Publié le 5 Mars 2018

PICATRIX L'ECHELLE POUR L'ENFER de Valerio Evangelisti

1361. Le redoutable inquisiteur Nicolas Eymerich se voit confronté à de nouveaux phénomènes étranges : des savants musulmans sont assassinés, des roues de feu apparaissent dans le ciel et des monstres mi hommes mi chiens hantent les rues de Saragosse. Après la destruction du palais de l’Inquisition, Eymerich, flanqué de son serviteur Alatzar (d’origine juive mais fils d’un converti au christianisme) part sur la piste d’un ouvrage impie, le Picatrix. Pour cela il doit s’enfoncer au plus profond des terres ennemies, le royaume de Grenade, sous la domination de l’islam. Parallèlement, à notre époque, nous suivons l’avancée de l’Euroforce au Libéria et les étranges cérémonies d’adoration du diable aux Canaries.

Théologien et inquisiteur ayant réellement existé, Nicolas Eymerich (1320 – 1399) entame ses enquêtes historico-fantastique sous la plume d’Evangelisti en 1994 avec l’excellent NICOLAS EYMERICH, INQUISITEUR. Au fil des récits, l’écrivain met au point sa formule : nous suivons l’Inquisiteur et, en parallèle, d’autres fils narratifs situés à différentes époques, tout se rassemblant forcément à la fin du roman.

Cette fois, Evangelisti nous entraine à Saragosse, en 1361, sur les traces d’un mystérieux ouvrage d’occultisme, le Picatrix, dont les détenteurs sont assassinés par des créatures à tête de chien. Eymerich mène donc l’enquête dans le royaume arabe de Grenade en compagnie d’un jeune juif converti et du savant musulman Ibn Khaldûn à Al-Farabi.

Dans un futur proche, en Afrique, des « roues lumineuses » surgissent dans le ciel tandis que les mercenaires de l’Euroforce combattent des tribus rebelles.

Parallèlement, aux îles Canaries, le professeur en exil Marcus Frullifer et une charmante journaliste assistent à la fête annuelle donnée en l’honneur du diable.

Ce sixième tome des aventures d’Eymerich constitue une sacrée déception. Evangelisti semble avoir perdu son habileté de conteur pour délivrer trois récits (quatre si on y ajoute une séance de tortures) sans véritables liens entre eux. Les péripéties de l’inquisiteur manquent de rythme et de charme, le lecteur n’y retrouvera pas le côté « enquête » des premiers romans, ici l’écrivain laisse beaucoup trop de place aux palabres religieuses et philosophiques, certes érudites et parfois intéressantes mais surtout épuisantes tant elles ralentissent le récit. Eymerich apparait également de plus en plus comme une ordure totale, il perd son côté « détestable mais pourtant fascinant » pour devenir beaucoup moins intéressant. La charge anti religieuse devient si écrasante qu’elle en perd paradoxalement sa pertinence : « il devait encore beaucoup travailler sur lui-même pour parvenir à la cruauté spontanée du véritable croyant » nous dit ains l’auteur.

Le récit africain, lui aussi, tourne en rond et accumule les massacres. Une partie qui prend là encore beaucoup de pages dans un roman sans doute trop long pour que le lecteur n’en perde pas le fil.

Après l’excellence des trois premiers tomes (NICOLAS EYMERICH, INQUISITEUR, LES CHAÎNES D’EYMERICH et LE CORPS ET LE SANG D’EYMERICH) ce PICATRIX s’avère peu convaincant et constitue une sacrée déception.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Policier, #Fantastique, #Thriller, #Historique, #Fantasy

