essai

Publié le 15 Juin 2023

PUTE FINALE de Mayeul Tur

Avec un titre comme PUTE FINALE on sait immédiatement qu’on ne lira pas un texte de gauche. Au contraire, nous sommes dans la pamphlet réactionnaire, au sens premier du terme. Le romancier et quasi-narrateur de cette intrigue réagit. Il entre en réaction contre l’idéologie « féministe déféminisante woke trans gauchiasse (et plus encore) ». Le texte, sous forme d’une dystopie d’anticipation (juste une dizaine d’années dans le futur) imagine une société gangrénée par le wokisme.

Comme Winston, le héros de 1984, le Benjamin de PUTE FINALE dit un jour "non". Un pur refus. Sachant que dire non ne lui apportera rien, il s'obstine. Lorsque l’autorité lui affirme que 2 + 2 = 5, Winston refuse cette absurdité. Lorsque sa patronne lui apprend que son collègue barbu veut à présent être considéré comme une femme et répondre au seul prénom d'Anna, Benjamin ne peut l’accepter. Et dans la France de 2030, complètement obsédée par le genre, la race et le progressisme, Benjamin est condamné à mort. Pas une mort physique (nous n'en sommes pas encore là mais bon, certains ne seraient pas contre) mais une mort sociale. Ostracisé le Benjamin. Dans une société racisée-genrée-victimisée, notre homme blanc hétéro de soixante ans, avec son male gaze et ses yeux qui s'égarent sur les poitrines féminines, n'a plus sa place. Et attention car les portables sont équipés de dispositifs d'enregistrement pouvant servir de preuves lors de toutes agressions, même micro. Attention à ne pas tenir la porte d'une femme ou à lui offrir des fleurs, violeur en puissance! Du coup Benjamin est viré de son travail. Car du communisme au stalinisme il n’y avait qu’un pas et du progressisme au wokisme pas davantage. Devant la « tyrannie de la transidentité », Benjamin ne plie pas. Il refuse d’être le problème puisque, selon lui, le problème c’est ce gugusse qui, du jour au lendemain, veut être traité comme une gonzesse. Même sans même être passé par le billard et alors qu’il a toujours sa bite entre les jambes. Pourtant il était plutôt de gauche le Benj'. Mais la gauche d'avant, celle qui se préoccupait davantage de social que de genre. La guerre des classes d'accord, la guerre des races et des sexes non. Du coup Benjamin se cherche une raison d'exister. Pas facile dans cet Occident condamné à brève échéance peuplé de féministes hystériques voulant couper les couilles du patriarcat et d'hommes déconstruits qui ont soudainement envie de s'appeler Axelle.

Que faire? Comment pouvoir encore être un homme machiste et fier de l’être sans que la société ne trouve à y redire. La réponse s'impose: l'islam sauvera le mâle blanc hétéro de plus de cinquante ans. Ne pouvant pas changer de race et n'ayant pas envie de se couper le zob, le Benj' peut se convertir. Rejoindre les victimisés, les intouchables. L’impunité des barbes et des babouches. Notre Benj se plonge dans le coran quoiqu'il aimerait davantage plonger dans la chatte de Léa, la fille d'une de ses anciennes partenaires (dans tous les sens du terme) de lutte. Mais bon, avec quarante ans d'écart le Mal(e) a peu de chance de parvenir à ses fins dans cette société – usine à gaz qui traque le « gaze » à tous les étages.

PUTE FINALE est donc un texte engagé, caricatural et radical qui tire à boulet rouge sur les woke, les trans, les féministes, les gauchistes, etc. Dommage que la charge soit souvent si lourde qu’on en ressort fatigué, d’autant que le style volontairement relâché (le roman est écrit « comme on parle » avec une élision de la moitié des voyelles à tous les mots) finit par rende le tout quelque peu indigeste.

