Publié le 13 Septembre 2018

OPERATION OPALE (ARTEMIS FOWL 4) d'Eoin Colfer

Quatrième volet de la saga pour adolescents (mais pas que !) ARTEMIS FOWL, ce nouvel épisode nous permet de retrouver la fée Opale Koboï, laquelle avait voulu exterminer les Forces Armées de Régulation et les Fées Aériennes de Détection (ou FARFADET) dans le deuxième tome de la série, MISSION POLAIRE. Koboï, depuis, est plongée dans le coma. Or il s’agit d’une ruse et deux de ses associés la libèrent avant de la remplacer par un clone. Koboï, comme toujours, souhaite se venger d’Artemis Fowl, lequel a perdu ses souvenirs de l’existence des fées. Suite à une machination, Koboï réussit également à faire accuser Holly Short du meurtre de Julius Root. En fuite, la jeune elfe retrouve Artemis et lui rend sa mémoire afin de contrer les agissements de Koboï.

Un bon tome  qui relance l’action après l’effacement de la mémoire d’Artemis, remettant sur sa route sa vieille adversaire Opale Koboï, toujours aussi déterminée. A l’image de la saga Harry Potter, les aventures d’Artemis Fowl  gagne en gravité au fil des tomes, celui-ci proposant, par exemple, la mort d’un des personnages principaux dont se voit accusé Holly. Les rapports entre les protagonistes s’étoffent eux aussi et les plans machiavéliques d’Opale deviennent de plus en plus dangereux puisqu’elle envisage ni plus ni moins qu’une guerre totale entre les humains et le petit peuple.

Bien ficelé, joliment écrit et toujours aussi rythmé, avec la dose requise d’action, de merveilleux, de retournements de situation et de surprises, la saga « Artemis Fowl » constitue un incontournable de la Fantasy pour les jeunes (et les moins jeunes). Un tome dans la lignée des précédents, à savoir amusant, divertissant et rondement mené. Très plaisant !

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Aventures, #Jeunesse, #Fantasy

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Publié le 10 Septembre 2018

ALASTOR 2262: TRULLION de Jack Vance

L’amas d’Alastor compte des milliers de monde. Jack Vance se propose de nous en faire explorer trois au travers d’autant de romans.

Le premier que nous découvrons, Trullion, abrite le peuple des Trills, à la vie simple. Leurs principaux ennemis sont le peuple aquatique des Merlings, les nomades Trevanys et les pirates de l’espace, surnommés les Etoiliers, qui enlèvent régulièrement quelques notables pour demander des rançons. On note aussi les exactions d’une étrange tribu, le Peuple Laid, et les attentats commis par les fanatiques religieux de la Fanscherade.

La passion des Trills reste la Hussade, un sport assez étrange (compromis entre le football américain et le rugby) où la victoire s’acquiert en dénudant complètement la mascotte virginale de l’équipe adverse. Glinnes va devenir un joueur de Hussade afin de récupérer son domaine familial, vendu par son frère Glay qui a rejoint les rangs de la Fanscherade.

Comme souvent avec la science-fiction des seventies, le roman reste sous la barre des 250 pages, ce qui n’empêche pas Vance de déployer son imagination afin de créer un monde riche et cohérent. Nous sommes en plein « Planet Opera » avec différents peuples, des ennemis mystérieux, des alliances et des trahisons, des combines, etc. L’auteur décrit également différents fanatismes, des cultes religieux et même, comme ici, un sport aux règles bizarres, la Hussade. On peut d’ailleurs regretter le nombre trop important de pages consacré aux parties de cette compétition saugrenue où il s’agit avant tout de dénuder la vierge de l’équipe adverse. Néanmoins, la seconde partie du récit, davantage portée sur l’aventure, fonctionne mieux et multiplie les révélations, retournements de situations et autres coups de théâtres pour maintenir l’intérêt du lecteur.

Ce premier roman de la trilogie « Alastor », joliment écrit avec un style enlevé et imagé, constitue donc un honnête divertissement mais ne peut prétendre rivaliser avec les plus belles réussites de Vance.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #science-fiction, #Space Opera, #Jack Vance

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Publié le 8 Septembre 2018

DESIRS CRUELS de Michel Pagel

Michel Pagel, alors à ses débuts, signe ce roman dans la collection Anticipation du Fleuve Noir.

