essai

Publié le 23 Mars 2021

RETOUR A PHILADELPHIE de Quentin Victory-Leydier

Voici un bel essai qui vient nous parler, avec érudition mais sans pesanteur, de Sylvester Stallone et de « Rocky ». L’auteur aime le personnage, qu’il s’amuse d’ailleurs à faussement interviewer pour l’entretenir, notamment, de la vision très partiale, pour ne pas dire obtuse, d’une grande partie de la critique française à son encontre. Car, cette « promenade amoureuse » s’éloigne de la critique au sens propre (de toutes manière que pourrait on critiquer concernant une des meilleures sagas du 7ème art ?) pour privilégier la réhabilitation. Comme le dit l’auteur « on ne devrait parler que de ce qu’on aime » mais, malheureusement, les chroniqueurs préfèrent souvent tirer à bouler rouge sur Stallone, identifié à sa marionnette popularisée par les Guignols et archétype de l’Américain (très) moyen forcément bellicistes, matérialiste et un brin raciste sur les bords.

Rocky n’a pas échappé à l’entreprise de démolition (bien que le premier film ait été généralement bien accueilli et que « Creed » ait contenté les progressistes) mais le cœur de la saga, à savoir les épisodes II, III et surtout IV, furent trainés dans la boue et accusés de tous les maux : Reaganien (alors que les premiers épisodes furent tournés avant l’accession de Reagan à la présidence comme le précise avec humour l’auteur), xénophobe, anti-Russe (en dépit du discours de réunification final trop souvent vu de façon amusée alors qu’il se montre sincère dans sa tentative de rapprochement Est / Ouest à une époque où le cinéma populaire américain était bien moins nuancé), glorifiant l’argent et la réussite personnelle (ce qui, selon nos chantres du bon goût constitue forcément une faute !).

Souvent, ces critiques n’ont fait que survoler les films et y ont appliqués leur grille de lecture forcément biaisée, gauchisante et limitative (car, en se mettant les bonnes œillères il est en effet possible, avec un brin de mauvaise foi, de faire dire à une œuvre tout et même son contraire) et de répéter en boucle l’avis d’un Télérama (horreur !) qui n’y voit que « nanar », le vilain mot que l’on emploie lorsqu’on n’aime pas quelque chose sans vraiment pouvoir le définir. Car aujourd’hui, tout est nanar, pour peu que ça ait plus de 5 ans d’âge : le cinéma d’horreur des années 80 ? Nanar ! Le kung fu ? Nanar ! La comédie estudiantine ? Nanar ! Le film d’action ? Nanar ! Alors forcément, un Rocky parfois simple mais toujours premier degré ne peut qu’être nanar pour les chantres du bon goût, toujours si sûr d’eux qu’ils ne peuvent imaginer un « film de genre » sans (au mieux) dérision et (au pire) mépris.

Après le très réussi SYLVESTER STALLONE, HEROS DE LA CLASSE OUVRIERE et le Mad Movies consacré à Rocky, ce nouveau livre vient remettre les pendules à l’heure : Stallone est attachant, « Rocky » est un chef d’œuvre et ses suites dessinent une formidable chronique de l’Amérique de ces quarante dernière années. Et l’acteur aurait bien mérité son Oscar. Mais qu’importe, Rocky a sans doute fait plus pour bien des gens que la plupart des vainqueurs de récompenses. Un round à la fois, un pas après l’autre, les amateurs finiront bien par convaincre les indécis ou les sceptiques.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Cinéma, #Essai

