sherlock holmes

Publié le 21 Mars 2024

SHERLOCK, LUPIN ET MOI d'Irène Adler

Dans cette revisite / pastiche destiné aux plus jeunes lecteurs nous découvrons Sherlock Holmes, Arsène Lupin et Irène Adler (pseudo d’ailleurs repris par les deux écrivains pour ses romans vus du point de vue féminin) à Saint Malo, en 1870. Après la version de Maurice LeBlanc lui-même, ARSENE LUPIN CONTRE HERLOCH SHOLMES voici une autre « rencontre improbable » entre le détective et le futur gentleman cambrioleur. Cette fois, elle se situe dans leur jeunesse. Forcément nous découvrons (tout comme dans le film « Le secret de la pyramide ») un Sherlock d’une douzaine d’années mais déjà très fort dans la déduction et capable de se battre en vrai boxeur. Lupin est, de son côté, plus gouailleur, espiègle et plein d’entrain. Les deux héros, vus par les yeux de leur « amoureuse » Irène Adler, sont donc déjà en train de se construire et de forger leur personnalité d’adultes avec la plupart des caractéristiques attendues par le lecteur.

Une enquête les rassemble autour des remparts de Saint Malo : au programme un mort à l’identité mystérieuse, un collier disparu, une silhouette menaçante qui semble les poursuivre, etc. L’enquête en elle-même se montre plaisante quoique pas très poussée. Disons qu’elle semble légèrement anecdotique (sans être bâclée pour autant) puisque l’important réside dans les relations entre les trois protagonistes dont nous découvrons, progressivement, quelques « secrets » de famille. Bien des aventures (une quinzaine de tomes sont disponibles) les attendent avant qu’ils deviennent adultes et le récit prend donc les apparences d’un roman d’apprentissage bien agréable.

Dans l’ensemble, ces premières aventures de nos héros se lisent plaisamment et comporte suffisamment de rythme, d’humour et de clins d’œil pour offrir quelques heures de divertissement. Pour les puristes les personnages sont globalement conformes aux attentes sans chipoter sur les détails. De toutes façons ils ont été utilisés tellement de fois (en bien ou en mal) qu’il serait malvenu de s’offusquer de petits écarts par rapport au « canon ».

A conseilleur aux plus jeunes mais aussi aux adultes qui apprécient le charme et l’énergie de la littérature « jeunesse », laquelle retrouve souvent ce que la « grande » littérature a perdu : la volonté d’offrir de l’évasion au lecteur sans prise de tête ni digressions inutiles.

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Publié le 14 Octobre 2022

ARSENE LUPIN CONTRE HERLOCK SHOLMES: LA LAMPE JUIVE de Takashi Morita et Maurice Leblanc

Revoici le gentleman cambrioleur embarqué dans une abracadabrante intrigue au cours de laquelle il croise à nouveau le chemin de son plus grand ennemi, le détective privé Herlock Sholmes. Le meilleur limier d’Angleterre, flanqué de son adjoint Wilson, a décidé de mettre hors d’état de nuire Lupin. Bien sûr, ce combat de Titans s’annonce difficile. L’Anglais est ainsi convié par un riche baron à résoudre une affaire de cambriolage apparemment simple. Evidemment, Sholmes comprend rapidement que tout est plus complexe qu’il n’y parait. Pendant ce temps, l’inspecteur parisien Ganimard, découragé, s’apprête à baisser les bras, convaincu de la supériorité de Lupin. Mais Sholmes, lui, refuse de se laisser abattre. Il identifie la jolie gouvernante Alice comme la complice du cambrioleur et essaie de la contraindre à avouer son crime. Toutefois, il se trompe sur la nature de l’affaire…

Le premier volume des adaptations « manga » de Lupin se montrait plaisant mais souffrait d’une théâtralité quelque peu forcée qui trahissait ses origines sur les planches. Ce deuxième volume, toujours épais de 250 pages, est plus mouvementé et énergique. Nous voyageons de Londres à Paris en compagnie d’un Sholmes forcément décalqué de qui-vous-savez. L’enquête avance gentiment tandis que Lupin reste tapis dans l’ombre durant les trois quarts du récit, manipulant son monde comme à son habitude. Il apparait finalement sur une barque isolée sur la seine afin de s’entretenir avec son rival dans une lutte d’esprit.

