Publié le 29 Novembre 2021
Disons-le d’emblée, ce roman s’avère meilleur que LE VILAIN PETIT CANARD ou LE PETIT CHAPERON ROUGE dans cette même collection de contes interdits, ne serait-ce que parce qu’il suit l’histoire originelle de manière plus fidèle. Mais précisons tout de suite que nous sommes loin d’une grande réussite.
Ici, nous suivons le destin d’Angie, jeune fille atteinte d’une véritable maladie, la sirénomélie, surnommée « le syndrome de la sirène », qui a transformé ses jambes en une sorte d’appendice caudale. A sa naissance, rejetée par son père alcoolique, l’enfant est confiée à des forains qui vont la transformer en phénomène de foire et tirer parti de sa condition. Là, Angie se lie d’amitié avec un « garçon homard » et subit des viols à répétition par des pervers qui paient pour coucher avec une « sirène ». Elle finit par s’enfuir et trouve refuge dans un étrange palais habité par des nains.
Comme les autres titres de la série, ce conte interdit se veut horrifique et riche en passages osés. L’auteur étale donc pas mal de scènes chocs qui mêlent sexe et sang de manière très frontale. C’est d’ailleurs la principale qualité du bouquin : plonger dans la fange et offrir au lecteur son quota de scènes de viols et de tortures. LA PETITE SIRENE parvient ainsi à divertir lorsque le romancier joue à fond la carte de la perversité (la sirène se fait violer avec un harpon planté dans sa « queue », l’homme homard ébouillanté vivant,…) ou du délire, en particulier grâce à une bande de nains. Ceux-ci vivent dans un « palais des nains » où ils se livrent à toutes les turpitudes possibles. Faut dire que le nain s’ennuie. A part jouer dans Game of Thrones, Fort Boyard ou du porno hard-crad les débouchés sont minces. Alors il faut bien s’amuser et comme le chantait les VRP tripoter les « nénés des nanas des nains ».
Bref, ces aspects outrés peuvent paraitre ridicules, ils n’en sont pas moins plaisants et permettent de sortir quelque peu des sentiers battus. L’hommage plus ou moins volontaire au classique « Freaks » rend plus digeste un roman qui aurait cependant été plus réussi en sombrant encore davantage dans le porno gore rigolo. Ceux qui ont visionné les perles de cinémathèques que sont « La Baby Sitter violée par un nain » ou « The Sinful Dwarf » me comprendront. Notons toutefois que le bouquin se distingue aussi par son vocabulaire canadien dépaysant avec quelques expressions sympas (« hostie » ou encore « Viens moi dedans ! ») qui donnent le sourire.
Roman totalement invraisemblable mais en partie sauvé, justement, par ses péripéties délirantes, LA PETITE SIRENE aligne viols, tortures, perversions sexuelles et passages cradingues pour le plaisir de l’amateur de littérature déviante. Dommage que le tout se prenne un peu trop au sérieux (couverture classieuse et présentation prestigieuse) sans oser assumer jusqu’au bout ses orientations malsaines. On préfèrera donc relire un bon Gore ou un petit Karnage mais, au niveau des Contes Interdits, voici sans doute le bouquin le plus fun (pour l’instant).