john dickson carr

Publié le 17 Janvier 2020

LE DETECTION CLUB de Jean Harambat

Le Detection Club est un authentique club anglais réunissant les principaux auteurs de romans policiers du Golden Age (club qui existe d’ailleurs toujours aujourd’hui). Or, voici que ses membres sont invités par le richissime Roderick Ghyll à une étonnante démonstration, dans sa vaste villa sur une île, d’un automate capable à coup sûr de deviner l’auteur d’un crime. De quoi mettre les membres du Detection Club dans l’embarras, si ce n’est au chômage. Mais Ghyll est assassiné dans sa chambre forcément close…Agatha Christie, Chesterton, Dorothy Sayers, John Dickson Carr et les autres vont devoir mettre leurs capacités de déduction à l’épreuve dans la vraie vie.

Dans cette bande dessinée, Chesterton et Christie sont évidemment les personnages principaux, à tel point que les autres romanciers du Club s’en trouvent réduits au statut d’acolytes ou de faire-valoir, John Dickson Carr restant le plus intéressant avec son obsession des cartes et autres plans. Les piques entre les différents romanciers, qui semblent se jalouser gentiment, fonctionnent plaisamment, l’auteur multipliant les remarques acides et autres vacheries des uns et des autres.

Le mystère, pour sa part, s’avère très classique, sorte de variation sur les DIX PETITS NEGRES agrémenté d’un meurtre en chambre close à la Carr. La présence d’un automate aux étonnantes capacités (il peut, notamment, deviner le coupable de tous les romans policiers au simple énoncé des faits) rend le tout un peu original et élève la BD au-delà du simple pastiche. L’explication, fantaisiste, reste toutefois cohérente et satisfaisante, terminant le récit sur une note positive. Dommage que le trait soit assez simple et échoue à retrouver l’ambiance coutumière des romans mystères de cette époque.

Dans l’ensemble ce roman graphique n’en reste pas moins agréable, sans être exceptionnel il permet de passer un bon moment avec une énigme sympathique, des références bien amenées et un humour efficace.

LE DETECTION CLUB de Jean Harambat

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Publié le 3 Décembre 2019

CELUI QUI MURMURE de John Dickson Carr

Cette enquête de Gideon Fell se classe sans hésitation possible parmi les meilleurs romans de « meurtre impossible » écrits pas le spécialiste John Dickson Carr. En novembre 2019 il a été voté « meilleur livre de Carr » sur le site Classic Mystery Novel du Puzzle Doctor. Une bonne occasion de relire cet incontournable.

Le professeur Rigaud a jadis été témoin, près de Chartres, d’une scène impensable. Après avoir assisté à une violente dispute entre un père et son fils, Rigaud éloigne le jeune homme, Harry Brooks, et laisse son paternel au sommet d’une tour médiévale. Or celui-ci est retrouvé peu après tué par sa canne épée alors que personne n’a pu s’approcher de la victime. Après la seconde guerre mondiale l’affaire ressurgit lorsque Rigaud la raconte durant un diner. Gidéon Fell devra, des années après les faits, expliquer ce meurtre.

Environ 200 pages ! Carr ne traine pas en route mais développe néanmoins une atmosphère intéressante dans un climat de peur surnaturelle. La caractérisation des personnages se montre, elle aussi, de qualité, avec de beaux portraits, plus développés que de coutume. La période choisie est particulièrement charnière dans le roman policier puisque la Seconde Guerre Mondiale marque généralement la fin ou du moins le déclin du roman d’énigme classique. Carr n’élude pas la guerre et ses conséquences mais propose un crime mystérieux commis avant celle-ci mais résolu plusieurs années après, au lendemain de la fin du conflit.

L’énigme, pour sa part, s’avère rondement menée. Si l’identité de l’assassin et la méthode utilisée ne surprendront pas l’amateur de « crime impossible » (en appliquant la célèbre maxime de Sherlock il n’existe pratiquement qu’une seule solution possible), les détails s’emboitent admirablement et chaque point de détail se voit au final expliqué avec bonheur. De plus, le romancier garde un atout dans la manche sous la forme d’une révélation fracassante que peu de lecteur auront vu venir. Un classique incontournable qui mérite sa place dans toutes les listes recensant les meilleurs policiers d’énigme de l’âge d’or.

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Publié le 16 Mars 2018

L'HOMME QUI EXPLIQUAIT LES MIRACLES de John Dickson Carr

Ce troisième recueil des nouvelles de John Dickson Carr difficilement trouvables, proposées par Roland Lacourbe, débute par la novella qui lui donne son titre, « L’homme qui expliquait les miracles », la dernière énigme résolue par Sir Henry Merrivale à nouveau confronté à l’impossible : un empoisonnement au gaz dans une pièce close et des menaces proférées par un fantôme. Pas franchement original pour l’auteur mais de bonne facture.

« Aux portes de l’épouvante » confronte un jeune homme, dans une auberge située dans la campagne orléanaise, à une mystérieuse chose qui saisit et qui broie. Là encore, on devine assez rapidement où Carr veut en venir mais le résultat se lit néanmoins avec plaisir.

