horreur

Publié le 22 Mai 2019

SKIN TRADE de George R.R. Matin

Forcément, au début des années 2000, le phénomène “Game of Thrones” a poussé les éditeurs à publier des titres encore inédits de George R.R. Martin comme ce SKIN TRADE pourtant lauréat du World Fantasy Award 1989. Un quart de siècle plus tard, le (court) roman débarque chez nous précédé de l’inévitable mention « par l’auteur du TRONE DE FER » et ce même si nous sommes dans un tout autre registre, bien loin de la Fantasy politique de Westeros. L’intrigue est classique: Willie Flambeaux découvre le meurtre d’une jeune femme dans des circonstances étranges. Il confie l’affaire à la détective privée Randi Wade qui s’aperçoit rapidement que les meurtriers ne sont peut-être pas tout à fait humains…

Petit roman concis et efficace, SKIN TRADE revisite le mythe du métamorphe, du change-forme,…bref du loup-garou au travers d’un récit mêlant fantastique, polar et horreur. Avec son héroïne bad-ass et son acolyte lycanthrope, le récit s’apparente quelque peu à de la bit-lit avant l’heure et, quoique le mélange de genre ne soit pas nouveau, Martin parvient à une fusion plaisante entre l’enquête policière et les passages plus portés sur l’épouvante. Bien sûr, tout n’est pas parfait : en dépit de sa brièveté on sent parfois certaines baisses de rythmes, quelques passages pas franchement aboutis et un scénario à la fois prévisible (jusque dans ses twists) et pas toujours cohérent ou crédible. On peut également penser que le livre aurait mérité soit davantage de concisions, soit au contraire davantage de développements (l’univers possède une certaine richesse à peine effleurée)

Enfin, on peut s’interroger sur le World Fantasy récolté par le bouquin. Un prix à la fois attirant (choisir des livres primés n’est pas une si mauvaise option vu la masse de publication actuelle) et décevant (car SKIN TRADE est certes un bon petit bouquin de polar pulp horrifico-fantastique mais il ne méritait peut-être pas un tel honneur).

Toutefois, le style de Martin (simple et efficace, c’est déjà beaucoup dans ce genre de romans voir certaines horreurs mal torchées publiées dernièrement dans le registre de l’« urban fantasy »), le rythme globalement soutenu, les passages plus glauques (ou l’expression « changeurs de peau » prend tout son sens), les quelques touches d’humour assez noirs et les rapports intéressants entre les deux principaux protagonistes rendent la lecture de SKIN TRADE agréable. On passera donc un meilleur moment qu’avec (au hasard…car il y a bien pire hélas) le tome 78 d’Anita Blake ou de Riley Jenson.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Horreur, #Polar, #Roman court (novella)

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Publié le 17 Mai 2019

L’OCEAN CANNIBALE de Christian Vila

Ecrivain prolifique ayant œuvré dans quasiment tous les genres populaires (fantasy, romans pour adolescents, science-fiction, thriller, fantastique) depuis ses débuts en 1977 avec le (forcément) très punk SANG FUTUR, Christian Vila a aussi donné trois romans à la collection Gore dans les années 80. L’OCEAN CANNIBALE est souvent considéré comme le plus faible des trois bien qu’il se lise (et même se relise !) avec plaisir. Vila a manifestement décidé de s’éloigner autant que possible du trip « horreur bas de plafond » souvent (mais pas toujours) prisé par ses collègues francophones pour proposer un roman d’ampleur cosmique et apocalyptique. Si bien des romans « Gore » furent adaptés au cinéma, nul n’aurait songé à porter à l’écran un récit de cette envergure dans lequel nous croisons une bande d’aventuriers à la recherche d’un trésor. La fine équipe est menée par un archéologue handicapé, Nordin, et une héritière nymphomane, Gladys. Ils réveillent par inadvertance une force maléfique nichée au fond des eaux et s’emparent d’un paquebot de croisière, le Sunpearl. Ces pirates d’un nouveau genre massacrent les pauvres vacanciers et déchainent l’horreur dans les eaux du Pacifique. Ils s’apprêtent à déclencher l’apocalypse et le seul recours réside, peut-être, dans les visions d’un vieux sage atteint d’une maladie mortelle.

