horreur

Publié le 8 Avril 2020

LE DEMON DU VENT de Brian Lumley

Quatrième volume de la vaste saga de Titus Crow écrite par Brian Lumley dans les années ’70 pour revisiter à sa manière les mythes de Lovecraft (avant que ceux-ci ne soient cuisinés à toutes les sauces). Depuis célébré pour sa grande série du NECROSCOPE, Lumley, alors relativement débutant, transformait le Mythe en récit de Fantasy et d’aventures, affaiblissant certes les concepts de Lovecraft mais sans négliger un réel potentiel divertissant. La première partie du roman montre ainsi nos héros échoués sur Borée et luttant contre les séides d’Ithaqua qui chevauchent des loups en compagnie de guerriers et de leurs ours dressés.

Si les puristes n’ont, à l’époque, gouté à cette saga que du bout des lèvres (voire en dissimulant mal leur dégoût), relire aujourd’hui ces romans s’avère franchement divertissant à l’heure où le Mythe se décline de toutes les manières possibles (jusqu’au Monopoly Cthulhu !).

Considérés comme de simples « romans populaires » loin des horreurs cosmiques imaginés par Lovecraft, les bouquins de Lumley n’en sont pas moins efficaces et ont le mérite d’une réelle originalité. Bien sûr ils se rapprochent souvent davantage de John Carter ou Conan que de HPL lui-même. Qu’importe, c’est bien l’âge d’or de la « science fantasy » à l’ancienne que convoque ce DEMON DU VENT qui aurait très bien pu se voir publié par Weird Tales voici 80 ans ! Rien ne manque, en effet, à l’appel : la poignée de héros exilés sur un monde désolé et hostile, la femme déesse super sexy (fille d’Ithaqua mais ça ne se voit pas), les pierres magiques permettant de se protéger des forces du mal, les pouvoirs télépathiques, les armées ennemies accompagnées de loups et d’ours dressés, les pouvoirs divinatoires, le traitre qui en veut à notre valeureux héros terrien, les vaisseaux de guerre qui filent sur la neige, les combats nombreux et le rythme haletant. Car LE DEMON DU VENT ne perd pas de temps et ne traine jamais en route, à l’image des romans d’Edgar Rice Burroughs il boucle son récit en 220 pages hautement distrayantes et plaisantes. Alors bien sûr, le livre n’a pas l’ambition de L’ABOMINATION D’INNSMOUTH ou de L’APPEL DE CTHULHU mais, pris pour un pur plaisir de fantasy old school, il n’en reste pas moins fort recommandable et appréciable. Bon, allez, la suite !

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Fantastique, #Fantasy, #Horreur, #Lovecraft, #science-fiction

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Publié le 25 Mars 2020

LE GRAND DIEU PAN d'Arthur Machen

Arthur Machen n’est pas seulement l’inventeur des fameux « Anges de Mons », c’est aussi un grand spécialiste des croyances et mythes celtiques, très à l’aise avec le « Petit peuple », autrement dit les fées, lutins et autres farfadets… beaucoup plus inquiétants chez lui que dans nos contes de fées actuels.

Classique du fantastique ayant notamment beaucoup influencé Lovecraft, en particulier dans sa manière d’aborder l’horreur à la manière d’une enquête policière aux révélations successives, LE GRAND DIEU PAN est un court roman datant de 1890. A l’époque décrié par la critique (toujours clairvoyante n’est-ce pas), il s’est imposé depuis comme un incontournables de l’épouvante gothique et une date clé du genre à l’instar de DRACULA. Dans ce récit, il est question d’une jeune femme, Mary, devenue folle après avoir vu le dieu Pan, et qui va exercer son influence néfaste, à la manière d’une succube, sur différents gentlemen. N’en disons pas plus, le bouquin est court, se lit en deux heures, et mérite la découverte par le curieux !

D’une lecture aisée en dépit de tournures de phrases quelque peu archaïques, d’une construction typique de son époques et d’un vocabulaire légèrement suranné, LE GRAND DIEU PAN n’effraie plus mais garde intact son pouvoir de fascination. En une centaine de pages, Machen nous permet de découvrir le côté obscur du monde, ces régions où subsistent les pouvoirs antiques et les ancestrales divinités païennes. Ainsi que ces cultes encore rendus par des adeptes fervents à des entités ayant existés bien avant la chrétienté et continuant à exercer leur puissance sur le monde. Les Grands Anciens ne sont pas loin…

Une agréable lecture à découvrir impérativement pour les amateurs de fantastique classique. 

