Publié le 29 Novembre 2021

LA PETITE SIRENE (Les contes interdits) de Sylvain Johnson

Disons-le d’emblée, ce roman s’avère meilleur que LE VILAIN PETIT CANARD ou LE PETIT CHAPERON ROUGE dans cette même collection de contes interdits, ne serait-ce que parce qu’il suit l’histoire originelle de manière plus fidèle. Mais précisons tout de suite que nous sommes loin d’une grande réussite.

Ici, nous suivons le destin d’Angie, jeune fille atteinte d’une véritable maladie, la sirénomélie, surnommée « le syndrome de la sirène », qui a transformé ses jambes en une sorte d’appendice caudale. A sa naissance, rejetée par son père alcoolique, l’enfant est confiée à des forains qui vont la transformer en phénomène de foire et tirer parti de sa condition. Là, Angie se lie d’amitié avec un « garçon homard » et subit des viols à répétition par des pervers qui paient pour coucher avec une « sirène ». Elle finit par s’enfuir et trouve refuge dans un étrange palais habité par des nains.

Comme les autres titres de la série, ce conte interdit se veut horrifique et riche en passages osés. L’auteur étale donc pas mal de scènes chocs qui mêlent sexe et sang de manière très frontale. C’est d’ailleurs la principale qualité du bouquin : plonger dans la fange et offrir au lecteur son quota de scènes de viols et de tortures. LA PETITE SIRENE parvient ainsi à divertir lorsque le romancier joue à fond la carte de la perversité (la sirène se fait violer avec un harpon planté dans sa « queue », l’homme homard ébouillanté vivant,…) ou du délire, en particulier grâce à une bande de nains. Ceux-ci vivent dans un « palais des nains » où ils se livrent à toutes les turpitudes possibles. Faut dire que le nain s’ennuie. A part jouer dans Game of Thrones, Fort Boyard ou du porno hard-crad les débouchés sont minces. Alors il faut bien s’amuser et comme le chantait les VRP tripoter les « nénés des nanas des nains ».

Bref, ces aspects outrés peuvent paraitre ridicules, ils n’en sont pas moins plaisants et permettent de sortir quelque peu des sentiers battus. L’hommage plus ou moins volontaire au classique « Freaks » rend plus digeste un roman qui aurait cependant été plus réussi en sombrant encore davantage dans le porno gore rigolo. Ceux qui ont visionné les perles de cinémathèques que sont « La Baby Sitter violée par un nain » ou « The Sinful Dwarf » me comprendront. Notons toutefois que le bouquin se distingue aussi par son vocabulaire canadien dépaysant avec quelques expressions sympas (« hostie » ou encore « Viens moi dedans ! ») qui donnent le sourire.

Roman totalement invraisemblable mais en partie sauvé, justement, par ses péripéties délirantes, LA PETITE SIRENE aligne viols, tortures, perversions sexuelles et passages cradingues pour le plaisir de l’amateur de littérature déviante. Dommage que le tout se prenne un peu trop au sérieux (couverture classieuse et présentation prestigieuse) sans oser assumer jusqu’au bout ses orientations malsaines. On préfèrera donc relire un bon Gore ou un petit Karnage mais, au niveau des Contes Interdits, voici sans doute le bouquin le plus fun (pour l’instant).

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Erotique, #Gore, #Horreur

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Publié le 27 Novembre 2021

CLAYTON's COLLEGE de Connie O'Hara

Né à Gilly, en Belgique, José-André Lacour (1919  - 2015), fut un prolifique écrivain et dramaturge. Sous le pseudonyme collectif de Benoit Becker, il signe une demi-douzaine de romans dans la collection Angoisse puis, sous le pseudonyme de Marc Avril se lance dans une longue série d’espionnage, toujours au Fleuve Noir. Lacour s’essaie également à la science-fiction et multiplie les bouquins sous le nom de plume de Christopher Stork.