L’OCEAN CANNIBALE n’est certes pas exempt de nombreux défauts mais possède une énergie recommandable et une dimension planétaire bien au-delà des romans proposés, par exemple, par Eric Verteuil. Ici, le fantastique se veut sérieux, la menace palpable, réelle et immense. L’intrigue, mêlant visions mystiques, érotisme débridé et cruautés, s’apparente à une sorte de perversion, aux normes de la collection Gore, d’une novella de Lovecraft. Le dieu marin cannibale pourrait bien être Cthulhu et ceux des profondeurs prennent les atouts d’une blonde bisexuelle assoiffée de sexe et de sang accompagnée d’une panthère dressée pour tuer. D’où une suite de scènes horrifiques et érotiques plutôt poussées sans aller dans le vomitif de Necrorian ou le malsain de Corsélien. Il y a donc, en dépit des carnages proposés, un côté ludique à ce récit conçu comme une grande aventure dans laquelle surgit l’horreur sanglante.

Dommage que le rythme ne soit pas toujours bien géré : on sent l’auteur gêné par le format imposé, ne pouvant développer certains passages (l’épisode de la piraterie semble expédié) ou forcé de surenchérir dans le gore pour contenter le lecteur. Néanmoins, malgré tout, Vila démontre qu’il maitrise son sujet et livre une intrigue alerte, cohérente, efficace et rarement gratuite. On peut donc gouter avec plaisir aux charmes de cet océan cannibale…

L’OCEAN CANNIBALE de Christian Vila

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Erotique, #Fantastique, #Gore, #Horreur, #Lovecraft

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Publié le 13 Mai 2019

HORREURS MENTALES de Bruce Jones

Sous ce titre original se dissimule un roman de la collection Gore singulier, « Tarotown » en version originale. Une ville bien étrange où vivent des personnages tout aussi étranges. Les agents immobiliers, d’ailleurs, acceptent de négocier leur prix, pratiquement à la tête du client, pour permettre à ceux qui le désirent de devenir propriétaires. Ainsi un jeune couple de Noirs peut acquérir une splendide maison dans un quartier de prestige. Trop beau pour être vrai ou trop beau pour être honnête comme ils vont bientôt s’en rendre compte.

Entre récit « conspirationiste » et plus classique histoire de maison hantée, HORREURS MENTALES s’éloigne des conventions classiques du Gore pour accoucher d’une intrigue mélangeant mystère, épouvante et un zeste d’érotisme avec, néanmoins, quelques scènes sanglantes pour contenter l’amateur.  Bruce Jones, apparemment, n’a eu droit qu’à la publication de ce roman en version française alors qu’il en a écrit plusieurs dans le domaine du thriller violent. L’anthologie LA CATHEDRALE DE SANG propose toutefois une de ses nouvelles, « L’orgueil de la flotte », ensuite reprise dans l’Omnibus LA GRANDE ANTHOLOGIE DE LA FANTASY. On s’est longtemps demandé si ce Bruce Jones était le fameux scénariste de BD ayant travaillé à la fois pour Marvel (CONAN, SPIDERMAN, etc.) et DC Comics (BATMAN, HOUSE OF MYSTERY,…) sans oublier un récit pour « Creepy » qui servit de base à l’épisode « Jennifer » des Masters of Horrors. On aura la confirmation qu’il s’agit bien du même Jones grâce à l’indispensable ouvrage de David Didelot, GORE – DISSECTION D’UNE COLLECTION.

En résumé, HORREURS MENTALES constitue une belle variation sur des thèmes classiques du fantastique et un roman tout à fait satisfaisant qui ne semble pas trop avoir souffert de son passage aux standards de la collection (l’édition originale compte 240 pages).

