Publié le 22 Février 2019

DAGON de Howard Philip Lovecraft

Comme souvent signalé, DAGON constitue un assemblage de contes disparates, de longueurs variables et d’intérêt divers. Ce sont, pour la plupart, des textes mineurs à réservé aux inconditionnels de l’écrivain. Le recueil commence pourtant très bien par l’évocateur « Dagon » qui nous conduit sur la piste des mythes ancestraux et des anciens dieux. « Herbert West, ré-animateur », lui succède. Il s’agit d’une novella épisodique, constituée de six chapitres, qui conte l’existence d’un étudiant en médecine désireux de ramener les morts à la vie. Ce long récit, que HPL considérait comme « alimentaire » souffre de nombreuses redondances d’un chapitre à l’autre. L’écrivain n’appréciait guère le principe de ces chapitres « à chute » et ne s’intéressait qu’à l’argent que lui procurait cet hommage à Mary Shelley. Néanmoins, le récit parvient à maintenir l’intérêt et reste plaisant quoique l’on se souviendra davantage des adaptations cinématographiques signées Stuart Gordon et Brian Yuzna.

Au niveau des récits adaptés on pointera également le court mais efficace « De l’au-delà » devenu le très réussi et gluant « From Beyond ». Le plaisant « Le clergyman maudit » s’apparente plus à une tranche d’ambiance qu’à une réelle nouvelle à la narration construite mais son pouvoir d’évocation fonctionne. On conseille, là aussi, le sketch avec Jeffrey Combs et Barbara Crampton disponible dans l’anthologie « Pulse Pounders » longtemps considérée comme perdue et miraculeusement retrouvée voici quelques années.  Autre nouvelle intéressante, « Horreur à Red Hook » traite de sacrifice d’enfants et de cultes innommables. Elle fut inspirée par le mal-être de Lovecraft dans ce quartier populaire peuplé d’étrangers.

 

Au rayon des curiosités on pointe « Dans les murailles d’Eryx », rare exemple de pure science-fiction écrite en collaboration avec Kenneth Sterling au sujet de la colonisation de Venus. « Prisonnier des pharaons », pour sa part, a été écrit avec le célèbre magicien Houdini mais ne s’élève pas au-dessus de la curiosité sympathique.

Le reste des textes, disparates, alterne récits très courts, poésies et nouvelles oniriques et descriptives à l’intrigue minimaliste. On peut facilement les considérer comme des fonds de tiroirs ou des ébauches de thèmes traités dans d’autres histoires plus maitrisées. Les admirateurs ou complétistes de l’écrivain seront néanmoins ravis d’y avoir accès (la plupart de ces récits dit « oniriques » furent par la suite rassemblés dans un autre recueil, LES CONTREES DU RÊVE). A noter également, car les publications françaises de Lovecraft furent longtemps une véritable jungle, que huit récits de DAGON se retrouvèrent au sommaire d’un petit « Librio » pas cher sous l’intitulé LES AUTRES DIEUX. Aujourd’hui, les plus fortunés et les plus inconditionnels se tourneront plus volontiers vers l’intégrale (en trois gros volumes) consacrée à Lovecraft mais ces petits recueils (qui connurent moult éditions) gardent leur charme. Quoiqu’il en ce DAGON est loin d’un incontournable de l’écrivain et le lecteur occasionnel ferait bien de n’y picorer que l’un ou l’autre récit ou opter pour les textes les plus célèbres d’HPL sous peine de rester dubitatif.

