Publié le 15 Décembre 2017

LE SOUS-MARIN DE LA DERNIERE CHANCE de Patrick Robinson

Patrick Robinson se lance, à la fin des années ’90, sur le marché du techno thriller maritime et militariste, suivant ainsi les pas de Tom Clancy, Michael DiMercurio ou Clive Cussler. Après NIMITZ en 1997 voici donc la deuxième aventure de l’Amiral Morgan. Nous sommes, comme avec les auteurs précités, dans une sorte d’univers alternatif, une histoire parallèle située dans un très proche futur, ce qui permet évidemment de s’affranchir d’un complet réalisme pour embrasser une anticipation spéculative basée sur le principe du « et si on disait que ».

Et que dit on cette fois ? L’auteur imagine l’acquisition, par la Chine, d’une dizaine de sous-marins de classe « Kilo », de petits engins quelque peu déclassés mais cependant silencieux et capables, à eux seuls, de « tenir » la mer aux environs de Taiwan et, par conséquent, de renverser l’équilibre des forces dans cette partie du monde. Les Américains décident donc de couler les « Kilo » en se disant que personne n’y trouvera rien à redire et que détruire sans la moindre provocation ni raison deux poignées de navires chinois ne provoquera aucune répercussion. Bien sûr, comme Robinson, quoique britannique, salue la bannière étoilée matin et soir ce plan hautement peu crédible fonctionne…Comme il s’agit d’une « opération noire » chacun regarde ailleurs et fait semblant de ne pas voir à quel point les actes américains constituent une déclaration de guerre qui, dans la réalité, pourrait tout droit mener à un affrontement mondial entre la Russie, les USA et la Chine. Mais les Chinois sont surtout, on le sait, préoccupé de ne pas perdre la face donc ils laissent couler (au propre comme au figuré).

En dépit d’une intrigue peu vraisemblable, LE SOUS MARIN DE LA DERNIERE CHANCE se veut précis au point de vue technique et militaire. L’auteur, d’abord journaliste sportif, trouve sa voie en rédigeant une biographie de Sandy Woodward, chef de guerre anglais lors du conflit des Malouines. Patrick Robinson plonge alors (hum !) dans le thriller militariste : il rédige une quinzaine de romans maritimes (la moitié ont été traduits) et d’autres récits guerriers, notamment LE SURVIVANT qui donne au cinéma « Du sang et des larmes » de Peter Berg.

Avec LE SOUS MARIN DE LA DERNIERE CHANCE, le lecteur n’échappe pas au jargon technique et au blabla, lequel parasite quelque peu l’action sans que cela soit réellement problématique. Les moins férus de tactiques militaires pourront se contenter de survoler certains passages rébarbatifs pour se concentrer sur l’action et l’aventure. Malheureusement celle-ci est incroyablement verbeuse. Alors que le roman débute de manière agréable la suite s’enlise rapidement en dépit des commentaires élogieux de Sandy Woodward, lequel affirme que le livre « se lit d’une traite » et qu’il est à la fois clair, documenté et passionnant.

On peut ne pas être d’accord. Certes, à la manière d’un James Bond, le romancier nous emmène sur le vaste monde, de Washington à la Russie en passant par la Chine ou le cercle polaire. Certes quelques passages surnagent et réactivent l’intérêt défaillant du lecteur. Mais que de longueurs, que de situations étirées au-delà des limites acceptables, que de palabres entre personnages caricaturaux et inintéressants. Le tout pourrait néanmoins divertir à la manière d’un blockbuster des années 80 (dans le genre des production Cannon) si Robinson se souciait davantage de divertir au lieu d’engluer son intrigue au rythme léthargique. Et puis plus de cinq cent pages est-ce bien raisonnable ? La moitié aurait sans doute suffit. L’honnêteté me pousse d’ailleurs à dire qu’après avoir péniblement lu 250 pages le bouquin m’est littéralement tombé des mains. Soporifique !

Si l’idée de base semblait prometteuse et la perspective d’un techno thriller maritime avait suffi à motiver l’achat je crains que Robinson ne rejoigne DiMercurio sur ma liste des auteurs imbuvables. Rendez-moi Cussler !