Ce manga nous replonge plus d’un siècle en arrière, au temps des premiers pastiches du détective de Conan Doyle. Pour des raisons de droits, Maurice Leblanc transforma avec humour le nom de Sherlock Holmes, utilisé dans les premiers chapitres du roman, en Herlock Sholmes. Le mangaka reprend donc cette anagramme humoristique pour son adaptation. Le personnage reste toujours aussi hautain et parfois antipathique mais guidé par sa logique. Il assène, une fois de plus, qu’il ne devine jamais, « je déduis, ce sont les imbéciles qui devinent ».

Enlevé et charmant, avec une belle reconstitution du Paris des débuts du XXème siècle, le manga s’avère efficace et agréable. L’intrigue opère un mélange d’humour, d’aventure et de mystère bien dosé. L’intrigue s’avère en outre plus solidement charpentée que dans le premier volume et les invraisemblances moins criantes quoique Lupin aime toujours se donner en spectacle. Plus que l’argent que lui rapporte les vols, effectués à la manière d’un Robin des Bois moderne, il joue et s’amuse, se moque gentiment des forces de l’ordre et apprécie son affrontement mental avec son égal, Sholmes, qu’il appelle « maître ». Le personnage est intéressant, passant d’un être logique et calculateur à un doux-dingue aux réactions presque enfantines. Sholmes, lui-aussi, alterne le froid détachement de l’homme d’esprit avec des colères foudroyantes. La rencontre entre le génie du crime et le prince des détective produit donc les étincelles attendues.

Les dessins, eux, sont bons, les décors bien rendus et les personnages efficacement croqués (quoique le côté elfique de Sholmes avec ses oreilles pointues paraisse étrange). Dans l’ensemble, la mise en page est dynamique, plus nerveuse que dans le premier tome.

Bref, ce bon recueil permet de s’initier à l’œuvre de Maurice Leblanc de manière détournée mais fidèle.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Arsène Lupin, #BD, #Manga, #Parodies et pastiches, #Policier, #Sherlock Holmes

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Publié le 4 Octobre 2022

L'AVENTURE DE LA CITE ULTIME de Sylvie Denis

Les pastiches de Sherlock se multiplient de manière exponentielle ces dernières années, le personnage étant tombé dans le domaine public. Il a également été « réactivé » de manière moderne par les deux très réussies séries télévisées « Sherlock » et « Elementary », sans oublier les films avec Robert Downey Jr.

Sylvie Denis y apporte sa touche avec ce récit science-fictionnel respectueux. En une cinquantaine de pages, l’autrice emmène Sherlock et Watson dans un très lointain futur. Un petit paradis, apparemment, où nul ne se presse et où tous flânent dans une complète nonchalance. La semaine de 12 heures laisse, effectivement, beaucoup de temps pour se divertir. De plus, tout le monde vit en paix, les meurtres ont disparus, la guerre également. Bref, nous sommes dans l’univers de LA MACHINE A EXPLORER LE TEMPS de Wells à la différence que les Morlocks n’existent pas. Et pourtant, dans cet Eden, l’impensable s’est produit : des crimes sadiques l’ensanglantent et – horreur – les victimes sont de plus en plus jeunes. Une gamine vient d’être d’ailleurs découverte la gorge tranchée. Mais dans ce lointain futur où n’existent plus ni police ni détective qui pourra résoudre cette énigme ? La réponse semble évidente : Sherlock Holmes, tiré de son appartement londonien dans lequel il vivotait dans l’ennui et la cocaïne. Aidé de Watson, il va effectuer un grand bond dans le temps pour résoudre le mystère. Quitte à se montrer trop perspicace.

