whodunit

Publié le 8 Avril 2019

LE CHEMIN DE LA FALAISE de Patricia Wentworth

Avec Patricia Wentworth nous sommes assurés d’un bon whodunit en forme de policier « cosy » avec tous les ingrédients indispensables de la recette. Alors, bien sûr, l’originalité n’est pas la principale qualité de cette intrigue qui nous présente une nouvelle famille dysfonctionnelle dans laquelle s’invite le crime. Rachel Treherne vit dans l’angoisse et reçoit des menaces de mort…qui deviennent chaque jour plus précises : un escalier ciré, des chocolats empoisonnés, des vipères sur son lit,… Elle contacte la détective privée Miss Silver et celle-ci débarque incognito dans un véritable panier de crabes. Car tous les membres de la famille de Rachel dépendent de son bon vouloir pour leurs dépenses quotidiennes et la supprimer résoudrait bien des problèmes. Nous avons le jeune homme tenté par le communisme (quelle horreur !), la demoiselle complètement stupide et dépensière, l’artiste raté, le type soumis à son épouse, la domestique louche,…Une belle galerie de suspects donc, tous pouvant en vouloir suffisamment à Rachel pour désirer la supprimer

Typiquement british, délicieusement suranné, les romans mettant en scène Maud Silver (créée deux ans avant sa collègue Miss Marple) possèdent toutes les qualités requises pour un bon moment de détente : des personnages certes clichés mais bien campé, un rythme appréciable (attention, on n’est pas dans du thriller hard boiled non plus), des rebondissements nombreux, une touche d’humour et bien sûr un coupable inattendu dévoilé dans les dernières pages. Bref, du classique, mais fort adroitement cuisiné par une spécialiste du whodunit. Miss Silver effectua d’ailleurs plus de trente enquêtes, de sa première apparition dans (le très moyen) LE MASQUE GRIS en 1928 à sa dernière dans MEURTRE EN SOUS-SOL en 1961, année du décès de Wentworth.

LE CHEMIN DE LA FALAISE constitue la troisième apparition de l’ancienne enseignante reconvertie dans la détection. Ce n’est certes pas un chef d’œuvre du genre mais il offre trois ou quatre heures d’évasion et de divertissement sans prétention dont il serait dommage de se priver  pour les amateurs de romans policier d’antan.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Golden Age, #Policier, #Whodunit, #Patricia Wentworth

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Publié le 5 Avril 2019

LE NOUVEAU MEMORIAL SHERLOCK HOLMES

Jacques Baudou, grand spécialiste de la paralittérature, proposa dans les années 80 quatre anthologies de nouvelles consacrées à Sherlock Holmes. LE NOUVEAU MEMORIAL SHERLOCK HOLMES, la deuxième de cette série, rassemble une dizaine de pastiches. « Celui que Jupiter veut perdre » invite les extraterrestres dans l’univers du limier de Baker Street pour expliquer comment le célèbre journaliste Isadora Persano devint fou devant une boite d’allumettes contenant un étrange vers inconnu des scientifiques. Le cas est évoqué dans le canon (dans « Le problème du pont de Thor ») et, depuis, plusieurs épigones de Conan Doyle on relevé le défi d’expliquer cette incroyable histoire. Celle proposée ici n’est pas très réussie mais la réponse expédiée au courrier des lecteurs de Galaxie à l’époque de sa publication (et reproduite ici) mérite le détour ! Isadora Persano revient dans « Le problème du Pont du sort, entre autres » attribué à PJ Farmer et qui tente d’expliquer comment Mr Phillimore est entré chez lui pour prendre son parapluie avant de disparaitre à jamais. On reste dubitatif.