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Publié le 30 Novembre 2020

C'EST PRESQUE PAREIL! de Claude Gaillard

Claude Gaillard nous revient avec un nouveau livre sur le cinéma. Mais là où les chroniqueurs s’épanchent le plus souvent sur des chefs d’œuvres reconnus du 7ème art ou pondent 300 pages pour approfondir le véritable sens d’un plan d’une demi-seconde dans un David Lynch, le Gaillard préfère le cinéma bis et les productions oubliées. Après s’être penché sur les hommes machines (CYBORGS vs ANDROIDES), les clones de Rambo (DANS L’ENFER VERT DE LA RAMBOSPLOITATION), les détournements pornos (LES PIRES PARODIES X SONT SOUVENT LES MEILLEURES) et les émules de Mad Max (RETOUR VERS LES FUTURS), l’auteur tourne son regard et sa plume ironique vers les plagiats, les fausses suites, les déclinaisons flagrantes et les décalques honteux. Bref, ces longs-métrages au rabais et les blockbusters hollywoodiens, C’EST PRESQUE PAREIL au niveau des intentions…sauf que ça n’a souvent rien à voir une fois le résultat visionné.

En 200 pages, Claude Gaillard nous ballade autour du monde et en particulier dans les contrées les plus friandes de ce genre de détournements : l’Italie, les pays asiatiques, la Turquie, le Nigéria, l’Inde,…Tout y passe en une série de courts  « chapitres » et c’est bien là le seul véritable regret : on eut aimé approfondir le voyage mais il eut fallu, pour cela, une véritable encyclopédie de la contrefaçon cinéphilique. Les faux « Emmanuelle » (voire les faux « faux Emmanuelle » !), les bruceploitations tournées après la mort de Bruce Lee, les succédanés de James Bond plus portés sur le zéro que sur le sept ou les copies foireuses turques auraient pu occuper des livres entiers.

Mais bon, on se contentera de courts chapitres car le livre est foisonnant : l’amateur curieux découvrira ainsi l’existence d’un « Jaws 5 » italien, de nombreux ersatz d’ « Alien » ou de « Terminator », de versions remaniées style Moyen Orient de « l’Exorciste », d’une saga « Vice Academy » encore plus pouet pouet que les « Police Academy » (et récemment éditée en bluray par Pulse…boite où l’on retrouve, évidemment, notre Claude Gaillard !). Les super zéros italiens ou mexicains, les dessins animés reproduisant les succès de Walt Disney avec un centième de leurs moyens, les « mockbusters » du studio spécialisé Asylum, les sosies autoproclamés de Sinatra ou même la version porno de E.T. au merveilleux poster (celui qui orne la couverture du bouquin) sont ainsi évoqués.

Partagé entre consternation, humour complice, second degré « nanar » ou facepalm généralisé, le lecteur se laisserait bien tenté au visionnage de quelques-unes des productions évoquées…Le cinéma n’est pas mort et quiconque ne frétille pas à l’idée de découvrir « 007 ½ rien n’est impossible », « Lady Terminator », « Robotrix », « Pour Pâques ou à la Trinita », « Mega Piranha », « Vicieuse et manuelle » ou « Bruce contre-attaque » n’est pas un vrai cinéphage !

Bref, un joli petit guide nullement dupe du niveau qualitatif de 90% des titres évoqués mais qui transpire cependant l’amour sincère pour tout un univers bricolé et déjanté. On en redemande !

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Cinéma, #Essai, #Humour

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Publié le 22 Septembre 2020

LE GUIDE ALAN MOORE de Laurent Queyssi & Nicolas Trespallé

Les éditions ActuSF poursuivent leur collection consacrée à des personnalités « cultes » de l’imaginaire et, après Dick, Lovecraft et Howard, voici à présent un autre personnage haut en couleurs et parfois controversé, encore un réputé « reclus » d’ailleurs, Alan Moore. Comme tout guide qui se respecte celui-ci débute par une importante et complète biographie qui aide à cerner l’auteur. Ensuite, la plupart de ses œuvres (dont certaines inédites en français) sont disséquées sur 4 ou 5 pages. L’occasion d’analyser des classiques comme WATCHMEN, V POUR VENDETTA, LA LIGUE DES GENTLEMEN EXTRAORDINAIRES, FROM HELL ou encore le célèbre BATMAN – THE KILLING JOKE. Mais on reparle également d’autres titres moins connus comme son pavé pornographique FILLES PERDUES, sa formidable reprise de SWAMP THING ou sa vision des derniers jours de SUPERMAN.