L’AVENTURE DE LA CITE ULTIME plonge le limier dans un univers différent et déstabilisant. Watson estime d’ailleurs que, dans ce monde futuriste, sa fameuse méthode sera inefficace. Bien sûr, le prince des détectives réussit à détromper le médecin débonnaire. Si la solution parait attendue, le dépaysement fonctionne et le rythme alerte empêche tout ennui. On eut aimé que Sylvie Dénis développe davantage le background de son « futur foutraque » (le titre du recueil dans lequel cette nouvelle – initialement publiée dans Bifrost – a ensuite été incluse) mais le lecteur passe un bon moment avec ce plaisant pastiche. Il y a certes de meilleurs « faux Sherlock » mais il y en a aussi beaucoup de bien moins réussis.

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Publié le 13 Janvier 2022

SHERLOCK HOLMES ET LES MONSTRUOSITES DU MISKATONIC de James Lovegrove

Etonnamment, alors que l’engouement pour Cthulhu n’a jamais été aussi prononcé et que nous mangeons du Sherlock a toutes les sauces depuis plusieurs années, rares sont les auteurs à avoir fusionné ces deux univers. On se souvient de l’excellent nouvelle « Une étude en émeraude » de Neil Gaiman mais peu d’autres si étaient risqués. La rationalité du limier de Baker Street se marie, en apparence, assez mal avec une horreur cosmique qu’on imagine davantage du ressort d’Harry Dickson. Néanmoins, ce deuxième volet d’une trilogie confrontant Holmes et les Grands Anciens se révèle convaincante, respectueuse et bien menée.

Au printemps 1895, Sherlock Holmes et John Watson sont fatigués. Quinze ans de combats contre les Grands Anciens ont laissé des traces : le premier a vieilli prématurément, le second a perdu son épouse. Ils acceptent cependant de traiter le cas d’un homme, amnésique et mutilé, hébergé à l’asile de Bedlam. Il est le seul survivant d’une expédition partie à l’aventure dans l’espoir de capturer un légendaire Shoggoth. Mais Holmes et Watson vont découvrir que les apparences sont parfois trompeuses…

Le roman débute à la manière de Conan Doyle avec une enquête menée par Holmes, toujours aidé de Watson. Ce-dernier prend des notes « pour plus tard » quoique l’équivalent littéraire de Sherlock soit mort, tué avec Moriarty lors du « dernier problème ». Le bon docteur a donc renoncé aux aventures, pourtant lucratives, de sa version « édulcorée » de Holmes, lequel affronte – dans les livres - des criminels ordinaires et non les entités surnaturelles combattues par le « véritable » détective. On le voit, nous sommes en plein pastiche et l’auteur ne se prive pas de quelques clins d’œil comme la présence d’un certain Joshi, bien connu des lecteurs lovecraftiens, ici personnifié en gardien de l’asile Bedlam. Les références et clins d’œil « canoniques » s’avèrent eux aussi nombreux, Watson se démenant pour transformer les rencontres surnaturels en crimes de tous les jours.

La seconde moitié du bouquin tient davantage de Lovecraft et constitue le récit d’une expédition partie à la chasse au Shoggoth. Forcément, puisqu’un des membres de la dite expédition se nomme Whateley, la situation se dégrade rapidement et des expériences pas très catholique de transferts d’identité se produisent à bord du navire.

Dans les derniers chapitres, les deux mythologises se rassemblent : Moriarty, Holmes, les Grands Anciens, les rituels, les possédés,…James Lovegrove connait sa matière et maintient l’intérêt même si le roman se montre plutôt linéaire et, en particuliers durant la partie consacrée à l’expédition scientifique, prévisible. Les connaisseurs de Lovecraft seront donc rarement surpris mais ce n’est qu’un défaut mineur car le roman, bien mené et rythmé, parvient néanmoins a maintenir l’intérêt et le lecteur passe un bon moment. De la bonne littérature d’évasion policière et fantastique.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Fantastique, #Lovecraft, #Policier, #Sherlock Holmes