En 1948, il écrit un bouquin de cul, CLAYTON’s COLLEGE, qui subit les foudres de la censure. Soi-disant « traduit de l’anglais » et « venu des Etats-Unis », c’est José-André Lacour qui le rédige incognito. L’intrigue, étalée sur 124 pages, n’innove pas, du moins aujourd’hui, mais devait être plus originale à sa sortie : un collège de jeunes filles, une ambiance estivale chaude et moite (et même bien humide), un côté pesant dans l’atmosphère bien lourde de désirs réfrénés (enfin pas toujours) et de jeunes (pas si) innocentes.

Bref, « Connie O’Hara » inaugure la tradition de l’érotisme adolescent, des jeunes filles en fleur et des nymphettes peu farouches. Pas de doute aujourd’hui avec les conneries pseudo féministes, le retour de la censure, la cancel culture et le politiquement correct tout ça ne pourrait plus être possible. Le roman est en outre enrobé d’un côté « roman noir » et « polar », pas tellement dans l’intrigue (excepté lors du final qui verse davantage dans ce style) mais plutôt dans l’atmosphère.

L’ensemble se lit donc plaisamment, la courte pagination rend le roman assez enlevé et rythmé. Epoque oblige les passages osés ne le sont plus tellement, ils usent davantage de suggestions, laissent entendre plus qu’ils ne décrivent. C’est chaud mais nous sommes loin d’un Esparbec. Pas une mauvaise chose en ces périodes où le porno est partout ! Etrangement, retourner à davantage de retenue, à un climat de « non-dits » s’avère finalement plus intéressant qu’un déluge de mots crus.

Si l’histoire tourne cependant un peu à vide dans ses derniers chapitres et que la fin arrive de manière précipitée, CLAYTON’s COLLEGE mérite l’attention de l’érotomane curieux. Plaisant.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Erotique, #Roman de gare, #Roman court (novella)

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Publié le 25 Novembre 2021

GENITAL GRINDER de Ryan Harding

Empruntant son titre à un morceau instrumental de Carcass et adoubé par Edward Lee en personne qui nous avertit dans la préface du côté extrême du bouquin, ce recueil de nouvelles constitue une bonne surprise.

Le splatterpunk, genre littéraire totalement déjanté qui aligne à longueur de pages sadismes, tortures sexuelles et passages vomitifs, peut vite lasser, surtout dans la forme d’un roman. En optant pour le format court, l’auteur évite beaucoup d’écueils. Il prend d’abord le soin d’écrire de véritables nouvelles, avec une intrigue et des personnages, ne se contentant pas d’aligner les passages dégueulasses même si ceux-ci sont évidemment très nombreux. La première histoire donne le ton et parait de prime abord une variation sur une nouvelle jadis publiée dans le recueil HISTOIRES DE SEXE ET DE SANG : un homme ramène chez lui une obèse qui décède en pleine « action », s’écroulant sur son partenaire et le coinçant sur le lit. Ryan Harding dévie ensuite du scénario imaginé par le récit précité et propose une conclusion différente mais tout aussi crade. La deuxième histoire parait, elle, moins intéressante et sombre un peu trop dans le « full shocks ahead », impliquant un cinglé qui se sodomise avec une brosse de toilette tout en violant un cadavre en s’aspergeant de pisse. Ah oui j’avais oublié de mettre un avertissement. Bon tant pis. Comme disait l’autre « le lecteur est prévenu ». Nous retrouvons nos deux malades mentaux quelques pages plus loin pour un exercice de « snuff movie » avec viols et tortures à gogo.

La troisième histoire se révèle bien plus intéressante et plus proche de l’horreur mainstream (avec quelques détails « beurk » quand même) : un type découvre que son père était un tueur en série. Plutôt que le dénoncer, il imagine de tuer sa femme puis de faire porter le chapeau à papa. Mais tout ne se déroule pas comme prévu. Un très bon récit, enlevé, bien ficelé, aux twists nombreux et saupoudré d’une bonne dose d’humour noir qui oscille entre horreur et thriller. Rien que pour cette histoire, le recueil mérite la lecture !