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #anticipation, #Technothriller

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Publié le 13 Décembre 2017

LA MORT DE JEZABEL de Christianna Brand

Très célèbre (et célébré) dans les pays anglo-saxons, LA MORT DE JEZABEL se retrouve régulièrement dans les tops consacrés aux meilleurs crimes impossibles et autres chambres closes. Pourtant, quoique fort plaisant, le livre ne réitère pas la réussite totale de NARCOSE, la précédente enquête de l’inspecteur Cockrill. Cela reste néanmoins un livre amusant (le ton se veut léger et frôle parfois la parodie), bien mené et dont la construction se montre ingénieuse.

L’intrigue, évidemment, est complexe à souhait : une représentation théâtrale est organisée, reconstitution spectaculaire d’événements historiques anglais au cours de laquelle une jeune femme, Isabel Drew, meurt à la suite d’une chute depuis le décor d’une tour médiévale. Sur scène se trouve à ce moment onze chevaliers en armures montés sur leurs chevaux. Il apparait rapidement qu’il ne s’agit pas d’un accident mais d’un crime puisqu’Isabel – surnommée Jezabel en raison de ses mœurs légères – a été étranglée. Mais, pourtant, le meurtre semble impossible : la porte menant à la tour est verrouillée et gardée tandis que les suspects – les chevaliers – étaient constamment à la vue du public. L’inspecteur Cockrill, accompagné de son collègue Charlesworth, vont mener l’enquête, ponctuée de références humoristiques à de précédents romans de Brand (Charlesworth ne manque pas de rappeler à Cockrill à quel point il a été confus lors de « cette affaire dans un hôpital du Kent »).

L’humour surgit ainsi régulièrement lors des échanges entre nos deux représentant de la loi, l’un accusant l’autre de « parler et d’agir comme dans un roman policier ». Cockrill précise aussi que les romanciers ne connaissent rien aux véritables méthodes procédurales. Mais son collègue lui rétorque, en une véritable attaque contre les adeptes du vérisme absolu, qu’il est heureux que les écrivains ne se conforment pas entièrement à la réalité : « ce serait si ennuyeux s’ils le faisaient, leur boulot c’est de divertir » et non pas de se préoccuper de ce qui est possible, de ce qui est arrivé ou de ce qui aurait pu arriver. Bref, un roman policier doit être « amusant à lire et non pas aussi assommant qu’un traité juridique ».  

La suite de LA MORT DE JEZABEL va tenter de démêler cet impossible crime avant un inévitable second meurtre dont la victime est découverte décapitée. Pratiquement une routine pour Cockrill qui avait débuté sa carrière dans le très plaisant VOUS PERDEZ LA TÊTE. L’inspecteur aura fort à faire pour démêler le vrai du faux lorsque les divers suspects, pour diverses raisons, se mettront à s’accuser du meurtre entre deux reconstitutions des événements. Ce qui permet à Christianna Brand de s’attaquer aux clichés coutumiers du whodunit de l’âge d’or : un personnage tente ainsi de prouver qu’une jeune femme est en réalité un homme et qu’il s’agit du jumeau perdu de vue d’une des victimes. L’auteur imagine donc de nombreuses solutions ingénieuses (par exemple une collusion entre plusieurs meurtriers afin de se débarrasser de leurs ennemis en se conférant mutuellement un alibi à la manière de L’INCONNU DU NORD EXPRESS).

En proposant des personnages bien typés et en saupoudrant son intrigue d’un humour constant, Brand nous offre une belle réussite du policier sans doute amoindrie par une traduction un peu lourde qui empêche de vraiment s’impliquer dans le récit. Il est aussi quelque peu agaçant de voir chaque protagoniste affublé d’un surnom quelque peu ridicule (Maman Chérie, Vieux Galant, Brian Deux Fois, etc) ce qui nuit à la fluidité de l’histoire.

Quoiqu’il en soit, en dépit de ces bémols, LA MORT DE JEZABEL demeure un classique du crime impossible et un whodunit (assorti d’un howdunit) particulièrement retors et complexe qui se lit avec beaucoup de plaisir. Conseillé !