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Publié le 2 Mars 2018

ACTION COMICS REBIRTH VOLUME 1: PATH OF DOOM

Action comics retrouve, lui aussi, sa numérotation originelle à l’occasion du rebirth, la Distinguée concurrence ayant manifestement un N°1000 à célébrer en ligne de mire. Avec le N°957 débute un arc plaisant et riche en surprise, quoique certains passages soient manifestement forcés et peu convaincants. Ainsi, Lex Luthor, après la mort de Superslip, décide d’assumer l’héritage du Kryptonien et se fabrique une nouvelle armure qui lui donne d’immense pouvoir. Après avoir récupéré la cape du défunt, Super Lex commence à agir en véritable héros. Cependant, méfiant, le Superman d’un monde parallèle, caché sur terre en compagnie de son épouse, Lois Lane, et de son fils, Jonathan, se persuade que Luthor magouille quelque chose. Aussitôt Superman se rase la barbiche et s’en va bastonner Super Lex sans la moindre raison. Heureusement, ou malheureusement, débarque un nouvel adversaire tout-puissant, l’invincible Doomsday, qui obligent les deux adversaires à se réconcilier. Mais un autre personnage surgit également et remet en question les certitudes de tout ce petit monde : Clark Kent, bien vivant et apparemment dénué de super pouvoirs !

ACTION COMICS REBIRTH VOLUME 1: PATH OF DOOM

Contrairement au médiocre rebirth de la JUSTICE LEAGUE, ces épisodes prouvent qu’il est possible de proposer un récit intéressant essentiellement basé sur des affrontements homériques. Car, entre les séquences de destructions massives, les auteurs n’oublient pas de raconter une histoire, de mettre en avant les relations entre les différents protagonistes et d’offrir suffisamment de questions pour donner au lecteur l’envie de découvrir la suite du récit.

Si certains passages « baston d’abord, discutons plus tard » paraissent n’exister que pour maintenir le quota (élevé) d’action, le tout fonctionne agréablement et se suit avec un réel plaisir. Au final, ce comics réussit la synthèse parfaite entre la modernité et un côté old school assumé.

Pour l’instant Action Comics s’impose comme une des meilleures surprises de la période rebirth. Nous sommes impatients de lire les prochains développements afin d’obtenir les réponses aux nombreuses questions laissées en suspens par ce premier arc aussi divertissant qu’intriguant.

Contenu : Action Comics #957-962 (disponibles en français dans les mensuels Justice League Rebirth)

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #science-fiction, #Comic Book, #Superhéros, #DC, #Superman

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Publié le 1 Mars 2018

COOKIE MONSTER de Vernor Vinge
COOKIE MONSTER de Vernor Vinge

Vernor Vinge a déjà reçu deux fois le prix Hugo pour ses monumentaux space opéra UN FEU SUR L’ABIME et AUX TREFONDS DU CIEL. En 2004, il obtient à nouveau la récompense enviée du meilleur roman mais, cette fois, dans la catégorie du « roman court ». COOKIE MONSTER, en une centaine de pages, s’avère donc une belle manière de découvrir cet auteur phare de la science-fiction contemporaine.

Nous suivons la vie, pas toujours folichonne, de Dixie Mae, laquelle vient d’être engagée au service-client de la plus grosse compagnie de nouvelles technologies de la Silicon Valley, Lotsa Tech. Cependant, rapidement, elle reçoit un courriel agressif contenant de nombreux détails intimes qu’elle seule peut, en théorie, connaitre. En compagnie de son collègue Victor, la jeune femme part à la recherche de l’auteur du mystérieux message et découvre une réalité incroyable.

Récit hard science mâtiné de cyber punk (ou vice-versa), COOKIE MONSTER s’avère étonnamment abordable et digeste en dépit des thématiques scientifiques ardues abordées. Revisitant les contes de fées (ALICE AU PAYS DES MERVEILLES et LE MAGICIEN D’OZ en particulier) en les plongeant dans un bain de technologies, d’anticipation et d’intelligence artificielle, Vinge offre un tableau très crédible et prophétique d’un futur déshumanisé qui semble, plus que jamais, terriblement proche.

L’auteur jongle ainsi avec divers concepts et ouvre des perspectives philosophiques certes classiques (un amusant dialogue – à coup de référence à des textes science-fictionnels antérieurs plus ou moins célèbres - démontre d’ailleurs que l’idée n’est pas neuve) mais toujours pertinentes qui visent, au final, à définir l’humain.