Autre histoire d’humour noir : la relation qui se noue entre un jeune ado sexuellement frustré et un tueur en série qui garde un harem de proies féminines dans sa cave. Plutôt que de le dénoncer, le gamin décide de participer joyeusement à ses crimes. Un petit côté « Un élève doué » de Stephen King mais version courte et beurk à souhait avec les inévitables conventions du splatterpunk : viol, tortures sexuelles, cannibalisme et autres carnages.

La dernière nouvelle, qui tourne autour du bug de l’an 2000, des théories apocalyptiques et de l’art pouvant créer le réel se montre, elle aussi, efficace.

En résumé, un recueil plaisant pour découvrir le splatterpunk bien que, paradoxalement, la nouvelle titre soit la plus faible du lot.

 

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Erotique, #Gore, #Horreur, #Recueil de nouvelles, #Splatterpunk

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Publié le 24 Novembre 2021

UNE FILLE COMME LES AUTRES de Jack Ketchum

Dans la préface, Stephen King répète tout le bien qu’il pense de Jack Ketchum, chantre de l’horreur extrême et, à ses yeux, un des plus grands écrivains américains vivants (Ketchum décède en 2018). Il le rapproche également de Thomas Harris ou Jim Thompson. La spécialité de l’auteur consistait à s’inspirer d’un faits divers horrible pour accoucher d’une œuvre de fiction brutale. Il se fait ainsi connaitre avec le très gore SAISON DE MORT (ou MORTE SAISON), un des romans fondateurs du splatter punk. Mais UNE FILLE COMME LES AUTRES se montre beaucoup, beaucoup plus dérangeant, prenant place à côté du AMERICAN PSYCHO de Brett Easton Ellis ou du CORPS EXQUIS de Poppy Z. Brite parmi les bouquins les plus insoutenables de la littérature.

David, un garçon de 12 ans, rencontre un jour Meg, une jolie fille qui vient d’emménager chez sa tante Ruth en compagnie de sa sœur Susan encore handicapée suite à un grave accident de voiture. Ruth est une trentenaire charmante, un peu aigrie, un peu misandre mais finalement sympa, qui vit avec ses enfants, Donny, Willie et Woofer et offre des bières aux gamins du quartier. David aime bien Ruth et est copain avec ses fils. Peu à peu Meg devient le souffre-douleur de sa tante. David est témoin de la dégradation de leurs rapports mais ne fait rien et n’en parle à personne. Les adultes pensent sans doute que Ruth à la main lourde mais nul n’interdira jamais à un adulte de corriger un enfant n’est-ce pas ? Lorsque la situation commence à déraper, Ruth attache l’adolescente dans un petit abris anti-atomique. Avec ses fils et la complicité d’autres enfants du quartier elle va s’employer à humilier, torturer et violer Meg à longueurs de journées (et de pages puisque ces scènes occupent la moitié du roman).

Lauréat du Grand Master Award au prix Bram Stocker pour sa contribution exceptionnelle à l’horreur, Jack Ketchum n’utilise pas les conventions habituelles du genre. Un seul de ses livres recourt au surnaturel. Les autres parlent des vrais monstres, ceux qui sourient à leur voisin et qui ont l’air si gentils. Il s’inspire ici du meurtre de Sylvia Likens, tuée en octobre 1965. Un crime décrit comme « le plus sadique de l’histoire des Etats-Unis après une série de dégradations inimaginables ». Pour ceux qui estiment que Ketchum va trop loin (et il va certainement très loin) dans sa description des humiliations, violences sexuelles et autres tortures il précise dans la postface qu’il a « atténué la réalité ». La véritable histoire de Sylvia Likens fut relatée dans le film « An American Crime » avec Ellen Page dans le rôle. UNE FILLE COMME LES AUTRES fut également porté à l’écran en 2007.

