Publié le 31 Janvier 2020

UNE POIGNEE DE SEIGLE d'Agatha Christie

Dans la villa du pavillon des Ifs, Mr Fortescue meurt empoisonné par son thé. L’inspecteur Neele découvre que le poison utilisé est la taxine, tiré des ifs. En outre le corps est retrouvé avec une mystérieuse poignée de seigle dans sa poche. Les soupçons se portent forcément sur l’épouse, beaucoup plus jeune, de Fortescue et Neele est déjà prêt à conclure l’affaire lorsque la jeune femme meurt empoisonnée à son tour, suivie par une domestique, Gladys. Miss Marple débarque pour venger la mort de cette domestique (issue de son village) et démêler le sac de nœuds…

Ecrit au début des années ’50, ce roman n’a pas la complexité et l’ingéniosité de ceux des années 30 mais n’en demeure pas moins un très réussi whodunit qui utilise, une fois de plus, une comptine enfantine pour rythmer les différents meurtres. Comptine utilisée ici de manière plus intéressante que dans d’autres livres de la romancière puisque la chansonnette (ou nursery rhyme) sert véritablement d’inspiration au criminel. Le plan du meurtrier, complexe, nécessite évidemment un peu de chance et de culot pour fonctionner, poussant quelque peu la crédibilité de l’ensemble, mais n’en reste pas moins bien élaboré. En dépit du grand nombre de fausses pistes, Christie joue franc-jeu ce qui permet au lecteur de deviner une grande partie de la solution aux trois quarts du roman. C’est loin d’être négatif puisque cela permet, au contraire, d’apprécier la méticulosité de la construction. Toutefois, il reste quelques zones d’ombre pour le lecteur, ce qui lui permet d’apprécier la démonstration finale d’une Marple toujours sagace. A noter que la vieille détective se montre peu présente : elle intervient tardivement et assez peu mais découvre évidemment les indices cruciaux menant à la solution.

Si le roman n’accède pas au podium des meilleurs Christie, il reste un whodunit fort rythmé, bien écrit, aux dialogues vifs et aux rebondissements nombreux qui le place dans le peloton de tête des Marple. Un très plaisant divertissement emballé en plus ou moins 200 pages.

Voir les commentaires

Rédigé par hellrick

Publié dans #Agatha Christie, #Golden Age, #Policier, #Whodunit

Repost0

Publié le 30 Janvier 2020

LA BALLADE DE BLACK TOM de Victor LaValle

Victor LaValle, déjà plusieurs fois primé (Shirley Jackson, Locus), se voit ici pour la première fois traduit en français, l’engouement actuel démesuré pour Lovecraft ne devant pas y être étranger. L’auteur, afro-américain, dédie en effet son récit à HPL « avec mes sentiments contradictoires ». Son court roman constitue une sorte de relecture de « Horreur à Red Hook », un texte assez médiocre de Lovecraft dont on retient surtout le côté autobiographique (l’écrivain vivait dans ce quartier à l’époque) et le racisme quasiment délirant.

Victor LaValle va donc s’inspirer de cette nouvelle pour plonger son héros, un musicien raté de Harlem, Charles Thomas Tesser, surnommé Black Tom, dans l’univers des Grands Anciens. Nous sommes dans les années 20 et notre Black Tom égrène les quelques mêmes accords de guitare (les seuls qu’il connaisse) lorsqu’il croise la route d’un énergumène, le vieux Blanc Robert Suydam qui souhaite l’engager pour animer une soirée dans sa demeure…A partir de là tout dérape.

Le texte étant court, nous n’allons pas trop le détailler, ce qui enlèverait au lecteur le plaisir de la découverte. Il s’agit d’un mélange de chronique sociale sur l’entre-deux Guerres aux Etats-Unis, avec tous les problèmes d’argent qui se posent à la population (et en particulier aux Noirs), et de fantastique. Victor LaValle possède une écriture travaillée, précise et ciselée, et il l’utilise pour créer une ambiance effrayante tout en remettant la nouvelle originale de Lovecraft en perspective. Il dénonce la virulence attaque raciste lancée par Lovecraft sans charger inutilement la bête, refusant le simple pamphlet pour une approche plus subtile. Il reprend ainsi certaines idées de l’écrivain de Providence afin de s’en distancer ou de les démonter mais sans que cela transforme son roman en simple exercice. En effet, il use également à bon escient de la mythologie lovecraftienne pour offrir une intrigue réussie qui se tient parfaitement, proposant donc deux niveaux de lecture : une critique littéraire et une novella fantastique de qualité.