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Golden Age, #Horreur, #Lovecraft, #Roman court (novella)

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Publié le 21 Mars 2020

MEG: LA FOSSE (LA TERREUR DES ABYSSES) de Steve Alten

Steve Alten décroche, en 1997, un gros succès avec MEG, consacré à un énorme Mégalodon (un requin préhistorique de 20 mètres) semant la terreur. Il faudra 20 ans pour que le roman, annoncé au cinéma depuis des années, soit finalement porté à l’écran avec Jason Statham pour un résultat certes très grand public mais néanmoins divertissant et fort honorable. Pendant ces deux décennies, Alten exploite le sujet en proposant sept suites dont seule la première a été traduite (« Primal Waters » est cependant annoncée en France pour cette année 2020).

Dans LA TERREUR DES ABYSSES (rebaptisé ensuite MEG : LA FOSSE), nous retrouvons le « découvreur » du Mégalodon, toujours rongé par la culpabilité, Jonas Taylor, tandis que le requin préhistorique femelle capturé, Ange, s’échappe du lagon où elle était confinée en guise d’attraction aquatique. La suite du récit s’oriente vers l’espionnage (avec une organisation terroriste cherchant à doter Oussama Ben Ladden d’une bombe sale – nous étions alors en 1999 !), l’aventure maritime avec exploration de la fosse des Marianne, la science-fiction et l’horreur mâtiné de considérations scientifiques et paléontologiques. Cette fois, le Meg va même croiser un adversaire à sa mesure avec des Kronosaures, une espèce de dinosaures supposée éteinte habitant également dans la « Fosse ». Cela permettra un final typique de la « sharksploitation » outrancière au cœur des Mariannes.

Jonas, de son côté, doit lutter avec la trop séduisante pour être honnête et bien nommée Céleste alors que son épouse, Terry, assiste, elle, aux machinations du mégalomane milliardaire Benedict Singer tout droit échappé d’un James Bond.

Si MEG constituait la réponse de Steve Alten au roman et au film des DENTS DE LA MER, cette séquelle prend la voie du « bigger » établie ensuite par les « Dents de la mer 2ème Partie » et « Les Dents de la mer 3D », sans oublier les plus récents et improbables films de requins géants, de « Mega Shark » à « Shark Attack 3 : Megalodon » et on en passe, des pires (surtout) et des meilleurs. Autrement dit, le romancier multiplie les attaques (relativement peu nombreuses dans MEG elles rythment ici cette suite en intervenant à intervalles réguliers et sont nettement plus sanglantes et graphiques), multiplie les monstres (avec des dinosaures aquatiques tout aussi redoutables que le squale), multiplie les intrigues (on suit en parallèle les aventures de Jonas et de son épouse Terry),…On pense un peu aux romans d’horreur catastrophistes de James Herbert par la manière d’Alten de rapidement brosser quelques personnages bien typés ensuite englouti par le Léviathan affamé

Si les tentatives de séductions de la trop sexy Céleste occupent une place trop importante (à la longue son manège fatigue) et que le bouquin aurait sans doute gagné à être resserré, cette TERREUR DES ABYSSES se montre cependant fort efficace et divertissante. Plus convaincante que le finalement moyen MEG, cette séquelle constitue donc un roman de plage idéal pour les amateurs de « sharkploitation ».

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Cinéma, #Horreur, #Thriller

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Publié le 6 Mars 2020

OEUVRES TOME 3 de Howard Phillips Lovecraft et August Derleth

Si cette dernière anthologie rassemble les textes de Lovecraft concernant les « Contrées du Rêve » (avec quelques classiques comme « la quête de Kadath »), le gros morceau de ce recueil se consacre aux « collaborations » entre HPL – August Derleth. Soit plus de 600 pages en (très) petits caractères qui permettent une vue globale de l’évolution du mythe de Cthulhu à la suite du décès de HPL.