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Publié le 11 Décembre 2017

TYRANN (POUSSIERE D'ETOILES) d'Isaac Asimov

Ce juvénile  d’Asimov, écrit en 1951, s’inscrit dans sa saga de l’Empire galactique qui précède l’accession au pouvoir de Trantor. Nous sommes donc dans l’univers de FONDATION mais bien plus tôt sur la même ligne temporelle. TYRANN conte le combat mené par un jeune homme, Biron Farrill, contre la dictature des Tyraani, après que son père, un de leur célèbre opposant, ait été assassiné. Biron va quitter la Terre en compagnie d’Artémisia et de son maître et ami Sander Jonti pour partir à la recherche d’un mythique monde rebelle.

Honnête space-opera qu’Asimov ne portait guère dans son cœur (il le considérait même comme son plus mauvais roman), TYRANN déroule une intrigue mêlant espionnage, science-fiction et machinations politiques. Le tout se montre joliment rythmé, plein de mécaniques futuristes aujourd’hui un brin datées et appartenant complètement à la SF « pulp «  (de redoutables bombes à radiations, etc.). Le moteur du récit réside dans la recherche d’un monde rebelle (qui existe ou pas, c’est une des questions posées à laquelle le lecteur n’aura la réponse – ingénieuse – que dans les dernières lignes) et dans un document censé pouvoir combattre la tyrannie. On devine un peu vite de quoi parle Asimov (non, ce n’est pas le livre d’Elie !), et cette sous-intrigue quelque peu boiteuse, voulue par H.L. Gold, le rédacteur en chef de Galaxie, constitue une des faiblesses d’un roman qui aurait gagné à se passer de ces digressions sans grand intérêt.

Présentant quelques personnages plutôt bien brossés et attachants pris dans le torrent de  l’Histoire, Asimov livre une sorte de « roman de cape et d’épée » futuriste, aux rebondissements nombreux et à l’action prenante, sans doute une conséquence de la publication en feuilleton qui obligeait l’auteur à maintenir l’attention par des procédés sans doute éculés (attentat manqué contre le héros, fuite, révélations successives, identité surprenante du « traitre », etc.) mais toujours efficaces.

Œuvre sympathique et enlevée évitant assez habilement le manichéisme (malgré leur nom évocateur les Tyrannis ne sont pas des monstres et les motivations de leurs opposants ne sont pas toujours nobles), TYRANN ne peut prétendre intégrer le panthéon d’Asimov, dominé (écrasé ?) par les cycles de FONDATION et des ROBOTS mais il n’en reste pas moins un roman tout à fait plaisant. Car, ne l’oublions pas, un Asimov mineur vaut souvent plus qu’un (insérer ici un romancier pris au hasard) majeur.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #science-fiction, #Golden Age, #Isaac Asimov, #Space Opera

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Publié le 8 Décembre 2017

MASSACRES D’OUTRE TOMBE de Gary Brandner

Publié dans l’éphémère collection « Maniac » qui entendait occuper le terrain aux côtés de « Gore », ce roman fantastique est signé Gary Brandner, surtout connu des amateurs pour sa trilogie HURLEMENTS publiée chez Gore (et qui donna naissance à huit films d’intérêt…divers).

Pourtant, au-delà de cette saga consacrée aux lycanthropes, Brander (1930 – 2013) écrivit une bonne vingtaine de romans d’épouvante tel ce MASSACRES D’OUTRE TOMBE de bonne tenue et très professionnellement rédigé.

L’intrigue débute par la noyade, lors d’une fête, d’une jeune femme, Joanna Raitt. Celle-ci, considérée comme « morte » durant quelques instants est cependant sauvée par son petit copain Glen et se détourne du « tunnel de lumière » avant de réintègrer le monde des vivants. Suite à divers événements surnaturels, Joanna demande conseil auprès d’un medium charlatan, Peter Landau (lequel rappelle – sans doute un peu trop - le Harry Erskine des premiers bouquins de Graham Masterton). Peu après, une femme tente de la tuer avant de s’écrouler. Une mort apparemment naturelle. Pourtant, l’autopsie confirme l’incroyable soupçon de Joanna : son assaillante était déjà décédée lorsqu’elle l’a agressée. Peu à peu la vérité se dessine : il semble, en effet, que les défunts veuillent ramener la jeune femme dans l’au-delà avant la prochaine Saint-Jean. Joanna se voit, dès lors, confrontée à des morts vivants vindicatifs…