Roman ? Pas vraiment puisqu’il reprend le principe de Schéhérazade (ici rebaptisée Marilith et qu’on devine immédiatement maléfique) pour nous conter quatre récits liés par un fil conducteur quelque peu artificiel mais plaisant (et plus ou moins imposé par l’éditeur frileux sur les recueils de nouvelles, une « astuce » également utilisée par l’auteur pour son excellente uchronie ORAGES EN TERRE DE FRANCE).

Anticipation ? Absolument pas ! Nous sommes ici dans le pur fantastique horrifique. Marilith, une jeune voleuse, s’introduit (par hasard ?  Sans doute pas mais nous en saurons  davantage à la fin du livre) dans la propriété d’un écrivain agonisant qui souffre de la page blanche. Celui-ci demande à la demoiselle de lui conter des histoires afin qu’il puisse les écrire et, par ricochet, retrouver sa jeunesse et sa vigueur, notamment sexuelle.

Les récits sont de styles variés : le premier, « Rosie », est dédié à Richard Nolane et S.K. Sheldon et concerne une auto stoppeuse, le second traite d’une « île des révélations » où se joue un combat biblique entre le Bien et le Mal. « Les mains de Farah Yole », dédicacé à Clive Barker, montre l’enquête d’un journaliste voulant interviewer l’artiste peintre Farah Yole. Il découvrira le secret de ses créations…

Enfin, « La ballade du Luna Park », ultime nouvelle (la plus longue et la plus maitrisée) rappelle quelque peu Stephen King ou Ray Bradbury. Pagel imagine une véritable « foire des ténèbres » moderne où se croisent divers individus dont un dragueur invétéré épris d’une femme pouvant se changer en gorille. Une suite d’événements horribles vont, dès lors, se succéder. Une nouvelle dédicacée à Roland C. Wagner dans laquelle Pagel s’amuse à reprendre les divers pseudonymes de l’écrivain pour nommer ses protagonistes.

Proche des bandes dessinées horrifiques à la TALES FROM THE CRYPT et manifestement inspiré par les classiques LIVRES DE SANG de Barker, ce recueil (ensuite repris dans le plus vaste ensemble de la « Comédie inhumaine ») constitue une très agréable lecture, vivement conseillée aux amateurs de nouvelles fantastiques ne lésinant pas sur l’horreur et une dose d’érotisme parfois trouble.

Très réussi !

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Publié le 6 Septembre 2018

ORAGES EN TERRE DE FRANCE de Michel Pagel

Publié au Fleuve Noir cette uchronie se déroule dans un monde proche du notre mais dans lequel la Guerre de 100 ans s’est prolongée au point de devenir la Guerre de 1000 ans…

Les oppositions entre la France et l’Angleterre, essentiellement basées sur la religion, répercutent les positions divergentes du Pape et de l’archevêque de Canterbury. En dépit du véto religieux un jeune scientifique aide un vieil inventeur à fabriquer des machines volantes. Le télé évangéliste Frédéric d’Arles anime l’émission la plus regardée de la télévision, « Confessions directes », mais sa notoriété finit par devenir gênante pour les hautes instances qui délèguent une tentatrice pour le conduire au péché. Pendant ce temps, sur le front, des machines ressuscitent brièvement les morts pour alimenter en zombies les armées qui s’entretuent depuis un millénaire.

Si les quatre histoires proposées sont intéressantes, la dernière est sans doute la plus réussie. Elle aurait d’ailleurs pu se voir décliner en roman : on y croise des Français, des Anglais, une aristocrate zombifiée membre de l’Internationale Athée, deux psychopathes, des débrouillards du marché noir, etc.

