horreur

Publié le 17 Septembre 2019

LA FLEUR DE VERRE de George R.R. Martin

Cet enième recueil de Martin, paru chez Actu SF en 2014 (puis réédité par les mêmes en 2017) commence avec « Fleur de verre » une nouvelle de science-fiction confuse à laquelle je n’ai absolument pas accroché. Elle m’est tombée des mains au point d’avoir enchainé directement sur la suite.

Tiré de l’anthologie CHANSONS DE LA TERRE MOURANTE en hommage à Jack Vance, « une nuit au chalet du lac » nous emmène donc dans une auberge mal fréquentée mais célèbre pour son plat d’anguilles siffleuses (hélas celles-ci ont disparus depuis longtemps). Un bon récit de Fantasy étrange, décalé et humoristique, un hommage certes appliqué mais très plaisant dans lequel on entre assez facilement en dépit des particularités de cet univers pré-apocalypse.

« Les hommes aux aiguilles », jadis publié dans Fiction, bénéficie d’un nouveau tour de piste et reprend à son compte la célèbre légende urbaine des apprentis médecins droguant des déshérités pour alimenter un trafic d’organes. Le récit, très proche de ce que proposait jadis des BD horrifiques comme TALES FROM THE CRYPT, fonctionne agréablement en dépit d’une conclusion attendue.

On poursuit avec « cette bonne vieille Mélodie » dans lequel un homme ayant réussi voir réapparaitre dans sa vie une ancienne copine de fac complètement paumée et détraquée dont il ne parvient plus à se débarrasser. Une belle réussite de fantastique horrifique bien mené.

Avec son ambiance à la Stephen King (il a d’ailleurs écrit plusieurs textes sur le sujet), « Le régime du singe » constitue une autre nouvelle fort efficace sur le thème d’un obèse prêt à tout pour perdre du poids.

On termine le recueil avec le très court « On ferme », parodie déjantée des histoires apocalyptiques, un texte mineur mais amusant.

L’antédiluvien « Y a que les gosses qui ont peur du noir » complète le sommaire, écrite par un Martin adolescent dans un style proche des comics. Objectivement ça n’a pas grand intérêt excepté pour le fan qui mesurera le parcours accompli par l’auteur.

Le recueil se termine par une courte interview de Martin, un petit bonus dispensable mais pas désagréable à l’image des spots promo accompagnant les dvd.

A noter que « Fleur de verre », « cette bonne vieille Mélodie », « Le régime du singe » et l’antédiluvien « Y a que les gosses qui ont peur du noir » figurent également au sommaire de l’indispensable R.R.RÉTROSPECTIVE.

En bref, un recueil assez inégal que l’on conseillera surtout pour « Les hommes aux aiguilles », les fans de Martin ayant sans doute déjà les autres textes les plus intéressants dans R.R.RÉTROSPECTIVE ou CHANSONS DE LA TERRE MOURANTE.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Fantasy, #Horreur, #Recueil de nouvelles, #science-fiction

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Publié le 3 Septembre 2019

ZERO HEURE de John Russo

Ecrit par John Russo (qui a rédigé bien des bouquins et ne doit pas se voir réduit à LA NUIT DES MORTS VIVANTS), ce ZERO HEURE s’avère intéressant par son intrigue touffue et relativement originale. Bien sûr on peut pointer quelques similitudes avec des œuvres bien connues, de « La colline à des yeux » à « Massacre à la tronçonneuse » en passant par « The Wicker Man » et « Psychose ».

L’histoire commence par une petite famille massacrant une gamine en étant persuadé qu’il s’agit d’un démon. Nous retrouvons Cynthia, la cadette, bien plus tard : elle a complètement embrassé le côté obscur de la sorcellerie et organise des cérémonies rituelles se clôturant par un triple sacrifice humain. De pseudo- sorciers viennent y assister durant le week-end de Pâques. Une des victimes, ayant fui son beau-père abusif, tente de s’échapper avant la réalisation du rite impie.