Adapté à la télévision sous le titre « Retour de l’au-delà », MASSACRES D’OUTRE TOMBE s’avère un petit bouquin à l’intrigue très resserrée (l’édition française compte 150 pages, contre 220 pour l’originale) qui anticipe quelque peu sur « Destination finale ». Une jeune femme ayant « trompé » la mort se voit ainsi poursuivie par des créatures zombifiées agressives. Pour s’en sortir, elle devra leur échapper à quatre reprises, une petite astuce pas vraiment expliquée (qu’importe, nous sommes ici dans le fantastique !) qui permet à l’écrivain de rythmer son récit, ponctué par ces quatre agressions surnaturelles. L’échéance de la Saint-Jean offre également une sorte de compte à rebours mortel susceptible d’accroitre le suspense tout en réservant une échappatoire à l’héroïne : si elle dépasse la date fatidique, elle survivra.

Brandner ne traine donc guère en route, proposant un récit alerte et rondement mené qui s’accélère dans son troisième acte pour foncer vers un final divertissant à souhait (quoique légèrement prévisible). Le bouquin ménage également quelques passages gentiment gore (moins que dans la collection homonyme cependant) et l’une ou l’autre scènes d’angoisse bien menées.

Bref, pour ceux qui cherchent un bon roman fantastico-horrifique à l’intrigue originale et solide, MASSACRES D’OUTRE TOMBE constitue un candidat tout à fait estimable. Cette lecture aussi rapide que distrayante remplit parfaitement son contrat : trois heures de délicieux frissons.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Horreur, #Gore

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Publié le 6 Décembre 2017

HURLEMENTS 2 de Gary Brandner

Suite au succès du roman HURLEMENTS en 1977, Gary Brandner en propose une séquelle dès 1979 (peu avant la sortie de l’adaptation cinématographique du premier volet par Joe Dante) avec cet HURLEMENTS 2 se voulant une continuation de l’histoire précédemment contée. A noter d’ailleurs que le livre n’entretient aucun lien avec le film « Hurlements 2 » de 1985 (qui a dit « tant mieux » ?).

Nous retrouvons Karyn Beatty trois ans après les tragiques événements survenus dans le village de Drago. La jeune femme s’est remarié avec David Richter et vit avec celui-ci et son fils Joey à Seattle. Elle voit un psychothérapeute pour qui, bien sûr, les loups-garous de Drago n’ont jamais existé. Pourtant, après la mort de la gouvernante de la maison, Karyn se persuade que son ex-mari, Roy, et sa compagne Marcia ont survécus à l’incendie de Drago. La seule personne capable de croire Karyn demeure son ami et ancien amant Chris Halloran puisque celui-ci a assisté aux attaques des lycanthropes. Karyn le retrouve à Mexico aux côtés de sa nouvelle copine, la très jalouse Audrey. Mais Roy et Marcia sont également dans les parages…

HURLEMENTS 2 constitue une suite plaisante au premier opus : Brandner en reprend les principaux protagonistes et continue l’intrigue au lieu de se contenter d’en offrir un simple remake. Toutefois, les personnages ne sont pas toujours très développés. Quoique Karyn ait réussi à reconstruire sa vie après les événements de Drago, elle quitte rapidement son époux et son beau-fils pour retourner auprès de Chris, reproduisant le schéma de « demoiselle en détresse » du premier volet. Karyn semble guidée par la peur et ne peut imaginer qu’une seule manière d’agir : se précipiter dans les bras de Chris pour que ce-dernier la protège. N’a-t-elle plus une seule balle d’argent en réserve ? Ne serait-il pas moins risqué de rester auprès de son mari armée d’un révolver et de frapper les loups-garous lorsque ceux-ci se manifestent plutôt que fuir à l’autre bout du monde ? Roy, de son côté, se montre plus partagé : il aimerait laisser en paix son ancienne femme mais il reste totalement dominé par une Marcia plus sexualisée que jamais quoiqu’elle ne puisse plus se transformer en louve.