Comme tous les auteurs de la collection, Moore apparait également comme un être complexe, pas toujours facile à cerner, adepte (mesuré) des drogues, converti à la magie, érudit, excessif sans doute comme en témoigne ses prises de positions tranchées, ses polémiques vis-à-vis de DC Comics, sa rivalité avec Grant Morrison, son envie de voir la BD reconnue à sa juste valeur et sa désillusion par rapport à l’industrie du comics.

Différentes entrées thématiques abordent ces questions avant une longue entrevue où Moore revient sur sa carrière.

Véritable œuvre de fan à laquelle on n’est pas toujours obligé d’adhérer (on peut, par exemple, considérer les adaptations de WATCHMEN, FROM HELL ou V COMME VENDETTA comme de belles réussites) mais ouvrage de lecture aisée et instructif, LE GUIDE ALAN MOORE réussit son pari : donner envie de se replonger dans ses classiques du « graphic novel » qui ont, avec ceux de Frank Miller, véritablement transformer, pour le meilleur (traitement plus adulte) et le pire (perte du sense of wonder, complexité parfois factice des épigones, violence décomplexée comme fin et non comme moyen), la BD américaine de ces dernières décennies.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Cinéma, #Comic Book, #DC, #Essai, #Superhéros

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Publié le 20 Février 2020

OEUVRES de Howard Phillips Lovecraft

La bibliographie de Lovecraft a longtemps été éparpillée au fil des nombreuses publications francophones, ce qui rendait difficile la constitution d’une réelle une intégrale. Les Omnibus de Laffont rendent aujourd’hui cette tâche bien plus simple, sans être totalement exhaustive (mais est-ce possible, notamment sur le sujet des continuateurs ou des réécritures).

Mais, dira le lecteur avare, si on possède déjà tout quel est l’intérêt ? Et bien il est possible, voire même probable, que l’on n’avait pas tout en réalité. Ainsi, dans le premier tome, se trouve, outre les récits de Lovecraft lui-même, des nouvelles provenant des anthologies LEGENDES DU MYTHE DE CTHULHU, LA CHOSE DES TENEBRES et HUIT HISTOIRES DE CTHULHU rédigées par des épigones du maîtres. Bref, un culte en expansion comme le souligne Francis Lacassin. Même si on possède les différents recueils précités, cet épais tome peut intéresser le « complétiste » pour quelques récits non pas inédits mais plus difficile à dénicher et opportunément rassemblés ici.

Ainsi « la chose ailée sur le toit » de Robert E. Howard, court mais efficace petit conte fantastique jadis disponible dans le recueil L’HOMME NOIR de Howard (ou, chez Bragelonne, dans LES OMBRES DE CANAAN consacré aux histoires d’horreur d’Howard). Howard toujours avec le réussi « Le feu d’Asshurbanipal”, dans lequel, en une vingtaine de pages, le créateur de Conan nous emmène au coeur du désert à la recherche d’une gemme mythique cachée dans une cite maudite protégée par les Djinns. Un mélange d’aventures (on y trouve même un parfum à la Indiana Jones avec son “aventurier aux nerfs d’acier”), de fantasy, de conte orientaux et d’épouvante lovecraftienne. De la belle ouvrage, tiré du recueil LE PACTE NOIR et plus récemment republié dans LES DIEUX DE BAL SAGOTH.