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Publié le 20 Février 2019

LA MORT DU TEMPS d'Aurélie Wellenstein

Avec ce roman, Aurélie Wellenstein ne perd guère de temps puisqu’elle nous plonge directement au cœur du récit. Nous sommes en compagnie de Callista, une adolescente qui émerge d’un long coma consécutif à un accident de voiture. A son réveil, le monde a changé, quelque chose s’est produit et le temps s’en trouve déréglé. Le lecteur, désorienté, se retrouve ainsi au cœur d’une apocalypse causée par un phénomène inconnu surnommé le « flash ». Cette sorte d’énergie destructrice nait à Paris et s’étend, tel une ondulation dans une mare. Le « flash » avance en ravageant la France, renvoyant à néant tout ce qu’il « touche ». Dès lors que faire si ce n’est avancer pour tenter de mettre la plus grande distance possible avec ce « flash » ? Mais ce n’est pas tout car le temps semble brisé, le continuum s’est fracassé et des portions d’hier voisinent avec notre époque. Des villes se transforment en monuments biscornus où s’entassent différentes époques et des ptérodactyles rodent autour de Notre Dame. Pour aggraver la situation des êtres composites sont arrachés à leur temps comme Roland, ce chevalier moyenâgeux ayant fusionné avec sa monture pour devenir une sorte d’invraisemblable centaure. Au cours de son périple, Callista rencontre également Gascogne, un chasseur devenu mi-homme mi-loup. L’objectif de l’adolescente, avant la désintégration, reste de retrouver Emma, la jeune fille dont elle est amoureuse et avec laquelle elle a fugué voici quelque mois. Une jeune fille à présent paralysée suite à l’accident de voiture qui a laissé Callista dans le coma. Quelle peut donc être leur avenir sous la menace du « flash », que peut devenir cette relation condamnée à brève échéance ? Callista veut pourtant, à tout prix, rejoindre Emma…jusqu’à ce que la fin du monde les sépare.

Entre fantastique horrifique, « young adult », science-fiction et drame, LA MORT DU TEMPS s’impose comme une belle réussite qui tient parfaitement en haleine le lecteur durant trois cents pages. La construction, efficace, s’appuie sur les rencontres, à la façon d’un « road movie » littéraire dans lequel les protagonistes découvrent le monde dévasté par les catastrophes temporelles. Ce contexte donne lieu à des visions dantesques de temps imbriqués et rappelle certaines œuvres de Philip K. Dick (en particulier LE TEMPS DESARTICULE et UBIK) pour cette exploration « d’un univers à l’envers ». Mais la grande réussite d’Aurélie Wellenstein consiste à s’appuyer sur des personnages crédibles et attachant, en particulier son héroïne rongée par la culpabilité et Roland son chevalier mutant.

Autre point positif, la révélation finale se révèle surprenante et bien amenée. Le lecteur ne s’y attend pas et, pourtant, les indices sont semés au fil du page pour nous y préparer, ce qui la rend forcément crédible. Cette fin grandiose et quasi métaphysique achève de transformer ce roman en grande réussite appréciable non seulement par les adolescents mais également par un public plus large. Très bonne surprise de l’imaginaire francophone !

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Fantastique, #science-fiction, #Jeunesse

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Publié le 19 Février 2019

NIGHTWING REBIRTH TOME 1: PLUS FORT QUE BATMAN

Et voici le retour du « fils gris » de Gotham sous le masque de Nightwing. Supposé mort durant le crossover FOREVER EVIL, Dick Grayson jouait en réalité les agents infiltrés au sein de l’organisation Spyral. Devenu l’Agent 37 il avait effectué de nombreuses missions d’espionnage « bondienne ».

Ayant récupéré la tenue sombre de Nightwing, le héros poursuit néanmoins son travail d’agent plus ou moins secret et plus ou moins double. Cette fois, il agit en compagnie d’un nouveau personnage, Raptor que lui colle dans les pattes l’inévitable Cour des Hiboux, décidément mise à toutes les sauces depuis son introduction récente comme pièce essentielle de la mythologie de Gotham. La relation entre Nightwing et Raptor nourrit les différents épisodes : le nouveau ayant une vision plus radicale et extrémiste de la justice, Dick s’interroge sur la manière d’aborder ce partenariat imprévu. Bien évidemment, nous avons droit à des dialogues avec Batman, cette fois dans une optique plus égalitaire et loin des simagrées des débuts de Dick en tant que Robin. En filigrane, Dick renoue aussi avec Barbara « Batgirl » Gordon pour une sorte de romance platonique composée de rendez-vous manqués et de combats en duo.