Le roman de Ketchum constitue donc un gros coup de poing, un direct à l’estomac qui sans sombrer dans l’excès (et le grand guignol) n’occulte rien des tortures infligées à cette jeune fille pas comme les autres. Ce n’est pas une lecture facile ni agréable ni plaisante. Ce n’est pas un roman d’horreur gentillet avec des vampires, des loups garous ou des zombies. Ce n’est pas un bouquin qu’on referme en souriant en se disant « tout ça n’existe pas, c’était sympa mais là ça va ». C’est une plongée dans ce que l’Humanité est capable, une plongée dans l’ignoble et la dégueulasserie la plus éprouvante. Quasiment de la première à la dernière page il n’y aura ni répit ni espoir.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Horreur, #Thriller, #Histoire vraie, #Splatterpunk

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Publié le 22 Novembre 2021

OFFSHORE CONNECTION de Gerald Montgomery

402ème roman « Exécuteur » publié, OFFSHORE CONNECTION (n’eut-il pas été plus simple de garder le titre original de « Leviathan » ? ) constitue une agréable diversion des routines de la série. Mack doit, cette fois, intervenir sur un important site de forage pétrolier dans l’Océan Atlantique. La station Cassiopée est même considérée comme un état indépendant hors des juridictions nationales. Or, le pétrole n’y est qu’une couverture : on y trafique également de la drogue et la mafia et la CIA en font un terrain d’affrontements. Mais ce n’est pas tout car, pour ne rien arranger, intervient dans l’équation une bande de cultistes vénérant les étranges calamars géants qui nagent dans ses eaux. Nous voici donc entrainé dans un bouquin particulièrement délirant qui reprend quelques tropes de la saga de Mack Bolan mais les intègrent dans un récit plus vaste et plus original. L’auteur propose ainsi des clins d’œil prononcés à l’aventure façon 20 000 LIEUES SOUS LES MERS ou aux séries de science-fiction rétro comme « Voyage aux fonds des mers ». Bien sûr, la présence de cultistes et de monstres marins, fait immédiatement songer à Lovecraft et OFFSHORE CONNECTION ne se prive pas de plonger dans les territoires des Grands Anciens ou d’orchestrer un combat homérique entre un sous-marin et un gigantesque calamar. Pas spécialement vraisemblable mais qu’importe, l’essentiel reste le plaisir du lecteur !

Atypique et déjanté, OFFSHORE CONNECTION s’éloigne radicalement des conventions habituelles de la saga de Mack Bolan, lequel aurait d’ailleurs pu ne pas être présent. Nous sommes bien davantage dans un mélange de science-fiction, de fantastique référentielle et d’aventures à l’ancienne que dans les classiques guérillas urbaines typiques de nombreux « Exécuteur ». Une certaine idée du roman pulp, certes modernisé, mais qui renvoie davantage aux bouquins style Doc Savage qu’aux productions actuelles des « romans de gare ». Et ce n’est pas plus mal tant tout cela s’avère, dans les limites de ses ambitions, plaisant.

OFFSHORE CONNECTION de Gerald Montgomery

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Publié le 21 Novembre 2021

LA BELLE NUIT POUR UN HOMME MORT d'Henri Vernes

Ouvrage délirant, déjanté, rageur et rageux, LA BELLE NUIT POUR UN HOMME MORT porte la signature de  Charles-Henri Dewisme. Ecrit juste après la guerre et publié en 1949, encensé par Léo Mallet, le roman disparait ensuite des radars pour être republié soixante ans plus tard, sous le pseudonyme plus connu d’Henri Vernes. Car, en effet, le créateur de Bob Morane a également rédigé ce bouquin à ne pas mettre entre toutes les mains. Un condensé de cruauté, de nihilisme et de désespoir, parfaitement résumé par son titre explicite.

Brand va mourir, il l’a décidé. Il lui reste une nuit à passer sur terre, plus précisément dans un Paris postapocalyptique. Le jeune homme déambule, rencontre divers protagonistes et passe quelques temps aux côtés d’une demoiselle innocente qu’il s’amuse à pervertir et souiller à plaisir. Pourquoi ? Pour qu’elle accepte, par amour, de se sacrifier elle-aussi. Le bouquin s’avère noir, noir comme la mort, noir comme le souvenir. Et rouge sang. C’est de la littérature inclassable, coup de poing et coup de pied dans les burnes. Du polar brutal, une sorte de version déjantée et teintée de science-fiction (ou de fantastique) du fameux J’IRAIS CRACHER SUR VOS TOMBES de Vian.

