horreur

Publié le 21 Août 2018

LE DOSSIER ATREE de GJ Arnaud

G.J. Arnaud signe son entrée dans la collection « Angoisse » avec ce roman qui traite du cannibalisme et des conséquences de la guerre d’Espagne.

Un journaliste, invité à goûter les plats succulents d’un restaurant secret, le House Bones, où se presse la bonne société, ne tarde pas, en effet, à comprendre la véritable nature de la viande servie dans l’établissement. Bien sûr, un secret absolu doit être gardé sur le restaurant mais il est si tentant de vouloir écrire un bel article…

Arnaud convoque ici une organisation étrange, le Bureau Universel de Recherches des Anomalies Sociologiques, pour dénouer les fils d’une intrigue touffue. En peu de pages, le romancier évoque la guerre d’Espagne, les exactions d’anciens nazis et lie le tout par le biais d’un trafic d’enfants, enlevés puis gavés avant de finir dans les assiettes de riches adeptes de la chair humaine.

L’histoire générale, assez classique finalement, se voit joliment développée par ces différentes sous-intrigues et par un intéressant procédé stylistique : les narrateurs du récit changent fréquemment, transformant le roman en une sorte de mosaïque, voire de puzzle. Nous aurons ainsi le témoignage d’un infirmier espagnol, nous découvrirons l’existence d’un enfant mutilé et obèse, gavé comme une oie, etc. De quoi conférer une originalité certaine au récit et relancer l’intérêt d’un bouquin qui aurait pu n’être qu’un « roman de gare » horrifique assez quelconque sans la science (et le solide métier) d’Arnaud.

LE DOSSIER ATREE, comme l’indique la préface, constitue un précurseur aux « Gore » de la décennie suivante quoiqu’il mette davantage l’accent sur une horreur plus insidieuse, moins frontale mais tout aussi efficace, voire davantage car débarrassé des outrances du grand guignol, lesquelles auraient pu le faire sombrer dans une parodie plus ou moins volontaire.

Malheureusement le roman, en dépit de ses qualités, souffre d’un ventre mou (un comble vu le sujet !) dans sa seconde moitié. Les agents du Bureau Universel de Recherches des Anomalies Sociologiques usent ainsi de tactiques risibles pour contrer les anciens nazis cannibales, entrainant LE DOSSIER ATREE dans certains travers des bouquins d’« espionnages » de consommation courante. Dommage car Arnaud avait soigné toute la première partie et les cent premières pages se montraient d’une efficacité exemplaire de part, justement, leur retenue et leur plausibilité.

En dépit de ce bémol, LE DOSSIER ATREE demeure un plaisant « Angoisse » qui se lit d’une traite et avec gourmandise. Pas indispensable mais fort agréable.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Policier, #Horreur, #Polar, #Collection Angoisse Fleuve Noir, #GJ Arnaud

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Publié le 28 Juin 2018

LES HOMMES D'ACIER de Terence Corman

Dix ans se sont écoulés depuis l’apocalypse…Nul ne sait si ce sont les Russes, les Américains ou d’autres qui ont tirés les premiers et, aujourd’hui, tout le monde s’en fiche, le monde n’est plus qu’un amas de cendres…Dans la nouvelle capitale des USA quelques hommes tentent de reconstruire un semblant de civilisation. Un jour les militaires détectent d’étranges signaux dans un code indéchiffrable et manifestement non humain. Norton, le meilleur agent de ce monde à l’agonie, et son pilote chevronné, Robinson, partent explorer la zone dévastée.

Cinquième roman de la série, signé du pseudonyme collectif de Terence Corman, est le premier à ne pas être supervisé par Richard D. Nolane. Le style s’en ressent d’ailleurs puisque le bouquin s’avère bien plus soft que les précédents. Si le tout débute par une scène d’horreur impressionnante la suite se montre timorée et verse dans les clichés de la SF de série B (ou Z) avec ces robots tueurs (les hommes d’acier du titre) devenus autonomes et capables de s’auto générer, capturant des humains pour greffer leur cerveau sur leur corps mécanique. Ces hybrides, proches des Daleks, visent évidemment à la conquête mondiale mais on besoin, pour cela, de leur « Mom », leur créatrice.