La question éternelle du cyberpunk (y a-t-il un ghost in the machine ?) sous-tend ce texte à la fois rythmé, divertissant et profond qui rappelle à la fois l’excellent roman SIMULACRON 3 et la trilogie « The Matrix », pour ne citer que deux références bien connues des amateurs. Mais Vinge aborde aussi les thèses transhumaniques ou se réfère à la théorie de Moore (laquelle postule un doublement de la puissance des ordinateurs tous les 18 mois) qui conduisent certains à penser que, dans moins de 20 ans, l’intelligence artificielle aura définitivement pris le pas sur l’Homme.

En dire davantage ruinerait une partie des surprises proposées par ce récit court mais diablement intelligent et ponctué de diverses révélations jusqu’à une fin à la fois ouverte et vertigineuse. Ajoutons que Vinge donne plus de profondeur à son intrigue et de consistance à ses personnages en 100 pages que certains romanciers en plusieurs centaines. Bref, COOKIE MONSTER est hautement conseillé pour deux heures de grande science-fiction ! Un prix Hugo (pour une fois !) incontestablement mérité.

COOKIE MONSTER de Vernor Vinge

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Publié le 27 Février 2018

JUSTICE LEAGUE Vs SUICIDE SQUAD
JUSTICE LEAGUE Vs SUICIDE SQUAD

Vaste crossover ayant couru sur onze numéros, cette belle réussite fut publiée par Urban dans trois mensuels kiosque (JUSTICE LEAGUE REBIRTH 7 et SUICIDE SQUAD REBIRTH 5 et 6) puis rassemblé dans un gros volume rassemblant la mini-série (Justice League Vs Suicide Squad en 6 épisodes) et les tie-in (Justice League 12 et 13) et Suicide Squad 8, 9 et 10) soit plus de 330 pages de comics. La réalisation est-elle à la hauteur des attentes ? Globalement oui.  Si le scénario n’est guère original, sa mise en scène se montre inspirée en adoptant un ton adéquat (crédible dans l’ensemble) et en proposant à intervalles réguliers des twists capables de relancer l’intérêt.

Batman se méfie de la Force Spéciale X, autrement dit la Suicide Squad d’Amanda Waller qui emploie des super-vilains en échange de remise de peine. Il informe la Justice League qui prend les choses en main et tente de stopper l’Escadron. Cependant, une troisième équipe, dirigée par Max Lord et comprenant les membres de la première Squad d’Amanda Waller, intervient, forçant la Suicide Squad à s’associer à la Ligue de Justice.

JUSTICE LEAGUE Vs SUICIDE SQUAD

Joliment dessiné, JUSTICE LEAGUE Vs SUICIDE SQUAD constitue bien sûr une tentative de DC Comics de susciter l’intérêt du public pour des personnages popularisés par les longs-métrages « Suicide Squad » (un naufrage !) et « Justice League » (maladroit mais déjà nettement plus réussi) mais l’entreprise fonctionne de belle manière. Le personnage principal est ici Amanda Waller, plus détestable et manipulatrice que jamais, mais les autres intervenants sont également réussis, en particulier Lobo qui nous offre un beau numéro en « mec plus ultra ». Killer Frost, partagée entre le Bien et le Mal, se révèle, elle-aussi, très intéressante et son développement, au cours de l’histoire, s’avère bien géré jusqu’à sa rédemption qui l’amène, au final, dans le camp de la Ligue.

Si le ton se veut sérieux, quelques notes d’humour allègent l’atmosphère, en particulier grâce au toujours aussi ringard et macho Captain Boomerang. Les raisons pour l’affrontement entre les deux équipes se révèlent de leur côté bien exposées et vraisemblables, on échappe au syndrome du « tapons nous d’abord et réfléchissons ensuite » coutumier à ce genre de combat homérique. L’intervention de Max Lord et de son équipe constitue pour sa part une bonne idée qui fait dévier l’intrigue dans une direction plus intéressante que la simple baston quoique les derniers épisodes offrent aux lecteurs le lot attendu de pif-paf.