L’œuvre est courte (140 pages), l’intrigue est mince, l’essentiel réside dans la charge au vitriol, le côté cruel (tout le temps), érotique (parfois), gore même… Nous sommes à l’opposé du côté gentillet et boyscout des Bob Morane. Ici, Henri Vernes se lâche, n’a jamais peur d’aller trop loin et de déverser sa bile, voire de vomir sa haine. Un flot dévastateur dont l’unique but semble être de tout emporter sur son passage, dans un tourbillon de rage. Du roman punk, qui crache à la gueule du lecteur avant de lui asséner un bon coup dans les valseuses.

Bref, une belle efficacité pour ce roman qui emprunte tout à la fois à la littérature « noble » (prétentions « littéraires » et considérations existentialistes incluses) et à tous les mauvais genres littéraires imaginables (polar, thriller, horreur, gore, fantastique, porno, science-fiction,…). Sa lecture n’est pas particulièrement agréable, ce tir de barrage laisse le lecteur quelque peu épuisé voir groggy. D’où sans doute l’envie ensuite de se replonger dans un bon vieux Bob Morane pour se détendre. Mais, dans l’ensemble, cette expérience reste mémorable et intéressante. A découvrir !

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Publié le 19 Novembre 2021

CAPTAIN AMERICA: LA LEGENDE VIVANTE de John Byrne et Roger Stern

Petit Marvel Pocket pas cher, BLOOD ON THE MOORS a donné en France le plus luxueux LA LEGENDE VIVANTE. Dans les deux cas, le comic rassemble des épisodes qui, à l’époque, célébraient les 40 ans de la Légende Vivante. Nous avons don l’intégralité du court run de John Byrne et Roger Stern sur le personnage et, franchement, c’est une belle surprise. Tous les récits proposés sont intéressants et réussis, fait rare.

La confrontation entre Cap’ et le mercenaire français Batroc, associé au lunatique Mr Hyde, s’avère un grand moment. Pris dans sa folie meurtrière Hyde demande à New York une rançon d’un milliard, faute de quoi il expédiera un pétrolier sur la ville, provoquant une explosion digne d’Hiroshima. Batroc l’aide mais ne peut se résoudre à passer à l’acte une fois la rançon versée, le mercenaire n’agissant que pour l’argent et possédant un curieux sens de l’honneur. Il se retourne donc contre le puissant Hyde et s’associe à Cap’, ponctuant ses phrases d’expressions en français approximatifs, de « sacre bleu ! » à « Nom du chien » en passant par des « voilà » et autre « m’sieur » répété à l’envie. Très fun et cependant mâture dans sa description des états d’âme du mercenaire, lequel montre une complexité morale assez inhabituelle à une époque où le manichéisme dominait encore le comic mainstream ! Les personnages possèdent une réelle épaisseur et les dialogues sont convaincant.

La traque d’un ancien ennemi de Cap’, le Baron Blood, un vampire nazi, possède le côté outrancier et pulp nécessaire à ce genre d’histoire sans sombrer dans le ridicule même lorsque les auteurs convient le très âgé Union Jack, un allié de la Sentinelle de la Liberté durant la Seconde Guerre Mondiale. Le thème de la recherche des origines, la nostalgie, le passé qui s’efface pour tous avec un Cap voyant ses amis d’antan disparaitre alors que lui reste jeune est également abordé, d’autan que le héros retrouve ses souvenirs après une période troublée (faux souvenirs implantés dans la pure tradition des imbroglios du comic).

Autre bon moment, l’épisode qui voit le peuple se masser derrière Cap, espérant le voir se présenter à la présidence. Là encore, c’est plus subtil qu’on ne le pense et plutôt bien écrit, dommage que cette intrigue ne soit pas plus longue, on eut aimé davantage de développements. Mais ne boudons pas notre plaisir pour autant.