NIGHTWING REBIRTH TOME 1: PLUS FORT QUE BATMAN

Graphiquement, les épisodes sont agréables, du bon mainstream bien dessinés et précis assurés par Yanick Paquette (le premier épisode) puis Javier Fernande (le reste).

Pour les allergiques au style « James Bond » de la série GRAYSON, ce rebirth sonne le retour aux sources partiels du personnage, à présent positionné entre le super-héros et l’agent secret dans des intrigues plus adultes et sérieuses que précédemment. Un début intéressant en attendant la confirmation (ou non) des qualités annoncées par cette première histoire plutôt convaincante et divertissante servie par des dessins tout à fait corrects. Plaisant et, dans l’ensemble, un rebirth très acceptable pour un Nightwing plus que jamais décidé à voler de ses propres ailes loin de la Chauve Souris.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Batman, #Comic Book, #DC, #Superhéros, #Nightwing

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Publié le 18 Février 2019

LA MORT NOIRE de Christian Vila

Après CLIP DE SANG et L’OCEAN CANNIBALE, Christian Vila revient pour son troisième et dernier « Gore ». Les deux précédents constituaient de sympathiques réussites bien qu’ils s’inscrivaient dans les schémas classiques du genre et fonctionnaient comme des hommages aux séries B horrifiques. Ce troisième roman (depuis réédité, comme les deux autres, chez ActuSF) se montre plus original et ambitieux. Il mélange fantastique, horreur rentre-dedans et, comme souvent, polar avec une vague enquête menée par Chipalon, flic précédemment croisé dans CLIP DE SANG.

Une prostituée droguée, Béa, reçoit une nouvelle drogue de la part d’Evil, une inconnue sexy mais guère fréquentable. La pastille noire lui offre un trip mémorable et sans équivalent mais la laisse aussi dans un état de souffrance et de faim insatiable qu’elle ne peut calmer qu’en absorbant l’énergie vitale d’autres personnes. Devenue une sorte de succube junkie Béa assiste à la prolifération de la drogue dans les milieux sordides.

LA MORT NOIRE est probablement le meilleur des trois « gore » signés par Vila : l’originalité du sujet, la description des milieux interlopes, les personnages bien brossés (dans les limites de ce genre de littérature), la touche d’érotisme assez poussée et les scènes sanglantes et répugnantes en pagaille en font une lecture tout à fait recommandable (et recommandée) pour les amateurs. C’est de l’horreur efficace, sans beaucoup de subtilité, mais fort appréciable et qui ne triche pas avec le lecteur dans son intention manifeste de lui en mettre plein la vue et de lui soulever l’estomac.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Gore, #Horreur

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Publié le 15 Février 2019

FIN DE RONDE de Stephen King

Après l’excellent MR MERCEDES, le second tome de la trilogie de Stephen King consacré au flic Bill Hodges (CARNETS NOIRS) avait déçu. Trop étiré, trop différent, il perdait le côté thriller surnaturel si réussi du premier volet. Pourtant, les dernières pages, prometteuses, annonçaient le retour de Brady, le fameux psychopathe adepte des voitures meurtrières surnommé Mr Mercedes. Si la tuerie date à présent de plusieurs années, elle continue d’affecter bien des infortunés ayant eu la malchance de croiser Mr Mercedes. Nous retrouvons ainsi Bill Hodges, policier à la retraite devenu détective privé en compagnie de la très bizarre Holly. Brady, pour sa part, est toujours alité à l’hôpital mais possède à présent la capacité d’investir mentalement divers gadgets, notamment de petites consoles de jeux portables. Il prend ainsi le « contrôle » d’une poignée d’individus qu’il pousse au suicide. Mais, en bon psychopathe, Brady a un plan à grande échelle…Peut-être pas la conquête du monde mais une vaste entreprise de destruction à laquelle seule Bill peut s’opposer. Un Bill à qui les médecins viennent de diagnostiquer un cancer. Un Bill en fin de ronde qui veut cependant régler ses comptes et partir en beauté.

