whodunit

Publié le 22 Septembre 2023

CINQ HEURE VINGT CINQ d'Agatha Christie

Voici un roman peu connu, qui ne comprend ni Poirot ni Marple mais offre un bon whodunit typique de l’Age d’Or. Comme beaucoup de romans d’énigme de cette époque une touche de fantastique apparent enrichi l’intrigue.

A cinq heures vingt-cinq, lors d’une séance, une table tournante annonce l'assassinat du capitaine Trevelyan, un vieux célibataire misogyne et excentrique. Or, Trevelyan est bel et bien mort, assassin. Selon le médecin légiste il est possible qu’il ait été assassiné à l’heure prédite. L’inspecteur Narracott doit mener l’enquête et les suspects ne manquent pas: deux dames venues s’installer dans la région en provenance d’Afrique du Sud, le neveu de la victime (et son héritier). La fiancée de ce-dernier mène sa propre investigation en compagnie d’un ambitieux journaliste.

Voici du bon policier cosy, dans l’ambiance hivernale d’un petit bled anglais couvert de neige. Une jeune et charmante demoiselle vient bouleverser cette quiétude en posant des questions à tout le monde afin d’innocenter son petit ami, principal suspect du meurtre.

L’intrigue est bien ficelée avec un côté « meurtre impossible » liée à cette séance de spiritisme qui annonce apparemment le crime. Même si le récit se montre moins complexe que dans les romans ultérieurs, il fonctionne parfaitement avec l’interrogatoire des suspects et les révélations finales forcément surprenantes et un coupable qui paraissait classiquement le plus innocent du lot. Très plaisant sans se hisser au niveau des meilleurs Christie.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Agatha Christie, #Policier, #Whodunit, #Cosy Mystery, #Golden Age

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Publié le 20 Novembre 2022

LA NUIT QUI NE FINIT PAS d'Agatha Christie

Ce roman est un des derniers d'Agatha Christie, publié en 1967 (et deux ans plus tard en France), raconté par Michael Rogers, un jeune anglais qui va de métiers en métiers. Bref, il vivote. Un jour il rencontre une riche héritière américaine, Ellie, qui souhaite de son côté échapper à son milieu. Le couple se marie et emménage dans une vaste propriété construite par Rudolph, un ami de Michael, célèbre architecte atteint d'une malade incurable. Une vieille bohémienne qui rode dans le coin promet un jour un sort funeste à Ellie si elle reste dans cette maison. Peu après, le corps d'Ellie est découvert après une promenade à cheval dans les bois.

Ecrit alors que Christie avait 77 ans, ce bouquin s'éloigne des purs whodunit de l'entre-deux-guerres pour un récit plus psychologique qui débute comme une romance. Peu à peu le lecteur se rend compte que quelque chose cloche dans cette histoire. L'ambiance devient pesante, par petites touches subtilement amenées, et les rebondissements commencent, avec quelques coups de théâtre assénés dans les derniers chapitres. Comme souvent avec un auteur qui joue "franc jeu", le lecteur en devine certains mais restent quand même agréablement surpris par d'autres qu'il n'a pas vu venir. On note également un climat bien rendu, angoissant, avec cette touche pratiquement fantastique: prédictions lancées par une gitane un brin sorcière, malédiction qui plane, etc. Le ton mortifère apparait également par ce personnage d'architecte qui, malade, vit ses derniers jours mais veut absolument terminer la maison promise au narrateur.

Par son ancrage temporel à la fin des sixties et son intrigue située dans un milieu aisé, le roman aurait pu servir de base à un giallo de machination italien. Il fut d'ailleurs adapté à l'écran en 1972 lors de la vague britannique des psycho thrillers.

LA NUIT QUI NE FINIT PAS est donc un roman différent, loin des enquêtes traditionnelles de Poirot ou Marple, plus proche d'œuvres comme le "Rebecca" d'Hitchcock ou des thrillers réalisés par la Hammer sur base de scénario de Jimmy Sangster. Les familiers de ce genre de récit ne seront pas complètement trompé car la ligne narrative s'avère assez prévisible dans son déroulé mais l'important réside dans les détails et l'ensemble, en dépit de quelques longueurs, se lit avec plaisir.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Agatha Christie, #Policier, #Whodunit

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Publié le 1 Novembre 2022

LE COUP AU COEUR de Peter Robinson

Décédé en octobre 2022 à 72 ans, le Canadien Peter Robinson fut un des maitres du polar procédural. En 1987, il crée ainsi l’inspecteur Banks, un flic passionné de jazz qui n’hésite pas à « faire ce qu’il faut » pour résoudre ses enquêtes, quitte à déplaire à sa hiérarchie. Robinson écrira 28 polars dans lequel Banks tient le rôle principal.

