Publié le 30 Mars 2020

L'IMPLACABLE: SAFARI HUMAIN de Richard Sapir & Warren Murphy

Douzième volume de l’interminable saga, SAFARI HUMAIN constitue un titre quelque peu inhabituel. D’abord, le thème général (traite des Blanches) et le ton se veulent plus sérieux que de coutume. Les aspects sadiques, sanglants et sexy sont également plus prononcés que de coutume, plaçant définitivement ce brutal SAFARI HUMAIN à part du reste de la franchise.

On retrouve cependant les interactions habituelles (et quelques peu routinières) entre le Maitre du Sinanju Chiun et son « incapable » élève blanc, Remo. Des saynètes humoristiques toujours efficaces si on apprécie le comique de répétition mais moins convaincantes que dans la plupart des romans de la série, l’humour étant ici placé en retrait. Lorsque le bouquin se focalise moins sur les deux héros pour s’intéresser davantage au plan du grand méchant, Willie Butler, l’intérêt faiblit également, pas mal de passages s’apparentant à du remplissage. L’intrigue n’est également ni la plus passionnante ni la plus claire, proposant beaucoup d’informations qui viennent diluer la mécanique traditionnelle de l’action et de l’humour.

Le roman aborde également (très légèrement) des questions politiques comme le Watergate, alors en cours, qui s’avère une nuisance pour le pauvre Chiun contraint de rater ses feuilletons préférés suite à la diffusion des débats à la télévision.

Avec L’EXECUTEUR, L’IMPLACABLE reste une des sagas les plus divertissantes de la littérature populaire. Ici aussi, les auteurs officiels Sapir & Murphy laissèrent rapidement la place (passé les trente premiers volumes) à de nombreux « ghost writers » variablement doués. SAFARI HUMAIN, quoique sympathique, n’est cependant pas un grand cru et si les inconditionnels de Remo Williams liront cette aventure africaine avec un certain plaisir, le grand public peut s’en dispenser et se tourner vers d’autres romans plus réussis de la série. En résumé, un roman des plus moyens.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Roman de gare, #Implacable

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Publié le 27 Mars 2020

LE MAJOR PARLAIT TROP d'Agatha Christie

Miss Marple, en voyage dans les Caraïbes au milieu d’une bande de vieux vacanciers (« entre 30 et 40 ans » pour la plupart !) écoute les confidences et autres histoires du vieux major Pulgrave. Ce-dernier aurait vécu bien des aventures et aurait même connu un meurtrier. Seulement, chez Agatha Christie, il n’est jamais bon de se montrer trop bavard. Et notre major parle trop, définitivement. Du coup quelqu’un le fait taire, là aussi définitivement. Au départ chacun pense à une mort naturelle, le major ayant des problèmes de tension selon la rumeur. Mais, en réalité, ce n’était que cela : une rumeur, et notre vieux militaire semblait en excellente santé. Pour la vieille détective, il y a là anguille sous roche, ce que confirme l’assassinat d’une femme de chambre…un coup de couteau ne peut décemment passer pour accidentel. Du coup, Miss Marple va devoir empêcher l’hécatombe de se poursuivre…

Changement de décor pour cette aventure, on quitte l’habituel petit village anglais de St Mary Mead pour un hôtel luxueux sous les tropiques (le cadre de ce « Caribbean Mystery » évoque quelque peu la série télévisée « Meurtres au Paradis », l’ile fictive de Saint Honoré de Christie étant proche de la Sainte Marie de la série télévisée). Mais comme le dit la vieille fille, « la nature humaine est partout la même » et Jane Marple a tôt fait de rapprocher les différents vacanciers des habitants de son petit bled. Le couple qui bat de l’aile, la femme fatale sur la pente descendante et tous les autres protagonistes cachant de petits (et plus graves) secrets.

