Publié le 25 Septembre 2020

UN FANTÔME PEUT EN CACHER UN AUTRE de John Dickson Carr

Carr semble ici s’offrir une petite récréation, loin de ses puzzles policiers les plus élaborés, en optant pour un point de départ saugrenu. Un homme, Clarke, achète une maison réputée hantée dans le seul but d’y organiser des « fantômes party ». Il convoque ainsi plusieurs personnes, convaincus ou sceptiques, à le rejoindre dans sa demeure. Mais le divertissement apparemment inoffensif dérape lorsqu’un révolver bondit du mur où il était accroché et tire sur un invité. Le Dr Fell devra résoudre l’énigme…

Ce whodunit écrit en 1940 est léger et s’apparente à une sorte de comédie macabre dans l’esprit de très vieux films comme THE BAT : on y trouve des cachettes secrètes, des inventions diaboliques pour supprimer d’innocentes victimes, des (faux) fantômes et de vrais crimes. Le tout dans une ambiance plaisamment désuète que l’auteur lui-même semble aborder avec un mélange de respect et de second degré, comme s’il n’était pas dupe de son intrigue et de ses mécanismes peu vraisemblables mais qu’il cherchait, malgré tout, à l’aborder avec sérieux et professionnalisme.

Les personnages sont, pour la plupart, seulement esquissés et seul le Dr Fell lui-même (déjà vu dans une dizaine d’aventures) sort réellement du lot. Comme souvent avec Carr, le suspense est parfois entretenu de manière un peu artificielle par des interruptions durant les explications ou des secrets gardés par l’un ou l’autre protagoniste et qui empêchent l’avancée de l’enquête.

Le crime impossible en lui-même est habile même si la résolution très « gadget » peut décevoir ; l’élaboration de la méthode reste toutefois crédible et moins « capilotractée » que dans bien des « meurtres en chambre close ».

Dans l’ensemble, UN FANTÔME PEUT EN CACHER UN AUTRE s’avère un petit whodunit (il est court et se lit vite !) divertissant que peu de lecteurs risquent d’inclure dans leur « best of » ce Carr ou du « Crime impossible » mais qui procure néanmoins une distraction bienvenue aux amateurs de policiers à l’ancienne.

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Publié le 22 Septembre 2020

LE GUIDE ALAN MOORE de Laurent Queyssi & Nicolas Trespallé

Les éditions ActuSF poursuivent leur collection consacrée à des personnalités « cultes » de l’imaginaire et, après Dick, Lovecraft et Howard, voici à présent un autre personnage haut en couleurs et parfois controversé, encore un réputé « reclus » d’ailleurs, Alan Moore. Comme tout guide qui se respecte celui-ci débute par une importante et complète biographie qui aide à cerner l’auteur. Ensuite, la plupart de ses œuvres (dont certaines inédites en français) sont disséquées sur 4 ou 5 pages. L’occasion d’analyser des classiques comme WATCHMEN, V POUR VENDETTA, LA LIGUE DES GENTLEMEN EXTRAORDINAIRES, FROM HELL ou encore le célèbre BATMAN – THE KILLING JOKE. Mais on reparle également d’autres titres moins connus comme son pavé pornographique FILLES PERDUES, sa formidable reprise de SWAMP THING ou sa vision des derniers jours de SUPERMAN.

Comme tous les auteurs de la collection, Moore apparait également comme un être complexe, pas toujours facile à cerner, adepte (mesuré) des drogues, converti à la magie, érudit, excessif sans doute comme en témoigne ses prises de positions tranchées, ses polémiques vis-à-vis de DC Comics, sa rivalité avec Grant Morrison, son envie de voir la BD reconnue à sa juste valeur et sa désillusion par rapport à l’industrie du comics.

Différentes entrées thématiques abordent ces questions avant une longue entrevue où Moore revient sur sa carrière.

Véritable œuvre de fan à laquelle on n’est pas toujours obligé d’adhérer (on peut, par exemple, considérer les adaptations de WATCHMEN, FROM HELL ou V COMME VENDETTA comme de belles réussites) mais ouvrage de lecture aisée et instructif, LE GUIDE ALAN MOORE réussit son pari : donner envie de se replonger dans ses classiques du « graphic novel » qui ont, avec ceux de Frank Miller, véritablement transformer, pour le meilleur (traitement plus adulte) et le pire (perte du sense of wonder, complexité parfois factice des épigones, violence décomplexée comme fin et non comme moyen), la BD américaine de ces dernières décennies.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Cinéma, #Comic Book, #DC, #Essai, #Superhéros

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Publié le 3 Septembre 2020

LES MERCENAIRES DE LA COKE de Mike Newton

308ème (!) épisode américain de la saga, LES MERCENAIRES DE LA COKE constitue également le premier volet d’une trilogie (poursuivie en France avec OTAGE DU CARTEL et ULTIME DEFI). Nous y retrouvons forcément Mack Bolan mais aussi son petit frère, Johnny, lequel se balade incognito sous le pseudo de…Johnny Depp. Petite note d’humour dans un récit globalement sérieux qui développe une intrigue complexe et multiplie les « méchants » : mercenaires, rebelles, mafieux,…Un véritable bazar qui débute dans les bayous de Louisiane et prend ensuite son envol dans le reste du monde, Mike Newton prenant le temps d’introduire différentes lignes narratives qui vont pouvoir se développer au fil des pages et maintenir l’intérêt du lecteur tout au long de cette saga. De bonnes intentions mais, en pratique, le résultat demeure mitigé : la multiplication des personnages ne rend pas l’ensemble spécialement passionnant et ce premier tome apparait quelque peu brouillon.

Les scènes d’action, placées à intervalles réguliers, apparaissent comme autant de figures imposées exécutées avec professionnalisme mais sans véritable implication ni surprise. La recette très « pulp » reste donc respectée avec son lot de vilains, ces protagonistes venus des quatre coins de la planète et ses passages d’action brutale sans parvenir à susciter un réel intérêt.

LES MERCENAIRES DE LA COKE se laisse cependant lire sans grande difficulté et reste dans la moyenne de ce genre de roman de gare mais on a connu Newton plus original ou inspiré (par exemple dans son très réussi SANGLANT ELDORADO) pour ressortir réellement satisfait de cette aventure routinière. Le final donne modérément envie de poursuivre la lecture de la trilogie mais, dans le doute, mieux vaut sans doute choisir un autre des innombrables bouquins consacrés à l’Exécuteur…

LES MERCENAIRES DE LA COKE de Mike Newton

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Exécuteur, #Roman de gare

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