Avec ce troisième tome, King change une fois de plus de registre et plonge dans un thriller techno geek horrifique proche de classique du cinéma comme « Patrick » ou « La grande menace ». Brady devient donc une menace grandissante auquel se confronte l’ancien flic atteint d’un cancer incurable. Bref, Bill n’a plus beaucoup de temps devant lui pour stopper le malade mental à présent doté de capacités télékinésiques. Le King a déjà abordé ce thème dans CARRIE et surtout CHARLIE mais, évidemment, les protagonistes de ces romans étaient bien plus fréquentables que l’infâme Brady.

Au final, cette FIN DE RONDE s’avère satisfaisante et certainement plus convaincante que CARNETS NOIRS. On reste néanmoins en deçà de Mr MERCEDES (sans doute un des meilleurs King du XXIème siècle) et le lecteur peut parfois ressentir un léger ennui (une fois de plus le King se permet pas mal de longueurs et de digressions pas toujours palpitantes en dépit de son talent de conteur). Tout cela est tempéré par le plaisir ressenti à retrouver cette petites « famille » dysfonctionnelle autour de Bill, en particulier Holly (qui reviendra dans le spin off THE OUTSIDER) et Jérome. Ce sont les personnages, plus que le récit en lui-même, qui fonctionnent ici et rendent la lecture de cette FIN DE RONDE constamment plaisante malgré l’une ou l’autre facilité et un scénario pas toujours très crédible. Mais qu’importe, au final, le lecteur passe un bon moment jusqu’au final où il faut bien se résoudre à dire au revoir au sympathique Bill.

Un mot sur l’adaptation télévisuelle à présent : si la première saison de « Mr Mercedes » suivait relativement fidèlement le bouquin, la deuxième saison (la série ayant fait l’impasse – on peut le comprendre – sur les CARNETS NOIRS) s’éloigne drastiquement du roman et, à mi-parcours, prend une tout autre direction pour un résultat décevant à l’intérêt très limité. Dommage.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Policier, #Thriller, #Stephen King

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Publié le 13 Février 2019

TELLUCIDAR (TOME 1) de Jean-Luc Marcastel

Lucas, jeune homme friand d’aventures sous forme de romans ou de jeux de rôles, espère le retour de son père, un géologue disparu depuis des années. Il travaillait pour une grande société, la Tellcorps, dont la découverte d’un minerai aux incroyables propriétés, le Tellurium, a révolutionné l’humanité. Un soir, Lucas reçoit un message Internet envoyé par son père. Il se rend au lieu indiqué, le stade de la ville, pour voir surgir une énorme machine venue du centre de la Terre. Lucas rencontre ainsi Koré, une jeune fille étrange qui serait la princesse d’un monde niché au cœur de notre planète. Elle est accompagnée par une créature semblable à un dinosaure et a besoin de l’aide de Lucas et de son oncle pour sauver son monde mis à mal par la Tellcorps.

TELLUCIDAR…Le titre, référentiel, évoque immédiatement Edgar Rice Burroughs et son Pellucidar, le fameux monde situé au cœur de la terre adapté à l’écran dans le sympathiquement suranné CENTRE TERRE SEPTIEME CONTINENT. Pour rester chez Burroughs, Marcastel n’oublie pas d’ajouter à son récit une bonne rasade de fantasy dans l’esprit de John Carter de Mars et une touche d’aventures exotiques à la Tarzan. Mais l’auteur ne se limite pas à rendre hommage au créateur du Seigneur des Singes, il cligne également de l’œil vers Jule Vernes et son VOYAGE AU CENTRE DE LA TERRE, sans négliger tous les précurseurs de la science-fiction, notamment les auteurs américains des pulps à la Weird Tales. Et c’est effectivement une véritable « histoire bizarre » que nous conte Marcastel, lequel prend son temps pour poser son récit, définir ses enjeux et brosser une poignée de personnages bien typés amenés à vivre de futures grandes aventures. On devine déjà les enjeux de la suite car ce premier livre, aussi réussit soit-il, se contente de lever le voile sur un univers d’une grande richesse que l’on n’a pas encore réellement exploré.

