Publié le 30 Avril 2020

NEMESIS d'Agatha Christie

Miss Marple revient pour son ultime tour de piste (LA DERNIERE ENIGME a été écrit bien des années plus tôt) au tout début des années ’70 dans un récit qui se veut, en quelque sorte, la suite du MAJOR PARLAIT TROP. Le vieux Mr Rafiel, rencontré par Marple lors de son tragique voyage aux Antilles un an auparavant, est décédé des suites d’une longue maladie. Etonnamment, il lègue à Miss Marple, qu’il avait surnommé Némésis en l’identifiant à la déesse de la Justice et de la Vengeance, une forte somme d’argent à condition que cette dernière accepte de corriger une « erreur judiciaire ». Sans en savoir davantage, la détective accepte cette mission particulière et s’embarque dans un voyage en autocar pour démêler une ancienne énigme. Elle rencontre également trois sœurs qui semblent personnifier les Parques de la mythologie.

Quoique diminuée physiquement et ne sachant guère où tourner le regard, la vieille demoiselle se montre toujours aussi sagace. Toutefois, elle avance dans le brouillard durant une partie du roman, se demandant où le défunt voulait la conduire. L’originalité du récit est, en effet, de rester longtemps vague sur l’enquête à mener, le défunt Rafiel ne communiquant les informations qu’au compte-goutte…par-delà la mort. Au final, Miss Marple comprendra bien sûr qu’elle a été conduite à la résolution tandis que le lecteur comprendra, pour sa part, qu’il a une fois de plus été mené par le bout du nez. Bien sûr, le bouquin date des dernières années de Christie et s’avère donc moins réussi que les meilleures enquêtes publiées, pour la plupart, durant son « golden age ». N’empêche, si l’histoire parait parfois en pilotage automatique (avec des « facilités » déjà utilisées à maintes reprises dans le roman policier) et que les hasards et coïncidences se montrent plus présents que de coutume pour permettre à l’intrigue d’avancer aux moments opportuns, l’ensemble tient bien la route et assure parfaitement le divertissement du lecteur.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Agatha Christie, #Policier, #Whodunit

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Publié le 29 Avril 2020

LE VINGT-SIXIEME ROUND de Peter Lovesey

Deuxième enquête du sergent Cribb et deuxième roman pour Peter Lovesey, toujours dans la veine du policier historique « sportif ». Après les courses d’endurance de LA COURSE OU LA VIE, l’auteur nous emmène dans le milieu des pugilistes, autrement dit la boxe à poings nus. Notre détective, après avoir repêché un cadavre décapité bien bâti, se lance dans une enquête dans le cercle fermé des combats « sans gant », interdits depuis une vingtaine d’années en cette fin du XIXème siècle mais toujours prisés des amateurs qui n’hésitent pas à parier des fortunes sur ces lutteurs s’en prenant plein la gueule. Motivé par les dernières méthodes de la police française, Cribb envoie un de ses hommes, le champion de boxe Jago, en infiltration dans ce milieu étrange. Jago tombe sous la coupe et pratiquement sous le charme de l’organisatrice des combats clandestins qui se propose de le faire combattre contre un colosse noir surnommé l’Homme d’ébène.

Si le premier livre consacré à Cribb mélangé avec bonheur intrigue policière, whodunit, description des mœurs victoriennes et approfondissement d’un cercle sportif peu connu et dangereux, ce deuxième volet s’avère quelque peu différent. L’intrigue policière initiale sert surtout de prétexte à l’exploration de l’univers des combats à poings nus, ce qui reste intéressant bien que l’énigme soit reléguée à la portion congrue. A la page 125 (sur 156), Lovesey offre au lecteur un nouveau meurtre avec un petit whodunit classique mais franchement trop vite expédié pour convaincre, à croire qu’il s’agissait d’un passage obligé pour justifier ce qui demeure, essentiellement, un roman sur le sport (même illégal), avec également ses passages obligés comme ce match « truqué » devant rapporter un paquet d’argent à ses organisateurs.