HORREURS MENTALES de Bruce Jones

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Gore, #Horreur

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Publié le 9 Mai 2019

L'HORREUR DU METRO de Thomas F. Monteleone

Thomas Francis Monteleone n’est pas le plus célèbre des romanciers de littérature fantastique mais il bénéficia de l’engouement pour l’horreur en étant édité à quatre reprises dans la collection “J’ai lu Epouvante”. Il reçut aussi le Prix Bram Stocker pour LE SANG DE L’AGNEAU en 1992.

Typique du fantastique horrifique des années ’80, L’HORREUR DU METRO en possède les défauts et les qualités. Pour les réussites citons un rythme soutenu (en dépit de quelques longueurs, les 300 pages auraient sans doute pu être élaguées), une intrigue certes linéaire mais bien construite, cohérente, crédible et efficace, des personnages attachants, des références lovecraftiennes (le Necronomicon, les pierres-étoiles, les goules rodant dans les couloirs du métro, le final cosmique,…), une énigme ancienne (une rame de métro disparue de la circulation au début du XXème siècle) qui soutient le récit et donne envie d’en connaitre les tenants et aboutissants,…On ajoute le mélange de réalisme, d’enquête sordide (avec un mystérieux tueur en série), de descriptions de la vie nocturne new yorkaise et de fantastique « bigger than life ». Ce qui n’est pas si mal.

Au rayon des bémols on pointe par contre le côté très stéréotypé des protagonistes (le flic opiniâtre, la journaliste jeune et jolie, l’expert en occultisme avec ses vieux grimoires, etc.), l’inévitable romance assaisonnée d’une touche d’érotisme (avec la toute aussi inévitable nuit de passion « absolument renversante » où ils atteignent au moins de 8ème ciel), le côté prévisible du récit, les scènes chocs quelques peu plaquées (l’auteur nous présente une poignée d’individus destinés à finir en chair à saucisse) pour fournir le quota de violences sanglantes. Et puis le style relativement passe-partout de Monteleone, fonctionnel mais pas transcendant, le style du « bon faiseur » appliqué mais qui manque un peu de hargne ou de folie pour vraiment plonger le nez dans l’épouvante pure et dure. Ce qui n’était sans doute pas le but de ce roman d’horreur très « grand public » qui vise à donner un petit frisson mais pas à empêcher le lecteur de dormir.

Bref, on pense beaucoup, dans ses défauts comme dans ses qualités, aux romans de James Herbert première manière (façon LES RATS ou FOG), à certains récits de Graham Masterton (ceux rendant un hommage plus ou moins flagrant à HPL) et aux romans (parfois) interchangeables de Dean Koontz dans sa période la plus commerciale (un tiers romance, un tiers thriller, un tiers épouvante). Ou à des films comme C.H.U.D. ou « Le métro de la mort ». Finalement il existe pires références.

En résumé, L’HORREUR DU METRO n’est pas un incontournable (loin de là !) mais demeure un divertissement horrifique très correct et plaisant. Publié par J’ai Lu il aurait pu (amputer d’un tiers et remanié avec davantage de sexe et de sang) finir chez Gore. Dans les limites de ses modestes ambitions, le bouquin de Monteleone permet de passer un bon moment

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Horreur, #Lovecraft, #J'ai lu Epouvante

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Publié le 3 Mai 2019

LEGENDES DU MYTHE DE CTHULHU - TOME 1: L'APPEL DE CTHULHU de Lovecraft & Derleth

Considéré comme le « continuateur officiel » des légendes imaginées par Lovecraft, August Derleth a proposé de nombreux pastiches de HPL dans divers recueils d’intérêt divers. Il dirige cette fois une anthologie où se retrouvent les épigones les plus fameux de Lovecraft. Après une introduction générale sur le sujet, Derleth débute ses légendes avec le texte fondateur de Lovecraft, « L’appel de Cthulhu » qui reste un de ses meilleurs et qui a véritablement lancé tout ce qui va suivre : romans, nouvelles, jeux de cartes, jeux de rôles, jeux de plateau, films, etc.