Le récit, très efficace, ne laisse aucunement le temps de souffler : Marcastel est un formidable conteur et les pages se tournent à une vitesse folle, entre rebondissements bien amenés, scènes intimistes impeccables et séquences d’action à grand spectacle.

De plus, le livre est saupoudré de références geek, de piques amusantes (notamment aux séries télé à la « Plus belle la vie ») et d’humour. L’édition est en outre enrichie de nombreuses illustrations évocatrices de grande qualité. La couverture a davantage divisé (un site bien connu de Fantasy la trouvant « rebutante »)…pour ma part elle m’a plutôt encouragé à tenter la lecture parce qu’une fille en bikini et un dinosaure ne se refuse pas.  

TELLUCIDAR constitue donc une belle réussite des littératures de l’imaginaire, entre aventure, « young adult », fantasy et « retro science-fiction ». Et le tout donne envie de rapidement se plonger dans le deuxième tome.

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Publié le 11 Février 2019

LE MYTHE DE CTHULHU de H.P. Lovecraft

Les recueils consacrés à Lovecraft sont innombrables tandis que le corpus littéraire est, lui, limité. Aujourd’hui il est évidemment possible d’opter pour la monumentale intégrale « omnibus » en trois volumes (soit près de 4 000 pages) mais, pour ceux désirant aller à l’essentiel, cette courte anthologie rassemble probablement les meilleurs récits de l’écrivain.

Nous débutons avec le fondateur et incontournable « Appel de Cthulhu », publiée en 1926, et qui servira de base à ce que l’on nommera par la suite « le mythe de Cthulhu ». Présentée de manière éclatée et non linéaire comme une suite de documents et de témoignages, le récit, divisé en trois chapitres, donne pour la première fois au lecteur un aperçu de ces dieux en sommeil qui attendent en rêvant de reconquérir le monde.

Autre texte fameux, « Par-delà le mur du sommeil » nous emmène dans un hôpital psychiatrique dans lequel un être de lumière d’origine extra-terrestre prend possession d’un homme accusé de meurtre.

Après le court « La tourbière hantée », le lecteur a droit à un nouveau classique, « la peur qui rôde », assez proche d’une précédente nouvelle de l’auteur, « La bête de la caverne ». Nous sommes ici dans un récit d’horreur plus traditionnel au sujet de ghoules venant rôder, la nuit, dans les montagnes des Catskills.

Le recueil se termine avec deux classiques déjà chroniqués, « La couleur tombée du ciel » et « Celui qui chuchotait dans les ténèbres », deux incontournables qui constituent probablement les meilleures réussites de Lovecraft et mélangent excellent fantastique, horreur et science-fiction.

Pour ceux qui ne désirent pas investir dans les gros recueils de chez Laffont ou Bragelonne mais qui veulent découvrir Lovecraft au travers de ces récits les plus célèbres, LE MYTHE DE CTHULHU constitue certainement une entrée en matière idéale.

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Publié le 8 Février 2019

COSMIC EROTICA présenté par Jean-Marc Ligny

Cette anthologie, dirigée par Jean-Marc Ligny, donne la plume à une quinzaine d’écrivains…tous des femmes ! Autre point commun des textes : traiter de la sexualité avec, ou non, une intention érotique. Bien évidemment, comme tous les recueils de nouvelles, cette « anthologie féminine » s’avère inégal et alterne le bon et le moins convaincant. Les premiers textes laissent d’ailleurs circonspects : celui de Poppy Z. Britte ne propose rien de bien innovant par rapport à ses précédentes œuvres et celui de Pat Cadigan n’est pas vraiment réussi.

