cosy mystery

Publié le 30 Octobre 2022

EN PLEIN COEUR de Louise Penny

Première aventure pour l’inspecteur Armand Gamache. Louise Penny, devenue la nouvelle reine du cosy mystery, nous emmène dans une petite ville tranquille du Québec, Three Pines. Il ne s’y passe jamais rien, ou presque. Cependant, un jour d’automne, un couple gay est agressé par trois individus masqués. Une vieille dame, Jane Neal, s’interpose. Quelques temps plus tard cette dernière postule à une exposition locale de peinture et son œuvre, qui divise beaucoup le jury, est finalement acceptée. Rien ne laisser donc supposer sa mort, le jour de l’Action de Grâce, d’une flèche en plein cœur. Accident de chasse ou meurtre ? A Armand Ganache de résoudre le mystère.

Cette première énigme démêlée par le héros récurrent de Louise Penny prend son temps. L’inspecteur avance par petites touches, s’imprégnant de l’atmosphère de cette petite communauté du Canada. Il est aidé par Jean-Guy Beauvoir, son adjoint, et la pataude Yvette Nichol qui essaie de montrer bonne figure mais gaffe plus souvent qu’à son tour.

Débat linguistique typiquement canadien, petit bled où l’on s’ennuie, tour pendable des voyous locaux, exposition de peinture censée marquer le côté culturel de l’endroit,… L’auteur nous dépeint les mentalités des protagonistes, les mesquineries de cet environnement campagnard, le monde du tir à l’arc (et les différences entres les flèches et les arcs utilisés pour la chasse ou le sport). Les personnages sont bien campés mais souvent stéréotypés, beaucoup ne sont pas franchement sympathiques (certains sont même complètement antipathiques), ce qui ajoute un côté réaliste au récit. Quoique nettement plus moderne que les whodunit de l’âge d’or, l’intrigue verse souvent dans la caricature. Le couple gay apparait ainsi comme le prototype des homos branchés, cultivés et spirituels ayant quittés la grande ville pour se ressourcer à la campagne. Mais ils chantent quand même « It’s raining men » en duo. Le flic, de son côté, semble détaché et ses réactions laissent parfois songeur. Les dialogues se veulent ainsi teintés d’ironie mais le lecteur peine à trouver tout ça réellement amusant. Yvette Nichol, elle, apparait comme maladroite mais pleine de bonne volonté. Or chaque tentative d’aider dans l’enquête aboutit à des remarques désobligeantes souvent injustes de Gamache. Bizarre.

L’enquête, elle, est correcte mais souffre de nombreuses longueurs et redondances. Tout avance lentement et beaucoup de détails censés épaissir le récit finissent par le rendre pénible. Le roman aurait sans doute pu être dégraissé d’une centaine de pages sans en souffrir aucunement, bien au contraire ! Bien qu’on ait envie de terminer le roman pour connaitre le fin mot de l’histoire on s’ennuite un brin dans ses pérégrinations canadiennes.

Louise Penny est souvent présentée comme la « reine du crime » du XXIème siècle et l’héritière spirituelle d’Agatha Christie. On ressort donc de cette lecture peu convaincu…souhaitons que les romans suivants de la série soient plus réussis.


 

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Cosy Mystery, #Policier, #Whodunit

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Publié le 7 Octobre 2022

ARSENE LUPIN: LE DIADEME DE LA PRINCESSE DE LAMBALLE de Morita Takashi et Maurice Leblanc

Premier tome publié chez nous des adaptations en manga du personnage de Maurice Leblanc, cet épais récit (250 pages) transpose la pièce de théâtre du début du XXème siècle, « Le diadème de la princesse de Lamballe » censé présenter Lupin à un plus large public. L’intrigue se déroule donc quasi exclusivement en huis-clos avec un Lupin dissimulé sous l’identité du Duc de Charmerace. Ce-dernier s’est absenté durant sept ans pour voyager en Antarctique et, une fois revenu, apparait quelque peu différent. Forcément puisque Lupin a pris sa place. Il va menacer Gournay-Martin, un milliardaire parisien, en le menaçant de lui voler sa plus précieuse possession, un diadème de grande valeur. Comme Lupin ignore où le bijou est caché, il espère pousser Gournay-Martin à lui dévoiler sa cachette afin de mettre le diadème en lieu sûr. Mais Lupin trouve un adversaire acharné avec l’inspecteur Ganimard, qui attaque le gentleman cambrioleur en essayant de lui faire révéler sa réelle identité pour protéger une jeune voleuse prise la main dans le sac.