Outre des récits tirés des précédents recueils disponibles en français (L’OMBRE VENUE DE L’ESPACE, le roman LE RODEUR DEVANT LE SEUIL, LE MASQUE DE CTHULHU, LA TRACE DE CTHULHU), l’anthologie offre des textes moins facilement accessibles rassemblés sous l’intitulé LES VEILLEURS HORS DU TEMPS, une traduction de l’ultime recueil de Derlteth, « The Watchers out of time » jusqu’ici inédit en français. Si le célèbre « La chambre condamnée » était proposé dans le recueil L’AMULETTE TIBETAINE (et précédemment dans « Histoires insolites ») « Le pêcheur du Falcon Point », « Le trou des sorcières », « L’ombre dans la mansarde », « Les frères de la nuit », « L’horreur de l’Arche centrale », « L’argile bleue d’Innsmouth » et « Les veilleurs hors du temps » seront autant de découvertes pour l’amateur.

« La chambre condamnée » est typique de Derleth, une séquelle lointaine de « L’abomination de Dunwich » de Lovecraft. Guère original mais plutôt efficace. Nous sommes à Dunwich et nous retrouvons un certain Abner Whateley ayant hérité (bâillement) des papiers de son grand-père Luther et d’un vieux moulin transformé en lieu de résidence. Rien de franchement transcendant pour les lecteurs de Lovecraft qui devinent la suite des événements mais la nouvelle, très linéaire, se lit sans déplaisir. Elle fut assez médiocrement portée à l’écran sous le titre « La malédiction des Whateley ».

« Le pêcheur du Falcon Point », beaucoup plus courte, traite, une fois de plus, des amours contre nature entre les humains et ceux des profondeurs. Derleth réussit une sorte de plaisant « conte de fées » macabre plutôt agréable à lire.

Le problème de Derleth, dans ses pastiches lovecraftien, a souvent été de tourner autour des mêmes thématiques, reprenant des éléments tirés du fameux « Livre de raison » de Lovecraft (pour justifier le principe de la « collaboration » post mortem) en les incluant dans des « remakes » déguisés des histoires les plus connues du Maitre. « Le trou des sorcières » n’échappe pas à ce travers mais demeure une des plus belles réussites de l’écrivain. Un jeune professeur débarque dans une école rurale d’Arkham et se confronte à un jeune garçon manifestement « différent », Andrew Potter. Peu à peu le narrateur arrive à la conclusion que la famille d’Andrew est sous l’influence d’une force maléfique provenant des étoiles (Hastur probablement) et, avec l’aide d’un collègue et des fameuses pierres portant le sceau de R’lyeh, il tente de combattre cette influence nuisible. Si, de prime abord, « Le trou des sorcières » ne se distingue aucunement des nombreuses autres « collaborations » entre Derleth et Lovecraft en ressassant des thématiques déjà abordées par HPL (l’histoire mélange des éléments du « Monstre sur le seuil » et de « La couleur tombée du ciel »), le tout fonctionne parfaitement. On y retrouve un Derleth à son meilleur, plus terre à terre que son mentor, plus bis sans doute, plus classique aussi (avec l’opposition du Bien et du Mal et les talismans permettant de s’en protéger) mais rudement efficace.

De son côté, « L’ombre dans la mansarde » débute de manière conventionnelle : le narrateur, Adam Duncan, hérite de son grand-oncle (bâillements à nouveau) à la réputation sinistre (sorcellerie, grimoires maudits, disque de Gims,…on connait la chanson) une maison à Arkham, la ville aux « toits en croupe ». Bref, rien de franchement original : Derleth reprend sa bonne vieille technique du « mash up littéraire » en combinant des éléments venants de « La maison de la sorcière », « L’affaire Charles Dexter Ward », « Le monstre sur le seuil », etc. Le tout se lit sans déplaisir ni passion. A noter cependant un discret soupçon d’érotisme habituellement absent des récits de Derleth.

Peut-être la plus originale des nouvelles, « Les frères de la nuit » voit le narrateur, Arthur Phillips, rencontrer, à Providence, Edgar Allan Poe…puis plusieurs Poe…Forcément cela cache quelque chose. Voici un récit divertissant qui, pour une fois, ne semble pas décalqué une nouvelle antérieure de Lovecraft. Certes, tout n’est pas toujours réussi (le plan général des extraterrestres parait aussi folklorique que le fameux « Plan 9 » de Ed Wood) mais la bizarrerie de voir une série de clones d’Edgar Poe hanter Providence en invoquant les Grands Anciens démontre un talent certain pour l’humour absurde et le twist final constitue une belle réussite. De plus, les clins d’œil à HPL sont ici bien intégrés sans paraitre plaqués sur l’intrigue ou envahissants. « Les frères de la nuit » mérite vraiment l’attention, quel dommage que Derleth n’ait pas signé davantage de textes de ce style.

