Publié le 30 Août 2018

ARRET DU COEUR de Dorothy Sayers

Voici la troisième enquête de Lord Peter Wimsey qui s’attaque à nouveau à un cas particulièrement difficile. Alors qu’il dine en compagnie de l’inspecteur Parker, Lord Peter est abordé par un médecin, le docteur Carr, qui leur raconte une étrange histoire. Une de ses patientes, en phase terminale, Miss Agatha Dawson, est morte de manière suspecte. Vu sa maladie, chacun estimait pourtant son décès naturel et les soupçons du praticien, assortis d’une demande d’autopsie finalement non concluante, lui attirèrent les foudres de la population locale. Suite à ces événements le docteur Carr fut forcé de quitter sa patientèle pour s’établir ailleurs. Cependant, trois ans plus tard, il reste persuadé que Miss Dawson a bel et bien été assassinée. Qui pouvait avoir intérêt à supprimer une vieille dame n’ayant plus que quelques semaines à vivre ? Lord Peter tente d’établir la vérité avec l’aide d’une de ses amies, Miss Climpson, spécialiste des racontars et autres ragots. Le détective apprend ainsi que Miss Mary Whittaker était l’unique héritière de la vieille femme. Cependant si cette dernière décédait intestat une nouvelle loi allait rendre la Couronne britannique l’unique bénéficiaire de ses biens, déshéritant du même coup Miss Whittaker. Peu après une ancienne domestique de Miss Dawson meurt à son tour. Ce nouvel assassinat oblige lord Peter à jouer serrer pour coincer le criminel.

Ce Whodunit de bonne tenue est notable pour l’invention d’une méthode d’assassinat ingénieuse (quoique médicalement délicate à mettre en place). Sayers propose aussi un personnage clairement lesbien (quoique le Golden Age ne permette pas, évidemment, de le définir ainsi). On y découvre également Miss Climpson, truculent personnage de vieille dame aimant les ragots et les discussions apparemment sans intérêt mais qui lui permettent, au final, d’intéressantes déductions. Elle fut créée exactement à la même époque que Miss Marple : les deux romancières étant membres du « Détection Club » il est probable qu’elles partagent la paternité de cette idée : une vieille dame investigue dans un petit village en écoutant les médisances de la populace.

Si le côté whodunit n’est pas vraiment innovant, l’aspect « cosy mystery » de cette petite ville cachant de sombres secret, l’originalité de la méthode employée (du moins à l’époque) et les aspects juridiques qui permettent de deviner la raison du meurtre sont tous intéressants. Les personnages, dans l’ensemble, possèdent une réelle épaisseur et Sayers n’oublie pas d’ajouter à l’énigme une pointe d’humour bienvenu. Conseillé pour les amateurs de romans policiers de l’âge d’or.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Policier, #Whodunit, #Golden Age, #Dorothy Sayers - Lord Peter Wimsey

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Publié le 29 Août 2018

AUX ARMES D'ORTOG de Kurt Steiner

Originellement publié au Fleuve Noir (en 1960) et maintes fois réédité depuis, AUX ARMES D’ORTOG s’est imposé comme un classique de la science-fiction française. Soixante ans plus tard, le bouquin tient encore joliment la route par son mélange de SF, de planet opéra et de space opéra teinté de Fantasy.

Nous sommes au XXXème siècle, dans une galaxie dévastée par une Guerre Bleue ayant fait trente milliards de victimes. Sur une Terre ravagée, un nouveau mal frappe l’humanité dont l’espérance de vie se réduit chaque année davantage. Après la mort de son père, le berge Dal Ortog se rebelle et décide ni plus ni moins d’œuvrer pour sauver les Hommes. Pour cela il doit subir diverses épreuves et devenir Chevaliers-Nautes…

Kurt Steiner propose un roman très enlevé, ramassé en 160 pages, ce qui l’oblige à maintenir un rythme rapide et à ne jamais trainé en route. Animaux fabuleux, extraterrestres variés, rayons mortels, combats, chevaliers futuristes,…l’auteur mélange le décorum néo féodal de la Fantasy avec la technologie avancée de la science-fiction, aboutissant à une décoction très plaisante. On note aussi une belle idée avec cette opposition entre les défaitistes (pour la plupart des prêtres) qui veulent laisser l’humanité s’éteindre et les optimistes soucieux de sauver, coûte que coûte, les Hommes.