JUSTICE LEAGUE Vs SUICIDE SQUAD

Alors que Marvel peine à proposer un crossover réellement passionnant depuis CIVIL WAR, le premier « gros event » de la renaissance DC s’impose comme une réussite éclatante : protagonistes développés, action enthousiasmante, touches d’humour sympathiques, réactions crédibles des belligérants, scénario parfaitement négocié jusqu’à sa conclusion (et même son épilogue), dessins dans l’ensemble d’excellent niveau,…

Bref, JUSTICE LEAGUE Vs SUICIDE SQUAD se révèle LA grande réussite du DC Rebirth. Pour les amateurs de ces deux équipes ou, plus généralement, pour les fans de comics super héroïque, voici donc un immanquable !

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Aventures, #Comic Book, #Superhéros, #DC, #Batman, #Justice League

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Publié le 26 Février 2018

SANG FROID de Leo Bruce

Créé par Leo Bruce à l’occasion de l’excellent pastiche TROIS DETECTIVE, le sergent Beef revint par la suite pour sept aventures supplémentaires. Celle-ci est donc la dernière, toujours située entre l’hommage au whodunit classique et la parodie volontaire dans la lignée des « cosy murders ».

Le très riche Cosmo Ducrow, après avoir à la fin de sa vie épousé son infirmière Freda, est assassiné dans sa vaste propriété du Kent, Hokestones. Son corps est découvert, massacré à coup de maillet, et son neveu se voit immédiatement soupçonné. En effet, le jeune homme, non seulement hérite d’une coquette somme, mais il entretient en outre une liaison avec Freda. Mr Townsend, un romancier narrant les aventures du sergent Beef accompagne donc ce-dernier lorsqu’il décide d’enquêter, suite à la demande des amis du défunt. Pourquoi Beef ? Poirot et Campion n’étaient pas disponibles…

SANG FROID date du début des années ’50, après la fin de l’âge d’or du roman d’énigme, et le romancier ne se prive pas de quelques piques à l’égard de ses conventions, par exemple lors du final au cours duquel Beef tient absolument à rassembler les « usual suspects » pour démontrer ses capacités de détective. Sauf qu’en attendant la fameuse soirée notre limier ne trouve rien de mieux à faire que d’aller s’enivrer au pub local. Beef débarque donc complètement saoul et déclare que, finalement, il ne va pas démasquer le coupable vu qu’il ne possède, de toute façon, aucune preuve.

Le suspect se trahira néanmoins lors d’un final situé sur les toits au cours duquel le sergent est précipité dans le vide. Heureusement, notre héros avait prévu cette chute et s’était équipé d’un câble visant à le garder en vie. Un procédé particulièrement « capilotracté » comme le remarque Townsend : « je me demande comment les lecteurs prendront votre résurrection ». A quoi Beef réplique : « Ils ont bien accepté celle de Sherlock Holmes et il ne disposait pas d’un câble d’acier ». Pas faux.

Jusqu’à cette conclusion, l’intrigue avance donc sur un rythme soutenu, entre interrogatoires des suspects et digressions diverses, le lecteur, tout comme le narrateur du récit, éprouvant toujours les pires difficultés à déterminer les réelles intentions de Beef. Est-ce que celui-ci sait ce qu’il fait ou se contente-t’il de « lancer sa ligne » au petit bonheur la chance d’en l’espoir de découvrir l’un ou l’autre indice ? Un peu des deux sans doute comme le souligne Townsend : « Beef avait l’occasion de démontrer son intelligence subtile et son flair certain mais il dit simplement je ne sais que penser ».

Au final, un whodunit bien ficelé qui plaira aux amateurs d’énigmes policières tortueuses agrémentées d’une bonne dose d’humour en grande partie grâce à la personnalité impayable du sergent Beef. Très distrayant.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Policier, #Whodunit, #Golden Age

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Publié le 23 Février 2018

JUSTICE LEAGUE REBIRTH - TOME 2: ETAT DE TERREUR de Brian Hitch et co.