Russo livre ici un roman plaisant et efficace, sans prétention mais agréable, bien ramassé (l’édition originale faisant 176 pages on imagine qu’il ne souffrit aucunement de sa traduction) mais aux personnages adroitement brossés. Ainsi on apprécie l’originalité apportée par la présence d’un policier corrompu qui, après avoir tenté de violer sa belle-fille, trouve très pratique sa capture par une secte satanique. La religion et l’occulte joue en outre un rôle important dans l’histoire qui témoigne de cette époque (les années 70) où on considérait le satanisme comme un terrible danger menaçant l’innocence des jeunes gens. Sorti en 1980, le récit se trouve ainsi à la charnière de deux époques dans le domaine de l’horreur, entre le côté surnaturel prononcé de la décennie précédente et les exactions plus terre à terre des maniaques homicides des années 80.

Adapté au cinéma par l’auteur lui-même en 1982 sans vraiment retrouver la réussite du roman (il lui donna même une suite dix ans après), ZERO HEURE fonctionne efficacement et constitue une petite réussite dans le domaine de l’épouvante littéraire ici plus « pulp » que véritablement gore, l’auteur prenant soin de ne pas verser dans le vomitif gratuit. Un « Gore » très correct pour les amateurs.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Cinéma, #Gore, #Horreur, #Roman de gare

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Publié le 30 Août 2019

NIGHT OCEAN d'Howard P. Lovecraft

Ce recueil édité en 1986, sans équivalent en langue anglaise, s’apparente à une collection de « fond de tiroirs » mais reste intéressant pour l’inconditionnel de Lovecraft qui y trouvera de nombreuses curiosités jusque là difficilement accessibles. Sunand Tryambak Joshi, considéré comme le plus grand spécialiste mondial de HPL, offre donc une introduction explicative concernant Lovecraft avant une série de récits d’intérêt divers. De nombreux textes constituent des collaborations : Robert H. Barlow et HPL proposent ainsi l’atmosphérique « L’Océan de la nuit » ainsi que « Bataille au fond des siècles » et « Cosmos effondrés ». Ce-dernier constitue une autre curiosité littéraire bâtie sur le principe du cadavre exquis, Robert H. Barlow et HPL ayant alterné les paragraphes (sous le pseudonyme commun de Hammond Eggleston). Sur le même principe, « Le défi d’outre-espace » mérite l’attention par sa collaboration exceptionnelle entre HPL, Catherine L. Moore, Abraham Merritt, Robert E. Howard et Frank Belknap Long. Toutefois, tout cela n’est pas franchement transcendant.

Henry S. Whitehead propose « Piège », un court récit science-fictionnel, aujourd’hui très classique (mais probablement original à l’époque de sa rédaction) sur un étrange miroir maudit (de Loki) et sur la possibilité de s’y retrouver coincer. Pas mal.

Les autres textes se caractérisent par leur brièveté, certains ne faisant que deux pages (« Souvenir ») tandis que les plus longs comme « Le peuple ancien » s’étendent sur une douzaine. On retient aussi la fameuse « Histoire du Necronomicon » véritable pierre sur lequel s’est construit le mythe de Cthulhu et quelques récits mineurs mais plaisants comme « Les chats d’Ulthar » ou « Nyarlathotep »

Enfin, « Le livre de raison » consiste en une suite de notes brèves et d’idées de nouvelles rédigées par Lovecraft : 45 pages susceptibles d’inspirer les épigones du maitre (ils ne se sont pas privés pour y puiser, en particulier Derleth, justifiant ainsi de prétendues « collaborations » posthumes) et quelques conseils pour écrire du fantastique.

Pour le grand public, NIGHT OCEAN risque de paraitre anecdotique voire d’un intérêt discutable : peu de textes vraiment majeurs et beaucoup de fragments ou de récits inachevés qui font office de documents ou de testaments. Pour les inconditionnels de Lovecraft, par contre, ce recueil se montre indispensable afin de mieux cerner la variété des thèmes abordés par l’écrivain : fantastique, horreur, fantasy, science-fiction, humour, histoire, essai, etc.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Fantasy, #Golden Age, #Horreur, #Lovecraft, #Recueil de nouvelles

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Publié le 28 Août 2019

LA LOTERIE de Shirley Jackson

Shirley Jackson reste surtout célèbre pour son roman MAISON HANTEE plusieurs fois adapté à l’écran (« La maison du diable », son piteux remake et, dernièrement, une série télévisée) mais on lui doit également une série de nouvelles étranges, à l’ambiance d’épouvante feutrée.

