autobiographie

Publié le 5 Août 2022

NOUS QUI N'EXISTONS PAS de Mélanie Fazi

Lorsque la fiction n’a plus suffi, Mélanie Fazi a d’abord signé un texte sur son blog, « Vivre sans étiquette » qui explique son cheminement personnel. Ce livre en constitue, en quelque sorte, le prolongement, plus personnel, plus intime. Il s’apparente à une confession de l’auteur qui annonce avoir renoncé aux relations amoureuses et leur préférer la solitude. Le cheminement a été long, avec l’aide d’une thérapeute bienveillante qui a mis la novelliste sur la « bonne piste ». L’acceptation de son asexualité et de son attirance pour les femmes, non suivie d’un passage à l’acte (d’où le terme de « lesbienne non pratiquante ») a pris du temps. L’auteur nous raconte ses difficultés à gérer cette absence de désir, son décalage avec ses amies qui parlent de garçons, son refus de la vie de couple, sa non envie d’enfant,…

En parallèle, elle nous propose également un voyage dans son imaginaire, au travers de différents récits éclairés par son parcours personnel. Qu’elles expriment une sexualité différente via la lycanthropie, un attrait sensuel pour la nature ou un refus « d’aimer le dragon », les nouvelles de l’auteur reflètent son questionnement.

Un parcours épuisant, marqué par la dépression et la fatigue qui prend plusieurs années et qui explique sans doute que l’auteur n’ait plus vraiment écrit de fictions depuis une dizaine d’années. Trop occupée aussi, peut-être par son métier de traductrice, l’auteur, qui a toujours privilégié la forme courte (en dépit de la publication de deux romans, ce qu’elle ne souhaite pas réitérer) ne nous a pas vraiment donné de ses nouvelles depuis le recueil LE JERDIN DES SILENCES.

Dommage, la qualité de ses récits fantastiques manque dans le paysage actuel. Alors souhaitons qu’après ce livre confession (et le suivant, L’ANNEE SUSPENDUE, sur les TSA), Mélanie Fazi nous revienne enfin avec un nouveau recueil aussi réussi que ses trois premiers !

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Autobiographie, #LGBT

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Publié le 11 Mai 2022

NE DIS PAS QUE TU AIMES CA de Céline Tran

Un témoignage intéressant de la vie mouvementée de Céline Tran qui, de Vietnamienne de bonne famille réussissant à l’école, décide de devenir hardeuse. Elle prend ce métier comme un autre, avec ses bons et ses mauvais côtés, accepte de devenir un « objet » et gravit les échelons en ne disant non à aucune pratique. Elle décrit également son amitié avec le spécialiste du porno crad franchouillard, le célèbre Alan Payet.

Céline Tran, ex Katsuni, ex Katsumi (elle perd un procès avec une homonyme) plutôt que continuer tranquillement sciences-po se lance donc dans le X à 20 ans. Elle réussit à y percer et, ce qui est encore plus difficile, à en sortir. Strip-tease, photos coquines puis porno. Dès ses débuts, elle bénéficie d’un film à sa gloire, signé par Payet, L’AFFAIRE KATSUMI. Elle restera dans le circuit pendant une douzaine d’années et des dizaines de vidéos avant sa reconversion dans le «trad » (une apparition dans la série télé METAL HURLANT CHRONICLE et, surtout, un des rôles principaux de l’excellent thriller martial JAIL BREAK). Même en ayant seulement vu les trois prestations précitées (alors qu’elle compte 360 crédits sur imdb mais il doit y avoir pas mal de remontages divers), Céline Tran reste un cas à part dans le hard, ne serait-ce que par ses origines asiatiques. Dans une industrie de plus en plus encombrée de bimbos interchangeable (les mutations du secteur avec l’arrivée du net sont abordées), elle reste aussi un des derniers « visage » reconnaissable, avec les Ovidie, Oksana, Clara Morgane et Laure Sainclair. Un témoignage de l’époque, début des années 2000, où les hardeuses étaient invitées sur les plateaux de télé dans les émissions de seconde partie de soirée.

Céline Tran parle également de sa vie de famille, de ses aventures amoureuses compliquées, de la difficulté à séparer la femme de l’artiste. La vision du X est plutôt positive (contrairement à celle d’un PORN VALLEY par exemple), Céline Tran / Katsumu semble n’avoir pas connu d’expérience pénible (excepté sur un tournage où Rocco prendra sa défense) et avoir pris du plaisir dans le hard. On a un peu de mal à croire à cette vision presque idyllique de l’industrie : si les tournages sur les productions « de prestige » sont évoqués, les vidéos gonzos se passaient-elles de manière aussi « cool », entre adultes consentants ? Laissons à l’autrice le bénéfice du doute dans une histoire quelque peu « conte de fées pour jeunes filles libertines ».