Toutefois et même si on n’est pas obligé d’être toujours d’accord avec tout ce que raconte (ou éructe) Mayeul Tur le bouquin reste amusant. Entre Houellebeck, Beigbeider et un édito de Valeurs Actuelles, l’ensemble pose de bonnes questions et à moins d’être un électeur de Papy Mélanchon, un Oin Oin de gauche ou un membre du « camp du bien », PUTE FINALE demeure, en dépit de ses défauts, une lecture recommandable.

Merci donc à l'éditeur pour m'avoir envoyé ce roman.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Politique, #Essai, #Humour, #anticipation, #Dystopie

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Publié le 11 Mai 2023

LES 200 CLITORIS DE MARIE BONAPARTE d'Alix Lemel

Dans ce cours essai romancé, nous suivons l'opposition entre Freud et sa disciple française, Marie Bonaparte au sujet d'une question oh combien centrale de la psychanalyse. Pour Sigmund, le clitoris est un "pénis vestigial": il n'a qu'une utilité transitoire et masturbatoire pour la jeune fille avant qu'elle ne devienne une vraie femme par la découverte du le plaisir vaginal. D'ailleurs, en cas de problème, la chirurgie est là et si Freud conseille une excision symbolique afin que la femme puisse se mettre sous la domination de l'Homme, il n'est pas contre une excision réelle pour les récalcitrantes. Marie Bonaparte n'est pas tout à fait d'accord, d'ailleurs elle a eu beau recourir trois fois à la chirurgie, rien n'y fait, dans sa pratique le clitoris reste supérieur au vagin. Une position qu'elle explique dans un article pseudoscientifique après avoir, selon ses dires, rassemblé un échantillon de 200 clitoris afin de voir si le bouton fonctionne, même éloigné du vagin. Or il semble que le problème vienne de là.

Descendante de Napoléon, la princesse vit en outre un étrange ménage à trois avec son mari, homosexuel honteux, et le compagnon de celui-ci qui la rejoint dans leur lit. Elle s'intéresse à la sexualité et à la psychanalyse mais ne trouve pas de vraie réponse à son questionnement. En effet elle est clitoridienne, ce qui parait inconcevable pour Sigmund, pour qui seul la sexualité vaginale présente un intérêt. Fondatrice de la société de psychanalyse française, opposée à Lacan et sauveuse de son "cher père" Sigmund (elle organise son exil lors de la prise de pouvoir par les Nazis), Marie s'interroge: comment concilier sa position clitoridienne avec celle, vaginale, de Freud? Elle tente d'y parvenir par la chirurgie (elle rapproche son clitoris de son vagin par trois opérations successives) et par l'analyse mais aucune des deux méthodes ne fonctionnent réellement.

Mais Marie Bonaparte, qui se livre à une analyse "psy" des textes d'Edgar Poe, se retrouve également dans "La lettre volée" et récupère la correspondance de Sigmund, lequel entretient pendant des années une relation épistolaire passionnée avec un confrère fort proche d'une relation homosexuelle. Or le grand homme se montre honteux. Il préfère que tout ça ne se sache pas, ce qui le met en position de faiblesse face à Marie Bonaparte et son clito agressif. Le chasseur d'hystériques fait profil bas…

En 115 pages, l'auteur nous amuse avec ce récit tellement incroyable qu'il ne pouvait être qu'authentique et déboulonne un peu plus la statue de Freud. Un duel philosophique érudit et énergique qui se lit très vite, instructif et divertissant.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Essai, #Novella (roman court), #Humour, #Biographie