Bien sûr, contrairement au tome 1, ce roman ne peut plus créer d’atmosphère mystérieuse ni dévoiler peu à peu la vérité sur les agissements des habitants de Drago. L’intrigue, nettement plus simple et linéaire, s’attache donc aux pas de l’héroïne traquée par les deux loups-garous survivants et revanchards.

Largement en deçà de HURLEMENTS, cette nouvelle aventure demeure globalement satisfaisante, enchainant les passages d’action, les scènes légèrement sexy et les attaques des hommes loups (peu portées sur le gore en dépit de l’intitulé de la collection) sur un rythme haletant. L’édition originale faisant 284 pages, cette version raccourcie à 150 pages pour satisfaire aux critères de « Gore » a sans doute grandement gagné en efficacité et se lit donc avec plaisir. Un sympathique petit bouquin pour les amateurs d’horreur lycanthropique.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Horreur, #Gore

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Publié le 5 Décembre 2017

THE SIXTH GUN TOME 1: DE MES DOIGTS MORTS de Cullen Bunn et Brian Hurtt
THE SIXTH GUN TOME 1: DE MES DOIGTS MORTS de Cullen Bunn et Brian Hurtt

Récit en 50 épisodes, THE SIXTH GUN se déroule dans un univers « western » fantastique, dans une réalité alternative située peu après la fin de la Guerre de Sécession. Un pistolero, Drake Sinclair, cherche à rassembler six révolvers aux pouvoirs magiques. Ces armes ont existés de tout temps, quoique sous des formes différentes. Elles exercent un attrait irrépressible sur le Général Hume, un militaire zombifié qui a légué quatre des armes à ses « cavaliers de l’apocalypse », et son épouse, laquelle possède l’un des six révolvers, celui qui confère l’immortalité.

Drake porte secours à une jeune femme, Betty Montcrief, en possession de la sixième arme, hérité de son père adoptif, un pasteur récemment abattu par les hommes de Hume. Le révolver de Betty lui permet d’entrevoir l’avenir et la jeune femme décide de se rendre vers un fort mystérieux surnommé le Maw. Accompagnée par Drake et quelques autres, Betty y apprend la véritable nature des six révolvers.

THE SIXTH GUN TOME 1: DE MES DOIGTS MORTS de Cullen Bunn et Brian Hurtt

THE SIXTH GUN constitue une excellente bande dessinée qui mélange adroitement western, fantasy et horreur en assumant complètement ses côtés « pulp ».  Nous sommes dans un univers riche, avec comme fil conducteur la quête de six artefacts maléfiques aux pouvoirs redoutables (ramener les morts à la vie, cracher une maladie mortelle, tirer avec la puissance d’un canon, etc.) et des personnages intéressants. La troupe disparate est menée par Drake Sinclair : ambigu, comme tout bon pistolero de l’Ouest, cet anti-héros en quête d’argent ou de rédemption (la suite nous éclairera sur ses motivations) appartenait jadis à la bande de Hume. Au terme de divers péripéties, le rapport de force s’inverse et Drake entre en possession de quatre des six révolvers bien qu’il n’ait guère envie de s’encombrer d’un tel fardeau. Betty, elle non plus, ne se montre pas enchantée à l’idée de garder son arme. Toutefois, tel Frodon et son Anneau, la jeune femme devra le garder hors de portée des forces ténébreuses qui souhaitent s’en emparer.

THE SIXTH GUN TOME 1: DE MES DOIGTS MORTS de Cullen Bunn et Brian Hurtt

Le récit est alerte, fort rythmé, et ne perd pas de temps en route : plutôt qu’une longue présentation, l’auteur nous plonge directement au cœur de l’action . Il parsème l’intrigue de flashbacks ou d’explications, toujours brèves, qui ne ralentissent pas le déroulement de l’histoire mais approfondissent les relations entre les différents personnages. Quoique de nombreuses questions restent sans réponses, le récit se termine sur une conclusion provisoire mais satisfaisante qui boucle efficacement ce premier arc narratif de qualité.  