Avec « L’horreur de l’Arche centrale » nous retrouvons le Derleth le plus classique, le plus critiqué (et le plus critiquable) qui, en partant d’une courte notice de Lovecraft dans son « Livre de raison » ressort la grosse artillerie. Ambrose Bishop a hérité d’une maison située à Dunwich qui appartenait jadis à son grand- oncle Spetimus (et re bâillements) disparu depuis 1929 suite aux événements mystérieux mais bien connus contés par HPL. Et on repart pour l’hostilité des villageois, les « choses maléfiques » revenant à la vie, etc. Une recette déjà éprouvée dans « La chambre condamnée » et « L’ombre de la mansarde » dont cette nouvelle constitue une simple resucée. Autant dire qu’on est content d’arriver au bout.

« L’argile bleue d’Innsmouth » s’inspire apparemment d’une note du « livre de raison » de Lovecraft mais son thème n’est guère original et remonte à la mythologie et aux croyances ancestrales (façon Golem) avec ce jeune artiste qui, après divers rêves érotiques au sujet d’une déesse aquatique, soupçonne une statue façonnée dans une argile venue d’Innsmouth de prendre vie. Rien d’original mais un petit récit plaisant et gentiment sexy qui se lit sans ennui. C’est déjà pas mal.

« Les veilleurs hors du temps », publié initialement par Arkham House en 1974, demeure la dernière nouvelle de Derleth. La mort empêcha d’ailleurs le romancier de la terminer et nous sommes par conséquent en présence d’un texte incomplet…et donc à réserver aux complétistes (hum !).

Près de 400 (!) pages supplémentaires terminent cette somme avec des articles divers qui font de ce troisième volume un nouvel incontournable pour les fans de l’écrivain et, plus généralement, de fantastique « old school ».

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Publié le 28 Février 2020

LES VAMPIRES DE SPIDER MOUNTAIN de David Robbins

Mack Bolan part braconner sur les terres de « Resident Evil » dans ce roman original et divertissant. Le pitch est simple : dans une base militaire une poignée de personnalités, dont Hal Brognola, sont invitées à la démonstration d’une nouvelle arme, une drogue expérimentale capable d’augmenter la force des soldats. Cependant, l’expérience tourne mal et nos infectés deviennent d’inarrêtables zombies dont le simple contact peut transformer les victimes en monstres assoiffés de sang. Mack Bolan, en compagnie de Franck Vitalli, investit le centre de haute sécurité placé sous quarantaine dans l’espoir de juguler l’épidémie.

Comme souvent le roman semble avoir connu quelques changements durant son « adaptation » (notamment avec l’adjonction de Vitalli en lieu et place d’un certain David McCarter) mais la ligne générale reste identique. Les critiques américaines évoquent fréquemment un chapitre très faible et illogique qui a cependant été évacué par la traduction, ramassant encore davantage l’action sur le mode du survival horrifique.

En dépit du titre trompeur, on retrouve donc non pas des vampires mais bien des zombies ultra agressifs de l’espèce rapide (la norme depuis « 28 Jours plus tard ») dans ce roman typiquement bis et gore. Les références attendues (un personnage secondaire nommé Romero) sont présente et l’intrigue sans grande surprise fonctionne plaisamment: des gentils et des méchants coincés dans un lieu clos envahi par les infectés enragés. Le méchant principal, Larkin, s’impose comme une complète (mais plaisante) caricature qui évoque immanquablement le déjanté Dennis Hopper de « Land of the Dead ».

David Robbins a écrit 17 romans pour la série, les seuls traduits étant celui-ci et MANIPULATIONS MORTELLES mais il semble avoir essayé d’emmener Bolan sur des thèmes moins classiques (drogues ultra dangereuses, nanotechnologie en folie, etc.) qui rendent son approche (relativement) originale et efficace. En tout cas LES VAMPIRES DE SPIDER MOUNTAIN, en dépit de certains défauts évidents (pas mal d’invraisemblances et un final trop vite expédié) constitue une bonne surprise et une agréable alternative aux trop nombreuses histoires de guerre à la Mafia (ou aux super terroristes).