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Publié le 11 Avril 2022

SABRE AU CLAIR ET PIED AU PLANCHER de Gérard De Villiers

Créateur du super-espion SAS et enfant terrible de la littérature de gare, éditeur de dizaines de séries qui firent les beaux jours des présentoirs avec leur couverture bariolée où se retrouvaient invariablement filles dénudées et armes de guerre, De Villiers nous raconte sa vie dans cette autobiographie fort plaisante. Il aligne évidemment toutes les outrances attendues (l’Homme, le Vrai, se vante à longueur de pages de ses innombrables conquêtes) mais, de manière plus instructive, revient sur ses débuts dans le journalisme. Il écrit d’abord pour un hebdomadaire d’extrême-droite puis dans diverses publications où il œuvre en tant que paparazzi, réexpliquant quelques-uns de ses « coups » les plus fumants, notamment la fameuse rumeur d’une Sheila ayant changé de sexe ! Certes, on eut aimé que De Villiers parle davantage de ses publications et de SAS mais le bonhomme n’est pas avare d’anecdotes, souvent amusantes, qui rendent la lecture de cette autobiographie plaisante. De plus, sa haine viscérale du communisme (et de la gauche de manière plus générale) le rend bien sympathique.

On le sait, comme il le répète, De Villiers était « trop engagé, c’est-à-dire pas assez à gauche ». Or, hélas, « la gauche est l’arbitre des élégances, elle dit qui admirer et qui vilipender ». Il affirme aussi que les deux périodes les plus douloureuses de son existence furent l’Occupation et l’arrivée des socialistes au pouvoir. Il fit front (national bien sûr), sachant que ça ne durerait pas tout en se lamentant de l’empoisonnement de la France par la pensée gauchiste. Nul doute qu’il aurait été ravi de voir aujourd’hui le PS plus bas que terre.

Finalement, De Villiers livre l’autobiographie qu’on espérait de lui : rythmée, nerveuse, haineuse, pleine d’aventures sexuelles, saupoudrée d’une louche d’humour et surtout hargneuse. L’auteur est véritablement déchainé et s’en prend radicalement à un paquet de personnalités : tout ce qui est bobo gaucho démago se voit dézingué rageusement avec une énergie qui donne le sourire au lecteur.

Mais le bonhomme, en dépit de ses outrances, s’avère souvent sympa et même touchant, notamment lorsqu’il étrille la « grande littérature » (« Proust n’a aucun intérêt, avec ces interminables digressions il y a de quoi vous dégouter de la lecture ») ou les « auteurs contemporains nombrilistes typiquement franchouillard ». Qui pourrait lui donner tort ?

De toutes manière, quoique l’on pense du bonhomme et de ses œuvres, un homme qui détestait à ce point la gauche ne saurait être totalement mauvais.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Espionnage, #Erotique, #Essai, #Gérard de Villiers, #Autobiographie

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Publié le 30 Mars 2022

COMMENT ECRIRE DE LA FICTION ? de Lionel Davoust

Courant aux Etats-Unis, les livres de conseils pour « écrire de la fiction » ne sont pas nombreux en France. Le pays souffre, selon l’auteur (et il a surement raison) d’un complexe vis-à-vis de la théorie de l’écriture. Pour beaucoup, dans nos régions, on « est » écrivain ou on ne l’est pas. Autrement dit, le romancier a, par chance, vu se pencher sur son berceau les bonnes fées de l’inspiration, de la technique narrative et de la réussite commerciale. Inutile d’essayer d’écrire quelque chose de valable si les muses ne vous ont pas chatouillé l’oreille. Pourtant, comme le précise l’auteur, on accepte d’un guitariste qu’il travaille sa technique, qu’il fasse ses gammes et même qu’il essaie d’imiter les plus grands. L’écrivain, au contraire, se doit de naitre génial. Ce court livre remet donc en perspective pas mal d’idées reçues et propose quelques conseils assez généraux plein de bon sens et de pertinence. Il sépare, notamment, les adeptes du plan détaillé (les architectes) de ceux qui écrivent pratiquement au fil de la plume (les jardiniers) et invite le lecteur à se positionner. Sur de nombreux sujets, l’auteur interpelle donc son « élève » à la manière d’un prof et l’invite à envisager telle ou telle voie. Les chapitres sur les différents points de vue possibles et les temps à privilégier sont particulièrement pertinents. Les exemples choisis, courts et précis, permettent au lecteur de comprendre les positions exprimées par l’auteur. Des exemples souvent tirés des littératures de l’imaginaire d’ailleurs (Star Wars, Lord of the rings, Game of thrones, James Bond, Doctor Who, etc.) et la plupart du temps agrémenté d’une touche d’humour ce qui rend la lecture de ce guide plaisante. Mais les principes s’appliquent à tous les genres, y compris les bouquins sentimentaux.

