’innocentes victimes, des (faux) fantômes et de vrais crimes. Le tout dans une ambiance plaisamment désuète que l’auteur lui-même semble aborder avec un mélange de respect et de second degré, comme s’il n’était pas dupe de son intrigue et de ses mécanismes peu vraisemblables mais qu’il cherchait, malgré tout, à l’aborder avec sérieux et professionnalisme.

Les personnages sont, pour la plupart, seulement esquissés et seul le Dr Fell lui-même (déjà vu dans une dizaine d’aventures) sort réellement du lot. Comme souvent avec Carr, le suspense est parfois entretenu de manière un peu artificielle par des interruptions durant les explications ou des secrets gardés par l’un ou l’autre protagoniste et qui empêchent l’avancée de l’enquête.

Le crime impossible en lui-même est habile même si la résolution très « gadget » peut décevoir ; l’élaboration de la méthode reste toutefois crédible et moins « capilotractée » que dans bien des « meurtres en chambre close ».

Dans l’ensemble, UN FANTÔME PEUT EN CACHER UN AUTRE s’avère un petit whodunit (il est court et se lit vite !) divertissant que peu de lecteurs risquent d’inclure dans leur « best of » ce Carr ou du « Crime impossible » mais qui procure néanmoins une distraction bienvenue aux amateurs de policiers à l’ancienne.

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Publié le 14 Mai 2020

LA TORCHE ARDENTE de Paul Doherty (Paul Harding)

Nouvelle enquête pour le débrouillard et humanistes Frère Athelsan, toujours accompagné de l’emporté et colérique John Cranston, coroner de Londres. Nous sommes ici au début de l’année 1381, par un très froid hiver. L’augmentation des impôts, ordonné par le Régent Jean de Gand, entraine de plus en plus de mécontentement et chacun anticipe une révolte sanglante. Ainsi, dans la taverne de la Torche Ardente, des collecteurs d’impôts sont assassinés de manière incompréhensible : les gardes sont morts mystérieusement et ceux qui s’étaient réfugiés dans une pièce close y ont péri de façon encore plus inexplicable. Un tueur justicier inspiré par Beowulf est-il l’auteur du massacre ?

Pour leur treizième enquête, Athelsan et Cranston sont confrontés à une énigme des plus retorses et un nombre particulièrement élevé d’assassinats (une douzaine !) dont beaucoup difficilement explicables. Absence de témoin et chambres closes sont au programme, ces dernières se révélant assez classiques (des variations sur des procédés bien connus des amateurs) mais bien menées avec suffisamment de misdirection pour égarer le lecteur…lequel pourrait cependant deviner l’identité de l’assassin avec un minimum de réflexion. Toutefois, ce n’est pas le seul intérêt d’un bouquin qui nous emmène au cœur du XIVème siècle anglais, période évidemment peu connue, que l’on découvre de manière très (peut-être trop ?) approfondie avec ses coutumes, ses mœurs, ses modes de vie, sa cuisine même,…Bref, Doherty se la joue historien et le contexte ne constitue pas une simple toile de fond, nous avons davantage affaire à un roman historique complexe et détaillé (avec des machinations politiques et d’espionnages emberlificotée) auquel s’ajoute une enquête policière qu’un « simple » polar historique. La nuance est importante, d’autant que si le roman se lit assez facilement, le style qui use d’un vocable moyenâgeux et désuet, associé à un monde peu connu (Londres en 1381 n’étant pas enseigné à l’école !) nécessite toutefois une attention soutenue pour ne pas se perdre dans la multiplicité des personnages et leurs relations troubles. Les explications finales, nécessaires à résoudre les nombreux mystères, prennent cependant près de 70 pages afin de démêler une situation apparemment inextricable.

En résumé une lecteur instructive et plaisante dans la lignée des précédents romans de Doherty.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Historique, #Impossible Crime, #Meurtre en chambre close, #Policier

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Publié le 17 Janvier 2020

LE DETECTION CLUB de Jean Harambat

Le Detection Club est un authentique club anglais réunissant les principaux auteurs de romans policiers du Golden Age (club qui existe d’ailleurs toujours aujourd’hui). Or, voici que ses membres sont invités par le richissime Roderick Ghyll à une étonnante démonstration, dans sa vaste villa sur une île, d’un automate capable à coup sûr de deviner l’auteur d’un crime. De quoi mettre les membres du Detection Club dans l’embarras, si ce n’est au chômage. Mais Ghyll est assassiné dans sa chambre forcément close…Agatha Christie, Chesterton, Dorothy Sayers, John Dickson Carr et les autres vont devoir mettre leurs capacités de déduction à l’épreuve dans la vraie vie.

Dans cette bande dessinée, Chesterton et Christie sont évidemment les personnages principaux, à tel point que les autres romanciers du Club s’en trouvent réduits au statut d’acolytes ou de faire-valoir, John Dickson Carr restant le plus intéressant avec son obsession des cartes et autres plans. Les piques entre les différents romanciers, qui semblent se jalouser gentiment, fonctionnent plaisamment, l’auteur multipliant les remarques acides et autres vacheries des uns et des autres.

Le mystère, pour sa part, s’avère très classique, sorte de variation sur les DIX PETITS NEGRES agrémenté d’un meurtre en chambre close à la Carr. La présence d’un automate aux étonnantes capacités (il peut, notamment, deviner le coupable de tous les romans policiers au simple énoncé des faits) rend le tout un peu original et élève la BD au-delà du simple pastiche. L’explication, fantaisiste, reste toutefois cohérente et satisfaisante, terminant le récit sur une note positive. Dommage que le trait soit assez simple et échoue à retrouver l’ambiance coutumière des romans mystères de cette époque.

Dans l’ensemble ce roman graphique n’en reste pas moins agréable, sans être exceptionnel il permet de passer un bon moment avec une énigme sympathique, des références bien amenées et un humour efficace.

LE DETECTION CLUB de Jean Harambat

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