historique

Publié le 15 Novembre 2024

LA VARIANTE DU DRAGON de Christophe Lambert

Après (entre autres) SWING A BERLIN et LES MESSAGERES, Christophe Lambert poursuit dans sa veine « historique » avec ce roman basé sur des faits réels peu connus. 


Nous sommes en 1943, à Washington. Markus Eisenberg, dix-huit ans, est un juif originaire d’Allemagne émigré aux USA. Il souhaite s’engager pour aller combattre en Europe et vengé son père, assassiné durant la Nuit de Cristal. Il vit avec sa tante, paralysée depuis cet événement, et sa mère. Cependant, sa passion des échecs change la donne : ses supérieurs lui assignent une mission différente. En effet, il existe un camp de prisonniers destinés aux scientifiques allemands et aux officiers détenant des renseignements importants. Ils vivent dans une « prison dorée » et les Américains y utilisent la manière douce afin de préparer l’après-guerre. Mais il faut gagner leur confiance. Hans Reinhardt, un haut gradé allemand, ne se livre pas facilement et la mission de Markus va consister à gagner sa confiance. En effet, le Nazi n’a qu’une seule passion : les échecs. Or Markus est très doué à ce jeu et parle parfaitement la langue de Rammstein. Dès lors, le voici contraint de faire « ami ami » avec son ennemi.


Le PO Box 1142 était, durant la Seconde Guerre Mondiale, un camp secret où furent enfermé plusieurs scientifiques ou militaires importants, en particulier Werner von Braun. L’auteur utilise ce fait peu connu comme base d’un récit qui se joue sur un échiquier à deux niveaux. De manière « réelle » tout d’abord puisque le duel entre le « jeune Juif » et le Nazi se déroule au fil des parties d’échecs, de manière plus symbolique ensuite puisque la relation entre les deux protagonistes évolue. Le premier finit par sacrifier bien des choses (nous n’en dirons pas plus) à son obsession de gagner, le second apparaissant finalement comme humain, comme un « monstre ordinaire ».

Cette partie du récit reprend une structure proche de la novella « Un élève doué » de Stephen King (d’ailleurs fort bien adaptée dans un film malheureusement oublié), une influence revendiquée par Lambert dans la postface. Le thème des échecs entraine évidemment une autre influence, plus récente et également avouée, celle de la série « Le jeu de la dame ». Enfin, on note un clin d’œil à James Bond avec un personnage de spécialiste en gadgets. On peut également retrouver, dans la relation entre les deux sœurs, quelques échos (heureusement en moins dramatique) de « Qu’est-il arrivé à Baby Jane ? ».

Si le déroulé du roman peut sembler linéaire et sans surprise il n’en est rien car l’auteur garde un atout dans sa manche pour diverses révélations durant les derniers chapitres. L’ensemble du livre est donc à réévalué à la suite de ses divulgations surprenantes et, une fois de plus, Lambert réussit un roman très réussit qui se lit vite et tient en haleine jusqu’au dénouement.

Pour les non familiers des échecs, de très nombreux diagrammes illustrent en outre les parties (basées sur celles de divers grands maîtres) et permettent de visualiser l’évolution des forces en présence, entre le héros et son adversaire. 
 

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Historique, #Guerre, #Christophe Lambert

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Publié le 2 Septembre 2024

RING SHOUT: CANTIQUE RITUEL de P. Djeli Clark

 

Ce court roman a obtenu les prix Locus et Nebula. P. Djeli Clark y revisite la fantasy et le fantastique de manière étonnante, faisant écho, par sa manière de refondre les thèmes à sa manière, à la réussite de sa saga des « djinns ». 

Dans ce récit « southern gothique » uchronique, nous suivons l’héroïne, Maryse, décidé à exterminer les Ku Kluxes, des démons extraterrestres invoqués par le Ku Klux Klan par l’intermédiaire de la projection du film « Naissance d’une nation » dans les premières décennies du XXème siècle.