En 192 pages, n’espérez pas le guide ultime et parfait susceptible de transformer n’importe qui en pondeur de best-sellers. En réalité, Davoust explore surtout la manière dont un roman est construit, prenant l’exemple des personnages, de l’intrigue (« une histoire ce sont des gens intéressants qui veulent quelque chose et c’est compliqué »). Plus qu’un précis pour apprendre à écrire, Davoust montre comment la plupart des romans sont structurés. Ce n’est pas tout à fait la même chose. Disons qu’on a un peu l’équivalent d’un « making of » et non pas le plan Ikea dont certains rêvaient peut-être.

Cependant, les conseils dispensés s’avèrent suffisamment judicieux pour, au minimum, donner envie de réfléchir aux apprentis écrivains sur les raisons de leurs pages blanches. Dommage que l’auteur se sente obliger de recourir à cet infâme charabia d’écriture inclusive, tous ces points médians merdiques donnant envie de passer le texte au correcteur orthographique. Un comble pour un livre sur la littérature !

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Essai

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Publié le 11 Mars 2022

HISTOIRE DE L'OEIL de Georges Bataille

Publié sous pseudonyme par un Georges Bataille qui n’en avoua jamais la paternité, HISTOIRE DE L’ŒIL se présente comme un court roman pornographique écrit à l’envers de 170 fiches de lecture de la Bibliothèque Nationale, où l’auteur était conservateur. Il le rédige en pleine cure psychanalytique et le roman se montre peu soucieux de cohérence, allant d’un tableau à un autre sans souci de progression dramatique ou d’une quelconque caractérisation des personnages. Il s’agit d’une suite de séquences « osées » (où l’érotisme, en tant que tel, est souvent absent) qui décrivent diverses perversions avec une prédominance des watersports et autres golden shower. Bref, les deux « héros », emportés dans leurs dépravations baisent beaucoup et, plus encore, se pissent joyeusement dessus. Le narrateur s’associe ainsi à la très délurée Simone avant d’inviter dans leurs orgies la pieuse et virginale Marcelle qui finit par se laisser aller, elle-aussi, à la débauche. Par la suite, Marcelle devient folle, est internée, libérée par notre duo et se pend. Bataille situe la suite du récit en Espagne et démontre sa fascination pour la tauromachie avec des passages étranges, notamment celui où Simone, en assistant à une corrida, s’introduit une couille de taureau. L’histoire se termine par une série de profanation commises dans une église avec un prêtre à qui Simone arrache un œil qu’elle s’enfonce dans le vagin dans un délire de sperme et d’urine.

Difficile de s’intéresser au récit, des critiques sérieux ont cependant démontré le symbolisme de la plupart des scènes. Soit. Admettons. Le dernier chapitre, en effet, explique la manière très psychanalytique dont le roman a été écrit. Cela dit il n’est pas toujours nécessaire de transformer son parcours analytique en bouquin. Le tout, finalement, se limite à un catalogue d’audaces et de provocations : viols, inceste, sadisme, urologie, scatologie, tortures, meurtres,…Au-delà de l’aspect rentre-dedans peu à se mettre sous la dent : on frôle souvent la parodie plus ou moins consciente (« et si j’essayais à tout prix de choquer le bourgeois ? ») mais sans le côté rigolo d’un Apollinaire (LES ONZE MILLE VERGES) ou l’extrémisme d’un Sade (LES 120 JOURNEES DE SODOME). Ca intéressera sans doute les amateurs de surréalisme ou de « jeu littéraire » mais la majorité des lecteurs risquent de rester sur la touche. Un comble pour un livre vendu comme érotique…