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Publié le 15 Octobre 2021

MORIARTY, TOME 9 de Ryosuke Takeuchi

Et revoilà la famille Moriarty au grand complet, prête pour de nouvelles aventures dans lesquelles, cette fois, n’intervient pas Sherlock. Après s’être occupé de l’affaire Jack l’Eventreur et avoir engagé Irène Adler (rebaptisée pour l’occasion…James Bond !), nos frères organisent un thé, prétexte à un épisode amusant où ils seront courtisés par toutes les célibataires entreprenantes de la région. Un chapitre très léger mais plaisant avant le retour aux affaires sérieuses grâce à Milverton, lequel s’était signalé brièvement à la fin de l’affaire sur Jack. Ici, le voici bien décidé à percer l’énigme du « prince du crime ». Voici le prétexte à une histoire en deux chapitres sur l’enfance des Moriarty. James et William sont à l’orphelinat mais imagine déjà les grandes lignes de leur projet de lutte contre la noblesse pourrie d’Angleterre. Nous aurons droit à un étrange procès basé sur le principe du Marchand de Venice, un récit quelque peu décalé et forcément théâtral avec intervention d’avocat, plaidoiries et objections ! L’intrigue est ingénieuse, les rebondissements nombreux, c’est bien ficelé, référencé sans sombrer (comme cette série le fait parfois un peu trop, surtout dans les derniers volumes) dans le fan-service à base de citations quasi parodiques.

Le dernier épisode annonce la suite en présentant un « chevalier blanc », un député soucieux d’égalité qui va croiser les Moriarty et Milverton. Est-il sincère ? Va-t-il s’en sortir ? Il faudra attendre le tome 10 pour la conclusion de cet arc intéressant.

A la fois respectueux et innovant, n’hésitant pas à opérer un mix de mythologie proche des traditions du steampunk (c’est la bonne époque alors on ne dira rien), MORIARTY constitue jusqu’ici une saga fort appréciable qui a, certes, connu des hauts et des bas mais, demeure, dans l’ensemble divertissante et efficace. Agréable, futé et bien charpenté, ce tome donne encore envie de prolonger l’aventure.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Historique, #Policier, #Sherlock Holmes, #Manga

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Publié le 13 Octobre 2021

ELEMENTAIRE MON CHER CONAN DOYLE

Quatre nouvelles, tirées et traduites d’une imposante anthologie anglo-saxonne consacrée aux pastiches, épigones et autres apocryphes du « canon » (THE BIG BOOK OF SHERLOCK HOLMES STORIES). La première est particulière puisque signée de Conan Doyle en personne. Elle revient sur les capacités de déductions exceptionnelles de Sherlock et la manière dont « Watson comprit le truc », autrement dit comment il tente de singer la fameuse méthode du détective. Une petite récréation, très courte, qui démontre surtout que Conan Doyle avait bien le droit de se moquer gentiment de ses personnages. D’autres le firent de manière moins réussie.

Leslie S. Kinger (un spécialiste de Sherlock) propose ensuite une bizarre « affaire de la caisse en bois » au sujet d’un bras tranché retrouvé… dans une caisse de bois (d’où le titre !). Holmes résoudra évidemment cette énigme surprenante sur fond de cannibalisme. Bien emballé et dans l’ensemble efficace et prenant, quoique le lecteur devine assez rapidement où l’auteur veut en venir.

Avec Barry Day et son « affaire du curieux canari », nous suivons le détective dans ses déductions afin de résoudre un étrange meurtre en chambre close assez joliment orchestré. L’auteur a écrit cinq autres romans pastiches dédiés à Holmes. L’histoire est habile, bien charpentée, la résolution quelque peu attendue (l’auteur ne triche pas avec le lecteur) et en dépit d’explications un rien bavarde bien menée. Cela se suit donc avec plaisir.