Ce neuvième des douze romans consacrés à Marple (le dernier étant posthume), reprend la recette éprouvée de la galerie de personnages bien typés, des rebondissements nombreux, une pincée d’humour et des crimes multiples qui relancent régulièrement l’action. Comme souvent, Marple tend un piège à l’assassin en s’identifiant au final à la déesse de la vengeance Némésis. Sans être l’énigme la plus complexe de Christie, ce roman (dont la location exotique aurait très bien convenu à Poirot) reste cependant un divertissement policier tout à fait estimable qui se lit d’une traite.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Agatha Christie, #Policier, #Whodunit

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Publié le 25 Mars 2020

LE GRAND DIEU PAN d'Arthur Machen

Arthur Machen n’est pas seulement l’inventeur des fameux « Anges de Mons », c’est aussi un grand spécialiste des croyances et mythes celtiques, très à l’aise avec le « Petit peuple », autrement dit les fées, lutins et autres farfadets… beaucoup plus inquiétants chez lui que dans nos contes de fées actuels.

Classique du fantastique ayant notamment beaucoup influencé Lovecraft, en particulier dans sa manière d’aborder l’horreur à la manière d’une enquête policière aux révélations successives, LE GRAND DIEU PAN est un court roman datant de 1890. A l’époque décrié par la critique (toujours clairvoyante n’est-ce pas), il s’est imposé depuis comme un incontournables de l’épouvante gothique et une date clé du genre à l’instar de DRACULA. Dans ce récit, il est question d’une jeune femme, Mary, devenue folle après avoir vu le dieu Pan, et qui va exercer son influence néfaste, à la manière d’une succube, sur différents gentlemen. N’en disons pas plus, le bouquin est court, se lit en deux heures, et mérite la découverte par le curieux !

D’une lecture aisée en dépit de tournures de phrases quelque peu archaïques, d’une construction typique de son époques et d’un vocabulaire légèrement suranné, LE GRAND DIEU PAN n’effraie plus mais garde intact son pouvoir de fascination. En une centaine de pages, Machen nous permet de découvrir le côté obscur du monde, ces régions où subsistent les pouvoirs antiques et les ancestrales divinités païennes. Ainsi que ces cultes encore rendus par des adeptes fervents à des entités ayant existés bien avant la chrétienté et continuant à exercer leur puissance sur le monde. Les Grands Anciens ne sont pas loin…

Une agréable lecture à découvrir impérativement pour les amateurs de fantastique classique. 

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Golden Age, #Horreur, #Lovecraft, #Roman court (novella)

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Publié le 24 Mars 2020

LES ÎLES DE L'ESPACE d'Arthur C. Clarke

Datant du début des années ’50 (et publié une première fois au tout début de la collection « Anticipation » du Fleuve Noir), ce roman de jeunesse (et pour la jeunesse) de Clarke reste assez représentatif de son style, mélange de sense of wonder (tout est vu par les yeux d’un jeune homme ayant gagné, grâce à un concours, le droit de visiter une station spatiale) et de hard-science abordable, l’auteur ayant manifestement envie de partager son savoir scientifique (aujourd’hui en partie dépassé par les innovations récentes) au plus grand nombre sans devenir rébarbatif pour autant. On mesure l’influence énorme que ce genre de romans a pu avoir, par exemple, sur un Stephen Baxter puisqu’ici aussi ILES DE L’ESPACE se montre fort descriptif et plus intéressé par les faits et gestes quotidiens de ses personnages que par leur caractère ou leur pensée. Le bouquin aligne les péripéties mais sans que celles-ci ne versent dans l’excès spectaculaires, Clarke plaisante même sur l’impossibilité de rencontrer des pirates de l’espace (le coût des vaisseaux rendant sans intérêt la pratique de la piraterie) et nous n’aurons pas droit à de grandes catastrophes, plutôt aux nombreux aléas quotidiens que peuvent rencontrer des astronautes.

L’ensemble se lit donc plaisamment, la durée restreinte (environ 200 pages), ne permettant pas au lecteur de s’ennuyer. Il faudra évidemment passer outre les invraisemblances des prémices ou quelques scènes fort peu crédibles comme cette superproduction hollywoodienne tournée dans l’espace sous les yeux du héros.

Premier volume d’une informelle « trilogie de l’espace », LES ILES DE L’ESPACE fonctionne agréablement et élève quelque peu le « sense of wonder » dans ses dernières pages alors que le héros rencontre des colons établis sur Mars. Après le dur retour à la réalité (et à la terre), le roman se conclut par un vibrant ode à l’espace et à « aller bravement là où l’homme n’a jamais mis le pieds » comme dirait l’autre.