Ce recueil comprend deux arcs assez courts liés entre eux puisque le premier a des conséquences sur le second. La première histoire, assez rapidement expédiée sur deux numéros, concerne l’infestation de la Ligue de Justice par la peur. La Ligue finit par maitriser la menace avec l’aide de la nouvelle Green Lantern, Jessica. On reparle aussi de leurs précédents adversaires, les Semblables, dont les attaques ont laissé des traces. Au final, beaucoup de blessés mais un seul décès (peu crédible évidemment). Or, peu après, les membres de la Ligue sont attaqués par une sorte de virus informatique. Lorsqu’il apparait que le mari de la défunte est un hacker de génie ce-dernier devient, forcément, le principal suspect. Mais est-ce bien lui le coupable ?

JUSTICE LEAGUE REBIRTH - TOME 2: ETAT DE TERREUR de Brian Hitch et co.

Voici donc deux arcs assez classiques : si le premier se montre peu passionnant le second s’avère plus intéressant avec cette menace mystérieuse qui s’en prend à la Ligue. Bien sûr le suspect, rapidement identifié, n’est pas coupable, il voulait seulement jouer les Robin des Bois en prenant un peu d’argent à Luthor et Wayne pour aider les victimes des destructions causées par la Ligue. Le twist se voit d’ailleurs à des kilomètres. La dernière partie se limite à un gros affrontement entre la Ligue et une armée de super vilains appâtés par la perspective d’obtenir la fortune combinée de Luthor et Wayne.

Rien de bien neuf surtout que les méchants en question manquent d’ampleur : à part Amazo nous avons droit aux seconds couteaux (Verglas ressemble à un ersatz de Captain Cold) ou à de la figuration (L’Epouvantail peut effrayer à Gotham mais contre la Ligue il ne fait clairement pas le poids. Et en parlant de poids Giganta ne sert toujours clairement à rien) mais le tout se laisse cependant lire avec plaisir si on accepte le postulat « blockbuster » d’un récit que l’on eut aimé un peu plus profond et travaillé. En effet, la confrontation des membres de la Ligue avec leurs peurs cachées puis le retournement de leurs armes suite à l’infestation informatique (avec une attaque des systèmes de sécurités de la batcave) pouvait donner lieu à un récit plus intéressant que la simple « grosse baston ». Mais le scénariste, empêtré dans ses travers (le « toujours plus »), ne peut se permettre de passer trop de temps sur l’intrigue proprement dite puisqu’il doit fournir son quota de « destruction porn » (la moitié de la pagination abuse du pif paf) illustrées de manière correcte par les différents dessinateurs même si on remarque un manque de précision dans les décors et personnages d’arrière-plan souvent à peine esquissés.

Les fondamentaux sont néanmoins de la partie (Batman et Superslip s’empoignent…quelle originalité !), quelques notations s’avèrent sympathiques (l’incapacité de Flash à s’adapter à un monde qu’il juge trop lent, les doutes de Jessica) mais les maladresses sont présentes (la conclusion des deux arcs est bien trop rapide) et certains dialogues sonnent vraiment faux (Aquaman qui s’exclame en plein combat devant un Simon dépassé par son anneau « ce ne serait pas arrivé à Hal Jordan » bonjour la camaraderie !) mais la présentation des personnages humains reste correcte. La famille endeuillée, par exemple, est crédible avant l’arrivée d’un délire à base de hacking et de virus informatique surpuissant.

 

JUSTICE LEAGUE REBIRTH - TOME 2: ETAT DE TERREUR de Brian Hitch et co.

Tout ça ne vole pas bien haut mais, au final, cette deuxième salve pour la Justice Leage renaissance demeure un bon « blockbuster » super héroïque qui assure sa mission de divertissement explosif. Il ne faut pas en attendre davantage sous peine d’être déçu.

 

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Publié le 22 Février 2018

L'ARME DE NULLE PART (LES LOUPS DES ETOILES TOME 1) d'Edmond Hamilton

Les Loups des Etoiles sont de terribles pirates de l’espace craints dans toute la galaxie. Morgan Chane, le seul Loup d’origine terrienne, a été élevé sur leur monde, Varna. Cependant il se voit contraint de les fuir après avoir tué un de ses « camarades ». Dès lors, Chane, traqué, vivra de nombreuses aventures en compagnie de mercenaires terriens pris dans un conflit galactique.