Edité dans la collection « Terreur » ce recueil de vingt histoires courtes se montre pourtant inclassable. Les histoires développées sont bien écrites, agréables à lire mais ne paraissent pas toujours abouties. C’est sans doute voulu afin de garder l’étrangeté des récits mais cela peut également décontenancer un lecteur plus amateur de « contes à chute ».

Les deux premiers textes, « la dent » et « L’amant diabolique » sont symptomatiques de cette manière d’écrire toute en allusions : un bruit insolite, une situation bizarre génèrent le fantastique mais pas vraiment le frisson attendu. On peut en dire autant de « The Villager », là aussi agréable à lire mais qui laisse le lecteur en plan et dans l’expectative, sans qu’il sache réellement où Shirley Jackson veut en venir. « Charles » et « Le sorcier » s’avèrent, eux, plus traditionnels mais également plus prévisibles, y compris dans leur petit twist final.

Inutile de détailler toutes les nouvelles, elles ressortent toutes, ou presque, de ce « fantastique » quotidien et ténu, de cette étrangeté particulière qui peut vite déboucher sur l’angoisse. On apprécie (Stephen King est un inconditionnel et on mesure l’influence que Shirley Jackson a pu avoir sur des gens comme Bradbury, Matheson ou plus récemment Gaiman), ou pas (personnellement une majorité des textes m’a laissé perplexe) mais on lira toutefois la nouvelle titre, « la loterie », devenue un classique du genre.

Considérée à sa sortie comme terriblement choquante elle a aujourd’hui perdu un peu de sa puissance (la fin se devine rapidement) mais demeure un modèle de récit horrifique « à chute ». Une excellente nouvelle qui justifie, quasiment à elle seule, la lecture de ce recueil sinon inégal et quelque peu décevant (pour moi).

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Horreur, #Recueil de nouvelles

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Publié le 27 Août 2019

LE LIVRE NOIR présenté par Ramsey Campbell

Ramsey Campbell rassemble ici diverses nouvelles d’inspirations lovecraftiennes et d’un intérêt variable, sans doute intéressantes pour les inconditionnels du « mythe » mais d’une lecture accessoire pour les moins familiers de l’univers de HPL.

Appliqué, Stephen King ne parvient guère à faire trembler avec son très moyen « Crouch End », hommage sans doute sincère mais manquant de conviction. « Les étangs des étoiles » de A.A.Attanasio, « Le second souhait » du spécialiste Brian Lumley et le « Sombre Eveil » du vétéran Frank Belknap Long fonctionnent de meilleure manière sans qu’aucune d’entres elles ne se montrent réellement transcendantes. « Le puit N°247 » de Basil Copper ne convainc pas réellement tandis que la palme de l’inutilité revient à Martin S. Warnes qui termine un fragment inachevé de Lovecrat, « le livre » (publié dans le recueil DAGON) sous la forme d’un court texte, « Le livre noir », qui se contente d’aligner les références mythologiques (et permet aussi, n’en doutons pas, de placer bien en évidence le nom de Lovecraft sur la couverture). T.E.D Klein livre sans doute le meilleur récit de cette anthologie avec « L’homme noir à la trompe » qui déplace le mythe en Afrique. Le héros, un écrivain influencé par HPL, découvre progressivement la réalité des créations de Lovecraft. Après un plus classique et moins intéressant « Plutôt que de maudire les ténèbres », Ramsey Campbell lui-même termine cette anthologie avec « les visages de Pine Dunes », une histoire de sorcellerie transposée à l’époque actuelle (enfin les 70’s) et adroitement menée en dépit d’une conclusion attendue.