LES HOMMES D’ACIER constitue un petit roman de gare acceptable mais peu mémorable dans une veine post nuke déjà très fréquentée (notamment par la série littéraire LE SURVIVANT et tous les succédanés fauchés de « Mad Max » et autre « New York 1997 »). Mutants cannibales affamés, créatures également mutantes (ici des araignées des sables) qui attaquent les héros, robots détraqués, lien télépathique inexplicable entre une jeune fille et le fiston du principal protagoniste condamné à vivre sous une bulle d’atmosphère protégée,…

Rien de neuf, que du classique, saupoudré d’une touche d’humour (les robots se baptisent d’après des pièces de bagnoles et en réclament de nouvelles inlassablement en dépit de la destruction du monde) et d’une pincée de gore (mais finalement cet élément est très secondaire). L’érotisme, pour sa part, est absent…Bref, la série prend une autre direction après les premiers volumes beaucoup plus rentre-dedans qui s’inscrivaient dans la tradition de la collection « Gore ». Ici nous sommes plus volontiers sur le territoire du « Fleuve Noir anticipation ». Un bouquin surement vite écrit et tout aussi vite lu (en deux heures c’est bouclé). Pas désagréable mais aussitôt oublié.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #science-fiction, #Aventures, #Horreur, #Roman de gare, #Gore

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Publié le 19 Juin 2018

LE PAS DE FRANKENSTEIN de Jean-Claude Carrière (Benoit Becker)

Toujours écrit par Jean-Claude Carrière sous le pseudonyme collectif de Benoit Becker, voici un deuxième roman d’angoisse librement inspiré par le personnage de Mary Shelley. Car « Le monstre » rode toujours et continue de battre la campagne en terrorisant les paysans d’une petite île écossaise. Un nouveau scientifique, décidé à marcher dans le pas de Frankenstein, se propose de reprendre les expériences de son prédécesseur et de donner enfin à la créature la compagne qu’il désire.

Parallèlement on note la présence dans le village d’un mystérieux Haïtien. Les locaux l’appellent simplement « le nègre » et rappellent qu’à Haïti se dérouleraient des rites étranges…d’ailleurs depuis sa venue n’a-t-on pas connu diverses exhumations et autres sacrilèges ? De là à voir des morts qui marchent…

Nullement dupe de son récit, Carrière le traite toutefois avec sérieux et respect, reprenant quelques éléments du roman originel et brodant sur un fantastique à l’ancienne, typique de la Universal. Car, à une époque où la Hammer remettait les grands monstres au goût du jour, l’écrivain paie surtout son tribut aux productions ayant succédés aux classiques de James Whale. On retrouve ainsi le côté pesant et angoissant du FILS DE FRANKENSTEIN ou délirant des dernières productions de la UNIVERSAL comme LA MAISON DE FRANKENSTEIN avec cette intrigue où, dans un environnement noyé de brume, s’affronte un « faiseur de mirales » haïtien et un scientifique, jusqu’au combat attendu entre le Monstre et des zombies ressuscités par le Vaudou.

Quelque peu prévisible dans sa linéarité, légèrement daté (ou plus précisément délicieusement suranné pour les amateurs de ce type de récit), LE PAS DE FRANKENSTEIN constitue un plaisant divertissement, un roman d’angoisse et « de gare » peut-être encore plus charmant et rafraichissant aujourd’hui qu’à l’époque de sa première sortie. Devenu introuvable, le titre fut heureusement réédité au Fleuve Noir puis, encore plus récemment, par French Pulp.

