Publié le 28 Février 2022
Eric S. Brown appartient à cette génération d’auteurs de romans d’horreur « pulp » dans la tradition des plus vénérables Guy N. Smith, Richard Laymon ou le James Herbet des débuts. Ayant écrit une quarantaine de bouquins (mais souvent à la pagination réduite), Brown touche le gros lot avec son BIGFOOT WARS.
Si l’intrigue n’est pas très originale, l’important n’est pas là, Brown livre juste un roman de gare horrifique amusant. Une petite ville, Babble Creek, en Caroline du Nord, est la cible d’une attaque massive de Bigfoots. Les monstres débarquent et commettent un carnage tandis que les habitants se barricadent. Le roman se limite, grosso-modo, à ce pitch aussi simple qu’efficace. Tout comme les auteurs précités, Brown sacrifie les notions de développement et de caractérisation des personnages pour privilégier l’action pure. D’un court chapitre à l’autre (le roman effectue des allers-retours entre divers protagonistes), le roman avance à un rythme tellement soutenu qu’il se passe quasiment d’intrigue. BIGFOOT WARS se limite donc à une série d’attaques sanglantes : les créatures finissent par prendre la ville d’assaut tels les zombies de « La nuit des morts vivants » et le sang gicle joyeusement. Le roman souffre forcément de nombreux défauts : une grammaire parfois approximative, un style pauvre, des dialogues plats et une linéarité préjudiciable mais, inexplicablement, l’ensemble divertit. Les 128 pages n’autorisent de toutes façons aucune subtilité : pas de place pour le doute ou pour « Les Bigfoots n’existent pas » : très vite la menace se dévoile et frappe de manière gentiment gore à la manière d’une série B des années ’80 (style « Night of the demon »). Le lecteur n’a pas réellement le temps de réfléchir ni de s’offusquer des invraisemblances et autres facilités. BIGFOOT WARS avance si rapidement qu’on finit la lecture avant d’être irrité par les répétitions et les ratés d’un roman finalement plutôt plaisant. Le bouquin eut même droit à une adaptation cinématographique à petit budget en 2015 et le romancier, surement satisfait, multiplia les séquelles comme un Guy N. Smith tombé dans le panier de CRABS. Bref, voici 30 ans, ce genre de livre aurait été immédiatement traduit (et « adapté » car ça manque un peu de cul !) chez Gore. Eric S. Brown ne révolutionne pas le genre mais donne cependant l’envie de lire l’une ou l’autre des nombreuses suites qu’il a écrites.