Cette autobiographie reste donc intéressante en dépit de quelques réserves sur le côté édulcoré du monde du hard. Toutefois, l’écriture est efficace, fort plaisante, agréable à lire, une plume convaincante pour une artiste à présent reconvertie dans de nombreuses autres activités et que l’on peut retrouver, transformée en héroïne de BD gore, dans les DOGGY BAGS.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Autobiographie, #Cinéma, #Cinéma bis., #Erotique, #Porno

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Publié le 11 Avril 2022

SABRE AU CLAIR ET PIED AU PLANCHER de Gérard De Villiers

Créateur du super-espion SAS et enfant terrible de la littérature de gare, éditeur de dizaines de séries qui firent les beaux jours des présentoirs avec leur couverture bariolée où se retrouvaient invariablement filles dénudées et armes de guerre, De Villiers nous raconte sa vie dans cette autobiographie fort plaisante. Il aligne évidemment toutes les outrances attendues (l’Homme, le Vrai, se vante à longueur de pages de ses innombrables conquêtes) mais, de manière plus instructive, revient sur ses débuts dans le journalisme. Il écrit d’abord pour un hebdomadaire d’extrême-droite puis dans diverses publications où il œuvre en tant que paparazzi, réexpliquant quelques-uns de ses « coups » les plus fumants, notamment la fameuse rumeur d’une Sheila ayant changé de sexe ! Certes, on eut aimé que De Villiers parle davantage de ses publications et de SAS mais le bonhomme n’est pas avare d’anecdotes, souvent amusantes, qui rendent la lecture de cette autobiographie plaisante. De plus, sa haine viscérale du communisme (et de la gauche de manière plus générale) le rend bien sympathique.

On le sait, comme il le répète, De Villiers était « trop engagé, c’est-à-dire pas assez à gauche ». Or, hélas, « la gauche est l’arbitre des élégances, elle dit qui admirer et qui vilipender ». Il affirme aussi que les deux périodes les plus douloureuses de son existence furent l’Occupation et l’arrivée des socialistes au pouvoir. Il fit front (national bien sûr), sachant que ça ne durerait pas tout en se lamentant de l’empoisonnement de la France par la pensée gauchiste. Nul doute qu’il aurait été ravi de voir aujourd’hui le PS plus bas que terre.

Finalement, De Villiers livre l’autobiographie qu’on espérait de lui : rythmée, nerveuse, haineuse, pleine d’aventures sexuelles, saupoudrée d’une louche d’humour et surtout hargneuse. L’auteur est véritablement déchainé et s’en prend radicalement à un paquet de personnalités : tout ce qui est bobo gaucho démago se voit dézingué rageusement avec une énergie qui donne le sourire au lecteur.

Mais le bonhomme, en dépit de ses outrances, s’avère souvent sympa et même touchant, notamment lorsqu’il étrille la « grande littérature » (« Proust n’a aucun intérêt, avec ces interminables digressions il y a de quoi vous dégouter de la lecture ») ou les « auteurs contemporains nombrilistes typiquement franchouillard ». Qui pourrait lui donner tort ?

De toutes manière, quoique l’on pense du bonhomme et de ses œuvres, un homme qui détestait à ce point la gauche ne saurait être totalement mauvais.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Espionnage, #Erotique, #Essai, #Gérard de Villiers, #Autobiographie

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Publié le 2 Novembre 2021

ANATOMIE D'UN COEUR SAUVAGE d'Asia Argento

Avec un bandeau « par celle qui a lancé le mouvement MeToo » qui couvre la moitié de la couverture, le public visé par cette biographie d’Asia Argento est clairement défini. Si les premiers chapitres évoquent son enfance, partagée entre Daria et Dario, la première qui la frappe, le deuxième qui est toujours absent, la suite témoigne surtout de la déglingue de l’actrice.

Ce sera donc sexe, drogue et techno. Au niveau anecdotes croustillantes ou sexuelles, Asia détaille une partie de son interminable liste d’amants (avec quelques filles en prime), quelques célébrités (Carrax), quelques cinéastes qu’elle accuse de l’avoir plus ou moins violée (Radford, Rob Cohen), l’affaire Weinstein évidemment, ses compagnons d’aventures, ceux qu’elle a croisé pour quelques années ou juste un soir. Et puis la drogue, commencée très jeune : alcool, cigarette, joints, ecsta, acide, coke, etc. Et un peu la musique aussi, surtout la techno. D’où ses souvenirs de rave party où elle se défonce sur de la techno et finit entre les bras d’un inconnu.