Néanmoins, l’ensemble reste divertissant par son côté historique et ses aspects étonnants comme ces hordes d’amateurs de boxe illégale se rendant en masse à un combat clandestin pour assister à un interminable combat prévu en…26 rounds. Bref, un bouquin historico-sportif agréable mais un roman policier un brin décevant, à lire malgré tout pour les amateurs de Lovesey.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Historique, #Policier, #Roman court (novella)

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Publié le 28 Avril 2020

QUAND LES TENEBRES VIENDRONT d'Isaac Asimov

La longue nouvelle qui donne son titre à ce recueil, écrite en 1941, reste une des plus connues et célébrées de la science-fiction, souvent considérée comme la meilleure d’Asimov et même une des 2 ou 3 meilleures nouvelles de SF de tous les temps. Inutile donc de s’appesantir sur cette exceptionnelle réussite d’une très grande originalité thématique et qui se déploie jusqu’à sa chute vertigineuse. Ceux qui l’on déjà lu dans une des nombreuses publications l’ayant republiée la relirons avec plaisir, ceux qui ne la connaissent pas vont découvrir un joyau de la science-fiction.

« Les taches vertes », au sujet d’une race extra-terrestre parasitaire, s’avère plus classique mais reste une belle réussite, agréable et rythmée jusqu’à sa conclusion.

« Hôtesse » se montre également très originale avec cette rencontre entre deux terriens et un émissaire extraterrestre venu se renseigner sur les particularités de l’Humanité tandis que toutes les autres espèces intelligentes connues développent une « mort par inhibition » qui, lorsqu’elle se déclenche, les tue en une année. Mais la résistance des Humains au phénomène a une explication qui pourrait conduire à un conflit galactique.

Soucieux de traiter de l’énergie atomique dont on venait de mesurer le potentiel destructeur, « Y a-t-il un homme en incubation… » s’intéresse à la problématique de l’attaque et la défense, les deux devant fatalement s’équilibrer pour maintenir un équilibre guerrier acceptable…avec la découverte de la bombe atomique il importe donc de finaliser un champ de force atomique capable de s’en protéger.

Une courte nouvelle (« Taches vertes ») et trois novellas d’environ soixante pages forment donc un excellent recueil de 220 pages de haute qualité. Quatre textes qui datent des années 40 au début des années 5O et qui, globalement, non pas pris une ride. Bonne pioche pour les fans du Docteur Isaac !

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Publié le 27 Avril 2020

JAMES BOND: MISSION PARTICULIERE de John Gardner

Pour son deuxième « James Bond », John Gardner ressuscite un des plus célèbres ennemis de 007 : Blofeld, toujours à la tête de l’organisation secrète Spectre visant, cette fois, à s’emparer des codes du programme de défense spatiale américain.

Gardner livre ici un pur roman de gare (ce qui n’est pas péjoratif mais quelque peu décevant pour un Bond) en reprenant le personnage sous sa forme plus cinématographique que littéraire. Tombeur séducteur, Bond endosse l’identité d’un expert en gravures rares afin d’infiltrer le quartier général d’un méchant mégalomane…Bien sûr Bond est aussitôt démasqué mais continue de converser en gentleman avec le criminel qui, de son côté, tente de le tuer à plusieurs reprises. Fourmis mangeuses d’homme, course de voiture,…Bond échappe à toutes les manigances du vilain qui aime également donner ses victimes à manger à ses pythons géants. Pour conquérir le Norad, les méchants élaborent d’ailleurs un plan complètement folklorique visant à transformer (par la drogue !) Bond en général destiné à s’infiltrer dans la base puis à trahir ses alliés américains… eux-mêmes sous l’emprise d’un psychotrope répandu par de la crème glacée ! Difficile d’en dire plus ou d’expliquer de manière plus claire ce stratagème aberrant mais, au final, plutôt amusant. Là encore nous sommes totalement dans le bis outrancier, entre les épisodes les plus déjantés des « Agents très spéciaux » et les romans d’espionnage de gare qui pullulaient dans les années ’70 façon Coplan, OSS 117 et autres.