En peu de pages, Michel Pagel propose quatre récits qui forment un tout cohérent mais, collection « anticipation » oblige, ne peuvent développer réellement un background pourtant très réussi. Ainsi, le lecteur apprend que si la seconde guerre mondiale a bien eu lieu, la révolution française a avorté et la monarchie s’est maintenue. De son côté, la technologie s’avère différente et pourtant proche de celle développée dans notre réalité. Certains choix sont d’ailleurs peu expliqués : si on admet l’interdit frappant les avions, difficile d’accepter que les chefs religieux autorisent le rappel des morts à la vie pour combattre. Mais ce ne sont que des broutilles, le roman (ou les quatre nouvelles imbriquées) étant très efficace et démontrant une réelle originalité, d’une part en raison de la « divergence historique » choisie (cela change des victoires nazies uchroniques) et d’autre part car l’auteur choisit de s’intéresser davantage aux petites gens (soldats, scientifiques, etc.) plutôt qu’aux puissants.

De la belle uchronie !

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Publié le 4 Septembre 2018

LE CHALE CHINOIS de Patricia Wentworth

Apprentie actrice pas très convaincante, Tanis Lyle est surtout trop belle. D’ailleurs elle rend fou tous les hommes de son entourage, n’hésitant pas à s’en servir, à les rejeter ou à jouer avec eux. Bref, c’est une allumeuse et, forcément, Tanis ne se fait pas que des amis. Personne n’est vraiment étonné lorsqu’un de ses anciens amants la menace d’une arme. Par contre, son assassinat, d’une balle dans le dos, surprend. Dans le prieuré, lui-même lieu de bien des convoitises, chacun se demande qui a pressé la détente, surtout que chacun y a secrètement (ou non) pensé. La demoiselle détective Miss Silver se chargera de découvrir le meurtrier.

La cinquième aventure de la rivale de Miss Marple se situe au tout début de la Seconde Guerre Mondiale, dont les effets commencent à se ressentir y compris dans les petits villages apparemment tranquilles de Grande Bretagne. Comme souvent dans ce type de récit une poignée d’individus - bien typés quoiqu’assez classiques - se retrouvent pour un week-end dans un prieuré. Or cette habitation alimente depuis deux décennies une sombre histoire de famille et Laura, venant d’atteindre sa majorité, peut à présent en disposer à sa guise et même la vendre. Or la cousine Agnès, paralytique, souhaite racheter le prieuré pour le léguer, après sa mort, à l’apprentie comédienne Tanis.

Miss Silver, venue pratiquement par hasard au prieuré (du moins le pense t’on car sa présence sera expliquée par la suite), mène l’enquête en ne se séparant pas de son tricot et en donnant d’utiles indices à un inspecteur de police qui fut jadis son élève.

En peu de pages (220 !), Patricia Wentworth construit une enquête très classique mais fort plaisante, présentant sa galerie de personnages intéressants avant d’offrir au lecteur un meurtre dans la tradition de ces « cosy murder » à l’anglaise. Chacun pouvant être coupable, Miss Silver, toujours perspicace et attachante, va enquêter et débrouiller les nombreuses fausses pistes jusqu’à identifier le coupable dans les toutes dernières pages.

Bien rythmé, alternant énigme, romance et quelques notes « historiques » de par son contexte particuliers (bombardements, réfugiés, etc.), LE CHALE CHINOIS constitue une belle réussite pour les amateurs de romans policiers traditionnels. Recommandé !

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Policier, #Whodunit, #Golden Age, #Patricia Wentworth - Miss Silver

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Publié le 30 Août 2018

ARRET DU COEUR de Dorothy Sayers

Voici la troisième enquête de Lord Peter Wimsey qui s’attaque à nouveau à un cas particulièrement difficile. Alors qu’il dine en compagnie de l’inspecteur Parker, Lord Peter est abordé par un médecin, le docteur Carr, qui leur raconte une étrange histoire. Une de ses patientes, en phase terminale, Miss Agatha Dawson, est morte de manière suspecte. Vu sa maladie, chacun estimait pourtant son décès naturel et les soupçons du praticien, assortis d’une demande d’autopsie finalement non concluante, lui attirèrent les foudres de la population locale. Suite à ces événements le docteur Carr fut forcé de quitter sa patientèle pour s’établir ailleurs. Cependant, trois ans plus tard, il reste persuadé que Miss Dawson a bel et bien été assassinée. Qui pouvait avoir intérêt à supprimer une vieille dame n’ayant plus que quelques semaines à vivre ? Lord Peter tente d’établir la vérité avec l’aide d’une de ses amies, Miss Climpson, spécialiste des racontars et autres ragots. Le détective apprend ainsi que Miss Mary Whittaker était l’unique héritière de la vieille femme. Cependant si cette dernière décédait intestat une nouvelle loi allait rendre la Couronne britannique l’unique bénéficiaire de ses biens, déshéritant du même coup Miss Whittaker. Peu après une ancienne domestique de Miss Dawson meurt à son tour. Ce nouvel assassinat oblige lord Peter à jouer serrer pour coincer le criminel.