Voici une aventure plaisante mais évidemment capilotractée, Lupin jouant avec son ennemi de manière saugrenue. Le vol semble moins important pour lui que le plaisir de faire tourner en bourrique les forces de l’ordre. On retrouve donc dans cette transposition fidèle les outrances de ce type de récit avec un Lupin insaisissable qui use des identités d’emprunts et des grimages pour continuellement échapper à la police. Epoque oblige on n’échappe pas à une naïveté parfois pénible des protagonistes : les demoiselles en détresse sont vraiment candide, Lupin vraiment très séduisant et sûr de lui, les flics se laissent abuser encore et encore,… Les dialogues en rajoutent dans la guimauve et les jeunes filles larmoyantes se pâment devant le trop sexy cambrioleur.

L’intrigue avance toutefois à bon rythme, permettant d’oublier les invraisemblances. Le côté théâtral est flagrant et le manga reproduit, dans sa mise en page, les mécanismes dramatiques scéniques : les personnages entrent et sortent du récit pour « jouer » leur scène et permettre au récit d’avancer. Les dessins, de leur côté, sont réussis bien que caricaturaux sur certains personnages dessinés de manière un peu trop cartoonesque pour un manga réaliste.

Malgré le côté vieillot de l’histoire et des rebondissements un peu attendu, le lecteur passe un bon moment avec cette transposition bien gérée d’un classique de la littérature policière.

Ce tome fut réédité en 2022, devenant le sixième dans la nouvelle numérotation, au risque de compliquer les efforts du collectionneur.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Cosy Mystery, #Manga, #Policier, #Whodunit, #Arsène Lupin

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Publié le 16 Août 2022

LES DAMES DE MARLOW ENQUÊTENT: MORT COMPTE TRIPLE de Robert Thorogood

Créateur de la série “Meurtres au paradis”, Robert Thorogood nous propose un policer d’enquête teinté d’humour, un classique récit “cozy” à déguster au coin du feu.

Héritière de Miss Silver et Miss Marple, Judith Potts est une Anglaise de 77 ans quelque peu excentrique, le genre à se baigner nue dans la Tamise ou à se payer une cuite au whisky. Lorsqu’elle surprend un bruit bizarre dans la maison de son voisin elle est certaine que ce dernier a été assassiné. Bien sûr la police ne croit pas notre gentille toquée. Du coup elle se lance dans le métier de détective. Après tout résoudre une enquête c’est un peu comme faire un mot croisé, non ? Aidée de la femme du vicaire et de la pipelette du village, notre apprentie limier part en chasse.

Après avoir revisité toutes les façons de commettre un crime parfait d’apparence impossible (en chambre close et autre) avec sa série des « Meurtres au paradis » et les romans qui en découlent, Thorogood reprend le cliché de la « vieille dame (in)digne ». Cette dernière en sait beaucoup sur son petit patelin et, sans avoir besoin de méthodes compliquées ou de technologies, elle aborde les énigmes, uniquement armée de son bon sens et de sa connaissance de l’âme humaine. Depuis Silver, Marple ou la (plus jeune) Agatha Raisin, ce type de personnage gentiment excentrique et anachronique a nourri bien des intrigues. Judith Potts, la principale protagoniste, se voit ici accompagnée de deux co-détectives un brin loufoque. Ce trio va pouvoir résoudre une intrigue assez touffue mais qui se lit facilement. Admettant volontiers l’influence d’Agatha Christie, le romancier multiplie les suspects, les fausses pistes, les retournements de situation, etc. Finalement, l’héroïne explique, longuement, comment / par qui / pourquoi le meurtre a été commis.