Au cours de son enquête, Bond (qui, bien évidemment, n’a pas vieilli alors qu’il devrait approche des soixante ans bien sonnés !) fait équipe avec Sandra, la fille de son ami Felix Leiter (dont personne n’avait eu connaissance jusque-là). Sandra ne rêve évidemment que d’une chose : mettre l’agent secret dans son lit mais Bond s’y refuse par égard pour Felix, trouvant l’épouse du méchant plus à son goût. Bref, nous sommes en plein soap et les révélations finales peu crédibles, sans oublier la lettre de Leiter autorisant Bond à traiter sa fille comme bon lui semble, rapproche encore une fois toute l’histoire du plus pur roman de gare.

Evidemment, MISSION PARTICULIERE a le cul entre deux chaises, comme la plupart des romans post-Fleming, en essayant de combiner le Bond originel des bouquins et sa déclinaison des grands écrans, beaucoup plus aseptisée et codifiée : en gros, l’agent pas du tout secret (tout le monde semble le connaitre) boit comme un trou et drague tout ce qui bouge, confiant dans sa voiture ultra sophistiquée et sa valise bourrée de gadgets pour se tirer de toutes les situations dangereuses.

Le roman se termine par un « twist » qui réussit à être à la fois hautement prévisible et complètement improbable avant que le méchant (dont nous tairons l’identité même si elle semble évidente) ne périsse de manière bien horrible et excessive. Encore une fois, Gardner patauge dans le bis mais ce n’est pas désagréable, surtout que le roman est court et relativement rythmé par ses nombreux courts chapitres.

Nous sommes très loin de Fleming mais, pour les amateurs d’espionite rythmée et déjantée, avec méchant mégalomane décidé à conquérir le monde et demoiselle trop sexy pour être honnête, la lecture de MISSION PARTICULIERE reste plaisante et fun. Sans plus ni moins.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Cinéma, #Espionnage, #James Bond, #Thriller

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Publié le 24 Avril 2020

LA CHOSES DES PROFONDEURS de Matthew J. Costello

Né en 1948, Matthew John Costello est un des nombreux écrivains ayant émergé lors du « boom » de l’horreur et du thriller fantastique des années ’80. On lui doit des novelisations (pour la saga « Chucky », la série télévisée « SeaQuest » ou les jeux vidéo « Doom » et « 7th Guest »), des scénarios de jeux vidéo (dont « Doom 3 ») et plus d’une vingtaine de romans dont seuls quatre furent traduits dans la collection « Terreur ».

LA CHOSE DES PROFONDEURS traite de la découverte d’une nouvelle espèce de ver géant intelligent aux fonds des océans. Bien sûr, les créatures une fois libérées entreprennent la conquête du monde. En dépit de nombreuses critiques enthousiastes lues sur Interner, cette lecture ne m’a pas convaincu. En effet, pour ma part, le roman n’a guère fonctionné, entre horreur organique parasitaire à la « Alien » ou « The Thing » (le titre français appuie la référence), récit de domination mondiale par le « Ver conquérant » (un peu façon récit catastrophe ou apocalyptique) et drame familial centré sur les relations entre deux parents divorcés et leur fille adolescente. Costello court beaucoup (trop) de lièvres à la fois, passant de passages intimistes à d’autres nettement plus outrancier dans la tradition de l’horreur « pulp » des années 80. Le romancier essaie manifestement d’élever le propos (à l’inverse de titres à l’intrigue similaire publiés chez Gore comme VRILLES, TERREUR DELIQUESCENTE ou TERREUR RAMPANTE) mais l’ensemble parait longuet.