 « L’Héritier des ténèbres », une nouvelle traitant de la peur de la mort, de la crainte de servir de nourriture aux goules et de la nécessité de la crémation (dans le désordre) constitue une autre belle réussie de Clark Ashton Smith à découvrir pour ceux qui ne possèdent pas le recueil LES ABOMINATIONS DE YONDO. On retrouve aussi dans ce recueil phénoménal l’excellent « Chiens de Tindalos » de Frank Belknap Long, « Horreur à Salem » de Kuttner, « L’habitant de l’ombre » de Derleth, « Le visiteur venu des étoiles » de Bloch, « Sueurs froides » de Campbell, etc.

En ce qui concerne Lovecraft lui-même, voici une bonne occasion de lire ou relire certains de ses textes les plus célèbres et réussis comme « Dagon », « L’appel de Cthulhu », « La couleur tombée du ciel », « L’abomination de Dunwich », « Celui qui chuchotait dans les ténèbres », « Le cauchemar d’Innsmouth » et les courts romans « L’affaire Charles Dexter Ward » et « Les Montagnes hallucinées ».

Des lettres, des contes de jeunesse, des notes, des brouillons, des articles, etc. complètent le sommaire, sans oublier de nombreux textes de présentation sur les différents sujets abordés.

Bref, voici un ouvrage indispensable si on souhaite découvrir HPL ou parfaire ses connaissances sur l’auteur phare du fantastique du XXème siècle.

Une somme !

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Publié le 28 Janvier 2020

LA CHUTE DE GONDOLIN de J.R.R. Tolkien et Christopher Tolkien

Dernier des Trois Grands Contes du Premier Age de la Terre du Milieu, LA CHUTE DE GONDOLIN constitue également l’ultime « grand travail d’exhumation » entrepris par Christopher Tolkien. Une entreprise titanesque débutée à l’orée des seventies, à la mort de J.R.R. Tolkien. Dans la préface, Christopher Tolkien prévient que ce sera également son dernier livre : publié en aout 2018 puis traduit en avril 2019 peu avant le décès de Christopher à l’âge respectable de 95 ans, le 16 janvier 2020.

Au commencement était donc le SILMARILLION, vaste entreprise laissée inachevée par J.R.R. Tolkien mais terminée et publiée par Christopher Tolkien aidé de l’écrivain de fantasy Guy Gavriel Kay. Des versions plus complètes des histoires proposées figureront ensuite dans divers recueils comme LE LIVRE DES CONTES PERDUS ou la monumentale HISTOIRE DE LA TERRE DU MILIEU.

Cependant, cette version de LA CHUTE DE GONDOLIN se veut la plus complète. Elle repart du texte originel de J.R.R. Tolkien rédigé durant la Guerre des Tranchées, en 1916. Elle retrace la chute de la grande cité elfique de Gondolin, détruite par les troupes de Melkor (ensuite rebaptisé Morgoth), notamment composées de dragons et de Balrogs. On croise durant le siège des personnages connus des fans comme Galdor, Glorfindel (qui périt sous les coups d’un Balrog) et Legolas avant de suivre la destinée des survivants de cette attaque.

L’édition de 2018 reprend ce texte de 1917 (qui constitue un court roman complet issu du LIVRE DES CONTES PERDUS), diverses versions condensées et une « version finale » du début des années ’50 laissée inachevée (dans laquelle nous n’assistons pas à la Chute de Gondolin elle-même). Outre l’intrigue principale, certes difficile d’accès mais instructive (et réservée aux fans complétistes de la Terre du Milieu vu la profusion de termes proposés…heureusement un lexique figure à la fin de l’ouvrage), le livre propose de nombreuses notes qui détaillent l’évolution de cette histoire, considérée comme le fondement de l’univers fictionnel de Tolkien et sur laquelle l’écrivain est revenu durant 35 ans. Sans jamais aboutir à une histoire réellement achevée comme s’en lamente d’ailleurs Christopher.