Dans la masse immense des pastiches « tentaculaires » sortis ces dernières années, LA BALLADE DE BLACK TOM constitue, à coup sûr, une belle réussite, un texte efficace et (relativement) original. Primé par le British Fantasy et le Prix Shirley Jackson, voici une découverte à faire pour les amateurs de HPL…et les autres. On aimerait à présent découvrir les romans de LaValle afin de vérifier qu’il sache tenir la distance sur le format long…Editeurs, à vous de jouer !

Voir les commentaires

Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Fantasy, #Horreur, #Lovecraft, #Roman court (novella)

Repost0

Publié le 29 Janvier 2020

STAR WARS: L'ULTIME COMMANDEMENT (LA CROISADE NOIRE DU JEDI FOU 3) de Timothy Zahn

Et voici le dernier volet de la célèbre « Croisade noire du Jedi fou », le livre événement qui lança l’univers étendu de Star Wars et qui demeure, pour bien des fans, la meilleure œuvre littéraire basée sur la saga de George Lucas.

Après L’HERITIER DE L’EMPIRE et LA BATAILLE DES JEDI, voici donc L’ULTIME COMMANDEMENT dans lequel on retrouve le Grand Amiral Thrawn aux commandes de la flotte Katana, prêt à lancer le dernier assaut contre les forces de la Nouvelle République. De leur côté Luke et Leia doivent détruire les usines de clones impériaux sur Wayland et combattre le Jedi fou Joruus C'baoth.

Célébré par les fans, L’ULTIME COMMANDEMENT constitue pour beaucoup la culmination du “Star Wars” post trilogie…oui à l’époque – le début des années 90 - on parlait de trilogie et nul n’imaginait que l’univers serait enrichi (ou pas, pas de polémique) d’une dizaine de films supplémentaires, de séries télés, etc. Bref, la saga était canonique, c’était la véritable suite des aventures de Luke, Leia, Han et les autres et le lecteur frustré de ne plus les voir au cinéma (« Le retour du Jedi » datait déjà de dix ans !) se délectaient de nouveaux personnages comme l’ambigüe Mara Jade, le contrebandier Talon Karrde, le dément Joruus C'baoth et le redoutable mais finalement honorable Thrawn, sorte de Rommell de l’espace qui insiste sur son éloignement du fou furieux que fut Dark Vador.

Vu le nombre de critiques positives, voire dithyrambique, on se permettra quelques petites réserves : le roman, comme les précédents, alterne adroitement action à grand spectacle et scènes intimistes, manigances tordues et stratégie militaire, mais souffre parfois d’un rythme en dent de scie. Parfois l’histoire semble patiner ou se perdre dans les détails, parfois les choses s’emballent et la résolution finale, par exemple, parait expédiée avec un goût de « tout ça pour ça » quelque peu regrettable.

L’écriture, très professionnelle, manque aussi un peu de souffle épique en dépit de l’accumulation de batailles spatiales colossales. Néanmoins, L’ULTIME COMMANDEMENT reste dans le haut du panier des romans adaptés de licence connue. Pour les fans de « Star Wars », la trilogie du Jedi Fou demeure un incontournable qui offre une continuation très travaillée (on mesure l’écart entre les personnages complexes proposés ici et les protagonistes tout lisses de la troisième trilogie cinématographique) aux aventures de Luke et ses amis. Bref, des bémols mais un réel plaisir de lecture et une bonne dose de nostalgie sont au programme de ce grand space opéra.

Voir les commentaires

Rédigé par hellrick

Publié dans #Cinéma, #Space Opera, #Star Wars, #science-fiction

Repost0

Publié le 28 Janvier 2020

LA CHUTE DE GONDOLIN de J.R.R. Tolkien et Christopher Tolkien

Dernier des Trois Grands Contes du Premier Age de la Terre du Milieu, LA CHUTE DE GONDOLIN constitue également l’ultime « grand travail d’exhumation » entrepris par Christopher Tolkien. Une entreprise titanesque débutée à l’orée des seventies, à la mort de J.R.R. Tolkien. Dans la préface, Christopher Tolkien prévient que ce sera également son dernier livre : publié en aout 2018 puis traduit en avril 2019 peu avant le décès de Christopher à l’âge respectable de 95 ans, le 16 janvier 2020.