L’auteur mélange ici le fantastique gothique « sudiste », l’uchronie, des événements et personnages historiques authentiques et une horreur cosmique évidemment inspirée par Lovecraft.

Avec une pagination un peu en dessous de 200, le bouquin possède la longueur appropriée pour l’intrigue : cela permet un développement des personnages suffisant sans se perdre dans les détails d’une histoire alternative dont le lecteur ne connaitra pas tout mais dont il saura les éléments essentiels à la compréhension de cet univers.

Avec nuance et sans manichéisme, P. Djeli Clark nous offre un affrontement cosmique entre une poignée de rebelles et une force maléfique alimentée par la haine jusqu’au final explosif qui conclut une série de combats et de rebondissements fort adroitement gérés. De la belle ouvrage et une nouvelle novella de grande qualité pour l’auteur.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Fantasy, #Uchronie, #Lovecraft, #Horreur, #Historique

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Publié le 3 Juillet 2024

TROIE TOME 2: LE BOUCLIER DU TONNERRE de David Gemmell

Volet central de la trilogie finale de David Gemmell, nous continuons de suivre les principaux protagonistes de la guerre qui s’annonce. Nous avons d’un côté les rois comme Priam, Ulysse ou Agamemnon, de l’autre les champions comme Achille, Helicon et Hector et les princesses comme Andromaque. Et puis de l’autre les « oubliés de l’histoire » comme la fugitive Pira et les deux guerriers Calliadès et Banoclès. Tous convergent vers Troie pour une bataille finale qui annonce la fin de l’âge des Héros.

Gemmell propose un grand roman historique (qualifié de Fantasy bien qu’il n’y ait aucun fantastique dans ce récit, à l’exception des prophéties de Cassandre) qui raconte en quelque sorte la préquelle à la fameuse guerre de Troie (laquelle occupera en grande partie le troisième tome). L’auteur va détailler les manigances des rois et de la politique, les jeux d’alliance des uns et des autres qui voguent au gré du vent sur la Grande Verte des retournements de vestes et des jeux de pouvoirs. Près de trois millénaires plus tard pas grand-chose n’a vraiment changé…

Gemmell continue sur sa lancée du premier tome. On pourrait dire tout simplement « qu’il fait du Gemmell » mais il le fait toujours aussi bien. On connait maintenant ses ficelles mais celles-ci fonctionnent parfaitement : de l’humour (ici surtout grâce au personnage du conteur Ulysse), des dialogues qui sonnent vrais et toujours emprunts d’une légère philosophie « naturelle » et de considérations sur le Bien et le Mal, des personnages riches avec leurs qualités et leurs défauts, une tendance à se placer « à hauteur d’hommes », du côté des protagonistes secondaires de la Grande Histoire plutôt qu’aux côtés des Rois (même si ceux-ci ont bien sûr un rôle important dans l’intrigue), etc.

Ce deuxième tome poursuit également l’alternance de passages calmes et intimistes avec des scènes d’action, lesquelles se multiplient et prennent de l’ampleur au fil des chapitres. Bref, voici une suite tout aussi réussie que le premier opus, un pavé de plus de 600 pages qui se lit très vite, comme un page turner plein de bruit et de fureur. Un livre testament d’une très grande richesse pour celui qui fut un des meilleurs romanciers de la Fantasy épique.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #David Gemmell, #Aventures, #Historique, #Fantasy

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Publié le 3 Juin 2024

TROIE TOME 1: LE SEIGNEUR DE L'ARC D'ARGENT de David Gemmell

David Gemmell nous a quitté voici déjà pas mal d’années et c’est peu dire qu’il manque à la Fantasy. Heureusement il nous laisse une œuvre imposante riche en réussites exceptionnelles. Avec son ultime trilogie, consacrée à la chute de Troie, l’auteur retourne en quelques sortes aux éléments ayant assuré le succès de son premier grand cycle sur Alexandre, le LION DE MACEDOINE. Nous sommes donc en pleine Fantasy « historique » quoique légendaire et les éléments fantastiques y sont quasi inexistant, exceptés les prophéties de la petite Cassandre. Et les exploits d’Ulysse ? Les affabulations d’un « roi laid » qui distrait son équipage en racontant des contes incroyables. Il n’est qu’un des nombreux personnages de cette histoire, aux côtés de la princesse Andromaque, d’Hélicon (alias Enée) de Dardanie, du roi Priam, de l’Egyptien en exil Gershom, etc.