On commence cet héritage littéraire avec deux bonnes histoires signées Clark Aston Smith, « Talion » et « Ubbo-Sathla », deux très estimables contributions à l’univers de Lovecraft, tout comme « La pierre noire » de Robert Howard. On peut faire beaucoup de reproches au créateur de Conan mais il possédait réellement un style épique, évocateur, puissant (quoique simple) qui transcendait ses sujets pour donner d’excellents récits (un peu comme Gemmell).

« Les chiens de Tindalos » est un classique, un incontournables, déjà publié maintes fois aussi s’attardera t’on davantage sur l’autre contribution de Frank Belknap Long, « les mangeuses d’espace », hélas moins convaincant mais cependant agréable.

Derleth lui-même s’invite deux fois au sommaire avec « L’habitant de l’ombre » et « Au-delà du seuil »…Le problème de Derleth est qu’il a rarement apporté un regard neuf sur le mythe (excepté sa vision plus chrétienne d’un combat cosmique du Bien contre le Mal) et que ces récits semblent tous bâtis sur le même modèle : grimoires maléfiques, héritages diaboliques, litanies de citations et références,… Ajoutons toutefois que Derleth fait de Lovecraft lui-même un initié et de ses œuvres des histoires authentiques, clin d’œil sympathique quoique parfois un peu plaqué sur ses nouvelles en guise de « caution ». Ce n’est pas désagréable, voire plutôt plaisant, mais au final on a peu l’impression de lire toujours la même chose. Mieux vaut donc ne pas en abuser.

Enfin, Robert Bloch amuse avec « le rodeur des étoiles », également connu sous le titre « le tueur stellaire » ou « le visiteur venu des étoiles ». Un classique des « à la manière de HPL » et une excellente réussite.

Au final, voici un recueil plutôt convaincant avec quelques belles réussites (Bloch, Howard, « les chiens de Tindalos », Lovecraft lui-même évidemment), deux textes efficaces de Clark Asthton Smith, un correct « les mangeuses d’espace » et deux récits très moyens mais pas désagréables de Derleth. Pour les amateurs c’est donc tout à fait recommandable.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Fantasy, #Golden Age, #Horreur, #Lovecraft, #Recueil de nouvelles

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Publié le 2 Mai 2019

LES MEILLEURS RECITS DE WEIRD TALES - TOME 2

Ce second recueil consacré à la revue « Weird Tales » couvre une période plus restreinte (cinq ans). Après une petite introduction, Jacques Sadoul nous propose « La mort d’Ilalotha » de Clark Ashton Smith (ensuite repris dans son HISTOIRE DE LA SCIENCE-FICTION) et une nouvelle d’Hazel Heald et Lovecraft, « Hors du temps » (alias « Surgi du fond des siècles ») tirée de L’HORREUR DANS LE MUSEE. Lovecraft lui-même est au sommaire avec son poème « Psychompopos ».

J.Paul Suter, inconnu au bataillon, propose de son côté un plaisant « Le juge suprème » tandis d’Edmond Hamilton, vétéran du space opera, livre le très court « Les graines d’ailleurs » sur le thème des « belles plantes »…au sens propre.

En disciple de Lovecraft, Robert Bloch amuse avec « le rodeur des étoiles », également connu sous le titre « le tueur stellaire » ou « le visiteur venu des étoiles ». Ce récit hommage est devenu un classique des « à la manière de HPL » puisqu’on le retrouve au sommaire de HUIT HISTOIRES DE CTHULHU, LEGENDES DU MYTHE DE CTHULHU, L’APPEL DE CTHULHU, LES MYSTERES DU VER, LES YEUX DE LA MOMIE et dans l’Omnibus consacré à Lovecraft.