Avec les différents remaniements, l’histoire mis plus de cent ans à parvenir à sa (relative) maturation, depuis le conte initial de 1917 jusque cette édition ultime de 2018. Un travail d’archéologie littéraire impressionnant et, comme certains bonus plus intéressants que le film qu’ils accompagnent, les notes de Christopher Tolkien sur le travail de création paternel s’avèrent souvent plus passionnantes que le conte proprement dit. Ce-dernier constitue cependant une incontournable source de renseignements pour les fans du SEIGNEUR DES ANNEAUX et pouvoir lire les différentes versions du texte à la suite s’avère très enrichissant, le lecteur pourrait craindre la redondance, voir l’ennui mais, au contraire, il se plonge de plus en plus profondément dans cette forteresse elfique assiégée par Morgoth et apprend à mieux connaitre les intervenants. Quoiqu’il n’existe pas de version définitive, les différents textes brossent finalement un ensemble cohérent et globalement achevé de ce récit.

Bien sûr, LA CHUTE DE GONDOLIN n’est pas un livre « pour tout le monde », nous sommes loin de la Fantasy « easy reading » ou d’une fresque épique comme LE SEIGNEUR DES ANNEAUX, c’est un conte, une légende des temps oubliés de la Terre du Milieu surtout destiné aux convaincus et aux amateurs de Tolkien qui pourront tout lire (c’est conseillé) ou picorer dans les textes et autres notes éclairantes. Les moins acharnés, par contre, se tourneront plus volontiers vers LE HOBBIT ou LE SILMARILLION pour s’initier aux Terres du Milieu.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Essai, #Fantasy, #Recueil de nouvelles

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Publié le 7 Janvier 2020

LE MONSTRE DE FLORENCE de Douglas Preston & Mario Spezi

« Le Monstre de Florence » est le plus célèbre tueur en série italien, une des sources d’inspiration pour le Hannibal Lecter de Thomas Harris (en particulier dans HANNIBAL). Jamais arrêté, il a tué quatorze personnes entre 1974 et 1985. A chaque fois des couples qui batifolaient dans leur voiture.

Auteur de polar, Douglas Preston s’intéresse à l’affaire alors qu’il s’est établi en Toscane pour écrire un roman (ce sera LE VIOLON DU DIABLE, lui aussi inspiré par l’affaire du Monstre) et devient ami avec le journaliste Mario Spezi. Les deux hommes vont mener une enquête de longue haleine, revenant sur les innombrables suspects, sur les différentes pistes suivies par la police (d’abord celle d’un clan sarde puis celle d’une secte satanique de nantis, thèse abracadabrante défendue bec et ongle par un inspecteur), sur la corruption généralisée, l’incompétence crasse de la police, les rumeurs délirantes, les procès médiatisés, etc. Bref, une pure enquête, aussi passionnante que les romans de Preston, sauf qu’il s’agit ici d’une histoire vraie, de « true crime » comme on dit. Et, fait particulièrement remarquable et inédit dans ce style, Spezi finit par être lui-même soupçonné d’être le Monstre. Ou un des Monstres. Ou un complice. Tout comme Preston. Qui vivront un acharnement de la justice peu désireuse que les thèses officielles ne soient remises en question.

Minutieuse, l’enquête se déploie sur des décennies, ponctuée de faits étranges, d’anecdotes incroyables (les Indiens, autrement dit les voyeurs des collines toscanes), de rebondissements,…Sans oublier le bâclage systématique de l’enquête (les scènes de crime sont ouvertes à tous les passants qui brouillent évidemment les preuves, les analyses sont oubliées ou perdues, etc.) alors qu’une unité spéciale de la police (La section anti Monstre) multiplie les arrestations ou les coups d’éclats, parfois guidé par les fumisteries d’une voyante…manifestement il faut un coupable, quel qu’il soit, pour calmer l’opinion. 