Une déception.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Horreur

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Publié le 23 Avril 2020

SERPENTINE de Mélanie Fazi

En dix nouvelles, Mélanie Fazi nous convie, pour ce premier recueil, à un tour d’horizon d’un fantastique quasiment quotidien et réaliste, loin du tape-à-l’œil de nombreux récits courts.

Nous explorons ainsi des lieux à l’apparence banale, comme ce salon de tatouage où l’on utilise des encres aux propriétés spéciales (« Serpentine ») ou cette aire d’autoroute (« Nous reprendre à la route ») où se croisent quelques fantômes égarés. « Elégie » parle d’une mère, d’enfants disparus et d’un arbre bizarre, le thème rappelle un peu le sous-estimé « La Nurse » de William Friedkin mais le traitement, pour sa part, s’avère complètement différent et bien plus intimiste. Une caractéristique qui s’applique d’ailleurs à chacune de ces histoires, pour la plupart racontées à la première personne et de manière pudique, sans effets de peur facile et sans « jump scare », mais, au contraire, de façon apaisée en donnant la priorité au climat et à l’atmosphère. Nous faisons également connaissance avec cette étrange chanteuse, « Mathilda » qui revient donner un concert de reformation exceptionnelle de son groupe des années après sa dissolution. Et nous pénétrons, en compagnie d’Achille, dans le restaurant grec tenu, à notre époque, par Circée. Par la suite nous suivons le jeune Anton, dévoré par sa culpabilité depuis l’assassinat de Rebecca. Ou nous explorons le petit théâtre de la vie quotidienne du métro avec ses personnages étranges, ses jeunes filles à la dérive, ses clochards et ses fantômes. Rare nouvelle non racontée à la première personne, « Le faiseur de pluie » traite des dernières vacances de deux enfants dans une maison italienne promise à la vente prochaine…des vacances constamment pluvieuses pour une rencontre avec un esprit triste.

Dix nouvelles efficaces, douces-amères, tristes, prenantes,…autant de plongées dans le fantastique, l’étrange et la magie,…Dix réussites (pour la plupart inédites, certaines ayant été publiées dans des anthologies antérieures) pour un premier recueil de très grande qualité, à découvrir pour les amateurs de récits courts fort joliment ciselés.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Recueil de nouvelles

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Publié le 21 Avril 2020

DEMAIN LES CHIENS de Clifford D. Simak

Grand classique de la SF, ce recueil « unifié » de nouvelles (ou de « contes ») brosse un tableau de l’avenir de l’Humanité jusqu’au départ de la quasi-totalité des Humains vers Jupiter où, transformés pour s’adapter aux conditions de vie apparemment impossibles, ils accèdent à une vie paradisiaque. Qui va donc hériter de la Terre si ce n’est les Chiens après une série de mutations ?

Bien avant LA PLANETE DES SINGES, Simak envisageait lui aussi que l’Homme finirait par être supplanté comme espèce dominante. Mais, ici, le legs de la Terre aux canidés se fait doucement et au terme de plusieurs milliers d’années. L’auteur en profite pour livrer des réflexions philosophiques (au sens large) pas spécialement optimiste : « pour l’Homme la seule voie menait à l’arc et à la flèche ». Ou, autrement dit, au meurtre, à la guerre et à la bombe atomique. Mélancoliques, les contes proposés (on privilégiera l’édition Omnibus qui offre la version la plus complète en ajoutant un ultime neuvième conte, « Epilogue »), constituent une de ses fameuses « possibles Histoires du futur » prisée des auteurs de SF. Nous suivons également la trajectoire d’une famille, les Webster, qui jouera un rôle majeur dans l’évolution humaine au point que les Chiens finiront par nommer les Hommes des webster (sans majuscule). Simak lie d’ailleurs ces récits relativement indépendants par des commentaires retraçant les querelles d’experts canins qui se demandent si l’Homme a bel et bien existé ou si tout ça ne forme qu’un vaste mythe. Et que dire alors des Fourmis ?