Le dessin, pour sa part, se montre classique, efficacement classique même, proche de l’école européenne dans le découpage, assez sobre, et la caractérisation des personnages, bien typés.

Une bande dessinée enthousiasmante qui supporte très bien la relecture. Hautement conseillé !

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Aventures, #Comic Book, #Horreur, #Western

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Publié le 4 Décembre 2017

MIRAGE de Clive Cussler & Jack Du Brul

Clive Cussler, né en 1931, écrit depuis 50 ans (son premier roman publié fut MAYDAY ! quoique le premier écrit soit VORTEX). Par la suite, il poursuivit les aventures de son héros récurent, Dirk Pitt, avec ICEBERG et RENFLOUEZ LE TITANIC (adapté de manière assez médiocre à l’écran sous le titre « La Guerre des abîmes »). La saga, toujours en cours, compte à présent 24 livres dont les derniers furent co-écrits par son fils, Dirk Cussler.

Depuis le début des années 2000, Cussler a également multiplié les collaborations, inscrivant la plupart de ses récits dans un « univers partagé » plus vaste : il lance ainsi « les dossiers de la NUMA », « Oregon », « Fargo », « Isaac Bell »,…Difficile d’estimer ce qui est véritablement écrit par Cussler dans ces séries aux « co-auteurs » (nègres ?) interchangeables comme Craig Dirgo, Paul Kempos, Jack Du Brul, Boyd Morrison, Paul Garrison, etc.

En tout cas, Cussler occupe adroitement l’espace médiatique puisque trois ou quatre romans sortent chaque année, l’auteur étant devenu une marque à la manière de Tom Clancy ou Robert Ludlum. Tout comme ces derniers, il est probable que même la mort ne puisse empêcher la sortie, pour encore de nombreuses années, de nouveaux romans « signés » Clive Cussler.

MIRAGE appartient à la saga de l’Oregon, dont il constitue le neuvième épisode, et conte les aventures de Juan Cabrillo, président de l’organisation « Corporation » et capitaine d’un navire ultra sophistiqué, l’Oregon, camouflé en vieux rafiot. Cabrillo, qui possède une jambe artificielle truffée d’armes et de gadgets, intervient en tant que mercenaire pour sauvegarder la paix mondiale. L’Oregon et son équipage apparurent pour la première fois dans RAZ DE MAREE (de la série « Dirk Pitt ») mais possèdent à présent une « existence » propre quoique les romans ne perdent jamais une occasion d’effectuer quelques clins  d’œil à Pitt, la Numa ou d’autres protagonistes de Cussler.

MIRAGE se réfère à la légendaire expérience de Philadelphie, laquelle visé à rendre invisible un navire, le USS Eldridge, mais aurait abouti à sa téléportation avec des conséquences désastreuses pour la santé physique et mentale des marins. Le roman reprend certains éléments fréquemment associés à cette « théorie du complot », notamment l’utilisation d’une invention inconnue du fameux Nikola Tesla, devenu, dans la culture populaire, synonyme de génie incompris ayant mis au point la téléportation, la réplication de la matière, les rayons de la mort, etc.

A la manière d’un James Bond, MIRAGE débute par un « prégénérique », une longue scène qui voit Cabrillo s’infiltrer dans une prison sibérienne afin de libérer son ami Borodin, emprisonné par le dangereux Pytor Kenin. Au cours de l’opération, Borodin meurt et ses dernières paroles lancent Cabrillo sur les traces d’un mystère maritime de plus d’un siècle et d’un bateau inventé par Nikola Tesla. Après avoir récupéré une colossale fortune, l’équipage de l’Oregon tente d’empêcher une nouvelle guerre sino-japonaise et de détruire des navires furtifs menaçant la paix mondiale.  