Preston n’aurait pas osé écrire un tel roman, on ne l’aurait pas cru, le lecteur aurait trouvé tout cela tiré par les cheveux ou complètement non crédible (le cale-porte de Spezi qu’un flic s’obstine à considérer comme un objet satanique, la douille miraculeusement découverte après des jours de recherches infructueuse, le contact qui met les journalistes sur la piste de la possible cachette du Monstre, l’arrestation arbitraire de Spezi, etc.)…comme quoi la réalité dépasse définitivement la fiction.

La fin du livre laisse peu d’espoir de connaitre un jour la vérité…depuis Spezi est mort et le Monstre court toujours…

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Essai, #Policier, #Thriller, #Serial Killer, #True Crime

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Publié le 21 Août 2019

GUIDE DES GENRES ET SOUS GENRES DE L’IMAGINAIRE d'Apophis

Ce guide, disponible gratuitement en ebook, constitue la version remaniée de treize articles parus sur le blog d’Apophis. Le bonhomme s’est donc lancé dans un projet un peu fou : créer une taxonomie des littératures de l’imaginaire cohérente et érudite en environ 200 pages. Pari un peu fou car selon les pays les définitions varient…et les spécialistes éprouvent également les pires difficultés à s’accorder. Mais ce n’est pas grave car l’important est de permettre aux lecteurs débutants d’avoir un panorama des littératures de l’imaginaire.

Tout d’abord, Apophis distingue science-fiction, fantastique et fantasy en utilisant la « parabole du chat » pour expliquer clairement aux néophytes ce que sont ces genres majeurs de l’imaginaire. Jusque là tout est simple et abordable par tous.

La suite se montre plus pointue et s’adresse davantage aux connaisseurs ou à ceux qui souhaitent élargir leur horizon. On explore ainsi les différentes branches de la fantasy (high, heroic, grim,…), de la SF (militaire, anticipation, space opera, etc.). On aborde aussi les récents développements de la Fantasy qui viennent (enfin !) mettre un peu de nouveauté dans un genre dominé par le médiéval fantastique d’inspiration européenne en situant leur intrigue dans des époques différentes (renaissance par exemple) ou dans des contrées peu communes (Afrique, Inde,…réelle ou fantasmée voire imaginaire).

Les innombrables dérivés du « punk » littéraire sont évidemment couverts : l’ancêtre cyberpunk, le très riche et populaire steampunk, les émergeants biopunk, nanopunk, solarpunk, etc.

A chaque fois Apophis aborde le sous-genre en donnant ses principales caractéristiques : sciences dures vs sciences molles, complexité des personnages, richesses de l’écriture, ancrage spatio temporel, etc.

Tout cela donne parfois l’impression de vouloir couper les cheveux en quatre (ce n’est pas la faute de l’auteur mais bien des romanciers eux-mêmes souvent contents de catégoriser leur œuvre dans un nouveau sous-genre dont ils seraient l’unique représentant…comme le superbe EMPIRE ELECTRIQUE qui se définit comme « Voltapunk ») mais les listes de lecture proposées s’avèrent bien pratiques. D’une part elles aident à situer un sous-genre en proposant des titres connus et, d’autres part, elles offrent une multitude de pistes de lecture pour ceuw qui souhaitent approfondir la « fantasy à mousquets inspirées des TROIS MOUSQUETAIRES » ou « la science-fiction de terre mourante ».

En résumé un guide pratique, complet, ludique et gratuit…Que demander de plus ?

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Publié le 2 Juillet 2019

BATMAN UNE LEGENDE URBAINE de  Dick Tomasovic

Voici un très agréable opuscule consacré à l’un des grands mythes modernes qui, cette année, fête ses 80 ans : Batman. Un personnage qui, dès l’origine, détonne par rapport à ses collègues super héroïques. Beaucoup plus sombre que Superman dont il est en quelque sorte l’antithèse, le Batman reste une créature de la nuit tout de noir vêtu (ou « de gris très foncé » aurait précisé son incarnation façon Lego) mais évolue au sein d’une Ligue de Justice peuplée de titans aux costumes bariolés. Batman est également un des rares super-héros (et le seul dans sa catégorie) dénué de tout pouvoir (cependant dans le très moyen long métrage consacré à la Justice League il précise que son pouvoir « c’est d’être riche »). Dick Tomasovic va donc consacrer un petit ouvrage dense et érudit à la figure de ce Chevalier Noir justicier.