Dans cette nouvelle aventure, l’inspecteur se heure à sa nouvelle chef, Gervaise, une arriviste. Si elle ne l’apprécie pas, elle se satisfait de ses bons résultats, lesquels devraient lui permettre de gravir rapidement les échelons. Son rêve ? Etre mutée dans une grande ville. Bref, Gervaise demande à Banks de résoudre le plus vite possible son enquête, quitte à employer des méthodes pas tout à fait légales. Et donc notre héros se lance sur la piste du meurtrier de Nick Barber, un journaliste spécialisé dans le rock. Ce-dernier voulait écrire un article définitif sur les Mad Hatters, des stars de l’époque psychédélique récemment reformés pour une lucrative tournée. Mais, en soulevant quelques pierres, Nick a probablement déterré des secrets peu reluisants, probablement liés à la noyade suspecte d’un membre du groupe quelques décennies auparavant.

A cette enquête contemporaine, le roman ajoute une seconde ligne temporelle : le meurtre d’une jeune fille de 18 ans, Linda, en 1969, au cours d’un festival où se produisaient Pink Floyd, Led Zep, etc. Et les Mad Hatters, alors peu connus mais en phase ascendante vers la célébrité. Chadwick, un inspecteur quelque peu réac, qui hait ces musiciens fainéants fumeurs de joints et baiseurs de groupies, mène la danse en 1969. Il fricote au milieu des hippies chevelus qui détestent la police encore plus que la guerre. Pas facile pour Chadwick. En plus celui-ci ne supporte pas le vacarme de tous ces groupes et en particulier celui des Mad Hatters, petite formation locale promise à un bel avenir très appréciée par sa fille adolescente.

Peter Robinson maitrise son métier et, en dépit de quelques longueurs (le bouquin fait 500 pages mais aurait gagné à se voir raccourci d’une centaine), l’ensemble maintient l’intérêt et le suspense. Entre polar, policier classique et whodunit, l’auteur choisit la voie de l’enquête minutieuse, très procédurale, qui avance par petites touches. Pas de révélations fracassantes ni de surprises incroyables, plutôt un faisceau d’indices concordant qui mènent lentement à la (double) vérité, les deux affaires étant forcément liées.

Beaucoup de références musicales entremêlées, de l’authentique (les groupes de l’époque et les festivals comme l’île de Wight) et de l’inventé avec ce groupe dont le destin rappelle celui des stars de l’époque. Un des musiciens est retrouvé noyé dans sa piscine, le claviériste génial reste coincé dans un mauvais trip à l’acide, ils engagent une chanteuse pour gagner davantage de fans et changent leur son « prog folk psyché rock » pour des morceaux pop. Bref, l’auteur mélange les légendes (avec des touches de Pink Floyd, des Doors, de Fleetwood Mac, des Stones, de Led Zep et quelques autres) pour confectionner ce groupe fictif tellement crédible qu’on finit par se demander s’il n’a pas existé.

Un polar « page turner » qui s’appuie également sur la personnalité bien brossée de son héros attachant, le genre à la fois à l’écoute et rentre-dedans qui, lorsqu’il flaire le coupable, ne lâche rien pour l’arrêter. Pour les amateurs de policier procédural et de rock sixties, un incontournable !

 

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Musique, #Polar, #Policier, #Whodunit, #Western

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Publié le 30 Octobre 2022

EN PLEIN COEUR de Louise Penny

Première aventure pour l’inspecteur Armand Gamache. Louise Penny, devenue la nouvelle reine du cosy mystery, nous emmène dans une petite ville tranquille du Québec, Three Pines. Il ne s’y passe jamais rien, ou presque. Cependant, un jour d’automne, un couple gay est agressé par trois individus masqués. Une vieille dame, Jane Neal, s’interpose. Quelques temps plus tard cette dernière postule à une exposition locale de peinture et son œuvre, qui divise beaucoup le jury, est finalement acceptée. Rien ne laisser donc supposer sa mort, le jour de l’Action de Grâce, d’une flèche en plein cœur. Accident de chasse ou meurtre ? A Armand Ganache de résoudre le mystère.