La guerre se prépare, se devine, s’envisage mais elle est encore loin, le monde méditerranéen étant séparé en deux : d’un côté Agamemnon, le roi de Mycènes possédant une puissante armée, de l’autre Priam dans sa cité réputée imprenable, aux hautes murailles protégées par une flotte maritime sans pareille.

David Gemmell se débarrasse donc de tout son attirail de Fantasy pour ne garder qu’un récit historique où les Hommes sont responsables de leurs actes et de leurs décisions sans pouvoir se cacher derrière une quelconque volonté divine. L’époque est étrange et, souvent, les « héros » se sentent plus proches de leurs supposés ennemis que de leurs amis. Ils doivent prendre des décisions qui ne leur plaisent guère, au nom de l’intérêt ou de la destinée du royaume : mariage arrangé, alliance avec des personnages peu recommandables, retournements de veste,…

Dès lors, Gemmell laisse libre cours à son écriture et on y retrouve son style coutumier mais transposé du merveilleux à l’Histoire (réelle ou non de Troie). Ses personnages agissent de manière souvent héroïque puis s’en étonnent eux-mêmes, se disant qu’ils auraient mieux fait de passer leur chemin ou de détourner le regard. Mais, bien sûr, chez Gemmell ils ne peuvent pas agir hors des codes de l’honneur, de la loi de la Route (qui veut qu’on porte assistance à ses compagnons de voyage, fut-ils des « ennemis ») et des vertus de la camaraderie virile. D’où les habituels dialogues « simplement » philosophiques et cet humanisme chaleureux tempéré par un certain pessimiste nihiliste, l’auteur nous montrant que les héros n’ont souvent d’autres choix que de finalement se dresser contre leurs anciens amis, même s’ils ne le veulent pas. Car même si les dieux sont absents, les principaux personnages sont souvent ballotés par l’Histoire et contraint d’agir contre leurs valeurs au nom d’un intérêt supérieur pas toujours honorable. Il n’y a d’ailleurs pas vraiment de manichéisme : le roman nous présente des gens, tout simplement, avec leurs qualités et leurs défauts, dans une époque troublée où la guerre, la violence, le pillage, le viol et l’esclavage étaient acceptés et considérés comme la norme. Nous ne sommes donc pas dans « Hercule » façon Disney ou dans ces trop nombreuses sagas de fantasy récentes où l’on rencontre uniquement des héroïnes super belles super balèzes super intelligentes. Gemmell c’est une fantasy épique, héroïque mais aussi, parfois, brutale et rentre-dedans à la manière de son ancêtre Robert Howard.

Tout le roman, pourtant copieux, se dévore : sans temps morts, sans descriptions interminables, sans digressions inutiles, il s’étale sur plus de 600 pages et n’a pas une ligne de trop. Un exploit rare en Fantasy. Avec ce premier tome, Gemmell ajoute un nouveau (quasi) chef-d’œuvre à sa bibliographie, à placer entre LE LION DE MACEDOINE et LEGENDE. A l’image du fameux « Pour Sparte ! » de 300, on ressort du bouquin en criant « Pour Troie ! »…et on attend impatiemment la suite.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Historique, #Fantasy, #David Gemmell

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Publié le 8 Janvier 2024

TEMERAIRE - LES DRAGONS DE SA MAJESTE de Naomi Novik

Naomi Novik, né en 1973, entame en 2006 sa saga des « Dragons de sa majesté » avec TEMERAIRE, nominé au Hugo et lauréat du Locus. La saga, une uchronie de Fantasy historique, comptera au final 9 tomes.