Ce Whodunit de bonne tenue est notable pour l’invention d’une méthode d’assassinat ingénieuse (quoique médicalement délicate à mettre en place). Sayers propose aussi un personnage clairement lesbien (quoique le Golden Age ne permette pas, évidemment, de le définir ainsi). On y découvre également Miss Climpson, truculent personnage de vieille dame aimant les ragots et les discussions apparemment sans intérêt mais qui lui permettent, au final, d’intéressantes déductions. Elle fut créée exactement à la même époque que Miss Marple : les deux romancières étant membres du « Détection Club » il est probable qu’elles partagent la paternité de cette idée : une vieille dame investigue dans un petit village en écoutant les médisances de la populace.

Si le côté whodunit n’est pas vraiment innovant, l’aspect « cosy mystery » de cette petite ville cachant de sombres secret, l’originalité de la méthode employée (du moins à l’époque) et les aspects juridiques qui permettent de deviner la raison du meurtre sont tous intéressants. Les personnages, dans l’ensemble, possèdent une réelle épaisseur et Sayers n’oublie pas d’ajouter à l’énigme une pointe d’humour bienvenu. Conseillé pour les amateurs de romans policiers de l’âge d’or.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Policier, #Whodunit, #Golden Age, #Dorothy Sayers - Lord Peter Wimsey

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Publié le 29 Août 2018

AUX ARMES D'ORTOG de Kurt Steiner

Originellement publié au Fleuve Noir (en 1960) et maintes fois réédité depuis, AUX ARMES D’ORTOG s’est imposé comme un classique de la science-fiction française. Soixante ans plus tard, le bouquin tient encore joliment la route par son mélange de SF, de planet opéra et de space opéra teinté de Fantasy.

Nous sommes au XXXème siècle, dans une galaxie dévastée par une Guerre Bleue ayant fait trente milliards de victimes. Sur une Terre ravagée, un nouveau mal frappe l’humanité dont l’espérance de vie se réduit chaque année davantage. Après la mort de son père, le berge Dal Ortog se rebelle et décide ni plus ni moins d’œuvrer pour sauver les Hommes. Pour cela il doit subir diverses épreuves et devenir Chevaliers-Nautes…

Kurt Steiner propose un roman très enlevé, ramassé en 160 pages, ce qui l’oblige à maintenir un rythme rapide et à ne jamais trainé en route. Animaux fabuleux, extraterrestres variés, rayons mortels, combats, chevaliers futuristes,…l’auteur mélange le décorum néo féodal de la Fantasy avec la technologie avancée de la science-fiction, aboutissant à une décoction très plaisante. On note aussi une belle idée avec cette opposition entre les défaitistes (pour la plupart des prêtres) qui veulent laisser l’humanité s’éteindre et les optimistes soucieux de sauver, coûte que coûte, les Hommes.

Alors, évidemment, AUX ARMES D’ORTOG semblera un peu daté aujourd’hui et certaines péripéties risque de paraitre clichées mais, dans l’ensemble, le tout demeure divertissement et offre même, en prime, une pointe de réflexion quelque peu philosophique ce qui n’est pas si mal pour un petit bouquin publié au Fleuve Noir voici six décennies.

