recueil de nouvelles

Publié le 15 Mars 2024

CONTES POUR PETITES FILLES CRIMINELLES de Nadine Monfils

Nadine Monfils propose ici une série de petites histoires, souvent très brèves, qui se rapprochent par leur format court des contes de fées. Mais revisités de manière glauques. Bref, ceux qui attendent des récits policiers à la manière des fameuses anthologies « Alfred Hitchcock présente… » peuvent passer leur chemin. Les récits ne cherchent pas le réalisme mais évoluent, au contraire, dans un onirisme et un surréalisme poético-morbide. Au risque de donner dans le cliché de la « belgitude » cette approche assume ce côté « belge » dans l’étrange et suit l’école Jean Ray, Thomas Owen et autres tenants d’un policier / fantastique décalé. Néanmoins, si les récits se lisent vite et sans déplaisir étant donné leur longueur réduite (le recueil ne fait, au total, que 125 pages) peu se montrent vraiment mémorables ou réussis.

Ecrites dans un style volontairement rétro et argotique, ces petites histoires se dégustent mieux par tranches qu’à la suite, la plupart usant d’un schéma similaire. Le côté glauque et l’opposition attendue entre l’innocence juvénile (plus souvent supposée que réelle) et la monstruosité des actes décrits peut amuser le lecteur mais la lassitude s’installe rapidement. « Les boutons de nacre », « La cage », « Le gang des petites filles » sortent un peu du lot mais, globalement, les intrigues sont faibles. L’auteur joue sur le côté surréaliste avec un mélange d’horreur, un érotisme déviant et un sadisme bon enfant pour accoucher de textes qui, souvent, ne racontent pas grand-chose et ne cherchent pas à être crédibles ou même convaincants.

Si quelques passages se révèlent efficaces et que la brièveté des récits donne envie de leur donner une chance, les déceptions sont plus nombreuses que les réussites. Dans l’ensemble, tout ça reste trop relâché pour convaincre et les chutes fonctionnent rarement. Bref, un grand bof.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Policier, #Fantastique, #Humour, #Erotique, #Recueil de nouvelles

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Publié le 13 Septembre 2023

CLASSE TOUS RISQUES de Stephen King & Bev Vincent

Mitonnée par Stephen King et Bev Vincent, cette anthologie rassemble des récits sur le thème de l'avion…Comme le titre original est "flight or fright", on se doute que les voyages proposés vont mal se passer. Bref une lecture pas vraiment conseillée pour les aérophobes…Comme toute (bonne) compilation thématique qui se respecte, le bouquin comprend des classiques, des incontournables et des textes plus méconnus, voire rédigés spécialement pour cette occasion.

On trouve ainsi "L'horreur des hauteurs", une nouvelle écrite aux tous débuts de l'aviation (en 1913) par Arthur Conan Doyle et l'inévitable "Cauchemar à 20 000 pieds" de Matheson. Un récit très connu, adapté pour la série télévisée "La quatrième dimension" (et son penchant cinéma réalisé par George Miller) mais toujours agréable à (re)lire. Autre classique, "Raid aérien", de John Varley (adapté à l'écran sous le titre "Millénium" reste une excellente dystopie à base de terre polluée et de voyages dans le temps. Ray Bradbury se montre lui aussi de la partie via « La machine volante », un classique de 1953.

Le vétéran E.C. Tubb livre également l'intéressant "Lucifer" tandis que, parmi les plus jeunes, on signale Tom Bissell. Sa longue et percutante "Cinquième catégorie" convoque le thème très actuel de la légitimité de la torture dans la lutte contre le terrorisme. Beaucoup plus courte mais néanmoins réussie, "Deux minutes quarante-cinq secondes" de Dan Simmons démontre que l'auteur, spécialisé dans les textes très (mais alors très!) longs est capable de briller en moins de dix pages. Joe Hill mérite lui-aussi sa place avec l’excellent et complètement nihiliste « Vous êtes libres » au sujet des passagers d’un avion rattrapés par une guerre nucléaire.