Autre classique incontournable, « La citadelle écarlate » constitue une des nombreuses aventures de Conan signées par Robert E. Howard. On la retrouvera dans les recueils CONAN L’USURPATEUR, LA GRANDE ANTHOLOGIE DE LA FANTASY, CONAN LE CIMERRIEN et, pour les plus fortunés, la monumentale INTEGRALE CONAN. Nous sommes dans la Fantasy épique, hargneuse, sanglante et barbare de bonne facture.

Seabury Quinn, auteur phare de Weird Tales, propose pour sa part une nouvelle enquête de Jules de Grandin, détective du surnaturel, dans le sympathique « La farce de Warburg Tantavul qui, bien que complètement suranné, se lit avec plaisir, par la barbe d’un bouc vert !

Autre réussite, cette fois du complètement oublié, David H. Keller, « le chat tigre » s’avère par contre un récit d’horreur étonnamment moderne rédigé par un écrivain déjà présent au sommaire de la précédente anthologie « Weird Tales » et dont on aimerait pouvoir lire d’autres récits.

Un peu en deçà du premier recueil, ces MEILLEURS RECITS DE WEIRD TALES TOME 2 demeurent hautement recommandables pour les amateurs d’imaginaire rétro qui y trouveront du fantastique, de la science-fiction, de l’épouvante, de la fantasy et du policier surnaturel. Que demandez de plus ?

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Publié le 22 Avril 2019

LES MEILLEURS RECITS DE WEIRD TALES - 1 - 1925 / 1932 de Jacques Sadoul

Après une introduction générale ce recueil débute avec un classique de la Fantasy, « L’Empire des Nécromants » de Clark Ashton Smith, enchainé avec un court mais effectif récit d’horreur anticipant sur les BD à la Tales from the crypt, « La chose dans la cave ».

Ensuite, Frank Belknap Long propose avec « Les chiens de Tindalos » une des meilleures contributions au mythe de Cthulhu, fréquemment rééditée, tandis que Robert Howard livre une nouvelle (elle aussi souvent republiée) « Les mirois de Tuzun Thune », mélange de fantastique et de réflexion philosophique.

On poursuit avec Seabury Quinn. Complètement oublié, il fut pourtant l’un des auteurs les plus populaires de Weird Tales et le créateur du personnage de Jules de Grandin. Ce détective français, spécialisé dans le surnaturel, vécut près d’une centaine d’aventures en prononçant d’étranges sentences comme « par la barbe d’un bouc vert ». La nouvelle ici proposée, « la malédiction des Phipps », semble typique de son style à savoir une enquête rudimentaire, une malédiction ancestrale frappant chaque père au moment de la naissance de leur rejeton, un soupçon de romance,…Totalement suranné mais pas désagréable, à l’image d’un Harry Dickson.

L’inconnu H.F. Arnold démontre en une dizaine de pages son originalité via une « Dépêche de nuit » très moderne et à la chute aussi surprenante que glaçante. Un des joyaux du recueil. Plus anecdotique mais toujours agréable, « Le présent du Rajah » d’Edgar Hoffmann Price constitue un conte oriental pétri de philosophie.

« Le huitième homme vert » de G.G. Pendarves fut, parait-il, un des récits favoris, fréquemment réédité, des lecteurs de Weird Tales. Cette histoire fantastique quelque peu prévisible, y compris dans sa chute, demeure suffisamment agréable pour mériter une relecture et son côté rétro n’est pas désagréable.

Après un second tour de piste de Clark Ashton Smith, véritable pilier de la revue, avec « L’Île inconnue », Edmond Hamilton, célèbre pour ses space opera, propose avec « Le dieu monstrueux de Marmuth » un mélange d’aventures, de fantastique et d’horreur très inspiré par Lovecraft. Dans un registre proche, « Sous la tente d’Amundsen » de John Martin Leahy se montre agréable et annonce pratiquement THE THING. Indispensable à tout recueil consacré à Weird tales, Lovecraft figure au sommaire via son poème « La piste très ancienne » tandis qu’Abraham Merrit clôt l’anthologie avec sa « Femme du bois ».