Alors, évidemment, AUX ARMES D’ORTOG semblera un peu daté aujourd’hui et certaines péripéties risque de paraitre clichées mais, dans l’ensemble, le tout demeure divertissement et offre même, en prime, une pointe de réflexion quelque peu philosophique ce qui n’est pas si mal pour un petit bouquin publié au Fleuve Noir voici six décennies.

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Publié le 27 Août 2018

UN FESTIN DE RATS de Berman (Eric Vertueil)

Dès les premières pages le style de Berma rappelle les duétistes officiant sous le pseudonyme d’Eric Vertueil…guère étonnant puisque ce pseudonyme cache, lui-aussi, le dynamique duo Alain Bernier et Roger Maridat. Bernier est un vieux briscard, actif dans le domaine du roman policier depuis la fin des années ’50 (avec D’UNE PIERRE DEUX CORPS). Il s’associe avec Maridat en 1973 pour un premier roman d’angoisse, AU BOUT LA MORT. Par la suite les deux romanciers feront le bonheur du Fleuve Noir avec d’autres Angoisse, des Spécial Police et, bien sûr, une dizaine de Gore. UN FESTIN DE RATS sera, lui, publié à la concurrence, chez Maniac, sans que le résultat ne soit franchement différent de ce que « Vertueil » proposait chez Gore, à savoir une vague enquête policière et une foultitude de passages sanglants. Le tout étant saupoudré d’un humour très présent rendant plus humoristique et grotesque (dans le bon sens du terme) les détails vomitifs.

Nous sommes dans une maison de retraite de prestige, Les Ormes. Une des pensionnaires se prend de passion pour des rats et décide de leur livrer en pâture quelques personnes de son entourage. Le directeur de l’établissement découvre la vérité mais décide de se taire et organise une combine lucrative : il assassine des « petits vieux » que leurs héritiers souhaitent voir disparaitre au plus tôt et touche un pourcentage sur les recettes.

UN FESTIN DE RAT alterne le bon et le moins bon. L’idée de base, pas spécialement originale, n’en reste pas moins efficace et propice à une atmosphère plaisante, entre série noire aux personnages irrécupérables (le directeur bat des records de répugnance) et humour acide. Le problème, comme souvent avec Vertueil, réside en fait dans l’usage immodéré du gore : poussé dans ses derniers retranchements, utilisé en dépit du bon sens pour le simple plaisir de l’horrible (on peut véritablement parler de hard gore sur le modèle du porno hardcore où tout est sacrifié pour l’accumulation de scènes croustillantes), le gore finit par lasser. C’est dommage car, avec davantage de maîtrise, un peu moins de boucherie et un peu plus de psychologie tordue, Berma / Vertueil aurait pu proposer un divertissement caustique, voire une critique féroce de l’univers des maisons de retraite. Dans l’état il s’agit d’un roman gore correct, vite lu et vite oublié, pas déplaisant mais bien en deçà des espérances.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Horreur, #Roman de gare, #Gore

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Publié le 23 Août 2018

DIRTY HARRY - LA MORT EST AU RENDEZ-VOUS de Dan Hartman

Lorsque Clint Eastwood annonce, après la sortie de « L’inspecteur ne renonce jamais » qu’il ne fera plus de « Dirty Harry », la Warner, dépitée, décide de permettre à un auteur officiant sous le pseudonye collectif de Dane Hartman de continuer la saga. Douze romans seront ainsi publiés au tout début des années ’80, la sortie de « Sudden Impact – le retour de l’inspecteur Harry » y mettant un terme en 1984.

Sous le nom de Dane Hartman se cachent au moins trois auteurs différents dont Leslie Alan Horvitz et Ric Meyers (auteur de plusieurs bouquins sur les films d’exploitation, de kung fu, et également romancier pour les séries L’IMPLACABLE et NINJA MASTER).

Les recettes des films ne changent guère pour ce cinquième livre de la série (elle en compte douze mais seuls neuf furent traduits en France durant les 90’s).

Dès son arrivée à Boston, où il vient rendre visite à sa nièce apparemment menacée par un tueur en série, Harry doit batailler. Encore dans l’avion il bouzille la radio d’un indélicat (ce qui lui vaut directement le numéro de chambre de l’hôtesse). Un peu plus tard, il retrouve le même mélomane accompagné de ses potes, toujours aussi agressif. Harry résout le problème à sa manière, à grand coup de poings dans la gueule.