En résumé voici un énième recueil de récits lovecraftien alternant logiquement le médiocre et le très bon (deux nouvelles vraiment réussies sur neuf, le bilan est cependant maigre) avec une majorité de textes passables ou simplement moyens. Le tout se lit néanmoins sans déplaisir à condition de savoir à quoi s’attendre et d’être un amateur vorace du mythe de Cthulhu.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Horreur, #Lovecraft, #Recueil de nouvelles

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Publié le 8 Juillet 2019

LES CONTES DE LA FEE VERTE de PoppY Z. Brite

Les nouvelles de Poppy Z. Brite tournent souvent autour des mêmes thématiques : perversions, homosexualité débridée, violence, glauque, gothisme, noirceur, sadomasochisme… Si elle / il recourt aux créatures légendaires de la bit-lit (vampires en tête), Poppy préfère jouer la carte de l’horreur extrême, pas question donc de se laisser aller à un romantisme malvenu ou à décrire les dessous de dentelles de ses héroïnes. On y retrouve, à chaque fois, un mélange d’exotisme poisseux qui pue la sueur rance, le sexe et la mort (avec pour décor la Nouvelle Orléans ou Calcutta) et d’érotisme hard. Bien sûr, toutes ses nouvelles ne sont pas également réussies mais cette appréciation est, de toutes façons, purement personnelle. Pour ma part j’en ai apprécié certaines tandis que d’autres m’ont laissé dubitatif.

« Anges » et ses siamois incomplets depuis leur séparation (une sorte de variation sur le thème du très gore long-métrage « Basket Case ») constitue une belle réussite. On en retrouve les protagonistes dans la plus quelconque « Prise de tête à New York ».

« Sa bouche aura le goût de la fée verte » constitue un hommage à un classique de Lovecraft, « le molosse », revisité de manière bien plus brutal et (homo)érotique.

La courte « Xénophobie » et l’étrange « musique en option pour voix et piano » s’avèrent également intéressantes mais la plus percutante des histoires reste sans doute « La sixième sentinelle ». Une histoire d’amour avec corps putréfié, jeune gothique strip teaseuse et suicidaire, fantôme aux desseins pervers,…

La très brutale « Paternité » et la nauséeuse « Calcutta, seigneur des nerfs” fonctionnent agréablement dans leur regirstre, la seconde ne racontant pas grand chose mais bénéficiant d’une belle ambiance grâce à des phrases aussi radicales et bizarrement poétiques que celle-ci: "Le monde est une putain et Calcutta est sa chatte. Quand le monde s'accroupit et écarte les jambes, c'est Calcutta que l'on découvre, ce sexe moite d'où s'élèvent mille odeurs aussi exquises que nauséabondes."

Encore une fois nous ne sommes pas chez Harlequin comme en témoigne cet autre court extrait : « Nous attachions leurs poignets et leurs chevilles avec des dentelles noires, nous lubrifiions et pénétrions leurs moindres orifices, nous leur procurions des plaisirs qui leur faisaient honte. Je me souviens de Félicia, une beauté aux cheveux mauves, qui parvint à un orgasme sanglotant, sauvage, grâce à la langue râpeuse d'un chien errant ».

Cependant, on peut se lasser de la similitude des thèmes abordés et des obsessions de Poppy Z. Brite, de son attrait pour les homos gothiques sado masos plus ou moins tarés ou de ses fins ouvertes qui laissent un goût d’inachevé. On peut néanmoins apprécier la qualité de sa plume, qui oscille entre un fantastique poétique à l’ancienne et une méticulosité dans les descriptions croustillantes n’ayant rien à envier aux plus violents pornocrates. Bref, une série de nouvelles enivrantes comme un grand verre d’absinthe qui devraient satisfaire les amateurs d’horreur érotiques loin de la mièvrerie de bien des auteurs actuels du fantastique. Et ce en dépit d’une poignée de textes pas vraiment convaincants.

Ce recueil, originellement publié en 1993, reste donc une bonne porte d’entrée dans l’univers de Poppy Z. Brite. Les curieux iront ensuite s’abreuver de SANG D’ENCRE et AMES PERDUES, les plus pervers apprécieront ses deux anthologies EROS VAMPIRE et les plus endurcis tenteront LE CORPS EXQUIS, sans doute un des romans les plus « jusqu’au boutiste » de ces dernières décennies.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Erotique, #Fantastique, #Gore, #Horreur, #Recueil de nouvelles, #Splatterpunk