Heureusement la suite relève le niveau avec l’excellent, très hard et humoristique « Prix coûtant » de Carol Ann Davis et ses jeunes filles élevées façon poulet (ou plutôt poule) en batterie pour répondre à tous les désirs des hommes. De la sexe-science-fiction bien crue mais sans verser dans l’excès. Sylvie Denis imagine, elle, un « Carnaval à Lapètre » ou, dans une ambiance légère et sur un ton volontiers sexy, elle s’attaque aux coutumes absurdes de l’excision et l’infibulation encore pratiquées, dans un avenir indéterminé, par des religieux arriérés. La suite est plaisante avec Sara Docke, Jeanne Faivre d’Arcier et une Anne Deguel que l’on a cependant connue plus inspirée. Kathe Koja propose, pour sa part, une histoire d’anges amoureux sensuelle et bien troussée (hum !) et Tanith Lee donne, sans surprise, dans la fantasy.

Un des meilleurs récits, signé Birgit Rabisch, propose avec « inversion, jeu de miroir » une anticipation plausible sur les dérives de l’eugénisme. Dans un monde où tous les individus se ressemblent (il ne reste que trois « types » standards) et où la moindre imperfection conduit - au mieux - à un camp de concentration, un homme sent naitre une attirance incestueuse pour sa sœur « imparfaite » qu’il garde cloitrée et observe à travers un miroir sans tain. Avec ses références aux situations et fantasmes classiques des romans érotiques d’antan et sa thématique d’actualité ce récit que l’on pourrait résumer par une variation hard de « Bienvenue à Gattaca » mérite à lui seul l’achat de l’anthologie.

Plus classique mas cependant efficace, Valérie Simon, dans « Le loup », traite des conséquences d’un viol commis envers une sorcière qui décide qu’un homme se comportant en loup mérite de devenir lui-même…un loup. Connie Willis et Joelle Wintrebert ferment l’anthologie avec deux textes aux antipodes : le premier, très cru, traite de l’inceste et de la frustration sexuelle, le second confronte une femme aux résultats de son combat d’antan dans un monde ayant éliminé tous les hommes.

Dans l’ensemble, ce recueil se montre intéressant, les textes les plus réussis compensant pour les plus faibles. Il parvient surtout à donner une photographie pertinente des récits féminins traitant de l’imaginaire au tout début des années 2000. Passant des auteures débutantes aux incontournables (Tanith Lee, Poppy Z. Brite, Connie Willis), du fantastique à la science-fiction en passant par l’horreur, de l’érotisme à l’anti-érotisme, voici une compilation variée et globalement satisfaisante que l’on se plait à picorer.

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Publié le 6 Février 2019

CELUI QUI CHUCHOTAIT DANS LES TENEBRES d'Howard Phillips Lovecraft

Cette novella qui semble synthétiser toutes les thématiques et obsessions de Lovecraft pourrait bien être la porte d’entrée idéale pour découvrir l’écrivain. Elle commence, comme souvent, par une lettre revue par le professeur Albert Wilmarth de l’université d’Arkham spécialiste du folklore. Le courrier provient d’un autre lettré, Henry Akeley, habitant d’une région du Vermont où se produisent d’étranges phénomènes. On y entendrait, par exemple, des chuchotements dans la nuit qui seraient émis par des créatures venues d’un autre monde.

CELUI QUI CHUCHOTAIT DANS LES TENEBRES oppose classiquement deux personnalités cultivées : Wilmarth est le sceptique, qui s’intéresse aux superstitions et aux croyances mais les considèrent simplement comme des racontars. Face à lui il trouve Akeley le convaincu, persuadé qu’il existe des créatures surnaturelles dans les collines du Vermont. Il recueille des témoignages, des preuves diverses de la présence extra-terrestre comme d’étranges pierres couvertes de symboles ésotériques.