Raffles, un gentleman cambrioleur proche de Lupin (il fut la principale inspiration pour Maurice Leblanc) et concurrent d’Holmes lui ravit la vedette dans un récit un peu laborieux qui, à nouveau, recourt aux extraterrestres pour expliquer les « trois échecs de Holmes ». Raffles fut d’ailleurs créé par le beau-frère d’Arthur Conan Doyle, Ernest William Hornung et on le retrouve dans « Raffles. L'énigme du bicorne de l'Amiral », où il est mis en échec par le docteur Watson et Conan Doyle lui-même. La nouvelle est plaisante, sans plus.

« L'aventure du ver extraordinaire » de Stuart Palmer, auteur bien connu de roman policier, nous permet de retrouver Isadora Persano (encore !) dans un récit assez alerte et divertissant, plus proche du « canon » que les élucubrations précédentes.

Ellery Queen tente, lui aussi, d’expliquer « La disparition de M. James Phillimore » dans une agréable pièce radiophonique (ici retranscrite) lorsque le fameux limier américain est confronté, au début des années ’40, à la disparition du petit fils de Phillimore. L’astuce utilisée semble évidente mais le tout est alerte, amusant et bien mené. Une réussite pour les infatigables cousins.

Arkadi Boukhov nous convie à assister à « La fin de Sherlock Holmes », le détective n’ayant plus aucun travail à accomplir puisque tous les criminels décident de se rendre d’eux-mêmes à la police. Une parodie jusqu’au boutiste du policier classique qui fonctionne agréablement, tout comme l’histoire d’Arthur Porges consacré à Stately Homes, pastiche évident de qui-vous-savez, héros de dix nouvelles dont seulement deux furent traduites en français.

Les « spéculations » sont des textes entre la nouvelle et l’article qui exposent des théories plus ou moins farfelues. Rex Stout, créateur de Nero Wolfe, imagine dès 1941 (soit trois quarts de siècle avant « Elementary ») que Watson ne peut être qu’une femme et il le prouve par diverses citations du Canon. L.W. Balley dans « L'énigme de l'énigme jamais mentionnée » fait de Sherlock la véritable identité de Jack l’Eventreur tandis que « le plus grand triomphe d'Adrian Mulliner » démontre que Sherlock et Moriarty ne faisaient qu’un. Enfin, « Mycroft Holmes. Un mystère élucidé » s’interroge sur l’identité du discret frère ainé qui était peut-être un ordinateur, une machine, Winston Churchill ou le chef des services secrets (comme Ian Flemming le rappellera via son « M »). Bref, des démonstrations farfelues, parfois amusantes, parfois un peu lourdes, qui intéresseront surtout les incollables du Canon.

Dans l’ensemble, LE NOUVEAU MEMORIAL SHERLOCK HOLMES offre un divertissement correct et rarement ennuyeux mais les nouvelles, certes sympathiques, s’avèrent souvent quelque peu décevantes et partent un peu dans tous les sens. Nous avons des hommages maitrisés, des délires plus ou moins déjantés qui fonctionnent plus ou moins bien, des pastiches, des hypothèses hardies, des clins d’œil (parfois très pointus) à destination des connaisseurs,…Au final le lecteur passe un bon moment mais reste quelque peu sur sa faim en dépit de l’une ou l’autre réussites incontestables. A réserver aux inconditionnels du limier de Baker Street.

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Publié le 26 Mars 2019

TOUR DE FORCE de Christianna Brand

Christianna Brand propose ici la sixième et dernière apparition de l’inspecteur Cockrill, cette fois en vacances dans la petite île de Suan Juan de Pirate. Il est accompagné d’un groupe de personnages excentriques : le couturier homosexuel Cecil, le musicien Leo Rodd privé de son bras suite à un accident et qui se console en draguant tous les jupons passant à proximité de son unique main, son épouse Helen qui se dévoue pour l’assister dans sa vie quotidienne et ferme les yeux sur ses incartades, la riche vieille fille Edith Trapp, la très réservée Vanda Lane, l’excentrique Louli Barker, femme fatale et romancière à succès et, pour les guider dans leur périple italien, le débonnaire Fernando Gomez. Bien sûr, un meurtre survient ! La pauvre Vanda Lane est assassinée mais Cockrill se heurte à un problème de taille : il ne peut en déterminer l’auteur. Et pour cause ! Tous les suspects se trouvaient sur la plage à portée de son regard et aucun n’a pu, apparemment, commettre le crime. Pourtant l’un d’eux a bien dû réussir ce tour de force. Reste à déterminer qui et surtout comment.