Cette première énigme démêlée par le héros récurrent de Louise Penny prend son temps. L’inspecteur avance par petites touches, s’imprégnant de l’atmosphère de cette petite communauté du Canada. Il est aidé par Jean-Guy Beauvoir, son adjoint, et la pataude Yvette Nichol qui essaie de montrer bonne figure mais gaffe plus souvent qu’à son tour.

Débat linguistique typiquement canadien, petit bled où l’on s’ennuie, tour pendable des voyous locaux, exposition de peinture censée marquer le côté culturel de l’endroit,… L’auteur nous dépeint les mentalités des protagonistes, les mesquineries de cet environnement campagnard, le monde du tir à l’arc (et les différences entres les flèches et les arcs utilisés pour la chasse ou le sport). Les personnages sont bien campés mais souvent stéréotypés, beaucoup ne sont pas franchement sympathiques (certains sont même complètement antipathiques), ce qui ajoute un côté réaliste au récit. Quoique nettement plus moderne que les whodunit de l’âge d’or, l’intrigue verse souvent dans la caricature. Le couple gay apparait ainsi comme le prototype des homos branchés, cultivés et spirituels ayant quittés la grande ville pour se ressourcer à la campagne. Mais ils chantent quand même « It’s raining men » en duo. Le flic, de son côté, semble détaché et ses réactions laissent parfois songeur. Les dialogues se veulent ainsi teintés d’ironie mais le lecteur peine à trouver tout ça réellement amusant. Yvette Nichol, elle, apparait comme maladroite mais pleine de bonne volonté. Or chaque tentative d’aider dans l’enquête aboutit à des remarques désobligeantes souvent injustes de Gamache. Bizarre.

L’enquête, elle, est correcte mais souffre de nombreuses longueurs et redondances. Tout avance lentement et beaucoup de détails censés épaissir le récit finissent par le rendre pénible. Le roman aurait sans doute pu être dégraissé d’une centaine de pages sans en souffrir aucunement, bien au contraire ! Bien qu’on ait envie de terminer le roman pour connaitre le fin mot de l’histoire on s’ennuite un brin dans ses pérégrinations canadiennes.

Louise Penny est souvent présentée comme la « reine du crime » du XXIème siècle et l’héritière spirituelle d’Agatha Christie. On ressort donc de cette lecture peu convaincu…souhaitons que les romans suivants de la série soient plus réussis.


 

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Cosy Mystery, #Policier, #Whodunit

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Publié le 17 Octobre 2022

UN CADAVRE DANS LA BIBLIOTHEQUE d'Agatha Christie

Douze ans après L’AFFAIRE PROTHEROE qui marquait la première apparition de Jane Marple, la vieille dame revient pour une deuxième enquête écrite en 1941. Comme le précise Christie dans sa préface, la découverte d’un cadavre dans une bibliothèque constituait, déjà, un cliché éculé du roman policier. L’auteur s’attaque à cette convention en plaçant un corps dans la propriété du riche Arthur Bantry. La victime est inconnue de tous et Miss Marple se voit invitée à résoudre l’énigme. Bientôt, il apparait qu’il s’agit de Ruby Keene, danseuse au cabaret Majestic. Un certain Conway Jefferson s’en était récemment entiché au point de la considérer comme sa fille adoptive… au désespoir du gendre et de la belle-fille de Conway.

Classique, UN CADAVRE DANS LA BIBLIOTHEQUE reste un des Christie les plus connus, justement par son jeu sur les clichés du whodunit, et apparait fréquemment dans les « top » consacrés à Marple. Pourtant, le roman possède quelques défauts évidents : la solution du mystère et le truc utilisé par le meurtrier apparaissent relativement évident pour les amateurs du genre (il a déjà été – et sera par la suite encore – fréquemment utilisé) tandis que les méthodes de Marple laissent perplexes avec sa manière de toujours se référer à des événements survenus dans son village. Ses techniques sont plus intuitives et moins mécaniques que celles de Poirot même si le déroulement de l’enquête, avec ses indices successifs et ses retournements de situation, fonctionne de belle manière. Comme souvent dans les « Marple », l’héroïne n’apparait qu’au début et à la fin du récit, laissant l’essentiel de l’investigation à la police officielle qui, bien sûr, patauge dans la semoule. C’est donc, après de nombreux tâtonnements, à Marple de boucler l’enquête (et le récit) dans les dernières pages. Les personnages secondaires, eux, manquent un peu d’épaisseur et apparaissent souvent stéréotypés, sans doute en partie pour se conformer aux conventions du whodunit, ici proches du pastiche.