L’épisode final se consacre à une nouvelle relecture des origines de Cap pour réactualiser ses premiers pas dans le business super héroïque et sert d’apothéose aux quatre premières décennies d’aventure de la Bannière Etoilée. Un vrai classique du comic book !

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Comic Book, #Marvel Comics, #Superhéros, #Captain America

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Publié le 16 Novembre 2021

FRIDAY THE 13th: ROAD TRIP d'Eric Morse

Quatrième volume de la saga « Camp Crystal Lake »…Le principe ne change guère : une bande d’adolescents stéréotypés en maraude se retrouve non loin du fameux lac…Les mâles sont tous des joueurs de football, les femelles des cheerleaders. Le seul individu qui fasse tâche c’est Teddy, le geek du groupe et accessoirement la mascotte de l’équipe. Bien sûr, comme dans les précédents volets de la saga, le roman prend son temps pour présenter ses personnages, lesquels cultivent pourtant tous les clichés en vogue dans le slasher des années ’80. Pour meubler, le romancier s’intéresse donc à un militaire décidé à prendre sa revanche sur sa femme infidèle et souhaitant faire porter le chapeau, ou plutôt le masque, à Jason. Pourquoi pas. Sauf que cette sous-intrigue n’est en définitive pas vraiment exploitée. Elle aurait pu donner un roman très différent, avec intrigue polar, humour noir et considération « meta ». Mais ça ne sera pas le cas, contente-nous de ce qu’on a. Et, d’ailleurs, nous avons aussi quelques chapitres consacrés à deux spéléologues coincés dans des grottes. Bon, tout ça se laisse lire mais tourne rapidement en rond. Heureusement, quasiment pile à mi-parcours, Eric Morse se réveille et son pauvre geek maltraité possédé par l’esprit maléfique de Crystal Lake débute sa croisade meurtrière.

En dépit d’une écriture destinée aux jeunes adultes et par conséquent d’une relative timidité à l’égard du sexe et de la violence, les romans « Camp Crystal Lake » demeurent des expériences satisfaisantes pour les fans de la franchise. Après tout, les longs-métrages eux-mêmes, quoique généreux en morts sanglantes et en poitrines dénudées, n’ont jamais prétendu donner dans l’horreur extrême.

ROAD TRIP, tout comme les autres bouquins de la série, reprend donc les clichés des différents films pour placer immédiatement le lecteur dans la bonne ambiance. Nous sommes à Crystal Lake, les jeunes connaissent la réputation du lieu (mais s’en fichent), les avertissements lancés par les sachants restent lettres mortes et les protagonistes sont tous brossés en quelques lignes. Le seul intérêt du coach est le sport ; le playboy ne dit jamais non à un petit oinj ou à une petite escapade amoureuse quand sa copine ne regarde pas (non spoiler warning : lui va y passer) ; le capitaine de l’équipe commence à se fatiguer de son amoureuse encombrante et aspire à davantage de liberté, bien tenté d’aller voir ailleurs si l’herbe est plus forte en THC et si le gazon est plus doux ; la chef des cheerleaders, forcément grande, blonde, mince et stupide s’avère insupportable ; la brune cynique trompée par son copain se lamente, etc. Une vingtaine de personnages quand même ! Heureusement l’écrivain ne perd pas son temps à caractériser les moins intéressants, lesquels ne feront qu’un petit tour et puis s’en vont, généralement après une rencontre impromptue avec une arme blanche.