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Publié le 15 Juin 2018

LES LARVOIDES de Shaun Hutson

Ecrivain anglais de bon goût (fan d’Iron Maiden), Shaun Hutson fut un pilier de la collection Gore puisqu’il y publia pas moins de huit romans (dont LA TRONCONNEUSE DE L’HORREUR sous pseudo et l’unique hors-série de la collection, EREBE), sans oublier un neuvième édité chez l’éphémère concurrent de Maniac. L’auteur n’est sans doute pas le plus « présentable » des auteurs anglo-saxons publié chez Gore et son style n’est pas toujours très travaillé, privilégiant l’efficacité pure (et les détails vomitifs ou érotiques) à une quelconque sophistication. Mais c’est sans doute aussi pour cela qu’on aime notre ami Hutson, spécialiste des idées dérangeantes et d’une horreur jusqu’au-boutiste à même de secouer les plus blasés.

Dans LES LARVOIDES, Hutson s’attaque, avec ses gros sabots et frontalement, à l’avortement. Pas pour livrer un drame social misérabiliste ou un pamphlet psychologique mais plutôt une sorte de délire sanglant saupoudré d’un discours volontairement (?) pro-life.

L’auteur suit Harold Pierce, interné dans un hôpital psychiatrique et complètement défiguré après avoir accidentellement mis le feu à sa maison, provoquant la mort de son frère encore bébé et de sa mère. Enfin libéré de l’asile, Harold échoue dans le centre hospitalier de Fairvale où il trouve un emploi d’homme à tout faire qui consiste à incinérer régulièrement des fœtus avortés. Dégoutté et culpabilisé depuis la mort de son frère, Harold sauve les petits cadavres des flammes pour leur donner une sépulture décente. Mais, revenus à la vie, les bébés zombies réclament à présent du sang…

LES LARVOIDES a, comme souvent, probablement souffert de sa traduction et du format imposé par la collection (l’édition originale compte 250 pages, soit 100 de plus que la française), ce qui lui confère paradoxalement un surplus d’efficacité pure : le roman devient abrupt, elliptique, convulsif,…bref mené à un rythme haletant en adéquation avec cette intrigue démente et peu ragoûtante.

Si ce n’est pas de la grande littérature (peut-être même pas du grand bouquin d’horreur), LES LARVOIDES remplit cependant son pari de divertir le lecteur entre deux hauts le cœur. Comme à peu près tous les Hutson un grand coup de boule dans le bon goût !

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Horreur, #Roman de gare, #Gore

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Publié le 18 Mai 2018

LA MORT INVISIBLE de Richard Laymon

Publié chez Gore, ce roman du spécialiste Richard Laymon se veut une relecture rentre-dedans du classique L’HOMME INVISIBLE version serial killer violeur. Bref, ça annonce un film comme L’HOMME SANS OMBRE ou même les invisibles perversions du Manara du PARFUM DE L’INVISIBLE sans que cela soit fondamentalement passionnant. Cependant, le roman a probablement beaucoup souffert lors de sa traduction / adaptation car l’édition originale annonce 266 pages, soit pratiquement le double de cette version française confuse et brouillonne.

L’intrigue se montre ainsi touffue : d’un côté un homme invisible terrorise un petit bled et commet de nombreuses agressions : il tue un homme et son chient, décapite une femme, viole la journaliste locale à plusieurs reprises, etc. Une première ligne narrative bien hargneuse, typique de la collection Gore, avec son lot de passages sanglants et son érotisme malsain. De l’autre côté, un second récit - en apparence indépendant - se consacre à un détective privé chargé de sauver une jeune fille tombée dans les mains d’une secte de tarés très portés sur la sexualité dirigée par la sorcière Laveda. Les deux récits finissent bien sûr par se rejoindre d’une manière quelque peu forcée, pour ne pas dire artificielle.

Apparemment la secte est d’ailleurs très puissante, ce que le roman ne montre jamais très clairement, et l’impression de contrôle absolu exercée par ses adeptes ne transparait pas vraiment non plus. LA MORT INVISIBLE mélange donc culte maléfique, infiltration gouvernementale par les forces obscures, homme invisible sanguinaire, etc. dans un récit qui adopte les codes d’un vieux polar avec son détective désabusé tentant de survivre à tous ces événements bizarres.

En dépit de ses défauts flagrants, LA MORT INVISIBLE se déroule sur un rythme enlevé qui aide à faire accepter au lecteur le caractère schématique des protagonistes, les passages ridicules (les haricots magiques – ceux de Jack ? – qui confèrent son invisibilité au méchant) et le manque de liant d’une histoire essentiellement basée sur les effets chocs dispensés à intervalles réguliers.