La dernière nouvelle (« L’énigme de la main invisible ») se montre la plus originale, la plus documentée et sans doute la plus passionnante, elle capture excellement l’ambiance des récits de Conan Doyle en confrontant Sherlock à Bertillon. Français pionnier de la police scientifique et de la rigueur dans les enquêtes, Bertillon s’oppose néanmoins à Sherlock au sujet des empreintes digitales, qu’il juge inutile pour découvrir un coupable. Le récit s’épanouit sur plusieurs années et permet au détective consultant d’œuvrer à l’innocence de Dreyfuss et même à résoudre l’énigme de l’assassinat du président français Félix Faure. Une longue nouvelle qui justifie à elle-seule la lecture de ce recueil de qualité. Une lecture rapide, fun et érudite qui plaira aux amateurs du détective.

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Publié le 9 Mai 2021

HARRY DICKSON: LES ETOILES DE LA MORT de Jean Ray

Harry Dickson a été longtemps présenté comme le « Sherlock Holmes américain ». On sait également depuis des années la méthode employée par Jean Ray : ne pas traduire les fascicules originaux mais laisser libre cours à son imagination pour développer une intrigue à partir des illustrations. Alors celui qui attend des enquêtes rigoureuses à la Holmes risque d’être déçu. En réalité, Harry Dickson, enquêteur de Baker Street, est bien plus proche du Holmes passé dans l’imaginaire collectif que du détective créé par Conan Doyle. Car Harry Dickson résout des énigmes complètement farfelues, dignes du serial ou des romans pulp, nous sommes davantage dans l’esprit d’un Doc Savage que du « canon » holmésien. Dans ce recueil, l’enquêteur se confronte à des singes dressés transformés en pyromanes, à des savants fous mi-homme mi-primate, à des cabinets de magie secrets,… Il recherche également le « miroir noir » du mage John Dee, etc. Bref, nous sommes loin, très loin, du « vrai » Sherlock Holmes…et finalement plus proche du Sherlock des continuateurs de Conan Doyle, celui qui se confronte au surnaturel, au rat géant de Sumatra et identifie le coupable à partir d’un grain de terre qui ne peut provenir que d’une région particulière.

En deux nouvelles d’une soixantaine de pages, Jean Ray nous offre donc un pur concentré de littérature de gare « pulp » : des histoires ramassées, découpées en chapitres courts terminés par des cliffhangers ou des révélations, avec des personnages schématiques et réduits à l’état de « personnages non joueurs » permettant simplement à l’enquête de progresser. Mieux vaut d’ailleurs ne pas trop réfléchir à la méthode de Dickson ou à ses déductions tarabiscotées, l’auteur sortant de son chapeau les éléments nécessaires à la progression, finalement très linéaire de son détective : il part d’un point A (le mystère), rencontre divers protagonistes étranges, découvre des éléments fantastiques et aboutit au point B (la résolution). Les explications finales, elles-aussi, feront se hérisser les cartésiens. Une fois encore nous sommes loin de Conan Doyle. Est-ce un bien ou un mal ? Probablement un bien finalement, celui qu’on présente comme un simple clone de Holmes acquiert ainsi son identité propre et devient un détective de l’étrange à la manière du Jule de Grandin de Seabury Quinn.  

Certainement suranné mais ayant aussi bien vieilli qu’un bon whisky, Harry Dickson propose un divertissement très plaisant et énergique. Alors on ne lira probablement pas toute la saga d’une traite (le côté mécanique de l’écriture apparait rapidement) mais une nouvelle de temps en temps est l’assurance d’une petite heure de distraction. Et ce recueil, qui propose deux histoires très sympas, une bonne manière de commencer son exploration.