Ce whodunit traditionnel mais fort bien mené, avec une galerie de personnages adroitement brossés et une touche d’humour efficace, a tout pour plaire aux amateurs de policiers à l’ancienne. Cockrill reste un personnage attachant et l’enquête ne lésine pas sur les fausses pistes et les retournements de situation. Brand se permet d’ailleurs une première résolution très satisfaisante qui répond à toutes les interrogations mais constitue, en réalité, un piège destiné à démasquer le véritable meurtrier.

Comme tous les romans de « crime impossible », TOUR DE FORCE demande une certaine « suspension d’incrédulité » pour être pleinement apprécié mais s’avère, au final, un excellent divertissement. Le bouquin se lit pratiquement d’une traite et avance à un rythme soutenu en dépit de son côté langoureux induit par la situation initiale de nos vacanciers oisifs bronzant sous le soleil italien. Si la situation de départ rappelle MEURTRE AU SOLEIL, Brand montre ici qu’elle pouvait égaler sa consoeur Agatha Christie dans la confection d’un suspense parfaitement mené. Un classique qui n’a pas volé son titre de véritable « tour de force » de la littérature policière !

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Christianna Brand, #Golden Age, #Impossible Crime, #Policier, #Whodunit

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Publié le 16 Janvier 2019

HAWK & FISHER de Simon R. Green

Hawk et Fisher sont deux capitaines de la garde dans la ville de Haven. Ils sont aussi mari et femmes et probablement les seuls représentants intègres de la loi dans ce bled gangréné par la corruption et les magouilles politiques. Pourtant, un mage, Gaunt, a décidé de nettoyer la fange en s’attaquant à un des pires quartiers de la cité, surnommé le Crochet du Diable. William Blackstone, pour sa part, est un homme politique idéaliste et honnête. Lui aussi désire remettre un peu d’ordre à Haven mais, avant de pouvoir lancer ses grandes réformes, Blackstone organise une réunion du gotha local où se croisent son épouse infidèle Katherine, la sorcière Visage, le général Hightower, le légendaire héros Stalker, et quelques autres. Pas de bol, Blackstone meurt assassiné dans sa chambre bien évidemment close (sinon ce ne serait pas drôle). Du coup le brave sorcier lance un sort d’isolement et tous les suspects se trouvent confinés dans la maison…Hawk et Fisher ont jusqu’à l’aube pour découvrir le coupable.

Simon R. Green mélangeait efficacement polar et urban fantasy dans sa série du NIGHTSIDE, il combine ici le médiéval fantastique avec le whodunit « old school ». Il faudra évidemment aimer ces deux genres (et posséder une certaine ouverture d’esprit) pour apprécier cette improbable fusion.

Que les fans d’énigmes se rassurent : si nous sommes dans le registre du fantastique et que l’auteur en appelle à diverses créatures mythologiques (vampire, loup-garou, sorcier, etc.), l’explication des crimes n’en reste pas moins bien agencée et logique. Celle de la chambre close, pour sa part, s’avère aussi simple qu’efficace, guère neuve (bien des auteurs ont usés du truc) mais suffisamment bien amenée pour emporter l’adhésion.