Pas un classique (on est loin des grandes réussites ultérieures de Clarke comme les ODYSSEES DE L’ESPACE ou RAMA) mais un « juvénile » satisfaisant qui se lit avec plaisir.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Hard Science, #Jeunesse, #anticipation, #science-fiction

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Publié le 21 Mars 2020

MEG: LA FOSSE (LA TERREUR DES ABYSSES) de Steve Alten

Steve Alten décroche, en 1997, un gros succès avec MEG, consacré à un énorme Mégalodon (un requin préhistorique de 20 mètres) semant la terreur. Il faudra 20 ans pour que le roman, annoncé au cinéma depuis des années, soit finalement porté à l’écran avec Jason Statham pour un résultat certes très grand public mais néanmoins divertissant et fort honorable. Pendant ces deux décennies, Alten exploite le sujet en proposant sept suites dont seule la première a été traduite (« Primal Waters » est cependant annoncée en France pour cette année 2020).

Dans LA TERREUR DES ABYSSES (rebaptisé ensuite MEG : LA FOSSE), nous retrouvons le « découvreur » du Mégalodon, toujours rongé par la culpabilité, Jonas Taylor, tandis que le requin préhistorique femelle capturé, Ange, s’échappe du lagon où elle était confinée en guise d’attraction aquatique. La suite du récit s’oriente vers l’espionnage (avec une organisation terroriste cherchant à doter Oussama Ben Ladden d’une bombe sale – nous étions alors en 1999 !), l’aventure maritime avec exploration de la fosse des Marianne, la science-fiction et l’horreur mâtiné de considérations scientifiques et paléontologiques. Cette fois, le Meg va même croiser un adversaire à sa mesure avec des Kronosaures, une espèce de dinosaures supposée éteinte habitant également dans la « Fosse ». Cela permettra un final typique de la « sharksploitation » outrancière au cœur des Mariannes.

Jonas, de son côté, doit lutter avec la trop séduisante pour être honnête et bien nommée Céleste alors que son épouse, Terry, assiste, elle, aux machinations du mégalomane milliardaire Benedict Singer tout droit échappé d’un James Bond.

Si MEG constituait la réponse de Steve Alten au roman et au film des DENTS DE LA MER, cette séquelle prend la voie du « bigger » établie ensuite par les « Dents de la mer 2ème Partie » et « Les Dents de la mer 3D », sans oublier les plus récents et improbables films de requins géants, de « Mega Shark » à « Shark Attack 3 : Megalodon » et on en passe, des pires (surtout) et des meilleurs. Autrement dit, le romancier multiplie les attaques (relativement peu nombreuses dans MEG elles rythment ici cette suite en intervenant à intervalles réguliers et sont nettement plus sanglantes et graphiques), multiplie les monstres (avec des dinosaures aquatiques tout aussi redoutables que le squale), multiplie les intrigues (on suit en parallèle les aventures de Jonas et de son épouse Terry),…On pense un peu aux romans d’horreur catastrophistes de James Herbert par la manière d’Alten de rapidement brosser quelques personnages bien typés ensuite englouti par le Léviathan affamé

Si les tentatives de séductions de la trop sexy Céleste occupent une place trop importante (à la longue son manège fatigue) et que le bouquin aurait sans doute gagné à être resserré, cette TERREUR DES ABYSSES se montre cependant fort efficace et divertissante. Plus convaincante que le finalement moyen MEG, cette séquelle constitue donc un roman de plage idéal pour les amateurs de « sharkploitation ».

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Cinéma, #Horreur, #Thriller

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Publié le 20 Mars 2020

LA FLECHE DE POSEIDON de Clive et Dirk Cussler

Dirk Pitt a fait du chemin depuis ses débuts dans MAYDAY publié voici près d’un demi-siècle. Le héros a vieilli (pas au rythme des publications mais il a pris de l’âge, environ une vingtaine d’années), s’est trouvé une famille mais continue de résoudre des mystères maritimes. Nous restons dans une tradition allant de James Bond à Indiana Jones en passant par les techno thrillers à la Tom Clancy. D’ailleurs, en dépit du décès récent de Clive Cussler, il est probable que tout comme Clancy son nom continue pour un bon moment d’orner les couvertures de floppée de thrillers maritimes depuis longtemps co-écrits par des auteurs nettement moins mis en avant. Parmi ceux-ci, on note d’ailleurs Dirk Cussler lui-même, fils de l’auteur étant, depuis une demi-douzaine de titres, convoqués sur la série phare de Cussler, celle consacrée à Dirk Pitt.

