Publié le 31 Octobre 2019
Ce recueil reprend six nouvelles de Lovecraft, toutes intéressantes même si on réservera le qualificatif de chef d’œuvre à la première d’entre elles, celle qui donne d’ailleurs son titre à ce livre.
Sans doute un des récits les plus connus de Lovecraft, cette novella (terminée en 1931) constitue une continuation de la très courte « Dagon » écrite douze ans auparavant. Le narrateur, Robert Olmstead, se rend en Nouvelle-Angleterre pour en découvrir l’Histoire. En dépit des avertissements, il échoue dans le petit village côtier d’Innsmouth où il est accueilli de manière hostile par les habitants à l’étrange apparence batracienne. Olmstead finit par apprendre, de la bouche du vieil ivrogne Zadok Allen, que la population s’adonne au culte d’un dieu aquatique, Dagon, et n’hésite pas, en échange de richesses, à s’accoupler à des êtres venus des profondeurs.
Sorte de synthèse de l’horreur tentaculaire, cosmique et aquatique de Lovecraft, ce récit riche et efficace démarre de manière posée pour ensuite s’enfoncer dans l’indicible au fur et à mesure des rencontres du principal protagoniste avec les abominations nichées dans ce paisible (en apparence) village côtier. Souvent mentionné, que ce soit par Lovecraft lui-même ou par ses continuateurs, Innsmouth s’est imposé comme un lieu essentiel de son univers aux côtés d’Arkham. 70 pages denses et passionnantes (tout juste peut-on trouver le parler « alcoolisé » de Zadok Allen un brin pesant) à lire ou relire dont Stuart Gordon tira l’excellent DAGON, sans doute le long-métrage le plus représentatif de l’univers lovecraftien.
Les autres nouvelles sont également célèbres : « La maison de la sorcière » (adaptée pour la série télévisée Master of Horror mais également sous les titres LA MAISON ENSORCELEE en 1968, HORREUR A VOLONTE en 1970 et plus récemment THE SHUNNED HOUSE en 2003), le très macabre « Air Froid » dans l’esprit des (ultérieurs) « Tales from the crypt » (porté à l’écran dans l’anthologie NECRONOMICON et précédemment dans la série télévisée « Night Gallery »), le très court « L’indicible » (dont J-P Oulette tira le sympathique mais très bis THE UNNAMABLE en 1988).
Le recueil se termine avec l’excellent « Le Monstre sur le seuil ». Au final : une belle réussite !