Au commencement était donc le SILMARILLION, vaste entreprise laissée inachevée par J.R.R. Tolkien mais terminée et publiée par Christopher Tolkien aidé de l’écrivain de fantasy Guy Gavriel Kay. Des versions plus complètes des histoires proposées figureront ensuite dans divers recueils comme LE LIVRE DES CONTES PERDUS ou la monumentale HISTOIRE DE LA TERRE DU MILIEU.

Cependant, cette version de LA CHUTE DE GONDOLIN se veut la plus complète. Elle repart du texte originel de J.R.R. Tolkien rédigé durant la Guerre des Tranchées, en 1916. Elle retrace la chute de la grande cité elfique de Gondolin, détruite par les troupes de Melkor (ensuite rebaptisé Morgoth), notamment composées de dragons et de Balrogs. On croise durant le siège des personnages connus des fans comme Galdor, Glorfindel (qui périt sous les coups d’un Balrog) et Legolas avant de suivre la destinée des survivants de cette attaque.

L’édition de 2018 reprend ce texte de 1917 (qui constitue un court roman complet issu du LIVRE DES CONTES PERDUS), diverses versions condensées et une « version finale » du début des années ’50 laissée inachevée (dans laquelle nous n’assistons pas à la Chute de Gondolin elle-même). Outre l’intrigue principale, certes difficile d’accès mais instructive (et réservée aux fans complétistes de la Terre du Milieu vu la profusion de termes proposés…heureusement un lexique figure à la fin de l’ouvrage), le livre propose de nombreuses notes qui détaillent l’évolution de cette histoire, considérée comme le fondement de l’univers fictionnel de Tolkien et sur laquelle l’écrivain est revenu durant 35 ans. Sans jamais aboutir à une histoire réellement achevée comme s’en lamente d’ailleurs Christopher.

Avec les différents remaniements, l’histoire mis plus de cent ans à parvenir à sa (relative) maturation, depuis le conte initial de 1917 jusque cette édition ultime de 2018. Un travail d’archéologie littéraire impressionnant et, comme certains bonus plus intéressants que le film qu’ils accompagnent, les notes de Christopher Tolkien sur le travail de création paternel s’avèrent souvent plus passionnantes que le conte proprement dit. Ce-dernier constitue cependant une incontournable source de renseignements pour les fans du SEIGNEUR DES ANNEAUX et pouvoir lire les différentes versions du texte à la suite s’avère très enrichissant, le lecteur pourrait craindre la redondance, voir l’ennui mais, au contraire, il se plonge de plus en plus profondément dans cette forteresse elfique assiégée par Morgoth et apprend à mieux connaitre les intervenants. Quoiqu’il n’existe pas de version définitive, les différents textes brossent finalement un ensemble cohérent et globalement achevé de ce récit.

Bien sûr, LA CHUTE DE GONDOLIN n’est pas un livre « pour tout le monde », nous sommes loin de la Fantasy « easy reading » ou d’une fresque épique comme LE SEIGNEUR DES ANNEAUX, c’est un conte, une légende des temps oubliés de la Terre du Milieu surtout destiné aux convaincus et aux amateurs de Tolkien qui pourront tout lire (c’est conseillé) ou picorer dans les textes et autres notes éclairantes. Les moins acharnés, par contre, se tourneront plus volontiers vers LE HOBBIT ou LE SILMARILLION pour s’initier aux Terres du Milieu.

Voir les commentaires

Rédigé par hellrick

Publié dans #Essai, #Fantasy, #Recueil de nouvelles

Repost0

Publié le 24 Janvier 2020

CALLING CTHULHU - ANTHOLOGIE VOLUME I

Cette anthologie forcément lovecraftienne démarre par un texte de Thomas Lecomte, « la toile », dont l’idée n’est pas mauvaise mais qui souffre d’un certain amateurisme. Bref, pas la meilleure façon d’entamer un recueil de nouvelles…On craint le syndrome de la fan fiction tentaculaire vite torchée et du recueil de nouvelles avec du poulpe gluant à toutes les pages (et il en existe beaucoup)…Heureusement la suite s’avère nettement plus intéressante.

« Le trou » de Jean-Jacques Jouannais constitue ainsi un bel exercice de fantastique insidieux sur un thème classique : un « trou » dans le sol à l’influence maléfique, thème abordé notamment dans le roman BRECHE VERS L’ENFER de Kate Koja…mais la nouvelle de Jouannais se montre, en une trentaine de pages, plus réussie que l’interminable bouquin de Koja.