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Publié le 17 Mars 2021

LA SOLUTION FINALE de Michael Chabon

Etrange roman (court) qui se veut un hommage à Conan Doyle dont on retrouve le personnage le plus célèbre (mais qui ne sera jamais nommé !) pour une dernière enquête au sujet d’un perroquet disparu doté d’une mémoire prodigieuse. Des codes secrets qui pourraient changer le cours de l’histoire interviennent mais, en dépit du sous-titre « roman d’énigme », l’aspect policier semble anecdotique. Nous sommes au début de la Seconde Guerre Mondiale. L’été est chaud et un homme fort âgé, lisant un journal consacré aux abeilles, remarque un enfant qui porte un beau perroquet sur son épaule. Notre homme a « bâti sa réputation grâce à une brillante série d’extrapolations à partir d’improbables associations de faits ». L’enfant, Linus Steinman, est un Juif et son perroquet se nomme Bruno. Il vaut dans la famille Panicker, dans une sorte de pension où un certain Shane est assassiné mystérieusement. Peu après Bruno disparait…

Le livre, pas désagréable et même plutôt plaisant, manque néanmoins de « peps » : jamais nous ne retrouvons le côté surprenant des véritables énigmes de Sherlock Holmes. L’enquête, en réalité, passe définitivement à l’arrière-plan, elle s’avère quasiment accessoire, pour ne pas dire traitée par-dessus la jambe. En guise de clin d’œil au PROBLEME FINAL de Conan Doyle, Chabon délivre une SOLUTION FINALE forcément imprégné de la judaïcité qui transparait dans toutes ces œuvres, des plus réussies (LES EXTRAORDINAIRES AVENTURES DE KAVALIER & CLAY) à celles qui tombent des mains (LE CLUB DES POLICIERS YIDDISH pourtant récompensé par le Hugo, le Locus et le Nebula).

L’auteur effectue le choix d’un roman court (150 pages), format ayant donné de belles réussites mais qui, ici, parait inapproprié : le récit semble trop étiré pour une bonne nouvelle policière ou, au contraire, trop ramassé pour un roman développé tant de nombreuses questions demeurent sans réponses. Le final, d’ailleurs, laisse le lecteur un brin perplexe avec un côté « tout ça pour ça » légèrement frustrant.

LA SOLUTION FINALE s’annonçait comme un hommage à Sherlock Holmes plongé, en pleine retraite, dans une énigme liée à la Seconde Guerre Mondiale mais tout cela reste décidément au niveau des intentions tant ce petit livre manque de clarté et laisse dubitatif. Selon son humeur on peut donc le considérer come une demi-réussite (ou un demi-échec)…

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Historique, #Policier, #Roman court (novella), #Sherlock Holmes

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Publié le 30 Octobre 2020

SHERLOCK HOLMES ET LE FANTÔME DE L’OPERA de Nicholas Meyer

Scénariste, réalisateur et écrivain américain né en 1945, Nicholas Meyer est connu pour son excellent film de science-fiction « C’était demain » et pour deux très bons volets de la franchise Star Trek : le préféré des fans (« Star Trek II ») et l’inventif et nostalgique « Star Trek VI ». Il a également écrit plusieurs romans mettant en scène Sherlock Holmes dont LA SOLUTION A 7%, qu’il a lui-même adapté avec le plaisant « Sherlock Holmes attaque l’Orient Express » réalisé par Herbert Ross. Voici donc sa troisième contribution au monde en constante expansion des « pastiches holmesiens » qui, comme le titre l’indique, voit le fameux limier confronté au non moins célèbre Fantôme de l’Opéra.

Après avoir simulé sa mort (dans un épisode complètement fantaisiste aux chutes de Richenbach), Sherlock Holmes, dissimulé sous une identité factice, donne des cours de musique à Paris. Il réussit également à se faire engager comme violoniste au prestigieux Opéra Garnier, réputé hanté, dirigé par Gaston Leroux.

Comme d’autres pastiches, le roman est réputé « authentique » ou « canonique » au sens où il s’agit encore une fois d’un inédit retrouvé miraculeusement et qui tente d’apporter une lumière sur cette période dite du Grand Hiatus où Sherlock est supposé mort. L’ensemble fonctionne de manière sympathique en accentuant le côté feuilletonesque du récit, à la manière des romans populaires d’antan. Il ne faut donc pas attendre de ce SHERLOCK HOLMES ET LE FANTÔME DE L’OPERA une véritable fidélité au canon holmésien : l’enquête est assez relâchée, Sherlock lui-même apparait assez différent de son « incarnation » traditionnelle et la déduction en elle-même n’est guère pratiquée. Nous sommes plus dans un hommage distancé, quasiment parodique, visant à orchestrer la rencontre de Sherlock et du Fantôme de l’Opéra à la manière des vieux films style « Frankenstein rencontre le loup-garou » dans lesquels les personnages sont triturés pour les besoins de la cause et de la confrontation. Cela dit, le roman, loin d’être inoubliable, demeure divertissant et sa pagination réduite évite les longueurs (bien qu’il soit un peu long à démarrer et que les nombreuses notes de bas de page s’avèrent parfois inutiles).