L’intrigue suit Will Laurence, un Anglais capitaine de navire au tout début du XIXème siècle. Il s’empare d’un navire français et découvre un œuf de dragon qui éclot. Laurence est, dès lors, obligé de s’occuper du petit dragon, baptisé Téméraire, et de s’enrôler dans « l’aviation » britannique afin de combattre les forces de Napoléon.

Sur le papier, ce roman semble terriblement prometteur : une aventure historique et maritime revisitée sous l’angle d’une uchronie durant les guerres napoléoniennes avec des combats entre, non pas des aéroplanes, mais des dragons. Le début du livre parait d’ailleurs répondre aux promesses avec des personnages relativement intéressants et un univers riche. Hélas, comme (trop) souvent dans la Fantasy, tout traine rapidement en longueur. Nous avons droit à la romance contrariée et au long entrainement du dragon à « l’école militaire » des « aviateurs ».

La relation entre le héros et le dragon occupe une large part du bouquin. Un dragon qui, par ailleurs, semble à la fois très intelligent et d’une naïveté confondante. La révélation finale, sans doute too much, nous apprend en outre qu’il n’est pas un dragon « rare » mais carrément un « céleste », soit le plus rare et le meilleur dragon possible. Bon, mais sinon nous avons droit à des combats épiques à dos de dragons avec les cieux qui s’enflamment et tout et tout ? Pas vraiment. Quelques batailles interviennent à la fin du roman mais rien de véritablement formidable.

TEMERAIRE apparait donc comme une occasion manquée : le potentiel d’une flamboyante uchronie teintée de fantasy historique et d’une touche de romance impossible est là mais le résultat se montre, au final, assez terne. Le relatif cliffhanger final avec la révélation concernant Téméraire donne envie de continuer la saga mais la perspective de devoir s’enfiler huit tomes supplémentaires décourage les bonnes volontés.

TEMERAIRE n’est pas un mauvais roman malgré son côté « introductif » et ses longueurs. Le style est plutôt agréable et la plume est suffisamment vive pour ne pas susciter l’ennui. Mais il n’est pas non plus suffisamment emballant pour continuer une aventure qui promet beaucoup mais, hélas, délivre très peu. Bref, un roman sympa, potable, vaguement divertissant mais surtout décevant.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #dragon, #Uchronie, #Historique, #Fantasy

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Publié le 23 Juillet 2023

LES FRERES CORSES d'Alexandre Dumas

Court roman (un peu moins de 200 pages), moins connu que les classiques de l'auteur, LES FRERES CORSES a pourtant été adapté au cinéma à de nombreuses reprises. On ne compte pas moins d'une vingtaine de films sur le sujet, la plus connue étant probablement celle avec Geoffrey Horne et Gerard Barray.

Publié en 1844, l'intrigue débute trois ans plus tôt. Le narrateur voyage en Corse où il est accueilli dans la maison d'une veuve, Savilia de Franchi, mère de deux jumeaux au destin très différents. Lucien est resté fidèle à ses origines corses et vit pour l'honneur et la vendetta. Louis, parti à Paris, exerce comme avocat loin de la violence. Il n'a même jamais touché une épée ou un pistolet. Séparé à la naissance par la chirurgie, les deux frères sont restés très liés, au point de pouvoir ressentir leurs émotions respectives, y compris à de très longues distances. Pendant que Lucien essaie de stopper une vendetta de plusieurs années entre les Orlandi et Colona, son frère est défié en duel par un libertin…

LES FRERES CORSES est un récit d'aventures largement teinté de fantastique, pris ici au sérieux. Que ce soient les apparitions des défunts venant avertir les héros, la télépathie développée entre les jumeaux et ce frère qui revient d'entre les morts pour permettre d'être vengé, l'intrigue baigne dans le surnaturel. Cela donne une coloration intéressante à une intrigue qui oppose la vie en Corse et à Paris, avec leur code d'honneur et leur manière de résoudre les problèmes. D'un côté la vendetta, de l'autre le duel. Deux façons très codifiées de faire couler le sang.