Les révélations finales, évidemment tarabiscotées à souhait, ne sont pas toujours pleinement convaincantes en raison de la complexité de la machination élaborées mais participent, quelque part, au charme de ces romans d’énigme constituant de véritables « jeux » avec le lecteur. Pour finir, UN CADAVRE DANS LA BIBLIOTHEQUE manque un peu de nerf ou de réelle originalité pour être une vraie réussite mais l’ensemble reste plaisant et hautement divertissant si on accepte les règles du genre. Pas le meilleur « Marple » mais une lecture toutefois fort agréable.

 

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Agatha Christie, #Golden Age, #Policier, #Whodunit

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Publié le 7 Octobre 2022

ARSENE LUPIN: LE DIADEME DE LA PRINCESSE DE LAMBALLE de Morita Takashi et Maurice Leblanc

Premier tome publié chez nous des adaptations en manga du personnage de Maurice Leblanc, cet épais récit (250 pages) transpose la pièce de théâtre du début du XXème siècle, « Le diadème de la princesse de Lamballe » censé présenter Lupin à un plus large public. L’intrigue se déroule donc quasi exclusivement en huis-clos avec un Lupin dissimulé sous l’identité du Duc de Charmerace. Ce-dernier s’est absenté durant sept ans pour voyager en Antarctique et, une fois revenu, apparait quelque peu différent. Forcément puisque Lupin a pris sa place. Il va menacer Gournay-Martin, un milliardaire parisien, en le menaçant de lui voler sa plus précieuse possession, un diadème de grande valeur. Comme Lupin ignore où le bijou est caché, il espère pousser Gournay-Martin à lui dévoiler sa cachette afin de mettre le diadème en lieu sûr. Mais Lupin trouve un adversaire acharné avec l’inspecteur Ganimard, qui attaque le gentleman cambrioleur en essayant de lui faire révéler sa réelle identité pour protéger une jeune voleuse prise la main dans le sac.

Voici une aventure plaisante mais évidemment capilotractée, Lupin jouant avec son ennemi de manière saugrenue. Le vol semble moins important pour lui que le plaisir de faire tourner en bourrique les forces de l’ordre. On retrouve donc dans cette transposition fidèle les outrances de ce type de récit avec un Lupin insaisissable qui use des identités d’emprunts et des grimages pour continuellement échapper à la police. Epoque oblige on n’échappe pas à une naïveté parfois pénible des protagonistes : les demoiselles en détresse sont vraiment candide, Lupin vraiment très séduisant et sûr de lui, les flics se laissent abuser encore et encore,… Les dialogues en rajoutent dans la guimauve et les jeunes filles larmoyantes se pâment devant le trop sexy cambrioleur.

L’intrigue avance toutefois à bon rythme, permettant d’oublier les invraisemblances. Le côté théâtral est flagrant et le manga reproduit, dans sa mise en page, les mécanismes dramatiques scéniques : les personnages entrent et sortent du récit pour « jouer » leur scène et permettre au récit d’avancer. Les dessins, de leur côté, sont réussis bien que caricaturaux sur certains personnages dessinés de manière un peu trop cartoonesque pour un manga réaliste.

Malgré le côté vieillot de l’histoire et des rebondissements un peu attendu, le lecteur passe un bon moment avec cette transposition bien gérée d’un classique de la littérature policière.

Ce tome fut réédité en 2022, devenant le sixième dans la nouvelle numérotation, au risque de compliquer les efforts du collectionneur.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Cosy Mystery, #Manga, #Policier, #Whodunit, #Arsène Lupin

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Publié le 2 Octobre 2022

CADAVRE D'AUTOMNE de Magdalen Nabb

Ce court roman (192 pages) nous emmène à Florence. Dans les eaux de l’Arno, un cadavre est repéché, celui d’une femme de près de cinquante ans, nue sous son manteau de fourrure. Un suicide ? Un meurtre ? L’enquête s’annonce difficile ne serait-ce que pour identifier la défunte. Mais un flic, Guarnaccia, y parvient grâce au témoignage d’un portier d’hôtel : la victime se nomme Hilde Vogel. Mais quels secrets pouvaient cacher cette recluse ? Pourquoi a-t-elle était tuée puisqu’il apparait qu’il s’agit bien d’un meurtre.