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Erotique, #Essai, #Roman court (novella)

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Publié le 27 Décembre 2021

POUR UNE POIGNEE DE NANARS de Michel Pagel

Les livres sur le nanar se sont multipliés ces dernières années. Pour le meilleur et pour le pire. Le pire c’est bien évidemment l’école Forestier, celle où on se moque de tout, surtout de ce que le peuple aime, pour bien montrer sa supériorité sur ces imbéciles qui regardent « Rocky », « Top Gun » ou « Angélique ». Une école où tous les films « populaires » deviennent des nanars pour permettre à l’auteur de caser ses jeux de mots foireux et de mettre en valeur sa mégalomanie de gardien du bon goût. On peut préférer l’école Nanarland, qui ne lésine certes pas sur les moqueries mais avec davantage de mesure.

Et puis il y a Michel Pagel ! Ce-dernier nous prévient d’entrée qu’il va se moquer gentiment de certains films mais jamais de ceux qui les ont réalisés, souvent avec sincérité et bonne foi. Pagel ne regarde pas de haut son sujet mais rend ses chroniques toujours amusantes. Des critiques rédigées d’ailleurs au tout début du Net, voici une vingtaine d’années, lorsque le nanar n’était pas encore tendance. D’où un amusement certain à lire ces résumés complètement loufoques. L’auteur survole des films anciens ou (relativement) récents avec quelques incontournables comme « Ator l’invincible » (une Heroic Fantasy fauchée mais divertissante de Joe d’Amato), « Witch Academy » de Fred Olen Ray (un réalisateur très cool pour qui le terme nanar semble avoir été inventé), l’antique « Mesa of lost women », l’hallucinant « Blood Freak » ou la version d’Albert Pyum du « Captain America ». Et bien d’autres, à découvrir (ou pas).

Contrairement aux démolisseurs de films qui déblatèrent sur le nanar entre deux productions respectables, Pagel aime sincèrement ces petites bisseries kitsch, fauchées, ringardes mais enthousiastes et, parfois, enthousiasmantes. Aussi mauvais que soient certaines des œuvres répertoriées (aucune n’ayant marqué la grande histoire du cinéma), Pagel donne envie de les voir et de s’amuser à leur vision. Bref de passer un bon moment et de rire avec les films, plutôt que du film lui-même. En ses temps de cinéma formaté où la moindre outrance se voit dénoncée comme une atteinte au bon goût et où la moindre pique humoristique est soumise à l’esprit censeur de soi-disant « éveillés » (qui feraient mieux de retourner dormir), ce genre de productions hors normes fait, finalement, un bien fou.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Cinéma, #Essai

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Publié le 2 Novembre 2021

ANATOMIE D'UN COEUR SAUVAGE d'Asia Argento

Avec un bandeau « par celle qui a lancé le mouvement MeToo » qui couvre la moitié de la couverture, le public visé par cette biographie d’Asia Argento est clairement défini. Si les premiers chapitres évoquent son enfance, partagée entre Daria et Dario, la première qui la frappe, le deuxième qui est toujours absent, la suite témoigne surtout de la déglingue de l’actrice.

Ce sera donc sexe, drogue et techno. Au niveau anecdotes croustillantes ou sexuelles, Asia détaille une partie de son interminable liste d’amants (avec quelques filles en prime), quelques célébrités (Carrax), quelques cinéastes qu’elle accuse de l’avoir plus ou moins violée (Radford, Rob Cohen), l’affaire Weinstein évidemment, ses compagnons d’aventures, ceux qu’elle a croisé pour quelques années ou juste un soir. Et puis la drogue, commencée très jeune : alcool, cigarette, joints, ecsta, acide, coke, etc. Et un peu la musique aussi, surtout la techno. D’où ses souvenirs de rave party où elle se défonce sur de la techno et finit entre les bras d’un inconnu.