Evidemment, Harry se heurte à la bureaucratie et à tous les empêcheurs de tabasser en rond. Les petites crapules sont relâchées par une justice trop laxiste, se plaignent de brutalités policières ou menacent de convoquer leur avocat pour porter plainte contre la police. Harry, de son côté, ne peut que soupirer en appliquant sa méthode : une bonne balle de Magnum 44 dans la tête !

LA MORT EST AU RENDEZ-VOUS constitue un polar de gare distrayant et sévèrement burné, ancré dans son époque par ses références (Harry visionne « Superman 2 » mais ne perd pas son temps devant le sympathique « Survivance » qualifié de navet) et très classique dans son déroulement. Tueurs en série, hypnose, nymphomanes, sectes zarbies,…la tatouille habituelle est resservie une fois de plus. Le personnage est de toutes façons devenus un tel archétype du flic dur à cuire réactionnaire qu’il inspira des dizaines d’imitations, tant au cinéma qu’en bouquin comme en témoigne les autres bouquins de cette éphémère collection « Supercops ».

Si l’originalité ne constitue pas la principale qualité de ce petit roman, ce-dernier se lit néanmoins avec plaisir pour les amateurs de l’inspecteur le plus efficace des Etats-Unis. Ca court, ça flingue, ça charcle et l’action ne faiblit guère, ne laissant guère de répit au lecteur. Seules les dernières pages, où l’auteur explique l’affaire policière, passablement embrouillée, se montrent décevantes et même unbrin ennuyeuses, voire confuses.

Malgré tout, l’amateur de polar d’action passera un bon moment au fil de ses deux cents pages de courses poursuites musclées et de fusillades saignantes. De quoi donner envie d’en lire un autre…

« Go ahead, make my day »

 

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Policier, #Roman de gare, #Polar, #Cinéma et TV

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Publié le 22 Août 2018

DES LARMES SOUS LA PLUIE de Rosa Montero
DES LARMES SOUS LA PLUIE de Rosa Montero

Bien que le titre provienne d’une des répliques finales de « Blade Runner », DES LARMES SOUS LA PLUIE ne constitue pas une suite du film de Ridley Scott (lui-même adapté du roman de Philip K. Dick). Ce n’est pas non plus un spin of, ni un remake, plutôt un hommage à l’univers créé en 1982. Un monde si plausible que, selon Montero, ce « futur noir » deviendra réalité au début du XXIIème siècle.

Le XXIème siècle a été cauchemardesque…Réchauffement climatique, montée des eaux, guerre civile généralisée, conflits menés par des androïdes puis des robots de combats, famines, fanatisme religieux, etc. Le début du siècle suivant voit une terre quelque peu apaisée, à la population réduite à un milliard. Les hommes vivent entassés dans les régions préservées, l’air est devenu irrespirable un peu partout, certaines sectes se sont exilées dans l’espace à bord de « nouveaux mondes » mais, globalement, la situation s’est améliorée par rapport aux précédentes décennies.

Bruna Husky vit à Madrid. C’est un androïde de combat à la durée de vie limitée à 10 ans, autrement dit une « réplicante ». Les « techno humains », déjà peu aimés, s’attirent la haine de la population par une série d’agressions et d’attentats. Sur la demande de Myriam Chi, présidente du Mouvement Radical Réplicant, Huski enquête sur le sujet. Pendant ce temps un de ses amis archivistes, Yannis, découvre une manipulation généralisée des Archives terrestres afin d’attiser l’hostilité envers les réplicants.

En dépit de quelques clins d’œil à Dick et Asimov, Montero prend soin de construire un monde futuriste parfaitement cohérent dont la richesse se voit détaillée par les très intéressantes pages d’archives qui interrompent régulièrement la narration. Celles-ci décrivent non seulement l’Histoire du XXIème siècle mais aussi les différentes altérations subies par ces archives à des fins de propagande. L’humanité a ainsi traversé les « guerres rep » auxquels ont succédé les « guerres robotiques » tandis que la secte de l’Eglise du Credo Unique fondée par le messie Heriberto Labari, né le 11 septembre 2001, gagne en puissance en poussant à la haine des réplicants.