LES FRERES CORSES est donc un court roman à l'écriture très agréable qui se lit facilement, l'occasion de se frotter à un auteur classique sans passer par ses romans les plus épais.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Fantastique, #Historique

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Publié le 5 Juin 2023

KLEOS - INTEGRALE de Mark Eacersall et Serge Latapy (scénario), Amélie Causse (dessin)

499 avant JC. Pécheur grec vivant dans une cite soumise régulièrement aux attaques des pirates, Philoklès rêve de gloire, bercé par les exploits des héros légendaires de l'Illiade et l'Odyssée…Se prenant pour Achille, notre jeune homme embarque pour l'aventure, décidé à trouver le repère des pirates. Mais le monde réel correspond rarement aux histoires racontées et le voici capturé par Monophtalmos, le plus terrible des pirates. Sa connaissance des récits d'Homère lui vaudra le salut: il sera le nouveau rhapsode (conteurs) des pirates. Mais Philoklès, en dépit de sa position enviable, veut s'évader.

Le premier volume se consacrait à l'aventure maritime du héros. Mais des retours de lecteurs ont changé les plans des auteurs: au lieu d'un second volume ils offrent une version intégrale du récit, permettant d'apprécier d'une traite ce "roman graphique". Notre héros, capturé, voit ses rêves de gloire s'effondrer. Il n'est plus rien, ni personne, au point que ses geôliers le surnomme Outis (= personne). Sa connaissance d'Homère lui vaudra de retrouver une place et une fonction dans cette société, devenant un rhapsode contant les exploits d'Achille. Philoklès ne peut compter que sur sa connaissance de conteur pour rester en vie, affrontant, de manière intellectuelle, le chef des pirates. Au final, il vivra bel et bien une vraie Odyssée mais connaitra un destin tragique, typique de ces récits antiques où rien ne se termine bien.

Très joliment dessiné, dans un style graphique singulier mais approprié, précis et pourtant quelque peu naïf, donc charmant, avec des couleurs bien rendues et une atmosphère ensoleillée, ce récit d'aventures tour à tour épique, intimiste et tragicomique constitue une bande dessinée de qualité. A découvrir donc dans une belle édition intégrale qui se lit d'une traite.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Historique, #bande dessinée, #Aventures

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Publié le 1 Janvier 2023

LES ENFANTS DE LA DISCORDE de Jonathan Werber

Gros pavé de près de 500 pages (grand format), ce récit historique constitue le deuxième roman de Jonathan Werber (le fils de l'autre). Présenté comme une histoire de vengeance, le bouquin nous conte effectivement le destin de Simon, soldat républicain de retour à Nantes en 1793. Revenant chez lui après avoir combattu contre les royalistes en Vendée, il découvre que son père a été abattu lors d'une arrestation arbitraire. Sa mère, elle, moisit en prison. Le responsable? Jean-Baptise Carrier, consul investi des pouvoirs de la République devenu véritable tyran de la région. Une seule personne ose se dresser sur sa route: l'incorruptible juge Phélippes. Simon accepte d'aider ce-dernier, avec la complicité de Charlotte, une courtisane devenue la favorite de Carrier. Simon devient ainsi un agent double, agissant pour le compte du régime de la Terreur tout en essayant d'abattre son terrible dirigeant.

Richement document, LES ENFANTS DE LA DISCORDE nous offre une vision détaillée des premières années de la boucherie révolutionnaire avec ces petits despotes aux pouvoirs illimités. Arrestations arbitraires, exécutions sommaires, emprisonnement,…les zélés zélotes de la destruction finissent dépasser par leur entreprise barbare: les prisons sont pleines et même la guillotine ne peut tuer suffisamment vite. Dès lors les ennemis de la révolution seront simplement emmenés dans des bateaux et noyés par centaines.