Tout comme les films dont il s’inspire, ROAD TRIP constitue un slasher sans prise de tête, distrayant et rythmé (du moins dans sa seconde moitié). Un soupçon d’érotisme, une louche de carnage, une pincée de gore, une petite dose d’humour et une bonne poignée de « fan service ». N’en demandons pas plus, ce serait inutile.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Cinéma, #Fantastique, #Horreur, #Roman de gare

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Publié le 15 Novembre 2021

JARDINS DE POUSSIERE de Ken Liu

Nouvelle valeur montante de la SF (on peut même, déjà, parler de valeur sûre), Ken Liu choisit le plus souvent la forme courte pour s’exprimer, comme en témoignait son anthologie fort récompensée, LA MENAGERIE DE PAPIER. Ce second recueil, JARDINS DE POUSSIERE, rassemble 25 nouvelles, assorties d’un avant-propos et d’une bibliographie, pour 544 pages de lecture. Il s’agit ici des nouvelles courtes, allant de deux pages à une quarantaine, les « romans courts » de l’auteur (le plaisant LE REGARD et le formidable L’HOMME QUI MIT FIN A L’HISTOIRE) étant par ailleurs disponibles dans la collection Une Heure lumière.

Certains des textes ici rassemblés ont été précédemment publiés dans diverses anthologies (« La fille cachée » dans EPEES ET MAGIE, « Sept anniversaires » dans le hors-série de la collection précitée « Une Heure lumière ») ou revues (« Souvenir de ma mère », « le Fardeau », « Une brève histoire du tunnel transpacifique » dans Bifrost qui a toujours mis en avant Ken Liu, « Long courrier » et « Nœuds » dans Galaxies), les autres sont inédits.

Après le court et poétique « Jardin de poussière », nous embrayons avec « La fille cachée », récit de Fantasy proche de la « chevalerie » des films Wu Xia Pian de la Shaw Brothers. « Bonne chasse » reste dans le domaine de la fantasy chinoise avec le personnage de la Renarde (vu dans pas mal de films) dont le héros tombe amoureux, à la manière des « Histoires de fantômes chinois ». Un récit agrémenté d’une réflexion sur le temps qui passe et la mort de la magie dans une ambiance steampunk. Autre réussite, « Rester » traite du monde d’après la Singularité, alors que la majorité de l’humanité a choisi de laisser mourir son corps physique pour ne plus exister qu’à l’état de simulation dans le cyberspace »…Nouvelle illusion ou immortalité ? Le récit s’intéresse surtout à ceux qui, comme le titre l’indique, on choisit de « rester » et de continuer à vivre physiquement…mais jusqu’à quand pourront-ils maintenir un semblant de civilisation ? Le recueil se poursuit sur d’autres récits qui évoquent la Singularité et le post-humanisme, envisageant un monde dans lequel 300 milliards d’humains ont été digitalisé et stockés pour une nouvelle vie éternelle. Le très court « Souvenir de ma mère » joue de la relativité du temps pour permettre à une mère atteinte d’un mal incurable d’accompagner sa fille tout au long de sa vie.

Plus léger mais tout aussi réussi, « Le Fardeau » montre des archéologues étudier une vaste saga épique découverte dans les ruines d’une lointaine planète. Bien que ses habitants aient disparus depuis un million d’années, le poème philosophique continue d’inspirer les Terriens et suscite même l’émergence de nouvelles religions basées sur cette sagesse ancestrale. Mais une jeune femme découvrira la vérité sur ce récit. Un récit très « âge d’or » (on imagine très bien les Grands Anciens comme Asimov ou Clarke tentés par le sujet) à la chute savoureuse.

Dans « Nul ne possède les cieux », un homme commet un sacrilège en disséquant un faucon sacré, ce qui va entrainer le de développer les dirigeables et assurer à son pays la suprématie sur les airs et de nombreuses victoires militaires.

 

La nouvelle uchronique « Une brève histoire du tunnel transpacifique » constitue une autre indéniable réussite avec ce monde qui a choisi, pour échapper à la Grande Dépression, de creuser un tunnel sous le Pacifique, donnant ainsi un emploi aux nombreux chômeurs.

La suite reste globalement de très bon niveau (« Dolly ») avec des interrogations très actuelles, notamment sur la discrimination positive (« Vrais visages » qui prouve l’absurdité de vouloir gommer son genre et son ethnie) mais aussi sur le clonage et les manipulations génétiques dans le but d’engendrer des hybrides humains / animaux (« Animaux exotiques »,) dignes du docteur Moreau. L’auteur parle aussi réchauffement climatique (« Message du berceau » et sa visite d’une Boston engloutie sous les eaux), transhumanisme (« Sept anniversaires » et ses humains débarrassés de leur identité corporelle pour devenir des avatars numériques immortels).