Ecrit à partir de 1944 (pour la première nouvelle, « La cité »), ce recueil / roman reste très moderne et actuel dans ces thèmes. Si certaines avancées technologiques sont forcément battues en brèches, les questionnements de Simak ont, eux, gardés toute leur pertinence : l’Homme va-t-il laisser place à une autre espèce, la Terre berceau sera-t-elle abandonnée pour conquérir l’espace, une société sans guerre ni meurtre est-elle envisageable, que se passerait-il si on réduisant le nombre d’Hommes aux habitants d’un gros village ou si au contraire la surpopulation devenait ingérable…

Dans ce monde menés par les Chiens (qui guident les autres espèces comme les ours ou les loups sur le « bon » chemin) et « surveillé » par des robots (dont beaucoup sont retournés à la vie sauvage faute de maître à servir), l’Homme n’est plus qu’une légende dont les haut-faits sont devenus de simples contes racontés au coin du feu.

Un incontournable ! On peut d’ailleurs se demander combien de romans de SF actuels accuseront aussi bien les années après trois quart de siècle !

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Recueil de nouvelles, #science-fiction

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Publié le 20 Avril 2020

LES JARDINS DE L'OMBRE JAUNE d'Henri Vernes

Et une nouvelle aventure opposant Bob Morane à l’éternel méchant Mr Ming. Suite directe de LA CITE DE L’OMBRE JAUNE, ce récit en reprend les principaux ingrédients : l’Ombre Jaune veut dominer le monde (ou au moins San Francisco) et remplace quelques individus par des robots pour assurer la réussite de son plan. Forcément, Bob et Bill se mettent sur sa route.

Rien de particulier à signaler sinon que Bob et Bill se dopent aux stimulants (!) avant d’aller combattre leur ennemi, une bonne idée puisqu’ils sont ensuite drogués par les hommes de l’Ombre Jaune mais que leurs petites pilules précédemment ingérées leur permet de se réveiller rapidement. Sinon le roman suit la lignée des précédents volumes de cette vaste saga (entamée avec LES GUERRIERS DE L’OMBRE JAUNE puis LA CITE DE L’OMBRE JAUNE) en jouant ouvertement la carte science-fictionnel. Mr Ming utilise encore une fois des robots humanoïdes qui prennent la place de certaines personnalités, des petites « olives » métalliques confèrent divers pouvoirs à leur porteur et l’Ombre Jaune tente de s’emparer de San Francisco en utilisant un champ de force et Chinatown dissimule une cité souterraine secrète. Bill est davantage relégué au rand de faire-valoir (on pourrait parfois le rapprocher d’un Capitaine Haddock vu son penchant pour la bouteille) tandis que Bob parait plus adulte et déterminé, le ton se voulant plus sérieux et moins destiné aux seuls adolescents.

Pour sa 76ème aventure, Bob nous offre encore divertissement, aventure, action et science-fiction. Un cru plaisant quoique légèrement redondant si on a lu LES GUERRIERS DE L’OMBRE JAUNE et LA CITE DE L’OMBRE JAUNE peu avant.

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Publié le 17 Avril 2020

LA COURSE OU LA VIE de Peter Lovesey

Enseignant anglais, Peter Lovesey écrit ce premier roman pour un concours de livre policier, remportant d’ailleurs le premier prix. Il y invente un de ses personnages récurrents, le sergent Cribb, enquêteur à l’époque victorienne qui reviendra dans sept autres récits et sera adapté à la télévision britannique dans les années 80. Il écrira de nombreux autres « policiers » qui, tous, ressortent du whodunit traditionnel inspiré par le « golden age » du roman d’énigme. Lovesey va récolter, durant sa carrière, la quasi-totalité des distinctions « policières » : Silver Dagger (3 fois), Gold Dagger, Grand prix de littérature policière, Prix du roman d’aventures, etc. En 2018, il est intronisé Grand Master par la Mystery Writers of America.