Bon, ça c’est fait. Et le cinéma donc ? Il sera à peine évoqué. De toutes façons Asia ne tourne tous « ces films de merde » que pour gagner de quoi subsister et élever ses enfants. Rien ne semble l’intéresser dans sa carrière, au point de se couvrir de tatouages pour ne plus avoir à tourner ces « films en costumes casse-couille ». Les anecdotes les plus intéressantes au niveau du Septième Art sont surement celles consacrées à son deuxième film, « Le livre de Jérémie ». Bref rappel des faits : Asia désire porter à l’écran le roman autobiographique de J.T. LeRoy, jeune drogué prostitué en transition pour changer de sexe. Elle rencontre donc J.T. (elle couche même avec il / elle et se rend compte des miracles de la chirurgie). Quelques années plus tard, après la sortie du film, la supercherie éclate : J.T. LeRoy n’existe pas, il a été créé par son « agent », Laura Albert et une actrice, Savannah Knoop, l’a incarné pendant six ans. C’est Savannah qu’Asia va côtoyer durant les deux années de préparation de son adaptation, écoutant la vie larmoyante du faux J.T. et les péripéties qu’il a vécu. Une révélation qui va plonger Asia dans une énorme colère. Disons qu’elle s’est bien fait avoir !

Bref, ANATOMIE D’UN CŒUR SAUVAGE intéressera surtout les fans de l’actrice et ceux intéressé par l’envers du décor du cinéma (le tout rappelle un peu HOLLYWOOD BABYLON avec ces interminables soirées, sa promotion canapé et ses lignes de coke partagées dans des chambres d’hôtel. Bref rien n’a changé). Par contre, le livre laissera sur le carreau ceux qui aurait aimé entendre parler de cinéma. Car pour Asia, lorsqu’elle parle du Septième Art c’est uniquement pour expliquer qu’elle s’est tapé l’acteur principal ou que tel réalisateur a versé du GHB dans son verre. Si certains passages sont réussis le bouquin, dans son ensemble, laisse une impression mitigée, celle de lire un journal intime où l’actrice règle ses comptes à grands coups d’insultes et d’accusations. Alors elle balance, elle balance, elle balance son porc. Mais on espère qu’elle en a fini avec cette phase et que sa prochaine autobiographie évoquera, par exemple, ses tournages avec papa.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Cinéma, #Essai, #Autobiographie

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Publié le 23 Septembre 2021

MOI, ASIMOV d'Isaac Asimov

 

Une brique ! Plus de 600 pages pour retracer la vie et la carrière du bon docteur, un des titans de la science-fiction. Et pourtant la SF ne constitue qu’une infime partie d’une œuvre immense : romans policiers, nouvelles diverses, vulgarisations scientifiques,…

A sa mort, en 1992, Asimov laisse plus de 400 (!) livres, certaines années fastes le maître en sortant un par mois ! Bref, le bonhomme a des choses à raconter. Cette autobiographie constitue déjà la troisième de l’écrivain, après deux volumes plus classiques et chronologiques. Ici, Asimov se « laisse porter » au gré de ses souvenirs. Au crépuscule de sa vie, il traite de sujets divers : ses amis (beaucoup étant décédés), ses romans, l’importance de FONDATION, le cycle des ROBOTS,…

Certains sujets sont plus « intimes » : la maladie, ses problèmes de santé, sa famille, ses amis disparus, tandis que d’autres traitent de considérations plus générales sur la littérature, les maisons d’édition, les groupes de discussions dont il était membre, l’évolution de la science-fiction ou même ses positions philosophiques, théologiques, scientifiques, etc.

Le personnage apparait éminemment sympathique, très cultivé, sans doute quelque peu conscient de son importance (vaniteux parait approprié même si il a raison de préciser que son nom « fait vendre »), même si un certain humour transparait, tout comme une autodérision assumée qui permet d’accepter ses bouffées égotiques. Le bonhomme semble d’ailleurs quelque peu asocial et sans doute à la limite du spectre l’autisme, la littérature passant clairement avant tout, y compris avant ses proches. Ce qui ne l’empêche pas de participer à des diners « mondains », à des discussions passionnées entre personnes cultivées et à des réunions d’auteurs, Asimov appréciant les récompenses et la reconnaissance.