L’intrigue de LA FLECHE DE POSEIDON, quoique typique des auteurs, reste cependant nettement plus simple que la majorité des « Pitt » : au lieu des habituelles deux ou trois histoires croisées, le lecteur doit se contenter d’un récit fort linéaire et assez proche d’un James Bond (et plutôt de son versant cinématographique d’ailleurs). Notre héros parcourt le monde et interfère avec les plans d’un criminel mégalomane et échappe à de (trop) nombreuses reprises à la mort en compagnie d’une jeune fille immédiatement tombée sous son charme d’homme mûr. La question des métaux rares, nécessaires aux nouvelles technologies, se voit abordée de manière assez expéditive, laissant place aux manigances de notre criminel revanchard désireux de provoquer une pénurie afin de mettre à mal les Etats-Unis. Un nouveau « super sous-marin » utilisant un système de propulsion révolutionnaire lui permettant d’atteindre des vitesses très élevées, le Sea Arrow, entre également dans le récit. Bref, du classique, pas désagréable et rondement mené à la mode du page turner à l’américaine (plus de 80 chapitres, la plupart forts courts, se terminant la plupart du temps en cliffhanger et, au total, 500 pages d’aventures parfois un peu longuettes mais globalement efficaces), sauf que le roman peine à convaincre et donne l’impression de tourner en rond.

Pitt, d’ailleurs, n’accuse plus guère son âge : si les précédents tomes insistaient sur cette composante en évoquant sa vie familiale, LA FLECHE DE POSEIDON en fait un personnage ayant quasiment évacué le poids des ans, retrouvant la fougue de sa jeunesse et bien sûr toujours séducteur. A mi-parcours, le lecteur refait connaissance avec les jusque-là absents (et quasiment ignorés) Summer et Dirk Jr, lesquels enquêtent eux-aussi sur des magouilles liées aux métaux rares. Bien évidemment, ces deux sous-intrigues vont finir par se rejoindre dans un final très bondien situé sur le canal de Panama. Et, comme toujours, les héros recevront un petit coup de pouce de Clive Cussler lui-même.

Si le tout se laisse lire, LA FLECHE DE POSEIDON s’avère cependant trop schématique et routinier pour emporter l’adhésion des lecteurs s’étant enthousiasmé devant les excellents SAHARA, CYCLOPE ou ATLANTIDE. Bref, un thriller maritime qui manque d’ampleur et d’originalité et sans doute un des « Cussler » les plus faibles. Un coup manqué en attendant la parution en français du prochain volume.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Thriller, #Cussler

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Publié le 19 Mars 2020

STAR TREK: LE RETOUR de William Shatner et Judith et Garfield Reeves-Stevens

Attribué à William Shatner mais sans aucun doute écrit par ses « collaborateurs » Judith et Garfield Reeves-Stevens (prolifiques auteurs de la franchise ayant notamment offert l’excellent PRIME DIRECTIVE), LE RETOUR constitue un excellent roman « Star Trek », les auteurs effectuant le lien entre les différentes séries, que ce soit « Star Trek The Original Serie », « Star Trek The Next Generation » et « Deep Space Nine ». L’intrigue se veut la suite du film « Star Trek Generations » qui confrontait déjà la vieille garde (Kirk) à la nouvelle génération (Picard). Ici, l’histoire, certes alambiquée, n’en est pas moins très efficace puisqu’elle implique une nouvelle résurrection de Kirk par l’improbable alliance des Romuliens et des Borgs en vue d’assassiner Picard, bien proche pour sa part de retrouver son côté obscur et de redevenir Locutus.

Juste après « Star Trek Generation », en 1994, Shatner envisage une nouvelle aventure de Kirk sur les grands écrans, intitulées « Fires of Olympus ». La Paramount se montre intéressée, notamment par l’utilisation des Borgs, mais estime qu’il est temps de passer le relai à la Nouvelle Génération. Shatner publie finalement le roman qui crée une « timeline » alternative à la saga cinématographique (dénommée affectueusement « Shatnerverse »).