LA COURSE OU LA VIE se déroule en 1879 dans le monde particuliers des courses d’endurances durant lesquelles les athlètes doivent courir durant six jours, quasiment jusqu’à l’épuisement, pour le plaisir des parieurs. On achève bien les chevaux, pourquoi pas les coureurs, se dit le sergent Cribb lorsque le favori meurt subitement. Accident ? Meurtre, évidemment. Le brave Cribb va dès lors enquêter dans le panier de crabes des coureurs professionnels, entre ringards rêvant de gloire, noble qui courent sur une piste réservée pour ne pas se mêler à la plèbe et, bien sûr, femme fatale délaissée par un sportif trop occupé à s’entrainer.

Le récit, très court (128 pages), égrène les six jours de la compétition pour multiplier fausses pistes, meurtres et faux semblants jusqu’à l’inévitable dénouement au cours duquel Cribb démasque le coupable. Bref, un whodunit de très bonne cuvée qui à le mérite de ne souffrir d’aucune longueurs et de se dérouler dans un milieu très particuliers (et authentique !), celui des courses d’endurance. Lancées dans années 1870 (avec des championnats du monde en 1879), les « courses de six jours » tombèrent en disgrâce dès 1890, remplacées par les courses cyclistes, avant qu’elles ne soient relancées un siècle plus tard. Un roman policier instructif, amusant et fort bien mené, avec un mystère solide, une très bonne entrée en matière pour Lovesey qui s’imposa rapidement comme un des maitres du whodunit.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Historique, #Policier, #Roman court (novella), #Whodunit

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Publié le 15 Avril 2020

LE TRAIN DE 16h50 d'Agatha Christie

Septième roman mettant en scène Miss Marple, celle-ci n’a plus, ici, qu’un rôle très secondaire. Devenue trop âgée pour participer pleinement à l’action, elle laisse le travail d’investigation à une certaine Lucy Eyelessbarrow.

Lorsqu’une connaissance de Marple, Elspeth McGillicuddy, est témoin du meurtre d’une femme dans un train, la plupart pense qu’il s’agit de l’hallucination d’une vieille toquée. Mais Marple, elle, est persuadée de la valeur de ce témoignage. Par recoupement, elle arrive à la conclusion que le crime n’a pu se produire que près de la propriété de Rutheford Hall. La détective délègue alors Lucy Eyelessbarrow pour mener l’enquête.

Situé en 1958, le roman traduit le passage du temps en Angleterre. La propriété de Rutheford Hall tombe quasiment en ruine, la famille Crackenthorpe qui y vit n’a plus beaucoup de fortune, la Seconde Guerre Mondiale a laissé des traces et chaque page ou presque montre que les temps changent. Par contre l’appât du gain reste présent, les petits (ou plus gros) secrets sont toujours légions dans ces familles aristocratiques à la dérive et, surtout, les Hommes sont bien partout les mêmes, ce qui permettra à Miss Marple de démêler une de ses énigmes les plus complexes. Sans beaucoup intervenir puisque si Lucy Eyelessbarrow se montre fort présente, Marple n’apparait que dans une poignée de chapitres, en particulier à la fin pour démasquer l’insoupçonnable coupable en lui tendant, comme toujours, un piège fort élaboré qui l’amène à se révéler.

Rythmé et fort plaisant, voici un excellent whodunit, à l’intrigue particulièrement retorse et alambiquée (un personnage s’exclame que « tout ça ressemble vraiment plus à un roman policier qu’à la vraie vie ») avec usurpation d’identité, disparition mystérieuse, empoisonnement en série, etc.

Le roman donna lieu à deux adaptations cinématographiques, toutes deux assez lointaines et tournées vers l’humour parodique : « Le train de 16h50 » et « Le crime est notre affaire ». Préférons malgré tout le bouquin, sans doute un des meilleurs « Marple ».

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Agatha Christie, #Policier, #Whodunit

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