Avec ses 340 pages, le roman peut toutefois sembler un poil trop long : le dernier tiers verse plus volontiers dans le comique de situation au détriment de l’humour plus subtil et british des précédents chapitres. Un petit bémol mais l’ensemble reste suffisamment frais et divertissant pour assurer un bon moment de lecture. Si la recette n’est pas encore parfaitement maîtrisée nul doute que la suite, annoncée pour 2023, saura corriger les quelques défauts de cette première livraison. Un pur roman détente qui s’appréciera tout autant sur la plage que dans un fauteuil par une soirée d’hiver.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Cosy Mystery, #Humour, #Policier, #Whodunit

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Publié le 2 Juin 2022

LE MOT DE LA FIN d'Ellery Queen

Ecrit en 1958, ce roman très complexe renoue avec les puzzles insolvables qui rendirent célèbre le duo de cousins. L’intrigue se situe majoritairement durant la période de Noel 1929 mais comprend également un prologue en 1905 et un épilogue en 1958, année où Ellery Queen finit par résoudre le mystère, trente ans après les faits.  Comme dans les premiers romans du duo, le lecteur est « défié » à quelques chapitres de la fin : il possède tous les éléments nécessaires pour résoudre le mystère et désigner le coupable et sa méthode. Gageons qu’aucun lecteur n’y parviendra pas tant le puzzle est opaque et retors.

L’intrigue, elle, propose un traditionnel crime de Noel puisque quelques quidams, rassemblés pour les fêtes de fin d’année dans une maison isolée, reçoivent d’étranges « cadeaux » chaque matin. Ellery Queen fait partie des invités et soupçonne rapidement que le jeu n’est pas aussi innocent qu’il y parait. En effet, rapidement, des menaces apparaissent : des petits mots et des objets semblent de plus en plus annoncer une (ou plusieurs) morts violentes. La situation s’envenime lorsqu’un corps est découvert sans que l’on puisse établir son identité. Qui est l’orchestrateur de ce jeu sinistre ?

Le roman ne se veut certainement pas réaliste, nous sommes dans le pur « jeu cérébral » et, par conséquent, la solution, certes bien pensée, parait complètement invraisemblable, tout comme les réactions de certains protagonistes. Le propos n’est pas là évidemment mais Ellery Queen repousse sans doute un peu trop les limites du crédible pour les adeptes des whodunit impeccablement charpentés. Entre machination élaborée et plan délirant la frontière se montre souvent mince bien que les cousins n’aient jamais hésité à aller très loin dans la complexité. En témoigne LE ROI EST MORT, LE MYSTERE EGYPTIEN ou UN BEL ENDROIT PRIVE et son obsession du chiffre 9 que l’on peut rapprocher de la fascination pour le 12 ici présente. L’intrigue rappelle aussi DIX PETITS NEGRES, associé à une bonne dose du NOEL D’HERCULE POIROT. Ce n’est donc pas le plus original ni le plus convaincant des bouquins de Queen. Cependant, le côté huis-clos, cosy mystery en période de Noël reste agréable : il s’agit presque d’une figure imposée pour les auteurs de romans policiers et l’ambiance est ici réussie. On apprécie le climat feutré et, pour un peu, on entendrait tomber les flocons ou crépiter les buches dans la cheminée. Ne manque qu’un grog et une playlist plein de clochettes et de merry christmas.

En dépit du côté irréaliste du roman (difficile d’imaginer un criminel élaborer un plan d’une telle complexité et « oublier » de prêter attention aux éléments qui permettront à Ellery de l’identifier), le tout reste une lecture plaisante et divertissante. S’il ne peut rivaliser avec les meilleures réussites de son/ses auteur(s), LE MOT DE LA FIN se déguste agréablement au coin du feu ou sur un transat au soleil.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Ellery Queen, #Policier, #Whodunit, #Cosy Mystery

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