Archétype du space-opéra, les trois volumes des « Loups des Etoiles » ont été écrits par un des grands créateurs du genre, Edmond Hamilton (1904 – 1977), dont les premiers récits publiés datent de 1926 et qui a livré la quintessence de l’aventure spatiale échevelée avec l’excellent LES ROIS DES ETOILES dès 1949. On lui doit également une quinzaine de bouquins mettant en scène le fameux Capitaine Future (alias Flam) et de nombreux épisodes de « Batman », « Superman », « La légion des super héros » mais c’est une autre histoire.

Avec cette saga, rédigée à la fin des sixties, Hamilton ouvre clairement la voie à STAR WARS en proposant des baroudeurs de l’espace en butte à différentes menaces dont un gigantesque vaisseau et de nombreux extra-terrestres originaux. Alors, évidemment, la technologie est déjà en partie dépassée (ces « ordinateurs cliquetants » et ces « rapports imprimés »), les rebondissements sont relativement attendus mais, dans l’ensemble, le lecteur passe un bon moment avec cette ARME DE NULLE PART. La brièveté du roman constitue d’ailleurs un bon point : 200 pages bien tassées divisées en une vingtaine de courts chapitres. L’écriture est sans fioriture mais le style très correct, très professionnel. Hamilton avait, à l’époque, atteint sa maturité littéraire et on sent clairement son métier, forgé par des dizaines de romans

De leur côté les personnages sont sympathiques, brossés de manière rudimentaire mais avec quelques intéressantes réflexions qui leur donnent une réelle humanité. Ce sont certes des héros dans la grande tradition du pulp mais ils s’avèrent plus faillibles et mieux dessinés que de coutume.

Un peu daté, quelque peu linéaire, L’ARME DE NULLE PART demeure un honnête space-opéra à l’ancienne qui se lit avec plaisir en une soirée. A l’heure des pavés de centaines de pages parfois pas beaucoup plus originaux ou intéressants l’œuvre d’Hamilton se redécouvre avec intérêt au point que l’on ne tardera pas trop à embrayer sur le deuxième volet de la trilogie.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #science-fiction, #Aventures, #Golden Age, #Space Opera

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Publié le 20 Février 2018

STAR WARS - DOCTOR APHRA TOME 1 de Kieron Gillen et Kevin Walker

Personnage secondaire découverte dans le comics DARK VADOR, le docteur Aphra s’est rapidement imposée comme la nouvelle venue la plus sympathique du nouvel univers étendu. Sorte de croisement entre Indiana Jones et Han Solo au féminin, la belle archéologue n’hésite jamais à tromper son monde ou à trahir ses amis pour assurer son profit. Vu sa popularité, rien d’étonnant à ce que la demoiselle ait droit à sa série personnelle suite à la conclusion de DARK VADOR.

Alors que le seigneur noir la croit morte, Aphra peut voler (dans les deux sens du terme) de ses propres ailes. Notre archéologue de charmes, escortées d’un redoutable wookie, Krsssantan le Noir, et de deux droïdes meurtriers, Triple Zero et BT, vit donc des aventures diverses un peu à l’écart de l’Empire et de la Rébellion. Déchue de son doctorat en archéologie après la découverte de sa tricherie aux examens, la jeune femme se voit dans l’impossibilité de refourguer les antiquités qu’elle a dérobé. Une catastrophe pour notre voleuse. Heureusement, elle est contactée par son père à la recherche de l’Ordu Aspectu, des Jedi dissidents en quête de l’immortalité. Papa veut retrouver leur forteresse cachée et Aphra va l’escorter sur une lune insignifiante où l’Empire installe ses forces afin de fondre sur les rebelles.