De manière générale, l’enquête s’avère classique avec interrogatoire des suspects, fouille des pièces, recherches d’indices et quelques moments de tension où nos protagonistes n’hésitent pas à sortir l’épée du fourreau. On imagine très bien quelques amateurs de jeu de rôles organiser une vraie « murder party » sur ce thème. Si les deux héros sont sympathiques ils paraissent néanmoins quelque peu dépassés et ne rivalisent pas vraiment avec Poirot ou Sherlock. Heureusement pour eux le meurtrier n’en restera pas à un seul crime, ce qui réduit rapidement le nombre de suspects. D’où de nouveaux rebondissements. Et à la fin il n’y eut plus personne…Ou presque. Simon Green appuie en effet sur l’accélérateur dans le dernier acte et multiplie les meurtres sanglants, pointant logiquement tous les soupçons vers le coupable…que le lecteur a probablement déjà deviné puisque l’auteur se montre fair-play et balance un énorme indice à mi-parcours. On prend néanmoins plaisir à suivre la fin de cette enquête et on apprécie la manière dont la magie est adroitement utilisée sans nuire à l’énigme proprement dite.

En déplaçant les schémas traditionnels du « cosy murder mystery » dans un univers de Fantasy, Simon Green renouvelle habilement les recettes et réussit à faire du neuf avec du vieux. Comme le roman est court et rythmé, l’ensemble s’avère très plaisant et divertissant. Sans plus ni moins mais ce premier volume constitue une bonne lecture de détente assurée et encourage à poursuivre l’exploration de Haven. Ce n’est déjà pas mal.

A noter que ce roman a été réédité en poche avec ses deux premières suites sous le titre général LES EPEES DE HAVEN.

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Publié le 10 Décembre 2018

UN COUP SUR LA TABATIERE de John Dickson Carr

Un Carr atypique (pas de détective récurent, pas de chambre close) mais joliment tourné. La situation de départ s’avère classique :  une jeune femme, Eve, s’apprête à convoler. Elle est rejointe dans sa chambre par son ex-mari, Ned, qui se montre entreprenant. Par la fenêtre, le « couple » est témoin du meurtre de Sir Maurice, le père de Toby, le fiancé actuel d’Eve. Au cours du crime, la tabatière de prix du défunt, ayant jadis appartenu à Napoléon, est brisée. Par un incroyable concours de circonstance, Eve se retrouve avec du sang sur son déshabillé et une pièce brisée de la tabatière est découverte chez elle. Bien sûr, cela fait de la jeune femme le principal suspect du meurtre. Ned pourrait l’innocenter mais celui-ci, renversé par une voiture, termine à l’hôpital sans que l’on sache s’il va se réveiller. Comment Eve pourra t’elle se tirer de ce mauvais pas ?

Dans ce whodunit traditionnel écrit en 1942, Carr s’amuse de sa technique – souvent reprochée - consistant à interrompre l’action juste avant une importante révélation puisque le détective affirme « qu’il ne cachera pas la vérité comme dans les romans policiers »…Evidemment c’est pourtant exactement ce que l’enquêteur sera contraint de faire. Classiquement, Carr accumule les indices vers un protagoniste, puis s’intéresse à un autre en présentant de nouvelles « preuves » avant de révéler la réelle identité du coupable dans les dernières pages. Une révélation astucieuse et bien amenée quoique l’écrivain se montre suffisamment honnête pour disséminer de nombreux indices au fil du récit, conduisant normalement le lecteur à comprendre la vérité quelques pages avant la conclusion.

Sans perte de rythme, le roman avance d’un bon pas, aidé par une pagination  adéquate qui permet de maintenir l’attention du lecteur jusqu’aux coups de théâtre finaux. Une belle réussite pour le roi de l’énigme.  

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Golden Age, #Policier, #Whodunit

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Publié le 9 Octobre 2018

LAMAISON DES MORTS ETRANGES de Margery Allingham

Après deux essais peu concluants avec Albert Campion je tente à nouveau de m’intéresser à ce « professionnel de l’aventure » (ainsi qu’il se définit). Quoique cette quatrième enquête soit plus réussie et se rapproche davantage d’un whodunit classique, le résultat n’est pas non plus transcendant.