L'auteur entremêle la grande Histoire et le destin de ses deux héros, Simon et Charlotte, englouti dans la folie post-1789. Les dernières pages replacent d'ailleurs le roman dans son contexte et effectue le tri entre les événements et personnages, les uns historiques, les autres inventés. Pour les férus d'Histoire, LES ENFANTS DE LA DISCORDE se montre très prenant, pour le lecteur moins porté sur cette période, l'abondance de détails rend parfois la lecture plus ardue. Quelques longueurs se font sentir, d'abord à mi-parcours et ensuite lors du procès final.

Rien de bien gênant cependant, le roman permet surtout de prendre conscience, pour ceux qui en douterait encore, de l'abomination républicaine et de la folie sanguinaire des infâmes révolutionnaires. Devant autant de massacres, le lecteur, une fois le livre refermé, n'a qu'une envie: crier à bas la république et vive le roi!

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Historique

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Publié le 31 Décembre 2022

PAX AUTOMATA d'Ariel Holzl

Ariel Holzl édite en 2017 son premier roman, LES SŒURS CARMINES. Depuis il a déjà publié une dizaine de titres dans les domaines de l'imaginaire. PAX AUTOMATA, le petit dernier, s'inscrit dans le Steampunk, l'uchronie et l'Historic Fantasy.

XIXème siècle, en France. L'Empereur Napoléon III s'apprête à inaugurer l'exposition universelle de Paris. La science a beaucoup progressé et le monde fonctionne grâce à des automates qui s'acquittent de nombreuses tâches subalternes. La principale loi de la Pax Automata interdit cependant à ces robots de posséder des traits humains. Pendant ce temps, Philémon, élève de la prestigieuse école de Saint-Cyr, se voit choisi pour piloter un nouvel aéronef révolutionnaire, le Zéphir. À la suite d'un sabotage, l'engin s'écrase et Philémon découvre un enfant automate qui pourrait bien être une nouvelle arme destinée à abattre l'Empire. Allié à Zélie, une romanicielle, Philémon mène l'enquête.

Roman d'aventures "jeunesse" très dépaysant, PAX AUTOMATA s'appuie sur un monde steampunk uchronique original qui part de la réalité historique pour lancer des pistes divergentes intéressantes. Ainsi Ada Lovelace, mathématicienne authentique considérée comme la pionnière de la programmation informatique a supplanté la reine Victoria et règne sur une Grande-Bretagne automatisée. De son côté Napoléon III a triomphé à Sedan et domine la France. L'auteur joue donc avec l'Histoire à la manière d'un feuilletonniste et entraine le lecteur dans une suite d'aventures enlevées et plaisantes, ponctuées de rencontres diverses. Le héros, flanqué d'une romanicielle, de son meilleur ami et de sa rivale, la meilleure élève de l'école, va ainsi mettre à jour une vaste conspiration aux ramifications politiques complexes.

L'auteur avance à rythme élevé, parfois même trop: l'intrigue ne prend guère le temps de se poser mais multiplie les péripéties pour maintenir l'attention du lecteur. Du coup ce dernier n'a pas le temps de s'imprégner de toutes les trouvailles bienvenues, notamment une belle inventivité dans les termes argotiques et autres néologismes. Vu la richesse de l'univers il serait cependant dommage d'en rester là, espérons que l'auteur y reviendra pour un nouveau récit. La fin, d'ailleurs, laisse la porte ouverte à une séquelle bien que ce roman se suffise à lui-même. Les nombreuses illustrations et les touches d'humour ajoutent un côté attrayant à ce roman fort bien présenté qui, en plus d'être réussi, s'avère un bel objet.