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Publié le 27 Août 2018

UN FESTIN DE RATS de Berman (Eric Vertueil)

Dès les premières pages le style de Berma rappelle les duétistes officiant sous le pseudonyme d’Eric Vertueil…guère étonnant puisque ce pseudonyme cache, lui-aussi, le dynamique duo Alain Bernier et Roger Maridat. Bernier est un vieux briscard, actif dans le domaine du roman policier depuis la fin des années ’50 (avec D’UNE PIERRE DEUX CORPS). Il s’associe avec Maridat en 1973 pour un premier roman d’angoisse, AU BOUT LA MORT. Par la suite les deux romanciers feront le bonheur du Fleuve Noir avec d’autres Angoisse, des Spécial Police et, bien sûr, une dizaine de Gore. UN FESTIN DE RATS sera, lui, publié à la concurrence, chez Maniac, sans que le résultat ne soit franchement différent de ce que « Vertueil » proposait chez Gore, à savoir une vague enquête policière et une foultitude de passages sanglants. Le tout étant saupoudré d’un humour très présent rendant plus humoristique et grotesque (dans le bon sens du terme) les détails vomitifs.

Nous sommes dans une maison de retraite de prestige, Les Ormes. Une des pensionnaires se prend de passion pour des rats et décide de leur livrer en pâture quelques personnes de son entourage. Le directeur de l’établissement découvre la vérité mais décide de se taire et organise une combine lucrative : il assassine des « petits vieux » que leurs héritiers souhaitent voir disparaitre au plus tôt et touche un pourcentage sur les recettes.

UN FESTIN DE RAT alterne le bon et le moins bon. L’idée de base, pas spécialement originale, n’en reste pas moins efficace et propice à une atmosphère plaisante, entre série noire aux personnages irrécupérables (le directeur bat des records de répugnance) et humour acide. Le problème, comme souvent avec Vertueil, réside en fait dans l’usage immodéré du gore : poussé dans ses derniers retranchements, utilisé en dépit du bon sens pour le simple plaisir de l’horrible (on peut véritablement parler de hard gore sur le modèle du porno hardcore où tout est sacrifié pour l’accumulation de scènes croustillantes), le gore finit par lasser. C’est dommage car, avec davantage de maîtrise, un peu moins de boucherie et un peu plus de psychologie tordue, Berma / Vertueil aurait pu proposer un divertissement caustique, voire une critique féroce de l’univers des maisons de retraite. Dans l’état il s’agit d’un roman gore correct, vite lu et vite oublié, pas déplaisant mais bien en deçà des espérances.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Horreur, #Roman de gare, #Gore

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Publié le 23 Août 2018

DIRTY HARRY - LA MORT EST AU RENDEZ-VOUS de Dan Hartman

Lorsque Clint Eastwood annonce, après la sortie de « L’inspecteur ne renonce jamais » qu’il ne fera plus de « Dirty Harry », la Warner, dépitée, décide de permettre à un auteur officiant sous le pseudonye collectif de Dane Hartman de continuer la saga. Douze romans seront ainsi publiés au tout début des années ’80, la sortie de « Sudden Impact – le retour de l’inspecteur Harry » y mettant un terme en 1984.

Sous le nom de Dane Hartman se cachent au moins trois auteurs différents dont Leslie Alan Horvitz et Ric Meyers (auteur de plusieurs bouquins sur les films d’exploitation, de kung fu, et également romancier pour les séries L’IMPLACABLE et NINJA MASTER).

Les recettes des films ne changent guère pour ce cinquième livre de la série (elle en compte douze mais seuls neuf furent traduits en France durant les 90’s).

Dès son arrivée à Boston, où il vient rendre visite à sa nièce apparemment menacée par un tueur en série, Harry doit batailler. Encore dans l’avion il bouzille la radio d’un indélicat (ce qui lui vaut directement le numéro de chambre de l’hôtesse). Un peu plus tard, il retrouve le même mélomane accompagné de ses potes, toujours aussi agressif. Harry résout le problème à sa manière, à grand coup de poings dans la gueule.

Evidemment, Harry se heurte à la bureaucratie et à tous les empêcheurs de tabasser en rond. Les petites crapules sont relâchées par une justice trop laxiste, se plaignent de brutalités policières ou menacent de convoquer leur avocat pour porter plainte contre la police. Harry, de son côté, ne peut que soupirer en appliquant sa méthode : une bonne balle de Magnum 44 dans la tête !

LA MORT EST AU RENDEZ-VOUS constitue un polar de gare distrayant et sévèrement burné, ancré dans son époque par ses références (Harry visionne « Superman 2 » mais ne perd pas son temps devant le sympathique « Survivance » qualifié de navet) et très classique dans son déroulement. Tueurs en série, hypnose, nymphomanes, sectes zarbies,…la tatouille habituelle est resservie une fois de plus. Le personnage est de toutes façons devenus un tel archétype du flic dur à cuire réactionnaire qu’il inspira des dizaines d’imitations, tant au cinéma qu’en bouquin comme en témoigne les autres bouquins de cette éphémère collection « Supercops ».