Si le roman se lit sans déplaisir (sa courte pagination évite au lecteur de s’y ennuyer) le tout peine à atteindre la moyenne : les prémices intéressantes n’aboutissent à rien et LA MORT INVISIBLE perd rapidement son intérêt au fil d’un déroulement à la fois invraisemblable et prévisible. Richard Laymon nous ayant habitué à mieux on passera rapidement sur ce semi-ratage.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Horreur, #Gore

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Publié le 7 Mars 2018

LES MURAILLES DE L’ANGOISSE de Don Seabury (Richard D. Nolane) et Terence Corman

 

Deuxième tome pour l’éphémère collection « Apocalypse » de Media1000, éditeur spécialisé dans le porno tenté, à la fin des années ’80, par une plongée dans l’horreur bien saignante dans la lignée de « Gore » ou « Maniac ». Derrière cette série en six tomes se cachent Richard D. Nolane (alias Don Seabury) et divers auteurs (Pierre Bénichou, Michel Pagel, Honaker, etc.) qui proposent des récits assez basiques, proches de la saga LE SURVIVANT éditée chez Gérard DeVilliers, à savoir du post nuke plein d’action et de gore vomitif, le tout dans une ambiance de western post nucléaire ultra brutal. L’érotisme, par contre, se montre assez restreint, les auteurs se contentant de saupoudrer d’une pincée de sensualité leurs histoires avant tout basées sur la barbaque.

Ici, nous suivons une troupe de survivants, menés par Cynthia Parker, décidé à enquêter sur l’enclave protégée de Las Vegas, laquelle se trouve en manque d’eau. Norton, le super agent au service (de ce qui reste) du monde libre, est envoyé retrouver une Cynthia disparue tandis que les mutants cannibales assiègent les rescapés.

« Apocalypse » s’est de la vraie bonne (hum !) littérature de gare (et de gore) qui ne fait jamais dans la dentelle fine mais se contente de balancer la purée à un lecteur avide d’ultra violence sanglante. En 150 pages, les écrivains, chapeautés par Richard D. Nolane (du moins pour les quatre premiers tomes), accumulent les scènes plaisantes pour l’amateur : tortures, viols, massacres en tout genre, étripages dégueulasses, cannibalisme, etc. Bref, ça défouraille sévèrement, à coup de descriptions répugnantes (sans aller jusqu’à l’ignominie d’un Necrorian chez Gore) et de scènes d’action rentre-dedans.

Ce deuxième tome, un poil moins trash que le premier, se situe dans une Las Vegas futuriste, ceinte de hautes murailles derrière lesquelles se sont retranché une poignée de nantis qui, faute de télévision, se repaissent de spectacles sanglants : écartèlement en place publique, lapidation,…Dehors règnent les mutants cannibales au corps dévoré par les radiations tandis qu’un savant fou effectue des expériences de clonages délirantes. Bref, du pur « post nuke » à l’italienne mâtiné d’une ambiance à la « Zombie » (ou plus encore au postérieur « Land of the dead ») avec des personnages très schématiques : le maire qui désire coute que coute garder le pouvoir, l’agent Norton qui se fiche de tout sauf de son fils, le grand méchant qui souhaite détruire le peu de civilisation subsistant sur la terre.

A réserver aux amateurs de littérature populaire sanguinolente, « Apocalypse » flatte joyeusement les bas instincts du lecteur et permet de passer un bon moment à condition de savoir à quoi s’en tenir. On en reprendrait même volontiers une petite louche (d’hémoglobine) et, heureusement, il reste quatre tomes à s’enfiler.

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Publié le 16 Février 2018

ANNIHILATION de Jeff VanderMeer

La Zone X. Un endroit mystérieux, isolé des gens et du monde. Une expédition y est envoyée, revenant en parlant d’une sorte de paradis. Une seconde est envoyée. Tous ses membres se suicident. Une troisième est envoyée. Tous ses membres s’entretuent. Puis encore une autre. Tous ses membres meurent d’un cancer foudroyant.