Le roman aurait certainement donné un excellent film (bon, on a eut à la place « Star Trek First Contact » qui reste le meilleur long-métrage de la saga donc ça passe), il permet de retrouver tous les personnages préférés des fans : Kirk (le livre est, on s’en doute, entièrement construit à sa gloire), Spock, McCoy, Picard, Riker, Beverly Crusher, Deanna Troy, Julian Bashir, Worf, Data, les Borg et même V’Ger, sans oublier un nouvel et improbable Enterprise.

Est-ce de la grande littérature ? Non ! Est-ce de la grande science-fiction spéculative ? Non plus ! Est-ce de la sci-fi pure et dure, pleine d’action, de rebondissements, de combats spatiaux, de voyages temporels, de personnages iconiques et d’aventures échevelées ? Oui ! 100 fois oui ! STAR TREK LE RETOUR est simplement de l’excellent divertissement et de l’excellent « Star Trek ». Parfois, on n’en demande pas plus. Sauf de poursuivre la lecture du « Shatnerverse » avec les cinq autres volumes disponibles en français (sur les neuf édités en anglais).

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Cinéma, #Space Opera, #science-fiction, #Star Trek

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Publié le 18 Mars 2020

HISTOIRES MYSTERIEUSES d'Isaac Asimov

Réédité en un seul épais volume, les deux tomes des HISTOIRES MYSTERIEUSES d’Asimov rassemblent les textes du Docteur mêlant science-fiction et policier. Les plus intéressantes donnent la vedette à Wendell Urth, spécialiste des extraterrestres n’ayant jamais, par peur des moyens de transport, quitté son petit chez lui. Asimov pousse ici à son paroxysme le principe du « armchair detective » des romans whodunit de l’âge d’or puisque notre héros résout toutes les énigmes insolubles sans bouger de sa maison.

D’autres nouvelles fonctionnent sur l’humour et se moquent gentiment des milieux scientifiques (« La cane aux œufs d’or ») ou se basent sur des calembours (« Cache-cash »). « Le patronyme accusateur », histoire purement policière mais basée sur la science, annonce les solutions à la fois astucieuse, évidente (une fois la chute dévoilée) et amusante du Club des Veufs Noirs tandis que « A port Mars sans Hilda » se veut un pastiche gentiment coquin (ça reste ultra soft, Asimov oblige) de James Bond mais ne réussit pas à convaincre. Comme dans les classiques du policier, Asimov joue « fair play » et offre aux lecteurs la possibilité de résoudre les énigmes proposées…bien peu y arriveront évidemment !

On retrouve également une historie de pure sf, « Au large de Vesta », qui ne comporte pas d’élément policier (mais reste construite comme un puzzle à résoudre). Explication à cette inclusion ? Asimov reviendra en guise d’hommage à ce texte de jeunesse 20 ans plus tard avec « Anniversaire » dans lequel un trio d’astronautes (les survivants miraculés de la nouvelle précédente) se lance sur la piste d’un mystérieux objet de grande valeur disparu dans la destruction de leur vaisseau. Technologiquement bien daté (même si Asimov avait imaginé un Internet très primitif avec son omniscient ordinateur Multivac) mais plaisant. Deux nouvelles (Le très réussi « Mortelle est la nuit », le plaisant « La poussière qui tue ») traitent de sujets similaires : un individu pense commettre un crime parfait mais un détail révélateur accuse le criminel. Dans les deux cas ce sont les habitudes, liées aux voyages spatiaux, qui incriminent le coupable. Dans « Le carnet noir » un homme invente le voyage temporel et en profite pour « simuler » sa mort à des fins publicitaires en profitant de la création d’un « double » temporel. Amusant en dépit d’un côté très prévisible un peu gênant.

« La clé » donne à nouveau l’occasion à Wendell Urth de résoudre une énigme d’apparence insoluble (la localisation d’un artefact extraterrestre) tandis que la « Boule de billard » utilise les théories de la physique pour permettre à un chercheur revanchard de commettre le crime parfait.