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Publié le 29 Juin 2019

LE GUIDE LOVECRAFT de Christopher Thill

Comme tous les bouquins de cette collection, ce GUIDE s’impose rapidement comme un incontournable pour les novices mais aussi pour ceux qui connaissent bien le sujet et désirent en apprendre davantage. Seuls les « encyclopédies vivantes » n’y apprendront pas grand-chose mais même eux pourraient se laisser séduire par une présentation sympathique qui, en deux cent pages, cerne agréablement l’univers de HPL. Le livre n’ayant pas l’ambition de l’exhaustivité (« il ne se veut pas un ouvrage d’érudition approfondi et complet » nous apprend la préface) inutile de relever l’absence de tel livre, de tel épigone de HPL, de tel film ou de tel obscur disque inspiré par Cthulhu. Toutefois, LE GUIDE LOVECRAFT réussit son pari d’aborder toutes les thématiques associées à Lovecraft : on commence par une courte (mais suffisante) biographie d’une dizaine de pages (évidemment nous sommes loin d’une somme comme le récent JE SUIS PROVIDENCE mais le grand public en apprendra suffisamment quitte à se tourner ensuite vers des biographies plus fouillées) accompagnée d’une quinzaine de pages supplémentaires revenant sur les diverses idées reçues ayant fait de l’écrivain un (au choix) reclus initié mystique raciste dépressif excentrique. Ce qu’il n’était pas, du moins pas autant que certains l’ont ensuite prétendu au point de forger à Lovecraft une véritable « légende noire » qui s’accordait (un peu trop) bien avec ses écrits.

Le point central du GUIDE reste toutefois l’œuvre elle-même, qui occupe plus de 120 pages : les différents genres abordés (essais, nouvelles, lettres, poèmes,…), un chapitre sur les « 20 textes à lire » qui ne se veut pas un best of mais plutôt un panorama diversifié des thèmes abordés par l’écrivain, allant de la fantasy inspirée par Lord Dunsany à l’horreur à la Edgar Poe en passant par la science-fiction, l’humour, la poésie, le gore de RE-ANIMATOR et, au final, les « Grands Textes consacrés aux Grands Anciens ».

Le GUIDE y ajoute dix suggestions de lecture supplémentaires comme par exemple son LIVRE DE RAISON (catalogue d’idées à exploiter et de conseils pour les écrivains novices), son essai EPOUVANTE ET SURNATUREL EN LITTÉRATURE, son cycle poétique FUNGI DE YUGGOTH et, enfin, quatre « collaborations » qui assurèrent son maigre salaire à un Lovecraft chargé de réviser les textes de ses collègues. Chaque notice (en moyenne de deux pages) précise le moment de rédaction du texte, l’édition la plus célèbre et la plus récente, résume l’intrigue, apporte un éclairage court mais pertinent et se termine par quelques pistes de lecture supplémentaire. Là encore, les incollables auraient aimés que le GUIDE aille plus loin mais la majorité y puisera de quoi découvrir Lovecraft.

Le GUIDE analyse ensuite les clichés « lovecraftiens », ceux que l’on retrouve effectivement dans les textes et d’autres qui, souvent, ne s’y trouvent pas mais ont été assimilés comme tels par le lecteur,  souvent sur base d’écrits apocryphes plus ou moins légitimes. D’ailleurs, les successeurs de HPL sont ensuite envisagés, que ce soit le « premier cercle » (Clark Asthon Smith, Robert Bloch, Lin Carter,…), le « second » (Brian Lumley, Ramsey Campbell,…) et les plus modernes (Kij Johnson, Karim Berrouka). Un univers en expansion.

Le chapitre suivant quitte les livres pour brosser un tableau certes schématique mais intéressant des influences d’HPL dans les films, la musique, les jeux de rôles, etc. Là encore, les pistes proposées sont suffisamment nombreuses pour susciter l’envie du lecteur d’en explorer une partie.

Enfin, avant une courte conclusion, LE GUIDE nous offre un amusant lexique lovecraftien qui nous permettra de pouvoir replacer (via une définition et une citation) quelques mots aussi peu usités que polypeux, atavique, cacodémoniaque, fongoïde, Georgien, gibbeux, imposte, non euclidien, etc. Original et bien pensé.

Bref, ce GUIDE LOVECRAFT constitue un résumé instructif et très plaisant qui donne envie de lire ou de relire HPL. En ce sens il a parfaitement réussi sa mission.