Au milieu de ces récits fantastiques et de science-fiction, les anthologistes glissent une variante du meurtre en chambre close concoctée par le spécialiste Peter Tremayne, le bien nomme « Meurtre dans les airs » sur le thème des « WC étaient fermés de l’intérieur ».

Les deux anthologistes proposent de leur côté deux textes efficaces, l’amusant « Des zombies dans l’avion » pour Vincent et le très parano « L’expert en turbulences » pour le King.

Au final, une excellente anthologie puisque la quasi-totalité des nouvelles proposées sont au pire simplement intéressantes (à titre historique) et, pour la plupart, très réussies et agréables à lire.

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Publié le 20 Décembre 2022

CONTES POUR PETITES FILLES LIBERTINES de Nadine Monfils

Nadine Monfils, spécialisée dans le polar souvent humoristique, s’est également plusieurs fois essayée à l’érotisme, par exemple avec LE BAL DU DIABLE ou LES SOULIERS DE SATAN.

On lui doit également, sous pseudo, plusieurs aventures de Blade, le héros de science-fantasy sexy publié chez Gérard de Villiers. CONTES POUR PETITES FILLES LIBERTINES date de ses débuts. L’autrice revisite ici les thèmes classiques de l’érotisme, souvent agrémenté de fantastique, voire d’horreur. Les récits sont étranges, délirants, imaginatifs et surréalistes. Avec des emprunts aux contes de fées et un côté décalé, parfois malaisant, qui joue, bien sûr, sur les fantasmes pédophiles en détaillant les rencontres entre des « pervers pépères » et de très jeunes « lolitas ». Parfois, Monfils revisite les contes de fées traditionnels de manière décalée (« Cendrillon 2011 »), parfois elle part dans un peu délire sans queue (enfin on se comprend) ni tête. C’est quelque fois efficace, d’autre fois fatiguant car trop relâché et, surtout, le tout manque franchement de structure. CONTES POUR PETITES FILLES CRIMINELLES démontrait les mêmes qualités et, surtout, défauts. Bref, ça tourne un peu en rond et il vaut mieux picorer dans quelques récits plus intéressants que de lire toutes les nouvelles, surtout d'une traite, sous peine de risquer l'indigestion.

« Un grand père en solde », « la couseuse de colombes », « la passion magique »,….autant d’histoires bizarres réservées aux amateurs de ce genre d’étrangetés littéraires. Ici, le surréalisme domine et voisine avec le sadisme et l’érotisme, le tout dans une certaine idée de la « belgitude ». Monfils s’inspire autant de Jean Ray que du Marquis de Sade. Il doit y avoir un public mais on peut aussi y rester hermétique.

Ceux qui attendent un recueil de récits érotiques « classiques » resteront sans doute sur leur faim avec ces nouvelles plus déconcertantes qu’excitantes. C’est bien écrit, intriguant, suffisamment court pour ne pas lasser (certains textes ne font que deux pages) mais, dans l’ensemble, il est difficile de se passionner pour ces histoires abracadabrantes. Un défaut (que certains peuvent qualifier de qualité, tous les goûts sont permis) que l’on retrouve dans LE BAL DU DIABLE conçu sur un principe similaire. Il vaut donc mieux savoir à quoi s’attendre lorsqu’on ouvre ce livre qui, comme on dit, ne s’adresse pas à tout le monde.

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Publié le 7 Septembre 2022

LADY ASTRONAUTE de Mary Robinette Kowal

Mary Robinette Kowal, né en 1969, signe une première tétralogie (« Jane Ellsworth ») avant d’obtenir la reconnaissance grâce à sa série consacrée à la « Lady Astronaute ». Pour l’instant, le cycle se compose de trois romans (dont VERS LES ETOILES lauréat des Hugo, Nebula et Locus) et de ce court recueil de cinq nouvelles. En 128 pages, l’auteur nous propose donc cinq récits (dont un ultra bref), à commencer par « Nous interrompons cette émission » qui relate la destruction de Washington par un astéroïde détourné de sa course par un mégalomane. La suite, « L’expérience Phobos », s’intéresse à une expédition sur les lunes de Mars. « Le Rouge des fusées » traite de la tentative de proposer un feu d’artifice sur la planète rouge avec les clins d’œil attendus (le dôme protecteur Bradbury) et une thématique moins science-fictionnelle qu’émouvante : un homme retrouve sa mère et se rend compte du temps qui passe.