Dans l’ensemble, ce recueil s’avère une très plaisante lecture avec des textes certes parfois un peu datés (dans leur construction), obsolètes par les progrès scientifiques (Asimov s’en excuse avec humour), peu convaincants (encore une fois, « A port Mars sans Hilda » s’impose comme le texte le moins réussi) ou quelque peu prévisibles mais, dans l’ensemble, voici une anthologie divertissante et astucieuse combinant policier d’énigme et science-fiction.

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Publié le 13 Mars 2020

TERREUR A LA MANICOUAGAN d'Henri Vernes

Dans la pléthorique série des aventures de Bob Morane, TERREUR A LA MANICOUAGAN occupe une place à part. D’abord parce qu’il dispose d’un titre qui claque et en jette. Ca n’a l’air de rien mais cela joue beaucoup lorsqu’il s’agit de choisir sa prochaine lecture parmi les plus de 200 disponibles dans cette vaste saga.

Ensuite car le roman remet en lumière le très « bondien » vilain Orgonetz, alia l’Homme aux dents d’or. Et enfin car il s’agit de la première apparition de la célèbre et ambigüe Miss Ylang Ylang ainsi que de la fameuse organisation criminelle Smog.

L’intrigue, de son côté, s’avère de bonne facture et offre du dépaysement (ici le Québec), quelques notes d’humour surtout véhiculées par Bill Ballantine, des bagarres entre nos deux héros et quelques méchants décidés à détruire un barrage hydroélectrique, des anecdotes amusantes (les spectateurs d’un match de hockey qui lance des pièces de monnaie pour faire trébucher les joueurs adverses), des rapports très convenus et asexués entre Bob et son « harem » de demoiselles (à chaque fois qualifiées de « petites filles »),…

Bref, c’est du Bob Morane, avec ses qualités et ses défauts, son style plutôt soutenu et son vocabulaire relativement précis et recherché (grande différence avec les romans jeunesses d’aujourd’hui certes nettement moins naïfs). L’intrigue reste, elle, assez convenue et linéaire mais plutôt efficace et bien ficelée, offrant au lecteur ses 150 pages d’évasion.

En résumé un « Bob » très classique mais convaincant à placer dans le peloton de tête des meilleurs romans consacrés à notre héros bondissant. La fin, ouverte, annonce le retour prochain de la belle et mystérieuse adversaire de Bob…définitivement l’aventure aura bientôt un parfum d’Ylang Ylang.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Bob Morane, #Jeunesse

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Publié le 10 Mars 2020

VIVRE ET LAISSER MOURIR de Ian Fleming

Deuxième roman de la saga littéraire, VIVRE ET LAISSER MOURIR confronte le moins secret des agents secrets à un méchant mégalomane, Mr BIG, qui ambitionne carrément de devenir le premier grand criminel Noir en utilisant, notamment, les croyances vaudous pour asseoir sa domination. Porté à l’écran au début des 70’s, lors de la relance de la série cinématographique avec Roger Moore (en lieu et place de Sean Connery), le bouquin a été (comme l’ensemble de la saga littéraire d’ailleurs) fortement modifié et édulcoré, transformant un récit très brutal et sombre en une comédie légère et insignifiante (mais pas désagréable pour autant).

L’aventure passe ici par diverses villes américaines puis embraie vers la Jamaïque pour une chasse au trésor englouti du capitaine Morgan, le fameux pirate. Mais Mr Big n’apprécie guère que Bond et son ami Felix Leiter viennent mettre leur nez dans ses affaires. Le premier s’en tire relativement sans dommage, le second est en partie dévoré par un requin (cette sous-intrigue inspira, bien plus tard, le film « Permis de tuer »). D’autres passages volontiers cruels et sadiques jalonnent cette intrigue bien menée où planent (comme dans le film mais avec davantage de réalisme) l’ombre du Vaudou. Evidemment, et tout comme dans le précédent CASINO ROYALE, une romance débute entre Bond et une virginale prophétesse, sorte d’astrologue au service de Mr Big qui finit par trahir son patron.

Aujourd’hui chargé d’une patine plaisante (les romans témoignent ainsi d’une époque révolue et des premières années de l’après Seconde Guerre Mondiale), quelque peu désuet mais finalement divertissant, VIVRE ET LAISSER MOURIR s’impose comme un très bon roman qui, en 280 pages, mélange espionnage, thriller, aventure et même une touche de mystère teinté de surnaturel. Du tout bon !

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Espionnage, #James Bond

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