« En matière de technologie ce qui était impossible hier sera sur le marché demain. Ton téléphone mobile a plus de capacités de calcul que l’atterrisseur qui a permis à l’homme de poser le pied sur la lune ». Voilà qui donne le ton d’un roman que l’on pourrait facilement qualifier d’invraisemblable ou de délirant. La principale qualité de MIRAGE réside dans l’incorporation, au sein du récit, des théories complotistes concernant Tesla et, en particulier, de la célèbre « expérience de Philadelphie » (qui donna lieu à un très plaisant long-métrage en 1984). Toutefois, certaines sous-intrigues semblent plaquées sur l’histoire principale afin d’allonger la sauce. Ainsi la récupération d’une fortune dans le « container » - quoique divertissante - parait n’avoir aucune relation avec le récit et aurait pu servir de base à un tout autre bouquin. Cependant, ce défaut mineur n’entame pas la réussite de MIRAGE qui demeure un « page tuner » efficace dans la tradition de Cussler : un mélange d’aventures maritime, d’action et d’espionnage saupoudré d’une touche de science-fiction (ou d’anticipation). Si l’ensemble s’avère linéaire et quelque peu prévisible, ce roman reste un bon cru hautement distrayant qui maintient l’attention du lecteur durant plus de 400 pages bien tassées.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Thriller, #anticipation, #Technothriller, #Clive Cussler

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Publié le 1 Décembre 2017

FETES DE FIN DAMNES de Gilles Soledad

Cette livraison de la Brigandine est signée Gilles Soledad, pseudonyme qui dissimule le scénariste de bandes dessinées Frank (Reichert), auteur d’une vingtaine de titres érotiques chez la Brigandine. L’idée de base reprend le chaos consécutif à la grande panne d’électricité ayant frappé New York en 1977. Soledad transpose cela à Paris et transforme cette commande érotique en récit sombre, proche de l’anticipation et curieusement prémonitoire de la problématique des banlieues et des futures émeutes. Il démontre, pour ceux qui en douteraient, la fragilité de la civilisation et il suffit, en effet, de bien peu (ici un black out durant une nuit) pour voir son vernis se lézarder.

Dans une obscurité complice, les hordes barbares déferlent sur la capitale tandis que les forces de l’ordre se révèlent impuissantes à juguler l’anarchie. Les voyous, pilleurs, incendiaires, casseurs, violeurs et autres tueurs de flics se sentent pousser les ailes de l’impunité, au moins pour quelques heures. On croise ainsi une jeune femme décidée à faire la peau d’un ancien ministre, un voleur surnommé Bras Cassé, deux petites frappes minables prises par la folie du massacre et quelques flics débordés, le tout dans une ambiance de fin du monde, lors d’un réveillon de Noël sanglant.

Bref, on est loin du bouquin porno de consommation courante ou du gnan gnan gentillet à la « After cinquante nuances de beautifull crossfire truc machin ». Pas vraiment d’érotisme « classique » dans ce récit où tout se base sur des rapports de force : l’auteur délaisse donc le côté sexy coutumier pour une violence brutale et plusieurs scènes de viol forcément bien complaisantes. Miam !

Cru, rageur, énergique (l’écriture – qui use et abuse d’un argot aujourd’hui déjà daté mais plaisant – s’avère efficace et la narration maîtrisée), ces FETES DE FIN DAMNES constituent une bonne surprise et un « polar de cul » rentre dedans (c’est le cas de le dire !) tout à fait convaincant et plutôt réjouissant.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Policier, #anticipation, #Erotique, #Polar, #Roman de gare

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Publié le 29 Novembre 2017

BOB MORANE - LES SEMEURS DE FOUDRE d'Henri Vernes

Datant du tout début des sixties voici un « Bob Morane » complètement dédié à l’aventure et au dépaysement, le tout saupoudré d’une touche de science-fiction bienvenue. La recette magique de cette époque où l’imagination emporter le lecteur pour deux ou trois heures de complet divertissement.

Bob, Bill et le professeur Clairembart partent en expédition, à la recherche d’une ancienne cité perdue, dans les Monts Madidi, au-delà des redoutables Murailles Rouges. Pourtant, à Puerto dos Tigres, personne ne veut venir en aide à nos aventuriers. Tous tentent de les dissuader de se rendre dans cette région inhospitalière, hantée par de redoutables Indiens que l’on surnomme Los enemigos del Christiano. Après avoir échappé à une tentative de meurtre commises par deux indigènes de la tribu des Yorongas, Bill et Bob se rendent compte que ceux-ci ont la langue coupée afin de ne pouvoir trahir leur commanditaire. Aidé par un guide, Manca, les aventuriers décident toutefois de se rendre dans les Montagnes Rouges afin d’en percer le secret.