Il y aurait beaucoup à dire sur DES LARMES SOUS LA PLUIE, de la complexité de l’intrigue à la profondeur des personnages en passant par le mélange, très maitrisé, de drame, de polar et de science-fiction. Certes on peut reprocher quelques longueurs ou des passages plus descriptifs et introspectifs qui ralentissent l’action mais, dans l’ensemble, ce roman fonctionne de fort belle manière. Rosa Montero livre un bel hommage à « Blade Runner » que l’on peut estimer plus original et réussi que les suites littéraires jadis proposées par K.W Jeter. A découvrir en attendant de lire la suite, LE POIDS DU CŒUR.

 

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Rédigé par hellrick

Publié dans #science-fiction, #Thriller, #anticipation, #Polar, #Cyberpunk

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Publié le 21 Août 2018

LE DOSSIER ATREE de GJ Arnaud

G.J. Arnaud signe son entrée dans la collection « Angoisse » avec ce roman qui traite du cannibalisme et des conséquences de la guerre d’Espagne.

Un journaliste, invité à goûter les plats succulents d’un restaurant secret, le House Bones, où se presse la bonne société, ne tarde pas, en effet, à comprendre la véritable nature de la viande servie dans l’établissement. Bien sûr, un secret absolu doit être gardé sur le restaurant mais il est si tentant de vouloir écrire un bel article…

Arnaud convoque ici une organisation étrange, le Bureau Universel de Recherches des Anomalies Sociologiques, pour dénouer les fils d’une intrigue touffue. En peu de pages, le romancier évoque la guerre d’Espagne, les exactions d’anciens nazis et lie le tout par le biais d’un trafic d’enfants, enlevés puis gavés avant de finir dans les assiettes de riches adeptes de la chair humaine.

L’histoire générale, assez classique finalement, se voit joliment développée par ces différentes sous-intrigues et par un intéressant procédé stylistique : les narrateurs du récit changent fréquemment, transformant le roman en une sorte de mosaïque, voire de puzzle. Nous aurons ainsi le témoignage d’un infirmier espagnol, nous découvrirons l’existence d’un enfant mutilé et obèse, gavé comme une oie, etc. De quoi conférer une originalité certaine au récit et relancer l’intérêt d’un bouquin qui aurait pu n’être qu’un « roman de gare » horrifique assez quelconque sans la science (et le solide métier) d’Arnaud.

LE DOSSIER ATREE, comme l’indique la préface, constitue un précurseur aux « Gore » de la décennie suivante quoiqu’il mette davantage l’accent sur une horreur plus insidieuse, moins frontale mais tout aussi efficace, voire davantage car débarrassé des outrances du grand guignol, lesquelles auraient pu le faire sombrer dans une parodie plus ou moins volontaire.

Malheureusement le roman, en dépit de ses qualités, souffre d’un ventre mou (un comble vu le sujet !) dans sa seconde moitié. Les agents du Bureau Universel de Recherches des Anomalies Sociologiques usent ainsi de tactiques risibles pour contrer les anciens nazis cannibales, entrainant LE DOSSIER ATREE dans certains travers des bouquins d’« espionnages » de consommation courante. Dommage car Arnaud avait soigné toute la première partie et les cent premières pages se montraient d’une efficacité exemplaire de part, justement, leur retenue et leur plausibilité.

En dépit de ce bémol, LE DOSSIER ATREE demeure un plaisant « Angoisse » qui se lit d’une traite et avec gourmandise. Pas indispensable mais fort agréable.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Policier, #Horreur, #Polar, #Collection Angoisse Fleuve Noir, #GJ Arnaud

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Publié le 16 Août 2018

LE CADAVRE CAVALEUR d'Erle Stanley Gardner

Voici une nouvelle enquête de Perry Mason, lequel s’intéresse au cas de Myrna Davenport, accusée d’avoir empoisonné son mari, un riche homme d’affaires. Mais le corps du supposé défunt ayant disparu, l’enquête se complique : peut-être n’était-il qu’indisposé ou intoxiqué par l’alcool ? Des témoins affirment en effet l’avoir vu s’enfuir par la fenêtre de l’hôpital seulement vêtu de son pyjama. Pourtant, peu après, des enfants découvrent le cadavre du businessman. Il aurait été bel et bien empoisonné, sauf qu’on découvre à la fois du cyanure (poison très rapide) et de l’arsenic (poison lent) lors de l’autopsie. Convaincu de l’innocence de sa cliente, Mason mène l’enquête avec ses comparses habituels, sa secrétaire Della Street et le détective Paul Drake.