Quoiqu’il utilise des thèmes classiques et n’hésite pas à proposer une SF exigeante et « hard », Ken Liu ne renonce pas, pour autant, à l’émotion et au « sense of wonder », quitte à parfois vouloir « faire pleurer dans les chaumières » (« Dolly », « Animaux exotiques », « La dernière semence »,…). Mais pourquoi y voir un défaut ? La SF ne doit pas être toujours aussi froide que celle de Stephen Baxter ! Avec Ken Liu le lecteur éprouvera un panel d’émotions et de réflexions qui confirment la place de l’auteur chinois au sommet de son art. Si on aime la science-fiction, impossible de ne pas aimer Ken Liu et ce recueil imparable en constitue une nouvelle preuve.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantasy, #Hard Science, #Recueil de nouvelles, #Uchronie, #science-fiction

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Publié le 8 Novembre 2021

FRIDAY THE 13th: MOTHER's DAY d'Eric Morse

Si certains pensent que onze films « Vendredi 13 » (sans compter le remake !) c’est déjà dix de trop, d’autres apprécient, au contraire, cette saga certes répétitive mais divertissante. Ce roman reprend le principe des films et nous présente une série de protagonistes caricaturaux menés par Billy Boone. Nous avons donc la fille timide / vierge, la délurée (forcément Française et prénommée Monique) et la baba cool en couple façon inséparables. Du côté des mecs (qui jouent tous à celui qui pisse le plus loin en adoptant un festival de pauses bravaches pour impressionner ces dames) la bande comprend un bad boy à moto, la bête de sexe « tellement beau qu’on ne peut le regarder qu’en protégeant ses yeux de son éclat » (ouch !), le capitaine de l’équipe de basket macho mais pas trop parce qu’il est aussi tendre en fait, le petit gros sympa mais qui reste le petit gros …Ah oui, pour l’originalité on repassera.

Bref, tout ce petit monde débarque à Crystal Lake, bien conscient de la réputation du lieu mais en se disant qu’ainsi « ils seront bien tranquilles ».

Donc les clichés se suivent : la rencontre avec le vieux qui sait tout et les mets en garde (mais ils s’en fichent), les récits racontés autour du feu de camp, le bain de minuit avec la fille trop prude qui finalement n’ose pas plonger toute nue dans l’eau glacée, les coucheries des uns et des autres,… Pas de doute, le bouquin ne va pas surprendre les habitués, même si le Mal s’est apparemment incarné dans le masque de hockey de Jason. Donc celui-ci prend possession d’un chasseur en maraude soudain animé d’une folie meurtrière à l’encontre de tous les adolescents qu’il croise. La maman de Jason revient aussi, du moins sa tête tranchée mais toujours vivante. Ils ont bien sauvé le cerveau d’Hitler, ils peuvent aussi sauver Maman Jason !

Destiné aux grands adolescents (comme les films en fait), FRIDAY THE 13th : MOTHER’s DAY combine donc les éléments de « Vendredi 13 » avec une bonne louche de « Psychose » et la présence du fameux masque, devenu artefact maléfique (cette idée aurait pu se retrouver dans la série télévisée « Vendredi 13 / Vendredi maudit »). Jason n’est donc pas de la partie mais un chasseur possédé prend la relève pour zigouiller du teenagers durant 190 pages. Vu le lectorat visé (disons plus âgé que CHAIR DE POULE mais pas encore prêt pour Clive Barker ou Poppy Z. Brite) le roman reste modéré au niveau de la violence et du sexe. Ce qui, d’un autre côté, évite les longueurs et rend l’ensemble très digeste et plaisant pour les fans de la franchise cinématographique. Inconséquent et oubliable mais divertissant et parfois c’est bien suffisant.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Horreur, #Cinéma

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