Elma York, alias la « lady astronaute », boucle le recueil dans une nouvelle récompensée par le Hugo. Sexagénaire, Elma veille sur son époux en train de mourir d’une longue maladie. De quoi la décourager d’accepter de partir, une dernière fois, vers les étoiles. L’intrigue science-fictionnelle, basée sur une conquête de l’espace uchronique, constitue une simple trame de fond pour un récit humaniste sur la fin de la vie et le renoncement à ses rêves. Encore une fois, le temps qui s’écoule, le renoncement et la vieillesse sont le cœur de l’œuvre mais l’emballage SF n’en est pas moins soignée.

Un recueil de nouvelles (vaguement liées entre elles par l’univers et les thèmes abordés, en particulier l’écoulement du temps et les difficultés d’y faire face) intéressante mais dont on retiendra surtout l’excellente histoire qui lui donne son titre, le reste étant plus dispensable sans être désagréable. Une bonne introduction à l’univers de la « lady astronaute ».  

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Publié le 6 Août 2022

FUTURS PAS POSSIBLES présenté par Isaac Asimov

Isaac Asimov présente…divers futurs possibles. Un nom porteur pour des anthologies d’intérêt variable mais qui eurent le mérite de présenter une poignée de nouvelles au grand public. Ce recueil comprend sept textes et quelques grands noms de la SF. Ils furent généralement publiés, en VO, dans le magazine d’Asimov, d’où la « caution » apportée par le Bon Docteur.

« Dilemme » joue ainsi la carte de l’humour et de l’hommage à Asimov. Signé Connie Willis, on le retrouvera également dans LES FILS DE FONDATION. Ce petit récit plein d’humour égratigne affectueusement le très prolifique Bon Docteur et propose un plaisant « name dropping » des géants de la SF de l’âge d’or.

En parlant de géant, Silverberg ne démérite pas avec « Jouvence », récit de la quête de la fontaine miraculeuse. Un mélange de SF et d’aventures historiques fort convaincant.

George Alec Effinger propose ensuite une nouvelle, « Le cyborg sur la montagne », situé dans son univers fétiche, celui d’un Moyen Orient futuriste et cyberpunk. Un texte entre anticipation et polar d’action typique de l’auteur mais rondement mené. Du bon boulot en peu de pages.

« Loterie macabre » de S.P. Somtow détonne dans ce recueil avec une intrigue entre fantastique et épouvante : deux jeunes ados, en Thaïlande, s’apprête à passer la nuit dans un cimetière afin qu’un fantôme leur donne les numéros gagnants de la loterie. Pas mal et indéniablement exotique, notamment en ce qui concerne les coutumes, superstitions et légendes locales.

Deux autres textes, plus longs, sont signés Tiptree et Charles Sheffield mais la pièce de résistance reste la courte et excellente « le jour où les ours ont découvert le feu » de Terry Bisson. Récompensé par le Hugo, le Nebula, le Locus, le Sturgeon et le Asimov (excusez du peu !), voici une nouvelle où la SF sert simplement de décor (à la suite de l’événement décrit dans le titre) pour un récit intimiste d’une grande originalité.

Comme toutes les anthologies de ce style, il y a donc à boire et à manger mais, dans l’ensemble, les textes rassemblés ici sont d’une grande qualité et méritent la lecture.

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Publié le 23 Mai 2022

LIKE PORNO FOR PSYCHOS de Wrath James White

Le titre annonce la couleur sans ambiguïté, on plonge encore une fois dans les eaux fangeuses du splatterpunk le plus gouleyant, dans la barbaque dégoulinante et l’extrême porn-horror la plus crade. Heureusement, l’auteur n’en oublie pas moins de raconter des histoires, créant des nouvelles certes dégueulasses (c’est le but premier !) mais efficaces.

