Publié le 29 Juin 2022
Quoique fréquemment cité parmi les réussites du King et lauréat du Bram Stoker et du Locus, SAC D’OS reste, pour ma part, une des plus grosses déceptions écrites par le romancier du Maine.
L’intrigue, tout d’abord, se développe avec une lenteur excessive. Ambiance, climat, épouvante, présentation, mise en place, etc. diront les laudateurs. Certes. Mais là, le King en pleine crise de sa fameuse « elephantiasis littéraire », dépasse peut-être les bornes. Les cent premières pages, quoique très lentes et sans réel lien avec la suite, fonctionnent pourtant agréablement. Elles présentent ce personnage, typiquement « Kingien », d’écrivain d’une quarantaine d’années, Mike, confronté à la page blanche à la suite de son récent veuvage. Après avoir exploité, au sens propre, ses fonds de tiroirs pendant plusieurs années, le voilà qui sèche complètement. Seule solution, retourner dans sa maison de vacances et renouer avec les rituels qui lui permettaient, jadis, d’écrire.
La suite, soit près de quatre cents pages (avant le dernier acte) entremêle plusieurs lignes narratives pas vraiment crédibles. Notre romancier vient par exemple en aide à une très jeune veuve de 20 ans dont il tombe rapidement amoureux. Celle-ci ne semble pas contre, que du contraire, mais l’écrivain tergiverse. Ca traine et ça traine… jusqu’à ce que la jeunette en vienne à (littéralement !) le supplier de la baiser.
Comme nous sommes chez King et en dépit de cette romance très envahissante, des phénomènes paranormaux se produisent. Mike mène l’enquête pour comprendre les raisons de cette hantise. Hélas, non seulement cela lui prend un temps fou mais le héros se comporte à la manière des protagonistes des séries B d’horreur les plus stupides : malgré toutes les manifestations et « avertissements » divers il s’obstine. Et, forcément, tout ce qui pouvait mal se passer va se produire.
Les personnages se montrent d’ailleurs assez unidimensionnels, ce qui étonne chez un écrivain capable de brosser des protagonistes en peu de traits. Ici, en dépit d’un background très (trop !) développé, les héros restent schématiquement décrits. Était-ce donc nécessaire de s’étendre sur des pages et des pages ? Probablement pas et nul doute que raboter d’un tiers le roman aurait grandement gagné en efficacité et en potentiel de frissons. Les explications surgissent dans les derniers chapitres de manière un peu hâtive (ce qui permet quand même de ne pas en rajouter dans les longueurs) et sont fort attendues.
SAC D’OS se situe donc dans la lignée des King de la fin des années ’90 / début 2000 comme DREAMCATCHER, DESOLATION, LES REGULATEURS, etc. Bref, pas la meilleure période du romancier.