Bref, si le déroulé reste un poil convenu et que le principal personnage manque de charisme ou de fantaisie pour totalement emporter l'adhésion, le riche décor, la langue inventive et les personnages secondaires bien typés font de PAX AUTOMATA un divertissement de qualité à déguster sans tarder.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Steampunk, #Uchronie, #Fantasy, #Historique, #Jeunesse

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Publié le 16 Novembre 2022

LES SAINTES RELIQUES de Steve Berry

Et hop! Du thriller d'aventures historico-politico-ésotérique! Steve Berry est déjà une valeur sûre de la littérature de divertissement depuis une vingtaine d'années avec son personnage de Cotton Malone, sorte de croisement entre James Bond et Indiana Jones qui aurait beaucoup lu Dan Brown et Clive Cussler.

L'intérêt de ce nouveau bouquin? Il débute à Bruges et toute sa première partie prend place en Belgique. Car Malone, en visite pour acheter des livres anciens dans la Venise du Nord, décide d'aller observer le Saint Sang, une des plus précieuses reliques chrétiennes. Depuis le XIIème siècle, Bruges abrite en effet l'ampoule contenant le sang de Jésus, recueilli par Joseph d'Arimathie. Or, la relique est volée par des hommes armés et Malone apprend que d'autres vestiges sacrés ont subi dernièrement le même sort. Quel peut-être le lien entre les "sept armes christiques" et l'agitation politique en cours en Pologne qui vise à exercer un chantage à l'encontre de son président? Malone se retrouve entre différents agents secrets et entame une course contre la montre dont peut dépendre la sécurité mondiale.

Avec LES SAINTES RELIQUES (un titre légèrement trompeur car l'essentiel de l'intrigue tourne surtout autour des tensions grandissantes entre la Pologne, les Etats-Unis et la Russie), Steve Berry concocte un thriller page turner comme les Américains (et quelques Français) en possèdent le secret. Clive Cussler, Dan Brown, Giacometti / Ravenne, James Rollins, Raymond Khoury et quelques autres ont balisé les grandes lignes de ces aventures trépidantes et érudites. L'auteur nous emmène ainsi de Bruges à Cracovie, nous offre de plaisantes leçons d'histoire et mitonne des rebondissements à intervalles réguliers, dans une manière de procéder héritée du serial. Le héros se trouve ainsi régulièrement en mauvaise posture et les cliffhangers de fin de chapitre obligent à poursuivre la lecture. D'autan que le romancier use classiquement d'une narration alternée qui permet de varier les points de vue et entremêle adroitement les différentes sous-intrigues.

Le roman remet également en mémoire toute l’horreur du communisme, l’auteur rappelant la condition des Polonais soumis à l’abjecte peste rouge d’un régime gangréné par la corruption. Toutefois, Steve Berry solde les comptes en campant un président des Etats-Unis complètement stupide, belliqueux et riche, un Warner Fox antipathique à souhait. Toute ressemblance avec un personnage existant serait bien sûr volontaire.

Le style est simple, sans prétention, mais efficace et soignée, du travail propre qui ne cherche pas à épater le lecteur, simplement à le plonger dans l'action à la manière des romans de gare de jadis mais en plus travaillé. Ainsi, les dernières pages reviennent sur les évènements du livre et décortiquent la réalité de la fiction avec honnêteté.

Passons au négatif! La construction de l'ouvrage, un peu étrange, laisse parfois penser à deux intrigues différentes qui ne s'accordent pas tout à fait, comme si l'auteur avait voulu écrire un roman sur les reliques chrétiennes pour comprendre, à mi-parcours, qu'il ne possédait pas la matière nécessaire à tenir 500 pages. Ainsi, malgré le rythme, Berry semble parfois délayer quelque peu un récit qui aurait pu être raccourci d'une centaine de pages pour devenir encore plus tendu. Mais qu'importe ces bémols car le lecteur passe un bon moment et les chapitres courts (encore une caractéristique du genre) s'enchainent à vivre allure pour relancer la machine à chaque baisse de régime.

Un bon thriller politique, historique et (un peu) ésotérique avec toute la science d’un auteur de page-turner qui brocarde également, à mot couvert, à la fois la présidence américaine et la pourriture communiste. Ce qui ne fait jamais de mal à une époque où la bête immonde de l’extrême-gauche relève sa tête infâme.

 

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