Dans la première (« Like Peyote For Pimps ») un souteneur voit son cheptel décimé par un tueur monstrueux qui s’en prend aux putes et conçoit l’expression « bouffer la chatte » au sens propre.

Belle réussite aussi pour ce récit concernant une jeune Nigériane excisée par sa mère puis violée dans une ruelle avant d’être rejetée par sa famille qui l’accuse d’avoir porté des vêtements trop sexy. Devenue prostituée elle croise la route de son violeur et en appelle aux anciennes divinités africaines pour se venger. Prévisible mais bien mené avec un personnage principal joliment brossé dans les limites de ce genre de récit très porté sur le sexe et le sang.

Autre point fort pour son délire porno-gore zoophile, « Feeding Time » ne lésine pas sur l’extrême: une jeune femme sexuellement frustrée par son mari (un homo qui l’a épousé pour faire plaisir à ses riches parents) se rend régulièrement au zoo pour fantasmer sur les lions. Elle s’imagine défoncée par les fauves et, faute de mieux, se masturbe devant la cage lorsque les félins sont nourris. Repérée par le gardien du zoo, elle entame une relation avec lui tout en regardant les lions se battre pour leur nourriture. Un jour, ivre de rage, elle blesse son mari et emmène son corps au Jardin zoologique. Tandis qu’elle se fait besogner par son amant, la jeune femme observe les fauves dévorer vivant l’infortuné mari. Mais le twist final lui permettra de satisfaire son fantasme et de sucer un des félins pendant que celui-ci la mange toute crue. Sans doute la nouvelle la plus délirante et originale du recueil, un vrai concentré de porno et de gore non-stop! Comme on dit, pas pour les fragiles, il n’y aurait pas assez de « trigger warning » pour les dissuader de poursuivre la lecture.

D’autres nouvelles sont moins réussies où recourent à des intrigues déjà lues et relues dans le splatterpunk, notamment ce type poussé à bout qui tue son épouse, viole son cadavre par tous les orifices puis finit dévoré par des créatures surgies de l’intimité de la défunte. Tomber amoureux d’une sorcière n’est pas toujours recommandé et tel est pris qui croyait prendre. Du E.C. Comics porno gore trop classique pour susciter l’enthousiasme mais agréable à lire.

Avec ses hauts et ses bas, LIKE PORNO FOR PSYCHO atteint son but : c’est sanglant, déjanté, porno, trash à souhait et cradingue mais les récits restent bien construits et l’humour, certes très noir, en rend la lecture digeste. Dans un genre qui, trop souvent, ne compte que sur la surenchère pour emporter l’adhésion, une petite réussite appréciable.

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Publié le 2 Mars 2022

UNE ROSE POUR L'ECCLESIASTE de Roger Zelazny

Voici un recueil de quatre nouvelles relativement longues (trois d’une cinquantaine de pages, une de quatre-vingt) rassemblées en recueil en 1967 et assorties d’une préface de Sturgeon. Zelazny, aujourd’hui largement (et injustement) résumé à sa monumentale saga des Princes d’Ambre, débuta à 25 ans par une série de nouvelles science-fictionnelles. Publiées au début des années ’60, elles bousculèrent la « SF de papa » en se détournant des thèmes traditionnels du genre. L’auteur se soucie en effet davantage des sentiments de ses personnages que des descriptions de vaisseaux spatiaux et de la technologie. Bref, l’antithèse de la hard-science prisée actuellement. A la fin des sixties, période on le sait marquée par de nombreux bouleversements, Zelazny s’inscrit dans la New Wave, une SF plus audacieuse et plus engagée. Le mouvement et l’auteur s’intéressent plus aux aspects littéraires d’une œuvre et moins aux affabulations pseudo-scientifiques du pulp. UNE ROSE POUR L’ECCLESIASTE rassemble quatre de ses textes, deux ayant été précédemment publiés dans Fiction.