Bonne pioche !

 

LES VAMPIRES DE SPIDER MOUNTAIN de David Robbins

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Exécuteur, #Horreur, #Thriller

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Publié le 25 Février 2020

OEUVRES VOLUME 2 de Howard Phillips Lovecraft

Deuxième volet d’une somme considérable (ne parlons pas d’intégrale mais on s’en rapproche) consacrée à Lovecraft, ce deuxième tome contient lui aussi son lot de classiques : « de l’au-delà », « je suis d’ailleurs », « Herbert West, réanimateur », « La peur qui rôde », « Air froid », etc. Des textes que l’on trouvait déjà dans de précédents recueils consacrés à l’auteur mais que l’on apprécie de voir rassemblé ici aux côtés des fameuses « révisions » effectuées par HPL.

Cependant le lecteur sera ravi de retrouver quelques textes aujourd’hui difficiles à dénicher. Ainsi, « L’horreur venue des collines », un court roman de Frank Belknap Long, a jadis été publié dans la revue Weird Tales et, en France, dans « Crépuscule » de Richard D. Nolane. Frank Belknap Long (1901 – 1994) a écrit de nombreuses nouvelles, rassemblées dans deux recueils, LE GNOME ROUGE et LE DRUIDE NOIR chez Marabout. On lui doit aussi un des plus fameux pastiches de Lovecraft, « les chiens de Tindalos ». Il livre ici un récit maitrisé quoiqu’un peu bavard, effectuant un surprenant flashback au temps de la Rome antique pour assister aux célébrations impies des adorateurs des Anciens Dieux. L’écrivain introduit d’ailleurs un nouveau membre de ce panthéon noir avec Chaugnar Faugn. Avec la permission de Lovecraft il incorpore d’ailleurs un rêve de ce-dernier, relaté dans une lettre, dans sa narration. Voilà, sans hésiter, une bonne raison de se procurer ce recueil pour les admirateurs de HPL et de ses disciples.

Une grande partie du recueil est ensuite consacré aux révisions de HPL, des textes que Lovecraft va remodeler, réviser, améliorer, voire réécrire. « Dépanneur du fantastique », Lovecraft se fait donc nègre littéraire pour de nombreux auteurs qui seraient, aujourd’hui, complètement oublié sans le coup de pouce du maitre. La plupart de ces récits furent compilés dans deux anthologies très plaisantes : L’HORREUR DANS LE CIMETIERRE et L’HORREUR DANS LE MUSEE et d’autres étaient proposées dans DAGON ou encore NIGHT OCEAN. Cependant les archéologues de Laffont y ajoutent des textes jusqu’ici inédits en français

Trois textes d’Henry S. Whitehead sont inclus. Le premier, « Piège », était disponible dans un précédent recueil, le très « fond de tiroirs » NIGHT OCEAN. Il s’agit d’un court récit science-fictionnel, aujourd’hui très classique (mais probablement original à l’époque de sa rédaction) sur un étrange miroir maudit (de Loki) et sur la possibilité de s’y retrouver coincé. Le second, « Cassius », figurait au sommaire d’un recueil consacré à Whitehead, LA MORT EST UNE ARAIGNEE PATIENTE. Une belle variation sur le thème du jumeau maléfique, assez proche dans son déroulement d’un film comme « Basket Case », dans lequel un esclave se voit persécuté par un étrange homoncule. Très efficace. Whitehead a composé sa nouvelle sur la base d’un plan fourni par Lovecraft, lequel avait une vision complètement différente de l’intrigue au point qu’il envisageait d’ailleurs d’écrire sa propre version alternative, ce qu’il n’a pas fait. Le dernier, « Bothon », était inédit mais n’est guère convaincant puisqu’il reprend le schéma classique de la vie antérieure dont se remémore le protagoniste ayant jadis vécu sur le mythique continent de Mu. Pas désagréable mais pas transcendant.

Trois nouvelles de Clifford M Jr Eddy avaient déjà été proposées au lecteur francophone, le recueil en ajoute une supplémentaire, « Cendres », une petite histoire pas désagréable qui fonctionne sur le cliché de la machine à désintégrer cher à la science-fiction d’antan. Déroulement et chute prévisible mais plaisant.