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Publié le 6 Juin 2019

ALIENS PERDITION (DEAD ORBIT) de James Stokoe

La franchise Aliens revient au Neuvième Art via un one-shot aussi classique qu’efficace dans lequel l’auteur retrouve l’atmosphère des premiers et troisième opus de la saga cinématographique. Il s’éloigne par conséquent du bourrinage des deux autres volets (et en particuliers d’ « Aliens le retour »).

Après avoir repéré un vaisseau à la dérive, une équipe de secours du Sphacteria découvre trois membres d’équipages dans des caissons d’hibernation. Hélas, lors de leur réveil, l’azote liquide se répand dans les caissons et brûle terriblement les trois infortunés. Au mépris des protocoles les agonisants sont alors ramenés sur le Sphacteria…malheureusement deux d’entre eux abritent des créatures extra-terrestres qui ne tardent pas à s’en prendre aux humains.

ALIENS PERDITION (DEAD ORBIT) de James Stokoe

Simple, énergique, rythmé, ALIENS PERDITION (DEAD ORBIT) fait honneur à la saga initiée (et suicidée ?) par Ridley Scott. Ici, nous sommes nettement plus proche, heureusement, du « Alien le 8ème passager » initial que du piteux « Alien Covenant ». L’intrigue, pourtant, n’innove guère et s’avère même tout à fait classique. Un équipage réduit, un vaisseau exploré sous toutes les coutures et un monstre fort bien mis en valeur par des dessins de toutes beautés qui jouent adroitement des ombres pour parvenir, comme dans le premier long-métrage, à dévoiler la créature tout en lui gardant sa part de mystère. Bref, une recette ultra convenue mais il n’est pas toujours nécessaire de vouloir innover à tout prix pour proposer un plat intéressant. Après tout mieux vaut une bonne tambouille soigneusement mitonnée par un petit chef chevronné plutôt qu’une escapade gastronomique aventureuse au final complètement ratée.

De plus, visuellement, le comic est une grande réussite avec des dessins précis, remplis de détails, soigneusement colorisés, qui placent les personnages au cœur d’une intrigue étouffante et d’ombres menaçantes. 104 pages bien tassées riches en action, suspense et scènes chocs. On en redemande !

ALIENS PERDITION (DEAD ORBIT) de James Stokoe

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Comic Book, #Horreur, #science-fiction, #Cinéma

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Publié le 3 Juin 2019

PLUIE VAUDOU de Richard Laymon

Dans la petite ville états-uniennes de Bixby voir un jeune Noir, Chidi, sortir avec Lisa, la bombasse (blanche) locale pose toujours problème à une partie de la population. Surtout à l’ex copain de la demoiselle, chef d’une bande de petites crapules très portées sur le sexe et la violence. Ils coincent Chidi et lui administrent une punition mortelle façon Klu Klux Klan. Malheureusement, le grand-père du gamin connait le vaudou et en appelle à une vengeance sanglante en invoquant une pluie acide noire. Lorsque les gouttes d’eau empoisonnées entre en contact avec la peau humaine la folie s’empare de Bixby, chacun étant pris d’une frénésie meurtrière.

Décédé en 2001, le prolifique Richard Laymon ne brillait guère par son écriture (quelconque voire médiocre) ni ses intrigues (guère élaborées) et cette variation sur « La nuit des fous vivants » de George A. Romero ne se distingue pas par un scénario élaboré. Laymon, dans la tradition des premiers romans d’horreur « catastrophiques » de James Herbert (LE SOMBRE, FOG, LES RATS,…) joue la carte de la surenchère apocalyptique pour compenser l’absence de véritablement développement : la pluie frappe les habitants d’une petite ville, ceux-ci deviennent cinglés et le carnage débute, ponctué de passages sanglants, de scènes érotiques, de massacres brutaux, de viols, de cannibalisme, etc. Bref tout l’attirail de l’horreur extrême dans la tradition du splatter punk le plus outrancier.

