Publié le 30 Août 2021
Ce « Défi Fantastique » aurait probablement davantage eut sa place dans l’éphémère collection « Epouvante » (deux titres publiés) puisque nous quittons le Fantasy pour une aventure nettement plus sombre et macabre. Coincé dans un manoir, le lecteur / joueur aura sans doute bien des difficultés à rester en vie jusqu’à l’aube : vampire, goule, chiens affamés, esprits maléfiques, zombie, vieille sorcière, démons, serviteurs du diable,…Tous les suppôts de Satan se sont donnés rendez-vous pour une cérémonie sanglante orchestrée par un comte menaçant. Pas d’arme, pas de magie, pas de gadget pour le lecteur / joueur qui recherche désespérément un téléphone (le récit se déroule dans les années 80), une sortie,…mais pourrait ne jamais la trouver.
La difficulté s’avère extrême : non seulement il n’existe qu’un chemin pour terminer la quête mais il faut également posséder un Kriss (un poignard malais) dissimulé…quelque part ! Bonne chance pour le trouver (sans lire la solution c’est pratiquement impossible !) d’autant que la résolution nécessite également de rencontrer les bonnes personnes (et dans le bon ordre), de poser les bonnes questions, de trouver le bon mot de passe, d’être au bon endroit, de ne pas tomber dans un piège (de nombreuses pièces conduisent à la mort), de ne pas s’égarer, de ne pas boire le vin empoisonné (spoiler : éviter le blanc !), et de posséder deux clés différentes,…Sans tout cela (oui tout ça !), la mort attend invariablement le lecteur. Bref, pensez à faire quelques « sauvegardes » de vos caractéristiques au fil de la progression et de tout noter sur un plan sous peine de reparcourir inlassablement les mêmes pièces.
Les combats, eux, ne sont pas fréquents (c’est déjà ça !) et les monstres ne posent pas de difficultés particulières : le joueur devrait s’en tirer en se battant une demi-douzaine de fois. Le côté retors ne se trouve pas là. Par contre, l’idée vraiment perverse qui complique encore l’aventure réside dans le niveau de peur : à la manière de certains jeux ultérieurs (basés sur Lovecraft), les événements rencontrés augmentent la peur du joueur…jusqu’à sa mort. Ouvrir trop de portes pourraient vous confronter à des créatures qui vous rendront fous…Mais ne pas les ouvrir vous empêchera de mener la quête à son terme. Un véritable casse-tête puisqu’il faudra gérer cette peur et ne pas, comme dans bien des livres dont vous êtes le héros, se contenter de fouiller chaque pièce jusqu’à assembler les bons artefacts!
LE MANOIR DE L’ENFER constitue donc une très belle réussite des « Livres dont vous êtes le héros » : une ambiance bien rendue, un système de jeu à l’efficacité éprouvée, une écriture réussie. Le seul point d’achoppement réside dans la difficulté quasiment insurmontable mais ce bémol reste relatif : le lecteur peut refaire l’aventure plusieurs fois et échouer à maintes reprises tout en passant un très bon moment ludique.