Après une introduction d’une trentaine de pages (« une rumeur dans la nuit »), l’auteur s’attaque à différents chapitres qui, sous des titres amusants (“Batman est un tocard”, “Batman est Big Brother”, “Batman n’est pas Batman”, “Batman est gay”,…) revisitent de manière synthétique et sous un angle analytique les 80 années d’existence du Caped Crusader.

Cette approche évite l’approche chronologique ou encyclopédique mais permet néanmoins de revisiter les différentes époques du Batman et d’aborder les événements clés de son histoire : l’assassinat de ses parents, ses rencontres avec Catwoman, ses remplacements par divers épigones (Azrael, Nightwing, Gordon), ses relations avec Talia et son fils Damian, ses démêlées avec le Joker, etc. Dick Tomasovic montre la manière dont le mythe a pris corps au fil du temps et comment Batman est devenu une légende au point qu’il envisage de se cloner lui-même pour protéger éternellement Gotham.

Mais finalement, existe-t’il seulement ce Batman ? se demande l’auteur (tout comme le dessinateur Paul Duni qui, victime d’une agression, attendit vainement qu’il se manifeste). Il est en tout cas là pour inspirer le lecteur et, finalement, il faut l’envisager heureux.

Une belle réussite pour un ouvrage sérieux et érudit qui propose une approche universitaire de son sujet sans être rébarbatif. A découvrir pour les fans du Dark Knight et les autres.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Batman, #Comic Book, #DC, #Essai

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Publié le 3 Avril 2019

FAIRE DES SCIENCES AVEC STAR WARS de Roland Lehoucq

Dans ce petit bouquin érudit, complexe mais globalement abordable, Roland Lehoucq, collaborateur régulier de Bifrost, retrouve le plaisir quelque peu oublié de la vulgarisation scientifique. Autrement dit il aborde des thématiques complexes de manière ludique en prenant pour base un socle commun à tout amateur de science-fiction qui se respecte : l’univers de « Star Wars ».

L’auteur aborde ainsi ce qui relève de la pure imagination, ce qui sera peut-être possible et ce qui restera probablement à jamais un mythe. Tous les grands thèmes de « Star Wars » sont passés au crible de manière scientifique mais avec un ton décontracté et suffisamment d’humour pour rendre tout ça digeste (plus que bien des romans hard science)

Roland Lehoucq s’interroge tout d’abord sur la force : que peut-elle être et comment les Jedi peuvent il la manipuler ?

Ensuite nous passons à l’Etoile Noire et comment déplacer un engin d’une telle taille…d’ailleurs quelle est sa taille et qu’elle peut bien être sa source d’énergie ? Apparemment la seule solution serait de la puiser directement dans un trou noir. Ne reste plus qu’à en trouver un et à parvenir à le « dompter ».

Les sabre-lasers, ces armes si plaisantes à l’œil mais si improbables scientifiquement parlant, sont ensuite décortiquées. A moins d’envisager des sabres au plasma, ce qui est astucieux pour la démonstration et plus plausibles scientifiquement mais pose d’autres problèmes techniques, notamment d’alimentation en énergie.

Tout est-il donc farfelu et improbable ? Non, les petits chasseurs à propulsions ioniques (les fameux Tie) utilisent, eux, une technologie déjà existante (mais rudimentaire).

Se pose ensuite la question des gros vaisseaux capables de dépasser la vitesse de la lumière et, plus généralement, le problème du franchissement de très grande distance dans l’espace.