Le recueil varie les décors. Dans la première nouvelle, « les Furies », trois hommes dotés de pouvoirs paranormaux, avatars modernes des Furies, traquent à travers la galaxie un redoutable criminel. Dans « Le cœur funéraire », peut-être le meilleur des quatre récits, nous suivons quelques nantis à la poursuite de l’immortalité. Le récit questionne le lecteur et lui demande s’il est prêt à sacrifier son présent pour une vaine quête d’immortalité afin de jeter un œil sur le futur. Une nouvelle pertinente et marquante à condition d’entrer dans l’intrigue qui, au départ, peut déstabiliser. Gagnant du prix Nebula, « Les portes de son visage, les lampes de sa bouche » suit la traque d’un Leviathan dans les océans de Vénus. Quant à la nouvelle-titre, elle expédie un linguiste sur Mars avec une rose et de la poésie en guide de remède à l’apocalypse acceptée par les Martiens. Une histoire poétique dépouillée des oripeaux traditionnels de la SF, un récit plutôt triste mais dont la conclusion est porteuse d’espoir.

L’auteur avait de l’ambition, il le démontre par un style travaillé, riche, parfois à l’excès. Il avait également des idées fortes et savait composer des protagonistes intéressants. La forme courte lui permet de donner la pleine mesure de son talent en combinant prospective, visions du futur, érudition, poésie et considérations philosophiques. Une bonne introduction à l’un des auteurs majeurs de la SF du XXème siècle.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Prix Nebula, #Recueil de nouvelles, #science-fiction

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Publié le 25 Novembre 2021

GENITAL GRINDER de Ryan Harding

Empruntant son titre à un morceau instrumental de Carcass et adoubé par Edward Lee en personne qui nous avertit dans la préface du côté extrême du bouquin, ce recueil de nouvelles constitue une bonne surprise.

Le splatterpunk, genre littéraire totalement déjanté qui aligne à longueur de pages sadismes, tortures sexuelles et passages vomitifs, peut vite lasser, surtout dans la forme d’un roman. En optant pour le format court, l’auteur évite beaucoup d’écueils. Il prend d’abord le soin d’écrire de véritables nouvelles, avec une intrigue et des personnages, ne se contentant pas d’aligner les passages dégueulasses même si ceux-ci sont évidemment très nombreux. La première histoire donne le ton et parait de prime abord une variation sur une nouvelle jadis publiée dans le recueil HISTOIRES DE SEXE ET DE SANG : un homme ramène chez lui une obèse qui décède en pleine « action », s’écroulant sur son partenaire et le coinçant sur le lit. Ryan Harding dévie ensuite du scénario imaginé par le récit précité et propose une conclusion différente mais tout aussi crade. La deuxième histoire parait, elle, moins intéressante et sombre un peu trop dans le « full shocks ahead », impliquant un cinglé qui se sodomise avec une brosse de toilette tout en violant un cadavre en s’aspergeant de pisse. Ah oui j’avais oublié de mettre un avertissement. Bon tant pis. Comme disait l’autre « le lecteur est prévenu ». Nous retrouvons nos deux malades mentaux quelques pages plus loin pour un exercice de « snuff movie » avec viols et tortures à gogo.

La troisième histoire se révèle bien plus intéressante et plus proche de l’horreur mainstream (avec quelques détails « beurk » quand même) : un type découvre que son père était un tueur en série. Plutôt que le dénoncer, il imagine de tuer sa femme puis de faire porter le chapeau à papa. Mais tout ne se déroule pas comme prévu. Un très bon récit, enlevé, bien ficelé, aux twists nombreux et saupoudré d’une bonne dose d’humour noir qui oscille entre horreur et thriller. Rien que pour cette histoire, le recueil mérite la lecture !

Autre histoire d’humour noir : la relation qui se noue entre un jeune ado sexuellement frustré et un tueur en série qui garde un harem de proies féminines dans sa cave. Plutôt que de le dénoncer, le gamin décide de participer joyeusement à ses crimes. Un petit côté « Un élève doué » de Stephen King mais version courte et beurk à souhait avec les inévitables conventions du splatterpunk : viol, tortures sexuelles, cannibalisme et autres carnages.