Deux textes de Duane W. Rimel complètent l’anthologie au rayon des inédits : « le déterré » et « L’arbre sur la colline ». Le premier constitue une excellente variation sur le thème du zombie (au sens Vaudou du terme, donc créé à partir d’une poudre simulant la mort) et fonctionne de belle manière jusqu’à sa chute effective. Le second traite d’une sorte d’univers parallèle pouvant être visualisé par le héros mais reste anecdotique.

Le court récit de Richard F. Searight (« le coffre scellé ») n’était jusqu’ici disponible que dans une anthologie consacrée à Weird Tales, on apprécie donc son inclusion, tout comme celle du plaisant « Les serviteurs de Satan » disponible dans le recueil hommage de Robert Bloch EMBARQUEMENT POUR ARKHAM.

Enfin, le recueil ajoute l’article de HPL « Horreur et surnaturel en littérature », de très nombreuses poésies et une quinzaine d’articles divers pour un total de 1350 pages.

Nouvelles connues mais rassemblées de manières pratiques, raretés difficiles à se procurer, y compris chez les bouquinistes, et inédits…que demandez de plus ? Une anthologie indispensable.

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Publié le 20 Février 2020

OEUVRES de Howard Phillips Lovecraft

La bibliographie de Lovecraft a longtemps été éparpillée au fil des nombreuses publications francophones, ce qui rendait difficile la constitution d’une réelle une intégrale. Les Omnibus de Laffont rendent aujourd’hui cette tâche bien plus simple, sans être totalement exhaustive (mais est-ce possible, notamment sur le sujet des continuateurs ou des réécritures).

Mais, dira le lecteur avare, si on possède déjà tout quel est l’intérêt ? Et bien il est possible, voire même probable, que l’on n’avait pas tout en réalité. Ainsi, dans le premier tome, se trouve, outre les récits de Lovecraft lui-même, des nouvelles provenant des anthologies LEGENDES DU MYTHE DE CTHULHU, LA CHOSE DES TENEBRES et HUIT HISTOIRES DE CTHULHU rédigées par des épigones du maîtres. Bref, un culte en expansion comme le souligne Francis Lacassin. Même si on possède les différents recueils précités, cet épais tome peut intéresser le « complétiste » pour quelques récits non pas inédits mais plus difficile à dénicher et opportunément rassemblés ici.

Ainsi « la chose ailée sur le toit » de Robert E. Howard, court mais efficace petit conte fantastique jadis disponible dans le recueil L’HOMME NOIR de Howard (ou, chez Bragelonne, dans LES OMBRES DE CANAAN consacré aux histoires d’horreur d’Howard). Howard toujours avec le réussi « Le feu d’Asshurbanipal”, dans lequel, en une vingtaine de pages, le créateur de Conan nous emmène au coeur du désert à la recherche d’une gemme mythique cachée dans une cite maudite protégée par les Djinns. Un mélange d’aventures (on y trouve même un parfum à la Indiana Jones avec son “aventurier aux nerfs d’acier”), de fantasy, de conte orientaux et d’épouvante lovecraftienne. De la belle ouvrage, tiré du recueil LE PACTE NOIR et plus récemment republié dans LES DIEUX DE BAL SAGOTH.

 « L’Héritier des ténèbres », une nouvelle traitant de la peur de la mort, de la crainte de servir de nourriture aux goules et de la nécessité de la crémation (dans le désordre) constitue une autre belle réussie de Clark Ashton Smith à découvrir pour ceux qui ne possèdent pas le recueil LES ABOMINATIONS DE YONDO. On retrouve aussi dans ce recueil phénoménal l’excellent « Chiens de Tindalos » de Frank Belknap Long, « Horreur à Salem » de Kuttner, « L’habitant de l’ombre » de Derleth, « Le visiteur venu des étoiles » de Bloch, « Sueurs froides » de Campbell, etc.

En ce qui concerne Lovecraft lui-même, voici une bonne occasion de lire ou relire certains de ses textes les plus célèbres et réussis comme « Dagon », « L’appel de Cthulhu », « La couleur tombée du ciel », « L’abomination de Dunwich », « Celui qui chuchotait dans les ténèbres », « Le cauchemar d’Innsmouth » et les courts romans « L’affaire Charles Dexter Ward » et « Les Montagnes hallucinées ».