Magdalen Nabb, romancière d’origine anglaise établie à Florence, publie en 1981 LE GENTLEMAN FLORENTIN. Cette première enquête de Guarnaccia, saluée par Simenon et récompensée par le prix du meilleur roman policer par la British Writers Association, impose un personnage de flic nonchalant, bon vivant et à l’écoute. Un hommage à Maigret qui reviendra dans une douzaine d’enquêtes où l’énigme ne prend jamais le dessus sur les considérations plus personnelles du personnage. Et puis chaque roman permet également d’explorer la cité de Florence et de découvrir ses habitants, sa vie quotidienne, etc. Le héros, Sicilien, s’est retrouvé affecté à Florence et n’a jamais vraiment été complètement accepté par les Florentins. Il explore la ville, envahie de touristes, et mène ses enquêtes calmement, prenant le temps de discuter avec tout un chacun pour, progressivement, reconstituer le puzzle.

L’énigme en elle-même n’a rien de transcendante. On la qualifierait volontiers de banale, à l’image des faits divers qui encombrent les journaux. D’ailleurs, l’auteur y puisait son inspiration. Pas de machination criminelle complexe et capilotractée, pas de protagonistes très gentils ou très méchants, juste des personnages humains embarqués dans des affaires sordides. Du coup il n’y a ici ni coup de théâtre fracassant ni retournement de situation incroyable. Et encore moins course poursuite ou bagarre. Mais de cette banalité quotidienne, la romancière tire un roman suffisamment plaisant pour maintenir l’intérêt, en particulier par son écriture ciselée et dégraissée. Le cadre dépaysant de Florence est, bien sûr, un autre argument pour suivre l’adjudant sicilien dans sa quête du coupable. Au final, un récit agréable même s’il n’a rien d’exceptionnel.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Polar, #Policier, #Whodunit

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Publié le 27 Septembre 2022

MEURTRE INDEXE de Ruth Rendell

Dans cette nouvelle enquête (la neuvième), le vieillissant inspecteur Wexford doit investiguer l’assassinat d’une femme, Angela, retrouvée étranglée chez elle. Sa belle-mère qui la détestait a découvert le corps mais Wexford soupçonne rapidement le mari. Cependant, l’inspecteur se heurte à un manque de preuve décourageant. De plus, l’époux finit par s’énerver et accuse le flic de harcèlement. Celui-ci décide, dès lors, de poursuivre sa surveillance de manière officieuse, persuadé qu’il finira par se trahir. Dans le même temps, Wexford tombe sous le charme d’une autre suspecte, Nancy Lake.

Ecrit en 1975, ce court roman (un peu moins de 200 pages), se situe entre le polar psychologique et le policier traditionnel de type whodunit quoique l’on connaisse rapidement l’identité du coupable. L’enquête consiste donc à savoir non pas qui a tué mais comment l’inspecteur va réussir à accuser le principal suspect. Or le temps presse : il doit parvenir à l’arrêter avant que le suspect ne parte vivre au Brésil en compagnie de sa maitresse.

Si MEUTRE INDEXE parait, dès lors, quelque peu prévisible, la maitrise de Rendell maintient l’intérêt par son style très efficace. L’enquête se double d’une étude fouillée de la personnalité de son attachant inspecteur, souvent rapproché, par son humanisme, à Maigret. Les amateurs de suspense apprécieront néanmoins le retournement de situation finale surprenant. Les fans de romance aimeront, eux, cette relation particulière qui se noue entre l’inspecteur et Nancy Lake. Couchent-ils finalement ensembles ? L’auteur rend la scène très ambigüe, suggérant que Wexford, homme de principes, ne succombe pas à la tentation. Cependant, elle laisse la réponse à l’interprétation du lecteur.

En dépit de nombreuses descriptions et de passages quasi dénués d’action (l’enquête dure plus d’un an et avance lentement, sans coups de théâtre irréalistes ou effets de surprise fracassants), le roman demeure une lecture très plaisante. La caractérisation soignée des protagonistes principaux est réussie et les personnages secondaires attachants, comme cet ancien voyou reconverti détective amateur et adepte d’un étonnant cocktail Pernod / Guinness.

Un bon roman de mystère « psychologique », ce qui n’est pas toujours un gros mot ou un défaut.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Polar, #Policier, #Whodunit

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Publié le 16 Août 2022

LES DAMES DE MARLOW ENQUÊTENT: MORT COMPTE TRIPLE de Robert Thorogood

Créateur de la série “Meurtres au paradis”, Robert Thorogood nous propose un policer d’enquête teinté d’humour, un classique récit “cozy” à déguster au coin du feu.