Scientifique rationaliste, athée et humaniste mais aussi bon vivant jamais avare de mot d’esprit, cultivé, incroyablement intelligent et plein d’humour, Asimov reste un incontournable de la littérature « populaire » du XXème siècle.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Essai, #Autobiographie, #Asimov

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Publié le 10 Avril 2018

THE BEST IN THE WORLD (AT WHAT I'VE NO IDEA) de Chris Jericho

Voici déjà le troisième volet de l’autobiographie de Chris Jericho. Le catcheur parle de ses rêves et de ses grands moments de gloire, comme d’avoir remporté le titre suprême de la WWE, preuve de la confiance que lui accordent les dirigeants. Il parle aussi de sa rencontre, backstage, avec les membres de Metallica qu’il adule. Jericho raconte aussi ses galères : certains spectateurs, pris dans le jeu, l’agressent physiquement après qu’il ait frappé la femme de Shawn Michaels (dans le cadre d’une storyline). Par la suite, après avoir bousculé un type, Jericho se voit attaquer en justice, le « blessé » se disant traumatisé au point de réclamer 7 millions de dollars de dommages et intérêts. Heureusement, toutes ces histoires se termineront bien.

D’autres anecdotes nous informent des dessous du sport spectacle. Lors d’un match en cage contre Batista, le président de la WWE stipule qu’aucun sang ne doit couler (sous peine de perdre de précieux sponsors). Batista, forte tête, passe outre  et saigne durant le combat afin de le rendre plus spectaculaire. La WWE ne plaisantant pas avec ce genre de rébellion, le futur Gardien de la Galaxie doit payer une indemnité de cent mille dollars. Accusé d’être complice, Jericho s’en tire de son côté avec une amende de cinq mille dollars (d’ailleurs acquittée par Batista).

Par la suite, Jericho revient sur sa rivalité avec Mickey Rourke suite au succès de « The Wrestler », le film dans lequel l’acteur incarne une star du catch sur le retour (et pour lequel il sera nominé à l’Oscar). Admiratif du comédien, Jericho doit cependant incarner son personnage de « méchant » jusqu’au bout. Il insulte Rourke et ce dernier finit par vouloir réellement en découdre avec un Jericho peu rassuré qui voit l’acteur débarquer accompagné de trois combattants de MMA. Quelques temps plus tard, imaginant un nouveau scénario, Jericho affronte, une par une, trois anciennes gloires de la WWE (Roddy Piper, Jimmy Snuka et Ricky Steamboat). Cette rivalité aboutit à un match handicap lors de Wrestlemania XXV au cours duquel Jericho doit combattre le vétéran Ric Flair avant d’être mis KO par Mickey Rourke en personne.

Des anecdotes amusantes concernant Santino suivent. Jericho avoue qu’il n’est pas toujours évident de savoir si le catcheur italien est un très bon performeur essayant de paraitre mauvais ou, plus simplement, un mauvais performeur aimé du public pour ses erreurs et mouvements ratés.

Jericho nous parle également de l’importance des chansons qui accompagnent les catcheurs lors de leur montée sur le ring. La sélection, connaissant la passion du catcheur pour le métal (il chante dans le groupe Fozzy depuis 1999 et a sorti sept albums studio avec cette formation), inclut évidemment quelques classiques de Poison, Scorpions, Firehouse, Vince Neil, X Japan, Metallica, Danger Danger, White Zombie. Et bien sur les diverses versions de sa plus fameuse intro, « Break the walls down »

Les petites histoires se succèdent : la vision de « Pour une poignée de dollars » en compagnie d’Eli Roth et d’un insupportablement bavard Quentin Tarantino, sa blessure lors d’un table ladder and chairs match en équipe avec le Big Show, sa rivalité avec Edge conclue à Wrestlemania, sa baston avec un Undertaker gravement brûlé par un effet pyrotechnique défectueux, sa participation à un jeu télévisé (dont il fut l’animateur) ou à Danse avec les stars, ses déboires avec les rookies de la NXT, ses péripéties dans divers pays (il doit s’excuser après avoir disgracié  le drapeau en Amérique du Sud ou voit un contrat soi-disant placé sur sa tête par un petit caïd du Moyen Orient), sa participation au très culte et très con « Mac Gruber », etc.

Bref, Jericho nous régale de très nombreuses anecdotes amusantes et intéressantes qui offrent un très plaisant éclairage sur sa riche carrière  que ce soit dans le domaine du catch, de la musique ou de l’interprétation. Une lecture très divertissante et instructive.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Autobiographie, #Catch

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