MAUVAISE RENCONTRE A LANKHMAR de Fritz Leiber
Publié le 21 Mars 2018
Le Souricier Gris et Fafhrd, le géant barbare, dérobent des gemmes de grande valeur à deux membres de la Guilde des Voleurs, Fissif et Slevyas. Le Souricier et Fafhrd célèbrent ce vol au repaire caché du premier en compagnie de leur compagne respective, Ivrian et Vlana. Poussé par son épouse et à moitié ivré, le Souricier persuade ensuite son ami de s’introduire dans le quartier général des Voleurs. Déguisés en mendiants, les deux aventuriers remplissent leur mission mais attirent le courroux d’un sorcier, Hrsitomilo, au service du grand maître des voleurs, Krovas. Le magicien convoque alors une bête monstrueuse, Sliviken, pour dévorer les épouses de nos aventuriers. Ceux-ci, ivres de rage, décident de se venger et investissent une nouvelle fois le repaire de la Guilde des Voleurs.
Classique de l’Heroic Fantasy, ce court roman fréquemment republié appartient au vaste cycle de Lankhmar, ou cycle des épées, qui conte les aventures du Souricier Gris et de son ami Fafhard. Les deux personnages nous ont été précédemment présentés dans deux nouvelles et MAUVAISE RENCONTRE A LANKHMAR permet de les réunir. Ces aventuriers vivent diverses péripéties, à la fois picaresques et teintées d’humour, en dépit de la noirceur de l’intrigue qui prend tout son sens après la mort de leur compagne.
Le style de Leiber, fluide, professionnel et légèrement ampoulé, convient bien à ce type d’histoires situées dans le monde de Nehwon, autrement dit « no when », un univers dépourvu de situation géographique ou temporelle précise. Les six recueils de nouvelles, accompagnés d’un roman (ensuite republiés dans une massive intégrale chez Bragelonne) offrent donc leur lot d’affrontement et de magie et ont pleinement participé, avec les romans de Moorcock consacrés au Guerrier Eternel, à la relance de la Fantasy dans les années 60, après les réussites des anciens (Howard, Tolkien, Lovecraft, etc.). MAUVAISE RENCONTRE A LANKHMAR eut d’ailleurs une énorme influence sur les jeux de rôles et même, par la suite, sur les jeux vidéo. En effet, la novella magnifie le principe du « dongeon crawling » avec ses deux protagonistes à la fois opposés et complémentaires (un petit voleur magicien et un grand barbare) s’en allant explorer le repaire des méchants jusqu’à affronter le big boss de fin de niveau, ici un sorcier cruel au service de la Guilde des Voleurs.
En bref, si la nouveauté du récit s’est aujourd’hui complètement estompée (des centaines de romans de Fantasy en ont repris les codes narratifs…pour le meilleur et souvent pour le pire), MAUVAISE RENCONTRE A LANKHMAR, récompensé en son temps par les prix Hugo et Nebula, demeure un classique de la « sword and sorcery ». Une lecture encore étonnamment plaisante et divertissante plus de cinquante ans après sa publication initiale. Pas sûr que certains énormes cycles romanesques actuels dans le même style passent aussi bien les épreuves du temps.