Suivent deux textes plus courts sympathiques sans être transcendants (« portraits macabres » et « Shiloh ») puis le très réussi « L’affaire Philippe Lardamour » de Fabien Lyraud, certes classique mais rondement mené et qui se lit avec plaisir.

On repart pour deux nouvelles courtes, encore une fois classiques mais correctes (« Visite guidée de R’lyeh » et « les masques de Kahnuggah ») avant un excellent « Tibériade » de Nicolas Page au sujet d’un archéologue israélien parti plonger dans les eaux du lac Tibériade en 2013…et qui y retrouve son ancienne petite amie qui l’a quitté trois ans plus tôt pour explorer le Crater Lake…Sans doute le texte le plus maitrisé et réussi de cette anthologie, un mélange de mystère vertigineux et de fantastique cosmique du meilleur tonneau.

La suite reste de haut niveau avec un original « Cthulhu le déchu » qui apporte un peu de fraicheur au mythe et les très efficace et gentiment déjanté « La bonne étoile » de Mathieu Dugas dans lequel trois cambrioleurs bras cassés supporter du FC Lens s’introduisent dans une demeure pour y dérober un artefact magique.

Sans être incontournable, CALLING CTHULHU s’avère une anthologie d’un bon niveau général qui saura contenter les inconditionnels de l’univers lovecraftien.

Voir les commentaires

Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Horreur, #Lovecraft, #Recueil de nouvelles

Repost0

Publié le 23 Janvier 2020

CINEMA D'EVENTREUR de Richard Laymon

Publié chez Gore dans une version raccourcie (des 230 pages du texte originel n’en subsiste que 150 comme toujours) voici une histoire assez peu crédible sur un cinéma où sont projeté des courts métrages d’horreur très (trop) réalistes. Bien sûr, il s’agit de snuff movies et lorsque Brit reconnait une de ses amies dans un des programmes proposés, elle décide de mener l’enquête.

A première vue, CINEMA D’EVENTREUR semble prometteur, mélangeant le côté « entertainer » fou des films « Wizard of gore » ou « Incredible torture show » aux clichés du slasher sous la loupe des rumeurs de snuff movies ayant couru à la fin des années ’70 (notamment avec le piètre film « Snuff »). Malheureusement, si l’idée n’est pas mauvaise, son exécution s’avère franchement médiocre et le bouquin (peut-être une conséquence de l’édition tronquée…admettons) parait décousu et d’un intérêt limité. Même dans une édition de 150 pages bien aérées, il semble en outre longuet tant tout cela peine à susciter autre chose qu’un ennui poli. Même le gore pour lequel l’écrivain est réputé parait finalement timide et sans inspiration.

Pas la peine d’en rajouter ou d’en écrire davantage, Richard Laymon a complètement foiré son coup avec ce roman raté.

Voir les commentaires

Rédigé par hellrick

Publié dans #Gore, #Horreur, #Roman court (novella), #Roman de gare

Repost0

Publié le 22 Janvier 2020

SAFARI SANS RETOUR d'Elspeth Huxley

Inconnue chez nous, Elspeth Huxley vécu en Afrique entre 1912 et 1925, un cadre qui fournira la matière nécessaire à la plupart de ses œuvres, notamment la série consacrée au superintendant Vachell. Seul le second des quatre policiers écrit par Elspeth Huxley (Aldous Huxley, auteur du MEILLEUR DES MONDES, étant son cousin par alliance) sera traduit au Masque sous le titre de SAFARI SANS RETOUR.

Milieu des années ’30, en Afrique, Lady Lucy Barandale participe, avec son Chanel N°5 et ses bijoux, a un safari en compagnie de son mari, Lord Barandale, un fanatique de photographie et sa fille Cara. Cette dernière, fiancée au très palot (et peut-être gay) Sir Gordon Catchpole, multiplie les aventures, notamment avec le chauffeur de l’expédition. Une bonne, l’aviatrice Chris Davis et le légendaire chasseur de gros gibier Danny de Mare complètent le safari. Lorsque les pierres précieuses de Lady Lucy disparaissent, le superintendant Vachell décide d’enquêter incognito en prenant la place laissée vacante par l’assistant de Danny de Mare, Luke Englebrecht, renvoyé pour avoir couché avec cette chaudasse de Cara. Mais Vachell doit rapidement faire face à une situation plus dramatique lorsque lady Lucy est découverte assassinée…

Voici un très plaisant whodunit à l’ancienne qui se distingue par son environnement particulier, celui d’un safari africain. Les personnages, bien typés, sont présentés avec efficacité et, une fois le meurtre accompli, les suspects ne manquent pas. Les aspects plus dangereux du safari ne sont pas éludés avec quelques fauves et autres animaux sauvages venant rendre l’enquête plus palpitante. On note également des dialogues bien ciselés, très naturels et pourtant bien écrits, qui n’oublient pas un certain humour acide et satirique bienvenu.