La dernière nouvelle, qui tourne autour du bug de l’an 2000, des théories apocalyptiques et de l’art pouvant créer le réel se montre, elle aussi, efficace.

En résumé, un recueil plaisant pour découvrir le splatterpunk bien que, paradoxalement, la nouvelle titre soit la plus faible du lot.

 

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Erotique, #Gore, #Horreur, #Recueil de nouvelles, #Splatterpunk

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Publié le 15 Novembre 2021

JARDINS DE POUSSIERE de Ken Liu

Nouvelle valeur montante de la SF (on peut même, déjà, parler de valeur sûre), Ken Liu choisit le plus souvent la forme courte pour s’exprimer, comme en témoignait son anthologie fort récompensée, LA MENAGERIE DE PAPIER. Ce second recueil, JARDINS DE POUSSIERE, rassemble 25 nouvelles, assorties d’un avant-propos et d’une bibliographie, pour 544 pages de lecture. Il s’agit ici des nouvelles courtes, allant de deux pages à une quarantaine, les « romans courts » de l’auteur (le plaisant LE REGARD et le formidable L’HOMME QUI MIT FIN A L’HISTOIRE) étant par ailleurs disponibles dans la collection Une Heure lumière.

Certains des textes ici rassemblés ont été précédemment publiés dans diverses anthologies (« La fille cachée » dans EPEES ET MAGIE, « Sept anniversaires » dans le hors-série de la collection précitée « Une Heure lumière ») ou revues (« Souvenir de ma mère », « le Fardeau », « Une brève histoire du tunnel transpacifique » dans Bifrost qui a toujours mis en avant Ken Liu, « Long courrier » et « Nœuds » dans Galaxies), les autres sont inédits.

Après le court et poétique « Jardin de poussière », nous embrayons avec « La fille cachée », récit de Fantasy proche de la « chevalerie » des films Wu Xia Pian de la Shaw Brothers. « Bonne chasse » reste dans le domaine de la fantasy chinoise avec le personnage de la Renarde (vu dans pas mal de films) dont le héros tombe amoureux, à la manière des « Histoires de fantômes chinois ». Un récit agrémenté d’une réflexion sur le temps qui passe et la mort de la magie dans une ambiance steampunk. Autre réussite, « Rester » traite du monde d’après la Singularité, alors que la majorité de l’humanité a choisi de laisser mourir son corps physique pour ne plus exister qu’à l’état de simulation dans le cyberspace »…Nouvelle illusion ou immortalité ? Le récit s’intéresse surtout à ceux qui, comme le titre l’indique, on choisit de « rester » et de continuer à vivre physiquement…mais jusqu’à quand pourront-ils maintenir un semblant de civilisation ? Le recueil se poursuit sur d’autres récits qui évoquent la Singularité et le post-humanisme, envisageant un monde dans lequel 300 milliards d’humains ont été digitalisé et stockés pour une nouvelle vie éternelle. Le très court « Souvenir de ma mère » joue de la relativité du temps pour permettre à une mère atteinte d’un mal incurable d’accompagner sa fille tout au long de sa vie.

Plus léger mais tout aussi réussi, « Le Fardeau » montre des archéologues étudier une vaste saga épique découverte dans les ruines d’une lointaine planète. Bien que ses habitants aient disparus depuis un million d’années, le poème philosophique continue d’inspirer les Terriens et suscite même l’émergence de nouvelles religions basées sur cette sagesse ancestrale. Mais une jeune femme découvrira la vérité sur ce récit. Un récit très « âge d’or » (on imagine très bien les Grands Anciens comme Asimov ou Clarke tentés par le sujet) à la chute savoureuse.

Dans « Nul ne possède les cieux », un homme commet un sacrilège en disséquant un faucon sacré, ce qui va entrainer le de développer les dirigeables et assurer à son pays la suprématie sur les airs et de nombreuses victoires militaires.