A cette intrigue pleine de rebondissements, le récit ajoute quelques clins d’oeils amusants. Ainsi Aphra et son papa se retrouvent sur une lune sans aucun intérêt sur laquelle les Impériaux se sont installés. Il s’agit évidemment de Yavin IV. Peu après le paternel s’étonne de la réalité de l’Etoile Noire : pour lui il ne peut s’agir que d’un canular : « on parle un jour d’une machine capable de détruire une planète et le lendemain elle est détruite ». En effet, ça ne parait pas très sérieux.

STAR WARS - DOCTOR APHRA TOME 1 de Kieron Gillen et Kevin Walker

Ce premier tome alterne l’intimiste, le fun (le récit d’un même événement raconté de manière très « peace and love » par le paternel puis par Aphra elle-même de façon bien plus brutale), le décalé (avec les commentaires toujours aussi ironiques de Triple Zero, droïde psychopathe obsédé par la torture qui constitue la version démoniaque de l’affable C3PO) et l’action pure. Nous avons ainsi droit à une poignée de bastons efficaces, notamment, à mi-parcours (dans l’épisode 3) un combat inégal entre le chasseur de primes Wookie et les forces impériales complètement dépassées par la sauvagerie de leur adversaire.

De leur côté, les dessins sont, dans l’ensemble, réussis et détaillés, à l’exception de quelques cases privées de véritables arrière-plans et qui, dès lors, paraissent un peu vides. Un petit bémol pour une série sinon fort plaisante à suivre.

Hommage humoristique à deux personnages phares campés par Harrison Ford, ce croisement féminin (et lesbien) entre Han Solo et le Docteur Jones se révèle un petit bol de fraicheur dans l’univers étendu, d’autant qu’en s’éloignant des principaux protagonistes de la saga le scénariste possède les coudées franches pour proposer des récits surprenants et plus innovants que dans les séries phares (STAR WARS et DARK VADOR). Une belle réussite dont on attend la suite avec impatience.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #science-fiction, #Comic Book, #Marvel Comics, #Space Opera, #Star Wars

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Publié le 19 Février 2018

ICI OSS 117 de Jean Bruce

Ecrit en 1949 voici la première aventure de Hubert Bonisseur de la Bath ici chargé, pour le compte d’une grande banque américaine, de retrouver des documents volés relatifs à une vente d’armes compromettantes.

Le scénario reste d’ailleurs flou sur la nature exacte des documents ou les pays impliqués dans la magouille, tout ça n’est pas très précis ou documenté, volontairement ou pas nous sommes loin du côté fouillé d’un SAS par exemple. A la manière d’un MacGuffin cher à Hitchcock cette quête des documents perdus se révèle donc surtout un prétexte à une aventure échevelée dans la grande tradition du « pulp » : femmes fatales, nymphette nymphomane, méchant sadique, séance de torture, héros pur et dur se sortant de toutes les situations avec le sourire,…Bref, de l’écriture au kilomètre mais avec un certain sens du rythme et de la formule : un pays du Golfe, le Panama, la Suisse,…toutes ces nations sont mêlées à une vente d’armes bidouillées par divers organismes financiers et qui intéressent plusieurs services secrets, donc les Etats-Unis. Hubert lui-même semble encore peu défini, il navigue entre l’agent secret et le détective (il se présente comme tel), escorté de son copain Pierre Dru, tous deux vétérans de la Seconde Guerre Mondiale et capables d’infiltrer les milieux interlopes de Paris.

L’enquête avance donc sur un rythme rapide, dans la pure tradition du roman de gare, loin d’une politique fiction complexe. Pour les lecteurs néanmoins largués, Jean Bruce se permet, exactement au milieu du roman, de récapituler en quelques pages tous les événements précédents.

Le style de l’auteur reste de son côté  impersonnel mais pas désagréable. Bruce s’adapte à son sujet et ne perd pas son temps en digressions inutiles ou descriptions longuettes, exceptés lorsqu’il détaille les anatomies féminines forcément magnifiques croisées par Hubert. L’utilisation d’un argot aujourd’hui bien daté s’avère cependant quelque peu pénible, cette gouaille de voyou typique de son époque étant à présent passée de mode.