Si on espérait davantage de ce duel entre deux grandes figures de la littérature populaire, SHERLOCK HOLMES ET LE FANTÔME DE L’OPERA se laisse lire sans ennui. Après de (trop ?) nombreux affrontements entre le limier de Baker Street et Jack l’Eventreur, cette variation apporte une certaine fraicheur pas déplaisante.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Historique, #Policier, #Sherlock Holmes

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Publié le 8 Juin 2020

LE BESTIAIRE DE SHERLOCK HOLMES de René Reouven

L’amateur n’est pas sans ignorer que Conan Doyle laissa volontairement dans l’ombre de nombreuses enquêtes de Sherlock Holmes, mentionnant ainsi, au détour d’un récit, des cas mystérieux qui restèrent méconnus du lecteur. Le rat géant de Sumatra, l’étrange affaire du cormoran, le ver qui rendit fou Isadora, etc. Du pain béni pour les épigones en mal d’idées et les pasticheurs de tout poils (et plus ou moins doués !).

John Dickson Carr, avec LES EXPLOITS DE SHERLOCK HOLMES, avaient déjà levé le voile sur plusieurs de ces affaires et offert, dans l’ensemble, de jolies réussites.

Cette fois c’est le Français René Reouven, spécialiste de littérature populaire et auteur des CRIMES APOCRYPHES, qui s’attaque à Holmes en utilisant l’intertextualité et le jeu des références qui s’imposeront, par la suite, dans les romans steampunk. En quatre nouvelles (liées entre elles par le fil conducteur « animalier » qui caractérise les différents récits), Reouven s’amuse mais soigne son pastiche par son évidente érudition, loin du simple clin d’oeil.

Dans « le cormoran », situé en pleine Guerre Mondiale en 1916, le limier de Baker Street doit résoudre une complexe affaire d’espionnage dans laquelle intervient son frère Mycroft. Avec « le rat », c’est la plus fameuse des énigmes oubliées qui ressurgit, celle du monstrueux rat géant de Sumatra, où le détective côtoie le futur écrivain Joseph Conrad. Classique mais efficace et rondement mené. Plus délirant et original, « Le ver » permet à Holmes de rencontrer l’autre grand héros de Conan Doyle, le professeur Challenger, spécialiste des animaux étranges. Au cours du récit, qui implique une série de duel et une vengeance tarabiscotée, Reouven convoque un descendant de Pierre Louis Moreau, mathématicien ennemi acharné de Voltaire, dont les expériences contre-nature inspireront H.G. Wells. Une nouvelle enthousiasmante sur laquelle plane également l’ombre du Chien des Baskerville et de la Bête du Gevaudan, bref, le meilleur texte du recueil.

Enfin, dans l’ultime nouvelle, Sherlock se confronte à une redoutable sangsue géante logiquement assoiffée de sang (« la sangsue ») et à son homonyme, un certain Holmes, considéré comme l’un des premiers serial killers dont le palmarès (une centaine de crimes !) renvoie Jack l’éventreur au rang des amateurs.

Après son roman L’ASSASSIN DU BOULEVARD publié en 1985, Reouven poursuit donc avec bonheur ses pastiches holmesiens (ensuite regroupés dans le très épais volume HISTOIRES SECRETES DE SHERLOCK HOLMES) et livre quatre longues nouvelles tout à fait réussies et divertissantes à savourer pour les fans du plus célèbre des enquêteurs.

 

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