Pour les amateurs de whodunit « golden age », à la fois classique (par son intrigue) et innovant par son cadre, SAFARI SANS RETOUR s’impose comme une belle réussite en outre bouclée en seulement 158 pages.

Voir les commentaires

Rédigé par hellrick

Publié dans #Golden Age, #Policier, #Whodunit

Repost0

Publié le 21 Janvier 2020

CASINO ROYALE de Ian Fleming

Dans ce premier volet de la saga James Bond, le lecteur fait connaissance avec le moins secret des agents secrets, lequel est envoyé dans une petite ville française pour affronter Le Chiffre. Celui-ci a perdu d’importantes sommes d’argent et compte sur le casino de Royale-les-Eaux pour se refaire une santé aux tables de baccara. Comme Le Chiffre est lié à l’Union soviétique et alimente les caisses du parti communiste français, Bond est chargé de le plumer au jeu ce qui mettrait une bonne petite claque aux cocos.  

Nous sommes ici au début des années ’50, en pleine guerre froide qui n’attend qu’une occasion pour se réchauffer. Le contexte est donc très différent de celui de la récente version cinématographique avec Daniel Craig (laquelle reprend cependant une partie des péripéties du roman et se montre plus fidèles que bien d’autres long-métrages « Bond »), plus proche des origines de la saga cinéma, nous sommes dans une époque similaire à celle de « Bons baisers de Russie ».

L’intrigue, simple, se limite pratiquement à cette confrontation entre deux adversaires aux nerfs d’acier, le Chiffre, menacé de mort par l’organisation SMERSH (« Mort aux espions », qui deviendra dans les films le SPECTRE), et James Bond. L’occasion de mieux connaitre l’agent secret, bon vivant amateur de vin, de cocktails (dont le fameux et délicieux Vesper), de nourriture de luxe (caviar), de cigarette (avec un tabac composé spécialement pour lui), d’hôtel de grande classe et, bien sûr, de femmes fatales. Car Bond va rencontrer Vesper et nouer une rapide et brulante passion qui, forcément, finira mal. Bien qu’il semble jeune, Bond parait déjà revenu de tout dans ce premier roman, ce qui explique son cynisme et son côté presque « usé » par les manipulations politiques et les intrigues du monde moderne. Il parait bien seul dans ce monde en dépit de l’aide reçue par René Mathis, l’espion français, et surtout par son copain Felix Leiter de la CIA que l’on retrouvera dans plusieurs romans ultérieurs.

Roman relativement court (230 pages) divisé en nombreux courts chapitres, CASINO ROYALE bénéficie d’un style bien rêche, d’une efficacité exemplaire (que l’on pourrait rapprocher de celui de Mickey Spillane) et d’un tempo nerveux. Une bonne entrée en matière dans l’univers bondien.

Voir les commentaires

Rédigé par hellrick

Publié dans #James Bond, #Espionnage, #Thriller

Repost0

Publié le 17 Janvier 2020

LE DETECTION CLUB de Jean Harambat

Le Detection Club est un authentique club anglais réunissant les principaux auteurs de romans policiers du Golden Age (club qui existe d’ailleurs toujours aujourd’hui). Or, voici que ses membres sont invités par le richissime Roderick Ghyll à une étonnante démonstration, dans sa vaste villa sur une île, d’un automate capable à coup sûr de deviner l’auteur d’un crime. De quoi mettre les membres du Detection Club dans l’embarras, si ce n’est au chômage. Mais Ghyll est assassiné dans sa chambre forcément close…Agatha Christie, Chesterton, Dorothy Sayers, John Dickson Carr et les autres vont devoir mettre leurs capacités de déduction à l’épreuve dans la vraie vie.

