COPLAN SUR DES CHARBONS ARDENTS de Paul Kenny
Publié le 24 Avril 2021
Lors de la grande vague de l’espionnage, chaque maison d’édition souhaite « son » personnage et lorsque Jean Bruce quitte le Fleuve Noir, emportant avec lui OSS 117, une place se libère pour un nouvel héros. Deux écrivains belges, Gaston Vandenpanhuyse (1913 – 1981) et Jean Libert (1913 – 1995) inventent ainsi, au début des années 50, l’agent secret français Francis Coplan, dit FX 18, de la SDECE. Le duo d’auteurs adopte le pseudo collectif de Paul Kenny, repris ensuite par leur successeur, Serge Jacquemart, qui écrira les aventures de Coplan de 1989 à 1996. En tout 237 bouquins seront publiés et connaitront un énorme succès, encore accentué par six films puis une série télé.
Avec COPLAN SUR DES CHARBONS ARDENTS, écrit par Jacquemart, nous sommes dans le roman de gare certes écrit à la chaine mais qui ne se moque pas de son public. Le bouquin se montre en tout cas fort divertissant et c’est bien l’essentiel. Nous avons droit à toutes les conventions : des complots d’espionnage, des agents doubles, de belles espionnes chaudasses, etc. Pour détourner l’attention des jeux d’espion, s’ajoute en outre un tueur en série obsédé par la dépravation qui pense trouver la pureté auprès d’une touriste hollandaise obèse qui aime ça « par derrière ». Lorsqu’il comprend que la jeune femme (100 kilos sur la balance !) n’est pas aussi pure qu’escompté, notre homme l’étrangle en pleine action. Capturé mais refusant d’avouer ses crimes, le maniaque est balancé dans une cellule d’une prison turque peuplée de dizaines d’homosexuels en rut qui le prennent non-stop par tous ses orifices. Du coup il finit par craquer ! Coplan, de son côté, aboutit dans le harem d’un cinglé mégalomane : s’identifiant à un sultan il se constitue une cour féminine parfaite et enlève des jeunes filles issues d’à peu près tous les pays. Coplan, pour sa part, doit finir eunuque une fois qu’un chirurgien pas net l’aura soulagé de ses bourses. Bref, c’est excessif à tous les étages et le roman se rapproche davantage des aventures de Bob Sainclair évoquées dans « Le magnifique » que de John Le Carré.
Plus ludique et délirant qu’un OSS 117, nettement moins sérieux et politisé qu’un SAS, encore plus déjanté que le James Bond le plus délirant, ce Coplan parait construit de bric et de broc. Un écrivain plus consciencieux ou moins pressé par le temps aurait probablement pu en tirer trois romans différents (l’un d’espionnage, l’un consacré au sultan fou et un dernier centré sur le tueur en série) mais, à la place, notre « Paul Kenny » (ici, Serge Jacquemard donc), préfère mélanger toutes les intrigues possibles pour en tirer un brouet pas toujours très subtil mais incontestablement nourrissant. Très fun !