APRES de Stephen King

Publié le 21 Février 2022

APRES de Stephen King

Stephen King revient avec un roman fantastique assez classique mais très bien mené. L’intrigue n’est pas franchement originale (le gamin précise d’ailleurs qu’il voit les morts mais pas comme dans « Sixième Sens ») mais la maitrise de l’écrivain rend le tout très agréable à lire.

Jamie est un enfant tranquille, élevé par Tia, sa mère célibataire, un agent littéraire en galère. Sa particularité est qu’il peut voir les morts avant que ceux-ci disparaissent dans « l’après ».  Sa mère lui demande de cacher ce don mais lorsque son principal auteur décède avant d’avoir terminé l’ultime volet de sa grande saga romanesque, le don de Jamie devient soudain très utile. En effet, les morts ne peuvent mentir. Liz, la copine flic de sa mère, décèle aussi le potentiel de ce don : empêtrée dans la corruption et accro à la drogue, Liz a besoin de redorer son blason. Quoi de mieux pour cela d’empêcher un malade de faire exploser une bombe ? Jamie va l’y aider et, ensuite, son existence ne sera plus du tout tranquille.

Avec APRES le King donne dans la concision et offre un roman court, volontairement aux limites du pulp, qui mélange drame social, récit d’apprentissage, polar et fantastique. Le King se place avec beaucoup de réussite aux côtés d’un jeune garçon pas comme les autres et se montre pleinement convaincant dans l’exercice par un style très vivant et crédible. L’intrigue, classique, avance néanmoins sur un rythme alerte, par de courts chapitres bien troussés qui donnent un véritable plaisir de lecture à ce bouquin bouclé en un peu plus de 300 pages. Quoiqu’il œuvre dans le pulp, le King n’en oublie pas de dresser, comme toujours, un portrait peu flatteur de l’Amérique à la dérive après la crise des subprimes. L’héroïne a tout perdu, ou presque, dans les combines de son frère, à présent terrassé par une sénilité précoce, et parqué dans un mouroir. Elle tente de se remettre à flot en compagnie d’une femme flic mais le couple se déchire sur la politique, Obama, etc. Et puis la policière est un peu trop adepte de la drogue et des pots-de-vin. Ce qui permet aussi au romancier d’évoquer les opioïdes utilisés par les Américains pour supporter le quotidien. Enfin, il égratigne le milieu littéraire en taillant un costard à un auteur de best-sellers romantico-érotico-historiques dont les « personnages sont perpétuellement en chaleur » ce qui permet une scène de sexe « toute les cinquante pages ».

Pour le lecteur ou l’écrivain, APRES s’apparente pratiquement à une récréation mais on aurait tort de bouder ce bouquin au prétexte qu’il est « mineur ». Une fois de plus, le King démontre son talent et sa maitrise complète de la construction narrative, de la caractérisation des protagonistes et de l’équilibre entre les éléments réalistes et le fantastique. Un grand cru camouflé en petit roman !

 

 

Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Polar

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article