« Le Pentacle en diamant » est une plaisante histoire au sujet du vol impossible d’un bijou, avec une fin bien trouvée et satisfaisante. Changement de registre avec « Immunité diplomatique », un récit d’espionnage toutefois agrémenté de la disparition impossible d’une jeune femme qui entre dans une tonnelle pour s’évanouir à la vue de tous (une solution classique que l’on jugerait décevant si elle n’était pas aussi bien amenée). Le récit suivant demeure une des pièces radiophoniques les plus célèbre de Carr, « Le mari fantôme » (alias « Cabin B 13 »), une histoire intrigante et joliment conduite jusqu’à sa conclusion efficace, bref un bon petit classique du crime impossible.

L’anthologie y ajoute un très rare juvénile, « A l’auberge des sept épées », qui, comme son titre l’indique, constitue un récit historique proche du cape et épée avec le conflit entre l’amour et le devoir, critique de la religion (« je hais […] cette religion qui vénère Dieu sous le prétexte qu’elle fait souffrir l’homme »). Surprenant mais non dénué d’intérêt.

Enfin, « Le mouchard » (situé dans la France du Second Empire) et « Le testament perdu » (New York, en 1849), couronnée du prix de la meilleure nouvelle par le jury d’Ellery Queen Magazine, complètent le sommaire de ce recueil varié. « Le testament perdu » n’a d’ailleurs pas volé sa récompense et rend un très bel hommage à son ancêtre littéraire au titre similaire (« la lettre volée » d’Edgar Poe) jusqu’à une conclusion à la fois référentielle très plaisante. Sans doute la meilleure nouvelle du recueil et peut-être même une des plus belles réussites de Carr dans le domaine du format court. En tout cas une excellente manière de conclure ce recueil forcément inégal mais dans l’ensemble divertissant et agréable.

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Publié le 28 Juillet 2017

ILS ETAIENT QUATRE A TABLE de John Dickson Carr

Ils étaient quatre à table…sauf que l’un d’entre eux est à présent décédé. Tout avait pourtant commencé par une bonne soirée entre amis désirant discuter et partager quelques cocktails. Blystone le chirurgien, la critique d’art Bonita Sinclair, l’égyptologue Bernard Schumann et le businnesman Felix Haye ont pourtant été empoisonnés à l’atropine. Si les trois premiers se réveillent simplement intoxiqués, Haye, lui, a été en outre poignardé. Qui a pu vouloir l’assassiner ? Serait-ce lié à ces cinq petites boites contenant des révélations apparemment importantes déposées par Haye chez son avocat peu avant son décès ? Des boites qui, d’ailleurs, ont-elles-aussi disparus, l’étude ayant été cambriolée la nuit où le crime fut commis. Les deux affaires sont forcément liées. Le célèbre Henry Merrivale va mener l’enquête et tenter, tout d’abord, de comprendre comment les quatre invités ont pu être empoisonnés alors que les rescapés affirment que nul n’a pu verser le poison dans leur verre.

Originellement publié sous le pseudonyme de Carter Dickson voici un roman policier très classique mais plaisant qui ajouter au traditionnel « whodunit » un problème de « howdunit », le crime impossible étant la spécialité de John Dickson Carr. Ici nous avons affaire à un empoisonnement qui laisse perplexe les enquêteurs. Une variante assez rare du problème de la chambre close dont, plus récemment, Doherty avait offert une variation avec son très plaisant L’ASSASSIN DE SHERWOOD.

Comme souvent avec Carr, l’intrigue est tortueuse, les fausses pistes nombreuses et les retournements de situation, proposés à intervalles réguliers pour relancer l’intérêt, efficaces. Le roman ne sombre pas, cependant, dans l’extrême complexité d’autres œuvres de Carr (pas toujours très digestes avec leurs digressions nombreuses) et le procédé utilisé par le meurtrier se révèle finalement fort simple (mais, comme toujours, il fallait y penser !). Néanmoins, on retrouve les scories coutumières du romancier, en particulier ce Merrivale quelque peu insupportable et toujours très satisfait de son intelligence : il connait dès le départ la solution mais refuse de la donner et invite les enquêteurs à réfléchir au problème.

L’humour, fort présent, rend heureusement le bouquin agréable et lui évite l’austérité de certains Carr qui tiennent davantage du problème intellectuel insoluble que du divertissement. Les dialogues bien troussés confèrent à l’ensemble un rythme soutenu et la galerie de protagonistes (et donc de suspects) restreintes transforme le tout en un véritable jeu à la Cluedo des plus sympathique. On peut rapprocher le livre du similaire CARTES SUR TABLE d’Agatha Christie publié l’année suivante où, là aussi, quatre personnes sont réunies autour d’une table (pour jouer aux cartes) et l’une d’elles est mystérieusement assassinée.

S’il n’est pas le meilleur ou le plus élaboré des problèmes conçus par Carter Dickson / John Dickson Carr ILS ETAIENT QUATRE A TABLE assure au lecteur un bon moment de détente et, par sa relative simplicité, peut même être conseillé aux novices du romancier qui souhaiteraient faire plus amples connaissances avec le maitre incontesté (du moins avant la naissance de Paul Halter) du crime impossible.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Policier, #Whodunit, #Golden Age, #Impossible Crime, #John Dickson Carr

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