Forcément inégaux, parfois fort datés (notamment dans leur style un peu pesant, leurs longues description et leurs procédés narratifs antédiluviens), les différents textes ici réunis n’en sont pas moins plaisants à lire ou à relire et constitue une bonne manière de découvrir ce que fut ce mythique magazine américain. Conseillé.

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Publié le 19 Avril 2019

L'HORREUR DANS LE MUSEE de H.P. Lovecraft et autres auteurs

Ce très intéressant recueil constitue la première partie d’un diptyque consacré aux « révisions » d’Howard Philipps Lovecraft, soit une vingtaine de récits révisés, remaniés, corrigés ou même réécrits complètement par Lovecraft. Un texte de Derlerth et un long (et très instructif) article de Francis Lacassin reviennent d’ailleurs sur ces « collaborations » dans lesquelles HPL est souvent le « nègre littéraire » d’auteurs débutants. Lacassin classe d’ailleurs ces récits, en trois catégories, la première plaçant Lovecraft en « simple » correcteur s’appliquant à polir le style et à améliorer le récit. La seconde transforme Lovecraft en véritable co-auteur généralement non crédité. Enfin, la dernière catégorie s’applique aux textes qui sont quasi entièrement de Lovecraft, celui-ci allant parfois (comme pour « Le tertre » publié dans le deuxième volume, L’HORREUR DANS LE CIMETIERRE) jusqu’à rédiger un court roman à partie d’un simple canevas tenant en un paragraphe !

Ce premier volume, L’HORREUR DANS LE MUSEE, comprend treize nouvelles. Sonia Green, qui fut l’épouse de HPL, a droit à deux histoires : le « Monstre invisible » (également connue sous le titre de « horreur à Martin beach ») et le très court « Quatre heures ». Le premier récit s’intéresse à une créature marine agressive et donc invisible : un texte intéressant qui s’inscrit dans le mythe de Cthulhu. Le second est plus banal.

Elisabeth Neville Berkeley nous offre « En rampant dans le chaos » et « la verte prairie », deux textes d’ambiances élaborés par Lovecraft à partir des idées de la poétesse. Il ne s’agit pas réellement de nouvelles narratives, plutôt de tranches de climat macabres auxquels on peut se montrer sensible…ou pas.

Dévouée secrétaire de Weird Tales, Hazel Head a droit à quatre nouvelles (on en trouve encore deux autres dans le second volume de ces révisions) : « L’homme de pierre », « la mort ailée », « l’horreur dans le musée » et « surgi du fond des siècles ». Le premier conte la vengeance d’un homme, aidé par le Livre d’Eibon, à l’égard de son épouse et de son amant. Mais tel est pris qui croyait prendre dans un récit sympathique très proche des futurs « Tales from the crypt ». Apparemment, l’apport de Lovecraft a surtout consisté à obliger Miss Head à retravailler, sur ses conseils, son texte et à y glisser quelques clins d’œil à sa mythologie. « La mort ailée » constitue une autre histoire de vengeance du même tonneau…Mais étirée sur plus de trente pages elle parait bien trop longue pour un récit dont on devine la fin dès les premières lignes. « L’horreur dans le musée » constitue une grosse pièce plutôt convaincante sur la thématique classique du défi lancé à un sceptique de passer une nuit entière dans un musée renfermant de monstrueuses collections. Cependant, le récit parait là encore tiré en longueur (40 pages !) et aurait mérité diverses coupes pour rendre plus effective sa chute, attendue mais adroitement amenée. Cela reste plaisant. On peut en dire autant de « Surgi du fond des siècles », longue nouvelle découpée en cinq chapitres (le troisième parait rébarbatif et inutile) au sujet d’une momie vivante. En dépit de ses défauts, ce texte se montre cependant efficace. Il connut d’ailleurs les honneurs d’une transposition à l’écran dans le cadre de la série télévisée « Night Gallery ».