Bon, ça c’est fait. Et le cinéma donc ? Il sera à peine évoqué. De toutes façons Asia ne tourne tous « ces films de merde » que pour gagner de quoi subsister et élever ses enfants. Rien ne semble l’intéresser dans sa carrière, au point de se couvrir de tatouages pour ne plus avoir à tourner ces « films en costumes casse-couille ». Les anecdotes les plus intéressantes au niveau du Septième Art sont surement celles consacrées à son deuxième film, « Le livre de Jérémie ». Bref rappel des faits : Asia désire porter à l’écran le roman autobiographique de J.T. LeRoy, jeune drogué prostitué en transition pour changer de sexe. Elle rencontre donc J.T. (elle couche même avec il / elle et se rend compte des miracles de la chirurgie). Quelques années plus tard, après la sortie du film, la supercherie éclate : J.T. LeRoy n’existe pas, il a été créé par son « agent », Laura Albert et une actrice, Savannah Knoop, l’a incarné pendant six ans. C’est Savannah qu’Asia va côtoyer durant les deux années de préparation de son adaptation, écoutant la vie larmoyante du faux J.T. et les péripéties qu’il a vécu. Une révélation qui va plonger Asia dans une énorme colère. Disons qu’elle s’est bien fait avoir !

Bref, ANATOMIE D’UN CŒUR SAUVAGE intéressera surtout les fans de l’actrice et ceux intéressé par l’envers du décor du cinéma (le tout rappelle un peu HOLLYWOOD BABYLON avec ces interminables soirées, sa promotion canapé et ses lignes de coke partagées dans des chambres d’hôtel. Bref rien n’a changé). Par contre, le livre laissera sur le carreau ceux qui aurait aimé entendre parler de cinéma. Car pour Asia, lorsqu’elle parle du Septième Art c’est uniquement pour expliquer qu’elle s’est tapé l’acteur principal ou que tel réalisateur a versé du GHB dans son verre. Si certains passages sont réussis le bouquin, dans son ensemble, laisse une impression mitigée, celle de lire un journal intime où l’actrice règle ses comptes à grands coups d’insultes et d’accusations. Alors elle balance, elle balance, elle balance son porc. Mais on espère qu’elle en a fini avec cette phase et que sa prochaine autobiographie évoquera, par exemple, ses tournages avec papa.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Cinéma, #Essai, #Autobiographie

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Publié le 23 Septembre 2021

MOI, ASIMOV d'Isaac Asimov

 

Une brique ! Plus de 600 pages pour retracer la vie et la carrière du bon docteur, un des titans de la science-fiction. Et pourtant la SF ne constitue qu’une infime partie d’une œuvre immense : romans policiers, nouvelles diverses, vulgarisations scientifiques,…

A sa mort, en 1992, Asimov laisse plus de 400 (!) livres, certaines années fastes le maître en sortant un par mois ! Bref, le bonhomme a des choses à raconter. Cette autobiographie constitue déjà la troisième de l’écrivain, après deux volumes plus classiques et chronologiques. Ici, Asimov se « laisse porter » au gré de ses souvenirs. Au crépuscule de sa vie, il traite de sujets divers : ses amis (beaucoup étant décédés), ses romans, l’importance de FONDATION, le cycle des ROBOTS,…

Certains sujets sont plus « intimes » : la maladie, ses problèmes de santé, sa famille, ses amis disparus, tandis que d’autres traitent de considérations plus générales sur la littérature, les maisons d’édition, les groupes de discussions dont il était membre, l’évolution de la science-fiction ou même ses positions philosophiques, théologiques, scientifiques, etc.