Caroline Faraday dirige sa maison à l’ancienne, comme au XIXème siècle, et, en 1931, continue de régner sur ses enfants que, d’ailleurs, elle traite comme tel bien qu’ils aient atteints un certain âge. Evidemment, ils sont oisifs, se querellent entre eux et se reposent sur la « mama » qui tient fermement les cordons de la bourse. Lorsqu’un des enfants de la famille, Andrew, est découvert assassiné Albert Campion débute ses investigations…

Prenant comme base les ingrédients coutumiers du « Golden Age », LA MAISON DES MORTS ETRANGES comprend la traditionnelle famille figée dans ses coutumes d’un autre âge, l’habituelle mère de famille régissant l’existence de sa progéniture et les meurtres successifs…

Campion intervient et semble pouvoir résoudre l’énigme : quoiqu’il se mette rarement en valeur (à l’opposé d’un Holmes ou d’un Poirot) notre aventurier comprend l’incroyable machination orchestrée contre cette famille. L’enquête elle-même parait erratique et ne passe pas par les habituels interrogatoires de suspects, donnant au lecteur une impression de confusion. A vrai dire le récit n’est pas vraiment passionnant et l’attitude très en retrait de Campion m’a paru problématique : il manque de présence pour s’imposer. Evidemment c’est purement personnel puisque d’autres trouvent, au contraire, sa caractérisation fort intéressante.

Notons cependant que la romancière aide son lecteur en lui offrant quelques « bonus » bien utiles comme un arbre généalogique de la famille, un plan de la maison et même un chapitre récapitulatif intitulé logiquement « le résumé ».

Les explications finales s’avèrent, elles, bien trouvées et franchement surprenantes : l’identité du meurtrier ou les explications de ces morts étranges démontrent une indéniable originalité qui rachètent, en partie, les longueurs précédentes.

En résumé, LA MAISON DES MORTS ETRANGES constitue une lecture mitigée : des fulgurances, des passages réussis et d’autres plus laborieux voire ennuyeux notamment de par la personnalité de l’apprenti détective. Le tout reste cependant plus réussi que les deux premiers romans où apparaissent Campion et les admirateurs (il y en a !) de cet étonnant aventurier peuvent y jeter un œil. Pour ma part je pense en avoir (pour l’instant ?) terminé avec Allingham.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Policier, #Whodunit, #Golden Age, #Impossible Crime

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Publié le 3 Octobre 2018

LE VISON MITE d'Erle Stanley Gardner

Cette nouvelle aventure de l’avocat détective Perry Mason débute de manière insolite : Mason et sa secrétaire, Della Street, observent, dans un restaurant, une serveuse, Dixie. Celle-ci s’éclipse en laissant derrière elle un manteau de vison certes mité mais cependant d’une grande valeur. Peu après la police débarque pour leur apprendre que la jeune femme a été percutée par une voiture. La fuite de Dixie s’explique car elle pense avoir été impliquée dans un meurtre. Bref, la situation se complique rapidement et rend le bouquin quelque peu confus tant les rebondissements et retournements de situation se succèdent. Par exemple, le vison mité du titre conduit l’avocat sur la trace d’un révolver ayant servi à commettre un crime et relance le récit. Mason défendra finalement la pauvre Dixie engluée dans une affaire qui la dépasse complètement. Tout comme le lecteur qui devra attendre les dernières pages pour débrouiller, avec l’aide de Perry Mason, les fils de l’intrigue.

LE VISION MITE constitue le 39ème (!) roman mettant en scène l’avocat justicier Perry Mason. Evidemment, le romancier avait établi depuis longtemps sa formule gagnante et ce récit n’échappe pas à la règle, les différentes sous-intrigues (embrouillées) étant entremêlées afin d’égarer le lecteur jusqu’aux ultimes chapitres. Comme toujours Mason, cette fois en qualité de témoin, est appelé à la barre pour contrer les arguments de l’inévitable Ham(ilton) Burger. Et, comme toujours, l’avocat use d’effets de manche et des inévitables « objections votre honneur » pour que triomphe la vérité.