Des lettres, des contes de jeunesse, des notes, des brouillons, des articles, etc. complètent le sommaire, sans oublier de nombreux textes de présentation sur les différents sujets abordés.

Bref, voici un ouvrage indispensable si on souhaite découvrir HPL ou parfaire ses connaissances sur l’auteur phare du fantastique du XXème siècle.

Une somme !

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Publié le 13 Février 2020

NEIGE D'ENFER de Norbert Georges Moutier

Récemment disparu (en janvier 2020), Norbert Moutier, ici (à peine) caché sous le pseudo de N.G. Mount a œuvré toute sa vie pour le fantastique et l’horreur : le fanzine Monster Bis, ses nombreux textes pour différentes revus, sa librairie parisienne, ses longs-métrages fauchés (« Mad Mutilator », « Trepanator »,…) et ses deux romans publiés chez Gore.

De cette collection, Norbert affirmait n’apprécier que les Américains, peu sensible à l’école française tout en excès porno-gore à la Necrorian. Guère étonnant que son NEIGE D’ENFER se situe aux Etats-Unis et développe une ambiance de survival classique, entre « Massacre à la tronçonneuse » et « La colline à des yeux », sans oublier les plus obscurs « Survivance » ou « The Final Terror ». Trop cher à filmer, le scénario de Norbert est donc devenu un roman gore bien calibré et efficace qui emballe en 150 pages son récit.

Ici, l’intrigue (même simpliste) prédomine et les personnages sont bien typés : jeunes gens chauds des hormones, vieille folle nympho maniaque, chercheurs d’or reconvertis dans l’extraction des dents de leurs victimes,…Moutier renvoie tout le monde dos à dos et surenchérit dans le « redneck crasseux » : les méchants sont très bêtes, très sales et très fous. Leur petite entreprise, qui trucide du touriste pour leur piquer leurs dents en or, est loufoque tant les invraisemblances abondent. Le quatuor de héros ne se montre pas beaucoup plus intelligent : ils sont antipathiques, se tirent dans les pattes à la moindre occasion, se lance des insultes,…Ce sont des opportunistes sans cervelle et Moutier ne se prive pas de les exterminer avec une certaine misanthropie rageuse assez réjouissante. Si le sexe et le gore sont bien présents ils ne deviennent pas envahissants ou excessivement gratuits, malgré des passages thrash ou chauds, Moutier évite le vomitif. Il reste dans les limites de l’acceptable à la manière d’un survival ou d’un slasher de cette époque et le bouquin aurait pu, en effet, être porté à l’écran sans grands changements. Dommage que le budget n’ait pas suivi.

Le tout prend place dans un paysage enneigé et montagnard plutôt original et bien retranscrit que l’on peut quelque peu rapprocher de l’incroyable ECHO DES SUPPLICIES de Joel Houssin.

Bref, un petit Gore très sympathique qui donne au lecteur ce qu’il attend : trois heures de divertissements sexy sanglant sans prétention.

 

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Gore, #Horreur, #Roman de gare

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Publié le 12 Février 2020

UBBO-SATHLA de Clark Ashton Smith

Initialement édité en 1985 chez NéO, ce recueil du poète et nouvelliste Clark Ashton Smith nous permettait de découvrir quelques classiques de la littérature fantastique de l’âge d’or. Depuis, Clark Ashton Smith s’est imposé au lectorat francophone grâce à de nombreuses rééditions : « La mort d’Ilalotha a ainsi été repris par Jacques Sadoul dans ses MEILLEURS RÉCITS DE WEIRD TALES puis dans son HISTOIRE DE LA SCIENCE FICTON.

« Le retour du Sorcier » a, lui aussi, intégré diverses anthologies lovecraftienne et son côté horriblement macabre, dans une tradition ensuite popularisée par les TALES FROM THE CRYPT fonctionne toujours de belle manière. Le récit (adapté en 1972 dans un épisode de la série télévisée « Night Gallery ») est devenu un incontournable de l’horreur inspirée par les univers de Lovecraft.

La nouvelle-titre, « Ubbo-Sathla », se montre elle-aussi lovecraftienne à souhait avec cette quête d’un initié pour retrouver les dieux primitifs dont parle le Necronomicon. Une belle réussite.