Le personnage apparait éminemment sympathique, très cultivé, sans doute quelque peu conscient de son importance (vaniteux parait approprié même si il a raison de préciser que son nom « fait vendre »), même si un certain humour transparait, tout comme une autodérision assumée qui permet d’accepter ses bouffées égotiques. Le bonhomme semble d’ailleurs quelque peu asocial et sans doute à la limite du spectre l’autisme, la littérature passant clairement avant tout, y compris avant ses proches. Ce qui ne l’empêche pas de participer à des diners « mondains », à des discussions passionnées entre personnes cultivées et à des réunions d’auteurs, Asimov appréciant les récompenses et la reconnaissance.

Scientifique rationaliste, athée et humaniste mais aussi bon vivant jamais avare de mot d’esprit, cultivé, incroyablement intelligent et plein d’humour, Asimov reste un incontournable de la littérature « populaire » du XXème siècle.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Essai, #Autobiographie, #Asimov

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Publié le 15 Septembre 2021

PORN VALLEY de Laureen Ortiz

Juin 2009. La mort de Michael Jackson occupe tous les médias. Laureen Ortiz, de son côté, se lance dans une enquête au long cours au cœur de la Porn Valley. Car, en Californie, non loin de la Silicon Valley et d’Hollywood se niche le haut lieu de l’industrie du X américain. Les geeks de la Silicon qui s’y sont aventurés y travaillent en effet sur les nouveaux sites web du porno, lesquels attirent des millions de click par jour (rien que PornHub tourne autour des… 800 visites à la seconde !).

De leur côté, les apprenties actrices assurent le turn-over constant des nouveaux « visages » du hard. Car depuis son « âge d’or » des seventies et le premier boom de la vhs, le X a bien changé et les vétérans du métier ont parfois beaucoup de mal à s’adapter aux nouvelles manières du XXIème siècle. Le format long-métrage est à présent globalement abandonné, la scénarisation a disparu et les Traci Lords ou Jenna Jameson ont laissé place à des starlettes interchangeables. Elles sont payées à la prestation (chaque spécialité étant tarifée avec précision) et enchainent des centaines de « scènes » en quelques mois avant de disparaitre dans l’anonymat…et la crainte d’être reconnue après leur reconversion. En dépit des sommes importantes qu’elles ont gagné (environ 1 000 dollars la scène), la plupart repartent aussi pauvres qu’elles étaient arrivées : drogue, contrats filous, vie de luxe, dépistage du sida, etc. Les « frais » nécessaires à cette existence.

Si quelques compagnies de « prestige » subsistent (Vivid, l’empire de Larry Flint, Penthouse,…) la majorité des tournages est aujourd’hui aux mains de MindGeek. Cette société tentaculaire se présente comme des spécialistes du développement web mais héberge la plupart des sites pornos les plus visités. Le bouquin revient aussi sur les côtés « rock & roll » du X avec ces karaokés d’actrices, ces cérémonies fastueuses où les studios se décernent des « oscars », ces innombrables starlettes qui passent entre les bras tatoués des stars à la Marylin Manson ou Tommy Lee. Beaucoup d’anecdotes et quelques touches d’humour, par exemple lorsque Ortiz rappelle que si la plupart des performeuses ont l’âge légal pour tourner des vidéos hard elles n’ont pas celui requis pour boire une bière dans les fêtes organisées par les compagnies !

Adoptant un format à mi-chemin entre le journal de bord et le reportage façon journalisme gonzo (ça tombe bien pour le sujet !), l’autrice propose de nombreuses interviews. Des acteurs, des actrices, des réalisateurs et divers autres personnages plus ou moins impliqués dans cette industrie aux marges de la légalité qui emploie pourtant des dizaines de milliers de personnes. De la pornstar éphémère à la militante pour l’imposition de préservatif en passant par ceux qui se retrouvent sur les tournages pour bosser de 9 à 17 heures le plus « simplement » du monde, Laureen Ortiz dévoile le versant méconnu de la Californie. Cette « zone grise » brasse des sommes absolument démentielles et se voit exposée et explorée sans complaisance (assortie d’un rappel des nombreux suicides survenus dernièrement) mais sans charge excessive non plus.