Dans cette bande dessinée, Chesterton et Christie sont évidemment les personnages principaux, à tel point que les autres romanciers du Club s’en trouvent réduits au statut d’acolytes ou de faire-valoir, John Dickson Carr restant le plus intéressant avec son obsession des cartes et autres plans. Les piques entre les différents romanciers, qui semblent se jalouser gentiment, fonctionnent plaisamment, l’auteur multipliant les remarques acides et autres vacheries des uns et des autres.

Le mystère, pour sa part, s’avère très classique, sorte de variation sur les DIX PETITS NEGRES agrémenté d’un meurtre en chambre close à la Carr. La présence d’un automate aux étonnantes capacités (il peut, notamment, deviner le coupable de tous les romans policiers au simple énoncé des faits) rend le tout un peu original et élève la BD au-delà du simple pastiche. L’explication, fantaisiste, reste toutefois cohérente et satisfaisante, terminant le récit sur une note positive. Dommage que le trait soit assez simple et échoue à retrouver l’ambiance coutumière des romans mystères de cette époque.

Dans l’ensemble ce roman graphique n’en reste pas moins agréable, sans être exceptionnel il permet de passer un bon moment avec une énigme sympathique, des références bien amenées et un humour efficace.

LE DETECTION CLUB de Jean Harambat

Voir les commentaires

Repost0

Publié le 16 Janvier 2020

LE PROCES DE LA SORCIERE de Robert McCammon

Robert McCammon fut jadis un des principaux pourvoyeurs des collections « Terreur » et « J’ai lu épouvante » (MARIE TERREUR, L’HEURE DU LOUP, etc.), recevant notamment trois fois le prestigieux Prix Bram Stoker. Après LE MYSTERE DU LAC, considéré par beaucoup comme son chef d’œuvre, McCammon fit une pause de dix ans avant de revenir aux affaires avec le diptyque « le chant de l’oiseau de nuit », écrit en 2002 et traduit en 2008. Depuis McCammon a publié cinq autres romans mais aucun ne furent traduit en français.

Première partie de ce « chant de l’oiseau de nuit », LE PROCES DE LA SORCIERE a été décrit comme la rencontre de « Sleepy Hollow » et du « Nom de la Rose ». Il s’agit, comme le titre l’indique, d’un roman de procès, un « procedural » comme disent les Américains. Sauf que l’action se déroule à l’approche de l’an 1700 (qui comme toutes les fins de siècle annoncent, pour certain, l’Apocalypse), dans un village du Nouveaux Monde, Fount Royal. Rachel, une métisse trop belle pour sa propre sécurité, se voit accusée par les villageois de faire commerce avec Satan et d’avoir tué son mari ainsi que le révérend. Un juge, Isaac Woodward, est chargé d’un procès dont l’issue ne fait pas le moindre doute. Pourtant, son clerc, le jeune Matthews, croit à l’innocence de Rachel et va s’employer à la démontrer…quitte à fouiller un peu trop dans les secrets de la petite ville.

Epais roman, LE PROCES DE LA SORCIERE se prolonge avec LE VISAGE DU MAL, les deux livres constituant une seule histoire. Autrement dit, c’est du costaud, pratiquement mille pages au total, pour une enquête dans la droite ligne des « polars historiques ». Le fantastique y est discret. Est-il présent ou pas ? Le lecteur l’ignore à l’issue de ce premier tome. Rachel est-elle une sorcière ? Sans doute pas mais l’auteur laisse penser qu’un véritable sorcier (ou sorcière) se cache dans le village. Sinon comment expliquez certains événements ? Rationnel ou fantastique…la réponse (peut-être) dans le tome 2. Sinon McCammon a toujours un style bien huilé, il sait poser son ambiance, ne lésine pas sur les détails scabreux qui devaient être monnaie courante dans ce genre de patelin (adultère, commérage, trafic de relique et même zoophilie, l’inceste aussi sans doute). Tout ce côté historique, bien documenté, est fascinant. Cela dit il faut avouer que le roman comporte quelques longueurs préjudiciables. On aimerait, parfois, un peu plus de nervosité, davantage de retournements de situation dans cette enquête que seul le jeune Matthew semble vouloir faire aboutir. Près de 500 pages sans avoir véritablement avancé peut sembler décourageant…Mais, dans l’ensemble, le livre se lit agréablement et les derniers chapitres voient (enfin) une montée de la tension (et donc de l’attention du lecteur) qui encourage à lire rapidement la suite afin de recevoir (on l’espère !) les réponses aux nombreuses questions posées par cette longue (mais agréable) entrée en matière.

Voir les commentaires

Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Policier, #Historique

Repost0