Une douzième expédition se rend vers la Zone X. Elle se compose de quatre femmes dont nous ne connaitrons jamais les noms. Une anthropologue, une mathématicienne, une psychologue et une biologiste qui se chargent de raconter ce qu’elles vont découvrir au cœur de cette Zone X.

ANNIHILATION a reçu de nombreux prix et a été adapté en film. Beaucoup de lecteurs l’ont aimé, certains le considèrent déjà comme un petit classique de la science-fiction. Ou plutôt de la « weird fiction » comme ils aiment à le définir, à savoir un mélange de science-fiction, de fantastique, de drame psychologique et d’horreur lovecraftienne. Pourtant c’est un roman extrêmement pénible à lire. En dépit de son nombre de pages réduit le livre tombe littéralement des mains à intervalles réguliers. Sa narration à la première personne ne le rend pas toujours très digeste, ce qu’accentuent une écriture quelconque et des digressions parfois laborieuses ponctuées de réflexions philosophico existentielles pouet pouet du plus mauvais effet.

ANNIHILATION de Jeff VanderMeer

Durant tout son déroulement il est difficile de s’attacher aux personnages, caractérisés de manière (volontairement) schématique et restreints à leur seule fonction (biologiste, psychologue, etc.). Si le mystère fonctionne et donne l’envie de poursuivre la lecture pour en apprendre davantage l’ensemble manque d’émotions pour passionner.

Le dernier tiers s’avère encore plus ennuyeux et parait tourner en rond. La seule motivation du lecteur est alors d’en finir, de savoir ce qu’est cette Zone X. Peine perdue : il est difficile de comprendre où l’auteur veut en venir. On pourrait dire « à rien » puisque la fin, ouverte, ne résout rien. Ce manque de véritable conclusion s’explique (après tout il s’agit du premier tome d’une trilogie – mon dieu…une trilogie !!!) mais laisse une impression désagréable de « tout ça pour ça ».

En dépit de son originalité réelle (on ne peut la nier) et des nombreux prix récoltés (Nebula et Shirley Jackson Award), ANNIHILIATION n’est donc pas, c’est le moins que l’on puisse dire, pleinement convaincant. Cryptique, atmosphérique, intriguant,…mais surtout, osons le dire, incroyablement emmerdant.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #science-fiction, #Horreur, #Prix Nebula

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Publié le 2 Février 2018

LE RETOUR DES DAMNES de Mario Pinzauti (Harry Small)

Née en 1959 et achevée en 1981, les RACCONTI DI DRACULA constituent une vaste collection de romans d’horreur « pulp » italiens peu connus du public francophone. Tout juste a-t-on eu droit, dans les sixties, à douze traductions (parait-il bâclées) sous le titre LES AVENTURES DE DRACULA. Spécialiste du bis et de la littérature populaire, Patryck Ficini a décidé, pour le compte de Sueurs Froides via Hantik Books, de traduire avec respect ce petit bouquin.

Ecrit en 1973 par Harry Small (pseudonyme de Mario Pinzauti, décédé en 2010) en six jours (2 pour l’intrigue, quatre pour la rédaction proprement dite) LE RETOUR DES DAMNES s’intéresse au cas de la célèbre Erzébeth Bathory, personnage historique ayant pris l’habitude, pour préserver sa jeunesse, de se baigner dans du sang de vierges. La Hammer en a livré une version réussie sous le titre COMTESSE DRACULA et, plus récemment, Julie Delpy nous a offert le splendide LA COMTESSE sur le même thème. Ici, le « présent » et le passé se mêlent adroitement jusqu’à une conclusion quelque peu attendue mais efficace d’où le happy end est absent.