Pour varier les plaisir, Laymon change de point de vue à chaque chapitre et s’intéresse à une poignée de personnages archétypaux : Trev (le flic typique) John (le mec qui désire juste vivre en paix), Maureen (la jeune fille transformée en esclave sexuelle docile par les méchants), etc. Dès lors l’intrigue et l’intérêt du lecteur se déplace d’un protagoniste à un autre (sans que ces derniers ne parviennent à vraiment passionner tant leur caractérisation reste rudimentaire) et, à vrai dire, pas grand-chose de véritablement surprenant ne survient. Laymon donnait dans la série B (pas d’offense !) et, à ce titre, il était peu intéressé par le littéraire (même dans les limites du genre) et surtout motivé par les descriptions horribles ou sexy. Ses romans s’apparentent d’ailleurs à des synopsis de films gore des années 80 et, portés à l’écran, ils auraient certainement enthousiasmés les amateurs de terreurs sanguinolentes.

Malheureusement, ce qui passe agréablement dans un roman de la collection Gore (dont Laymon fut un des principaux pourvoyeurs avec des titres rentre-dedans comme LA CAVE AUX ATROCITES ou LE BOIS DES TENEBRES) sur 150 pages bien tassées s’avère affreusement répétitif dans un bouquin grand format de 360 pages ! Même les lecteurs les plus « hardcore » risquent de trouver le temps long à la énième scène sanglante. On se dit alors (sacrilège ?) que cette PLUIE VAUDOU a manqué d’un éditeur sérieux : le livre eut été nettement meilleur après un sévère toilettage et une adaptation au format de Gore. Débarrassé de ses longueurs, redites et sous-intrigues (dont la plupart ne mènent nulle part), le bouquin aurait constitué une série B satisfaisante. En l’état il s’agit hélas d’un bouquin boursouflé, bien trop long et finalement peu convaincant. Laymon a souvent été décrit comme un Stephen King sous amphétamine et ses romans présentés comme des « plaisirs coupables » mais PLUIE VAUDOU procure trop peu de plaisir pour emporter l’adhésion. A réserver aux inconditionnels du splatter punk.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Gore, #Horreur, #Erotique, #Splatterpunk

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Publié le 29 Mai 2019

DRAGON DE GLACE de George R.R. Martin

Ce recueil de George R.R. Martin rassemble quatre nouvelles (faisant entre 30 et 70 pages) dont seule la première se rattache complètement à la Fantasy, « Dragon de glace ». Il s’agit d’une sorte de conte au sujet d’une jeune femme, Adara, née sous le signe de l’Hiver. Elle ne peut réellement vivre que dans le froid mais, par contre, elle est capable de chevaucher le légendaire dragon de glace. Un agréable et bien écrit mélange de fantasy, de conte initiatique et de récit d’apprentissage puisque la petite fille devra grandir pour réaliser sa destinée. Le récit est, parait-il, situé dans le même univers que celui du TRONE DE FER, ce qui est possible mais, en réalité, nous sommes dans une intrigue et surtout un ton (beaucoup plus enfantin et poétique) totalement différent.

La deuxième histoire, « Dans les contrées perdues », se situe entre Fantasy et fantastique plus traditionnel et fait intervenir des loups-garous et autres métamorphes. La nouvelle se montre un rien prévisible et sa chute, assortie d’une morale « faites attention à ce que vous souhaitez car vous pourriez l’obtenir », classique. Mais le métier de Martin rend toutefois cette nouvelle agréable à lire.

De son côté, « L’homme en forme de poire » fut lauréat du Bram Stocker Award. Ce texte efficace monte lentement en puissance à partir d’une situation classique : une jeune femme se voit persécutée par un mystérieux individu « en forme de poire » qui vit dans le sous-sol de son immeuble. Il l’observe, lui offre des chips, fouille dans ses sous-vêtements, la harcèle par sa seule présence,…Petit à petit notre héroïne devient obsédée par cet individu et sombre dans une véritable folie paranoïaque jusqu’à la conclusion qui reste quelque peu ouverte. Une réussite.

« Portrait de famille » est un autre récit très sombre au sujet d’un écrivain confronté à ses créations littéraires, un thème classique (cf. plusieurs bouquins de Stephen King sur le même thème) mais adroitement réinventé et traité d’une manière très cynique, violente et adulte. Une belle réussite.

En résumé, DRAGON DE GLACE s’avère un nouveau recueil hautement recommandable à découvrir pour les amateurs de George R.R. Martin ou pour ceux qui désirent explorer la production de l’auteur en dehors de Westeros.

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Rédigé par hellrick

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