Clifford M. Jr Eddy bénéficie, lui, de trois nouvelles : « le nécrophile », « sourd, muet et aveugle » et « le mangeur de spectres ». La première est la plus efficace et la plus originale, la deuxième s’avère trop classique pour passionner, la troisième est potable sans être renversante. Mais leur longueur (une douzaine de pages chacune) est adéquate et leur lecture agréable.

Enfin, Robert Barlow propose le très descriptif « Jusqu’à ce que toutes les mers… », pas franchement passionnant, et William Lumley un efficace mais très classique dans son déroulement  « journal d’Alonso Typer ».

Au final, ce recueil alterne le bon et le sympathique, rien de vraiment mauvais mais rien d’exceptionnel non plus, aucune nouvelle ne tutoie l’excellence de « La couleur tombée du ciel » ou de « Celui qui chuchotait dans les ténèbres ». Pour les inconditionnels de Lovecraft il s’agit toutefois d’une  lecture instructive et donc conseillée.

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Publié le 15 Mars 2019

UNE HISTOIRE DE LA SCIENCE-FICTION, TOME 1: LES PREMIERS MAITRES de Jacques Sadoul

Ecrivain de polars humoristiques (on recommande TROP DE DETECTIVES), éditeur, anthologiste (notamment l’indispensable série « les meilleurs récits »), essayiste (sa monumentale HISTOIRE DE LA SCIENCE-FICTION demeure une référence), Jacques Sadoul se livre ici à l’exercice délicat de parcourir l’histoire de la SF en s’attardant sur ses textes fondateurs. Mais au lieu de proposer « L’histoire de la SF », Sadoul offre plus modestement « Une histoire de la SF ». Dès lors inutile de pinailler en disant que tel auteur devrait y être ou que tel autre n’a pas sa place…de toutes façons les 8 nouvelles sélectionnées ici demeurent d’un intérêt certain, même un siècle après leur publication.

Le recueil s’ouvre sur un incontournable, « les êtres de l’abîme » d’Abraham Merritt, compromis entre les aventures mystérieuses à la Burrough, la fantasy et la weird fiction à la Lovecraft, un récit classique dans son déroulement (normal, il date de 1918) mais efficace, précédemment disponible dans LES MEILLEURS RECITS D’AMAZING et le recueil LA FEMME DU BOIS de Merritt.

On poursuit avec le très court et bien connu « Dagon » de Lovecraft, évidemment un indispensable et un des fondements du mythe de Cthulhu.

Gros morceau avec l’excellent « Les chiens de Tindalos » de Frank Belknap Long, un texte superbe fréquemment publiés (LES MEILLEURS RECITS DE WEIRD TALES, LEGENDES DU MYTHE DE CTHULHU, ŒUVRES DE LOVECRAFT) pour ce qui reste une des meilleures adjonctions au Mythe. Incontournable.

Robert E. Howard propose « Les miroirs de Tuzun Thune », une aventure contemplative (osons l’oxymore) du Roi Kull déjà éditée à de nombreuses reprises (LES MEILLEURS RECITS DE WEIRD TALES, KULL LE ROI BARBARE, etc.) mais que l’on (re)lira avec plaisir.

Beaucoup moins connu, Stanley Weinbaum livre une intéressante « Odyssée martienne » qui montre un « premier contact » avec une race extraterrestre totalement différente de l’Homme. Le récit avait déjà connu quelques publications (notamment dans HISTOIRES DE MONDES ETRANGES et LES MEILLEURS RECITS DE WONDER STORIES) et il a forcément été plus récemment repris dans l’intégrale des nouvelles de Weinbaum, L’ODYSSEE MARTIENNE. Toujours pertinent.