On peut également sourire devant le comportement d’un Hubert ultra séducteur capable de tomber toutes les jeunes (voir les très jeunes !) femmes croisant sa route mais capable, grand seigneur, d’en laisser quelques miettes à son pote Pierre Dru. Une amitié solide comme le roc à laquelle il serait malvenu de trouver des connotations homoérotiques refoulées.

Evidemment, le souvenir des deux dernières adaptations cinématographique en date (après celles, plus sérieuses, des sixties) accentue le côté parodique de la lecture : ces films ne faisaient finalement que grossir un trait déjà bien épais, comme en témoigne les remarques distillées par l’auteur : « Hubert pensait aux seins pointus de Sonia et d’un doigt distrait caressait l’acier froid de son colt » ou encore « Elle ferait mieux de s’allonger plutôt que de chanter, le client serait plus satisfait et elle gagnerait davantage ». On imagine très bien Jean Dujardin déclamer ce genre de répliques en arborant un sourire de macho satisfait.

Bref, tout cela semble aujourd’hui désuet mais, entre coucheries encore soft (l’érotisme prononcé viendra plus tard avec la libération des mœurs), action mouvementée, péripéties attendues (Hubert et son copain coincé dans un immeuble en feu, identité du coupable) et violences gratuites le lecteur peut encore prendre plaisir à cette aventure divertissante et sans prétention.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Policier, #Aventures, #Roman de gare, #Espionnage, #OSS 117

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Publié le 16 Février 2018

ANNIHILATION de Jeff VanderMeer

La Zone X. Un endroit mystérieux, isolé des gens et du monde. Une expédition y est envoyée, revenant en parlant d’une sorte de paradis. Une seconde est envoyée. Tous ses membres se suicident. Une troisième est envoyée. Tous ses membres s’entretuent. Puis encore une autre. Tous ses membres meurent d’un cancer foudroyant.

Une douzième expédition se rend vers la Zone X. Elle se compose de quatre femmes dont nous ne connaitrons jamais les noms. Une anthropologue, une mathématicienne, une psychologue et une biologiste qui se chargent de raconter ce qu’elles vont découvrir au cœur de cette Zone X.

ANNIHILATION a reçu de nombreux prix et a été adapté en film. Beaucoup de lecteurs l’ont aimé, certains le considèrent déjà comme un petit classique de la science-fiction. Ou plutôt de la « weird fiction » comme ils aiment à le définir, à savoir un mélange de science-fiction, de fantastique, de drame psychologique et d’horreur lovecraftienne. Pourtant c’est un roman extrêmement pénible à lire. En dépit de son nombre de pages réduit le livre tombe littéralement des mains à intervalles réguliers. Sa narration à la première personne ne le rend pas toujours très digeste, ce qu’accentuent une écriture quelconque et des digressions parfois laborieuses ponctuées de réflexions philosophico existentielles pouet pouet du plus mauvais effet.

ANNIHILATION de Jeff VanderMeer

Durant tout son déroulement il est difficile de s’attacher aux personnages, caractérisés de manière (volontairement) schématique et restreints à leur seule fonction (biologiste, psychologue, etc.). Si le mystère fonctionne et donne l’envie de poursuivre la lecture pour en apprendre davantage l’ensemble manque d’émotions pour passionner.

Le dernier tiers s’avère encore plus ennuyeux et parait tourner en rond. La seule motivation du lecteur est alors d’en finir, de savoir ce qu’est cette Zone X. Peine perdue : il est difficile de comprendre où l’auteur veut en venir. On pourrait dire « à rien » puisque la fin, ouverte, ne résout rien. Ce manque de véritable conclusion s’explique (après tout il s’agit du premier tome d’une trilogie – mon dieu…une trilogie !!!) mais laisse une impression désagréable de « tout ça pour ça ».

En dépit de son originalité réelle (on ne peut la nier) et des nombreux prix récoltés (Nebula et Shirley Jackson Award), ANNIHILIATION n’est donc pas, c’est le moins que l’on puisse dire, pleinement convaincant. Cryptique, atmosphérique, intriguant,…mais surtout, osons le dire, incroyablement emmerdant.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #science-fiction, #Horreur, #Prix Nebula

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