 

La nouvelle uchronique « Une brève histoire du tunnel transpacifique » constitue une autre indéniable réussite avec ce monde qui a choisi, pour échapper à la Grande Dépression, de creuser un tunnel sous le Pacifique, donnant ainsi un emploi aux nombreux chômeurs.

La suite reste globalement de très bon niveau (« Dolly ») avec des interrogations très actuelles, notamment sur la discrimination positive (« Vrais visages » qui prouve l’absurdité de vouloir gommer son genre et son ethnie) mais aussi sur le clonage et les manipulations génétiques dans le but d’engendrer des hybrides humains / animaux (« Animaux exotiques »,) dignes du docteur Moreau. L’auteur parle aussi réchauffement climatique (« Message du berceau » et sa visite d’une Boston engloutie sous les eaux), transhumanisme (« Sept anniversaires » et ses humains débarrassés de leur identité corporelle pour devenir des avatars numériques immortels).

Quoiqu’il utilise des thèmes classiques et n’hésite pas à proposer une SF exigeante et « hard », Ken Liu ne renonce pas, pour autant, à l’émotion et au « sense of wonder », quitte à parfois vouloir « faire pleurer dans les chaumières » (« Dolly », « Animaux exotiques », « La dernière semence »,…). Mais pourquoi y voir un défaut ? La SF ne doit pas être toujours aussi froide que celle de Stephen Baxter ! Avec Ken Liu le lecteur éprouvera un panel d’émotions et de réflexions qui confirment la place de l’auteur chinois au sommet de son art. Si on aime la science-fiction, impossible de ne pas aimer Ken Liu et ce recueil imparable en constitue une nouvelle preuve.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantasy, #Hard Science, #Recueil de nouvelles, #Uchronie, #science-fiction

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Publié le 13 Octobre 2021

ELEMENTAIRE MON CHER CONAN DOYLE

Quatre nouvelles, tirées et traduites d’une imposante anthologie anglo-saxonne consacrée aux pastiches, épigones et autres apocryphes du « canon » (THE BIG BOOK OF SHERLOCK HOLMES STORIES). La première est particulière puisque signée de Conan Doyle en personne. Elle revient sur les capacités de déductions exceptionnelles de Sherlock et la manière dont « Watson comprit le truc », autrement dit comment il tente de singer la fameuse méthode du détective. Une petite récréation, très courte, qui démontre surtout que Conan Doyle avait bien le droit de se moquer gentiment de ses personnages. D’autres le firent de manière moins réussie.

Leslie S. Kinger (un spécialiste de Sherlock) propose ensuite une bizarre « affaire de la caisse en bois » au sujet d’un bras tranché retrouvé… dans une caisse de bois (d’où le titre !). Holmes résoudra évidemment cette énigme surprenante sur fond de cannibalisme. Bien emballé et dans l’ensemble efficace et prenant, quoique le lecteur devine assez rapidement où l’auteur veut en venir.

Avec Barry Day et son « affaire du curieux canari », nous suivons le détective dans ses déductions afin de résoudre un étrange meurtre en chambre close assez joliment orchestré. L’auteur a écrit cinq autres romans pastiches dédiés à Holmes. L’histoire est habile, bien charpentée, la résolution quelque peu attendue (l’auteur ne triche pas avec le lecteur) et en dépit d’explications un rien bavarde bien menée. Cela se suit donc avec plaisir.

La dernière nouvelle (« L’énigme de la main invisible ») se montre la plus originale, la plus documentée et sans doute la plus passionnante, elle capture excellement l’ambiance des récits de Conan Doyle en confrontant Sherlock à Bertillon. Français pionnier de la police scientifique et de la rigueur dans les enquêtes, Bertillon s’oppose néanmoins à Sherlock au sujet des empreintes digitales, qu’il juge inutile pour découvrir un coupable. Le récit s’épanouit sur plusieurs années et permet au détective consultant d’œuvrer à l’innocence de Dreyfuss et même à résoudre l’énigme de l’assassinat du président français Félix Faure. Une longue nouvelle qui justifie à elle-seule la lecture de ce recueil de qualité. Une lecture rapide, fun et érudite qui plaira aux amateurs du détective.

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