Pour les vaisseaux terrestres, là aussi, l’ingénieur chargeait de les construire se heurterait à d’énormes difficultés, que ce soit pour construire les dispositifs antigravités permettant de faire léviter le landspeeder ou pour équilibrer la masse énorme des peu maniables quadripodes impériaux AT-AT.

Et les planètes dans tout ça ? Roland Lehoucq s’interroge sur les deux soleils de Tatouine (et ironise sur le fait que les personnages n’ont qu’une seule ombre) et sur l’orbite possible de la planète. Il dissèque aussi la faune de la planète glaciaire Hoth et les énigmatiques boucliers du peuple Gungans (Alerte ! Jar Jar !!) sur Naboo, puis effectue un parallèle entre les anneaux de Geonosis et ceux de Saturne. Il apparait que les anneaux constitués de gros rochers de Geonosis ne peuvent dater que d’un mois ou deux mais, cette fois, la science s’appuie sur les événements pour suggérer que les ingénieurs de l’Etoile Noire ont testé leur turbo laser sur une lune de la planète dont la destruction a créé les fameux anneaux ! CQFD. Kamino la planète océanique et Mustafar la planète volcanique termine ce tour d’horizon des mondes imaginés par George Lucas.

En résumé, un petit livre amusant et bien fichu, agréable et abordable, pour découvrir différentes innovations et théories scientifiques sans se prendre la tête.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Hard Science, #Star Wars, #science-fiction, #Essai, #Cinéma

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Publié le 4 Mars 2019

H.P. LOVECRAFT - CONTRE LE MONDE, CONTRE LA VIE de Michel Houellebeck

Dans cet essai court mais dense, Houellebeck donne son avis sur Lovecraft, un des rares créateurs d’un « mythe fondateur » moderne à l’image du SEIGNEUR DES ANNEAUX, de CONAN LE BARBARE ou de STAR WARS. Son analyse est précise, poussée, érudite mais très accessible et l’écrivain décortique l’œuvre de HPL en proposant de nombreux exemples tirés de ses « grands textes » mais aussi de récits plus mineurs, de nouvelles quasi autobiographiques (« lui ») et de sa nombreuse correspondance. Il évoque également les continuateurs du mythe avec une prose très agréable car, quoique l’on puisse penser de Houellebeck, le bougre sait façonner des textes de haute volée à la fois simples et impeccablement structurés. Si il  ne retient qu’une partie de l’œuvre foisonnante du reclus de Providence, Houellebeck reste objectif et explique, notamment, pourquoi le sexe et l’argent, si prisés des écrivains actuels, n’ont pas leur place chez HPL, gentleman d’un autre temps déjà suranné voici un siècle. Il ne cache pas non plus le racisme parfois délirant de Lovecraft ni sa fascination pour Hitler mais apporte des nuances en rappelant le contexte de l’époque, l’influence déterminante de sa désastreuse expérience new-yorkaise sur le vécu d’HPL, sa confrontation à la misère et son inadaptation sociale, ainsi que le côté réactionnaire quasiment naturel pour un Américain puritain du début du XXème siècle. Houellebeck souligne aussi les contradictions d’un personnage à la fois anti-sémique et marié à une Juive qui fut, sans doute, l’unique femme de sa vie. N’étant pas à une contradiction près, le terriblement misanthrope Lovecraft était pourtant d’une incroyable gentillesse envers ses amis et correspondait avec des dizaines de personnes. Une existence marquée par le malheur qui prouve que si HPL a raté sa vie (selon nos conceptions en tout cas) il a réussi son œuvre en obtenant un succès posthume jamais démenti.

Quelque part entre la biographie, l’analyse objective d’une œuvre et l’appréciation personnelle, Houellebeck signe un texte incontournable pour les admirateurs de l’écrivain de Providence devenu au fil du temps l’égal (si ce n’est plus) de Poe.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Horreur, #Lovecraft, #essai, #Biographie

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