Comme les autres romans de Gardner, celui-ci se lit vite, presque d’une traite, d’une part grâce à sa brièveté et d’autre part grâce à son style dépouillé, très porté sur les dialogues et se passant presqu’entièrement de description. Le prétoire étant une sorte de théâtre, on imagine très bien cette intrigue portée à la scène sans grand changement, à coup de réparties vives, de coups de théâtre et des inévitables « objections » lancées par les avocats de la défense ou de l’accusation. Ces derniers se livrent, lors du dernier acte, à une véritable joute oratoire assez jubilatoire en dépit du caractère très classique et « formulatique » du récit, tous les « Perry Mason » étant construit sur le même immuable schéma narratif. En dépit de ce bémol, l’enquête est bien menée, avec du rythme et une science confirmée du rebondissement, à la manière d’un « pulp » souhaitant garder l’attention du lecteur jusqu’aux dernières pages. En définitive, ce CADAVRE CAVALEUR se montre fort plaisant pour les amateurs de policiers à l’ancienne.

Le livre a été réédité dans un omnibus consavré à l'auteur

Le livre a été réédité dans un omnibus consavré à l'auteur

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Policier, #Whodunit, #Golden Age, #perry mason

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Publié le 13 Août 2018

LE CHOIX de Paul J. McAuley

Courte novella (environ 80 pages) couronnée en 2012 par le prix Sturgeon, LE CHOIX constitue une œuvre plaisante et d’accès aisé, à la lecture fluide et à la thématique intéressante.

Nous suivons les aventures de deux amis dans un monde dévasté par les changements climatiques, l’augmentation de la température et la montée des eaux. Lucas vit avec sa mère, bloggeuse et activiste écologiste minée par la maladie. Damian, de son côté, vit avec son père, un éleveur de crevettes colérique. Dans ce monde à la dérive, les extraterrestres, pourtant, ont pris contact avec l’humanité. Un de leur vaisseau, surnommé un Dragon, tombe non loin de Norfolk. Lucas et Damian décident de s’y rendre et de remonter le fleuve sur un petit esquif afin de se frotter à la technologie des visiteurs de l’espace.

En peu de pages, Paul J. McAuley injecte une bonne dose de sense of wonder dans un récit dystopique, confrontant l’émerveillement de nos jeunes héros à la technologie extraterrestre mais, aussi, à un monde en pleine déliquescence. Comme le titre l’indique, il s’agit d’une sorte de conte moral dans lequel des individus aux caractères opposés vont devoir prendre des décisions aux conséquences importantes. LE CHOIX constitue donc un récit initiatique et traite, en quelque sorte, du passage à l’âge adulte à la suite d’événements tragiques. Si le propos est différent, le ton empreint de mélancolie rappelle, parfois, le film STAND BY ME, lui-même adapté d’une novella de Stephen King, dans le périple de ces deux jeunes à la rencontre de l’étrange et de leur destinée.

Bien ficelé, très abordable (y compris pour les réfractaires à la SF), LE CHOIX s’impose comme une belle réussite où les relations entre les personnages prédominent. Toutefois, l’auteur ne néglige pas le contexte apocalyptique et la description d’un environnement écologique et sociétal en plein effondrement. Encore un très bon choix effectué par les éditions Le Belial pour leur indispensable collection « Une heure lumière ».