Autre auteur oublié, Harl Vincent nous présente « Le rodeur des terres incultes », une curiosité (déjà présente au sommaire des MEILLEURS RECITS D’ASTOUNDING) efficace et plaisante à lire qui a d’ailleurs plutôt bien vieilli. A découvrir.

« La mort d’Ilalotha » combine pour sa part fantasy historique et épouvante sous la plume inspirée de Clark Ashton Smith, un texte bien connu mais toujours d’une indéniable efficacité malgré le poids des ans.

Enfin, « Helen A’lliage » s’éloigne de la Fantasy et des Planet Stories pour un pur conte de science-fiction romantique d’une grande modernité en ces temps où l’on s’interroge sur l’intelligence artificielle et ses limites.

Avec ce petit recueil vendu à faible prix, Sadoul nous offre un joli panorama de l’Age d’Or, chaque nouvelle étant accompagnée d’une courte mais suffisante présentation. Un voyage chronologique que l’on poursuivra avec plaisir dans les trois prochains tomes de ce qui constitue une formidable anthologie de la SF du XXème siècle.

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Publié le 12 Mars 2019

LA COULEUR TOMBEE DU CIEL de Howard Philip Lovecraft

Ce petit recueil rassemble deux excellents textes de Lovecraft, « La couleur tombée du ciel » (également disponible dans le formidable recueil LE MYTHE DE CTHULHU chez J’ai Lu) et « La chose sur le seuil », trouvable pour sa part dans le non moins réussi LE CAUCHEMAR D’INNSMOUTH. Bien évidemment, les deux textes sont à présents inclus dans le monumental Omnibus consacré à l’écrivain mais pour les néophytes désireux de se familiariser avec Lovecraft sans se ruiner voici un investissement indispensable.

« La couleur tombée du ciel » figurait au sommaire du tout premier recueil publié en France sur Lovecraft, LA COULEUR TOMBEE DU CIEL, chez Présence du Futur (Denoel), en 1954. Le récit côtoyait « Celui qui chuchotait dans les ténèbres », « L’abomination de Dunwich » et « Le Cauchemar d’Innsmouth », peut-être les meilleurs textes de l’auteur et, en tout cas, les plus représentatifs.

Cette « couleur » est une météorite qui s’écrase à proximité de la ferme de Nahum Gardner, non loin d’Arkham. Un architecte de Boston venu étudier un projet de réservoir entend parler de cette histoire, qui se serait produite un demi-siècle auparavant, en 1880. Depuis la végétation est cendreuse et la lande est désolée.  Qu’est-il vraiment tombé du ciel ?

Publiée en septembre 1927 dans le célèbre pulp Amazing Stories, « La couleur tombée du ciel » provient de l’envie de Lovecraft de proposer des extraterrestres non humanoïdes et totalement étrangers à notre conception du monde, s’opposant ainsi aux tendances de l’époque en science-fiction.

Souvent considérée comme une des meilleures histoires de l’écrivain (elle était également sa favorite), « La couleur tombée du ciel » demeure un classique qui mélange, en moins de quarante pages, de manière parfaitement cohérente et effective le mystère, le fantastique, l’épouvante et la science-fiction. Une nouvelle majeure et un véritable incontournable qui aborde une fois de plus, mais de manière plus détournée, les thématiques au cœur du mythe de Cthulhu. Indispensable.

De son côté « Le monstre sur le seuil » (ou « la chose sur le seuil ») débute par une des meilleures entrées en matière imaginable pour un récit fantastique : « Il est vrai que j’ai logé six balles dans la tête de mon meilleur ami, et pourtant j’espère montrer par le présent récit que je ne suis pas son meurtrier.” Peut-on rêvé introduction plus percutante? Le récit, linéaire et classique, illustre une traditionnelle mais réussie histoire de possession avec un sorcier maléfique passant de corps en corps pour s’assurer de l’immortalité. Excellent!

Bref, deux textes indispensables et incontournables à lire et à relire !

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