Héritière de Miss Silver et Miss Marple, Judith Potts est une Anglaise de 77 ans quelque peu excentrique, le genre à se baigner nue dans la Tamise ou à se payer une cuite au whisky. Lorsqu’elle surprend un bruit bizarre dans la maison de son voisin elle est certaine que ce dernier a été assassiné. Bien sûr la police ne croit pas notre gentille toquée. Du coup elle se lance dans le métier de détective. Après tout résoudre une enquête c’est un peu comme faire un mot croisé, non ? Aidée de la femme du vicaire et de la pipelette du village, notre apprentie limier part en chasse.

Après avoir revisité toutes les façons de commettre un crime parfait d’apparence impossible (en chambre close et autre) avec sa série des « Meurtres au paradis » et les romans qui en découlent, Thorogood reprend le cliché de la « vieille dame (in)digne ». Cette dernière en sait beaucoup sur son petit patelin et, sans avoir besoin de méthodes compliquées ou de technologies, elle aborde les énigmes, uniquement armée de son bon sens et de sa connaissance de l’âme humaine. Depuis Silver, Marple ou la (plus jeune) Agatha Raisin, ce type de personnage gentiment excentrique et anachronique a nourri bien des intrigues. Judith Potts, la principale protagoniste, se voit ici accompagnée de deux co-détectives un brin loufoque. Ce trio va pouvoir résoudre une intrigue assez touffue mais qui se lit facilement. Admettant volontiers l’influence d’Agatha Christie, le romancier multiplie les suspects, les fausses pistes, les retournements de situation, etc. Finalement, l’héroïne explique, longuement, comment / par qui / pourquoi le meurtre a été commis.

Avec ses 340 pages, le roman peut toutefois sembler un poil trop long : le dernier tiers verse plus volontiers dans le comique de situation au détriment de l’humour plus subtil et british des précédents chapitres. Un petit bémol mais l’ensemble reste suffisamment frais et divertissant pour assurer un bon moment de lecture. Si la recette n’est pas encore parfaitement maîtrisée nul doute que la suite, annoncée pour 2023, saura corriger les quelques défauts de cette première livraison. Un pur roman détente qui s’appréciera tout autant sur la plage que dans un fauteuil par une soirée d’hiver.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Cosy Mystery, #Humour, #Policier, #Whodunit

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Publié le 5 Juin 2022

SABOTAGE AUX 24 HEURES DU MANS de Martin Méroy

Le journaliste et romancier français Charles Ewald adopta l’alias de Martin Méroy pour écrire de nombreux bouquins policiers dans lesquels intervient son détective fétiche…Martin Méroy. Ce-dernier raconte donc ses enquêtes à la première personne et se conforme aux conventions du détective dur-à-cuir : sens de la déduction aiguisé, facilité au coup de poing, secrétaire sexy et disponible pour le repos du guerrier, grand sens de la répartie, dragueur impénitent,…De la fin des 50’s au début des 70’s, Martin Meroy mène donc ses investigations dans la tradition du pulp. Entre le policier traditionnel à énigme et le polar burné, ces petits romans s’avèrent souvent très plaisants, utilisant des énigmes et des whodunit travaillés fréquemment assortis de crimes impossibles ou de meurtres en chambre close. Ici, pas de ça. Il faut dire que nous sommes plutôt dans un lieu ouvert, à l’opposé des lieux clos chers aux romans policiers. Ce qui n’empêche pas le récit de multiplier les rebondissements et les sous-intrigues, lesquelles seront résolues par un privé qui utilise autant ses poings que ses petites cellules grises.

Comme le titre l’indique, Méroy se retrouve aux 24heures du Mans. Il doit y démêler une intrigue tortueuse à souhait : meurtre, vol de voiture, sabotage, coups fourrés en tous genre,…Le lecteur s’y perd mais s’amuse, sachant qu’il est vain de vouloir rivaliser avec le détective.  

L’humour est également de la partie, tout comme le côté sixties plaisant. D’ailleurs Méroy écarte immédiatement toutes les femmes de sa liste de suspects : impossible que l’une d’elles soit coupables puisqu’il faut un minimum de connaissance en mécanique.

Plaisant et léger, ce petit polar avance aussi vite qu’une formule 1 lancée sur le circuit du Mans et n’a d’autre ambition que de divertir le lecteur pendant une soirée. Réussi !  

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Policier, #Polar, #Whodunit, #Roman de gare

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