Dans l’ensemble, et quoiqu’il ne soit pas un indispensable de l’auteur, ce roman remplit son contrat de divertissement rondement mené, Erle Stanley Gardner conduisant l’enquête sur un rythme soutenu. Il utilise une écriture très simple mais efficace (parait-il largement améliorée par la traduction) et laisse la part belle aux discussions entre les protagonistes semblables à des joutes verbales agréables à suivre. Du roman policier très « pulp » qui se savoure sans arrière-pensée et se dévore en une soirée. Sympathique.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Policier, #Whodunit, #Golden Age, #Roman de gare, #Polar, #Perry Mason

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Publié le 24 Septembre 2018

LE MEDIUM A PERDU SES ESPRITS de Peter Lovesey

Peter Lovesey, né en 1936, débute sa carrière en écrivant, en 1969, LA COURSE OU LA VIE, qui remporte le concours du premier roman policier de l’éditeur McMillan/Panther. Dans cette enquête située à l’époque victorienne apparait le sergent Cribb, lequel reviendra dans huit romans et donnera lieu, en 1988, à une série télévisée de la BBC. Publié en 1975, LE MEDIUM A PERDU SES ESPRITS constitue la sixième aventure du sergent.

Fin du XIXème siècle. La mode, dans la bonne société londonienne, consiste à organiser des séances de spiritisme. Le sergent Cribb et son fidèle adjoint, l’agent Thackeray, sont chargés d’enquêter sur des cambriolages commis à l’encontre d’aristocrates. Ces deux vols furent commis durant des séances. Fait curieux, les objets dérobés avaient peu de valeur alors que les demeures cambriolées recélaient des pièces bien plus couteuses. Serait-ce l’œuvre d’un amateur débutant se demande le sergent ? Peu après, l’étoile montante des médiums, le séduisant Peter Brand, accepte de se soumettre à un test scientifique visant à démontrer ses talents : il devra invoquer les esprits en gardant les mains posées sur les poignées d’une chaise légèrement électrifiée. S’il détache une seule seconde les doigts, l’appareillage électrique enregistrera une fluctuation du courant et prouvera l’existence d’une supercherie. La séance se déroule de belle manière, sous l’œil sceptique de scientifiques, et divers phénomènes inexplicables se produisent durant la soirée. Brand aurait toutes les raisons de se réjouir… s’il n’était pas mort pas électrocuté sur la chaise soit disant parfaitement sûre. Les esprits auraient ils jouaient un tour mortel au jeune homme ? Le sergent enquête et découvre rapidement que Brand était un charlatan…ce qui n’explique aucunement la manière dont on a pu l’assassiner.

Plaisant petit policier historique mettant en scène le sergent Cribb (six de ses aventures furent traduites en français) LE MEDIUM A PERDU SES ESPRITS constitue un whodunit classique mais bien mené avec une touche de fantastique apparent finalement expliqué dans la tradition de John Dickson Carr mais en moins complexe. Le crime « impossible » se verra résolu de manière rationnelle par le brave sergent au terme d’une enquête sympathique qui permet, par la bande, d’esquisser une vue générale de la vie et des mœurs dans l’Angleterre de la fin du XIXème siècle, en plein boom des recherches spirites.

