Publié le 26 Septembre 2023
Brian Lumley, avant sa saga du NECROSCOPE, s’est signalé par ses romans lovecraftiens, notamment ceux consacrés à son héros Titus Crow. Ce-dernier est une sorte de détective du surnaturel, un aventurier entre Jules de Grandin et Harry Dickson. Il est flanqué de son associé, Henry-Laurent de Marigny, et se confronte aux Grand Anciens à longueurs de pages.
La vision / version du Mythe par Lumley ressemble à la bonne fan-fiction (ce n’est pas péjoratif) avec son mélange d’innovations et d’hommages / resucées aux écrits antérieurs de Lovecraft et ses potes de chez Weird Tales. Au rayon des nouveautés, Lumley propose une conception plus rationnelle de la cosmogonie d’HPL : les créatures du mythe sont des entités extraterrestres qui peuvent être combattues de manière scientifique. Et lorsque la « magie » fonctionne c’est de manière détournée. Les déités, par exemple, ont un « implant mental » qui les rend sensibles à des signes comme l’étoile de Mnar ou certaines invocations. Lumley rationnalise donc le mythe et lui donne une certaine « cohérence », comme a pu le faire August Derleth. Il est d’ailleurs amusant de constater que si ces deux auteurs sont souvent critiqués par les puristes c’est leur vision, plus que celle de Lovecraft, qui prévaut actuellement dans le grand public. Que ce soit en roman, en jeu de plateau, jeu de rôle ou même film, le côté « désespéré » de HPL (avec ses héros qui finissent immanquablement à l’asile) a laissé place à une version plus portée sur l’aventure fantastique. Titus Crow initie cette tendance et précède également X-Files tout en évoquant le Dr Who qui luttait aux côtés de la UNIT. Nous avons donc nos deux héros télépathes recueillis par la Fondation Wilmarth, sise à Miskatonic, pour contrer les chtoniens et autres DCC (les Divinités du Cycle de Cthulhu, texto). Car HPL avait raison et tout ce qu’il a écrit est véridique quoique publié sous forme de fictions pour ne pas horrifier la populace. Ce en sont donc plus quelques rencontres entre un érudit et une entité surnaturelle qui sont racontées par Lumley, c’est véritablement une guerre épique et cosmique entre les Terriens et les Créatures.
Ce premier volet de la Geste de Titus Crow est donc une version plus blockbuster et simpliste de l’original (c’est un peu à L’APPEL DE CTHULHU ce que SHANARRA est au SEIGNEUR DES ANNEAUX) avec des humains qui, cette fois, contre-attaquent. Les ennemis sont sous le sol, des sortes de vers géants façon DUNE qui déclenchent tremblements de terre et autres catastrophes.
Batailles épiques contre des monstres à la Godzilla, escarmouches mentales,… la narration alterne notes diverses, comptes-rendus, journaux et récit plus romanesques car l’écriture de Lumley est définitivement plus fluide et moins portée sur les superlatifs pompeux.
Bon, on trouve encore des passages un peu pesants où l’auteur égrène les titres des bouquins d’occultisme et lance des imprécations imprononçables mais, dans l’ensemble, c’est une lecture bien plus « facile » et « détente » que celle de son ainé. Et on se dit que ces aventures donneraient quand même un sacré film ou une bonne série télé.