LES SEMEURS DE FOUDRE est un roman touffu, riche, qui brasse quantité de lieux communs de l’Aventure pour aboutir à une décoction toujours enthousiasmante : des passages secrets activés par la mélodie d’une flute, des Indiens fanatisés à la langue coupée, d’anciens Nazis décidés à conquérir le monde, une terrifiante arme secrète, une cité perdue,…

En 150 pages, Henri Vernes n’a pas de temps à perdre, il doit accrocher le lecteur et ne plus le lâcher. C’est finalement peut-être préférable à ces épais techno thrillers modernes qui usent de scénarios similaires mais étalés sur le triple de pages en se prenant terriblement au sérieux. Ici, pas de longues descriptions, juste quelques phrases bien choisies qui créent l’ambiance ou brossent un protagoniste. L’action reste privilégiée et les rebondissements nombreux quoique la trame générale demeure prévisible et que l’issue ne fasse aucun doute.

Pour les amateurs de Bob Morane, LES SEMEURS DE FOUDRE constitue sans nul doute un divertissement efficace à lire ou à relire.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #science-fiction, #Aventures, #Jeunesse, #Bob Morane

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Publié le 27 Novembre 2017

AHRIMAN de Gwenn Aël

Voici un thriller ésotérique fantastico-horrifique de bonne tenue qui s’inscrit dans la tradition du cinéma d’épouvante « religieux » des seventies (on pense par exemple au formidable « La malédiction ») ainsi que dans la lignée des romanciers modernes mêlant ésotérisme, tueur en série, enquête tortueuse, etc. Cette « nébuleuse » comprend, en France, des auteurs comme Giacometti / Ravenne, Sire Cédric ou Maxime Chattam pour ne citer que les plus célèbres.

L’intrigue se déroule dans une Toulouse noyée sous un véritable déluge d’intempéries. Dans cette ambiance de fin du monde, un maçon apparemment très croyant est découvert dans une église, crucifié la tête en bas. Un enquêteur quelque peu dépassé, Eliot Benin, mène l’enquête et découvre rapidement que la victime semblait liée à des rituels sataniques. Peu après, le père Cosma est, à son tour, retrouvé démembré. Les soupçons de l’inspecteur se portent vers les sectes sataniques dont on a observé une recrudescence dans le midi de la France depuis la fin du XXème siècle…

Le style s’avère efficace, privilégiant le plaisir de lecture aux tournures alambiquées : Gwenn Ael se situe dans la continuité des auteurs qui considère le « page turning » comme une obligation afin de maintenir un rythme soutenu. Et, en dépit de quelques longueurs (conséquentes de la somme importante d’informations distillées), l’écrivaine normande parvient à son but : garder l’attention du lecteur sur plusieurs centaines de pages et lui donner envie de lire le prochain chapitre afin, peut-être, d’obtenir les réponses aux nombreuses questions posées par le récit.

Comme souvent dans ce genre de récit, la romancière de montre également didactique et reprend la fameuse affaire de l’abbé Saumière, curé de Rennes-le-château ayant acquis une immense fortune. Des dizaines d’œuvres de fiction (mais aussi de démystifications) furent consacrées à cette histoire, laquelle assura la notoriété de la petite commune du Limousin auprès des amateurs d’occultisme. Pour certains, l’abbé Saumière aurait découvert le trésor des templiers, pour d’autres il aurait conclu un pacte avec le Malin…quoiqu’il en soit, voici du « matériel » très intéressant pour un polar fantastique, tout comme la recrudescence du satanisme et le légendaire grimoire d’Ahriman qui aurait été écrit en 1424 à Milan avant de traverser les époques et de sombrer, avec le Titanic, en 1912.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Horreur, #Thriller, #Esotérique

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