Comme dans tout bon reportage « gonzo », l’autrice tisse également des points communs entre les « performeuses » et son propre parcours. Au final, elle se sent souvent très proche des interviewées et brosse un portrait pas très reluisant mais instructif de « l’industrie la plus décriée des Etats-Unis ». Un bouquin qui, en dépit de quelques longueurs et passages redondants, se lit agréablement.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Cinéma, #Erotique, #Essai

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Publié le 5 Septembre 2021

CHOOSING DEATH: L'HISTOIRE DU DEATH METAL ET DU GRINDCORE d'Albert Mudrian

Le sous-titre ne saurait être plus explicite : ce copieux bouquin retrace l’histoire du death-metal et du grindcore. Début des années 80, le heavy metal franchit un palier dans l’agressivité avec Slayer, Venom, Bathory, Mercyful Fate, etc. Leur musique, mais aussi leur imagerie sataniste et leurs paroles « choquantes » servent de terreau à des groupes de jeunes ados énervés qui écoutent également des tonnes de punk rentre-dedans à la Chaos UK, Exploited, G.B.H. et autres.

Ces jeunes montent à leur tour des groupes qui combinent ces deux tendances, souvent dans des morceaux très courts à la technique rudimentaire. Les vocaux grognés complètent la volonté d’extrémisme. Napalm Death, Siege, Extreme Noize Terror lancent la vague punk / death / hardcore / grind…L’effervescence s’empare de la scène metal extrême alors que le Hair / FM triomphe sur MTV. Chacun se lance dans la danse, à coup de nouveaux groupes au line-up fluctuent et au talent d’instrumentiste souvent peu concluant. Beaucoup d’appelés, peu d’élus. 

Des labels se créent (Earache, Roadrunner,…), les fers de lance du mouvement apparaissent (et sont pour la plupart toujours là plus de trois décennies plus tard) : Morbid Angel, Obituary, Sepultura, Unleashed, Grave, Carcass,…Les majors courtisent même les groupes les plus prometteurs en espérant des ventes impossibles à atteindre vu la rugosité de leur musique. D’où des contrats absurdes pour que les cadors du vacarmes ne sortent des albums à la fois extrêmes et accessibles. La stagnation gagne. Beaucoup jettent l’éponge, se rendant compte qu’ils ne progressent pas, que du contraire : leur troisième ou quatrième album sont souvent moins réussis, moins efficaces et moins vendeurs que leur premier ! Certains teintent leur musique d’industriel, ralentissent le tempo, se laissent tenter par davantage de mélodies, de lourdeur gothique / doom, voire inventent le « death & roll » à la Entombed. La scène se scinde entre les tenants de l’agressivité punk qui rejettent toute innovation et les mastodontes comme Death qui choisissent la voie mélodique / progressive. Mais le soufflé retombe, balayé par le grunge et le black symphonique avant de connaitre une résurrection inespérée sous une forme plus aboutie et mélodique avec Paradise Lost, Arch Enemy, etc.

Le bouquin revient sur cette période bouillonnante faite de compétition amicale (qui allait jouer le plus vite et le plus fort ?), d’échange de cassettes introuvables, de line-up impossible à stabiliser et d’anecdotes rigolotes (le public de Napalm Death qui gueule « trop long » ou « arrêtez cette merde de prog rock » dès qu’un titre dépasse 30 secondes).

L’auteur revient longuement sur la montée en puissance du death dans la seconde moitié des 80’s, son apogée au début des 90’s et son déclin (avant, happy end, son retour plus fort que jamais !). Le tout est conté de manière très vivante avec des tonnes d’interviews et de citations. Une plaisante lecture si on apprécie un tant soit peu cette musique.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Essai, #Musique, #Heavy Metal, #Punk Rock

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