LE MYSTERE DE L'ALLUMETTE d'Ellery Queen

Publié le 15 Janvier 2018

LE MYSTERE DE L'ALLUMETTE d'Ellery Queen

Dans cette nouvelle enquête, Ellery Queen occupe, durant une partie du récit, une place secondaire. Une grande partie de l’intrigue se déroule en effet lors d’un procès aux nombreux rebondissements qu’aurait sans doute aimé plaider Perry Mason.

Le roman débute assez rapidement par le meurtre de Joe Wilson, un vendeur itinérant désargenté vivant à Philadelphie en compagnie de sa jeune épouse Lucy. Cependant, il apparait rapidement que Joe avait une double identité puisqu’il était également connu sous le nom de Joseph Kent Gimball, un new-yorkais marié à une femme très riche. Son corps a été découvert dans une modeste cabane, surnommée la « maison à mi route » où l’homme changeait d’identité pour dissimuler sa bigamie. Le frère de Lucy, un vieil ami  d’Ellery Queen, se charge de défende sa sœur, accusée du meurtre et héritière d’un million de dollars tandis que l’accusation sème le doute dans le jury, de plus en plus convaincu de la culpabilité de Lucy. A partir d’indices en apparence aussi insignifiants que le nombre d’allumettes consumées présentes sur la scène du crime, Ellery Queen enquête pour identifier le véritable coupable.

Ecrit en 1936, le roman (aussi  connu sous les titres UNE MAISON DANS LA NUIT et LA MAISON A MI ROUTE) marque, selon les spécialistes, un changement de style pour Ellery Queen  (l’auteur aussi bien que le personnage) lequel s’éloigne des énigmes excessivement complexes des 9 premiers romans signés par les cousins Dannay et Lee. Le titre, par exemple, ne comporte plus d’allusion à un pays contrairement aux précédents basés, du moins dans leur version originale, sur un objet assorti d’une localisation géographique suivit de la mention « mystery » comme « The French Powder Mystery » ou « The Egyptian Cross Mystery ». Une pratique reprise durant toute la première moitié des années ’30.

Par la suite le détective s’éloigne de la pure « machine » de déduction pour devenir plus humain tandis que les auteurs développent davantage son background personnel au lieu de se concentrer uniquement sur la complexité de l’intrigue. LE MYSTERE DE L’ALLUMETTE apparait ainsi, rétrospectivement, comme une œuvre charnière dans laquelle, en outre, le père d’Ellery, l’inspecteur Queen, n’intervient pas.

On retrouve cependant le traditionnel « défi au lecteur » (une pause dans le déroulement du roman ou,  en théorie, le lecteur dispose de tous les éléments nécessaires à la résolution du mystère) peu avant qu’Ellery n’énumère les neuf preuves l’ayant conduit à identifier l’assassin. Certaines traduisent d’ailleurs l’époque à laquelle le roman fut écrit et feront aujourd’hui sourires puisqu’elles témoignent d’un temps où une femme ne pouvait fumer la pipe ou le cigare et encore moins sortir de chez elle sans son bâton de rouge à lèvres.

Plus abordable que les précédents romans de Queen (parfois excessivement tarabiscoté), LE MYSTERE DE L’ALLUMETTE développe une intrigue aisée à suivre mais cependant palpitante, notamment par le style très vivant et efficace du (des) romancier(s). Si l’identité du criminel n’est pas franchement surprenante, la manière dont le détective l’identifie, à partir de neuf indices paraissant sans importance, fonctionne de belle manière et démontre l’ingéniosité de l’écrivain. Du beau boulot pour les amateurs de whodunit à l’ancienne.

Rédigé par hellrick

Publié dans #Policier, #Whodunit, #Golden Age, #Ellery Queen

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