Joliment présenté par Sin’Art dans une belle édition agrémentée d’illustrations sobres et évocatrices, LE RETOUR DES DAMNES s’étale sur environ 120 pages, divisé en seize courts chapitres, et suit le journaliste américain Jezorlavy Istok dans un périple surnaturel. Décidé à rédiger un reportage sur le sataniste Sat Astar, grand maître autrichien d’une branche de la Rose-Croix, Istok tombe sous le charme vénéneux de Lamia, la secrétaire très particulière d’Astar. Par la suite, le reporter va vivre messes noires et autres orgies qui le ramènent également quelques siècles plus tôt, aux temps de la comtesse sanglante Bathory. Il découvre ainsi sa précédente incarnation, alors qu’on le surnommait « Tête de Fer » et qu’il assistait Bathory dans ses rites impies.

Prolifique écrivain (des dizaines de « séries B » littéraires) mais aussi cinéaste (AVEC RINGO ARRIVE LE TEMPS DU MASSACRE ou WHITE EMMANUELLE, BLACK EMMANUELLE) Mario Pinzauti mène adroitement sa barque et offre un pur roman de gare horrifico- érotique. Sans perdre son temps en palabres ou descriptions inutiles, l’auteur préfére avancer, de manière très linéaire (principal défaut que l’on pourrait lui reprocher) dans son récit aussi simple qu’efficace, ponctué à intervalle (très) réguliers de scènes sexy, sadiques ou sanglantes. Voire les trois à la fois. « A l’origine de tant d’atrocités il y avait l’indicible perversion sexuelle de la comtesse » nous dit l’auteur qui aurait pu être publié par une collection telle « Angoisse » ou même « Gore ».

Concis, rythmé, d’une lecture facile et plaisante, LE RETOUR DES DAMNES ne prétend pas s’inscrire dans la « grande littérature » et, comme le souligne la postface de Patryck Ficini, ne peut rivaliser avec les œuvres de Lovecraft ou Robert Howard.  Mario Pinzauti se situe davantage dans la lignée des seconds couteaux de l’épouvante en reprenant des thématiques classiques mais en donnant au lecteur ce qu’il est venu chercher : deux heures d’évasion au royaume de l’horreur païenne, des orgies sataniques et du fantastique rétro. Bref, ce court récit qui puise dans l’attirail du gothique pour mieux le pervertir par le sexe et le sang constitue une jolie découverte, limitée à 60 exemplaires et destinée aux fans. Espérons que le succès soit au rendez-vous et encourage l’éditeur à poursuivre avec d’autres traductions de cette collection des RACCONTI DI DRACULA.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Horreur, #Roman de gare, #Gore, #Erotique

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Publié le 24 Janvier 2018

CREVE MAJORETTE CREVE de John Russo

Né en 1939, John Russo restera éternellement le coscénariste de « La nuit des morts vivants » de George Romero, acte de naissance de l’horreur cinématographique moderne dont la descendance est, aujourd’hui, innombrable. Par la suite, Russo capitalisa sur cette réussite en signant la novelisation du long-métrage et plusieurs suites littéraires, dont un RETOUR DES MORTS VIVANTS qui servit de base au film de Dan O’Bannon en 1985. On lui doit aussi quelques autres bouquins, certains publiés chez Gore (ZERO HEURE), d’autres chez J’ai lu (le sympathique PANTHERE NOIRE).

Ecrit en 1979, CREVE MAJORETTE CREVE fut publié chez Maniac, éphémère collection se voulant la rivale de Gore. Il fut, par la suite, porté à l’écran par S. William Hinzman sous le titre « One by One ».

Cet étrange bouquin semble tout d’abord éprouver quelques difficultés à trouver sa direction, hésitant entre slasher, récit de vengeance, machination et drame. Des défauts qui n’en sont pas vraiment d’ailleurs, Russo conférant une réelle originalité à son récit, lequel prend régulièrement des détours surprenants et se révèle, au final, bien pensé dans ses rebondissements.

Tout commence par les désirs inassouvis du jeune Tommy pour la trop belle majorette Nicole, laquelle fréquente la brute locale, Mace, chef d’une bande de motards sadiques. Cependant Nicole finit par retrouver Tommy pour passer un bon moment avec lui : en réalité la jeune fille, enceinte de Mace, cherche à faire endosser cette paternité à Tommy. Un méli-mélo amoureux brutalement interrompu par l’irruption d’un tueur mystérieux qui poignarde les deux jeunes gens. Ensuite, une autre majorette est assassinée et leur entraineuse, petite amie d’un policier, échappe de justesse à une agression : pas de doute, un maniaque a pris les belles sportives pour cible.