La relation épistolaire de ces précurseurs de Mulder et Scully confère au récit son originalité car, sinon, nous sommes dans le Lovecraft pur jus : un mélange de science-fiction cosmique, de fantastique et d’horreur avec les fameux grimoires maudits et autres connaissances interdites. Les différentes lettres échangées suivent la progression de l’angoisse et la multiplication des phénomènes terrifiants, créant une atmosphère étouffante. Comme toujours avec l’écrivain nous restons dans un certain flou, un mystère entretenu par des descriptions vagues et une épouvante allusive qui se refuse à donner trop d’explications. Ce texte, de part sa forme (un court roman) reste toutefois plus limpide et moins alambiqués que la plupart des nouvelles de l’écrivain, sa progression se montre plus traditionnelle et linéaire.

Comme souligné précédemment CELUI QUI CHUCHOTAIT DANS LES TENEBRES n’est peut-être pas le meilleur texte de Lovecraft mais il reste sans doute le plus représentatif, le plus…lovecraftien dirait on ! Si on apprécie ce style, cette narration parfois ampoulée, ce vocable souvent désuet alors il très probable que l’on devienne un amateur de Lovecraft. Dans le cas contraire il est sans doute préférable de ne pas poursuivre.

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Publié le 4 Février 2019

DETECTIVE COMICS TOME 4: DEUS EX MACHINA

Detective Comics #957 à #962.

Ce quatrième recueil remet en lumière un personnage très intéressant de la mythologie du Chevalier Noir, Jean Paul Valley, alias Azrael, justicier rentre-dedans ayant remplacé Batman après que ce dernier ait été vaincu par Bane (durant la saga KNIGHTFALL). Nous retrouvons donc Valley confronté à un nouveau vilain mandaté par l’Ordre de Saint Dumas et destiné à lui succéder, Ascalon. En parallèle ce tome approfondit la relation entre le Caped Crusader et la magicienne Zatanna, notamment grâce à des flash-backs réussis. Toute cette histoire est efficace, développant les relations entre les différents membres de l’équipe. Si Azrael et Zatanna sont mis en avant, le scénariste approfondit également les relations entre Batman, Batwoman et Luke Fox. Le premier récit, consacré à Spoiler, semble plus anecdotique mais annonce quelques développements ultérieurs et remet en lumière ce personnage amené à prendre de l’importance par la suite.

Ce quatrième tome confirme les qualités de Detective Comics : intrigue bien menée et joliment rythmée, alternance de passages intimistes et de scènes d’action efficaces, approfondissement judicieux de la mythologie du Dark Knight via des flash-backs éclairants, etc. Batman étant à présent entouré d’une équipe, nous faisons, à chaque nouvel arc, un peu plus connaissance avec ces nouveaux alliés, par exemple l’ancien super criminel Gueule d’Argile en quête de rédemption quoique ce soit réellement Jean Paul Valley qui vole ici la vedette à toute l’équipe.

DETECTIVE COMICS TOME 4: DEUS EX MACHINA

Les scénaristes proposent aussi quelques coups de théâtre savamment distillés et le récit se termine logiquement par un cliffhanger de qualité. Le tout étant servi par des dessins de haute volée avec quelques belles planches référentielles, notamment lorsque Azrael retrouve sa glorieuse armure d’antan. Alors évidemment on pardonne une narration classique qui se repose une fois de plus sur des événements oubliés (ici la relation jadis nouée par Batman et Zatanna) et l’énième artifice de la mort supposée de Robin (Tim Drake pour cette fois) pour faire avancer le récit.

Bref, aucune raison de se priver de ce nouveau volet de la grande histoire du Batman.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Batman, #Comic Book, #DC, #Superhéros

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