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Rédigé par hellrick

Publié dans #science-fiction, #anticipation, #Roman court (novella)

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Publié le 9 Août 2018

PENNY S: FLASH GORGONE de Pau Kenyon

Dans cette septième et avant dernière aventure de la « Baroness », Paul Kenyon (Donald Moffitt) emmène notre héroïne au Maroc pour contrer un complot terroriste de grande ampleur. Il faut dire que des terroristes arabes se sont emparés, au SHAPE, dans une « petite ville belge », d’un missile nucléaire qui pourrait aider leur plan de domination mondiale. Toute une petite équipe d’espions sur entrainés, sur équipés et possédant des gadgets à rendre jaloux James Bond, se trouve convoquée pour juguler la menace. Le grand méchant, Don Alejandro, est un descendant des Inquisiteurs espagnols souhaitant rendre à sa famille le contrôle du Maroc. Pour cela il peut compter sur l’aide de son assistant, le sadique et simiesque Dr Funke, lequel a mis au point un appareil provoquant, par de subtiles lumières indiscernables à l’œil nu, une sorte de transe épileptique conduisant le sujet à une mort horrible. Penny S, notre héroïne de charmes, débarque au Maroc sous couverture (elle est censée poser pour des cosmétiques),…

PENNY S: FLASH GORGONE de Pau Kenyon

Penny S, sorte de version féminine de SAS et autres super espion, traverse l’intrigue en couchant avec tous les hommes qui croisent sa route, se fait capturer, dénuder et torturer par des islamistes, s’évade et combat des tas de méchants, le plus souvent à poil et avec ses seuls petits poings en guise d’arme.

Evidemment, il ne faut pas attendre de ce genre de bouquin un classique inoubliable de la littérature, simplement un mélange, plutôt bien dosé, d’espionnage, d’aventures et d’érotisme. Le romancier possède un certain métier et ne parait jamais bâcler son livre ni se foutre de son public. Le scénario, quoique classique, reste cohérent, efficace et bien mené (certains techno thrillers récents à gros tirage n’en ont pas de meilleur), l’action est plaisante, le rythme soutenu et les obligatoires scènes pornos, distillées à intervalles réguliers, ne sont ni envahissantes ni « plaquées » sur l’intrigue. Le tout possède également un côté pulp des plus réjouissants, l’équipe de choc de Penny rappelant quelque peu celle de Doc Savage, chacun possédant sa petite spécialité bien utile pour accomplir les « missions impossibles » demandées.

Le tout donne donc un plaisant divertissant pour les amateurs de sexpionnage, le personnage de Penny S, quoique schématique, étant plus intéressant et moins caricatural que ses consoeurs OSSEX ou Cherry O.

Rien de transcendant mais l’assurance d’un bon moment pour les amateurs de littératures de gare « pour hommes ».

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Roman de gare, #Erotique, #Espionnage

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Publié le 8 Août 2018

MEURTRES A 30 000 KM / S. de Christiphe Lambert

A bord du Space Beagle II voyage une poignée d’astronaute qui ramènent des échantillons de vie extraterrestre. Malheureusement, les caissons d’hibernations sont détruits, condamnant les membres d’équipage à des décennies d’enfermement avant de revenir sur Terre. Une seule personne pourra être cryogénisée et bénéficier, une fois revenue sur notre planète, d’une existence « normale »…Plusieurs accidents mortels suspects se produisent également, amenant la jeune Alexia, 13 ans, à soupçonner qu’un assassin mystérieux s’en prend aux membres du vaisseau. Avec l’aide de son très sophistiqué robot Puck, la jeune fille mène l’enquête.

En mélangeant enquête policière en vase clos et science-fiction, saupoudré d’humour, Christophe Lambert livre un récit « jeunesse » efficace et plaisant. L’écrivain ne renie aucunement ses influences : Alien (ce que démontre les patronymes des protagonistes), LES 10 PETITS NEGRES, le recueil LA FAUNE DE L’ESPACE d’Alfred Van Vogt (où apparait le Space Buggle et qui inspira justement « Alien »), 2001 pour le premier « incident » d’un astronaute dans l’espace, Star Wars (dont les suites – encore virtuelle à l’époque de sa rédaction - seront gentiment égratignées),…Autant de clins d’œil qui amuseront les plus âgés.

Vingt ans plus tard, Christophe Lambert publiera une nouvelle version, plus courte et remaniée, qui en rajoute une couche (ironique) sur Star Wars et Harry Potter. L’auteur en profite également pour remettre au goût du jour ses références aux grands poètes du XXIème siècle : la bien oubliée Géraldine (« Bouge ton attitude efface tes certitudes ») y est remplacée par Maitre Gims (qui, on l’espère, sera tout aussi oublié en 2038).

Comme toujours, Lambert nous offre un divertissement de qualité que peuvent apprécier tant les enfants (à partir de 9 – 10 ans sans doute) que les adultes.

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