Ce qui s’apparente à un classique slasher typique des romans de gare et de gore (érotisme léger, scènes de meurtres à intervalles réguliers) se transforme peu à peu en un livre plus « travaillé » qui propose quelques retournements de situation étonnants. Disons simplement que les meurtres ne sont peut-être pas aussi gratuits qu’ils le paraissent. Le dernier acte, pour sa part, embrasse la voie de la vengeance puisqu’un des protagonistes, laissés pour mort par les méchants, se venge en allant les dessouder au fusil. Les différentes intrigues se rejoignent finalement pour une conclusion pas pleinement crédible mais plaisante et habile avant un ultime épilogue certes attendu mais réussi.

Le rythme est enlevé mais il semble certain que le roman ait souffert d’un regrettable élagage pour sa publication française, passant de 207 pages à environ 150, la norme de la collection « Maniac » (calquée sur Gore).

Lecture rapide et divertissante, CREVE MAJORETTE CREVE fonctionne agréablement et réussit à ne jamais ennuyer en dépit d’inévitables facilités et autres invraisemblances. Bref, de la « série B » de ce style, on en redemande.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Horreur, #Roman de gare, #Gore

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Publié le 4 Janvier 2018

CAUCHEMAR QUI TUE de Lewis Mallory

Deuxième des trois romans publiés chez Gore par Lewis Mallory, CAUCHEMAR QUI TUE s’inscrit dans la lignée des autres œuvres de cet auteur publiées chez nous, à savoir un fantastique relativement original, plutôt chaste et seulement ponctué de quelques passages choc qui privilégie l’atmosphère d’angoisse et la psychologie des personnages.

Nous sommes ici dans la thématique de l’enfant maléfique, déjà abondamment illustrée par la littérature et le cinéma, une sorte de petit frère du Damien de « La malédiction » qui disposerait de pouvoirs psychiques dans la tradition de « Patrick » ou « La grande menace ».

Un certain Gidéon fête son douzième anniversaire. Il vit en compagnie de ses parents et parait doté de pouvoirs paranormaux liés aux cauchemars, qu’il a la possibilité de matérialiser afin de faire mourir de peur ses victimes. Gidéon s’est ainsi fait renvoyé de l’école après s’être vanté d’avoir tué tous les animaux du laboratoire. Par la suite, notre sale gosse réserve un sort similaire aux poissons adorés de sa femme de ménage. Emporté par sa colère, le gamin brûle la maison familiale et provoque le décès de ses parents. Placé dans un hôpital psychiatrique, apparemment en état de choc, il compte sur sa sœur ainée, Theresa, pour l’en sortir. Lorsque le petit ami de sa frangine devient lui aussi soupçonneux, Gidéon tente de le tuer en matérialisant une horde de rats affamés tandis qu’un autre patient de l’hôpital puis un médecin meurent mystérieusement.

Lewis Mallory nous propose ici un récit habile, davantage porté sur l’épouvante que sur l’horreur sanglante, aux personnages hâtivement brossés mais aux considérations psychologiques réussies et à l’intrigue intéressante. Contemporain de la première apparition de Freddy, le roman (qui date de 1984) ne semble guère avoir souffert de sa traduction puisque l’édition originale comporte seulement 160 pages. Il s’avère donc parfaitement adapté à la collection « gore », du moins au niveau de la pagination et de la thématique car les fans les plus acharnés regretteront sans doute le manque de scènes sanguinolentes ou érotiques.

Si le tout aurait mérité quelques développements ou un certain approfondissement des relations entre le maléfique gamin et sa sœur, CAUCHEMAR QUI TUE se révèle un honnête bouquin fantastique qui se lit rapidement et avec plaisir. Pas de la grande littérature ni même un incontournables de la fameuse collection mais une bonne manière de s’occuper durant une petite soirée d’hiver.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Horreur, #Gore

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