Cet agréable Lovesey saura donc satisfaire les amateurs de romans policiers classiques et d’énigmes historiques.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Policier, #Whodunit, #Impossible Crime, #Historique

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Publié le 17 Septembre 2018

LA MAISON DES HOTES de Jean Sargues

Un ermitage perdu, dans les Pyrénées et non loin de la frontière espagnole. Reconverti en maison d’hôtes il accueille une poignée de touristes désireux de s’isoler durant quelques jours loin des tracas de la société. Pour accroitre le sentiment de tranquillité l’unique accès, une grille, est fermé chaque soir. Les hommes peuvent ainsi jouer aux cartes et les femmes se reposer. Pourtant, c’est dans cette maison qu’un inconnu meurt abattu d’un coup de pistolet. Nul ne le connait, nul n’a pu tirer le coup fatal. Alors comment, dans cet environnement clos, le mystérieux visiteur a-t-il été tué ? D’autant qu’en réalité il semble établi que l’inconnu ait en réalité succombé quelques heures plus tôt…d’un coup de poignard ! Un journaliste, Sargent, mène l’enquête et les soupçons se portent rapidement sur le gardien, Belcanto, et la cuisinière, Rose. Mais personne ne peut expliquer comment l’assassin aurait pu procéder.

Ecrivain oublié, le Français Jean Sargues a publié au Masque, en 1941, cet excellent whodunit doublé d’un howdunit du plus bel effet : une galerie de personnages très bien typés, un cadre original, des suspects à la pelle, une enquête minutieuse et un très beau crime impossible n’ayant rien à envier aux cadors du genre comme John Dickson Carr. L’explication finale, très astucieuse, semble évidente (tous les indices ont été distillés au fil des pages) mais peu de lecteurs pourront sans doute découvrir le fin mot de l’histoire avant les derniers chapitres. Du très bel ouvrage !

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Publié le 4 Septembre 2018

LE CHALE CHINOIS de Patricia Wentworth

Apprentie actrice pas très convaincante, Tanis Lyle est surtout trop belle. D’ailleurs elle rend fou tous les hommes de son entourage, n’hésitant pas à s’en servir, à les rejeter ou à jouer avec eux. Bref, c’est une allumeuse et, forcément, Tanis ne se fait pas que des amis. Personne n’est vraiment étonné lorsqu’un de ses anciens amants la menace d’une arme. Par contre, son assassinat, d’une balle dans le dos, surprend. Dans le prieuré, lui-même lieu de bien des convoitises, chacun se demande qui a pressé la détente, surtout que chacun y a secrètement (ou non) pensé. La demoiselle détective Miss Silver se chargera de découvrir le meurtrier.

La cinquième aventure de la rivale de Miss Marple se situe au tout début de la Seconde Guerre Mondiale, dont les effets commencent à se ressentir y compris dans les petits villages apparemment tranquilles de Grande Bretagne. Comme souvent dans ce type de récit une poignée d’individus - bien typés quoiqu’assez classiques - se retrouvent pour un week-end dans un prieuré. Or cette habitation alimente depuis deux décennies une sombre histoire de famille et Laura, venant d’atteindre sa majorité, peut à présent en disposer à sa guise et même la vendre. Or la cousine Agnès, paralytique, souhaite racheter le prieuré pour le léguer, après sa mort, à l’apprentie comédienne Tanis.

Miss Silver, venue pratiquement par hasard au prieuré (du moins le pense t’on car sa présence sera expliquée par la suite), mène l’enquête en ne se séparant pas de son tricot et en donnant d’utiles indices à un inspecteur de police qui fut jadis son élève.

En peu de pages (220 !), Patricia Wentworth construit une enquête très classique mais fort plaisante, présentant sa galerie de personnages intéressants avant d’offrir au lecteur un meurtre dans la tradition de ces « cosy murder » à l’anglaise. Chacun pouvant être coupable, Miss Silver, toujours perspicace et attachante, va enquêter et débrouiller les nombreuses fausses pistes jusqu’à identifier le coupable dans les toutes dernières pages.

Bien rythmé, alternant énigme, romance et quelques notes « historiques » de par son contexte particuliers (bombardements, réfugiés, etc.), LE CHALE CHINOIS constitue une belle réussite pour les amateurs de romans policiers traditionnels. Recommandé !

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Policier, #Whodunit, #Golden Age, #Patricia Wentworth - Miss Silver

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