Si l’originalité ne constitue pas la principale qualité de ce petit roman, ce-dernier se lit néanmoins avec plaisir pour les amateurs de l’inspecteur le plus efficace des Etats-Unis. Ca court, ça flingue, ça charcle et l’action ne faiblit guère, ne laissant guère de répit au lecteur. Seules les dernières pages, où l’auteur explique l’affaire policière, passablement embrouillée, se montrent décevantes et même unbrin ennuyeuses, voire confuses.

Malgré tout, l’amateur de polar d’action passera un bon moment au fil de ses deux cents pages de courses poursuites musclées et de fusillades saignantes. De quoi donner envie d’en lire un autre…

« Go ahead, make my day »

 

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Policier, #Roman de gare, #Polar, #Cinéma et TV

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Publié le 22 Août 2018

DES LARMES SOUS LA PLUIE de Rosa Montero
DES LARMES SOUS LA PLUIE de Rosa Montero

Bien que le titre provienne d’une des répliques finales de « Blade Runner », DES LARMES SOUS LA PLUIE ne constitue pas une suite du film de Ridley Scott (lui-même adapté du roman de Philip K. Dick). Ce n’est pas non plus un spin of, ni un remake, plutôt un hommage à l’univers créé en 1982. Un monde si plausible que, selon Montero, ce « futur noir » deviendra réalité au début du XXIIème siècle.

Le XXIème siècle a été cauchemardesque…Réchauffement climatique, montée des eaux, guerre civile généralisée, conflits menés par des androïdes puis des robots de combats, famines, fanatisme religieux, etc. Le début du siècle suivant voit une terre quelque peu apaisée, à la population réduite à un milliard. Les hommes vivent entassés dans les régions préservées, l’air est devenu irrespirable un peu partout, certaines sectes se sont exilées dans l’espace à bord de « nouveaux mondes » mais, globalement, la situation s’est améliorée par rapport aux précédentes décennies.

Bruna Husky vit à Madrid. C’est un androïde de combat à la durée de vie limitée à 10 ans, autrement dit une « réplicante ». Les « techno humains », déjà peu aimés, s’attirent la haine de la population par une série d’agressions et d’attentats. Sur la demande de Myriam Chi, présidente du Mouvement Radical Réplicant, Huski enquête sur le sujet. Pendant ce temps un de ses amis archivistes, Yannis, découvre une manipulation généralisée des Archives terrestres afin d’attiser l’hostilité envers les réplicants.

En dépit de quelques clins d’œil à Dick et Asimov, Montero prend soin de construire un monde futuriste parfaitement cohérent dont la richesse se voit détaillée par les très intéressantes pages d’archives qui interrompent régulièrement la narration. Celles-ci décrivent non seulement l’Histoire du XXIème siècle mais aussi les différentes altérations subies par ces archives à des fins de propagande. L’humanité a ainsi traversé les « guerres rep » auxquels ont succédé les « guerres robotiques » tandis que la secte de l’Eglise du Credo Unique fondée par le messie Heriberto Labari, né le 11 septembre 2001, gagne en puissance en poussant à la haine des réplicants.

Il y aurait beaucoup à dire sur DES LARMES SOUS LA PLUIE, de la complexité de l’intrigue à la profondeur des personnages en passant par le mélange, très maitrisé, de drame, de polar et de science-fiction. Certes on peut reprocher quelques longueurs ou des passages plus descriptifs et introspectifs qui ralentissent l’action mais, dans l’ensemble, ce roman fonctionne de fort belle manière. Rosa Montero livre un bel hommage à « Blade Runner » que l’on peut estimer plus original et réussi que les suites littéraires jadis proposées par K.W Jeter. A découvrir en attendant de lire la suite, LE POIDS DU CŒUR.

 

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Rédigé par hellrick

Publié dans #science-fiction, #Thriller, #anticipation, #Polar, #Cyberpunk

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