On découvre également, dans plusieurs nouvelles, le fameux Livre d’Eibon et la divinité Tsathoggua, sorte de monstrueux crapaud que repris par la suite Lovecraft (en particuliers dans son court roman LE TERTRE) et d’autres continuateurs du mythe.

Les différents récits nous font également voyager dans la légendaire Hyperborée et Clark Ashton Smith y mélange efficacement une fantasy mythique à la Robert Howard, une horreur morbide à la Edgar Poe et un fantastique teinté de science-fiction cosmique proche de Lovecraft. Bref, tout un univers qu’explorèrent par la suite les épigones de ces récits macabres « à la Weird Tales ».

Avec un style brillant, un vocabulaire précis légèrement archaïque, des phrases ciselées à la perfection et un sens du rythme hérité de la poésie, l’écrivain se révèle, en outre, d’un abord bien plus aisé que Lovecraft et d’une efficacité au moins aussi grande.

Un « grand petit recueil » (180 pages, toutes superbes !) destiné aux amateurs de fantastique de l’âge d’or mais dont les thèmes et l’écriture ont finalement fort peu vieilli. Conseillé.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Fantasy, #Golden Age, #Horreur, #Lovecraft, #Recueil de nouvelles

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Publié le 5 Février 2020

LA CINQUIEME SORCIERE de Graham Masterton

Avec ce roman, Masterton ne se renouvelle guère mais plonge avec délice dans un fantastique très bis qui rappelle ses premières œuvres comme LA MAISON DE CHAIR ou LE JOUR J DU JUGEMENT. Autrement dit, le romancier jette la subtilité pour se vautrer dans son cocktail coutumier de magie noire et de démonologie agrémentée de nombreuses scènes d’horreur à grand spectacle et d’une dose d’érotisme. Dire que nous sommes loin des plus belles (et nombreuses) réussites de l’auteur (LE PORTRAIT DU MAL, TENGU, LE MIROIR DE SATAN, DEMENCES, etc.) tient donc de l’euphémisme et confirme la mauvaise passe de Masterton confirmée avec les décevants WENDIGO et PEUR AVEUGLE. Il n’est donc pas étonnant que Masterton ne fut ensuite plus traduit en France pendant une dizaine d’années (jusqu’à GHOST VIRUS).

Dans LA CINQUIEME SORCIERE, le lecteur retrouvera les recettes habituelles, notamment une scène liminaire spectaculaire et sanglante, un héros classique (veuf, rongé par la culpabilité et titillé du slip par une jeune femme qui se révèle – surprise – une sorcière et donc la seule ligne de défense contre les forces du mal comme on dit à Poudlard), un partenaire destiné à connaitre un sort tragique, des visions opportunes permettant de faire avancer l’intrigue, une présence fantômatique, des références à des mythes et croyances (l’enochian, langue des anges « découverte » par l’occultiste John Dee) et beaucoup de passages poussant très loin la suspension d’incrédulité. Car l’horreur, ici, se veut « bigger than life » et Masterton ne lésine pas sur la boucherie, décrivant par exemple l’extermination d’une centaine de policiers d’élite par des créatures maléfiques. Toutefois, en dépit des excès gore, Masterton ne cherche plus à choquer comme il pouvait le faire du temps de RITUEL DE CHAIR et le roman verse surtout dans un Grand Guignol inoffensif.

Tout cela s’avère divertissant mais, hélas, terriblement prévisible dans son déroulement (aucune surprise, même le twist final se devine à des kilomètres), fort linéaire et parfois même répétitif (les combats contre chaque sorcière dans les derniers chapitres), sans oublier une tendance de l’auteur à recycler des idées antérieures (la cécité surnaturelle rappelle PEUR AVEUGLE, le héros parait calqué sur bien des protagonistes déjà croisés chez Masterton, l’intrigue mixe les saga MANITOU et le côté fantastique spectaculaire des Jim Rook). Le tout traine également en longueur (près de 400 pages pour une intrigue assez légère)

Sans la moindre subtilité mais avec un métier suffisant pour passer un (relatif) bon moment, LA CINQUIEME SORCIERE apparait comme un Masterton très moyen, une sorte de « splatter » littéraire distrayant mais très oubliable. On peut s’en contenter en se disant que le contrat est globalement rempli ou se désoler qu’un auteur de ce calibre puisse proposer un bouquin finalement tout juste passable.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Horreur

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